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 farewell (river&chester)

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❝ La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d’abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d’ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l’eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu’auparavant, un silence, comment dire : assourdissant. – C. BobinfarewellTu étais jeune, River, tout juste âgée de dix-huit ans, et si la vie ne t’avait pas forcément gâtée, elle t’avait pour l’instant épargnée la peine immense d’une perte. Tu étais encore ce petit bourgeon dans la jungle qu’était la vie, et si tu savais que personne n’était éternelle, tu ne savais pas encore. Du moins, tu ne le savais pas jusqu’à ce moment où tu avais rencontré Rod Wilde, puis l’avais perdu.

Tu te souvenais encore de ces mois d’hiver que tu avais passé à garder Bert avec toi, ce chien merveilleux auquel tu t’étais attachée, dont tu t’étais occupée comme si tu t’occupais d’un enfant ou, plutôt, d’un petit frère. Tu voyais régulièrement Rod, tu y tenais réellement, afin de lui donner la possibilité de garder le lien avec son chien guide. Tu n’avais pas cœur à les séparer. Pourtant, quand du jour au lendemain, Rod avait cessé de venir au rendez-vous habituel, tu ne t’étais pas inquiétée tout de suite. Tu avais pensé qu’il avait des choses à faire, des imprévus, et tu savais qu’il n’était pas forcément le garçon le plus accro au téléphone. Du coup, tu t’étais dit, simplement, oh, on le verra la prochaine fois, Bert, ne t’en fais pas, je suis sûre qu’il t’aime, fort, il ne t’abandonne pas, hein mon chéri ?

La semaine s’écoula, et tu commenças à t’inquiéter. Mais tu ne pouvais pas imaginer le pire, River, rien ne t’y avait préparée. Tu avais donc juste tenté de l’appeler, tombant directement sur sa messagerie. Pas de réponse, jamais. Tu avais la sensation que Bert était triste mais, est-ce qu’il comprenait ce qu’il se passait ? Ou était-ce ton inquiétude que tu voyais refléter sur cet animal ? Tu n’avais pas la maturité pour le comprendre, pas encore.

La deuxième semaine, tu montas d’un cran. Assise sur ce banc, le vent soufflait sur toi, remuant tes cheveux, et semblait te murmurer lui-même qu’un problème, un gros, était arrivé à Rod pour qu’il ne vienne plus. Tu avais serré Bert dans tes bras, pensant lui donner du réconfort, mais tu en prenais toi-même, tu avais besoin d’être rassurée. Même tes inquiétudes pour Lucian, ton meilleur ami qui s’était pratiquement retiré de la circulation pour cause de dépression, n’avaient pas eu cette intensité. Au moins, tu pouvais communiquer avec sa mère, avoir des nouvelles. Rod ? Tu n’avais absolument rien.

Et à la troisième semaine, le ventre serré de culpabilité de ne pas avoir décidé de le faire avant, tu avais emmené Bert dans une promenade plus longue. Poussant jusqu’à l’endroit où vivait Rod, avec sa mère. Tu avais la crainte de rencontrer la mère de l’aveugle, tu ne savais pas sur qui tu allais tomber et ta timidité faisait que tu ne savais pas si tu avais la légitimité de venir, pour dire bonjour, je voudrais savoir si Rod va bien ?...

Tu ne connaissais pas cet homme depuis très longtemps après tout. Depuis novembre ? Ca ne faisait que quelques mois, pourtant tu t’y étais attachée, avec toute la force de ton affection juvénile, ta compassion et ton énergie solaire. Tu ne pouvais pas supporter de ne pas avoir de nouvelles. Ou du moins, de bonnes nouvelles.

Tu étais si menue, River, mais quand tu sonnas à cette porte, et que tu appris de la bouche de la mère de Rod que son fils était mort, tu eus l’impression que le monde explosa, devant vraiment très très grand et effrayant. Tu avais blanchi, apprenant par la même occasion qu’une enquête était en cours. Une enquête criminelle.

Déphasée, perdue, choquée, tu avais filé à la bibliothèque municipale, trouver le journal du jour, de la veille, peu important, pourvu que tu trouves un article sur ce qu’il s’était passé. Tu n’avais pas eu le cœur à demander à une mère comment son fils était mort, tu avais juste écouté l’information, mais pas assimilée.

Et quand tu lus cet article, apprenant qu’un corps calciné avait été retrouvé, avec un petit portrait flou de Rod, tu eus si mal, River, si mal que tu te plias en deux pour fondre en larmes. Tu avais regardé par la vitre Bert qui attendait dehors, accroché au parking à vélo, et tu avais pleuré, de toutes tes premières larmes de deuil.

Le premier deuil était probablement le pire.

Tu ne parvenais même pas à comprendre, comment c’était possible, que la cruauté humaine existait, comment la cruauté humaine pouvait exister. Tu ne savais pas, River, tu ne savais pas. Personne ne t’avait dit combien le monde était méchant, personne ne t’avait dit qu’une personne que tu aimais pouvait disparaître dans ce que tu avais l’impression d’être un… un crime. Tu apprenais le véritable sens de crime. Et ça te faisait mal.

