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 Time will tell ▲ EZENOR

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Un crépitement se fait entendre à ton oreille. Ton corps transpire. D’où vient cette atroce chaleur ? Tes yeux s’ouvrent lentement. Soudain, tu remarques le jeu de lumière qu’offre l’incendie sous ta porte. D’un bond tu t’extrais de ton lit et cours dans le couloir. En face de toi, la chambre de Keith, le plus jeune. Tu ouvres la porte d’un coup sec. Lui qui est aveugle va avoir besoin de toi pour sortir. Alors tu transformes et le porte sur ton dos. Il n’est pas tout léger mais tu peux endurer ça pour lui. La louve blanche que tu es fonce à travers la maison et rejoins l’extérieur in extremis. Keith et toi êtes rapidement rejoint par Idris alors que derrière lui, la maison s’écroule. Tu tournes en rond. Et Ah reum alors ? Où est-elle ? C’est la question que pose d’ailleurs le plus vieux de tes frères sans savoir qu’elle a péri dans les flammes générées par son propre pouvoir. Un coup de fusil te fit sursauter, puis un deuxième et enfin, le bruit des corps sans vie de tes frères retombant lourdement sur le sol. Tu ne pouvais plus bouger. C’était comme si un poids maintenant ton buste, t’obligeant à rester sur place, les pattes brûlées et rouges de sang dont tu ne savais même plus reconnaître le propriétaire.

En sueur, tu te redresses et ouvre les yeux, luttant pour retrouvant une respiration normale et envoie valser Cat Astrophe qui était couché sur toi par la même occasion. Frénétiquement tu appuies sur le bouton snooze de ton radio-réveil. Tout va bien. Personne n’est mort. Anxieuse, tu envoies quand même un message à tous pour être sûre. C’est pas toi l’oracle de la famille pourtant. Tous te réponde plus ou moins rapidement. Te voilà rassurer pour de bon. Tu quittes ton lit après quelques minutes de flemmardise intense dont tu as le secret. Après tout, nous sommes samedi. Toi aussi tu as le droit de faire une grasse mat’ de temps à autre. Avalant ton thé en vitesse, tu t’arrêtes devant ton bureau. Sur celui-ci traînait un post-it. Le nom d’une boutique ainsi que son adresse y étaient inscrits. Ton index tapotait ta tasse encore très chaude. Tu hésitais. Était-ce une bonne chose d’y aller ? Ne devrais-tu pas prévenir avant ? Peut-être qu’il ne veut pas te voir. Peut-être qu’il ne veut pas savoir pour Ellen. Mais après tout, ça fait cinq ans. Il est temps qu’il l’apprenne. Et puis ce serait idiot de renoncer maintenant, après tout ces efforts que tu as fait pour le retrouver, Ezeckiel. Il y a clairement un côté égoïste dans la raison de ta recherche. Cependant, tu sais que Lloyd sera rassuré de savoir comment il va, et toi aussi par la même occasion.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, te voilà apprêtée. Ton skate sous le bras, l’adresse du salon rentrée dans le gps de ton portable et te voilà partie. La porte claque. Le clef tourne. Les portes de l’acenser s’ouvrent. On entend les roues ton skate contre le bitume fendre l’air en direction de retrouvailles. Il te faut un peu de temps pour faire le trajet Pilgrim Village – Dragon Alley mais voilà qu’enfin, tu te retrouves face au lieu de travail présumé d’Ezeckiel. Parce que non, tu n’es même pas sûre à cent pour cent qu’il bosse ici. Tu es prise d’hésitation une fois de plus. Les mêmes questions reviennent en boucle. Or voilà, si tu n’ouvres pas cette fichue porte, tu ne sauras jamais. Finalement, tu prends ton courage à deux mains. Tu n’es plus une enfant alors agis en adulte. La cloche au dessus de la porte retentit signalant ta présence. À pas de loup, tu avances dans le salon. Il n’y a personne mais peut-être est-il simplement dans l’arrière boutique ? « Bonjour… Je voudrais me faire tatouer une plume qui ferait le signe de l’infini. » Tu ironises. T’es quasiment sûre que s’il est vraiment tatoueur, il ne fait pas ce genre de chose. C’est trop cliché, même pour toi.
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Tu dors plus depuis que Skye est partie. Tu fais des nuits blanches qui te laissent des cernes noires sous les yeux. Ça tombe bien, d'un côté, les patrons sont partis en vacances, t'es tout seul pour gérer le salon, alors t'y passes ta vie, toi qui a jamais rien su gérer. Tu t'es bien marré au début, tu croyais que c'était une putain de blague. Mais en fait non, ils te font vraiment confiance et tu peux pas t'empêcher de penser que c'est une grosse connerie. Toi t'aurais pu te barrer avec la caisse sans aucun regard en arrière. Avant. Maintenant, t'es accroché à cette ville, tu peux pas partir comme ça. Et tu la détestes pour ça, l'absente, cette drogue dans tes veines dont t'arrives pas à te débarrasser. T'as encore l'espoir qu'elle revienne, mais elle a même pas pu finir de s'engueuler avec toi qu'elle a fui sans que tu puisses la rattraper. Puis sans que tu comprennes ce qui arrivait, elle a disparu. Totalement. Même l'OBCM savent pas où elle s'est barrée, et tu lui fais confiance pour ça, elle sera pas retrouvée tant qu'elle le voudra pas. Mais elle t'a laissé, encore une fois, impuissant face à tes sentiments, des sentiments que t'aimerais pas avoir. T'aurais presque envie de t'ouvrir la peau, de te griffer jusqu'au sang pour les faire sortir. T'arracher le cœur en espérant que ce serait suffisant. Ton tigre, à l'intérieur de toi, il pleure la renarde qui un jour s'est blottie si près de lui. Alors tu fixes le dessin posé sur le comptoir, dessin que t'as fait mais dont tu te souviens pas. L'animal sur la femme, la femme qui est plus animale qu'humaine. Elle te regarde comme si elle attendait quelque chose de toi, et t'aurais presque envie de lui cracher dessus. Tu l'aurais sans doute fait si elle avait été devant toi. Tu la détestes autant qu'elle t'obsède, ça a toujours été le cas. Enfin … Pas toujours. Avant, tu l'as aimée. Sincèrement, la première depuis Zelda. La seule à ce point, tu l'as compris bien trop tard. Et maintenant tu te retrouves seul avec ces dessins disséminés partout. Pourquoi t'es revenu au juste ? Te poignarder encore et encore, comme si ça allait changer quelque chose à ce qu'elle est, à ce que t'es, à ce poison que vous propagez tous les deux ? T'es plus intelligent que ça pourtant River. T'aurais dû le sentir, rejoindre ton frère, lui faire oublier Lana. Mais cet enchevêtrement d'êtres, toutes ces vies, tous ces morts … Tu le sais qu'ils ne pourront pas être oubliés, tu sais qu'au fond, elle ne pourrait jamais être pardonnée. T'as juste pas fait le deuil de la facilité. Faut te le dire, t'es fou d'elle, t'es fou d'une putain de meurtrière qui a tué ton frère. Du moins intérieurement.

