Comme le monde est petit...Helios Campbell & Balthier BarriesCela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris le temps de faire le tour des commerces de la ville. J’avais encore quelques jours avant de me remettre au boulot, j’avais pratiquement profiter de tout mon mois de juillet et du beau temps à Bray, oui, il y a du beau temps à Bray, pour faire tout ce que je n’avais pas le temps de faire quand j’étais à l’université. Et c’était la meilleure période pour profiter des vacancières et vacanciers, locaux ou non. Dans tous les sens du terme. Comme quoi, j’avais vraiment bien choisi mon métier… Bref, j’étais donc sorti tôt dans la matinée en ce début de week-end pour faire le plein du frigo, des placards et de quelques ustensiles de cuisine qui n’avaient pas survécu à la dernière corvée de cuisine du ventre sur pattes qui vivait avec moi, Anonyme. Un lave-vaisselle trop rempli et du liquide vaisselle versée à trop haute dose, et un autre produit qu’il n’avait pas voulu me dire. Je le forçais à se mettre aux fourneaux au moins une fois par semaine, pour qu’il s’habitue un peu à la chose et qu’il fasse aussi l’effort de lever un peu son derrière de ses écrans et du salon. Certes, c’était moi qui avait invoqué ce Djinn, mais je ne m’étais même pas imaginé qu’il serait un accro aux jeux vidéos. Ni qu’il serait un affamé. En allant à Pilgrim Village, je savais que je trouverai tout ce que je cherchais pour le rassasier, mais aussi pour me faire un peu plaisir. En dehors du sexe et de la magie, je passais une bonne partie de mon temps à faire la cuisine, à créer de nouvelles recettes, de toutes sortes, juste pour le plaisir de faire des beaux et bons plats.
Ainsi donc, je faisais le tour des boutiques alimentaires, à la recherche de la moindre petite saveur, du moindre petit ingrédient qui pourrait donner un plus aux recettes que j’avais en tête. Pas question d’aller me servir en supermarché. Je n’allais en grande surface qu’en véritable urgences, ou pour des choses qu’on ne trouvait pas dans les petits commerces. Je ne voulais que des produits frais. Les bras chargés, j’envoyais un message à Raphaël pour lui annoncer mon retour d’ici peu de temps et que j’allais avoir besoin de son aide pour tout porter. En réalité, non, je n’en avais pas besoin, j’étais suffisamment débrouillard pour gérer tous ces paquets, juste pour l’emmerder. Il passait son temps à m’envoyer des sms quand j’étais occupé pour rien, je ne faisais que lui rendre la monnaie de sa pièce. Une fois le message envoyé, je posais les yeux sur une boutique spécialisée dans la pâtisserie. Tiens, ça pourrait être pas mal. J’avais plus exactement deux pensées très différentes mais liées par la pâtisserie, une activité que j’aimerai faire avec le Djinn. Lui apprendre à faire un gâteau. Je pourrais me poser des questions sur mon désir de lui faire découvrir bon nombre de choses sur ce monde, à lui l’Esprit. Pourquoi pas, après tout. Profitant de la sortie d’un client, j’entrais dans la boutique avec tous mes sacs en papier, lançant quelques coups d’œil à ce qui était proposé. Entre deux étales, je me retrouvais face à face avec un visage familier. Enfin, je reconnu plus ses courbes et son corps que son visage. Ce n’était pas ce qui m’avait intéressé le plus quand je l’avais rencontré. Un corps avec lequel j’avais passé quelques nuits éparses. Des nuits fort sympathiques. Helios.
Autant je n’avais pas l’habitude de retrouvé mes conquêtes ou même de les croiser en dehors des endroits où je les rencontrais, autant les retrouvé en ville, en plein jours… c’était autre chose. Sans compter que c’était assez délicat. Même si j’assumais mon addiction au sexe, autant je n’assumais pas toujours la raison autre qui m’avait poussé vers lui. Depuis que j’avais invoqué Anonyme, je n’allais pas vers d’autres corps. Quand le Djinn ne disparaissait pas. Ce qui était arrivé à chaque nuit que j’avais revu Helios. Désespéré, j’étais allé me jeter dans ses bras pour ainsi dire. Cette horreur d’être seul qui me pourrissait… Recalant un sac qui était en train de glisser, je me raclais la gorge alors que nos regards s’étaient croisés et que nous nous étions recroisés.
