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 le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pète - Tredag

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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteCe crétin, s’il n'existait pas… On ne l’aurait certainement pas inventé, nope. C’était un véritable crétin, et encore, j’étais poli. Merde, je présentais mes excuses à sa face de rat défoncée par moi-même, et il me sortait un ta gueule aussi sec que le cul d’une nonne ! … Pardon maman, je ne voulais pas dire ça, j’étais en colère. Mais c’était ça ! Il n’était vraiment pas du matin lui.

« Et ce fut la dernière fois que cet idiot de Dagda Fitzpatrick présenta ses excuses à un connard pareil. »

J’avais parlé à moi-même, mais suffisamment fort pour que l’abruti à mes côtés m’entende bien comme il faut. Et il n’avait pas tardé à donner son explication, la voix qui puait le sommeil comme un gamin qui se réveillait avant d’aller à l’école, suppliant sa mère de le laisser dormir, prétextant un mal de ventre des familles, oh ! maladie contagieuse s’il en était. Merci, Capitaine Evidence, ce sera tout pour moi ! Je roulai des yeux. Hé bien, s’il n’était pas du matin… J’allais devoir attendre que ce ne soit plus le matin pour lui causer ! Il était onze heures, d’après le truc qui servait d’horloge au plafond. Je me plongeai alors dans un mutisme boudeur.

Bien que je manquai de lui répondre lorsqu’il commenta avec finesse l’état de ma tronche, je tins bon, jusqu’à très exactement midi. J’avais répondu à ses maigres sollicitations avec tout simplement mon expression faciale. Jouant avec ses nerfs, puisqu’il comptait faire de même, je le savais. Après tout, c’était trop tentant, nous étions attachés, et sous la bonne garde de l’infirmière qui, je le savais, nous regardait par la caméra au coin de la pièce. Quand enfin les deux aiguilles furent tout en haut sur le 12 – non sans déconner, il n’était pas 17 heures ? Fiou – j’ouvris enfin la bouche :

« Damn, même en une heure de silence, ta tronche s’est pas améliorée. »

J’avais même ri un peu en sortant ma magnifique réplique toute droit sortie de ma tête. Puis, sans lui laisser le temps de réagir à quoi que ce soit, je proposai un marché, histoire qu’on s’en sorte mieux par la suite :

« Voilà un deal. Si je ferme ma gueule le matin, j’te laisse te réveiller comme le gros gamin que t’es, on arrête de se taper sur la gueule. Et pour l’amour du ciel, fait quelque chose pour ton blabla quand tu dors. Ou alors, tu m’offres des boules quiès. »
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Le cafard et la souris
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Oh merde, il manquait plus que ça. Monsieur pétait un boulon, il commençait à parler de lui-même à la troisième personne, et tout seul en plus de ça. T’es tellement pris au dépourvu que ça te fait marrer, un rire un peu gras, un peu discret, pas très long non plus, mais pas agréable pour autant. Bah, s’il veut plus s’excuser, tant pis, tu lui en voudras pas pour ça. Puis le jour où il refait un truc qui te déplait, tu lui casseras les dents pour lui faire payer, c’est pas grave. De toute façon, ça te manquait, quand ça faisait trop longtemps que t’avais pas collé une dérouillée. Enfin, au moins t’as son nom complet. Dagda Fitzpatrick. Drôle de façon de faire les présentations, c’est vrai que jusque là vous vous étiez même pas adressés civilement l’un à l’autre. C’est dire à quel point votre relation était électrique - deux cassages de gueule et deux passages à l’infirmerie avant d’avoir un nom à coller sur vos bobines ! Même si je suppose que vous aviez dû les choper en conseil disciplinaire à un moment ou à un autre, ça n’empêchait pas de faire un peu comme les gens normaux. Une poignée de main et des présentations plutôt qu’un coup de poing et des insultes. Ouais, peut-être que tu voudras bien t’y essayer de temps en temps. Ça peut pas faire de mal. Mais bon, pour l’instant, tu t’emmures dans le silence. Il fait l’effort de fermer sa gueule alors il faut que t’en profites, ça sert à rien de le provoquer pour ensuite chouiner parce qu’il parle trop. Même si ça serait complètement ton genre, faut bien l’avouer - enfin tu gueules plus que tu ne chouines. Mais pour le coup, t’étais trop dans le coltard pour avoir envie d’insister.

