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 Don't threaten me with a good time | Saynet

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Don't threaten me with a good time
ft. Sayanel Pritchard
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Le début de l’été, la fin des partiels, les vacances qui se pointent ; le retour des jupes courtes, de la vie sociale, des sorties en semaine. Avec une bande de potes, vous vous étiez posés avec des sacs full de BigMac et vous aviez bouffé chacun pour quatre, et picolé des trucs pas chers histoire de vous mettre bien. Vous aviez causé projets, petits boulots, avenir et ras-le-bol, balancé des conseils dans le vide et asséné quelques ta gueule. Puis finalement, le groupe s’était délesté, entre Jean-Michel fragile qui voulait rentrer tôt, Jean-Michel victime qui se faisait sonner depuis 40 minutes par sa meuf, et la team des Jean-Mich’ alcoolos qui avaient décidé de sortir la vodka pour passer aux choses sérieuses. Toi, t’avais fini avec les survivants : l’idée d’un karaoké avait été balancé à un moment et elle était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Vous vous êtes traînés là, au Smooth Criminal, dans l’arrière salle, et votre petit nombre de gens pas timides s’était fait sa place auprès de compatriotes. Dans la foule, t’as repéré quelques vagues visages, surtout celui de Sayanel, qu’avait l’air déjà à moitié rétamé. Ce qui comptait surtout, c’est que t’avait trouvé un gueulard pour chanter avec toi faux et fort dans le micro, dans l’instant supplice où il atterrirait dans tes mains.

Someday girl, I don’t know when,
We’re gonna get to that place
Where we really want to go
And we’ll walk in the sun
But ‘till then tramps like us
Baby we were born to run

Les dernières notes de Born to Run par Bruce Springsteen venaient de foutre le camp, t’as poussé Pritchard pour attraper la télécommande avant de te faire doubler, et le micro au passage que tu lui as fourré dans les mains le temps que tu choisisses ce que tu voulais. Pour ta défense, faut dire qu’à ce stade, vous étiez déjà plus bien sobres l’un comme l’autre, et y’avait trop de bordel pour parler bagnoles alors fallait bien s’occuper comme on pouvait. T’as lancé Don’t stop me now finalement, et ça va, vous pouviez gueuler, parce que vous seriez pas les seuls. Tu lui as repris le micro et t’es monté sur une chaise en le tirant avec toi par le creux du coude, t’espère qu’il te foutra pas un vent mais faudrait vraiment être un gros sale type pour pas aimer chanter du Queen. C’était toujours le bon plan pour faire l’unanimité, et franchement même avec le micro tu chantais pas tant que ça plus fort que la salle. Surtout quand il a commencé à y’avoir le premier gros build-up. « ’Cause I’m having a good time, having a good time ! »

I’m a shooting star leaping through the sky
Like a tiger defying the laws of gravity
I’m a racing car passing by like Lady Godiva
I’m gonna go go go
There’s no stopping me

I’m burning through the sky, yeah !
Two hundred degrees
That’s why they call me Mister Fahrenheit
I'm traveling at the speed of light
I wanna make a supersonic man out of you

Je suis pas convaincue que tu sois parvenue à garder le micro jusqu'au bout, mais c'était pas important tant que l'ambiance était bonne, t'étais de sacrée bonne humeur et dans l'instant tout ceux qui te passaient sous la main devenaient tes potes. De toute façon t'avais Say pour couvrir tes arrières, et faire genre qu'il prenait responsabilité quand le barman était assez con pour te prendre pour une mineure. Faudrait que tu penses à le ramener à un vrai concert un de ces jours, ça te ferait une paire d'épaules gratuites où grimper pour y voir mieux que tout le monde.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Don't threaten me with a good time

Janet & Sayanel

When the sharpest words wanna cut me down I'm gonna send a flood, gonna drown them out I am brave, I am bruised

Je sais plus où j’en suis, je bois verre après verre, j’ai même pas vu partir Gadreel, c’est pour dire à quel point je suis fait. J’ai réussi à l’entraîner dans un bar, c’est pas comme si c’était dur, mais ça faisait un moment que ça nous était pas arrivé. On a fait quelques parties de billard, bu pas mal de bières pour mettre un peu de challenge dans le jeu – même si je reste persuadé que je suis bien meilleur avec quelques pintes dans le nez – puis on a réussi à dégoûter des joueurs qui voulaient notre piquer notre table. On les a rétamé, on a parié, on a gagné du fric, parce qu’on est plutôt doués à faire croire qu’on est des bons à rien pour finalement remonter dans le game. C’est un peu notre truc quand on sort, prendre la thune de ceux qu’on peut pas se voir. Et on peut pas se voir beaucoup de monde, presque tout le monde, en réalité. Mais à un moment donné, le frère s’est évanoui. Je l’ai cherché un peu, puis j’ai fini par me dire qu’il avait fini par rencontrer une bonne personne qui accepterait de partager sa nuit. Je suis trop fait de toute manière pour me poser plus de questions que ça alors que je sais que je devrais. Je le vois bien qu’il est plus lui-même depuis quelques temps, mais moi non plus alors quand on a sa propre merde à gérer on est moins conscient de celle des autres, l’instinct de survie, l’égoïsme, appelez ça comme vous voulez. En fin de compte je me retrouve seul à boire au comptoir, à emmerder Damian et à parler fort, parce que c’est ce que je sais faire le mieux. Mais il me connait depuis le temps, il s’en familiarise pas. C’est pas comme si je lui faisais son chiffre un soir sur deux.

Puis je finis par avoir un peu de peine pour le mec, alors je lui fous la paix, je décide de passer dans l’arrière salle, celle où je vais jamais, où les mecs qui ont pris un peu de bouteille dans le nez commencent à chanter à tue-tête devant un petit écran où défile des paroles qu’on connait pas forcément. Ou si, allez savoir. Je me contente de les regarder, jusqu’à ce qu’une musique plutôt connue arrive. Kansas, ça a tendance à me rappeler beaucoup trop ma terre natale, et j’ai beaucoup trop le mal du pays parfois, même si je commençais à plus y être le bienvenu. Alors je me joins à la foule, je finis par attraper la nuque d’un mec comme si c’était mon meilleur pote pour chanter en cœur avec lui, ma bière dans l’autre main.