Une petite clochette tinte quand Helios entre la boutique et la vendeuse qu’il croise lui sourit amicalement en le saluant. Il lui rend son salut en l’appelant par son prénom, et pour cause, c’est un habitué du magasin. S’il ne le reconnaitrait jamais à haute voix, le fait est que l’avocat est un accro aux douceurs. Cette addiction date de la fac, époque à laquelle il louait un appartement au-dessus d’une boulangerie-pâtisserie. Les propriétaires des lieux lui offraient souvent les gâteaux qui restaient à la fermeture et ils étaient trop bons pour qu’Helios songe à refuser. Le couple qui tenait la pâtisserie lui apprit même à les faire en échange de cours de soutien en littérature pour leurs fils. Revenu à Bray, il a gardé ce goût prononcé pour les sucreries, et a fait de la conception de gâteau son passe-temps. Un hobby plutôt sain si on considère qu’il prend soin de se garder en forme et donc d’éliminer le surplus de son corps. Puis avec ses journées de dingues au bureau, et surtout l’absence de Kol ces six derniers mois, il a bien le droit à du réconfort que lui offrent ces sucreries. De fait depuis les années qu’il vient se fournir dans ce magasin dédié à la pâtisserie, il connait ceux qui y travaillent et inversement. Il se laisse errer dans la boutique, observant les nouveautés, feuilletant les livres de recette. Il aimait l’atmosphère, et surtout l’odeur se dégageant du coin exposition où les vendeurs (enfin surtout vendeuses) faisaient la démonstration de leurs produits, délicieux gâteaux à la clé. C’est un endroit où se sent à l’aise, sans ressentir le besoin d’afficher un masque sur son visage – et pour cause, peu de chance qu’il y croise un client ou un collègue, qui que soit avec qui il travaille.
Finalement, prenant un nouveau livre de recette qui lui semble prometteur, il se dirige vers le coin alimentation pour y récupérer les denrées qui lui manque. Après avoir hésité entre deux marques, il se retourne pour attraper autre chose, quand son regard tombe sur une personne familière dont pourtant la présence ici est à ses yeux une anomalie. Il ne lui faut pas longtemps pour mettre un nom sur son visage – et son corps de manière plus général. Depuis que Kol a coupé les ponts avec lui, on ne peut pas dire qu’Helios a été inactif, loin de là – un fait qui lui porte tord maintenant qu’il essaye de se réconcilier avec l’infirmier. Et parmi ces innombrables coups d’un soir, certains ont été le coup de plusieurs soirs, sans que pour autant une romance s’installe. Disons que lorsqu’on connait déjà la personne, on peut se permettre de faire fi des présentations et des tentatives de drague peu subtiles mais presque obligatoires. On peut donc dire qu’Helios connait bien Balthier – du moins physiquement – puisque ce dernier est un de ces coups de plusieurs soirs. Subitement l’avocat ne sent plus aussi bien dans son magasin favori. Il n’est pas sûr de vouloir voir deux de ses univers – pourtant si bien compartimentés – entrer en collision. Mais il n’a pas son mot à dire là-dessus, et au moins l’autre homme semble tout aussi mal à l’aise. Après dix secondes de silence, le temps de se reprendre, il finit par offrir un sourire neutre – un sourire d’avocat – à Balthier en lui répondant : « Salut. ». Puis, décidé à ne pas se montrer trop impoli, il ajoute pour la conversation : « Tu ne viens pas souvent ici n’est-ce pas ? ». Car si c’était la cas, Helios l’y aurait déjà croisé auparavant. Il se demande d’ailleurs s’il le croisera à l’avenir ou si c’est ponctuel. Pas que ça le concerne ou que ça changera ses habitudes, mais il préfère être préparé à croiser Balthier de manière récurrente dans un environnement … non sexuel. Encore que l’idée le dérange moins maintenant qu’il sait qu’il ne risque plus de recoucher avec l’autre homme, pas alors qu’il essaye de récupérer la confiance de Kol. Soudainement l’avocat réalise que l’autre a les bras chargés. « Est-ce que tu veux que je demande à Melly de garder tes sacs derrière le comptoir ? » lui demande-t-il en désignant la caissière. Helios réalise d’ailleurs qu’il est passé assez naturellement au tutoiement. Mais il ne se voit pas le vouvoyer alors qu’il connait intiment Balthier.