Et puis le temps défile en silence. C’est dingue, t’as le temps de te perdre dans tes pensées et d’émerger correctement - malgré un cliquetis pénible dès que t’avais envie de soulever un bras, menottes de merde, c’était de loin ce qu’il y avait de plus insupportable dans ce contexte. T’as jamais passé un temps aussi long sans exploser à côté de l’autre type alité - en fait, vous aviez même jamais passé un temps aussi long l’un à côté de l’autre tout court. Limite ça t’oblige à te sentir ridicule de lui sauter à la gorge, et limite ça te permet de t’habituer à sa présence. Quelque part c’est un mal nécessaire, mais tu t’en accommodes plutôt bien au final, quand il ferme sa gueule. Et puis, de nulle part, après ce qui semble être une éternité où t’as failli te rendormir deux ou trois fois pour cause d’ennui sévère, sa voix est ressortie du néant. Une heure de silence. Tu regardes l’horloge à laquelle t’avais pas prêté spécialement attention, tu te soucies plus tellement du temps qui passe, ça dégoûte un peu au bout de dix ans. Il se marre, mais merde t’as envie de te marrer aussi, il avait sincèrement surveillé l’heure pour être certain qu’il en passait une complète ? « T’es barge. » Mais il avait repris aussitôt, parlant par dessus ta voix. Tu retournes ta tête vers lui et t’écoutes ce qu’il a à dire.
C’est un marché plutôt honnête. Il te traite de gros gamin au passage, mais bon c’est un peu se foutre du monde vu que c’est un môme et que toi t’en es clairement plus là. Ton visage se referme un peu quand il mentionne ta parlotte de sommeil cela dit, c’est tellement pas un truc auquel tu aimes penser. Juste pour l’idée de débiter des choses que tu contrôles pas, de livrer des infos potentiellement honteuses - non clairement, tu t’en passerais bien. Tu soupires un peu, mais tu restes calme. T’as pas envie de lui sauter au cou, de toute façon même si tu voulais tu pourrais pas. Mais bon il a fait deux pas vers toi, alors faudrait peut-être que tu sois un poil moins bouché. Après tout, sur l’ensemble, t’as envoyé le premier coup. « Dagda, hein ? Connard ça t'allait mieux. » Tu l’as dit sur le ton de la plaisanterie, mais putain tu peux vraiment pas t’en empêcher - une heure sans insulte et ça y est, ça te démange. « Ça me va. J’promets pas que je vais réussir à me retenir de te taper dessus parce que t’as quand même une sale gueule. Mais j’vais essayer. » Ce mot, il sort pas souvent de ta bouche, c’est quand même dommage. Et puis tu regardes le plafond, parce que pour la suite t’oses pas tellement le regarder. « J’le fais pas pour tes belles dents. J’le fais pas pour mon sommeil non plus. J’le fais pour tes visites de merde. » Et puis t’as ajouté, d’un ton théâtral un peu moqueur, histoire d'alléger l'ambiance - « Et ce fut la dernière concession de cet enfoiré de Trevor McQueen ».
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pète Le premier commentaire de Monsieur, c’était que j’étais barge. Merci du compliment, mec ! Mais au moins, il écoutait avec attention ce que je proposais. Et j’attendais sa réponse… Qui fut, je le compris assez rapidement, positive. Avec son nom à son tour, parodiant ce que j’avais dit plus tôt, et surtout… Le fait qu’il faisait ça pour mes visites. Quelque part, ça m’avait touché, me faisant me dire que sous cette brute épaisse, il y avait peut-être bien un cœur. D’ailleurs, le temps passa pour me prouver que ce deal n’était pas si horrible à tenir, et qu’il avait permis que je reprenne ces visites, retrouvant ma famille avec – je nierai si vous le répétez – quelques larmes. Cela me réveilla un peu, me sortit même de la torpeur dans laquelle je m’étais plongée. Et j’avais donc tenu ma promesse. Pas un mot pendant qu’il se réveillait. Je passais mon temps à méditer un peu dans mon coin, je partais me promener à la bibliothèque, je faisais mon taf dans les ateliers de la prison. Cela continua comme ça durant quelques mois qui, malgré tout, furent quand même parcourues de tension. On était comme ça, je pensais bien. On se cherchera jusqu’à la fin de notre peine. Mais… On s’en sortait bien mieux.