T'as pas de rendez-vous pour le moment, c'est plutôt vide cette période de l'année, alors tu préfères t'isoler, aller dans l'arrière boutique, passer la porte du personnel, te fumer un joint. T'y vois plus clair de toute manière, ça t'aide à te concentrer. Tu sais que c'est pas la solution mais t'es parti du chemin le plus sain depuis que t'as eu l'âge de faire des choix. Pourtant y en a qui ont essayé de faire de toi quelqu'un de meilleur, mais faut croire que c'était pas dans tes plans. Tu fermes les yeux, tu t'imprégnes, essaie de penser à rien, mais c'est peine perdue. Skye. Aidan. Violet. Eloïse. Toutes ces vies que t'as ruiné d'une manière ou d'une autre. Mais tu finis par rentrer, de toute manière faut bien que tu bosses. Tu ranges un peu ce qui traîne, t'es pas du genre maniaque mais pour une fois que quelqu'un te donne une mission, tu vas pas non plus l'ignorer. Pourtant tu rêves que d'une chose, qu'Aidan revienne et que tu te barres de là, recommencer vos conneries, ressentir encore cette adrénaline qui te manque.

T'entends la cloche sonner, et tu lèves déjà les yeux au ciel. C'est pas ta faute si t'aimes pas les gens, en général c'est eux qui t'aiment pas en premier. Mais les clients ici, c'est partout qu'ailleurs tu te dis. Des gens qui se croient originaux à demander des tatouages dessinés par eux ou leurs potes mais qui ressemblent à rien et qui veulent plus rien dire. La phrase prononcée te fait presque grogner alors que tu retournes à l'accueil. Mais tu t'arrêtes brutalement face à la femme qui se trouve devant toi. Tu l'as pas vue depuis des années, mais tu la reconnaîtrais n'importe où. Tu souris, pour une fois c'est pas feint ou forcé. « Si je peux te le faire sur le front, promis c'est moi qui te paie.» Tu t'approches pour la prendre dans tes bras. Les contacts physiques ça a jamais été ton truc, mais t'as des exceptions à tout. Et Azenor en fait partie. Tu sais pas pourquoi elle est là, mais bizarrement c'est exactement la personne dont t'as besoin maintenant. Tu finis par la lâcher pour l'observer. « C'est moi ou t'as grandi ?» Tu te rappelles même pas de la dernière fois que tu l'as vue, mais ce qui est sûr, c'était avant que ça commence à dégénérer encore plus que ça ne l'était déjà. Peut-être après la mort de Zelda. Ellen avait senti que t'en avais besoin. Un être magique, cette femme, presque comme la mère que t'as jamais eu. Même si t'étais pas le genre à avoir une famille de toute manière. «Comment tu m'as trouvé ?»
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Tes yeux semblent effleurés chaque mur, chaque meuble, chaque objet du salon. Comme si t'essayais d'analyser un truc. Ouais mais quoi ? Tu ne sais pas vraiment. Tu fais exploser ta bulle de chewing-gum quand soudain le voilà, Ezeckiel. Il a changé et en même temps pas tant que ça. Il a la peau clairement plus encrée qu'avant et il a plus de poils au menton aussi - quoique ça c'est pa sûr en fait. Ton sourire s'étire, dévoilant tes dents blanches. « C'est une offre qui mériterait réflexion si elle ne risquait pas d'entraîner mon renvoie. Et puis bon, ne donnons pas à Ah reum plus de raisons pour m'emmerder ! » C'est à la fois ironique et pas tellement. Tu l'aimes ta soeur parce que justement c'est ta soeur. Mais qu'est-ce qu'elle peut être reloue quand elle s'y met ! Elle est pas comme toi ni comme Idris. Même Keith, le petit dernier arrivé il y a cinq ans s'est plus vite intégré qu'elle en quatorze ans. C'est pas une mauvaise personne, elle est juste trop peu expressive pour toi, jeune femme hypersensible que tu es.

Tu profites du câlin qu'il t'offre comme si c'était le plus beau des trésors. C'est un peu le cas présentement. L'espace d'un instant, tu as l'impression que le monde s'est arrêté de tourner pour être aux premières loges de vos retrouvailles. C'est beau mais surtout c'est sincère. Si tu n'avais pas appris à te contrôler un minimum, tu pourrais presque pleurer maintenant. On l'a dit, hypersensible. Et puis il te lâche, recule un peu et te regarde. Un petit sourire narquois s'affiche sur tes lèvres. « Alors oui justement. C'est pour ça que je suis là aujourd'hui. J'ai une grande annonce à te faire. Tu ferais mieux te t'asseoir parce que vraiment ça va te scotcher. T'es prêt ? En fait... Les adolescents ça grandit ! Ouais je sais j'ai eu du mal à y croire aussi au début. J'étais genre en mode "Nan Patrick te fous pas de moi !". Et il était là "Mais si si j'te jure !" Choquée quoi. » T'ironises encore. Après tout, l'ironie c'est un peu ta marque de fabrique. Sans ça, tu n'es plus la vraie Azenor Gallagher. Et puis pourquoi cacher un si grand et beau talent ?