Comme le monde est petit...Helios Campbell & Balthier BarriesJ’avais connu pas mal de situations gênantes dans ma vie, et surtout depuis que j’avais invoqué Anonyme, mais là… c’était tout particulier. Lors de notre dernière rencontre, après avoir lâcher le mauvais nom, Helios n’avait pas vraiment soulevé, je savais que ça n’allait pas vraiment le choqué, nous étions dans le même lit pour la même raison, mais c’était plutôt cocasse quand même. Gênant. Si bien que j’étais parti assez vite, comme un voleur en fait, pour éviter les moqueries ou des remarques qui pourraient me faire perdre mon sang froid. Si je connaissais bien son corps, je ne savais pas vraiment comment il aurai pût réagir. Être donc en face de lui après ça, dans une ambiance toute particulière de cette boutique, ça avait quelque de plus fort que toutes les autres situations gênantes. Après sa légère salutation, je repris un peu contenance, passé surtout la surprise et le malaise, ne m’attendant pas vraiment à ce qu’il embraye sur une conversation tout à fait normal.
« Mh… Non, pas vraiment. Disons que ce n’est pas forcément la boutique à laquelle je pense forcément. La pâtisserie, ce n’est pas quelque chose que je fais souvent. »
Bon… alors nous étions parti pour parler choux à la crème et pet de nonne. Bien, bien. Je ne m’étais vraiment pas préparé à ça. Avant que j’ai pût dire autre chose, le jeune homme me proposa de poser les courses et de les faire garder par une des personnes qui gère l’établissement, une certaine Melly. Vu qu’il ne semblait pas vouloir partir en courant ni faire comme si de rien n’était, je n’allais pas refusé une telle proposition. Avec un léger sourire et un hochement de tête, je jetais un coup d’œil au comptoir pour voir la fameuse personne, ne pouvant m’empêcher de la scanner du regard, question de savoir si elle était tout à fait à mon goût ou non.
« Ce n’est pas de refus. J’ai beau habité dans le quartier, ça commence à faire lourd malgré tout. Je suppose que tu viens souvent ici, toi. Puisque tu as l’air de connaître les gens qui travaillent ici. »
Simple déduction assez évidente, mais assez nécessaire pour engager une conversation. Encore une fois, je ne le connaissais pas du tout personnellement, mais l’imaginer en train de faire des cookies avec un petit tablier ne m’était pas venu à l’esprit. Et cela aurait pût être très intéressant en fait. Enfin, je me réservais cette idée pour une toute autre personne. Ce qui pourrait viré à la catastrophe quand j’y pense, mais cela valait le coup d’essayer. D’ailleurs étrangement, maintenant que je voyais Helios comme ça, en dehors de l’ambiance chaude et particulière de nos rencontres précédentes, je réalisais que l’envie de l’avoir dans mon lit se taisait. Je ne me gênais certes pas pour regarder son corps et le deviner, mais rien de plus. Sans doute parce que… non, non, il ne m’intéressait sexuellement plus. Pour le moment ?
Après avoir salué la dénommée Melly et lui avoir confié mes sacs, je me retournais vers mon ancienne conquête, observant maintenant ce qu’il avait dans les mains, et sans doute ses possibles achats. Visiblement, il cuisinait lui aussi, et encore une fois, cette image de lui en train de faire des cookies me vint à l’esprit. C’était assez difficile à concevoir. Probablement comme lui devait avoir du mal à admettre qu’il me voyait aussi dans ce genre d’endroit et sans doute à avoir la même image ridicule en tête.