Cette routine perdura jusqu’à une nuit où j’avais du mal à dormir, car il continuait à parler. Il parlait et parlait, et je faisais exprès de ne pas écouter. Mais cette fois-ci… Allez savoir pourquoi, j’avais écouté. Et je m’étais retrouvé comme un con. Car j’avais bien cru comprendre qu’il était un métamorphe. Dans ces trucs sans queue ni tête… J’avais compris ça. Mais est-ce que c’était ça ? Je n’en savais rien. Fichtrement rien. Et j’avais reposé ma tête sur l’oreiller, les yeux grands ouverts, complètement éberlué, ne sachant pas quoi faire.

Parfois, ça me démangeait de me transformer. M’était arrivé de le faire une fois ou deux… Quand il dormait profondément, discrètement. Parce que c’était ainsi… J’avais besoin de le faire. Mais s’il l’était aussi, plus besoin de me cacher de lui, n’est-ce pas ? Mais si ce n’était pas le cas et que je me transformais. J’avais l’air con. Alors, j’avais passé cette nuit, puis cette journée à me répéter ces mots dans la tête, qu’il avait dit. Et au soir… Je décidai d’attendre le couvre-feu pour lui dire :

« Je suis méta souris. »

Comme ça, de but en blanc. Quitte à sortir que c’était une histoire d’animal totem. Si lui ne l’était pas. Bien que je doutasse fortement que ce ne soit pas le cas… Et j’attendis le verdict. Je m’attendais presque à ce qu’il me pète la gueule. C’était une grande possibilité. Très grande même. Ou qu’il me regarde de travers comme si j’étais fou.
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Le cafard et la souris
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C’est fou comme avec un peu de dialogue soudain tout allait mieux. T’étais tellement incapable de faire par toi-même un pas vers les autres qu’au final, t’étais pas mal reconnaissant envers Dagda de s’en être chargé. Bon, t’allais certainement pas l’admettre devant lui, un merci c’est trop pénible à prononcer, surtout quand tu l’assimiles à une faiblesse. Et puis d’ailleurs c’était toujours pas l’amour fou entre vous parce qu’il faut pas déconner, fallait pas non plus s’attendre à un miracle. Mais c’était devenu… Vivable ? Enfin plutôt, ça vous a permis de tenir dans la même cage plus de vingt minutes, ce qui était globalement pas mal. Un petit pas et puis un autre, tu pouvais pas t’empêcher de caser une insulte dans chaque phrase mais t’avais plus constamment l’air d’aboyer, et il faisait pas que te dégueuler des yeux, même si il devait probablement pas s’en priver quand tu devenais trop con, trop nerveux, ou ce genre de trucs qui arrivaient souvent. Il a eu ses visites de mort, toi aussi t’as eu de nouveau les tiennes. Toujours pas de Bonnie à l’horizon mais t’avais cessé d’espérer depuis un sacré long moment. Mortimer qui t’engueulait en face ou au téléphone, qui voulait savoir comment t’avais déconné, avec qui, pourquoi - toujours à vouloir tout savoir, un vrai chieur dans son genre. Toi forcément tu faisais la gueule, tu voyais assez Dagda comme ça pour pas en plus causer de lui quand t’avais un temps avec tes proches. Ouais tes “proches”. Ces gens avec ton sang qui continuaient sans toi parce que t’allais pas les retarder. Tu les reconnaissais de moins en moins, même si au final, c’était toujours les mêmes. Les mêmes caractères insupportables.

