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 le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pète - Tredag

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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteDéprimer avait cela de bien qu’au final, on ne sursautait même plus au moindre cri. Alors, quand Trevor avait fini par s’énerver, j’avais juste tourné un regard torve vers lui, l’écoutant, puis réfléchissant à quoi faire. Parce que bon, j’arrivais au bout de ma patience, et lui, c’était une brute encore pire que moi. Et il adorait ça, péter des gueules. A voir s’il allait réagir à ce que j’allais lui dire. Qu’avais-je à perdre ?

Concrètement, j’en étais à un stade où je me sentais atrocement seul. Autant voir si j’pouvais compter sur lui.

« Ma mère est malade. Ma sœur me dit que tout va bien. J’la crois pas. Et y’a des connards qui semblent occuper les téléphones toute la journée, et ne me laissent pas y accéder. Et j’peux pas me mettre d’aller en isolement tant que je sais pas comment ma mère va. Si tu veux constater… ça tombe bien j’comptais y aller. Encore. »

Liant la parole à l’action, je me levai. Accrochant les manches de ma combinaison à mes hanches, je relevai la bretelle de mon débardeur, pour ensuite me diriger les pieds trainant vers les téléphones justement. A quoi bon… J’allais m’installer à une table, encore, avec le bouquin que je trainais dans ma main, et finir quelques chapitres avant de retourner déprimer du côté de ma cellule. Avec l’autre qui déprimait avec moi du coup. Est-ce que j’étais contagieux ?

Il avait tout intérêt à m’aider alors.

Nous arrivâmes après quelques détours de couloir à l’endroit où je me faisais jeter comme d’habitude. Juste pour montrer à Trev’, je me mis dans la ligne, et attendis qu’un téléphone se libère. Sauf qu’avant même que je puisse ne serait-ce que songer à me diriger vers l’un d’entre eux, un autre mec hyper baraqué de au moins trente centimètres de plus que moi se fit pas chier à me dépasser pour choper le téléphone, me lançant un sale regard de merde.

Je haussai alors les épaules :

« Tu vois ? »

Sur ces mots, je me dirigeai donc vers mon propre coin, cette chaise à côté de la ligne d’attente, que ça finisse par se désengorger un jour. Si cela arrivait.
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Le cafard et la souris
ne vaut pas mouche qui pète

