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 Au moins, demain on ne s'en souviendra pas - ft. Trevor

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❝ Au moins, demain on ne s'en souviendra pas ❞Fais gaffe, c'est mal fréquenté dans le coin...
Venir ici en pleine journée était loin d’être l’idée du siècle, surtout en ces temps où la toute jeune milice de notre nouveau maire était dans les rues. Mais on ne pouvait pas non plus dire que j’étais dans un parfait état de lucidité et au maximum de mes capacités de réflexion. Jeremiah était à la boutique, rien de plus normal, il était dans son élément, chez lui, complètement. Même s’il y avait nos deux noms sur les papiers, même si j’avais une part dans l’affaire, c’était son bébé à lui. Ma seule responsabilité là-dedans, c’était d’avoir apporté les fonds nécessaires. Tout le reste, il arrivait à le gérer tout seul, et je restais intimement persuadé que sans moi il ferait tourné la boutique tout aussi bien. Quelque part, ça me rassurait. Dans un futur un peu trop proche, je ne serais plus là, il sera livré à lui-même. Être indispensable pour lui ne lui rendrait aucun service. Le plus souvent possible, je m’éclipsais pour le laisser faire, ne le rejoignant véritablement qu’au moment de la fermeture, pour l’aider certes un peu, mais aussi pour prendre la température, voir comment il se sentait. S’il n’éprouvait nullement le besoin que je sois à ses côtés, j’en éprouvais un énorme soulagement, bien qu’au fond de moi, je m’en veuille de l’abandonner ainsi. Ainsi, cet après-midi là, j’étais parti, prétextant une ballade auprès de mon époux pour justifier mon absence, préférant prévoir large et ne pas lui donner de raison de m’attendre. Les vieilles habitudes de Londres, tout ça tout ça. Sans compter qu’il savait que je ne supportais pas de rester dans l’appartement sans rien faire, que la simple administration ne me suffisait pas. Est-ce qu’il se doutait de ce que j’allais faire, sans doute. Jeremiah n’était pas idiot. Sitôt quitter le duplexe et avoir embrasser mon époux, j’étais allé dans un café quelconque prendre un thé, une simple excuse pour pouvoir utiliser leurs toilettes. Gestes dignes d’un film de Tarentino ou de tout autre film des années 80-90, une fois certain d’être seul sur les lieux, une ligne, puis deux de cocaïne, peut-être même une troisième pour être parfaitement pas en état de faire quoi que ce soit de raisonnable. C’était devenu ma hantise, de rester lucide. Et pourtant avec tout ce que je prenais, ce n’était tellement pas recommandé. Les yeux dans le vide, le dos appuyé contre le mur des toilettes, j’attendais encore quelques secondes, juste pour rien, juste comme ça. Le temps que la culpabilité s’en aille, même si l’image de mon bien-aimée ne me quittait pas. J’avais tellement envie de lui dire combien je l’aimais et combien il était important pour moi, même s’il le savait.

