(sayanel) night is cold

Elle entend un grognement, Nymeria, mais comme à chaque fois qu’elle est dans un combat, elle ne voit plus que ce qui est important ; elle n’entend plus que ce qui est important ; elle ne fait plus que ce qui est important. Ce grognement pouvait vouloir dire beaucoup de choses mais, pour l’instant, son cerveau, à Nymeria, avait relégué l’information comme négligeable. Pour l’instant. Si le besoin s’en faisait sentir, l’information reviendrait aux premières loges pour aider à la compréhension de la scène. C’était toujours comme cela qu’elle fonctionnait, Nymeria. Le combat excluait tout le reste, il n’y avait plus qu’elle, son arme et son ennemi. Sans pour autant que tout le reste soit parfaitement oublié. En fait, c’était un subtil mélange entre grande concentration et attention aux moindres détails. Parce qu’elle enregistrait tous les détails, Nymeria. Par exemple, le léger essoufflement d’un des métamorphes en face d’elle lui indiquait l’ouverture qu’elle attendait depuis qu’il s’était jeté sur elle pour la tuer. Cet idiot n’avait pas eu l’intelligence de se transformer pour bénéficier des capacités de son animal totem. Ceci dit, tout dépendait de l’animal en question. C’est sur que si le type était un écureuil, il avait plutôt tout intérêt à rester humain. Enfin, toujours est-il que Nymeria, elle saisit l’ouverture qu’il lui laissa, sans même s’en rendre compte. Elle le frappa à la tempe avec la crosse de son arme et, pendant qu’il chancelait, un peu de sang coulant sur ses yeux, elle lui tira une balle en pleine poitrine. Un de moins.

Les quelques secondes de répit qu’un ennemi en moins lui procura lui permirent de jeter un coup d’oeil au blond qui venait de se débarrasser de tous ses ennemis à lui. Pas étonnant quand on voyait qu’ils s’étaient tous précipité sur Nymeria, pensant sûrement qu’elle allait faire une proie plus facile. Le mort devait s’en mordre les doigts. Nymeria, elle repoussa un autre métamorphe et remarqua du coin de l’oeil qu’il n’en restait plus que deux. Ça ne rentrait pas dans les comptes ça. Où était le troisième ? Elle jura entre ses dents, Nymeria. Il était sûrement parti trouver des renforts. Voyant le blond arriver vers elle, elle nota un léger boitillement. Avec un nouveau juron entre les dents, sa pensée fit écho aux paroles de son équipier de fortune au moment où il égorgeait un des métamorphes. Pendant qu’elle esquivait un nouveau coup de poing, elle opina du chef, Nymeria. « Entièrement d’accord. » D’accord pour fuir. Pour fuir avec lui, peut-être un peu moins. Il allait la ralentir, elle le sentait, Nymeria, et son instinct de survie la poussait à le laisser se démerder par lui-même.

Ceci dit, abandonner un combat n’était pas vraiment dans ses principes non plus. Grâce à l’intervention du blond, il n’y avait plus qu’un ennemi en état de se battre, même si d’autres allaient sûrement rappliquer. Nymeria leva son arme, tira un seul coup qui toucha sa cible en plein coeur, et se mit à trottiner dans ce qu’elle savait être, Nymeria, la direction de la route, et donc de l’endroit où elle avait garé sa voiture. Sans un regard en arrière pour voir si l’autre suivait, elle s’élança, brisant la tranquillité de la forêt. Sa cheville l’élançait mais elle essayait de ne pas y penser, Nymeria, refoulant la douleur qui montait par vagues. Ne sachant guère pourquoi elle faisait ça, mais se convainquant que c’était pour soulager une seconde sa cheville, Nymeria s’arrêta et se retourna. L’autre chasseur n’était pas loin mais elle voyait le sang qui avait traversé son pantalon. « Tu vas tenir ? » Une moitié d’elle mourrait d’envie de le laisser planter là afin qu’il serve de bouc émissaire et que les métamorphes ne se concentrent que sur lui. Mais il lui avait quand même sauvé la vie, même si elle lui avait rendu la pareil et qu’ils étaient donc quittes, alors elle n’arrivait pas, Nymeria, à juste détaler en le laissant là. Tant que le danger ne s’approchait pas trop, en tout cas. « Parce que j’ai aucune envie de traîner dans le coin, donc si tu pouvais accélérer le mouvement. » Pour l’apitoiement, on repassera, c’était pas Nymeria qui allait s’inquiéter plus que ça de l’état de son partenaire. Savoir s’il pouvait avancer était l’essentiel.