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Il était décidément crevé à l’intérieur. Pas dans le sens fatigué mais dans le sens bel et bien mort. T’avais décidé de le brusquer un peu mais c’était pas tant pour lui faire peur que parce que ça commençait à vraiment te foutre en rogne. Il était trop lent, trop mou, trop gris. S’il continuait comme ça, il allait se taper un nuage de flotte au dessus du crâne à longueur de temps. Au moins, il te crache le morceau. Sa mère est malade, qu’il te dit. Super, il veut pas non plus que tu lui joues du violon ? D’accord, la famille, mais c’est pas une raison pour te faire chier - imaginez un peu que ce soit une mort lente et qu’elle mette trois ans à crever, avec deux ans de deuil derrière ! Tu le buterais avant, ça c’était clair et net.
Bon, mais en fait, c’est pas ça le noeud du problème. Le problème, c’est que le tas mou, là, c’est une victime. Sauf que contrairement à toi, cette victime là, elle a pas l’air motivée à se défendre. Non mais, c’est pas vrai, déjà qu’il est hyper casse-couille en coloc, va falloir que tu lui serves de nounou et de garde du corps ? C’est quoi ça, parce que y’a deux pécores irlandais qui squattent les téléphones, ça fait tout ce temps qu’il te pourrit la vie ? « Putain c’est quand même pas compliqué, le mec te prend le téléphone des mains, tu le pousses et tu reprends le combiné. T’es quoi, une victime ? Bouffon. » C’est le ras-le-bol qui parle, cela dit s’il est pas foutu de s’en occuper tout seul, va falloir que tu fasses un truc pour ta propre survie. Du coup tu lui fais un signe type foutage de gueule vers la porte façon “montre-moi le chemin” et tu lui emboîtes le pas en lui rouspétant d’avancer plus vite, parce que tout le monde évolue pas au ralenti dans ce monde.
Monde de merde, c’est qu’il a raison en plus. T’avais pas mesuré la différence de taille, mais c’est vrai que c’est un nain ton coloc. Un soixante-dix, même si en vu du dessus t’aurais plutôt juré sur le soixante-cinq. Du coup ça te gonfle, du coup t’attends pas qu’il ait la satisfaction de son “tu vois” pour l’écarter du chemin et aller voir l’autre gars qui avait décidé de casser tes couilles. Celles de Dagda encore ça passe, mais quand ça commence à t’emmerder toi, c’est plus question. « ‘Scuse-moi » que tu lui dis en lui tapotant l’épaule, et qu’il fasse ta taille, ou moins, ou plus, tu t’en branles : tu lui balances un coup de poing de ses morts, avec tout le mauvais poil que t’as accumulé avec l’autre fragile. T’allais le lui dégager son téléphone, et tant pis si ça te vaut l’isolement et une tronche défigurée. Au pire t’es plus à ça près, et à défaut, t’auras quelques semaines tranquille.
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteIl me gonfla en deux secondes, l’autre dégueuli, à m’dire que y’avait juste à pousser ce machin nourri aux stéroïdes depuis le placenta pour passer mon coup de fil. Il pensait que j’allais faire comment après l’avoir bastonné, allonger mon bras depuis la cellule d’isolation pour passer mon appel ? Je me fis un facepalm, soupirant à la mort. « Ouais, et j’passe mon coup de fil avant ou après la période d’isolation ? Raclure. » Cependant, mon insulte fut légèrement surpassée par le bruit d’un cri de douleur. Je relevai la tête de mon facepalm précédent, pour constater qu’un Trevor bien énervé commençait à se taper sur la gueule avec un autre prisonnier – celui qui m’empêchait d’aller aux téléphones. OH PUTAIN. Je restai surpris pendant une seconde un quart, pas plus, car il fallait absolument que j’en profite pour passer mon coup de téléphone. Numéro de ma mère… Tic tac tic bip… Bonjour, vous avez un appel en PCV de… Mais ta gueule vieille pute, maman, décroche !! « Maman ! »

--Trois semaines plus tard--

Mon coquard s’était bien résorbé déjà, et bientôt on allait pouvoir me retirer le plâtre qui emballait mon poignet. Je me l’étais cassé dans cette bagarre, aussitôt j’avais su que ma mère allait bien, qu’elle n’allait pas crever, et qu’elle viendra me voir dès qu’elle pourra afin que je puisse m’en assurer de mes propres yeux. Et ces trois semaines en isolation, ça m’avait fait un bien fou, bien que je n’aie pas pu me transformer en souris, puisque, un, nous étions filmé en isolation, deux, allez remettre un plâtre après une transformation, hein. Enfin, toujours était-il que j’avais été séparé par plein de portes de celui qui m’avait aidé, et que j’avais hâte de retourner dans ma cellule avec lui afin de le remercier. C’était un connard, mais en fait, c’était un mec sympa. Un peu comme tous les gars en taule, comme moi, on avait cette brute épaisse autour de la peau pour s’endurcir, survivre jusqu’à notre sortie, et j’commençais à bien le kiffer, en vrai. Enfin, dès qu’on m’déposa dans mes quartiers – lol – je vis le brun qui était déjà là. Pas de bonjour, ni rien, je fis juste :

« Elle va bien, merci de ton aide. Je te le revaudrai. »