Alors, où est-ce que j’étais et pourquoi est-ce que c’était une mauvaise idée ? Devant l’un de chez mes dealeurs. J’en avais deux en réalité dans cette ville, et aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne déboursais jamais le moindre centime pour eux. Les arrangements, les marchés, ça avait toujours été mon truc et disons que j’avais su me montrer convainquant. Pour lui, Tristan, je lui fournissais autant de poudre Fée qu’il voulait. Parce que oui, celui-ci était une Fée aussi, et en échange de ma poudre, il m’en fournissait une autre qui elle faisait effet. L’autre, Vasili, ou Shura, comme il le préférait, je trouvais le reste, mais surtout des produits psychotropes. La cocaïne, j’avais commencé à en prendre à Londres, quand j’avais justement besoin de rester éveillé et d’assurer la cadence, maintenant c’était surtout pour combler le vide et le manque. Les psychotropes, c’était pour oublier la réalité, pour…  le fun. Donc, je me retrouvais devant chez Tristan, mais pour une raison qui m’échappait complètement. Mes pas m’avaient guidé jusqu’ici sans vraiment de raison en fait, c’était du pur hasard, une coïncidence bizarre. Parce qu’en dehors de l’accord que nous avions et les quelques échanges que nous avions, je ne connaissais pas vraiment Tristan, je savais tout juste qu’il gérait un spectacle de cirque, pour le reste c’était l’inconnu. Venir faire la causette chez lui ? Pourquoi pas ? L’état dans lequel j’étais me permettait largement d’être sociable et de sortir de mes habitudes justement antisociales. C’était une idée, et puisque j’avais du temps à tuer, pourquoi pas. Au pire, s’il était là, je pourrais lui donner une dose de poudre. Mais en frappant à la porte, je me rendais compte que cette dernière n’était fermée. Sans doute signe qu’il était justement là, bien que cela m’étonne qu’il laisse son logement ouvert comme ça. Je l’appelais alors en pénétrant dans l’appartement, cherchant la silhouette familière, mais l’habitation semblait complètement vide. A la nuance près du chat de Tristan qui passa entre mes jambes. Je n’eus même pas le temps de me pencher un peu pour lui gratter le dos que le félin était déjà parti à toute allure. Bon. Avant de poursuivre mon exploration, je fermais la porte, histoire que je ne me fasse pas engueuler si son animal de compagnie sortait et se faisait écraser.

Après quelques minutes, et en arrivant dans le salon, j’étais donc persuadé que Tristan n’était pas là, même si j’étais surpris qu’il ait laissé son chez lui ouvert comme ça. Mon erreur s’afficha bien assez vite quand mon regard se posa sur le canapé sous la forme d’un grand type maigre complètement nu affalé, et sans l’ombre d’un doute dans un état aussi clair que le mien. Il me fallut cependant quelques instants pour reconnaître ce fameux type, et en même temps, il n’était pas difficile de reconnaître le seul type que j’avais mis derrière les barreaux sur les terres irlandaises, du moins que j’avais contribué à mettre derrière les barreaux. Une affaire particulièrement sinistre dont les clients avaient une énorme confiance en moi pour rendre justice à leurs proches disparus. Enorme pression, énorme plaisir pour ma part, bien que la sentence finale me paraissait trop légère. Et même si son nom m’échappait complètement. Qu’est-ce qu’il foutait au juste chez l’un de mes dealeurs et à poil ? C’était la plus grande et grosse question que j’avais actuellement, planté au beau milieu de salon et surtout incapable de tellement réfléchir alors que les souvenirs me revenaient. Ce type là, que j’allais devoir surnommer en attendant que son nom me revienne, qui avait cramé des gens était en conditionnel, si je ne me plantais pas, le moindre pet de travers le remettait derrière les barreaux. C’était déjà le temps de sa libération ? Ça faisait combien de temps au juste ? Donc, oui, qu’est-ce qu’il foutait là à poil ? Après ce qui avait du être un long, très long silence, je décidais de prendre la parole, mais si le fond de ma pensée était quand même proche d’un amas de propos embrumés.

« Grande déception. Je pensais que Tristan avait de meilleur goûts en matière de muse… Il est sans doute dans la chambre ou dans la salle de bain, j’imagine ? »

Sauf que le silence qui régnait dans le reste de l’appartement suffisait à me faire comprendre que le locataire n’était vraiment pas là, mais c’était quand même une hypothèse. Après tout, je ne connaissais pas grand-chose de la vie personnel de mon partenaire d’affaire, c’était une possibilité. Ça expliquerait qu’il soit chez lui. A poil. Même si sa vue commençait peu à peu à me rappeler des détails de l’affaire, à défaut de son nom, et de réveiller le dégoût que j’avais exprimé pour sa personne. Pour autant, je n’avais pas envie de tourner les talons. Quelque part, j’avais envie de savoir le fin mot et surtout… de faire passer le temps.
©️ 2981 12289 0
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Au moins, demain on s'en souviendra pas