Tu n’arrivas pas à aller en cours le lendemain, tu n’y arrivas pas, et ton amie dû te traîner chez le médecin pour qu’il te mette un arrêt. Tu n’arrivais pas à bouger de ton canapé, et si tu n’avais pas eu Bert, tu ne serais probablement pas sortie. Pas même pour aller à l’association. Tu avais même oublié de les prévenir, à un tel point qu’un des bénévoles vint toquer à ta porte.

Le parallèle était étrange. Il t’avait fait mal. Ce bénévole au moins, t’avait vue ouvrir la porte et lui assurer que tu allais bien, que tu venais de perdre quelqu’un. Lui avait cette chance. Tu ne l’avais pas eue, et tu t’étais encore effondrée, dans ses bras. Et quoiqu’il puisse dire, tu n’avais pas réussi à calmer ce hoquet avant de t’endormir.

Tu ne cherchas le réconfort auprès de personne, pas même tes parents, surtout pas tes parents, ni même ta sœur qui était trop loin, et qui affichait son bonheur sur instagram, tu n’avais pas le cœur à arrêter ce flot de joie. Et surtout, tu ne te sentais pas légitime. Pas légitime d’avoir cette peine. Qui étais-tu pour lui ? La gardienne de son chien. Et pour toi, qui était-il ? Avec tout la force de ton jeune âge, il était ton ami.

Au bout d’un moment, tu dus bien retourner en cours, et au travail. Tu te mis un visage de façade, te demandant si ça se voyait sur tes traits que tu n’allais pas forcément bien. Tu ne savais pas trop. Mais tu étais surprise de la facilité déconcertante avec laquelle le monde continuait à tourner, alors que Rod était mort dans des souffrances que tu n’osais pas imaginer, et que son meurtrier était dans la nature. Tu étais aussi frustrée que l’enquête n’avance pas plus vite, toi qui était totalement ignorante des impératifs des inspecteurs.

Mais tu ne fis que suivre dans le journal les péripéties, attendant aussi la date de l’enterrement. Car tu avais décidé que tu n’aurai plus le droit d’être triste après cette cérémonie. Ca allait être ton premier, par ailleurs. Le premier où tu irais, tu ne savais même pas où ça se passerait, comment ça se passerait. Tu connaissais le principe, la théorie. Tu savais que la date sera publiée dans le journal. Tu savais que ça se passait souvent à l’église, qu’on pouvait y voir le corps, dire un dernier adieu, puis dans le cimetière, le cercueil était mis en terre.

Du coup, tu fus surprise d’apprendre que finalement, rien de cela n’allait arriver. Apprendre que ça allait se passer dans un crématorium, que tu trouvas froid, et qu’en plus, son corps n’allait pas être enterré, ça t’avait surprise, vraiment. Mais tu irais, tu en étais certaine.

Et le jour J, à l’heure H, enfin, tu fus présente. Vêtement noir de circonstance, Bert sur tes talons, tu étais entrée dans cette petite salle, qui paraissait immense tant elle était vide, tu cherchas un peu du regard ce que tu étais censée faire. Tu vis un petit cercueil simple, en bois clair – tu ne le savais pas, mais c’était en réalité du carton, juste méconnaissable car ne ressemblant pas à celui que tu pouvais utiliser. Il était fermé, et ça te rappela pourquoi c’était fermé. Il ne devait pas être présentable.

Ta lèvre tremblota et tu préféras te détourner, observer les gens. Pour la plupart, ils étaient assis, les autres debout contre le mur. Tu t’installas au hasard un peu, bord d’un banc, à côté d’un homme aux cheveux rouges, pour garder Bert assis à côté de toi, attendant de voir ce qui allait arriver. Pour suivre le mouvement. Forcément, le chien n’était pas forcément à son aise, tu dus tirer sur sa laisse pour qu’il reste tranquille. « S’il-te-plaît, Bert, ne fait pas de bruits, et reste là, tranquillement. On ira se promener après… Pour se changer les idées. » Tu n’osais pas lui dire que Rod était là. Soit disant pour épargner la sensibilité de l’animal, mais surtout car tu ne voulais pas le verbaliser.

Avec des mouvements un peu trop amples, tu retiras un mouchoir de ton petit sac, le gardant en main au cas où, tant tu avais les yeux humides. Simplement, tu donnas un coup de coude à la personne à côté de toi, et tu pivotas immédiatement pour t’excuser, en chuchotant : « Oh, je suis désolée, je ne voulais pas vous faire mal… Ca va ? » Tu n’avais pas tellement de force, et honnêtement, tu n’avais pas non plus flanqué ton coude dans ses côtes. Mais voilà, tu n’étais pas tellement en mesure de mesurer la portée de tes actes, de tes paroles. Tout semblait dramatique, grave, tu te perdais dans la perception des valeurs. Tu aurais pu tout autant lui écraser le pied avec le talon aiguille que tu aurais réagi pareil.
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farewell (river&chester)
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