Et sur ce, je m’installai sur le plumard, nous étions de toute façon en fin de journée et y’avait pas plus de sortie prévue pour l’instant. Autant m’mettre à l’aise, à rien foutre, vu que mes bouquins avaient déjà été retournés à la bibliothèque. Et j’me mis à juste penser.
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Le cafard et la souris
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Quelle dérouillée tu lui avais mise, à ce pauvre type. Tu t’étais pris des beaux marrons, mais t’étais tellement remonté que sur le coup, t’étais passé en état berserk et t’avais juste cessé de t’arrêter sur la douleur. Et c’est con à dire, mais ça t’avait fait du bien, une belle bagarre, tu sentais que t’en avais besoin, pour libérer une frustration, tout ce qui te pesait sur le dos sans que ce soit matériel. T’étais retourné en isolement comme un prince, après un passage à l’infirmerie, bien plus bref que celui de ton “copain”. Tout avait été tellement précipité, t’avais vaguement vu qu’il avait passé son coup de fil, et qu’il s’était fait amoché le bras, mais t’avais pas eu le temps de lui en placer une derrière.
Du coup, quand il est finalement revenu en cellule, après toi, t’as relevé la tête. Presque malgré toi, t’attendais des nouvelles - de son bras, mais aussi de sa mère, savoir si t’allais enfin pouvoir te passer d’un dépressif à domicile. Et t’as même pas eu à parler qu’il a répondu à ta question muette. C’était à la fois satisfaisant, amusant, et embarrassant, l’idée que vous étiez suffisamment connectés pour vous causer sans en placer une. T’as tiré un bref sourire en te recalant sur ta couchette. « Va falloir que tu prennes des bras si tu veux me servir à quelque chose, lopette » tu lui as balancé sur le ton de la moquerie. Le bâtard, faudrait pas non plus qu’il croit que tu l’apprécies.

D’un autre côté, ça commençait à venir, aussi con que ce soit. Cette mésaventure là t’avait fait remarquer à quel point Dagda faisait pas forcément le poids à côté des brutes épaisses que toi tu te foutais d’emmerder. Du coup, ça t’était devenu une habitude de le vérifier à distance, et de te ramener comme une fleur, l’air de rien, quand tu pressentais que ça virait dans le mal. Si bien qu’à force, tu t’étais presque mécaniquement proposé comme escorte quand venait le temps de rentrer au bercail, et il était déjà plus supportable quand il avait pas sa sale humeur. Oh, ça empêchait pas les bagarres, les insultes, les remarques désobligeantes. Mais ça apportait son lot de déconne à petit pas. Comme cette fois où tu t’étais arrêté devant un groupe de détenus en plein pari, encourageant comme des rapiats des souris en guettant laquelle serait la première à toucher la ligne d’arrivée, ou ce qui en faisait office. Et que t’as foutu un bon coup dans les côtes de ton trou duc de compagnie, avec un « eh » des familles. Puis tu l’as regardé, ton coloc, et puis t’as souri, et t’as rajouté « oh, allez ». T’avais vraiment besoin d’en dire plus pour le faire capter ?
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteJ’lui avais donné des nouvelles de ma mère – je lui devais bien ça. Puis ça avait l’air de le satisfaire, puisqu’il avait simplement souri en retournant sur sa couchette. Du coup, content d’avoir cette impression de désormais partager un truc avec un mec, comme une sorte de lien qui changeait. C’était agréable. Comme un truc qui changeait. … Ou pas. Putain, le connard pouvait pas fermer sa gueule deux minutes, éviter de critiquer mon manque de muscles ?!

« Ta gueule, raclure. »

Bah pour la peine qu’il disait un truc pareil, je fus blessé dans mon égo, et je me mis à fréquenter un peu plus assidûment la zone de musculation offerte avec beaucoup de générosité – non – par la prison. Et même qu’au fil des jours, je notais que finalement, si c’était toujours un p’tit con, il était là. Un peu partout. Comme une sorte d’ange gardien qui était toujours là dès qu’une embrouille naissait, ou qu’un type avait envie de m’emmerder parce que j’étais plus petit que lui. On s’insultait toujours de tous les noms hein, mais ça avait comme une nouvelle connotation dès que le temps passait. On se supportait un peu mieux, mais on faisait semblant de pas le faire, parce qu’il était trop con, encore plus que moi, et inversement. Comme une sorte de pacte de ne pas tomber dans la mièvrerie.

Et ça aurait pu continuer comme ça un bon moment, s’il n’était pas arrivé un truc. Nous étions en train d’encourager comme des connards des souris qui faisaient la course, parce qu’il y avait des paris sur la première qui arriverait à bon port. Entre les débiles qui se perdaient en route, les autres qui faisaient carrément demi-tour, c’était fendard, on était dans une bonne ambiance. Et d’un coup, j’entends Trevor qui m’appelle, d’un eh. J’le regard, quoi ? marqué sur ma tronche, et là il me regarde avec son air de chien vicieux, me sortant un oh allez.