Enfin, passons, parce qu’on s’en tamponne le coquillard un chouilla. Tu sais, cette fois où tu lui as balancé qu’il était barge - bah faut bien avouer que t’as jamais vraiment cessé de le penser. Sur le ton de la déconne hein, le genre plutôt distrayant faut être clair. Rien à voir avec un vrai dément, ça tu savais ce que c’était et c’était tout sauf amusant. Bah ce soir là il venait en rajouter une couche sur son CV. Au fond rien distinguait ce jour des précédents, absolument rien, c’était un peu la fatalité de la prison. Faut croire qu’une saloperie lui pesait sur la conscience, parce qu’il était resté préoccupé un bon moment (tu l’avais senti mais tu t’en foutais pas mal faut dire), et qu’il venait passer aux aveux. Je suis méta souris. Il t’avait balancé ça de nulle part, si bien qu’au début, tu t’en es cogné pas mal, en te contentant de faire comme s’il avait pas parlé - avec un marmonnement d’approbation assez proche d'un ta gueule, le nez dans un magazine. Puis l’info était arrivée au cerveau. « Attends, quoi ? » Tu l’as regardé, un peu déconfit, et puis t’as repris - « Toi, t’es un méta ? Un métamorphe ? » Et puis le regard du jugement, le regard qui essaie d'imaginer des traits de rongeur sur ce faciès insupportable, et la moquerie, parce que tu pouvais pas vivre sans. « J’aurais misé sur le rat mais c’est vrai que c’est pas assez inoffensif encore. » Et puis, le front qui se plisse. La contrariété, et le magazine qui se referme. « Non attends, tu déconnes. Pourquoi tu me dis ça ? » C’est que ça a encore du mal à faire sens dans ton esprit. Deux métamorphes dans une même cellule, quelle était la probabilité ? Et puis quelle idée de te balancer ça comme ça. Sa mère lui avait pas appris à ne pas balancer cette info à n’importe qui ? C’est pas comme s’il était au courant que tu en étais un après tout. A moins que ? Nooon. Oh, bordel, t’espérais pas. Parce que clairement, toi, ton animal totem, tu préférerais largement qu’il le connaisse pas.
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteJ’avais prononcé les paroles fatales, que j’étais un méta souris. Et la réaction… Fut à la mesure du personnage. Trevor n’était pas un menteur, pas un bon en tout cas. Et s’il devait cacher sa nature au reste du monde… C’était mal parti. Car il était tombé dans le « piège » - si on voulait – sans même tenter de se débattre. Evidemment qu’il était un méta… Et je fis même un doigt d’honneur lorsqu’il signala que rat n’était pas assez inoffensif… Que dire de la souris ? Je l’emmerdais profondément, parce que lui, j’étais certain que ça allait être un truc encore plus ridicule. Et pourquoi je lui disais ça ? Hé bien, je restai silencieux quelques secondes, le temps que ça lui monte au cerveau. Puis quand je compris qu’il avait compris… Je fis juste lentement un signe de tête, afin de confirmer son intuition. Ce qu’il pouvait dire pendant la nuit…

« Je suis proprement atterré que tu n’aies pas attiré l’attention du reste du monde sur toi avant d’être en cellule avec moi… »

Soit il avait été en cellule avec des sourds… Soit on l’avait sincèrement pris pour un con. Ou un fou. Ce qui n’était pas étonnant, il avait la gueule de l’emploi. Et les actes qui allaient avec… Ce mec, il n’était pas fait pour la vie en dehors de la taule, il avait l’air d’un animal sauvage blessé qui grognait en permanence. Mais je voulais quand même le… Rassurer. A sa façon.

« T’as du bol que ce soit moi qui t’entende la nuit. Espérons que nous resterons partenaires de cellule au moins quelques années, jusqu’à ce que je finisse ma peine. Histoire que tu ne vendes pas la mèche sur nous. »

C’était terrible d’imaginer un crétin comme celui-là faire que nous serons traqués… Pas certain que l’OBCM l’aurait laissé filer longtemps. Juste parce qu’il était une vraie pipelette dans son sommeil… Si j’avais pu, je les aurais certainement contactés afin qu’ils fassent quelque chose. Mais sérieusement… Qui pouvais-je téléphoner, pour dire que mon super pote de cellule parlait un peu trop pour notre bien dans son sommeil ? Aucune crédibilité. Pour quoi faire ? Pfff. Mais voilà, j’avais quand même envie de le titiller.

