Alienor ☪ But in my dreams began to creep that old familiar tweet

Mes parents m'ont appelé Alienor Bahareh Basarab mais j’ai pris le nom de mon époux, al-Mansûr ! Je suis né le 31 octobre 1984 à Khinalug, Quba en Azerbaïdjan. Je suis un élément de 32 ans. Pour plus de précisions, je suis homosexuel et présentement marié et dans une relation ouverte. Je suis fier de dire que je travaille en tant que professeur de violon et chef d’orchestre quand je n’apporte pas mon aide à l’O.B.C.M., ça m'aide à payer mes factures. Je suis d'ailleurs plutôt modéré On me dit souvent que je ressemble à Benedict Cumberbatch, mais en mieux, quand même. Une dernière chose, je fais partie du groupe Feu, et plus précisément je suis oracle.

La vie à Khinalug ne payait pas de mine mais ses habitants savaient s’en contenter. Le village était très isolé, perdu dans les montagnes du Caucase, offrant une protection certaine à sa population plus qu’étrange. Khinalug était en effet un de ses lieux peuplés de créatures surgit des mythes et légendes qui constituait le passé de l’humanité. Ces récits que beaucoup ne croyait que le fruit de croyances et de pratiques obsolètes et oubliées mais c’était loin d’être le cas. Ici vivaient des djinns, des métamorphes, des tegegoz, des meshe adam, des yétis et même de redoutables Gulyabani. Il y avait même des Baba Yaga, ces redoutables et mystérieuses sorcières aux arcanes millénaires. Et l’une d’elle était justement occupé à observer le garçonnet de trois ans qui jouait dans la neige avec autant d’adresse que le pouvait un enfant aveugle.

Aydashka avait repéré la petite famille dès l’instant où ils s’étaient installés en ville. Cela avait attiré un bon nombre de curieux, un enfant du pays, Emrah Basarab qui revenait avec une étrangère, une française, après des années loin de chez lui. Isabeau avait eu du mal à se faire accepter des habitants du village qui tous se connaissaient et que les humains n’étaient pas les seuls à habiter cette planète. Mais elle avait donné naissance au petit Alienor et Aydashka pouvait sentir le pouvoir qui émanait du petit de l’endroit où elle était. Un pouvoir sauvage, non entrainé mais puissant. Un terrain neutre pour elle. La baba yaga prit sa décision et poussa le portail autour du jardin qui entourait la petite maison où habitaient les Basarab.


Cela faisait deux ans qu’Alienor avait rencontré Aydashka et il en était plus que content. Il avait enfin compris d’où lui venait toutes ces visions bizarres, ces informations qu’il avait parfois ou même ces fois où il se mettait à écrire ou à dessiner alors qu’il était aveugle. Le garçonnet sautillait légèrement, se laissant guider par la main de la vieille femme qui avait décidé de lui apprendre à se diriger en apprenant à reconnaître ce qu’elle appelait les « vibrations ». Chaque chose libérait sa propre énergie, une énergie que l’on pouvait ressentir en étant suffisamment entrainé. Alienor aurait préféré jouer du violon ou du violoncelle mais il savait que ce qu’il faisait et apprenait était indispensable. Il racontait à son mentor la dernière vision qu’il avait eu lorsqu’un bruit lui parvint. Alienor s’arrêta et tendit l’oreille. Il l’entendait encore.

Ni une ni deux, il lâcha la main d’Aydashka et se dirigea vers le bruit, prenant garde de ne pas trébucher sur une racine ou entrer dans un arbre. Intriguée, la baba yaga le suivit, observant ses progrès pour se déplacer, sans l’aider une seule fois lorsqu’il tombait ou trébuchait. Elle le trouva rapidement, assis sur le sol meuble de la forêt, tenant quelque chose dans ses mains, ses yeux complètement bleus fixé dessus.

-Qu’est ce que tu as là ?

-Je sais pas, je crois que c’est un bébé oiseau. Regarde !

La sorcière regarda de plus près et sourit.

-C’est un corbillat. Un bébé corbeau blessé. Il a dû tomber du nid et je ne pense pas qu’il va survivre. Tu devrais le laisser.