Je mis deux secondes pour comprendre. C’était pas compliqué, même moi j’y avais pensé.

Il voulait que je me transforme en souris, pour niquer toutes les autres souris, et ainsi rafler le pactole. Ma réponse ne se fit pas vraiment attendre.

« Crève. »

Et je ressortis cette même réponse pendant plusieurs jours. Il insistait parfois, je le sentais, dans son regard, il voulait que je le fasse. Mais j’voulais pas. J’étais un type réglo, okay, j’avais trompé quelques meufs, quelques mecs aussi, même combat, j’avais passé des soirées à boire de l’alcool avant l’âge, mais sinon, si on passait outre le meurtre, j’avais toujours été un type réglo, pas dans la triche. Et puis, si on me chopait hein ? Même pas en rêve. Jamais.

Mais au fil des jours, ma résolution vacillait un peu. En y réfléchissant, je n’en avais plus grand-chose à foutre d’être réglo. J’avais buté un mec, c’était pas une arnaque qui ne ferait de mal à personne qui allait tout foutre en l’air. Sans parler du fait que pour me choper, il fallait le vouloir. Au pire, j’étais pas là, je collais pas Trev’ de partout hein. Du coup… J’en venais à m’dire pourquoi pas. Mais à une condition. Je pris Trev’ à part dans les douches – coin tranquille, y’avait plus personne, et j’posai la question tant que j’y étais, au moment où on avait nos serviettes quand même – no homo, Trev’.

« C’est ok pour tu sais quoi. Mais à condition que tu m’dises. Pour toi. Tu sais. »

Parce que merde, je voulais trop savoir en fait. Ce qu’il était.
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Le cafard et la souris
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La réponse avait été sans équivoque et sans appel, aussi claire qu’un non va te faire foutre. Non pas que ça t’étonne, toi-même tu t’y serais pris à deux fois avant d’accepter si t’avais été dans son cas - et Dieu sait que ça aurait pu. Tu l’aurais même mal pris si l’idée t’était pas venue en premier, pas question d’avoir la sensation de servir de larbin et de se faire exploiter. Mais c’était franchement dommage, et pas tant pour le pactole à la fin : c’était juste histoire de se marrer un peu devant les gueules déconfites des autres détenus, en te voyant gagner à chaque fois. T’as haussé les épaules et t’es passé à autre chose, mais l’idée t’est restée dans un coin de tête, et t’as recommencé le soir puis le lendemain. C’est là que t’as bien voulu assumer qu’en fait, t’avais vraiment envie de le faire craquer - parce que, qu’est-ce qu’on pouvait se faire chier dans ce trou à rat, et qu’est-ce que t’avais soif de reconnaissance, même une reconnaissance volée. Et puis au-delà de la reconnaissance, y’avait la complicité, mais rien à faire. Tu pouvais aller crever.