« Par contre soit bien sûr que je tendrai l’oreille quelques jours… Je n’ai pas entendu ton animal. Je ne peux pas attendre de savoir ! »

Mais si je disais ça… C’était gratos. Il m’irritait, mais en vrai je m’en foutais. Fallait juste que ce crétin se rende compte qu’il fallait vraiment… Vraiment faire un truc à propos de ça. De sa parlotte. Quitte à le bourrer de cachetons jusqu’à la fin de sa putain de peine.
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Le cafard et la souris
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Pour être un mauvais menteur, ça on pouvait dire que tu l’étais. Faut dire que t’aimais pas tellement ça, le mensonge, tu préférais les caractères bien francs, même si t’étais pas capable de l’être tout à fait toi-même. Un truc qui te plaisait bien chez Dagda d’ailleurs, mais comme tout le reste, t’allais certainement pas l’admettre. Tu t’étais laissé berner, ne témoignant pas le moindre étonnement vis-à-vis de l’existence des métamorphes - il faut dire que toute ta famille l’était, il en fleurissait de tous les côtés autour de toi depuis que t’étais né, alors c’était difficile de se laisser surprendre. Et puis des bestioles à la con en plus, tellement qu’au final ce trou du cul aurait pu être de ton sang avec celle qu’il se tapait, mais passons. Tu l’as réalisé que trop tard, que tu venais de te vendre un peu toi-même, et qu’au final c’était pas un hasard s’il t’avait débité cette information. Il savait, tu l’as vu sur sa trogne, tu l’as compris dans son silence, et t’as cherché l’instant où il aurait pu le deviner tout seul. Tu t’étais pas transformé en sa présence, pas aux dernières nouvelles - y’avait bien qu’une option, une option que tu avais longuement redouté, et à présent t’avais confirmation. On peut pas dire que la nouvelle t’enchante, c’était un peu… Une sentence qui tombe. Et comme devant une sentence, tu trouves pas les mots.

Il se met à te faire la morale, le gusse “profondément atterré” qui aime utiliser des mots compliqués pour se faire valoir (sans déconner, qui utilisait couramment cette tournure ?). Mais pour qui il se prend, avec sa petite vingtaine et sa petite taille - tu t’agites, tu t’énerves, mais c’est plutôt contre toi-même que contre lui. T’as le rouge qui te monte aux joues, la honte qui te prend le fond de la gorge quand tu lui réponds. « Je sais. Je sais putain, tu crois que j’y ai pas pensé ? » Tu jettes ton magazine en vrac sur ton matelas en lui balançant un regard de franche agressivité avant de te frotter le visage machinalement - tu t’es senti rougir mine de rien, pas question de laisser ça s’installer. « Génial. J’suis tellement enchanté de te partager ma cellule maintenant que j’ai cette information, t’as pas idée. » Tellement de sarcasme que ça dégouline. « T’as écopé de combien au juste ? Histoire que j’sache à quoi m’attendre, mais j’sais pas si j’vais encaisser le bonheur de te supporter aussi longtemps. Annonce la couleur lentement pour pas me donner une crise cardiaque. » Tu te redresses de toute ta hauteur et tu pointes sur lui ton gros doigt abîmé. « Et il n’est même pas question que tu le saches. Me donne pas envie de nous renvoyer au mitard et trouve-toi ces putain de boules quies, de la cire, des mégots de clope, j’en sais rien tu te démerdes. » A l’évidence, ça t’avait pas rendu plus aimable. C’était même pire en fait - toujours l’attaque en meilleure défense. Parce qu’au final - au final, bordel tu te sentais vulnérable maintenant, et tu détestais ça. Le sentiment d'angoisse, qui remplace petit à petit la honte. Tu l’as dévisagé méchant, et tu t’es rapproché d'un bon pas en l'attrapant par le haut de son uniforme. « T’as entendu d’autres trucs ? J’ai dit d’autres trucs ? Vide ton sac. Vide-le. »
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteAprès l’avoir informé que j’en avais encore pour un peu moins de quatre ans, j’avais répondu à sa p’tite question préférée, savoir si j’avais entendu d’autres trucs. Bah… Non. Je n’avais pas tendu l’oreille non plus hein. J’avais même été assez cassant :

« Détend-toi, la tâche, je m’en fiche bien de ce que tu racontes la nuit. T’as pas besoin d’être agressif comme ça, merde ! Connard va. »

J’aurais bien aimé lui dire que j’me cassais, que j’allais changer de cellule, juste pour lui faire les pieds, mais très honnêtement, je doute que le responsable me dise « oh ouais, t’inquiète, j’vais t’en faire visiter quelques-unes, très coquettes ! », ce sera plus un « tu m’as pris pour l’agence Laforêt ou bien ? ». Alors, juste pour bien montrer que j’avais plus envie de causer, je me tournai sur mon matelas pour lire mon bouquin, comme j’aurais dû l’faire plutôt que de lui signaler que j’étais une putain de souris. Cependant, le temps passa, et je n’arrêtais pas de me passer en boucle le moment où il avait jeté son putain de magazine sur son lit, genre, c’était la reine du drama. Et plus je me repassais cette scène, plus je ne pouvais plus retenir mon rire, en fait. J’avais même cru qu’il avait rougi.

