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 Détruis-moi, sers-toi de moi, j'peux tenir encore [Wyatt]

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Charlie ó Banríon
Charlie ó Banríon
MESSAGES : 83
AGE DU PERSONNAGE : 29
RACE : Fée
MÉTIER/ÉTUDE : Femme de chambre au Dragon Hotel (larbin marche aussi...)


WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



Si sa poussière de fée enivrait Wyatt et lui faisait du bien, calmait ses tortures internes depuis le décès de Sarah, Charlie elle, c'était lui tout entier qui la transportait. Elle n'avait besoin de rien d'autre. Juste de lui. De ses yeux dans les siens. De sa main sur sa peau. De ses bras dans son dos. Il était ce qui faisait tourner son monde. Les couleurs sur une vie presque entière en noir et blanc.
Elle et Wyatt étaient leur propre addiction. Leur mutualité. Il la voulait pour ce qu'elle lui apportait, elle le voulait pour tout ce qu'il était. A son contact, la jeune femme respirait. Elle avait beau mener une vie compliquée encore aujourd'hui, dès que le sorcier était là tout devenait instantanément plus facile. Plus beau. Le monde à travers les yeux de Wyatt était beau. Même si depuis quelques temps, il était triste et avait perdu sa jovialité naturelle qui avait fait qu'à 14 ans déjà, son cœur battait pour lui. Sa morosité n'enlevait rien à ce qu'il était et elle voulait tellement qu'il s'en rende compte. Qu'il se rappelle que ce n'était pas lui, ça. Lui il était le garçon toujours près à faire les 400 coups une lueur rieuse au fond de ses merveilleux yeux bleus et qui n'avait pas peur de rire aux éclats. Elle comprenait sa détresse, mais ce visage de lui, lui manquait. Wyatt, il avait été la bouffé d'air. La source de légèreté et de bonheur qu'elle ne connaissait plus depuis le décès de son père et qui l'avait captivé. Il l'avait attiré tel son double aimant. Qu'importe à quel point elle avait essayé de s'en défendre, son regard se ramenait toujours vers lui. Il était l'insouciance, quand elle était déjà beaucoup trop adulte... La douceur et la prévenance, quand tout le monde au collège la regardait comme une bête étrange...

Charlie l'aimait pour tout ça et pour la place qu'il lui avait donné en lui révélant l'existence de la magie quelques années plus tôt lorsqu'ils s'étaient retrouvés. Grâce à lui elle n'était plus seule comme elle l'avait toujours cru et elle appartenait à quelque chose. Mieux, elle appartenait à son monde à lui. La première fois qu'il lui avait montré sa magie elle avait été plus fascinée et émerveillée qu'une enfant découvrant un feu d'artifices pour la première fois. Mais le moment le plus intense qu'elle avait sans doute expérimenté dans sa vie, avait été la première fois où elle avait lié sa magie à elle à son esprit. Elle avait déjà usé de ses capacités pour s'en sortir au fil de sa vie, mais le faire avec Wyatt... ça l'avait bouleversé jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle avait eu la sensation de toucher son âme. De la tenir, précieuse entre ses mains.
Depuis ils avaient répété la chose à plusieurs reprise et le jeu était devenu presque une habitude et une nécessité depuis qu'il avait perdu sa sœur. Elle se disait qu'ainsi elle l'aidait. Elle le préservait de lui-même. De ses souffrances. Mais égoïstement elle le faisait aussi pour elle. Parce que la fée ne se sentait jamais aussi proche de lui que lorsqu'elle lui offrait sa magie. Il s'abandonnait à elle avec une plénitude si forte, il se donnait tellement sans la moindre retenue, que Charlie s'en trouvait toujours complètement chamboulée et ressortait de tout ça dans le même état de torpeur que lui. Elle courait après ces instants. Plus elle donnait à Wyatt de sa poussière à inhaler, développait sa dépendance à elle, plus Charlie exacerbait sa propre addiction envers le sorcier... et donc sa peur de le voir un jour l'abandonner. Elle n'y survivrait pas. Alors non, elle ne lui refusait jamais ses demandes d'en avoir plus. Parce que tant qu'il en voulait plus, tant qu'elle pouvait insuffler en lui à quel point elle lui était essentiel, il ne la laisserait jamais.

Son casque de musique sur les oreilles, Charlie se dirigeait vers le cinéma. Il ne faisait pas chaud, aussi resserra-t-elle son manteau autour d'elle et pressa-t-elle le pas. Elle n'avait pas prévenu Wyatt de sa visite. Ils ne s'étaient pas vus depuis l'annonce de la mort de Leïla et elle ne savait pas trop dans quel état elle allait le trouver mais elle ne le laisserait pas tomber. Elle s'en voulait un peu... Elle lui avait dit qu'elle allait les chercher pour lui et elle avait sincèrement essayé de le faire mais elle n'avait pas réussi à les lui ramener tous les deux... A le protéger d'un nouveau deuil. Lorsqu'elle avait entendu la nouvelle de la mort de la sœur de son sorcier à la radio de flic qu'elle avait piqué, Charlie s'était effondrée au sol, avant de fondre en larmes. Pas pour Leïla, elle ne la connaissait pas. Mais pour Wyatt. Elle avait imaginé sa souffrance atténuée grâce à elle depuis la mort de Sarah ravivée. Elle avait revu défiler devant ses yeux rougis tous les mots si durs qu'il avait eu envers lui-même et le poids indéfinissable de l'accablement peser sur son corps affaissé dont elle s'était efforcée de son mieux de le décharger.
Charlie courrait presque dans les ruelles. Elle n'écoutait pas la fatigue qui pesait sur elle. Elle voulait juste être déjà avec lui. Lui rappeler qu'elle était là et qu'il n'était pas seul. Qu'elle pouvait porter tout ça pour lui. Elle s'était levée aux aurores pour se rendre à son premier job, était sortie tard de celui qu'elle avait au Dragon Hôtel, elle avait passé une journée de merde et était épuisée, mais qu'importe. Il avait besoin d'elle et elle allait être là.