Du moins, jusqu’à ce qu’il craque, parce que évidemment il allait craquer. Tu t’attendais peut-être pas à ce que ça arrive dans les douches ceci dit, c’était pas tellement l’endroit pour comploter, à moins qu’il ait prévu que tu l’encules avant. ‘Fin bon, s’il se mettait à te casser les couilles pour savoir quel animal t’étais, t’allais vraiment finir par l’enculer histoire de te passer les nerfs. Ok, probablement pas - mais clairement, c’est pas un sourire que t’as eu sur le visage quand il t’a dit vouloir savoir, “pour toi”. Plutôt ridicule comme tableau - la grosse brute avec sa tronche de bouledogue grincheux, à tenir sa serviette entre ses sutures et ses gambettes velues, tellement froncé au dessus de son nez cassé qu’on aurait cru à un monosourcil. « Non va te faire foutre », tu lui réponds du tac au tac, pour l’originalité. Et puis après tu te mets à le considérer. Tu te perds dans ton crâne, tu deviens nerveux, tu te remets à foncer des joues. Puis tu répètes « Non » après un battement, alors que personne t’a reposé la question. Tu regardes autour, pour vérifier que personne t’écoute, puis tu te rapproches et tu lui dis : « Ecoute. Si j’te l’ai pas dit c’est peut-être parce qu’il y a une bonne raison. » Tu te tais, tu remues, toujours parce que t’es nerveux, parce que tu cherches une réponse qui puisse passer comme un aveu sans vraiment l’être. « Ok, imagine te taper une bête littéralement indestructible, le genre vicieux qui se fourre où ça veut, qui survivrait de poussière s’il fallait. Cool, hein ? Mais le genre que le monde entier vomit par les yeux, que tu peux pas voir sans crever d’envie de la buter tellement c’est dégueulasse. Bah voilà, t'y es. » Pas si loin de l'humain que t'es, quand on y pense. Tu lui lances un regard entre détresse et menace, qui veut très clairement dire me force pas à le nommer, parce que tu veux pas que ça lui serve d’argument pour se foutre de ta gueule. Tu regrettes presque instant’, tu te dis que t’as trop parlé, que tu lui as laissé une brèche sur un point qui peut vraiment te faire mal et ça te déplaît. Tu peux pas le dire, tu peux pas prononcer ce mot, pas devant un type qui va dormir dans ta cellule pendant peut-être quatre ans. « Va te faire foutre », c’est ton dernier mot Jean-Pierre, presque un réflexe. Va te faire foutre Dagda, va te faire foutre.
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteJ’avais demandé pour l’animal de Trev’ parce qu’en vrai, j’en crevais d’envie de savoir, et j’pensais pas qu’il allait vraiment me dire, puisqu’il avait gardé le secret depuis si longtemps. Tous ces mois à rien moufter, j’me disais qu’il m’enverrait chier, et ainsi il se braquerait, et fini cette histoire de devenir une souris. Au va te faire foutre, d’ailleurs, j’avais bien cru mon plan réussi, et j’comptais bien m’tirer. Surtout qu’il ajouta que s’il ne m’avait rien dit, c’était pour une bonne raison. Mais en fait, on aurait dit qu’il voulait tout me confesser. Donc je tendis l’oreille. Sa description était chelou, j’avais presque l’impression d’avoir trouvé. J’étais pas sûr, parce qu’en vrai, sérieux, si c’était ça… C’était juste la VDM du siècle. Et je me plaignais d’être une souris ?

« J’aimerais bien m’faire foutre connard. Par contre, juste pour être sûr, tu serais pas un caf-… »

J’avais même pas fini ma phrase, que je me pris le coup de poing du siècle. Tellement fort, que j’en volai presque sur le côté, perdant du coup ma serviette que j’serrais contre mes hanches. Service trois pièces dehors alors que j’étais à terre, je me tenais surtout la mâchoire, le regardant avec des gros yeux.

Pour dire vrai, je me marrais comme un ouf. Mais dans ma tête, parce que voilà, j’savais que si j’me marrais, j’allais crever sur le carrelage des douches de la prison. A poil. Pas très glorieux, hein ? Par contre, j’avais une idée de merde. Une vraie idée, vraiment de la merde. Et j’savais que j’allais m’en prendre une autre. Mais en vrai, c’était trop fort.

« Putain bro’, on est juste deux bestioles tellement crado que la prison fait des courses avec nous deux. Je fais les courses de souris, et tu fais les courses de… De tu sais quoi. Deal ? On va s’faire des couilles en or. »

Et c’est juste en parlant de couilles en or, qu’je me rends compte que justement, mes couilles sont dehors. Donc j’en profite pour me recouvrir. Un peu.

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Le cafard et la souris
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T’étais parti au quart de tour, ça avait été un réflexe tel que tes muscles avaient réagi avant que l’information ne t’arrive au cerveau. La colère, la honte, la peur d’entendre ce mot dans sa bouche, le dégoût aussi peut-être, tu sais pas trop. Toujours est-il qu’à la première syllabe de cafard, et alors que t’étais déjà plutôt bien remonté, tu lui as décoché de quoi finir à terre avec probablement plus qu’un petit picotement dans la bouche. Le regard assassin que tu lui as lancé après le défiait presque de le répéter encore devant toi, juste pour voir combien de coups il pourrait encaisser avant que tu le butes. Gros yeux contre gros yeux, les tiens étaient sûrement pire, à cause de la honte toujours, du regret de lui avoir donné autant d’indices, et la preuve en platine qu’il avait bien deviné. Si seulement t’étais pas si con, des fois tu voudrais te tabasser pour te faire taire.