Que c’était d’un mignon !

Je me tournai vers lui, juste histoire de lui montrer qu’en fait j’étais pas trop fâché – bien qu’il s’en fiche en fait – et je blaguai même, sans m’imaginer à quel point je pouvais avoir raison :

« Me dit pas que t’as honte de ta métamorphose quand même ? Parce que j’veux pas dire, mais maintenant que je sais, tu vas pouvoir libérer tous ces p’tits insectes sous ta peau qui t’donnent envie de changer de forme, tu sais, cette règle qui dit de ne pas empêcher les méta trop longtemps ? D’ailleurs, tiens, ce soir, j’irai bien m’balader. Tu passes par les barreaux, frère ? »

Ce « frère » était sorti un peu tout seul, sans même y penser, un peu comme une ponctuation débile entre potes. Fallait dire que de mon point de vue, partager un secret comme ça dans un lieu pareil, ça rapprochait un poil. Enfin. De mon point de vue, car j’étais pas certain que l’autre en face en ait réellement envie. Mais bref, je m’en fichais bien de son avis, je comptais bien faire en sorte de rester là, histoire que l’abruti n’aille pas ébruiter que des types pouvaient se balader en chaton mignon juste pour mater sous les jupes des filles – ouais, j’connais un type qui fait ça. Un vrai chien, si vous voulez mon avis. Enfin, un chat, mais chien.

Vos gueules.
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Quatre ans. Même un peu moins que quatre ans, ça restait trop. En soi, c’était pas grand chose, parce que clairement pour avoir tué un mec il aurait pu prendre dix ou quinze, mais ça restait trop à ton goût. Enfin bon, tu t’attendais pas non plus à ce qu’il te réponde “deux jours”. Il se défend de ta menace, de tes accusations, et c’est tellement flagrant que ça t’angoisse mais il tarde pas à te rassurer au moins un peu. Avec deux insultes et un juron au passage, mais c’était les marques de politesse ça, pas de quoi péter les plombs. Tu restes sur les nerfs, mais quelque part, ça te détend de te dire qu’il a pas spécialement l’intention de te pourchasser trop longtemps avec toute cette affaire. Pour réagir de cette façon, il avait rien dû entendre d’autre pendant tes bavardages nocturnes. Alors y’avait rien d’autre à faire, de toute façon t'avais qu'à apprendre à te taire, c’était ta faute pour parler trop. Tu l’as relâché, avec constamment cet air mauvais et contrarié sur la face, et t’as fini par le laisser tranquille, en le voyant se retourner sur son matelas. Le sujet était clos, pas vrai ? T’avais plus qu’à relativiser, réfléchir, te dire qu’il valait mieux que ce soit un autre méta plutôt que n’importe qui d’autre qui t’ait percé à jour. Tu t’es éloigné et désintéressé de lui en te passant les mains sur le crâne, tu t’es enfermé dans un silence pour ne surtout pas ramener le sujet sur le tapis. Il allait falloir que tu te fasses à l'idée que tu serais plus le seul à savoir ce que tu cachais sous ta grosse carapace.