Lorsqu'elle arriva devant le cinéma, elle ne le vit pas au guichet aussi décida-t-elle de passer par cette fenêtre qui ne fermait jamais et par laquelle elle se faufilait dans les lieux avant de renouer avec Wyatt afin de pouvoir regarder des films gratuitement.
Une fois à l'intérieur, Charlie passa rapidement par les toilettes histoire de se refaire une beauté. Elle venait pour lui apporter son soutien et le consoler, mais elle n'oubliait pas l'autre évènement essentiel, pour ne pas dire majeur qui s'était passé entre eux ici la dernière fois... Wyatt l'avait embrassé. Sous l'écran qui diffusait ses myriades de couleurs sur leurs corps entrelacés et ses ailes qui les couvraient, il l'avait embrassé.
Charlie sourit à son propre reflet au souvenir de ses lèvres sur les siennes puis se recoiffa un peu avant de le rejoindre, son cœur battant fort d'impatience de le retrouver. Elle revivait le moment en marchant. Ce moment qu'elle avait espéré et attendu tant de temps. Elle s'était d'abord légèrement reculée lorsqu'il s'était avancé, incertaine. On ne l'avait jamais embrassé avant ! Est-ce qu'elle saurait faire ? Est-ce qu'elle serait assez douée pour lui...? Mille questions avaient fusé mais face à son visage si bienveillant posé sur elle, elle s'était laissée aller... et elle avait implosé.
Charlie était encore incapable de mettre des mots sur ce qu'elle avait ressenti. Ca avait été beaucoup trop fort. Le monde s'était mis à tourner à l'envers et elle avait défié la gravité. Son cœur s'était arrêté avant de totalement s'emballer. Elle avait sentit leurs corps se rapprocher un peu plus et se trouver. Il l'avait tenue contre lui. Touchée comme il ne l'avait jamais fait. Charlie s'était sentie s'embraser et se consumer dans son baiser. Leur baiser...

Est-ce qu'elle devrait lui dire ce qu'elle éprouvait pour lui...? Ce moment entre eux signifiait quelque chose non ? Il lui avait dit en plus qu'il ne partirait jamais lorsqu'elle le lui avait demandé. Il avait promis et scellé le serment de ses lèvres sur les siennes.
Non ce n'était pas le moment. Ce n'était pas elle qui comptait là tout de suite mais lui. Rien que lui. Charlie le chercha à travers les couloirs ainsi que vers le stand de confiseries où il ne manquaient pas de faire des razzias. Ne l'y voyant pas non plus, elle essaya vers les salles. C'était bizarre. D'habitude lorsqu'il voulait regarder un film il l'appelait. Peut-être qu'il avait juste voulu s'isoler un peu et retarder son retour chez lui ? L'ambiance ne devait pas vraiment être super funky...
Son Wyatt... Est-ce que la vie, ou plutôt la mort ne pouvait pas lui foutre un peu la paix ?

- Wyatt ? appela-t-elle.

Rien... Charlie continua d'explorer les salles vides, jusqu'à entrevoir de la lumière à travers un des sasses d'entrée. Elle poussa la porte et reconnut Marty McFly à l'écran. Elle aimait bien ce film ! Il le lui avait fait découvrir un an plus tôt lorsqu'il avait été choqué de d'apprendre qu'elle ne l'avait jamais vu. Limite c'était un outrage total et il s'était donné pour mission impérieuse de rectifier la situation, lui faisait avaler d'office toute la trilogie d'un coup. Elle sourit, nostalgique et scruta l'obscurité.
Ah ! Il était là ! La fée descendit la première marche de l'escalier afin de le rejoindre et desserra ses lèvres afin de lui signaler sa présence... mais se figea lorsqu'une seconde silhouette lui apparu. What the fuck ? Elle fronça ses sourcils un instant, comme si elle avait peur de comprendre. Sa respiration se fit plus courte et son ventre se noua alors qu'une violente bouffé de chaleur l'envahit, aussi étouffante que glaciale. Leurs corps ils étaient... Avec qui il était...? Qu'est-ce qu'il faisait...?
Charlie cligna des yeux, laissant le temps à sa vision de s'adapter à l'obscurité. Son cœur comprit avant sa tête et avant même de le réaliser, elle s'enfuyait, sortant en courant. Elle heurta presque le mur faisant face à la salle, qui l'accueillit. Elle s'y adossa, ses doigts crispés dans ses cheveux. Elle haletait alors qu'elle se repassait la scène, ses yeux affolés perdus dans le vague d'une vision qu'elle aurait préféré s'arracher du cerveau !
Elle avait rêvé. Forcément ! Elle n'avait pas vu ce qu'elle venait de voir ! Parce que si elle avait vu ça, ça voulait dire que... ça voulait dire que...

Elle effleura ses lèvres qui portaient encore le goût de la bouche du sorcier.

Charlie suffoqua... Elle chercha l'air mais qu'importe à quel point elle l'appelait à emplir ses poumons, il restait insuffisant. Le peu qu'elle inhalait la brûlait. Depuis quand était-ce devenu aussi épais à respirer ? Aussi brûlant ! Ça faisait mal. Respirer faisait mal ! Exister faisait mal !
Ses jambes cessèrent de la porter sous le choc de la réalité qui commençait à prendre corps et la fée s'écroula parterre, repliée totalement sur elle-même. Elle avait l'impression qu'on essayait de lui arracher ses entrailles et chaque parcelle d'elle ! Que Wyatt cherchait à s'extirper de sous sa peau où il s'était pourtant insinué depuis si longtemps... Au supplice, Charlie crocheta ses mains sur sa poitrine qu'elle griffa dans une plainte déchirante. Elle voulait s'ouvrir en deux ! Se libérer des ces élans de douleurs qui la clouaient un peu plus au sol à chaque palpitation et qui la mettaient à la torture !
Elle le savait. Elle savait qu'elle n'était pas suffisante pour lui ! Elle avait été trop conne de se laisser aller à penser le contraire !

Charlie ferma ses yeux plus fort, voulant plus encore que de mourir que les visions de Wyatt et de ce type disparaissent de sa tête. Elle avait cru le trouver triste et en besoin d'elle ! Au lieu de ça elle l'avait trouvé en train de baiser un autre mec ?! Dans LEUR lieu ?! Ce cinéma c'était leur histoire putain comment il pouvait faire ça là ! Il l'y avait embrassé y'a pas si longtemps ! Il salissait tout ! Détruisait tout ! Elle le détestait d'autant l'aimer...
La fée avait eu sa dose d'épreuves et de douleurs dans sa vie. La perte de son père, l'état difficile de sa mère, ses tentatives de suicide, le décès de Ella, sa solitude... Mais cette fois, c'était pire. Tellement pire... Parce que ça touchait à Wyatt... Entravée par cette pensée, Charlie était incapable de bouger, incapable de crier. Son corps appartenait soudain aux nimbes... Elle se regardait depuis l'autre face d'un miroir ébréché, enfermée en elle-même, entravée des ronces acérées de sa peine qui la dévorait jusqu'à la faire disparaître sous les morsures de ses propres épines.
L'expression du visage de Wyatt, ses souffles, les baisers...
Charlie secoua sa tête voulant chasser tout ça de sa tête et pressa ses mains contre ses tempes. Non. Non, non et non ! Elle voulait oublier ! Elle voulait que tout ça quitte ses pensées ! Son corps tremblait. Il se débattait contre ce qui le lacérait. Il rejetait tout ça autant qu'elle. Charlie étouffait... Démaquillée par ses larmes, elle explosa enfin son visage plongé dans ses mains et pleura à gros sanglots.