T’es resté tendu pendant sa proposition, parce que tu t’attendais au pire comme réaction de sa part, et t’as été plutôt soulagé en fait de voir qu’il bannissait le mot de son vocabulaire. Si toi tu avais appris à le tolérer pour toi, tu avais encore un mal fou à laisser les autres le savoir. T’aimerais être reconnaissant du fait qu’il s’abstienne de rire et de heurter ta sensibilité avec un mot, mais au fond tu le sais qu’il se fout de toi. Quoi de plus normal, à sa place tu ferais pareil. Mais sa proposition ne trouva pas grâce à tes yeux. « Pas question, va chier, pas la peine d’insister. J’ai fait ma part, t’as ta réponse, on s’en tient aux termes. » On aurait pu y croire, si tu venais pas de craquer y'a deux minutes pour un truc que t'avais juré que tu dirais jamais. Tu finirais par craquer sans doute, là t’avais déjà assez à digérer. Peut-être que quand vous l’auriez fait une ou deux fois avec ton rongeur de compagnie, l’idée passerait mieux, mais pour l'instant c'était exclus. Et puis les couilles en or, vu la taille de ses bouloches, c’était pas ce qu’il y avait de plus rentable, soit dit en passant.

Tu t'étais cassé juste après, lui laissant pas le temps d'en rajouter une couche - tu redoutais toujours le rire moqueur, et t'avais fait un monde d'efforts pour être hyper désagréable pour le reste de la journée, à la sauce de tous les prétextes possibles. Jusqu'au soir quand tu t'es couché, et qu'un truc s'est mis à te tourner dans la tête. Ce vieux tu passes par les barreaux, frère ? qui devenait soudain tentant maintenant que t'avais plus rien à perdre. Sauf qu'il y avait deux problèmes à ça, le premier c'est que t'avais été odieux tout du long alors c'était du foutage de gueule, le deuxième c'est que tu complexais vachement de te montrer en cafard sous ses yeux. Mais prendre l'air, et à plus forte raison prendre l'air en cuisine, ça te faisait super envie. « Dag, tu dors ? » t'as fini par demander à un moment, quelque part t'espérais que oui, comme ça t'irait tout seul. « J'ai super faim. J'pense à un raid en cuisine. » t'as lancé un peu hasardeusement, pas trop fort. Voilà, t'avais jeté le bébé à l'eau. Pourvu qu'il ronfle, pourvu qu'il ronfle.
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteJ’dormais. Pas spécialement bien, fallait dire qu’en taule, t’étais pas forcément dans un bon lit bien moelleux, mémoire de forme, qui respectait tes os quand tu bougeais. Et puis j’avais parfois cette crainte que cette merde qui servait de support à mon matelas se brise en mille morceaux pour s’écraser sur Trev – il résisterait à mon poids et à cette surprise, pas moi à l’inverse. Donc j’avais toujours ce truc dans la tête, sans parler des bruits que faisaient les autres. Aaah le silence complet la nuit chez mes parents me manquaient… Ca me rendait un peu gronchon la nuit, du coup, à me réveiller de façon régulière. J’étais plus ou moins reposé la journée du coup – même si parfois pendant les « promenades » je passais plus mon temps en demi-sieste au soleil qu’à me « promener ».

De ce fait, quand j’entendis un « Dag, tu dors ? », j’ouvris les yeux brusquement. Putain, il était sérieux ce fils de pute, il faisait nuit, j’faisais pas un bruit, et il demandait si je dormais ? Qu’est-ce qu’il voulait, bordel ? Je me fis tout petit dans le plumard, espérant qu’il finisse par se dire que, ouais, Dag il dormait. Mais non, il continua. Il était même poli, en m’causant. Poli. Poli. Où était sa ponctuation en raclure, p’tite bite et autres oiseaux de merde ? Pendant deux minutes, je songeai fortement à pas répondre. A faire semblant de ronfler. Un truc pour continuer ma nuit. Parce qu’il avait pas utilisé les mots magiques, tient. Superbe prétexte.