Though my eyes could see I still was a blind man
Though my mind could think I still was a mad man
I hear the voices when I'm dreamin', I can hear them say
Carry on my wayward son
For there'll be peace when you are done
Lay your weary head to rest
Don't you cry no more

L’émotion dans la voix, autant que possible, je finis la chanson en même temps que ma bière. Je m’éloigne un peu le temps de m’en commander une autre – cette fameuse bière de trop sans doute, ou bien celle là peut encore attendre quelques temps – pour retourner près des chanteurs. On finit par me balancer près de l’écran où défile les paroles alors qu’une autre chanson commence. Mais celle-là aussi, je la connais, on passe d’un classique à l’autre, et on pourra dire ce qu’on veut sur Bon Jovi, c’est toujours une valeur sûre.
Shot through the heart
And you're to blame
You give love a bad name (bad name)
I play my part and you play your game
You give love a bad name (bad name)
You give love, a bad name

C’est à la fin de la chanson que j’aperçois Janet. Je lui fais signe tout en la rejoignant le plus rapidement possible. C’est pas vraiment l’ambiance pour qu’on puisse parler, mais j’aime bien cette nana, elle m’a fait des compliments sur ma Harley, rien que pour ça je pourrais pas spécialement ne pas l’aimer, c’est une des seules qui me regarde pas de travers à Bray alors j’en profite. On récupère plutôt rapidement le micro, puis on gueule dedans comme si on avait que ça à foutre de notre vie, et sans doute que c’est la vérité.
Oh honey, tramps like us
baby we were born to run

Come on with me, tramps like us
baby we were born to run


Elle est aussi en forme que moi, Janet, peut-être plus même, elle se déchaîne dans le micro comme elle peut, puis décide d’aller choisir la prochaine musique. Moi j’ai oublié ce que je pensais deux minutes avant, j’ai oublié ce qu’il pouvait y avoir d’important, toute la merde dans laquelle je plonge tous les jours, maintenant je pense plus à rien, juste à ma voix qui déraille, mais j’en ai tellement rien à foutre que j’en dis rien. Je continue à la plage en partageant le micro avec celle qui voulait bien être ma collègue d’un soir pour foutre un peu de vie dans cette ville à moitié morte.

Don't stop me now I'm having such a good time
I'm having a ball
Don't stop me now
If you wanna have a good time just give me a call
Don't stop me now
Don't stop…


J’entends des mecs faire les chœurs derrière moi, et je me marre, puis on finit par me retirer le micro, parce qu’il faut bien partager. Et ça continue de défiler, chanson après chanson, cette ambiance que j’ai rarement retrouvé dans le coin et que je découvre ce soir, comme si y avait pas de problèmes. Puis les notes d’une musique que je connais pas. Je me colle presque à l’écran, pour pouvoir lire les paroles. Parce que je veux chanter, mal et fort mais je veux faire ça toute la soirée alors je bois un peu de ma bière pour me donner du courage.

We're soaring, flying
There's not a star in heaven that we can't reach
If we're trying
So we're breaking free.

Puis je fronce les sourcils, je marque un temps de pause pour me tourner vers Janet. « C’est quoi cette merde ? » Je gueule à moitié pour qu’elle m’entende, mais c’est même pas sûr que ce soit arrivé à destination.


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Don't threaten me with a good time
ft. Sayanel Pritchard
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Les résidus de Queen s’étaient envolés dans l’espace, laissant comme une semi-impression de silence après que tu te sois éclatée à chanter si fort, une sensation qui s’est tout de suite évanouie avec la chanson suivante, puis la suivante encore, et la suivante. Tu te donnais à fond, t’étais comme ça, une fois que t’avais réussi à te plonger dedans. Tu savais plus où étaient tes copains, mais tu lâchais plus Sayanel, et visiblement il y en avait pas un pour racheter l’autre. Il était cuit, il aurait pas l’occasion de fatiguer parce que tu l’aurais relancé derechef, ça aurait pu durer toute la nuit. Et ça te faisait super plaisir de le voir se prêter au jeu et s'éclater comme ça, qu'il connaisse ou pas les chansons. Mine de rien, il donnait pas cette impression de fun au naturel, il méritait de se faire dérider, et même un sourire, une fausse note, un effort et la voix qui déraillait, tu le prenais comme une rareté qui te ravissait.

Go, Greased Lightnin'
You're burnin' up the quarter mile
(Greased Lightnin', go Greased Lightnin')
Go Greased Lightnin'
You're coasting through the heat lap trails
(Greased Lightnin', go Greased Lightnin')
You are supreme
The chicks'll cream
For Greased Lightnin'

La fatigue commençait à se pointer, dans des laps de quelques secondes : t’avais comme des bubulles dans les oreilles, la sueur sur le front et le long du dos, une sacrée dalle et la soif qui va avec, et comme une envie de faire une pause après avoir donné de la voix. Enfin je dis ça, mais c’était jusqu’à ce que les premières notes de Breaking Free commencent, qu’elles te décrochent complètement de ton partenaire et que tu exprimes ton enthousiasme en faisant un petit peu trop de bruit. Tu t’étais mise à trépigner un peu, à taper dans tes mains, à grand ressort de « Oh, oui, oui ! », tes quelques secondes de fatigue s’étaient égarées dans les méandres d’un univers parallèle. Tu t’es mis à chanter tout de suite, en t’appliquant un peu trop - le pire, c’était que tu t’y croyais, alors que tu chantais les deux parties avec autant de sérieux, les restes de tes duos en solo devant ta télé. High School Musical, c’était un peu les films que t’avais vu cent fois, que tu connaissais par coeur, et la raison première de ton ridicule mais néanmoins conséquent coup de coeur sur Zac Efron.

Tu t’es interrompue assez vite pourtant, parce que t’arrivais plus à chanter. Déjà, entendre Sayanel essayer de suivre un air qu’il avait sensiblement jamais entendu, c’était sacrément drôle. Mais de voir l’expression décomposée de son visage, alors qu’il ne savait visiblement pas dans quoi il avait mis les pieds, c’était juste à mourir de rire, et tu ne t’en privais pas. Tu t’étais mis à rire franchement, et tu t’es penchée vers lui pour tâcher de comprendre ce qu’il te disait. T’es pas vraiment étonnée qu’il connaisse pas, et en même temps ça te scandalise, parce que c’est ta référence quoi. « Tu connais pas ?! C’est un film ! » T’essayais de gueuler autant que possible en retour pour qu’il t’entende, t’as probablement dû répéter un FILM une deuxième fois, mais c’est pas ça qui allait l’éclairer. Tu l’as regardé quelques secondes, et t’es revenue gueuler dans son oreille « Après ! Faut qu’on se fasse un marathon ! Tu dois le voir ! J’ai dit : un marathon ! » Et puis t’as haussé les épaules sans trop de soucier de s’il avait compris. En tout cas, tu comptais pas le lâcher. Sayanel l’ex-militari chasseur et tueur à gages allait devoir se farcir la collection, attaché à une chaise s’il fallait. Bien sûr, son CV, t’en savais rien - mais Say tu l’aimais bien, alors l’idée de te mater deux ou trois films avec te plaisait assez, surtout si on rajoutait à ça quelques cartons de pizzas. Et puis tu t’es remis à chanter, tu voulais finir la chanson, et tout ton coeur y était.