Elle savait pourtant qu'elle ne pouvait pas rester là. Elle ne voulait surtout pas risquer les voir tous les deux et encore moins croiser les yeux de Wyatt alors qu'elle était aussi défaite ! Il avait perdu ce droit...
Charlie se releva en essuyant ses yeux rougies et s'enveloppa de ses bras fébriles. Elle avança en s'aidant du mur jusqu'à la porte de service. Elle avait beau connaître le cinéma par cœur, elle se sentait perdue. Totalement ailleurs. Elle savait où elle se trouvait, sans le savoir vraiment... Elle errait comme l'âme perdue qu'elle était.
La fée poussa la porte et laissa l'air froid extérieur l'agresser de sa morsure sur ses joues trempées. Elle laissa ses pieds la guider et la ramener jusqu'à chez elle. Dans la rue, elle entendait les gens parler entre eux mais elle était incapable de discerner le sens de leurs mots. C'était comme si elle s'était trouvée sous l'eau... Tout était trouble et raisonnait dans le lointain. Charlie continua d'avancer tel une automate sans s'arrêter, ses mains tenant son sac contre sa poitrine, se donnant ainsi l'impression de retenir un peu son cœur et de l'empêcher de s'éparpiller partout...

********

Charlie avait replongé dans sa solitude. Elle avait perdu la notion du temps. Ses journées étaient devenues une suite de répétitions mornes et continuelles. Elle se levait, prenait soin de sa mère, allait travailler, faire quelques courses, rentrait, faisait ce qu'il y avait à faire à l'appartement, s'occupait à nouveau de sa mère puis allait se coucher. Rien de plus, rien de moins. Elle ne surveillait même plus son portable à chaque heure de chaque jour. A quoi bon...? La seule personne qui l'appelait ou lui écrivait, elle ne voulait plus la voir. Il pouvait toujours essayer de lui demander de se retrouver, elle l'enverrait bouler ! Elle ne viendrait pas si il appelait ! Qu'il se démerde sans elle si elle était si facilement interchangeable ! Qu'il aille se faire foutre elle n'avait pas besoin de lui !

Pourtant lorsque son téléphone sonna et qu'elle vit son visage s'afficher... Charlie sentit son cœur démentir ce que sa tête clamait haut et fort... Elle pinça ses lèvres et résista un instant. Faisant sa mauvaise tête, Charlie jura et jeta son portable plus loin sur sa couette, lui tournant le dos presque théâtralement. NO WAY ! C'était trop facile merde !
La seconde suivante pourtant, elle fut près de son lit... Evidemment que si elle avait besoin de lui... Elle aurait toujours besoin de lui... Il était son monde. Et elle se détestait pour ça mais elle n'avait qu'une envie, courir le rejoindre comme il lui demandait de le faire... Parce que malgré tout, il lui manquait et qu'elle crevait d'envie de le voir... Il la sollicitait. Il lui demandait de venir le retrouver... Il voulait passer du temps avec elle...

Soupirant, elle lui répondit qu'elle arrivait. Elle appréhendait de se retrouver face à lui cela dit... Comment elle allait réagir...? Qu'est-ce qu'elle allait lui dire...?
Elle verrait bien sur place.
Enfilant sa veste, elle quitta l'appartement en direction du lieu de rendez-vous qu'il lui avait donné. C'était... glauque. Perdu au milieu de rien dans les quartiers chelous. Pourquoi ici ? Il n'y avait franchement rien à voir ! Ça ne lui ressemblait pas. Charlie s'enfonça dans le bâtiment  désaffecté en regardant un peu partout autour d'elle à la recherche de Wyatt.
Lorsqu'elle le vit, elle sentit son cœur se contracter douloureusement dans sa poitrine. Elle fit appel à toute la force qu'elle avait en elle pour ne pas se démanteler totalement face à lui et composa son masque. Elle ne l'avait plus porté depuis tellement longtemps en sa présence...

- Salut...

Charlie se sentait tiraillée par tout ce qu'elle éprouvait et qu'elle taisait. Elle lui en voulait de ce qu'il avait fait sans en avoir conscience et en même temps elle était soulagée d'être avec lui... Elle se disait que finalement... elle pouvait endurer encore d'avantage si ça lui permettait de l'avoir dans sa vie... Parce que clairement, elle était incomplète si Wyatt n'était pas avec elle. Elle avait essayé de se persuader du contraire, mais être sans lui avec la perspective de ne pas le revoir ces derniers jours avait été pire qu'une agonie.


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Wyatt Kendrick-Smith
Wyatt Kendrick-Smith
MESSAGES : 247
RACE : magicien
MÉTIER/ÉTUDE : guichetier au cinéma


WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



Nous avons retrouvé un corps qui pourrait correspondre à celui de Leïla sur la crique.
Je suis vraiment désolé

La voix du flic qui avait tapé à la porte de la ferme, interrompant le repas le plus silencieux que la maisonnée avait connu depuis longtemps, tournait encore et encore dans la tête de Wyatt. Il avait fallu l’identifier, ce que Jake avait fait. Personne d’autre que lui n’était assez fort pour supporter la douleur de voir encore un cadavre de plus au sein de la famille Jones. Comme s’ils avaient le choix, pourtant. Ils étaient bien obligés de supporter l’injustice, ce sort qui s’acharnait de nouveau sur eux, ne leur laissant aucun répit, tandis que le jumeau de celle dont ils devaient faire le deuil en silence n’était toujours pas revenu. Comment pouvaient-ils se laisser aller à la souffrance alors qu’on leur demandait d’avoir encore une once d’espoir pour celui qui ne semblait pas encore mort? Mais il l’était, c’était, pour tous, une certitude. Aucun des leurs n’allait leur être rendu. Ni Anthony, ni Evan. Pourquoi l’univers se montrerait-il clément maintenant alors qu’il n’avait offert que douleur jusqu’ici? Le magicien n’était pas le seul à le penser, il le savait, mais il ne pouvait décemment traduire ça à haute voix. Pour sa mère du moins. D’un regard, il sut pourtant que Soren et Ely n’en pensaient pas moins. La guerre entre les deux hommes n’était pas terminée, mais d’un accord tacite, elle était mise en pause. La famille avait besoin de toutes les ressources possibles pour survivre encore. Sans Sarah pour les unir et s’ils voulaient laisser à Samantha et leur grand frère l’opportunité de fermer les yeux et se reposer un peu, ils devaient être là. Même le coupable, même le meurtrier. Tous.
Alors Wyatt avait enfermé son téléphone dans un placard, s’était coupé du monde … Du moins lorsqu’il ne devait pas se rendre au cinéma pour travailler ou auprès de James. Il avait également reçu la visite de Cathan, mais on ne pouvait pas dire qu’il comptait réellement dans la balance. Il n’était que douce pause dans son quotidien chaotique, comme un rêve de bienheureux qu’on faisait lorsque l’on avait plus rien à perdre. Il ne doutait pas qu’il n’était pas grand-chose pour lui tout comme il ne représentait que trêve et plaisir de son point de vue.
Pour le reste, il n’y avait plus rien. Plus de Jonah, plus de Kenan, plus de Charlie. Il n’avait pas tiré un trait sur eux, ce n’était pas ça. Mais s’il ne leur avait rien dit, il était persuadé qu’ils savaient tous ce qui était arrivé à Leïla et qu’ils comprenaient son besoin de n’en parler qu’avec sa famille. La douleur était bien trop présente, menaçant de le détruire, et c’était quelque chose qu’il devait éviter, tout comme les regards de pitié, les condoléances et les lettres compatissantes. Et s’ils ne saisissaient pas, s’ils lui en voulaient à ne plus lui adresser la parole … Et bien tant pis, ce serait ainsi. Les Jones passaient en premier, comme toujours. Il les avait bien trop mis à l’écart.