Sauf que c’était Dagda. Forcément, il avait envie de te faire chier. T’aurais préféré qu’il boude tiens, qu’il soit fâché et qu’il te foute la paix, au lieu de l’entendre glousser comme une poule dans son coin. Tu le prenais mal, clairement, mais t'as préféré rien dire, pour éviter de raviver la question. Jusqu’à ce qu’il se retourne finalement vers toi, et que t'aies plus vraiment le choix. Putain ce que t’avais envie de lui casser la gueule. Et plutôt deux fois qu’une, juste pour soulager le niveau de pression. Il reprend la parole, il te demande si t’as honte mais franchement, y’avait tellement rien d’étonnant à ce que ce soit le cas. S’il connaissait ton animal, il comprendrait tout de suite - sauf qu’il était certainement pas question qu’il le sache. Sauf que comme un con tu réagis, quand il se met à te parler d’insectes et la coïncidence te fait comme sursauter, tu te dis qu’il se fout de ta gueule, qu’il sait peut-être déjà, qu'il attend juste que tu passes par l'humiliation de l'avouer par toi-même. Tu t’emportes, tu chauffes de colère mal contenue, tu te lèves une défense des plus bancales et t'as le rouge qui te monte de nouveau : « Mais qui te parle d’insectes, putain ! » T’es hésitant, ça te ramène encore de l’angoisse, et elle a tendance à se lire comme de la haine sur ta face et dans ton timbre de voix. Tu redoutes tellement ce genre de moments, ce genre de sujet, parce qu'au final, tu mentais toujours assez mal. « Non j'ai pas honte. Y’a pas de frère qui tienne et il est pas question que je me transforme, casse-toi tout seul. Mais ouvre encore ta grande gueule à ce sujet et je m’arrange pour que tu perdes toutes tes dents de devant, t'as saisi enculé ? » Tu serres les poings, tu te retiens de lui sauter dessus une fois de plus, après tout t'avais pris un engagement. T’as aucune raison d’être agressif, lui ne l’est pas, il tâche même d’affaisser des barrières - mais il a raison, et ça te fait chier qu’il ait raison : tu crèves de honte, et ça se voit.
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❝ vieux proverbe chinois par Shuchéri ❞le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pèteIl s’était passé quelques jours depuis notre dernière discussion concernant nos capacités à devenir des p’tits animaux – enfin, p’tits pour moi. Bien que je l’aie trouvé particulièrement chelou à s’emballer alors que je n’faisais que parler d’insectes. Enfin, ça aurait pu me mettre la puce à l’oreille si j’avais pas eu la certitude la plus absolue que ce gronchon de première était un ours. Ou un truc du genre, un truc bien brute, solitaire, à son image quoi. Enfin, j’avais pas insisté, en vrai, j’en avais pas plus que ça grand-chose à foutre. Cependant, quelque chose m’occupa assez l’esprit pendant ces jours qui suivirent. Genre, ma sœur m’apprit que ma mère était tombée malade, un truc qui « n’était pas grave, vraiment » mais elle ne pouvait pas venir pour me rassurer elle-même. Alors si c’était pas grave, pourquoi elle venait pas hein ? Et quand je voulais appeler, y’avait toujours une queue de malade aux téléphones, dont un qui passait son temps à causer à sa gonz, ça me foutait en l’air. Cependant, ce n’était vraiment pas le moment pour moi de me battre alors je battais en retraite, j’attendais. Mais ça ne venait pas. Et quand j’avais demandé à voir mon avocat, pour supplier ce dernier d’avoir une permission de sortie, il m’avait répondu qu’il pouvait faire une demande, mais que la commission allait mettre du temps à statuer, et il y avait peu de chance de toute façon. Alors, je déprimais. Encore.

Et la plupart du temps, c’était plus facile de le faire en tant que souris. Au début, ça avait fait bizarre à Trev, j’vous raconte pas sa réaction, surtout quand j’redevenais humain au p’tit matin pour éviter d’me faire choper voyez. Et puis je soupirais tout le temps, quand je ne pétais pas un câble en envoyant tout valser dans la cellule pour ensuite m’prendre la tête avec l’autre enfoiré. J’le provoquais un peu, ça marchait toujours, on se tapait sur la gueule un peu, et ça m’défoulait, et j’allais mieux un p’tit moment. Mais pas bien longtemps. Car la journée passait, j’essayais de choper cinq minutes de téléphone, mais non, je décrochais parfois à peine le combiné pour ensuite me faire pousser par un mec plus grand, plus fort, et je me retenais, pour pas finir en isolement.

C’était une vie de merde, et même à la visite suivante de ma sœur, je sentais qu’un truc allait pas, je voulais parler à ma putain de mèr… Merde, non, pas ma putain, juste, ma mère. J’étais un vrai fils à sa maman, elle me manquait, j’avais toujours eu une bonne relation avec elle, plus qu’avec papa qui avait tendance à ne pas être content que je me contente « seulement » d’un métier d’électricien, pas spécialement à la mesure des ambitions de mes darons qui étaient plus aisés.