We’re runnin’, oooh climbin’
To get to the place, to be all that we can be
Now’s the time
So we’re breaking free, oooh we’re breaking free

Forcément il a bien fallu qu’elle se finisse, mais t’avais pas dit ton dernier mot. T’as chopé le bras de Sayanel, et tu l’as tiré avec toi vers le côté bar, et puis vers la rue, histoire d’avoir un peu plus de calme sur le trottoir - et puis ça lui laissera l’occasion d’une clope le temps de passer ce moment gênant sans doute, même si t’es à des années lumières de le prendre comme ça. Au contraire, t’es piquée par cette envie subite, tu arranges ta frange, plus que ravie de prendre un peu l’air, et tu écrases son bras de nouveau avec ta force de puceron. « Alors, t’en dis quoi ? On décolle, on va se mater High School Musical ? J’peux pas te laisser avec un trou pareil dans ta culture générale. C’est juste la base ! Tu vas probablement trouver ça cringe, mais c’est d’autant plus marrant - et t’auras l’air moins con la prochaine fois que tu tomberas sur une chanson. » Et tu lui sers un immense sourire, ça et les yeux brillants de chat potté, en appuyant ta joue sur son bras pour lui donner ce côté rebondi. Il va quand même pas oser te dire non ? En fait, ça serait pas étonnant que si, mais ça coûte rien d’essayer.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Janet & Sayanel

When the sharpest words wanna cut me down I'm gonna send a flood, gonna drown them out I am brave, I am bruised

Les chansons défilaient, encore et encore, j'ai même pas le temps de les reconnaître que je les chante à tue-tête. Dire que ce n'est pas habituel de me voir dans cet état serait un euphémisme. A mon souvenir, je n'ai jamais été comme ça. Je n'ai jamais réellement passé une soirée où le but était de s'amuser et rien d'autre. Se bourrer la gueule, taper sur des mecs autant que je voulais, ça c'était ma définition d'une bonne soirée, une soirée de fun. J'ai pas forcément la même image que tout le monde, du coup, quand il s'agit de prendre du bon temps. Mais c'est quelque chose de magique chez Janet, une partie de moi qui ressort pour éviter, sans doute, que son innocence évidente soit entachée par ma propre personnalité. Si quelqu'un doit détruire ce qu'elle est, je préfère éviter que ce soit moi. Alors je fais l'effort de comprendre ce qu'il y a d'amusant dans le fait de se casser la voix et se rendre ridicule. Ça marche, notamment parce que je suis plus très sobre depuis un bon moment déjà. Je me demande comment réagirait Gadreel en me voyant comme ça. Sans doute qu'il soupirerait bien fort, à se demander sous quoi je tourne, parce que de toute évidence, ça ne peut pas être que l'alcool qui te rend aussi con, Say. Je le connais par cœur je pourrais même imiter le moindre geste qu'il ferait. Mais il est pas là pour le voir et je suis trop fait pour me demander encore une fois où il est passé.  

Les paroles de Grease qui s'évanouissent dans l'air. Bien entendu, malgré ma faible culture cinématographique, c'est une des seules comédies musicales que j'ai vues. Il fallait bien occuper le temps quand tout le monde partait en mission. Je me souviens encore du motel où on avait trouvé la cassette avec Lisbeth. On l'avait regardé, puis elle s'était bloquée dans la machine. Alors on l'avait regardée, encore et encore jusqu'à n'en plus pouvoir. On avait finit par connaître toutes les paroles par cœur, qu'on le veuille ou non. C'était mon équivalent d'un souvenir heureux, alors cette chanson, elle me plaisait, quelque part, même si je la détestais d'une autre, de me rappeler de tout ce que j'ai laissé derrière moi avec la moitié de ma lucidité. Une autre chanson, qui finit de me perdre totalement. Rien qu'à entendre les notes qui se diffusent, je sais par avance que je suis tombé dans quelque chose de beaucoup trop niais pour moi. Mais Janet, elle, elle semble kiffer. Elle semble être heureuse de cette musique qui ne me dit rien, vraiment rien du tout. Et elle semble affolée que ça ne me dise rien, alors que j'entends brièvement le " FILM" sortir de sa bouche. J'en conclus donc que, comme Grease, il doit s'agir d'un espèce de Musical. Enfin, c'est la traduction de mon esprit désordonné. Elle dit autre chose, et j'entends à moitié, alors je tends l'oreille pour n'en retenir qu'un mot. Je fronce les sourcils. "Tu veux aller courir?" Mais avec le bruit, ça ne semble pas réellement faire effet, alors je répète encore une fois. "J'ai dit: POURQUOI TU VEUX ALLER COURIR? Mais la voilà qui se détourne pour chanter alors j'aurais sans doute jamais la réponse. Je la laisse faire, je suis peut-être pas encore assez beurré pour continuer sur ma lancée avec quelque chose que j'ai jamais entendu de ma vie. Je préférais largement quand ils passaient du Kansas . A la place, je continue à boire comme si j'avais que ça à faire de ma nuit. Ce qui n'est pas totalement faux, mais pas totalement vrai non plus.  

Je renverse un peu ce qu'il me reste de bière alors qu'elle finit par me traîner à l'extérieur. Je savoure le retour au calme, le son étouffé par la porte et l'air frais qui me fait un bien fou. J'ai les tympans pas loin d'être explosés, et sans doute que je vais crier un peu comme si j'avais encore besoin de me faire entendre, de passer ma voix par-dessus celle des enceintes. J'en profite pour sortir une clope. Quand je bois c'est presque une obligation, la fumée me fait du bien, je sais pas qui abandonnera en premier comme ça, mon foie ou mes poumons. "C'était ça que tu me disais à l'intérieur? " Une toute nouvelle compréhension alors qu'il était impossible, réellement, d'entendre quoique ce soit. "Toutes les chansons sont du level de celle-ci ou c'était la pire?" J'ose pas demander non plus si c'était pas la meilleure, j'aurais beaucoup trop peur de la réponse que la blondinette pourrait me donner. Puis je suis encore un peu dans les nuages donc vaut mieux pas que j'y pense à deux fois si je veux pas changer d'avis. Oui, parce que le côté chat potté qui se pend à mon bras pour me demander quelque chose … Bah disons que le secret, c'est de me faire boire, et ensuite je peux accepter plus ou moins n'importe quoi si on me regarde avec ces yeux là. Sobre c'est une autre paire de manches mais elle, elle a compris le système. Je grogne un peu pour faire bonne mesure. " Bon. Si tu dis que c'est la base , je m'en voudrais de rater ça. Puis j'ai comme l'impression que je vais pouvoir me marrer plus d'une fois. Ou être complètement traumatisé, je sais pas encore, mais j'ai pas grand-chose d'autre à foutre là tout de suite. T'as des bières?" Mais sans doute que c'est ça qui va finir de me convaincre plus que l'idée d'aller voir un film qui me semble loin d'être un chef d'œuvre.  