En vérité, il y avait une raison pour laquelle il ne pouvait, en théorie, pas se passer de Charlie plus que de tous les autres. Ce qu’elle lui fournissait, au-delà de son amitié, ce besoin qu’il ressentait et qui était encore tabou dans ses propres pensées, il l’avait pourtant trouvé ailleurs à un coût bien plus élevé. Mais avait-il seulement le choix? Dans ses pensées, c’était certain qu’il ne l’avait pas. Il ne pouvait, pour le moment, affronter le monde. Inconsciemment, il savait que cela avait un rapport avec la dernière fois qu’ils s’étaient vus, même s’il ne se souvenait de presque rien. Il ne pouvait pourtant s’y attarder, déjà bien trop préoccupé qu’il était par ses propres démons. Alors il avait pris la facilité, s’était rendu au Smooth et avait su trouver le bon contact. Les dealers étaient nombreux dans ce coin de la ville, mais il avait les bons noms, ceux qui vendaient autre chose que les addictions humaines. Il n’en était plus là. Mais quiconque avait un jour goûté la poudre d’une fée serait sans doute d’accord pour dire qu’il n’y avait aucun moyen de revenir en arrière. Peut-être Charlie avait-elle eu trop d’emprise sur lui qu’il ne se voyait pas vivre sans, mais quelle serait sa réaction lorsqu’elle se rendrait compte qu’il se fournissait chez quelqu’un d’autre? Ce n’était pas la même chose, pas la même force, pas la même drogue. Mais ça faisait le boulot. Un petit rail d’un côté, quelques visions de l’autre et cette impression d’échapper à sa propre vie qui lui procurait un peu trop de bonheur.

C’est sous emprise qu’il vit pour la première fois ce qu’il devait faire. Sirius. Les retrouvailles avec son ex petit-ami avaient été bien étranges, mais ce n’était pas ça. C’était bien différent. Il sentait depuis lors sa magie se réveiller, lui qui avait juré ne jamais l’utiliser de nouveau après la mort de Sarah. Le pousser. Il s’était fourni de nouveaux grimoires, difficiles à obtenir, peu recommandés pour les débutants. Une fois n’était pas coutume, c’était encore au Smooth Criminal qu’on lui en avait parlé. Il fallait dire qu’avec les contacts du Brown et le fait qu’il ait su, au fil des années, gagner la confiance des habitants de Bray, il avait eu des facilités à grappiller des noms. Sans compter les autres magiciens qui ne se doutaient pas une seule seconde de ce qu’il voulait en faire. Il avait tenté. Il avait expérimenté. Il avait raté. Il s’était même fait prendre par une humaine à moitié ivre morte au milieu des bois. Mais il avait persévéré et avait vu ses pouvoirs augmenter. Petit à petit, sort après sort, échec après échec. Ce n’était que le début mais il pouvait sentir la magie évoluer, se transformer. Et dire que la plupart ne l’utilisait que pour des sorts bénins. On ne peut pas dire qu’il croyait, au départ, à cette idée folle. Pouvait-on seulement faire se relever les morts? Le pouvoir de la vie était bien trop dangereux pour qu’il existe un moyen pour de simples humains d’en avoir le contrôle. Et pourtant, il existait un moyen. Et peu à peu, dans son esprit, la conviction qui avait déclenché sa folie des grandeurs, son avide besoin de pouvoir: il pourrait bientôt revoir Sarah, Leïla et son père. Ce n’était qu’une question de temps.

***

Wyatt ne comptait plus les jours qu’il avait passé sur ses livres et sur ses incantations en remplacement du sommeil. Ses yeux ne restaient ouverts que grâce à la poudre qu’il ingérait de manière bien trop régulière et fréquente. A l’instar de la cocaïne, elle ne lui donnait que plus envie de s’activer, et la descente n’en était que plus terrible. Il ne pouvait, pourtant, pas s’exercer à la ferme. Il s’était donc trouvé, dans une des ruelles les plus sombres de Dragon Alley, un immeuble qui n’était plus habité que par quelques sans-abris parfois. Il fallait toujours faire attention au sol de ces endroits, les seringues jonchant généralement le sol. Mais sa pièce, il l’avait nettoyée, y avait installé quelques bougies, presque automatiquement présentes dans ses essais.

Ce soir, il tentait quelque chose de plus dangereux que ce qu’il n’avait jamais fait. Il n’avait pas encore toutes les clés pour la finalité de son plan, ni même l’approbation de Sirius pour beaucoup d’aspect, mais le développement de ses pouvoirs le menaient à des expérimentations qui allaient au-delà de ce qu’il pensait pouvoir faire. Il avait trouvé un sort pour pouvoir passer, à l’aide de la poudre de fée et par l’intermédiaire des visions qu’elles lui offraient, dans un temps donné, du côté des fantômes. Le sort n’avait, apparemment, jamais été testé. Il n’y avait, en tout cas, aucun rapport de réussite. Mais ça ne voulait rien dire. Et c’était sans aucun doute le premier pas. S’il pouvait toucher Sarah, rien que la toucher, la serrer dans ses bras … Qu’est-ce qui l’éloignait encore de la faire revenir?