Les mains croisés derrière la tête, tu fais les cents pas dans le salon. Tu ne sais pas rester en place et tu n'aimes pas trop ça. Tu as envie de toucher à tout mais par respect, tu ne le fais que du regard. Adroite comme tu es, tu risquerais de casser tout un tas de chose et t'as pas tellement envie. Viens la question fatidique de la part du tigre. Soudain tu t'arrêtes. Tu ne peux tout de même pas lui dire "Bah écoute, ça fait cinq ans que j'te cherche parce qu'en fait je voulais te prévenir que ma mère a passé l'arme à gauche.  Voilà voilà..." On a vu mieux niveau ambiance. En tant normal c'est pas toi qu'on aurait envoyé faire ça. T'es pas spécialement douée avec les autres, pas autant qu'elle, qu'Ellen. C'est quand même dingue d'avoir passé cinq années de ta vie à le rechercher pour ne pas savoir comment mettre la conversation tant attendue sur le tapis. Tu as juste l'impression d'être ridicule. Et ce n'est peut-être même pas qu'une impression. Finalement tu feintes et hausse les épaules, un sourire toujours calqué sur les lèvres. Sourire qui, pour le coup, est totalement forcé. « J'ai fait mes recherches. J'suis un peu la Sam des Totaly Spies. Les autres étant un peu nulles. » Parce que tu sais pas parler sans ton humour approximatif et peu marrant.
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Si y a bien une chose à laquelle tu t'attendais pas, c'est voir débarquer Azenor dans ton salon. Enfin, ton salon … Celui dans lequel tu bosses, tu seras sans doute jamais du genre à avoir ton propre business. T'es déjà à deux doigts de quitter celui-là alors … Le boulot ça a jamais été ton dada. T'as toujours trouvé d'autres moyens, jamais les bons, mais pour toi c'était ça la vie. Du moins la tienne, et celle d'Aidan. T'aurais jamais envisagé te poser quelque part. Alors valait mieux ne pas penser au pourquoi du comment, sinon tu risquais de te pourrir automatiquement la gueule. T'es stupide et tu l'as toujours été. T'en as fait des trucs cons par amour, mais abandonner ce pourquoi tu vivais, ça t'étais jamais arrivé. Mais c'était Bray, et c'était Elle, et t'as perdu la raison bien avant de partir de toute manière. T'as encore du mal à assimiler qu'Aze se trouve là. C'est une vision étrange, comme deux mondes qui entreraient en collision. Mais t'es pas mécontent pour autant, voire tout le contraire. Et t'as pas fumé assez de merdes aujourd'hui pour croire à une hallucination. Tu dirais pas que ça peut t'arriver, mais au moins t'as la certitude que maintenant c'est pas le cas. « Fausse excuse. Le boulot c'est surfait de toute manière, on peut très bien se débrouiller sans. » Mais t'es peut-être pas le bon exemple à suivre sur le sujet, River. « Comment va ta sœur, en parlant du diable ? » C'était dit sans méchanceté aucune, mais tu connais Ah Reum, assez pour accepter que son tempérament puisse être difficile. Un peu comme le tien, en somme. Tu serais encore mal placé pour juger.

La prendre dans tes bras te fait du bien. Tu te rends pas compte à quel point ça te manque, ces contacts. A quel point tu te sens seul, enfermé dans une ville qui mettrait le feu à ta baraque s'ils savaient ce que t'as fait. Mais tu l'as cherché, t'as laissé ta colère et ton amertume prendre le dessus, et en plus de ça tu t'es loupé. Le fait que t'ait pas forcément d'amis dans le coin n'a pas été, tu dois le convenir. A qui est-ce que tu pourrais avouer tes péchés, alors que t'as jamais foutu les pieds dans une église et que de toute manière pour toi il ne peut y avoir personne au-dessus, ou alors le plus gros des connards. L'un comme l'autre, t'as pas vraiment envie de joindre les mains et dire Amen. Tu finis par la laisser respirer. Ça doit pas être évident alors que tu fais plus d'une tête de plus qu'elle. A l'entente de sa phrase, tu mets la main sur ton cœur, comme si tu débordais de tristesse. « Désolé je me doutais pas. Je pensais que t'aurais quinze ans toute ta vie, je suis pas habitué au changement moi. » Tu souris en secouant la tête. T'aurais presque envie de lui ébouriffer les cheveux comme tu faisais quand elle était plus jeune, mais au lieu de ça tu te mets à pianoter sur le comptoir avec ton crayon, alors qu'elle fait les cent pas dans la pièce.