Mais quel métamorphe d’animal minuscule en prison n’avait jamais songé à en profiter un max ? Moi, j’y avais pensé, plusieurs fois. Mais je me disais que si je tentais un truc du genre, j’allais me tirer de la prison. Et passer ma vie en cavale. Là, y aller avec quelqu’un, ça motivait à revenir ici. Juste pour une fois, faire un truc interdit. Bah ouais, quoi ?

« Woah, t’as pensé. Merde, c’est ouf. »

C’était finalement sorti tout seul. Et je m’étais donc foutu à poil, roulant mes fringues en boule sous le drap à la con que j’avais pour faire genre y’avait quelqu’un sous ce drap, et je m’étais transformé, pour redescendre, prouvant comme ça que je venais.

Quitte à faire un truc interdit, autant aller se remplir un peu la panse et faire chier les cuisiniers du lendemain qui n’allaient pas comprendre leur vie.

Ahah.
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Le cafard et la souris
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Ton gros con de coloc prenait son temps pour réagir. Qu’il vienne ou pas, c’était pas ton affaire, c’était pas toi qui allait l’attraper par la queue pour l’embarquer en cuisine de force. La queue de cette baltringue de souris verte, pas l’autre. Tu t’y serais attendu tiens ! A ce qu’il se mette à ronfler exprès tout à coup, pour décliner l’invitation comme un enculé, et tu te serais pas privé de l’en traiter d’ailleurs. Vous étiez civilisés merde, un « ok bah sans moi » c’était quand même pas difficile à formuler, mais tu devais pas en valoir la peine. Mais peut-être qu’il dort vraiment en plus, ou alors il réfléchit – t’as pas l’habitude de prendre cette étape en compte. Faut dire que si tu réfléchissais trop longtemps, t’allais te dégonfler tout seul, parce que vous risquiez gros. Il aurait suffi qu’une ronde se rapproche trop de votre cellule en votre absence, qu’un de vous se fasse marcher dessus et crève en chemin, après tout vous étiez de la vermine. Il aurait suffi qu’une caméra vous repère, dans la cuisine qui sait, ce serait la moindre des choses de surveiller. Mais c’était pas non plus comme si vous aviez grand-chose de plus à perdre, surtout toi. Dagda il avait besoin de ses visites d’accord, et probablement qu’il avait pas très envie de se rajouter trois ans ferme. Toi non plus ça t’enjaillait pas d’étendre ta peine à l’infini, quinze ans c’était déjà pas mal. Mais admettons que tout se passe bien, est-ce que le jeu n’en valait pas carrément la chandelle ? De toute façon vous étiez déjà en taule, et la peine de mort n’existait pas dans ce pays de m… dans ce beau pays. Heureusement pour toi d’ailleurs.

Il a dû raisonner comme toi en fin de compte. Sans oublier de se foutre de ta gueule (ça l’aurait démangé d’être gentil) il a pris l’invitation. Incroyable que ça t’arrive de penser qu’il dit, incroyable ouais. T’étais un peu con et très impulsif, mais t’en étais pas encore au stade où on pouvait te ranger avec les handicapés. « Commence pas à me casser les couilles, j’y vais sans toi si ça te dérange, connard. » Adieu politesse, t’avais pas signé pour être sympa et t’étais pas non plus là pour te faire pardonner – fallait pas déconner non plus. Il manquerait plus qu’il te mette de mauvais poil en plus, ça aurait fait joli sur les caméras de surveillance ça : une souris et un cafard qui s’arrachent la gueule de couloir en couloir. Il s’est déjà transformé, mais tu comptes bien mettre les points sur les i avant de partir, alors tu pointes ton gros doigt sur lui. « T’as pas intérêt à être un boulet, et si ça tourne mal c’est chacun pour sa gueule. » Sur ce, t’as passé ton t-shirt par-dessus ta tête et tu t’es foutu à poil. Et puis t’as marqué une pause, parce que, finalement est-ce que t’avais envie de passer ce cap ? Rien que devant tes frangins il t’avait fallu un moment pour accepter de les laisser voir - cette métamorphose ridicule où tu passais de trop immense à trop minable. Et puis t’as passé le cap, et t’as filé hors de la cellule en direction des cuisines pour surtout ne pas t’attarder. T’avais pas très envie d’entendre les couinements d'une souris en train de se dilater la rate. Haha.

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