Il avait tout préparé. La poudre, les ingrédients annexes. Tout était chronométré à la seconde près. Il commençait à maîtriser son sujet. Pour se lier à ses vision, son corps au fantôme qu’il devait voir, il avait besoin de son sang, qu’il recueilli dans le bol qui lui servait d’outil de préparation. Il s’entailla la main, grimaçant sous la douleur. Ce n’était pas grand-chose face au sang du félin qu’il avait dû ingérer, mais tout de même. Il sait qu’il n’a fait aucune erreur, cependant, lorsqu’il mit la poudre, rien. Pas une flamme, pas une étincelle. Quelque chose clochait.

Wyatt n’était pas le jeune homme le plus stupide, même s’il aimait à le faire croire. Il avait l’intelligence qu’on voulait bien lui accorder et il se rendit bien vite compte qu’il manquait l’élément le plus logique à son incantation. La poudre de fée qu’il avait achetée convenait peut-être pour se mettre en trip, mais la magie noire demandait bien plus que ça. Et pour ça, il ne connaissait qu’une personne susceptible de l’aider. Charlie. Encore une chance qu’il ait pensé à prendre son téléphone. Il l’oubliait bien souvent ces derniers jours. Mais lorsqu’il s’éloignait de la ferme, il avait toujours cette peur que l’on apprenne la mort d’Anthony sans qu’il ne soit présent.

Le magicien n’eut pas à attendre longtemps avant que la jeune femme n’arrive après l’envoi de son message. Au fond, il le savait. Il ne s’en rendait pas compte, et ça rendait les choses encore plus terribles, mais il avait appris à toujours compter sur Charlie parce qu’il savait à quel point elle était faible face à lui. C’était une facilité qu’il n’aurait jamais voulu exploiter en temps normal … Mais était-il dans son état normal? Les pupilles dilatées et installé au milieu d’un bordel organisé de bougies, plantes en tout genre, crânes de rongeurs et pentacles dessinés au sol. Mais c’était devenu son quotidien. “Hey !” Un sourire vint se poser sur son visage lorsqu’il la vit. Il était tellement ancré dans sa propre existence qu’il ne prit même pas la peine de voir le trouble dans l’expression de sa meilleure amie. Il ne pensait à rien qu’à ce qu’il se devait d’accomplir. Ce n’était pourtant pas dur de voir qu’il allait falloir plus que ça à Charlie pour comprendre ce qui l’amenait ici presque au milieu de la nuit. Jetant un regard autour de lui, il haussa les épaules. “ J’ai … En quelques sortes … Repris la magie. Désolé du vrac, j’essaie de nouveaux trucs. Je suis désolé d’avoir disparu c’est plutôt … Compliqué. A la ferme je veux dire.” Il lui devait des excuses. Comme à Jonah, comme à Samira. Mais tout viendrait en son temps. Lorsqu’il aurait réuni sa famille, il pourrait s’excuser autant qu’il le voulait. Ce n’était pourtant pas le moment de dévoiler tout ça. Enfin, son regard bien qu’agité, se posa sur le visage fermé de Charlie et le jeune homme fronça les sourcils. “ Tout va bien? Tu m’as manqué tu sais…” D’un geste, Wyatt tenta une approche vers la jeune femme pour la prendre dans ses bras sans savoir si elle n’allait pas le rejeter.  



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Charlie ó Banríon
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WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



On attendait d'elle qu'elle comprenne. On attendait d'elle qu'elle soit indulgente. Wyatt venait de perdre une seconde sœur et Charlie était supposée accepter le fait qu'il avait besoin d'être auprès de sa famille. Tous ses amis le pensaient et n'y voyaient pas d'inconvénient en dehors de leur propre inquiétude face au silence du sorcier. Mais il avait besoin de temps pour guérir de cette nouvelle plaie qui en recouvrait une autre encore bien trop fraiche, alors personne ne trouvait rien à y redire.

Personne, sauf le cœur de la fée... Wyatt l'avait enfin embrassé. Après toutes ces années à l'aimer en secret, à espérer chaque jour qu'il la voit enfin véritablement, il lui avait permis de vivre à ses lèvres pour quelques heures. D'être en écho des battements de son cœur enivrés par la poussière de fée de laquelle elle l'avait enveloppé. Charlie s'était autant perdue que trouvée dans ce baiser et les jours qui avait suivi cette nuit de magie lui avaient tous semblé plus beaux. Les couleurs étaient plus vives. Le monde plus vibrant. Juste parce qu'elle savait désormais le goût de sa bouche et que le souvenir de sa peau sur la sienne, de son étreinte même si chaste, continuait de lui brûler l'épiderme partout où ses mains s'étaient posées. Elle avait découvert d'une nouvelle façon ce que ça faisait, que de sentir la chaleur du corps d'un homme, de l'homme qu'elle aimait, franchir la barrière de ses vêtements pour venir se communiquer au sien.
Lorsqu'elle avait appris la nouvelle pour Leïla, Charlie avait pleuré. Pas pour elle, mais pour lui... Pour Wyatt. Elle avait enfin réussi à le ramener d'avantage vers elle et surtout, à lui rendre ses sourires. Il était moins accablé, porté par les traces de sa poussière qui demeurait en lui. L'avantage d'être dotée d'une magie totalement brute sans doute. Charlie n'avait pas conscience à quel point sa magie était puissante juste parce que ça lignée depuis son commencement n'avait jamais été entachée par du sang humain. Elle ne mesurait pas combien son sang de fée était rare et précieux, pour ne pas dire unique.
Elle était restée pétrifiée face à l'annonce faite à la télé par la présentatrice et avait laissé tomber son assiette de cantine absolument dégueu parterre. Le Dragon hôtel avait beau faire quelques efforts culinaires pour ses clients, en ce qui concernait son personnel c'était clairement une autre histoire ! Charlie avait sentit son cœur exploser dans sa poitrine et avait du aller trouver refuge au vestiaire un instant, l'angoisse au ventre. Rien qu'à imaginer la réaction de Wyatt face à cette nouvelle affreuse, elle s'était sentie crever sur place. Charlie pouvait porter sa propre douleur mais le voir lui avoir mal, ça la mettait à genoux... Elle souffrait d'autant plus qu'elle s'en était voulu de ne pas avoir réussi à retrouver Leïla. Elle avait essayé. Elle avait vraiment essayé de la lui rendre et avait eu l'intention d'aller continuer ses recherches après son travail ce soir, mais c'était trop tard...
Dans quel était devait-il être...? Elle s'était hâtée de terminer ses tâches de la journée et précipitée au cinéma pour lui donner le soutien dont il avait besoin. Charlie se donnait corps, cœur et âme pour Wyatt. Elle était capable de totalement s'oublier pour lui. Ce soir là elle était éreintée, pour ne pas dire au bord de l'épuisement aussi bien physique qu'émotionnel et pourtant elle avait accouru à lui. Elle lui avait promis de chercher les jumeaux à sa place, pour lui, comme il se l'interdisait et que sa famille ne le laissait pas d'avantage faire préférant le blâmer de la mort de Sarah mais elle avait échoué et elle espérait qu'il ne serait pas fâché contre elle... Elle pouvait tout endurer mais pas que son sorcier la méprise... Elle n'y arriverait pas et surtout pas désormais qu'il lui avait donné son tout premier baiser...