T'es pas le plus perspicace, mais tu te doutes qu'y a pas vraiment que ça. Ça fait bien trop longtemps pour que ce ne soit qu'une visite de courtoisie. Mais tu sais aussi que ça sert à rien de pousser non plus, si elle a quelque chose sur le cœur, elle finira bien par te le dire. T'as jamais su aborder les sujets difficiles de toute manière. Comment tu te sens, t'as besoin d'aide, tu veux parler ? Non ça c'est pas pour toi, toi tu agis mais t'es mauvais dans tout le reste. Quoique même là, tu gagnerais pas la palme d'or non plus. « Qu'est-ce que tu penses de celui-là ? C'est moi qui l'ai dessiné et tatoué. Un de mes premiers. Ça a pas été évident mais je connais bien le sujet. » Tu lui montrais la photo d'un tatouage accroché au mur. Un tigre, ironiquement. T'en étais pas trop fier, celui de Skye était bien plus beau. Mais t'avais le talent que t'avais. Tu dessinais mieux les renards, t'as toujours du mal à te regarder toi-même dans les yeux pour tenter de percer ton âme. Finalement, tu soupires, un sourire teinté sur ton visage. « Tu ferais une bonne détective, je suis pas sûr que même Aidan sache où je suis exactement. » T'hésites quelques secondes, mais tu finis par continuer. « Pourquoi tu t'es donné tout ce mal ? » Certes, vous étiez proches, vous l'êtes depuis des années malgré la distance, malgré ta connerie, malgré tout. Mais t'étais pas sûr que ce soit suffisant pour te chercher, ils connaissaient ton fonctionnement, t'aurais fini par revenir vers eux à un moment, tu l'as toujours fait. Pas dernièrement, mais quelque part tu sentais que c'était pas Ellen qui pouvait faire quoique ce soit à ton état.
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T'es rentré dans ce salon et soudain, t'as repris confiance. Cinq ans de recherches. Ce fut long mais payant. Là, tu as juste l'impression d'être capable de tout accomplir. Mission Zecke réussie. La prochaine ? Le retrouver lui, le chasseur, le meurtrier, celui qui t'a arraché ta mère bien trop tôt. Ça fait un moment que ça te tracasse. En fait, ça ne t'a jamais réellement quitté depuis sa mort. Toi, la gentille, naïve et fragile Azenor ne rêve plus que de vengeance. Mais tu le caches. Personne ne doit savoir. Personne ne doit vouloir te venir en aide parce qu'une fois que tu l'auras trouvé, tu ne pourras peut-être même pas t'aider toi même. T'en as ras-le-bol des chasseurs et de cette querelle interminable entre les espèces. Comme disait un grand sage français : "Vous allez finir par vous aimer les uns les autres bordel de merde ?" Typiquement le genre de phrase que tu pourrais sortir, sans pression. Mais là n'est pas le sujet. Tu haussais les épaules à l'affirmation du jeune homme. « J'ai pas dit que je pouvais pas m'en sortir sans. Si jamais ça arrive, je viendrais squatter chez toi et vider ton frigo c'est pas très grave. » Plaisantes-tu avant de reprendre plus sérieusement. « Nan mais j'aime vraiment beaucoup mon travail. Tu sais j'suis instit'. Les gamins sont cools. C'est chouette j'aime bien. » Et puis c'était le métier que tu avais toujours voulu faire. Depuis que tu es gamine, déjà en Russie, tu criais à qui voulais l'entendre que tu serais institutrice. Un rêve pas si irréalisable mais il n'était pas rare qu'on ne te prenne pas au sérieux. Tout ce qui compte c'est que tu as réussi et que t'as fait un gros bras d'honneur à tous ces connards.

Deuxième haussement d'épaules en quelques minutes. C'est vrai ça, comment elle va ta soeur ? « J'sais pas. On n'habite plus ensemble. Pis elle est pas du genre à envoyer souvent des nouvelles ou à trop répondre aux sms. Mais j'suppose que si elle allait mal, elle aurait prévenu mon père et lui m'aurait appeler.... Ou alors ça fait une semaine qu'elle a clamsé et personne s'en est rendu compte. » Un jour ça va finir comme ça. Un jour t'iras lui rendre visite et tu vas la retrouver cannée. T'apprendras à l'autopsie qu'en fait ça fait dix jours qu'elle est morte et que pendant ces dix jours tu ne te seras pas inquiété une seule fois. Après, ta vie sera gâché et tu t'en voudras jusqu'à la fin des temps. Scénario loufoque mais pas si improbable au final. Un câlin et une vanne débile plus tard tu reprends la parole. « J'ai pas tellement pris de centimètre tu m'diras. Mais bon... J'ai pris des seins c'est toujours ça. » Et encore pas tellement « Pour un mec pas habitué au changement, tu bouges beaucoup quand même. » T'as un ton à moitié ironique et en même temps pas tellement. Parce que tu penses ce que tu viens de dire mais que t'as pas envie qu'il le prenne comme un reproche, s'en est pas un. Chacun à sa vie et sa façon de la vivre. Ça, c'est une chose que tu respectes à deux cent pour cent. Pis dans tous les cas, t'es absolument personne pour juger de quoi que ce soit.

Soudain, tu sais pas trop pourquoi, Ellen te revient dans la tête. Alors ta mine se fait plus grave et tu commences à marcher dans le salon. Tu sais pas comment aborder le sujet. Tu en viens même à te demander si tout ça c'était une bonne idée, si au finalement tu devais vraiment le mettre au courant. Bien sûr, c'est vrai Azenor. Pourquoi aurait-il besoin de savoir que la femme qui l'aimait comme son propre fils est morte hein ? Ezeckiel t'adresse à nouveau la parole, te faisant sortir de tes pensées. Il pointe une photo au mur et te demande ton avis. Tu t'approches et l'observes mais tu le sais déjà, tu vas le trouver beau. Parce que c'est Zecke et que t'es pas objective. Ce serait le même problème avec Idris ou Keith. Pas avec Ah reum étrangement. Ton sourire se fait doux et léger, presque imperceptible. « Un tigre... C'est joli. J'aime vraiment. Peut-être que ces traits là ne sont pas assez fins mais c'est pas très grave. Pour un de tes premiers, c'est beau. » Et puis tu continues de marcher, t'arrêtant devant chaque dessin, chaque photo. Tu aimes le tatouage. C'est, selon toi, un art tout aussi noble que les autres qui ne mérite pas sa réputation. Vivement que les mentalités changent. Vivement qu'elles évoluent. Mais ça, c'est pas demain la veille que ça arrivera.