Du coup, j’étais là, à fixer du regard les téléphones. Encore. Pour retourner à la cellule, abandonnant totalement. Il y avait bien une raison qui faisait que je n’avais pas touché à ces fichus crédits d’appel depuis mon entrée en taule : c’était uniquement ceux qui avaient peur de rien qui pouvaient y avoir droit après tout.
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ne vaut pas mouche qui pète

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Il avait eu la finesse de pas en rajouter. Sage de sa part, parce que t’étais vraiment pas loin de lui ravaler la façade juste pour oublier ta honte. Dagda était peut-être un gros crétin et une rimbambelle d’autres adjectifs que tu lui colles juste pour compenser le fait que t’es un rageux, mais tu lui étais au moins reconnaissant de pas avoir ramené le sujet sur le tapis après ce jour-là. Pas de devinette, pas de moquerie, pas de signe évident qu’il essayait de te coincer : il s’en battait les testicules et ça t’arrangeait vachement. Bon, ça t’avait pas empêché quelques insomnies les premiers jours - insomnies forcées parce que clairement ton corps voulait dormir. T’as tiré une gueule d’enterrement pendant deux ou trois jours, et puis en voyant qu’il lâchait prise, t’as survolé l’affaire et t’as repris un rythme plus correct. De toute façon, le pire était passé, il savait que t’étais un métamorphe, et de toute façon son animal totem n’était pas non plus très glorieux.
Mais il avait mieux à foutre, à l’évidence. Après un peu de sommeil c’était devenu évident - ton emmerdeur de piaule était pas tellement dans son assiette. Tu savais pas pourquoi mais pour être franc tu t’en foutais. Qu’il déprime si ça lui chantait, tant qu’il venait pas t’irriter les nerfs avec des sanglots c’était le cadet de tes soucis. Y’avait pas marqué assistant social et psy sur ton front, et encore heureux vu les diagnostics que tu te tapais. Bon, faut admettre que c’était déstabilisant au début, l’impression d’être seul dans ta cellule parce que l’autre dépressif se calait dans un coin en souris. Et quelque part, ça t’arrangeait, parce que la solitude te manquait nettement - même si tu pouvais pas te sortir du crâne qu’il était là quand même et qu’un minimum de décence était quand même requis. Et puis à côté de ça, vous vous tapiez un peu dessus, mais ça non plus, c’était pas pour te déplaire, parce que t’avais un besoin viscéral de dégourdir tes poings. Du coup, au début, ça t’arrangeait pas mal qu’il aille pas bien, et t’avais toutes les raisons du monde de le laisser dans sa merde.
Au début seulement. Parce que c’est devenu lassant ensuite. Les soupirs à longueur de temps, la mollesse, on avait vu meilleur coloc quand même, et meilleur animal de compagnie. Voir son corps à poil sortir du vide tous les matins, avec son dos voûté de gars malheureux, ça aussi c’était pénible - surtout quand ça te tirait un sursaut que t’aurais préféré camoufler. Mais c’était pas le pire tout ça. Le pire, c’est qu’il était contagieux. Parce que malgré tous tes effort pour te rendre imperméable dans ce merdier de taule, squatter la cellule d’un mec dans le genre qui a constamment le moral dans les chaussettes, c’est épuisant. Tu te sentais triste sans avoir aucune foutue raison, t’avais des matins où t’avais même plus envie de lever ton cul du matelas et tu savais même pas pourquoi. Mais inconsciemment tu savais que c’était de sa faute, et merde, t’en avais assez d’être aussi influençable.
Il s’est ramené une fois de plus, avec sa tronche de dépressif, et c’était la fois de trop. T’allais finir par vouloir pleurnicher de compassion s’il continuait à servir de tableau triste et super moche dans un décor déjà pas glorieux. Il te foutait les nerfs, juste à le regarder t’avais envie de le cogner sur un mur. « Putain de merde, y’a un jour où tu vas arrêter de tirer cette gueule ? J’vais pas tenir quatre ans, j’vais te buter avant si tu te secoues pas un peu les miches ! Crache le morceau putain, t’envahis l’espace vital de tout le monde avec ton moral de merde. » En même temps, il y pouvait rien s’il avait le cafard, le pauvre. Haha, humour.
CODAGE PAR AMATIS

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le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pète - Tredag
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