Elle ne s'était juste pas attendue à ce que ce soit elle, que ce sentiment vienne étreindre un jour... Charlie s'était retrouvée si démunie, si... bête ! Elle l'avait haï de l'aimer autant... De lui faire ressentir ce qu'elle avait ressenti en le surprenant... Charlie avait cru le trouver abattu, léthargique et même en proie à quelques sanglots qu'il se serait efforcé de contenir mais au lieu de ça, elle l'avait trouvé en train de baiser avec un espèce de sale con sorti d'elle ne savait où ? Au ciné ?! A donner si aisément ce qu'elle avait mis des années à recevoir ?! Comment ? Pourquoi ?! C'était injuste ! C'était ELLE qui avait toujours tout fait et tout donné pour lui ! Elle qui l'avait porté à la mort de Sarah ! Elle vers qui il s'était tourné ! Elle qu'il avait voulu à ses côtés pour surmonter cette épreuve !
Ses pires traumatismes avaient resurgi. Charlie était à nouveau une enfant perdue dans ce monde qui semblait ne pas vouloir d'elle et elle y était seule... Ses démons dansaient autour d'elle. La jeune femme pouvait sentir l'étau de leurs serres se lier autour d'elle à l'empêcher de respirer depuis ce soir là.
Elle n'était pas suffisante pour Wyatt... Wyatt lui préférait quelqu'un d'autre...

Et pourtant elle était là, répondant présente pour lui comme à chaque fois malgré son cœur en miettes. Elle ne pouvait pas s'en empêcher...
Charlie avait son visage tendu, pour ne pas dire défait mais elle s'efforçait de son mieux de garder contenance et de ne pas totalement s'effondrer à mesure qu'elle s'avançait à sa rencontre. Le regarder lui était douloureux... Chaque pas vers lui semblait donner naissance à une douleur sourde qui la percutait de plein fouet. Elle le revoyait dans les bras de ce mec alors que y'a pas si longtemps que ça, elle se trouvait dans les siens... Elle lui avait montré ses ailes et ses cicatrices cette nuit là, mais il lui avait certainement laissé la plus cuisante de toutes. Elle la sentait encore suinter et la brûler de l'intérieur.
Son amour propre lui disait qu'elle ne devrait pas être là... Qu'elle aurait du s'en tenir à ce qu'elle avait décidé et l'ignorer jusqu'à ce qu'il réalise qu'il l'avait blessé ! Des jours étaient passés sans qu'il ne la contacte. Rien... Pas même un message... De par son silence, son ignorance, Wyatt avait continué de la meurtrir.
Le sourire qu'il lui offrit en la voyant, ne lui apporta aucun réconfort. Au contraire, son ventre se noua et Charlie cessa d'avancer, déglutissant péniblement. Elle devrait partir ! Elle devrait fuir et le laisser ici tout seul ! Puisqu'apparemment elle était si aisément interchangeable ! Mais ses pieds refusaient de lui obéir. Son palpitant bien que totalement piétiné, continuait de battre de ses vestiges juste pour cet homme même si chaque pulsion lui donnait la sensation de mourir sur place. Elle revoyait la scène... Cette scène qui n'avait duré que quelques secondes mais qui dans sa réalité alternée, se distortionnait pour durer bien trop de temps qu'il n'en fallait.

- Hey !

Ce simple mot suffit à faire se rendre compte à la fée qu'elle préférait avoir mal à en hurler plutôt que d'être loin de lui... Wyatt avait ce pouvoir sur elle. Elle l'avait peut-être rendu accro à sa magie, lui l'avait rendu totalement accro à lui. La moindre attention du sorcier valait bien souffrir tous les maux du monde pour Charlie.
La jeune femme jeta un coup d'œil autour d'elle, détaillant quelque peu les lieux lugubres. Elle était déjà venue ici lorsqu'elle recherchait les jumeaux mais elle ne s'était pas enfoncée si profondément dans le bâtiment et elle n'avait clairement pas remarqué tout ce bric-à-brac. C'était quoi ce délire ? Ça ressemblait à une scène de film comme il lui en avait montré sauf que c'était typique ambiance magie noire avec les cranes, le pentacle, les bougies et tout le bordel ! Qu'est-ce qu'il foutait ici au milieu de tout ça ?

- J'ai... En quelques sortes … Repris la magie, expliqua-t-il.

Comment ça il avait reprit la magie ? Il avait dit qu'il ne voulait plus y toucher après la mort de Sarah ! Elle lui avait dit de ne pas faire ça, de ne pas se renier et de continuer à être ce qu'il était tant elle n'avait su que faire d'elle-même dans ce monde et tant elle avait besoin qu'il fasse partie de ce nouvel univers où il lui avait donné sa place ! Il avait refusé et voilà que là il s'y remettait ?
Sur le principe, ça aurait du lui faire plaisir car c'était tout ce qu'elle avait voulu pour lui, qu'il retourne à sa nature de sorcier pour autre chose que quelques tours afin de l'amuser et l'émerveiller mais... pourquoi ça ne lui plaisait pas...? Pourquoi elle avait ce mauvais pressentiment qui lui glaçait l'échine ?

- Désolé du vrac, j’essaie de nouveaux trucs. Je suis désolé d’avoir disparu c’est plutôt … Compliqué. A la ferme je veux dire.

Cette phrase... Malgré toute la meilleure volonté du monde, Charlie ne parvint pas à faire autrement que tiquer. Un éclair torturé et plein de reproche fusa dans ses iris claires. Il était cruel... Elle sentit son nez la piquer en prémices aux larmes qui lui montaient aux yeux. Sérieusement ? Il lui refusait le coup ? Il n'avait pas le droit de lui dire ça ! Il lui avait dit exactement la même chose ce jour là au cinéma avant qu'elle se mette littéralement à nue devant lui ! Elle avait choisi de lui pardonner et d'être compréhensive parce qu'elle savait combien il vivait mal la mort de sa sœur, mais là elle ne pouvait pas ! Pas deux fois ! Bon sang il la tuait ! C'était trop facile de s'excuser d'avoir disparu et de dire que c'était compliqué à la ferme ! Après ça allait être quoi ? Il allait encore l'embrasser et faire comme si rien n'était jamais arrivé ? Parce que en attendant, là il ne l'embrassait pas non plus pour lui dire bonjour... Du coup quoi, ça ne voulait rien dire...? Il lui reprenait ça aussi...? Ce merveilleux moment était rayé de leur histoire...?
Il croyait que c'était pas compliqué pour elle peut-être ?! Que sa vie était simple ?! C'était loin d'être le cas et pourtant elle le faisait toujours passer avant tout ! Et surtout avant elle-même. La preuve en étant sa présence ici...