Please Mr. Kennedy I don't wanna go please don't shoot me into outer space I'm six-foot two, and so perhaps you'll Tell me how to fit into a five foot capsule I won't be known as man of the century If I burn up upon reentry

▼▲▼

Des paillettes, des paillettes, toujours plus de paillettes. C’était quand même une substance sacrément ridicule et à dix lieues de ton idéal de virilité, mais l’effet qu’elle déclenche est trop grisant pour que tu t’arrêtes à ce détail. Est-ce que tu savais ce que c’était au moins - probablement pas, t’avais probablement jamais capté l’existence des fées dans le monde surnaturel, et tu t’en portais pas plus mal. Si on t’avait sorti qu’un corps “humain” avait produit ce que tu te foutais directement dans les poumons, tu t’en serais senti trois fois plus sale - et t’étais déjà pas mal torché. Qu’est-ce que c’était que cette poudre, tu parvenais pas à mettre le doigt dessus. De la poussière, ça aurait pu - après tout, t’avais l’impression qu’il y en avait partout par terre dans cet appart. Toi qui étais pas mal à cheval sur l’hygiène, tu savais pas si tu voulais passer le balais ou si t’avais envie de te mettre à quatre pattes et de tout lécher. Dans le doute, de toute façon, t’étais trop HS pour faire l’effort de te relever. Affalé dans le canapé comme un pacha sans âme, tes pattes d’insecte trop longues étirées droit devant et écartées dans la plus grande vulgarité, tu jetais ton regard mort sur le chat qui se trouvait pas loin. Il t’avait mal regardé, t’en étais sûr - alors tu l’as regardé de travers en réponse. « Un jour j’vais te cuire et te bouffer. » Tu l’as marmonné dans ta barbe (ou plutôt dans ton bouc médiocre) en te grattant le pied sur le tapis, le sol, enfin le truc qu’il y a par terre - le parterre quoi. D’un côté, t’aimais bien les chats. D’un autre, tu pouvais pas les voir, parce que t’étais toujours dans l’idée que ça pouvait très bien être ta soeur, juste là. Bonnie, qui te manquait tellement que tu voudrais en crever. Quinze putain d’années qu’elle voulait pas te voir. Elle avait pas été là à ton procès, elle était jamais passée te voir au parloir, elle s’est pas montrée quand t’es sorti non plus. Elle est en France, il parait. Quinze années que t’as pas entendu le son de sa voix. Tu renifles, avec peine, avec dédain, et la saloperie de boule de poils te tourne le dos et te montre son cul. Génial.