(c) DΛNDELION
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ft. Sayanel Pritchard
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C’est vrai que de ta part, on pouvait plus ou moins s’attendre au pire, on pouvait même s’attendre à tout. Débarquer chez quelqu’un sans prévenir avec une gourde et un short Décathlon pour proposer un marathon faisait potentiellement partie des possibilités, cependant dans l’immédiat tu pensais plutôt à la version : voir, manger et boire jusqu’à être au bout de sa vie et n’en plus pouvoir. La version gros tas sur son canap’ sans responsabilités ni vie sociale, mais c’était un sport comme une autre, et mine de rien, ça demandait de l’endurance, de l’organisation, et de la force mentale. D’accord, c’était peut-être un peu abusé d’aller jusque là, toujours est-il que tu lui as lancé de ces regards d’incompréhension quand il t’a demandé pourquoi tu voulais “courir”, accompagné d’un « quoi ?! » de malentendant, avant que tu piges enfin de quoi il parlait, et que tu te mettes à rire encore devant cette espèce d’impression de perdu. Le pauvre innocent ne savait pas à quoi il allait avoir affaire, mettez un soldat dans une crèche et vous verrez lequel est le plus en détresse. « Mais non ! » et t’étais restée là dessus, parce que ça servait à rien de partir dans des explications à un endroit où, de toute façon, vous ne vous entendiez pas - et vous compreniez encore moins bien.

Du coup tu l’avais sorti sans traîner et sans mal, pour réitérer ta proposition, et tâcher de lui faire comprendre qu’il s’agissait pas du tout de courir, et que courir c’est plus probablement ce qu’il voudrait faire au bout de 10 minutes de film assis à côté de toi. C’est donc ça que tu disais ? Vous aviez assez chanté, assez remué vos miches en rythme, vous étiez sourds et en nage, et après être retourné au calme une fois, c’était d’autant plus complexe de s’y replonger. T’en avais marre, après tout tu étais du genre à te lasser, et Say n’était pas dans son élément non plus - tu savais même pas s’il resterait chanter, si toi tu te faisais la malle vers des contrées plus douces. « Ouais, un marathon - c’est quand on enchaîne des tas de films, du genre toute une licence ou une saga. Tu n’en as jamais fait ? C’est pas mal pour tuer une journée, on se fait un stock de boisson et de nourriture et on tient jusqu’à ce que tout le monde soit mort. » Tu te renfrognes un peu, mais l’idée t’excite trop pour que tu te laisses abattre par sa remarque sur les chansons. Tu le sais, que c’est loin d’être son délire. Tu le sais d’autant plus que toi-même, tu as du mal à assumer d’aimer ces films à ce point, c’est pas pour rien que tu as quasiment planqué ton poster. C’est tellement facile de passer pour un bébé ! « Tu veux pas attendre d’être devant pour te moquer ? Tu connais même pas l’histoire ! » Bon, après… Il faut quand même avouer que le plot casse pas trois pattes à un canard non plus. Mais tu l’excuses bien vite, quand il accepte finalement ta proposition. Le “non” aurait pu fuser tellement vite vu le personnage, mais tu avais presque des envies de rire sadique maintenant que tu savais qu’il ne pouvait plus reculer. Tu as étiré ton sourire de plus belle en montrant les dents, ça te rebondissait encore plus les pommettes. « T’en fais pas, ça va bien se passer. » C’était tellement pas ce qu’il fallait dire pour mettre en confiance.

Tu l’as relâché, réfléchissant un peu à ce qu’il y avait au frigo chez toi pour répondre à sa question. C’était peut-être le bon moment pour lui rappeler que tu vivais toujours chez ta mère ? D’ailleurs, elle allait peut-être pas beaucoup aimer que tu lui ramènes un pochtron à cette heure. Mais tu avais dû l’habituer au pire, et puis si tu lui disais ce que tu comptais en faire, elle allait probablement valider la torture. « Il doit y en avoir, mais sans doute pas assez pour toi, on a qu’à s’arrêter à la supérette avant, et prendre des bonbons tant qu’à faire. » Faut dire que tu avais le goût du sucre et qu’il avait tendance à boire largement plus que toi, deux pauvres canettes le feraient jamais tenir jusqu’au troisième opus. Et puis t’es partie dans la bonne direction en lui tirant le bras, et en lui lançant un « viens! » trop fort, comme un peu toutes vos phrases jusque là, le temps que vos oreilles reviennent de vacances. Tu n’étais pas assez patiente pour le laisser terminer sa cigarette - en fait, t’avais surement peur qu’il change d’avis après t’avoir donné de l’espoir. Et puis tu t'es engouffrée dans le premier magasin qui a croisé ton chemin, à peine plus loin, relâchant ton captif pour filer directement au rayon friandise. Et t'as commencé à amasser les paquets comme si c'était tout à fait normal - le plus anormal, c'était probablement celui de réglisse que t'avais attrapé en premier alors que c'est dégueulasse. Mais s'il voulait pas que tu lui en fasses avaler de force, il avait tout intérêt à pas te juger, et à aller chercher ses bières pendant ce temps là.
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Janet & Sayanel

When the sharpest words wanna cut me down I'm gonna send a flood, gonna drown them out I am brave, I am bruised