- Tout va bien ? Tu m'as manqué tu sais...

Charlie pinça ses lèvres dardant sur Wyatt une expression emplie de détresse. Non tout n'allait pas bien ! Rien n'allait bien putain ! Elle lui avait manqué aussi... quand il était avec l'autre...? La larme roula. Puis la seconde. Charlie laissa Wyatt l'approcher mais son cœur semblait prêt à imploser. Elle le vit ouvrir les bras et se figea, incertaine. Est-ce qu'elle voulait qu'il la touche ? Il y a quelques jours encore elle ne vivait que pour ce genre de moments mais voilà qu'elle l'appréhendait... Elle le laissa pourtant l'envelopper et se blottit même un instant dans ses bras, le serrant très fort. Peut-être espérait-elle que ça rattraperait tout. Que ce câlin la guérirait. L'aiderait à aller mieux et lui pardonner juste parce qu'elle était contre lui. Durant une seconde, ce fut le cas. Elle s'abandonna contre lui mais elle réalisa très vite que plutôt que lui rendre ses souffles comme à son habitude, il les lui volait. Une fois de plus, elle le visualisa avec l'autre et soudain elle était incapable de rester entre ses bras. Charlie eu un mouvement révulsé et se recula comme si Wyatt venait de lui faire mal, s'enveloppant de ses bras comme pour se protéger de cet horrible sentiment qui l'accablait. Elle avait le souffle court mais qu'importe à quel point elle cherchait à respirer, l'air était épais et asphyxiant...

- Pourquoi tu m'as appelé...? Qu'est-ce que tu veux...?

Charlie n'était jamais agressive avec lui. Surtout après les derniers évènements. Et pourtant là, elle mordait. Sa voix était teinté d'une étrange émotion qui la rendait tremblotante, mais sèche... Il aurait pu appeler l'autre ! Puisque visiblement il semblait tant apprécier sa compagnie !
Malgré son trouble, en faisant un nouveau tour d'horizon de la pièce, elle avisa soudain un peu mieux la disposition des choses et chaque élément les composant. C'était bien du sang qu'elle voyait dans la coupelle ? Charlie tourna son regard vers la main de Wyatt et blêmit légèrement. Il s'était entaillé ? C'était son sang là dedans ? Elle s'approcha en prenant soin de ne pas passer trop près de lui et détailla le pentacle, les plantes, les ossements... C'était flippant son truc ! Et ces bouquins là c'était quoi ? On les aurait dit sortis de la série où y'avait les trois sorcières ! Et puis il y avait aussi...
Charlie fronça ses sourcils fins et se pencha pour ramasser un contenant qui l'intrigua. Elle le porta à son regard curieux puis récolta un peu de la substance sur ses doigts afin de mieux se rendre compte. Putain ! Elle se tourna vers Wyatt, haletante, la sensation au corps qu'il venait de la pousser dans le vide.

- C'est quoi ça ?!

Elle posait la question mais elle connaissait la réponse et les pleurs coincés dans sa gorge le lui disaient très clairement. De la poussière de fée. Ou plutôt un reste infime. Se relevant, elle s'avança vers le sorcier avant de saisir son menton pour regarder ses yeux. Il avait les pupilles totalement dilatées. Ils ne s'étaient pas vu depuis un moment maintenant et il ne semblait pas plus que ça dans l'attente de sa poussière. La vérité se fit un chemin toute seule jusqu'à Charlie qui lui lança la fiole à travers dans un excès de rage autant que de chagrin.

- Vas te faire foutre Wyatt ! J'me casse d'ici ! 

Il n'aurait pas pu la trahir une seconde fois d'une meilleure façon. D'abord il l'embrassait pour aller ensuite se taper quelqu'un d'autre et voilà que maintenant il sa fournissait en poussière de fée ailleurs ? C'était quoi son problème bordel ?! Pourquoi il lui faisait tout ça ?! Qu'est-ce qu'elle lui avait fait ?! Il détruisait tout ! Il gâchait tout ! Charlie était possessive envers lui mais là, ça allait bien au delà de ce sentiment. Elle se sentait tellement bafouée... Tellement perdue... Tellement... insignifiante... La jeune femme se servait régulièrement de son don pour tirer profit de certaines situations, mais donner sa poussière de fée comme elle le faisait avec lui, elle ne l'avait jamais fait avec personne d'autre ! C'était l'acte le plus intime qu'elle avait jamais fait de sa vie car elle ne se contentait pas de la lui faire ingurgiter, elle se connectait à lui autant que sa magie le connectait à elle. Alors l'idée qu'une autre que la sienne ait pu entrer en lui... C'était trop pour elle.



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Wyatt Kendrick-Smith
Wyatt Kendrick-Smith
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MÉTIER/ÉTUDE : guichetier au cinéma


WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



L’esprit de Wyatt était embrouillé, mais pas assez pour qu’il ne remarque pas le trouble chez sa meilleure amie. Il savait qu’il devrait s’en vouloir d’avoir disparu sans même laisser un signe, sans une parole pour la prévenir qu’il prenait ses distances, mais il n’y arrivait pas. C’était ce dont il avait besoin, seulement pour oublier un moment qu’il était submergé, que la vie allait beaucoup trop vite, semant des drames à n’en plus finir dans la ferme des Jones. Alors il ne s’en voulait pas, mais sûrement parce qu’il n’avait pas le recul nécessaire pour voir à quel point Charlie dépendait de lui. La relation qu’elle attendait du magicien était bien loin de celle qu’il était prêt, pour l’instant, à lui donner et ni l’un ni l’autre ne voulait réellement le regarder de cette façon. Lui préférait ignorer, cachant dans son inconscient la dernière scène jouée ensemble, oubliant le baiser et ce qu’il avait pu signifier pour elle, se réfugiant dans un deuil qui, à défaut d’être rassurant, avait un goût de terrain connu. Si on lui posait la question, c’était de bonne foi qu’il dirait qu’il n’avait aucune foutue idée de la raison pour laquelle Charlie était si mal en point, si triste, si désespérée, si en colère après lui. Parce que ça, malgré les restes de poudre qu’il avait dans l’organisme, il le comprenait bien. Ce n’était pas contre le reste du monde que la fée en avait, mais contre lui. D’aussi loin que Wyatt pouvait remonter ses souvenirs, ce n’était jamais arrivé. Etait-il assez égoïste pour le laisser passer et ne pas s’en soucier, faire valoir ses objectifs en lieu et place des sentiments de celle qui pourtant, était la plus proche de lui depuis longtemps? Egoïste peut-être pas, mais certainement que son comportement obsessif et inquiétant à l’idée de faire revenir ses soeurs à la vie n’aidait pas à user d’empathie en cet instant. Pourtant il devait s’y forcer. Il ne reconnaissait pas Charlie et le sourire qu’il lui offrait, même s’il n’était pas  celui auquel elle était habituée, n’amena aucune réponse et il finit par s’effriter sur son visage, ses sourcils se fronçant, alors qu’elle se blotissait tout de même dans ses bras.