Une bonne détective hein ? « Merci ! J'y penserais la prochaine fois que je souhaiterai me reconvertir professionnellement parlant. » Mais voilà, quelque chose te tracasse. Tu fais une petite moue triste en soupirant. « Il est pas avec toi ? C'est dommage... J'aurais bien aimé le revoir lui aussi. » Aidan est tout autant important que Zecke, Keith, Idris ou Ah reum à tes yeux. Peut-être que tu es un peu moins proche de lui que de son frère mais ça n'empêche que tu les aimes tous les deux du même amour aveugle et inconditionnel. C'est clair que c'est pas des anges. Ni l'un ni l'autre. Mais t'en as rien à carrer. Enfin, il pose une question. Dans ton coeur, dans ta tête, il y a eu un déclic. Comme si tu attendais ces mots précis. C'était le moment de lui dire, c'était l'ouverture que tu cherchais. Tu prends une grande inspiration. Celle-ci est saccadée. « J'ai un truc à te dire. Heu... Peut-être que tu devrais t'asseoir. Ou pas hein. Tu fais comme tu veux. Moi je... J'vais m'asseoir. » Bonne initiative. Il faudrait quand même éviter que tu tombes comme le jour où Lloyd vous a tout annoncé. Alors tu poses tes fesses par terre et croise tes jambes en tailleur. T'es toujours mieux par terre que sur une chaise étrangement. Tu prends ton temps, tu prends ton souffle. Tu sens déjà monter les sanglots dans ta gorge. Tu sais plus parler d'Ellen sans pleurer de toute façon. Ton index dessine des formes invisibles sur le sol. Ta tête est baissée. Tes yeux sont tristes. « Ça fait cinq ans que je te cherche. Parce que... En fait... Merde comment j'vais dire ça moi ? Y a cinq ans, ma mère a eu la vision d'un gamin. Keith. Le p'tit dernier de la famille. Un p'tit oracle déjà complètement aveugle à neuf ans quand il arrivé à la maison. Tu sais comment son mes parents. Ils y sont allés. Mais... Ils... Ma mère... » Finalement, tu relèves la tête et plonge ton regard plein de larmes dans celui de l'homme que tu considères comme un frère. « Ma mère est morte Zecke... »
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C'est un peu irréaliste de voir Azenor se tenir dans ton salon. Enfin, pas vraiment ton salon mais bon. C'est pas comme si tu te considérais pas comme chez toi un peu partout où tu foutais les pieds, à défaut d'avoir une vraie maison. Passé un moment t'aurais pu dire que t'étais chez toi là où Aidan se trouvait. Mais depuis quelques années, ça voudrait dire que t'erres sans vraiment te connecter nulle part. Et tu sais que c'est vrai, tu sais que c'est ce que tu fais, mais t'es beaucoup trop fier pour assumer le fait que t'aies besoin de ton jumeau pour te sentir à ta place. Parce que t'as jamais vraiment eu de famille, tu sais pas ce que c'est, sauf ce jumeau qu'est là, et cette fille que tu vois une fois tous les dix ans pratiquement. « Bonne chance avec ça. Si y a bien une chose que je sais, c'est que mon frigo est toujours vide. T'as l'impression que je suis gros ?» Ouais, tu bouffes pas beaucoup. En même temps tu t'es restreint toute ta vie. Parce que c'est mental, parce que si tu te convainc de pas avoir besoin de te nourrir, le manque te fera moins mal. Et malgré le fait que tu pourrais presque acheter une franchise de fast food maintenant, t'as gardé cette habitude. Sauf quand tu fumes. Forcément. Tu la regardes, un air amusé sur le visage. « On te paie cher pour pas les tuer les gosses ? » Toi tu détestes les enfants. T'en as été un mais tu sais bien que t'étais sans doute le pire. Aidan était pas mieux non plus faut dire. Puis t'as jamais été vraiment à l'école. Les premières années de ta vie ouais, mais à la fuite de l'orphelinat t'as abandonné tout espoir d'éducation. Faut dire que t'étais loin d'être le genre premier de la classe et que tu pétais très vite un plomb si tu pouvais pas bouger pendant plus de dix minutes. Alors t'étais pas le favori de la classe. Mais malgré la blague, t'étais quand même fier d'Azenor. Si c'était ce qu'elle voulait faire, tant mieux qu'elle y réussisse. Toi t'as jamais vraiment eu de rêve, tu peux pas vraiment comprendre ce que ça fait de le réaliser. « Mais je suis content pour toi. Ils ont quel âge tes monstres ?»

Le sujet s'évapore pourtant au bout de quelques minutes pour laisser place à celui de la famille. Ah Reum. Tu penses ta famille compliquée, ou du moins la relation que t'entretient avec ton frère compliquée, essaie celle d'Azenor. Pour toi, ton frère est toute ta vie. Vous avez vos hauts et vos bas, c'est certain, et si t'as eu cette incertitude qui a fait qu'il soit parti, t'as de toute façon toujours pris son parti, et c'est ce que tu feras toujours. Tu pourrais pas concevoir une vie où t'es pas proche de ton frère. « Je vais garder l'idée qu'elle va bien, je pense que c'est mieux pour ma tranquillité d'esprit, si tant est que j'en ai une. » Elle non plus tu l'as pas vue depuis un moment. Mais qu'est ce que tu peux dire pour ta défense de toute manière ? Que t'as ta propre vie à mener ? Elle est bien bonne ouais. Elle ressemble à quoi ta vie maintenant ? T'aurais peut-être mieux fait de choisir la facilité. De pas choisir Bray, peut-être bien ouais. « Que veux-tu, j'aime visiter le monde !» Et surtout t'aimes pas vraiment te faire rattraper par les flics mais elle le sait et tu le sais, c'est pas pour autant qu'elle doit le cautionner et que tu dois en parler.

Ton attention se porte aux dessins et aux tatouages accrochés au mur. Tu prends jamais vraiment le temps de les regarder, tout simplement parce que t'es là tous les jours. C'est même pas toi qui choisit lesquels accrocher, t'es pas vraiment objectif sur ton boulot, pas assez pour ça en tout cas. Non, les patrons le font à ta place. Toi tu l'aurais sans doute pas mis, le tigre, cette impression de te regarder dans les yeux, de te narguer à chaque fois. Puis tu revois celui de Skye. Ce cauchemar de toutes les nuits. Lui il était beau, lui il te représentait plus. Mais tes tigres à toi, en général, ils sont rachitiques, ils ont rien de puissant. Une vision de toi que tu partages avec personne, du moins pas que tu saches. « Ouais, je me suis un peu amélioré depuis. J'espère.» Tu la vois qui navigue entre les photos et tu la laisses faire, plongé dans tes propres pensées.