Le vacarme est beaucoup trop présent, entre l’ambiance bar qui n’est jamais réellement silencieuse et le karaoké qui rajoute une dose de fausses notes et de bruit. Parfois, faut le dire, j’ai même du mal à reconnaître la musique tellement les bruits parasites se font forts. J’ai jamais été un adepte des foules, prenez ça comme un vestige de mon éducation quasi-militaire - puis ensuite réellement militaire - qui me donne l’impression qu’il est beaucoup plus simple de se faire prendre par surprise par un ennemi lorsque la population se fait trop nombreuse autour. Il est certes beaucoup plus compliqué de savoir qui est investi de bonnes intentions et qui ne l’est pas quand on se retrouve entouré par des dizaines de personnes inconnues - imbibées d’alcool, qui plus est. Alors respirer l’air extérieur ne me fait que du bien, j’en profite pour prendre une grande inspiration, comme si j’avais été au bord de l’asphyxie. L’air frais de la nuit est salvateur. Bien entendu, mon envie de m’éclaircir les poumons ne dure pas, et je finis par tirer une latte sur ma clope pour me les noircir encore un peu plus. Je ne suis plus vraiment à ça près, qu’on se le dise. C’est là qu’elle m’explique sa vision du “ marathon” et la seule chose à laquelle je pense, c’est sans doute la réflexion que les personnes normales ont vraiment énormément de temps à perdre. Par personne normale je veux bien sûr parler de ceux qui n’ont pas passé leur enfance dans une caravane à chasser le Surnaturel à tel point d’en oublier que certains ont tristement dû vivre comme des sédentaires. “ Non j’en ai jamais fait. Mais j’avais pas la télé, alors … Enfin, des fois si mais ça captait pas beaucoup de chaînes. “ Je suis en train de crier comme un con au milieu de la rue silencieuse parce que mes tympans n’ont pas encore totalement digéré le bruit du Smooth Criminal. Je me souviens quand même des soirées passées avec Lisbeth, quand tous les autres étaient en chasse, comme si c’était hier. Parfois on passait des nuits au motel et on avait le droit d’allumer la télé d’un autre temps qui s’y trouvait. On captait pas grand-chose, souvent des films en noir et blanc. C’était des bons souvenirs, mais je ne peux pas dire que je me suis souvent payé le luxe de rester devant un écran pendant des heures sans rien faire d’autre que boire et manger. Je l’ai fait dans un bar, cela dit … La nourriture en moins.

Même si j’ai déjà accepté d’être initié à ce qui semble être le pire de l’histoire du cinéma - j’exagère, j’ai entendu une chanson, mais faut dire que c’est pas tellement mon répertoire non plus - je m’amuse de ses réactions quand je me moque. Parce qu’elle boude facilement, la petite blonde, et moi ça me fait quand même bien rire. Alors je le montre, pour une fois je me permets de lancer un rire franc et pas agressif. Même si elle le sait pas, Janet est quand même vraiment privilégiée, pas tout le monde pourrait me tirer de la bonne humeur. Mais je suis pas certain que ce soit une bonne chose pour elle non plus. Quoiqu’elle est assez grande pour décider de traîner avec des instables, faudra bien qu’elle assume les conséquences un jour. “ Parce qu’y a une histoire en plus? Non c’est bon j’arrête, j’ai vraiment hâte de découvrir ce chef d’oeuvre. “ J’exagère volontairement mais normalement ça devrait suffire pour qu’elle ne boude plus. Ce serait dommage que je gaspille toutes mes vannes avant le film. Mais la blonde souriait, encore et encore, et je me demande si des deux, c’est pas elle la plus maléfique ce soir. “ Not helping dude. “ Dans quoi est-ce que je me suis encore embarqué?

Le “ pas assez pour toi” me fait rire. Je ne peux que confirmer, cela dit, j’ai une descente assez spectaculaire quand je m’y mets. Et je sens que je vais en avoir vraiment besoin ce soir.Alors j’acquiesce et je la suis sans mot dire à la supérette quelques mètres plus loin. J’écrase ma cigarette sur le sol pour rentrer à sa suite. Je ne la suis pas vraiment et je vais directement au rayon des bières où je récupère deux packs sans vraiment regarder la marque. De toute manière je vais payer une blinde parce que c’est un commerce de nuit, alors je peux prendre ce que je veux je vais quand même me sentir baisé. Je rejoins donc assez vite Janet que je retrouve les bras pleins de paquets de toutes sortes. “ Ton taux de sucre m’affole ma grande. T’as fini? C’est moi qui offre, profite. “ Je suis pas tout le temps sympa dans le genre, mais là j’ai encore l’alcool nice, alors faut bien que ça serve à quelque chose. Je me rends à la caisse pour régler, j’insulte à demi-mots le caissier parce que c’est beaucoup trop cher et on finit par ressortir. “ T’habites par où déjà ? Je t’aurais bien invité chez moi mais j’ai ni ordi ni télé alors … “

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L’idée qu’on pouvait grandir sans télé avait pour toi quelque chose de déprimant. Après tout, t’étais née dans une génération où l’électronique allait de soi même sans grande richesse, et tu pouvais pas imaginer t’en passer. Téléphone, ordinateur, écran plat – t’avais pas besoin de t’appeler Sammy pour y perdre beaucoup trop d’heures de ton temps, même si contrairement à lui, t’avais quand même un paquet d’autres occupations à côté de ça. Le plus marrant, enfin si on peut appeler ça marrant, c’est que dans la logique des choses, t’avais tout à apprendre de Sayanel. Déjà parce qu’il était plus vieux, et puis surtout parce que le vétéran avait connu autrement plus de trucs que toi. Assez en tout cas pour avoir une opinion pas trop niaise de l’existence, là où toi t’avais qu’un piètre sens des réalités. Et pourtant, c’était peut-être l’euphorie de l’après karaoké, l’ambiance un peu grisante des vapeurs d’alcool et des fumées de clope, de trucs que ton organisme minuscule synthétisait pas aussi bien qu’un autre ; ou juste le fait que t’étais Janet, une tête de mule unique en son genre - mais tu t’es presque sentie chargée d’une mission. Celle de refaire son enfance et sa culture G à cette gentille brute à qui il manquait de gros fragments. Et maintenant que t’avais pris très au sérieux de lui faire expérimenter un marathon pour la première fois de sa vie, il était clairement plus possible de faire machine arrière.  Il pouvait te taunter et te taquiner autant qu’il voulait sur la qualité de ta bible audiovisuelle, ça te ferait certainement pas lâcher prise. C’était même tout le contraire, tout aussi peu « chef d’œuvre » que ce pouvait être pour le commun des mortels. En plus de ça, tu ne manquerais pour rien au monde une occasion de raconter à un tas de gens ce que tu avais pu lui infliger, à commencer par le garage de son frangin. En fait, tu avais déjà ta vengeance toute tracée.

