Finn ♣ I awoke in a dream, an evil one

Mes parents m'ont appelé Finnigan Liam Donnelly ! Je suis né le 07 avril à Cork. Je suis un élément de 27 ans. Pour plus de précisions, je suis attiré par tout ce qui peut briser la solitude et présentement dans le lit de ta femme. Je suis fier de dire que je travaille en tant que petite frappe ayant toujours la patte trempant dans des affaires louches, ça m'aide à payer mes factures. Je suis d'ailleurs plutôt sur la paille un jour sur trois On me dit souvent que je ressemble à Aaron Johnson, mais en mieux, quand même. Une dernière chose, je fais partie du groupe les êtres de feu, et plus précisément je suis un oracle, ou presque.

Les fins heureuses ne doivent pas être l'apanage des contes de fées, tout comme les créatures qui les hantent ne sont pas exclusifs à leur royaume. Il y a des monstres, palpables, qui grouillent sous la peau des hommes. Ils se réveillent quand la douleur atteint des sommets. Pour tout fracasser, des corps et des âmes. Mon "père" en abritait un. Il restait longtemps en sommeil et me laissait souvent profiter de cette particulière complicité paternelle, sa bienveillance, les nombreuses découvertes enfantines qu'elle permettait. Puis il reprenait de l'activité, quand j'avais le malheur de ne pas me plier à ses exigences, quand il se rappelait que ma venue au monde lui avait ôté ce qu'il avait de plus précieux. Parce que sa stérilité avait poussé sa femme a tenter l'impossible, à faire appel à un amant pour tisser dans son ventre le fruit d'un amour sacralisé mais ne laissant dans son utérus que la preuve immonde d'une union profane et adultérine.
 
C'était frustrant, de l'aimer et le détester autant, de ne jamais savoir s'il ouvrait ses bras pour m'y blottir tendrement ou pour me casser les côtes entre ses muscles constricteurs. Je n'ai jamais rien dit, ai accepté ma part de peine, reflet d'un bonheur que je ne devais probablement pas mériter. Tout me semblait lié. Mais la maladresse chronique n'est plausible qu'un instant, vint un jour où les autres se font moins imbéciles et décident de retirer leurs œillères, de vous aider... Si par aide on entend de vous boucler avec une trentaine de gamins ayant subi les mêmes choses que vous, pire que vous.

C'est là-bas que j'y ai noué mes premières pires fréquentations. Délaissant l'étude pour faire de l'école toute entière une immense cour de récré. Il n'y avait que la musique, découverte à travers les nombreux café-concert de la ville qui m'a vu naître, et les vinyles de mon père adoptif à qui j'accordais un peu d'attention. Elle est aujourd'hui ma plus fidèle amante, celle qui m'a accompagnée à chaque instant de ma vie. Toujours là pour me soutenir, dans le meilleur, mais surtout dans le pire. Je lui ai apporté ma contribution. Je l'ai de nombreuses fois enfantée et pas toujours de la plus glorieuse façon. Il y a quelques attardés. Faut dire que la surconsommation de psychotropes n'aide pas toujours à la création. Les addictions ont été aussi nombreuses que les jours de la semaine, les sevrages plus longs que les mois de l'année. C'est que les monstres n'ont pas été les seules créatures que j'ai rencontré...

Il y a les sorcières, autoritaires, qui sont prêtes à tout pour vous remettre dans le droit chemin mais qui abandonnent, à bout de souffle, pour un gamin qui sera plus facile, moins cassé. Les sirènes, qui vous promettent monts et vous émerveillent, pour mieux vous noyer une fois que vous les approchez. Les succubes qui tissent leur toile au travers de votre cervelle pour mieux atteindre votre cœur dans l'espoir de s'en délecter, qui vous laissent toujours un peu plus ravagés. J'ai goûté à leurs délices, je suis tombé dans leurs vices. Enchaînant les bêtises d'adolescent dégénéré, entre deals, magouilles et bagnoles volées, en comptant sur ma belle gueule et mon frère pour passer entre les mailles du filet. J'ai tout de même fini derrière les barreaux, d'un centre de redressement ou d'un asile psychiatrique, avant même ma majorité vu l'état de mon casier.

Et à la sortie de ces maisons censées corriger mes déviances, il était toujours là. Un ange parmi les atrocités, mon frère de cœur et de peine, à défaut d'être de sang. Pilier qui ne faillait jamais, contrairement à ceux qui m'avaient adoptés. Et il m'offrait une place à ses côtés, à Dublin. Quitter Cork et ses créatures de malheur, pour mieux recommencer ailleurs. Mais les mauvaises graines ne donnent pas de jolies fleurs et les emmerdes m'ont trouvées parfois avant même que je ne les cherche. Fuir, toujours plus loin des désastres qu'on créait. Quitter la ville, puis le pays, puis le continent. Devenir ce qu'on veut, ne plus être Finn le fou. Trouver du blé sans y laisser sa santé, ne pas vivre une vie de cons comme les parents, à se saigner sans jamais rien récolter. Et surtout, garder l’œil ouvert, le remplir avec les images des plus belles villes européennes. Jusqu'à ce que l’éreintement et le manque le prennent et ramène à Bray mon acolyte de voyage, mon meilleur allié. J'aurais pu continuer, avec seulement les voix factices qui m'engourdissent l'encéphale pour compagne mais les voyages me semblaient manquer d'intérêts et de saveurs sans Lui pour les partager à mes côtés. Et Maddox aurait été trop heureuse d'accaparer toute l'attention de mon cadet.

C'est ce qui m’amène ici, après avoir traversé les villes sans jamais m'y arrêter pour l'année. Bray, c'était ma façon d'effacer leurs sorts en invoquant le tabula rasa. Je n'étais personne, je pouvais donc être n'importe qui. L'illusion a tenu, faiblement, quelque mois, mais la graine plantée il y des années a continué à germer ; on est finalement que le produit de son passé. J'essaie tout de même de faire moins de connerie, d'être un peu plus respectable. Si respectable ça peut aussi dire s'endormir sur le perron de la première maison croisée parce qu'on a l'impression qu'un farceur a profité de notre ivresse pour déménager notre quartier...