Le nom d'Aidan t'en fais sortir. T'as une lueur de regret au fond des yeux. Non il est pas avec toi. En vérité tu sais même pas où il est et tu sais pas si tu le reverras un jour. Parce que même si tu l'as mise à terre et que tu l'as bannie de ta propre vie, t'as eu ce moment d'hésitation. Celui qui l'a fait partir. Pour une fois t'as été partagé. Parce que tu peux avoir de la haine mais tu sais que jamais tu pourrais la tuer. Et c'est cette envie là qu'il attendait de toi et que tu pourras jamais lui donner. « Non. La dernière fois qu'on était ici … Disons que quelque chose est arrivé. Il a fallu qu'on se sépare. Je suis parti en Afrique du Sud et lui … J'en sais rien. Je sais même pas s'il est toujours en vie ou s'il est pas crevé quelque part. » Un petit rire, amer. En fait, tu sais au fond que c'est pas le cas. Tu sais pas pourquoi mais tu te dis que s'il était mort tu l'aurais senti, un truc à la con entre jumeaux ou t'en sais rien, mais en tout cas tu le sais, qu'il est vivant quelque part. T'aimerais juste le voir revenir, t'aimerais juste lui parler. Mais au lieu de t'attarder sur ça, tu lui demandes pourquoi elle est là. Pas pour t'entendre parler d'Aidan, pas pour se faire tatouer une rose noire sur le poignet. Alors pourquoi ? T'as appris au fil du temps que personne ne faisait rien par hasard. Tu la vois s'asseoir, et tu vois l'émotion. Tu sais la reconnaître autant que tu l'éprouves rarement comme les autres, alors tu t'accroupis devant elle, juste pour être à sa hauteur, les sourcils froncés. La nouvelle, tu l'attendais pas. D'accroupi tu passes à assis, alors que tu te laisses tomber sur le sol. T'es pas du genre à crier ce que tu ressens, à taper du pied et à te mettre à pleurer, mais tu restes un moment interdit, parce que l'information, elle a du mal à passer. Toi t'avais la paix, en imaginant Ellen et Lloyd avec leurs gosses, heureux. C'était ce bonheur là qui te permettait de voir un peu plus loin que ton propre malheur. Et toi, dès que t'as vu Azenor, tu te disais qu'il faudrait que tu vois Ellen. Puis ça. T'as la mâchoire serrée. Tu veux pas penser que l'une des seules personnes à avoir été humaine et aimante avec toi soit morte, et que t'aies même pas cherché à la contacter en plus de cinq ans. T'hésites entre voir la malédiction qui plane autour de toi et te dire que t'es qu'un putain d'égoïste, alors tu dis rien. Tu sais pas combien de temps ça dure, ce silence, toi sans réaction, juste crispé au sol. Mais tu finis par briser le silence. « Comment ?» Tu veux savoir comment elle est morte, si elle a souffert, ou si elle est partie, comme ça, sans rien ressentir. C'est important pour toi de savoir ça, tu sais pas trop pourquoi. Mais tu te reconnectes à la réalité, plus ou moins. « Je suis désolé Aze... Si j'avais su... » Si t'avais su quoi, River ? Tu serais revenu plutôt ? Est ce que c'est pas encore plus horrible que de pas avoir tenté de prendre de nouvelles en pratiquement dix ans ? Tu sais même pas quoi dire, parce que t'as encore l'impression de tomber, comme si tes chutes s'arrêtaient plus.
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Tu esquisses un sourire, retiens un rire. Est-ce qu’il est gros ? Est-ce qu’il semble gros ? Non. Clairement pas. Mais qui sait, il fait peut-être parti de ces personnes exécrables qui peuvent manger sans prendre du poids. Clairement pas quelque chose que tu peux te permettre. Toi t’es plus du genre à prendre vingt-kilos à Noël juste pour avoir regardé la bûche. Tu te contentes de lui répondre en secouant la tête négativement. Rapidement, le sujet change. Vous passez de son poids à ton job. Tu aimes ton boulot. Les gamins pleurnichards, tu sais les gérer. Les colériques, les mauvais. Ceux qui sont adorables, ceux qui sont partageurs. Les autres, le reste, ceux qui parlent pas. Ceux dont tu ne sais rien. Tu sais les gérer. Tous. Et c’est à ça qu’on reconnait une vraie institutrice. Pourtant, tu n’es pas sévère, loin de là. Tu as juste appris à donner de l’importance à chacun sans délaisser l’autre. C’est quelque chose qu’Ellen t’a appris et tu dois bien l’avouer, tu en es fière. « Je suis pas payée une fortune. C’est sûr que j’suis bien loin de pouvoir m’acheter une villa à Miami. Mais j’ai pas non plus à me plaindre. Tant que je vis pas dans la rue je suppose que c’est suffisant. » Tu n’as jamais eu un rapport à l’argent très bon. Peut-être que tu penses comme une “BoBo” et encore ça, ça ne regarde que toi. Tu n’aimes pas l’importance que donne l’humanité à un bout de papier. C’est ridicule et tu en es consciente. Ridicule mais malheureusement nécessaire pour vivre. « Merci ! Ils ont six ans. C’est des petits encore. Imagine moi avec des plus grands que ça. Vu mon autorité, j’aurais déjà démissionné depuis un bail ! » Et c’était pas faux en soit. Parce que oui, t’arrives à gérer c’est bien beau. Mais c’est des enfants, pas des adolescents.