Une moue traversa son visage de poupée. Alienor n’était visiblement pas d’accord avec ça.

-Non on peut la sauver ! Styx est forte !

C’est ainsi qu’une amitié indéfectible se noua entre un garçon et un oiseau.


Isabeau regardait son garçon avec une inquiétude grandissante, l’appréhension et un soupçon de peur dans le regard. Grâce à Aydashka, elle comprenait mieux son fils et savait de quoi il en retournait. Mais être témoin d’une des visions de ce dernier était une tout autre histoire. Le garçonnet de sept ans était assis à table et écrivait machinalement depuis presqu’une heure et demi, son regard sans pupille fixé dans le vide. La jeune femme avait jeté un œil sur ce qu’il écrivait mais il utilisait des idéogrammes asiatiques et elle ne savait même pas de quelle langue il s’agissait alors elle était absolument incapable de traduire. La chose la plus étrange étant qu’Alienor ne connaissait aucune langue asiatique. Il maîtrisait le français, l’anglais, l’azeri et avait des notions de turc et de russe mais rien qui ne ressemblait de près ou de loin à un langage asiatique. Styx, le corbeau blanc qu’Isabeau trouvait plus que dérangeant, était perché sur sa fine épaule.

Oui, le don étrange de son fils ainsi que les créatures qui peuplaient le village où elle avait suivit Emrah par amour l’effrayait et elle en avait voulu à ce dernier de ne pas lui avoir avoué la vérité sur son village natal avant qu’ils n’y soient installés mais elle avait fini par si faire. Et puis, tout cela prendrait fin très bientôt. Alienor avait été accepté à la Baku Music Academy après la découverte de son oreille absolue et de son don pour la musique. Isabeau avait tout fait pour encourager la passion de son fils, quitte à se serrer la ceinture s’il le fallait afin d’offrir instruments et partition en braille. Elle voulait que son garçon ait la vie la plus normale possible. Même si elle se doutait bien que cela risquait d’être compliqué voire peu probable.





Alienor était concentré sur son violon, son archet dansant sur les cordes que ses doigts pinçaient avec dextérité, emplissant l’auditorium de l’allegro non molto de L’Hiver de Vivaldi. Son être tout entier était à la musique et il avait complètement oublié son audience, complètement perdu dans un monde onirique et musical qui n’appartenait qu’à lui. Il n’avait que 14 ans mais la Musikhochschule de Lübeck, en Allemagne, avait accepté de l’accueillir malgré son âge du fait de son génie musical. Il avait fait forte impression en Azerbaïjan, enchainant les instruments et les maîtrisant tous, un à un, mais sa prédilection allait au violon avec qui lui correspondait mieux. Le voir comme ça, complètement transporté par la passion, on en oubliait ses yeux dérangeant, ses remarques caustiques et sa langue acérée et le jeune homme lui-même en oubliait les visions qui l’assaillaient à toutes heures du jour et de la nuit. Il était simplement un élément faisant partie d’un tout, en connexion avec l’univers tout entier à travers sa musique. Et il n’aurait échangé cela pour rien au monde.


Il n’avait jamais ressentit ça. Il ne savait pas si ce qu’il ressentait était normal ou décuplé par sa cécité mais il ne voulait jamais que ça s’arrête. Cela faisait trois semaines qu’il avait rencontré Altaïr alors qu’il profitait d’un voyage à Paris et l’autre jeune homme lui avait fait vivre tout un tas de nouvelles expériences, pour son plus grand plaisir. Alienor avait pu toucher sa beauté et sa force, il avait bu ses paroles, sa voix si chaude et grave, et à présent, il était prêt à se donner tout entier à lui.  Dissimulés dans la cellule de la cathédrale américaine qu’occupait Altaïr, ils s’embrassaient et se caressaient de puis des heures maintenant, incapable de se rassasier l’un de l’autre. Et Alienor le voulait, il le voulait partout autour de lui, sur lui, en lui. Ils n’avaient que peu de temps l’un pour l’autre avant de devoir retourner dans leur pays d’origine et pour certainement ne plus jamais se revoir.


