❝ There, there, it's gonna be okay ❞Sain de corps et d'esprit, mon cul. Les longs couloirs blancs. L’agitation tout autour. Les odeurs d’antiseptique et autres produits désinfectants. Parfois quelques cris et pleurs. Autant de personnes de blanc vêtus que de personnes désespérées et aux aboies. Je détestais cet endroit. Depuis quelques années, je n’avais pourtant d’autre choix que de m’y présenter pour faire des check-up et grossir les comptes en banque des médecins. Que ce soit l’hôpital de Londres ou de Bray, ça ne changeait rien, l’ambiance était toujours aussi sinistre et déprimant. Je n’avais pas voulu que Jeremiah m’accompagne pour ce nouveau rendez-vous, en réalité, il ne savait même pas que j’étais là. Je n’avais même pas intérêt à ce qu’il le sache, ni même à ce qu’il soit là. Ce qui m’amenait concernait surtout certaines de mes habitudes mélangées à ma pathologie… ce qui était par nature incompatible. Alors je savais déjà par avance ce que le médecin de garde allait me sortir, le même discours que j’avais l’habitude d’entendre de la part de mon infirmière à domicile, mais aussi de mon époux… j’avais déjà préparé mentalement les répliques qu’on me sortirait. Assis sur ma chaise dans cette salle d’attente, les mains jointes autour de mon inhalateur, je me sentais fébrile.
Les urgences, surtout en soirée, c’était la Cour des Miracles. Je devais bien être le seul qui n’était ni amoché, ni complètement bourré ou défoncé. En fait, je dénotais pas mal au milieu des autres patients sur les brancards et des alcooliques notoires qui essayaient de rester assis. Non loin de moi, il y avait une jeune femme avec sans le moindre doute une sacrée dose d’alcool dans le sang et surtout ce qui semblait être une de ces tiges à chignon plantée dans la cuisse. Le plus cocasse dans tout ça c’est qu’elle discutait avec une de ses copines assise sur le bord du brancard, les deux autres essayaient de discuter avec l’infirmière à l’accueil. Et sur ma droite, j’avais droit au clodo qui n’avait pas pris une bonne douche depuis sans doute des semaines qui ronflait, la tête tournée vers moi. Tant bien que mal, j’essayais de respirer par le nez en sachant que si j’ouvrais la bouche je serais pris par une quinte de toux incontrôlable qui ne s’arrêterait sans doute que lorsque je tomberais sur le carrelage blanc et froid, inconscient. Ceci dit, ça pourrait me permettre d’être consulter plus vite.
Pour ne rien arranger, je sentais que mes mains se mirent à trembler, des gouttes de sueur commençant à couler le long de mon front et dans mon dos. Je savais parfaitement ce qui m’arrivait et ce que ça signifiait, c’était aussi pour ça que j’étais là. Le manque. Rien de mieux pour poursuivre une soirée magnifique. Soupirant, je me pliais en deux pour poser mon front contre mes genoux, m’incitant au calme. L’agitation et l’angoisse qui suivraient avec le manque n’aideraient en rien à garder un souffle et une respiration posés, j’allais devoir limiter au mieux les dégâts et donc… je ne savais pas en quoi ça allait aider, mais c’était toujours ce que j’avais fait, et ça marchait plus ou moins. Alors espérons que pour cette fois aussi ça fonctionnerait. Dans cette position parfaitement gracieuse et élégante, que je qualifiais finalement de mauvaise assez vite, je ne pouvais plus voir ce qui se passait autour de moi, mais je pouvais toujours entendre. Et sentir. Le clodo à côté de moi glissa vers moi, sa tête atterrissant sur le bas de mon dos. De nouveaux ambulanciers entèrent en trompe par les portes battantes, avec un mec hurlant, si je m’en fiais à ses cris de cochons qu’on égorge. Si je n’étais pas aussi désespéré, je me serais redressé et je serais rentré chez moi. J’avais quand même l’espoir de ressortir de la Cour des Miracles avec de quoi m’aider sans être obligé de faire subir mon état à mon époux, et sans avoir à changer mes habitudes. 2981 12289 0
Invité
Mer 14 Mar - 13:49
There, there, it's gonna be okay
Son téléphone sonna, et l’étoile décrocha. Bien évidemment qu’il avait fallu qu’il l’appelle, au vu de la situation. Elle se fichait d’être à deux doigts de rentrer dans cet endroit où le téléphone était interdit. Elle se fichait moins de la douleur qui traversais son bras. Et évidemment, la personne derrière le combiné s’en faisait aussi pour ce détail.
- Tout va bien, Sterenn ? - Oui papa, un type m’a juste frappé au bras et me l’a tordu.
Le ton neutre de la jeune étoile fit soupirer son père adoptif. Celui-ci regrettait parfois de lui avoir appris à se défendre. Disons qu’il était mitigé. En un sens, Sterenn pouvait alors se protéger dans le cas d’une attaque. Et en même temps…Eh bien pour avoir un emploi à temps partiel, elle avait trouvé ça pratique. Plutôt que d’aller à McDonalds ou ailleurs, elle avait décidé de servir à défendre.
Et cette fois ça n’avait pas raté. Un type qui avait voulu s’ne prendre à la personne qu’elle protégeait lui avait fait comprendre que lui aussi savait se battre.
- Fait attention à toi… - Je sais. Mais je dois y aller là, papa. Pour savoir si je peux reprendre le travail ou pas.
Elle voulait vérifier s’il lui était vraiment impossible de travailler ou pas. Seulement, son père sembla à nouveau soupirer, et elle préféra raccrocher. Entrant finalement dans l’hopital, elle faisait fi de la douleur. Pourtant celle-ci lui rappelait combien elle existait.
Après, tant que l’étoile ne bougeait pas trop, cela semblait bien se passer. Elle appréhendait déjà les heures d’attente, mais pour ça avait de quoi s’occuper : un livre. Livre de réflexion sur les étoiles qu’elle avait acheté il y a longtemps. Et elle n’en était pas à sa première lecture, tout juste à sa troisième. Arrivant finalement dans la salle d’attente elle constata qu’elle serait entourée de gens fort sympathiques. Des gens qu’elle avait l’habitude de remettre à leur place lors de rencontre dans les magasins qu’elle surveillait parfois, ou de gardes qu’elle faisait. Mais l’étoile ne voulait que des soins, elle se fichait bien être entouré de ça.
Plus encore, elle se mit à fixer cet homme, plus propre que les autres, mais qui semblait plus mal. Après tout, recroquevillé comme il l’était-il semblait peu revigoré. Rien d’affolant dans une salle d’attente, mais Sterenn s’approcha de lui. S’installant à côté de lui – donc à l’inverse du clochard qui paraissait aimer squatter la pièce chaude -.
- Vous êtes là depuis longtemps ?
Sa voix douce ne dénotait aucune note de pitié, juste un peu de compassion. L’étoile pouvait imaginer combien il était difficile de rester ici si longtemps quand on se sentait au plus mal.
- Vous voulez que je touche un mot à une infirmière ?
Parce que si ça pouvait aider cette homme, ce n’était pas si mal.
- Ne tombez pas dans un trou noir.
Et ça c’était juste Sterenn à son habitude. De parler astronomie quand même la situation ne le demandait pas. Même si elle savait que pour le coup l’expression était maladroite : on ne tombait pas dans un trou noir. On était attiré par celui-ci, et notre lumière en était absorbé…
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