Calmement, vous en venez à discuter de ta soeur. De la grande et insupportable Ah reum première du nom. Un jour tu vas vraiment finir par te mettre délibérément en danger pour voir si elle vient t’aider. Qui sait ? Peut-être qu’elle révèlera tout son amour pour toi à ce moment là. Le pire serait quand même qu’elle attende que tu sois sur ton lit de mort. Tristement, elle en serait totalement capable. De toute façon, tu n’es même pas sûre qu’elle ressente quoi que ce soit envers qui que ce soit. « Rien que de raisonner de cette façon prouve que tu en as une. P’t’être hyper enfouie mais c’est là. » Tu as toujours eu des idées très arrêtée sur tout un tas de chose. Par exemple, tu es persuadée que personne n’est foncièrement méchant, qu’il y a du bon dans chacun d’entre nous. Tu ne sais pas à quel point tu te trompes. Tu ne sais pas encore. « J’aimerais voyager. Recommencer. Comme avant avec mes parents mais seule. » Ce genre de voyage n’était pas fait pour le tourisme. Du pays tu en as vu oui, mais pas comme tu aurais aimé le voir. Tu veux retourner en Russie, revoir Moscou. Tu veux visiter les pays d’Idris et Ah reum, la Norvège et la Corée du Sud. Connaître leurs cultures, leurs langues, tout.

Tu déambules lentement dans le salon. Tu prends le temps de regarder chaque dessins, chaque photos accrochés aux murs. C’est assez étrange cette sensation, t’as l’impression de tout de suite reconnaître quand c’est quelque chose qu’il a fait. C’était comme si tu l’avais toujours connu tatoueur. « Oh bien évidemment que tu t’es amélioré. C’est justement parce que tu pratiques que tu t’améliores. » Tu sais pas trop ce que tu racontes mais tu jacasses. C’est ta marque de fabrication de parler. Ça et le sarcasme. T’es insupportable pour ça Azenor. Plus bavarde que toi, y a pas. Il fallait s’y attendre, le sujet Aidan. Après celui Ah reum, chacun son tour. Tu grimaces discrètement. Quelque chose s’est passée entre eux. C’est sans doute grave. Mais en même temps, ça ne te regarde pas. S’il avait eu besoin de te le dire, il l’aurait fait. Ça ne te regardait pas. Probablement que tu aurais été capable d’insister. Mais c’était Ezeckiel. Les jumeaux étaient imprévisibles et tu étais plus qu’au courant de ça. « Pour ma tranquillité d’esprit à moi, on va se dire qu’il va bien ok ? » Si tu n’allais poser aucune question, tu ne pouvais cependant pas te dire qu’il était arrivé malheur à Aidan. Il va bien, tu veux t’en persuader.

Le moment fatidique arrive vite, trop vite. Tu t’es assise par terre et l’as invité à faire de même. Tu vas craquer. Tu veux déjà craquer. Pleurer, chialer, hurler ta douleur. Ton deuil, tu ne l’as toujours pas fait. Tu ne sais pas si tu vas y arriver un jour. Elle était tout ta mère. Et tu l’aimais tellement. Elle ne méritait pas cette fin. Tu bredouilles, bégaies, t’as du mal à parler, à lui dire. Et finalement la nouvelle tombe. Ellen est morte il y a cinq ans. Encore aujourd’hui, tu as l’impression qu’elle va ouvrir la porte de la maison familiale, qu’elle va rentrer. Puis tu reviens à la réalité. L’horrible réalité qui te fait souffrir un peu plus chaque jour. Zecke veut savoir ce qu’il s’est passé, comment ça s’est passé. Du revers de la main tu chasses les larmes qui perlaient dans tes yeux. « Des chasseurs traquaient mon petit frère Keith. Quand mon père et ma mère sont allés le récupérer, c’était une question de minutes avant qu’il ne se fasse avoir. C’est elle qui s’est fait avoir. J’étais pas là. Et si j’avais était là je… » Tu quoi ? Tu aurais fait quoi ? Si t’avais été présente, tu serait décédée toi aussi. C’est dur à dire pourtant tu le sais bien, c’est la vérité. Tu n’es pas faible. Mais une louve face aux restes du monde, c’est toujours pas assez. Tu essaies de lui sourire. Vraiment, tu essaies. Mais c’est compliqué, tu n’y arrives pas forcément. « C’est pas à toi d’être désolé Ezeckiel… Si mon père n’a rien pu faire, tu n’aurais pas pu faire grand chose non plus. » Tu prends une grande inspiration, puis expires lentement. « On a même pas pu l’enterrer correctement tu te rends compte ? Mon père portait déjà Keith, il pouvait pas l’avoir dans ses bras elle aussi… Et quand il est revenu… Quand il est revenu son corps n’était plus là. » La colère que tu ressens est si intense que tu ne sens même pas tes ongles s’enfoncer dans la chair de tes paumes. Tu ne vis plus que pour te venger désormais.
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Toi t'as jamais été fan de gosses. Faut dire que les seuls que t'as jamais fréquenté, ce sont ceux de l'orphelinat. Et t'avais leur âge. Mais tu les aimais déjà pas à l'époque. Toi tu t'étais ligué contre eux, contre eux tous, parce qu'ils avaient osé s'en prendre à ta Violet. Alors y avait elle, Aidan et toi contre le reste du monde. Avec tes cavales, t'as jamais pu te poser assez longtemps pour rencontrer des parents. T'es pas assez respectable, River, pour ne serait-ce que passer du temps avec un gamin. Alors quelque part, tu les aimes pas, sans vraiment savoir comment ça marche. Tu les comprends pas, et ils te comprennent pas. T'es sans doute encore un peu trop immature pour y réfléchir, faut dire. Pas prêt, c'est ça qu'on dit. Et tant mieux que t'ignores tout de la fausse couche de Skye, parce que ça t'aurait mis ta réalité en pleine gueule. Ezeckiel le père. Pas capable de s'occuper de lui-même en charge d'un gosse. C'est une sacrée blague. Mais quelque part, t'es content qu'Azenor ait trouvé sa voie. De ce que t'as pu voir des chemins plus « normaux » que le tien, dans la vie c'est quelque chose d'assez délicat. T'es pas à prendre en référence, ton parcours il est décalé, incompréhensible, il rentre pas dans les pourcentages, dans les normes. Mais pour les autres, être conscient de ce qu'on veut dans la vie, ça a l'air de n'avoir pas de prix. Puis quelque part, faut bien que l'éducation soit bien faite pour pas que les générations qui suivront la tienne soit aussi conne. Parce que les tiens, toi y compris, ça a du louper quelque part. La différence, c'est que toi on sait où tu t'es loupé, t'as juste arrêté l'école à quatorze ans. « Six ans, ils doivent faire presque ta taille non ? » Ouais, never gets old. Tu ricanes dans ton coin, mais tu finis par secouer la tête. « Je suis content pour toi. Si t'es heureuse effectivement, ce que tu gagnes est pas très important. » Mais toi ta relation à l'argent elle est plus compliquée que ça. Toi tu le volais, mais en fin de compte t'en avais rien à foutre. T'étais arrivé à un stade où t'aurais pu te baigner dans une piscine de billets verts, et pourtant t'en avais aucune utilité. Toi tu fais ça pour l'adrénaline. Et sans doute que c'est pire, parce que tu gagnes rien et t'y perds souvent tout.