« Je ne t’imaginais absolument pas du genre à faire de la pâtisserie. Ni tout ce qui concerne la cuisine en fait. C’est surprenant. Surtout venant de quelqu’un de ton âge. J’en connais assez peu qui s’y intéresse. »
L’avocat est à la fois amusé et un peu fier de lui d’avoir réussi à surprendre l’autre homme en lui faisant la conversation. Mais d’un autre côté, il ne peut pas non plus juste ignorer l’autre homme. Si encore ils ne s’étaient vu qu’une seule nuit, Helios l’aurait peut-être totalement ignoré. Mais même s’ils sont loin d’être amis, le fait qu’ils sont un peu plus qu’un coup d’un soir l’un pour l’autre. Comment désigne-t-on un coup de plusieurs soirs ? Un amant ? Trop formel non ? Un plan cul ? Ce serait un terme adapté, sauf qu’Helios ne prévois plus de passer la nuit dans le lit de Balthier. Donc a priori ils ne sont plus rien l’un pour l’autre. Sauf que leur dernière fois a laissé entendre au plus jeune qu’ils ont peut-être un point commun, ce qui doit être la raison pour laquelle Helios se montre amical avec son aîné. En tout cas Balthier s’adapte vite et lui répond que la pâtisserie n’est pas vraiment son rayon. Il n’y a pas grand-chose à dire à cela, et Helios continue donc en lui proposant de se débarrasser temporairement de ses achats, ce que l’autre accepte, remarquant au passage que l’avocat lui doit être un habitué des lieux. En réponse ce dernier sourit, attestation non verbale, après tout c’est assez évident. Il ajoute pour la forme : « En effet, les gâteaux et pâtisseries sont mes péchés mignons, et j’aime les faire également, c’est une activité manuelle qui me change de travail. Du coup je viens assez souvent ici. ».
Peut-être que le terme « activité manuelle » n’est pas le mieux choisi, parce qu’étrangement, maintenant que c’est sorti de sa bouche, d’autres idées d’activités manuelles moins sages lui viennent en tête, des activités qu’il a faites en compagnie de son interlocuteur. Heureusement l’autre ne l’intéresse plus, sinon ça aurait pu devenir gênant pour lui. D’un autre côté, il ignore ce qu’il en est dans l’autre sens et il espère que Balthier ne prendra pas ça pour une invitation. Mais ce dernier enchaine en disant à Helios qu’il ne l’imagine pas cuisiner, disant ce que ce n’est pas vraiment une occupation commune à ceux de son âge. Haussant les épaules, l’avocat hésite quelques instants à se dévoiler. Finalement, il se dit qu’il n’y a pas de mal, d’autant qu’il est maintenant curieux quant à l’autre homme, et qu’il doit bien lâcher quelques infos sur lui pour en obtenir en retour. « Il faut bien avoir une occupation hors du travail, surtout quand on a un emploi stressant. La pâtisserie a l’avantage de donner quelques choses de concret, de ne pas exceptionnellement couteuse et d’être légale. Puis j’ai toujours adoré les douceurs. ». Alors que Balthier lui emprunte le livre de recettes, Helios admet : « Je reconnais que si j’avais pas habité au-dessus d’une pâtisserie pendant mes études universitaires, je n’aurais sans doute jamais pensé à m’y mettre. Leurs gâteaux étaient délicieux et le couple qui tenait la boutique m’ont appris les bases de la pâtisserie. ». N’ayant rien d’autre à dire sur le sujet, l’avocat embraye, définitivement curieux : « Et toi, qu’est-ce qui t’amène ici puisque que la pâtisserie n’est pas un de tes passe-temps ? ». D’ailleurs Helios se demande quel genre de passe-temps peut bien avoir l’autre homme. Mais si Helios lâchait la bride à sa curiosité, il en aurait pour le reste de la journée, il valait mieux éviter, sans compter que Blathier n’apprécierait pas forcément.