Tu as fait le tour de la supérette, ou du moins le tour des rayons qui te concernaient. Tu te t’intéressais vraiment qu’aux sucreries – amassant suffisamment de paquets pour t’occuper trois films durant. Il fallait pas croire que c’était facile comme préparation, tu le prenais pas à la légère, ça demandait une véritable organisation. Mieux, du calcul : encore fallait-il compter le temps de pause, ôter celui des génériques, et ceux des chansons que tu voudrais chanter puisque tu serais incapable de manger en même temps. Ça n’avait rien d’anodin, même si pour être franche, lorsque Sayanel t’a allègement proposé de payer ta part, ta main s’est glissée prestement pour attraper un paquet supplémentaire. « T’en fais pas, je ferai plus attention à ce que je mange une fois que j’aurai ton âge » as-tu répondu en toute innocence, suivi d’un « C’est bon j’ai tout ! », en allant étaler l’ensemble sur le tapis roulant de la caisse. Mais puisqu’il était si généreux ce soir, t’as quand même ajouté un « merci » yeux-dans-les-yeux, et celui-là était sincère. Merci de dépenser ta thune pour te pourrir ta propre soirée, personne n’oubliera ton sacrifice, t’es un vrai pote. C’est sûr que dit comme ça, il avait d’autant plus l’air de se faire avoir.

Vous êtes sortis juste après et tu as pris les devants, en lui laissant le doux plaisir de porter vos affaires – quitte à avoir des bras musclés, autant qu’ils vous servent. « T’as toujours pas de télé ?! Non mais ok, viens plus souvent, si le salon est libre j’te prête la nôtre c’est bon. Ma mère y verra pas d’inconvénient. Ah oui, je t’ai dit ou pas, qu’il y aurait ma mère ? » T’es monté dans le bus, y’avait que quelques arrêts, vous y seriez en moins de deux. Ça lui laissait à peine le temps de se demander si c’était vraiment une si bonne idée de venir, mais c’était ta mère après tout, pas n’importe laquelle. Vous ne vous ressembliez peut-être pas beaucoup d’apparence, mais vous aviez les mêmes valeurs et une personnalité dangereusement proche, qui te poussait à la considérer comme une amie en plus du reste. Et puis faut pas déconner, à la maison, c’est elle qui portait le caleçon. Vous êtes arrivés devant la porte, tu l’as ouverte, avec un « MAMAAAN, ON PEUT PRENDRE LA TÉLÉ ? », suivi d’un « enlève tes chaussures, je vais mettre tes bières au frais ». Et tu l’as abandonné là, tout seul à côté de la porte, en te barrant avec les sacs en plastique de la supérette direction la cuisine, et puis à l’étage chercher tes DVD-Blue-ray-Collector en version longue. Et puis t’es revenue tel le messie pour lui montrer la voie du Seigneur, les paquets de bonbons et les jaquettes dans les bras, une canette de bière dans la main que tu t’es empressée de lui donner pour qu’il ait un truc familier auquel se rattraper avant d’affronter sa mort. Tu lui as montré le canapé, il était pas dur à trouver, toi t’es allée mettre le disque dans le lecteur, et configurer les haut-parleurs pour bien lui mettre la misère. « Installe-toi, on a tout le canapé. » Et des plaids. Pas oublier les plaids. Et les coussins. Parce que t’étais bien partie pour te faire un fort en pilou-pilou rempli de bonbons, et c’est pas un vétéran de guerre qui pourrait t’en empêcher.
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Janet & Sayanel

When the sharpest words wanna cut me down I'm gonna send a flood, gonna drown them out I am brave, I am bruised

On m’a toujours dit que l’abus d’alcool était mauvais pour la santé. C’était marqué sur plus ou moins tous les packs de bière que j’achetais, et en plus gros caractères sur les autres bouteilles, mais je pense que j’en prends conscience que maintenant, avec ce que je m’apprête à faire. Si je sais que je vais m’infliger la pire torture de l’humanité? Bien entendu. J’étais là quand ils ont passé la “chanson” si on peut appeler ça une chanson, de ladite comédie musicale, et rien que le titre laisse à penser que je vais quand même taper gros dans le teenmovie. Mais c’est l’alcool, encore et toujours, qui me fait accepter l’impensable. J’aurais jamais dit oui à un truc pareil en pleine capacité mentale, c’était certain. Du moins j’essaie de m’en convaincre, alors que très clairement, Janet à cet effet sur les gens, on ne peut absolument rien lui refuser. Même Gadreel n’aurait certainement pas résisté et aurait fini en PLS devant la télé de Janet, s’il était resté plus longtemps pour subir également. Parce que c’était comme ça que ça marchait avec elle, on regardait son sourire et ses grands yeux remplis d’innocence, et personne n’avait jamais émis l’envie de lui dire non, c’était, somme toute, bien trop cruel, même pour moi. Ma faiblesse, sans doute, l’une de celles que j’avoue à demi-mots. Et y a pas grand-monde qui peut se targuer de me faire faire tout ce qu’ils veulent juste avec un sourire. Y en a qu’une, en réalité, même si elle s’en rend sûrement pas compte. Peut-être que ça lui viendra, ne serait-ce qu’avec ce soir, alors qu’elle va assister sans doute à un miracle qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie. Et quel miracle !

Quelque part ça m’arrangeait de perdre un peu de temps à la supérette, juste pour savourer mes derniers instants sans honte. De l’autre, j’avais juste envie de comprendre entièrement dans quoi je m’engageais, et plus j’attendais, plus il était possible que je fasse machine arrière. Aussi, on finit par se retrouver à la caisse, elle les bras pleins de bonbons en tout genre, et moi avec mes bières salvatrices. Je fronce les sourcils suite à sa réplique. Outch. ça fout un coup à l’égo là où ça passe pas facilement. “ Hé ! J’ai pas cinquante balais, je suis à peine plus vieux que toi.“ Okay, là je me mets des oeillères, j’ai plus vingt ans. Dix ans. Dix ans de plus que la blondinette et c’était elle qui me menait à la baguette. Encore heureux que ce ne soit pas un génie du mal, j’aurais perdu tout mon mérite durement acquis. Il est beau le vétéran, il est beau le chasseur sans coeur. Je crois que si Kabu me voit, je perds mon job juste pour le principe. “ Mais de rien, j’aurais au moins la consolation de te voir trop manger jusqu’à en souffrir. “ Peu probable, puisque Janet a l’air de pouvoir avaler un boeuf sans prendre un gramme, mais autant que je prenne le temps de rêver avant d’être scandalisé à vie. Je commence à m’imaginer le pire, avec cette histoire, il est grand temps que je me rende compte que ce n’est pas si terrible. Ce n’est pas si terrible, pas vrai?