Cela faisait deux ans qu’il était à New-York, ayant été embauché par l’orchestre philharmonique de New York après un bref passage dans celui de Berlin. Il aimait sa nouvelle vie, malgré le temps qu’il avait mis à s’y habituer, surtout depuis qu’il était entré en contact avec l’Organisation pour le Bien des Créatures Magiques. Jusqu’à présent, il ne savait pas qu’une telle organisation existait pour protéger les créatures qui vivaient sur cette planète malgré le nombre de ces dernières qu’il avait rencontré au cours des dernières années. En effet, il maîtrisait parfaitement son don à présent et après de longues années à être victime de visions en tout genre sans jamais avoir le contrôle, une chose qu’il haïssait par-dessus tout, lui qui avait été jusqu’à prendre des leçons de ballet afin d’exercer le plus parfait ascendant sur lui-même., Alienor était à présent capable de décider du moment où il recevait ses visions. Bien sûr, il lui arrivait toujours d’être assaillit, lorsqu’il était fatigué ou lorsqu’un esprit jugeait que ce qu’il avait à communiquer était d’une importance capitale. Et à présent, il pouvait mettre son don au service des autres. Et surtout il pouvait se venger.

Il se souvenait comme si cela s’était passé hier de l’agression qu’il avait subit quelques mois après son arrivée. Encore peu familier avec la ville, il ne s’était rendu compte que trop tard qu’il était tombé dans un guet-apens et il n’avait absolument rien pu faire. Recroquevillé sur le sol, il subissait les coups, la colère et le désespoir pour seuls compagnon, quand il avait été sauvé par la dernière personne à qui il s’attendait. Altaïr al-Mansûr. C’était ce dernier qui l’avait soigné et lui avait expliqué le véritable fonctionnement du monde surnaturel, un monde qu’il n’avait jamais soupçonné malgré son don et son lieu de naissance. Il lui avait parlé de ces humains qui connaissaient l’existence du surnaturel et souhaitait l’annihiler,  il lui avait appris que cela faisait quelques temps qu’il était surveillé, lui avait parlé de l’O.B.C.M. et surtout, il lui avait apprit être lui-même un sorcier vaudou, ou un magicien comme on l’appelait parfois. Alienor avait tant appris en si peu de temps … Et il avait agit en conséquence, apprenant à se défendre et se renseignant sur l’organisation. Il était plus que temps qu’il serve à quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand que lui.




Alienor était debout à la proue du bateau qui les emmenait à Bray, profitant de la brise marine pelotonné entre les bras d’Altaïr. Il aimait les sensations qui l’assaillait, le vente dans ses cheveux, le bruit du ressac en contrebas, l’odeur de son époux tout contre lui, et il aurait voulu pouvoir voir le paysage de ses yeux, le bleu de la mer et les côtes émeraude de l’Irlande qui s’approchaient à l’horizon. Après des années à mener la grande vie entre les grandes capitales du monde, entre concerts, orchestres, symphonies et les différentes missions de l’organisation, accompagné de son époux, au point d’en être presque malade d’épuisement, Alienor avait décidé de calmer le jeu et avait profité d’une nouvelle mission de l’O.B.C.M. pour s’installer en Irlande où il avait été engagé comme chef de l’Orchestre symphonique de la radio-télévision irlandaise. Il était aussi tenté à l’idée de donner des cours lors de son temps libre, lorsqu’il ne serait pas occupé avec l’orchestre, ses compositions et l’organisation.

Altaïr et lui, ainsi que l’organisation, était de plus en plus inquiet de la situation à Bray où un nouveau groupe pro-humain, les Dux Tenebris (Alienor avait levé les yeux au ciel en entendant ce nom plus que ridicule et grandiloquent), avait pris de plus en plus d’ampleur ces dernières années et menait des actions de plus en plus radicales contre les créatures. Ainsi avaient-ils été dépêchés afin d’enquêter sur la situation et d’aider la branche de l’O.B.C.M. qui était déjà implanté à Bray. Leur nouvelle vie n’allait certainement pas être le havre de paix auquel le zoroastrien aspirait mais au moins, ils ne risquaient pas de s’ennuyer.