Le sujet dérive, sur Ah Reum d'abord, puis sur autre chose. Ta faculté à disparaître, à demeurer introuvable. Ouais, tu peux dire que t'aimes voyager. C'est pas vraiment faux, en réalité, c'est même un plutôt bon résumé, mais c'est pas toute la vérité. T'as fait assez de conneries pour être fiché un peu partout en Europe. Alors t'évites de trop t'attarder dans telle ou telle ville. Dublin c'est risqué pour toi compte tenu de ce qu'a fait ton frère avant qu'il disparaisse des radars. Non pas que vous vous ressemblez tant, en vieillissant, mais surtout qu'on vous assimile beaucoup trop l'un à l'autre. La France, t'as tiré un trait dessus, d'ailleurs. Mais surtout parce que ça ravive la mémoire d'Orphée, et que t'es pas encore prêt pour ça. Tu le seras sans doute jamais, faut être honnête. Alors l'Irlande. Même si ça te fait mal, même si on parle de Skye, on parle de l'enfer, on parle de Lana. Même avec ça, t'as rien trouvé de mieux que Bray. T'as peut-être mis le doigt sur tes racines, si on regarde bien. « Y a rien de mieux que voyager seul. Prendre le temps, prendre du recul surtout. C'est assez magique. » Tu planifiais pas toujours des braquages, parfois vous passiez dans une ville juste pour vous y poser, pour visiter, pour faire sortir le tigre.

Tu hoches la tête alors qu'elle regarde les encadrés de tes dessins et tatouages. Ça te calme, en réalité. Le fait de dessiner. Ça endort un peu l'animal, parce que dans les temps qui courent, tu peux pas te permettre de le faire sortir trop souvent. Et il étouffe, au fond de toi, tu le sais, tu le sens. Et ça, ça le calme, d'une manière ou d'une autre. Toi aussi parfois t'aimerais pouvoir être plus lui que toi. Faire reculer la douleur un peu plus, encore un peu, pour ne pas avoir l'envie d'exploser à tout moment. Aidan. Il participe à ton malheur, mais en fin de compte, c'est rien par rapport à sa souffrance à lui. Et sans doute que tu la ressens aussi un peu, sa propre souffrance mélangée à la tienne, parce qu'il n'a toujours pas accepté la mort de Lana, tu le sais, tu le sens. Et même en te répétant inlassablement que c'est pas de ta faute, que tu l'as rejetée dès que tu l'as appris, c'est pas assez. Le reproche silencieux que même trois ans plus tard t'as pas su oublier. Pourquoi tu l'as pas tué, ce renard sauvage qui a détruit son bonheur ? Malgré tout, est-ce que t'as vraiment fait un choix, en décidant de ne pas en faire ? Mais tant qu'il sera pas revenu, ça restera sans réponse, et tu peux pas faire autrement qu'attendre. « Honnêtement j'en sais rien. Et si tu le vois avant moi, juste … Aide-le, okay ? » Parce que tu le sais, au fond, que t'es pas encore le bienvenue dans l'entourage d'Aidan. T'en es pas sûr, mais pourtant … Pourtant tu sais pas vraiment si tu peux te permettre de le contacter, parce que tu sais pas si tu vas pas te faire refouler, et t'as trop de fierté pour ça, même avec ton propre frère.

T'as l'impression que tout ton corps est devenu étranger. Tu entends ce qu'elle te dit, mais à l'intérieur, t'as ce vide qui se creuse. Ce vide qui était comblé par Ellen, comme une évidence, sans que tu t'en rendes réellement compte. Ce vide qui maintenant n'est plus rien, se montre à toi une fois que tu t'es rendu compte de l'absence de la mère, si ce n'est la tienne, celle qui en était le plus proche. Tu te sens coupable. Enormément coupable, mais c'est pas le moment. Et sans doute qu'elle a raison. Qu'est ce que t'aurais bien pu faire, après tout ? La réponse, tu l'avais quand même. « J'aurais dû être là pour vous soutenir. » Parce que c'est le rôle d'une famille, et que quelque part, même si c'était plus compliqué que ça, ils en faisaient partie. T'écoutes son récit en silence. Ça ne t'étonne pas. Cette femme, elle avait la bonté en elle, et ce n'était sans doute pas la première fois qu'elle se mettait en danger pour ceux qu'elle voyait. Elle s'était bien mise en danger quelques fois pour toi. « Tu connais l'identité des chasseurs ?» Cinq ans. T'es pas con, tu sais bien qu'elle doit mûrir une envie de vengeance depuis tant d'années. T'es passé par là avec Orphée.
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