Je monte dans le bus à sa suite alors qu’elle part dans son monologue. ”Je t’avais dit ou pas qu’y aurait ma mère?” Un arrêt sur images, moi qui fait les gros yeux, et elle qui doit sûrement se rendre compte que non, j’étais pas des plus au courant. “Attends, quoi? “ Je sais pas si elle se rend compte, mais je suis pas spécialement le profil de personnes que les mamans apprécient en règle générale. Sauf la mienne, et encore, ça dépend des jours. Entre le fait que je suis littéralement un meurtrier, un ancien soldat qui n’a pas fait que des choix brillants, le fait que j’ai dix ans de plus que sa fille, mon alcoolisme sous-jacent et l’habitude que j’ai de jurer comme un charretier et de me saper comme un motard… Je ne sais pas pourquoi mais je sens que ça risque de ne pas du tout passer tout seul. “ Et tu penses que ta mère appréciera que tu te pointes à cette heure ci avec un mec qu’elle connait pas pour … Regarder la télé?“ La scène totale passe de l’irréel au ridicule comme un boomerang, j’aurais presque envie de rire. Mais ce n’est pas comme si je pouvais descendre du bus et la planter là, après tout je sais même pas où je suis, et elle risque de m’en vouloir après coup.

Alors on a finit par arriver, doucement mais sûrement, alors que Janet a commencé à crier. Moi je reste dans le hall, comme un gamin un peu perdu. Je suis pas du tout à ma place, et ça doit se voir. Alors je fais ce qu’elle me dit, même si je peux pas m’empêcher de penser que j’ai jamais enlevé mes putains de pompes pour entrer chez personne. Notamment parce que quand j’entre chez quelqu’un c’est généralement que je veux lui casser la gueule. Même quand c’est chez Gad’. Alors quand Janet revient pour me fourrer une bière dans les pattes, j’attends pas deux minutes pour l’ouvrir et pour boire, avant de me diriger vers le canapé, mon courage revenu. Je dirais pas que j’ai peur de ce que je vais voir, mais presque. On finit par s’installer tous les deux sur le sofa, elle entourée par ses bonbons, une multitude de coussins et de couvertures, et moi comme un con à attendre que le film commence. ça ne tarde d’ailleurs pas. ça va sans doute être le marathon le plus compliqué du monde, selon mon point de vue. “ C’est un film de Noël?“ Je me souviens qu’avec Lizzy on faisait tout pour les éviter, quand par miracle on réussissait à chopper des chaînes de télé. T’es sûr qu’elle se marrerait volontiers à te voir maintenant.


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Vous étiez au moins d’accord sur un point, Say se voilait la face. Tu n’avais pas retenu ton rire lorsqu’il s’était scandalisé être à peine plus vieux que toi, ton sourire signifiait oh vraiment ? autant que ton regard lui témoignait un peu de pitié, sans penser mal. Il ne pouvait pas y croire lui-même, en fait il devait être au moins aussi conscient que toi, sinon plus, qu’il n’avait rien à faire en ta compagnie, encore moins à cette heure et aussi alcoolisé. Vous ne vous ressembliez même pas assez pour être parents, et en poussant l’image un peu loin, on aurait plutôt crié au détournement de mineur. Dix ans, c’est ce qui vous séparait, et ça représentait mine de rien la moitié de ton vécu – en comptant que tu n’étais pas la plus mature, et que tu faisais souvent plus jeune que tu ne l’étais. Tu en étais à cette étape où tu commençais à vraiment vivre sans trop regarder où tu allais, lui était plutôt à celle où son médecin traitant lui mettait un frein pour s’assurer qu’il tienne jusqu’à la décennie d’après. Si l’on ajoutait au cocktail molotov qu’il avait été en plus saigné par la vie de soldat, il ne vous restait plus beaucoup de points communs pour paraître du même âge ou du même milieu.
Si tu te rendais compte de l’absurdité et du caractère exceptionnel de votre relation ? Sans doute pas assez. Tu ne voyais pas le moindre inconvénient à compter un peu tout et n’importe quoi parmi tes amis, tout en sachant que ce n’était pas du goût de tout le monde. Pourtant ce soir, même toi tu savais qu’il s’agissait d’un exploit. High School Musical et Sayanel dans la même phrase, c’était loin d’être une évidence, et c’est ce qui te faisait jubiler à ce point. Il était bien trop tard pour qu’il fasse machine arrière, et tu étais sincèrement ravie de pouvoir partager cette expérience-là avec lui. Parce que même si ça allait être laborieux, probablement une catastrophe qui lui ferait regretter les ogives nucléaires, ça serait une occasion unique que tu te ferais un plaisir de ne jamais oublier, de ressortir à l’occasion et à toutes les sauces, et qui vous forgerait des souvenirs.

D’ailleurs, l’euphorie de l’instant devait laisser place petit à petit aux regrets. Il suffisait de voir la tête que Say avait tiré quand tu avais mentionné ta mère dans l’équation, et pendant un instant tu as eu peur qu’il fasse machine arrière. Bien sûr, à toi qui vivait avec, ça t’avait semblé évident, et c’était particulier avec ta mère – vous étiez si liées que vous n’envisagiez même plus de vivre séparément. Mais lui n’avait pas tort, en tout cas ses inquiétudes étaient fondées, il n’y avait pas beaucoup de mères qui auraient laissé passer ça si facilement. Et en fait, il aurait été plus plausible que Say n’ait même pas eu le droit de passer le paillasson. Pourtant ce n’était pas tout à fait vrai, il n’était pas exactement un inconnu : puisqu’elle et toi, vous vous racontiez presque intégralement vos journées, celui-là tu avais déjà dû le mentionner plus d’une fois, et vraisemblablement le montrer sous son meilleur jour. Même si, à le voir, on se serait quand même mis à en douter. « Ça va, on va juste regarder la télé, ma mère est cool, et puis moi je te connais. » Bien sûr, tu ne savais pas tout de lui, mais tu ne te souciais pas de savoir, et tu étais de toute façon trop égocentrée pour t’intéresser franchement à la vie des autres. Mais tu y étais attachée, et ça te suffisait amplement : il avait ta confiance, il avait tout intérêt à se comporter en conséquence et faire avec. « Je lui ai déjà parlé de toi, elle sait que t’es un ami. Qu’est-ce que tu veux qu’on risque ? Surtout que, ivre comme tu es, elle préférera garder un œil sur toi plutôt qu’on aille vadrouiller ailleurs et que tu finisses dans un caniveau. » Même si des ivrognes, maman, elle en connaissait plein, et en face d’elle ils avaient tout intérêt à se mettre à table.