Qu’est-ce que tu fous là. Excellente question jeune homme - t’étais là pour la poudre, ça va de soi. T’avais tenu peut-être deux semaines après la sortie de taule, mais très vite t’avais déchanté devant le poids trop lourd de ta vie sur ton petit coeur faiblard. La pression, la pression du monde du spectacle, ça t’avait pas manqué. Les exigences de ton patron, sa voix qui monte, qui t’engueule, qui peste contre ton incompétence, parce que t’as tout perdu en prison. Il te jette pas, parce que tu sais disparaître mine de rien, et un talent pareil ça se trouve pas dans le cul d’un chien. Il te garde parce que ça lui ferait mal de renoncer à ce gagne-pain, mais il est pas satisfait, tu le vois bien. C’est pas le seul, le public aussi tu le déçois. Pire que ça, ton ancien public. Comme ce gars, là, tu sais plus son nom, mais qui s’est jeté dans ta loge pour t’abîmer la face. T’étais son dieu, son idole, à présent t’étais plus rien. Quand t’y penses, ça te fait mal au coeur. Non, décidément t’avais du mal à te refaire à ta vie d’antan. Tu sentais ces pulsions de violence te revenir, la peur de te laisser aller à tes penchants pyromanes sans faire exprès, la peur de blesser les tiens, encore. Tes parents aussi tu les as déçu. Mortimer aussi, tu lui feras mal encore. Et par dessus tout ça, t’es rendu vieux. Vieux parce que t’as pas vu les derniers quinze ans passer, et quelque part au fond de toi, t’en as toujours vingt-et-un. Alors t’étais retombé dans la drogue. C’était pas la même poudre autrefois, mais c’était aussi comme ça que tu compensais le mal-être. La drogue, l’alcool, la cigarette, les trucs qui flambent. Cette poudre, elle était nouvelle - mais foutrement efficace, hallucinogène, et t’en étais chaque semaine plus dépendant. Heureusement t’avais ton filon. Heureusement, t’avais moyen de venir là. De te glisser sous la porte, tout cafard que t’étais. Et de profiter de cette libération, le temps de quelques minutes ou de quelques heures. Et tes fringues, elles étaient où ? Ah, bonne question, t’en sais foutrement rien. Devant la porte, tu les avais, et puis le reste était confus. T’étais rentré, t’avais fouillé jusqu’à ramasser ta dose et… T’avais ouvert la porte, tu les avais rentrés du pied, un truc comme ça. Tu sais plus. T’as pas envie d’y penser.

Ça toque. Tu réponds pas, t’es trop mort, et puis avec un peu de chance si tu te tais, le mec passera son chemin. Sauf que non, il rentre, et tu t’attends à la tronche familière de ton dealer - mais c’est une autre gueule qui paraît. Une gueule familière aussi, mais tu mets pas tout de suite le doigt dessus. Il a pas l’air content de te voir. Il te reconnaît ? Il en a tout l’air, et ça te donne envie de réfléchir à sa bobine, convaincu de l’avoir déjà vue quelque part. Il te parle de Tristan. C’est qui Tristan ? Tu sais plus. Ah si, ça te revient. Vous fréquentez la même salle de spectacle, c’est ton sauveur, ton messie, et ton bourreau en même temps. Faut être quand même sadique pour droguer des gens. « Ta gueule » tu réponds dans un soupir à peine il a achevé sa phrase, c’était presque réflexe. Puis tu réfléchis à sa question, pendant un moment trop long. « Ouais… Enfin je sais pas. Non, en fait il est pas là. J’crois pas. Va vérifier, au pire. » Tu t’en fous de Tristan, tu t’en fous du monde, du chat qui… Ah, bah tiens, il est plus là. Il est passé où ? Saloperie de chat. Jamais là quand on s’attend à ce qu’il y soit, et vice versa. Fourbe, avec un regard trop humain, et l’air détraqué. Tu me diras, c’est un chat, il a forcément l’air détraqué.
Tu t’étires sur le canapé, écrasé contre le dossier, tu relèves les yeux vers l’intrus qui semble décidé à rester planté là. Sa gueule te rappelle pas de bons souvenirs, en fait elle t’évoque même un profond malaise. Ah mais oui, ça te revient. Ton procès. Comment oublier ton procès ! Le plus gros événement de ta vie sans doute - ouais, le plus gros. Par contre, son nom, tu l’as complètement effacé. « Qu’est-ce que tu fous là, tu t’es perdu ? Tu rentres souvent chez les gens sans permission ? Elle a bien changé la loi pendant que j’étais pas là. » Tu ricanes, parce que tu te trouves drôle, mais après coup ça l’était pas franchement - alors tu te renfrognes, et tu grognes, et tu baisses les yeux. Tu te dis que ça serait peut-être bien que tu mettes un caleçon. Et un t-shirt aussi, parce que t’as l’air d’un type pas fréquentable, à exhiber comme ça ton torse couvert de scarifications. Un petit souvenir de prison - remarque, si ça pouvait l’inciter à se sentir coupable, c’était peut-être pas plus mal.
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