Et puis t’avais tout mis en place quand vous étiez arrivés, t’étais passée par ta mère bien sûr pour lui dire pourquoi t’avais besoin de la télé et qui était ce fameux on qui n’avait pas franchement lieu d’être à cette heure. Forcément le temps que tu t’installes avec tes plaids, tes bonbons et la télécommande de la mort – sur un fond sonore du menu démarrer qui laissait quand même à redouter la suite – elle avait dû venir « dire bonjour » pour se faire une idée de la tête de ce Say qui revenait occasionnellement dans les conversations, histoire que vous puissiez commérer dessus après. Elle avait fait ses recommandations du type « je vous laisse tranquille » et « si vous avez besoin, je suis à l’étage », elle vous avait souhaité un « bon film », entre guillemets. Parce que même elle, ton obsession sur Troy Bolton, elle avait franchement du mal à la piger. Et t’avais pressé Play sitôt qu’elle vous avait laissé tranquille, entamant le premier film sur cette fameuse scène du karaoké, qui contrastait drôlement avec celui dont vous veniez de sortir. « Non pas du tout » t’avais répondu, dans un creux où aucun des personnages ne parlait, « c’est des comédies musicales qui sont passées sur Disney Channel. » Là, c’est le moment où t’as quitté la télé du regard juste pour voir quelle gueule il allait tirer en entendant ça. Parce que même en redneck sans télé, il devait savoir ce que c’était Disney. Et puis t’as commencé à lui expliquer à voix basse rapidement : « ça parle de musique et de basket, l'histoire tourne autour de Troy Bolton- c’est lui, là ! » Ah bah ça, quand il était apparu à l’écran, tu t’étais forcément dépêchée de lui taper sur la cuisse jusqu’à ce qu’il daigne regarder un Zac Efron quasi adolescent et sans grande virilité, qui avait l’air de te plaire beaucoup, soit dit en passant.
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On ne peut pas dire que j’ai eu le meilleur modèle parental qui soit. Certes, j’ai mes deux parents et on ne sait pourquoi ils n’ont jamais décidé de s’entretuer, mais l’éducation n’a jamais été très conventionnelle. Y a pas de quoi s’étonner, j’ai vécu dans une caravane dès ma naissance pour permettre à mes géniteurs de continuer à assassiner des monstres … Déjà je partais mal niveau régularité. L’école c’était pas vraiment important, et le respect ça dépendait vraiment d’à qui on parlait. Alors on peut sans doute parler du fait que je sois plutôt mal élevé, parce qu’en fin de compte, je n’ai pratiquement pas été élevé du tout, sauf quand c’était le désert au niveau des chasses et que je me retrouvais coincé avec ma mère à devoir faire semblant de m’intéresser aux mathématiques et aux règles sociales qu’elle voulait m’enseigner avec un désintérêt certain. On s’étonne moins, suite à ça, que je passe plus pour le rustre de service que celui qui plaît, et je ne m’en soucie pas non plus assez. Quant au fait de rencontrer la mère de Janet … Les seuls parents que j’ai rencontré, ça reste ceux des filles chez qui j’allais faire mes affaires qui nous prenaient au dépourvu. Alors imaginez l’ambiance, déjà. Certes je suis loin d’avoir ce genre d’attitude avec la blonde, mais ces souvenirs m’ont comme laissé un arrière-goût, une sonnette d’alarme qui s’active. Peut-être parce que la normalité a tendance à me laisser dans l’incompréhension et que j’ai peur qu’au fond, on finisse par voir au fond de mon âme. Et qui de mieux qu’une mère qui ferait tout pour son enfant pour ça? Moi je te connais. Comme une ironie qui me ferait presque mal. Et c’est le genre de secrets que je garde que j’ai toujours peur de voir démasqués lorsqu’une tierce personne entre dans l’équation. Des secrets qui ne semblent pas importants tant ils sont ancrés dans ma vie, et pourtant. Mais je finis par hausser les épaules. “ ça se tient. Et effectivement, c’était le cas. Peu importait, en fin de compte, si je suis pas des plus fréquentables, je vais me trouver sous son toit devant la télé, elle aurait presque pas de quoi s’inquiéter.

Mais une fois arrivé, je ne pouvais plus vraiment décider de me barrer. Enfin si je l’aurais pu, et je l’aurais fait si j’étais pas avec Janet. Mais d’un autre côté, si j’étais pas avec elle, j’aurais jamais accepté de voir ce genre de films et de subir ce qui va sans doute être la pire soirée de ma vie, donc d’un autre côté, je me retrouverais pas dans cette situation à la con à devoir rencontrer la mère de ma pote. Puis elle est arrivée, s’est présentée, j’ai dit bonjour maladroitement parce que la politesse, elle vient pas d’instinct chez tout le monde, et j’ai ri jaune quand elle m’a souhaité bon courage avec un regard de pitié. Si j’étais pas encore totalement sûr que j’avais fait une connerie, ça a finit de m’en convaincre. Elle est dangereuse, Janet, plus dangereuse que toi, en un sens, parce qu’elle on pourrait la suivre dans une camionnette sans hésiter, et elle aurait sans doute même pas à offrir des bonbons pour ça. Elle a cette naïveté et cet air d’enfant au fond qui fait qu’on peut pas lui dire non.

Puis le moment fatidique lorsque le film commence, et je peux bien voir à quel point elle se concentre déjà sur l’écran du salon. Moi je m’accroche juste à ma bière en espérant que ça passe vite. Mais y avait tout. Les images, le son, les décors, l’acteur principal avec une coupe de cheveux qu’absolument personne ne lui envie à l’heure actuelle … Et Disney Channel. “ C’est même pas assez bon pour passer au cinéma?” J’y connais rien et j’ai cette idée un peu has been de penser que le cinéma est forcément d’une qualité supérieure à la télévision. ça pouvait être vrai à une époque, c’était un fait, mais certainement plus à l’heure actuelle. Mais faut dire que les informations qu’elle me donne peuvent aussi prêter à rire. La musique, le basket… Deux thèmes qui ne vont pas spécialement ensemble de mon point de vue. J’allais lui répondre que je préférais largement le football américain, mais je me retiens, de toute évidence, le film que je suis en train de regarder n’est de toute façon pas bien basé sur le sport. Une voix nasillarde et une chanson semi romantique plus tard - l’histoire faisant vaguement et de loin penser à celle de Grease, en réalité, dont Lisbeth était fan - on se retrouve dans un lycée. Forcément. Isabella complètement larguée dans une nouvelle école, et super … Comment il s’appelle déjà le faux beau gosse … Troy la star. “ Ah tiens une blondasse. Elle je parie que c’est une connasse. Malheureusement, les blondes super maquillées sont rarement les plus sympas. Les blonds en général en fait. Rarement le beau rôle.



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