L’instant lui donna une sorte d’apaisement, sans pour autant qu’il n’en remarque la nature presque dramatique. Il cessa pour quelques secondes de s’agiter dans tous les sens, laissant la chaleur de Charlie calmer ses sens. Puis d’un coup, elle le repoussa. Elle pleurait presque devant lui, sa voix ne devenant rien d’autre qu’une agression. Quelque chose n’allait pas, rien n’allait. Ce n’était pas ce que Wyatt avait prévu, programmé, ce n’était pas comme ça qu’il voyait les choses et ça devait changer. Pourquoi tout ne marchait pas comme c’était sensé le faire? “ Je vais t’expliquer, mais avant c’est à ton tour de parler, pourquoi tu es dans cet état?” Ni l’un ni l’autre ne semblait se trouver dans la relation qu’ils partageaient habituellement et dans l’esprit embrumé du magicien, c’était une fausse note qui devait se réparer. Il ne pouvait imaginer à quel point il avait merdé, il était de ces hommes qui font des fautes sans s’en rendre compte et blessent sans le vouloir pour ne jamais réussir à démêler les mystères d’attachements volant en éclats. “ C’est parce que je t’ai pas appelé? C’est ta mère? Tu sais que tu peux me parler, je comprends pas…” Comme d’ordinaire, il laissait ses pensées s’échapper avant même d’y réfléchir, c’était quelque chose qu’il avait l’habitude de faire en cas de stress un peu trop profond. Et cette soudaine attitude qu’il n’avait pas vu venir l’avait déclenché.

Wyatt aurait espéré qu’elle mettrait plus de temps à apercevoir le sachet contenant la poudre de fée. Il aurait aimé avoir le temps de lui expliquer à quel point il en avait besoin, qu’elle servait pour sa magie mais qu’il ne voulait pas lui imposer d’en donner pour ses sorts … Du moins ce n’était pas son idée à l’origine. Puis il en avait consommé et tout avait semblé plus clair, plus effrayant aussi. Il fallait toujours donner plus que ce qu’on espérait recevoir, c’était une règle immuable. On ne pouvait prendre à la Terre sans des sacrifices, sans une part de soi-même. Mais il l’avait consommée également. La colère de Charlie, présentement, il la comprenait. Elle était celui à qui elle faisait confiance et sans doute ne le voyait-elle pas encore comme le drogué qu’il était. Ou alors elle se le refusait. Il n’y avait là plus question de tenter de la réconforter, son impulsivité répondant à l’agression, chose qu’il regretterait sans doute la minute suivante. “ Tu croyais que j’allais faire comment? Me sevrer? C’est une super bonne idée d’infliger ça à ma mère, en plus d’enterrer une fille elle aurait dû s’occuper de son camé de gamin. C’est pas comme si j’essayais d’éviter qu’un autre membre de ma famille se retrouve au cimetière! Alors j’ai fait dans la facilité, j’ai trouvé un dealer et je l’ai achetée, je vois pas franchement où est le problème, c’est pas comme si c’était une denrée rare à Bray !” Il aurait pu sortir toutes les conneries du monde, mais celle-là, c’était la pire. Et le plus terrible là-dedans était qu’il ne s’en rendait même pas compte, trop pris par l’idée de se trouver des excuses pour tous les comportements foireux qu’il avait pu avoir. Apparemment, j’ai perdu deux de mes soeurs en un an ne marchait pas toujours pour expliquer une attitude de connard. Avec un soupir, il serra les dents.

Le magicien la voyait déjà tourner les talons, s’éloigner. Si elle passait la porte, il était certain de ne jamais la revoir, pas avec ce qu’il lui avait balancé. Alors il l’attrapa par le bras, la forçant à se retourner pour la regarder dans les yeux. “ Mais c’est pas pour ça que je l’ai prise, j’en ai besoin pour ma magie. J’essaie … J’essaie de faire revenir Sarah. J’ai trouvé une brèche. J’ai des tests à faire encore, des étapes à passer mais je suis sûr de pouvoir y arriver." Il avait l’air d’un fou, les yeux écarquillés, la conviction d’un témoin de Jéovah et l’inconscience de la peur qu’il pourrait provoquer chez elle alors qu’il la tenait toujours fermement. Seul comptait cette certitude de pouvoir réparer ce qu’il avait cassé, de pouvoir vivre de nouveau en paix. Atteindre le bonheur, ça valait parfois les moyens utilisés, non?



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Charlie ó Banríon
Charlie ó Banríon
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WYATT & CHARLIE

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La seule constance de la vie de Charlie, la seule chose qui l'empêchait depuis toujours de perdre les pédales et de détester complètement sa vie, c'était la présence de Wyatt dans cette dernière.
D'aussi loin qu'elle se souvenait, même à l'époque où elle se contenter de le regarder de loin derrière sa frange d'adolescente, il était ce qui lui donnait envie de se lever le matin pour le plaisir de l'apercevoir juste entre deux cours ou à l'heure du déjeuner, plutôt que par la seule nécessiter que de devoir prendre soin de sa mère dont la santé ne s'améliorait pas.
Après son agression à ses quatorze ans et le décès de Ella, la fée avait sombré dans une profonde mélancolie et plus que jamais à l'école, on l'avait regardé de travers. Elle était jolie, elle n'avait que des bonnes notes, les filles l'enviaient et les garçons la reluquaient mais elle restait à l'écart de tout le monde ce qui faisait d'elle la nana la plus bizarre de tout le bahut. Elle les entendait parler. Elle les voyait l'observer et la juger. Ils disaient qu'elle se pensait trop bien pour eux. Qu'elle n'était pas normale parce qu'elle avait tout ce que tout le monde - à cet âge - pouvait vouloir mais c'était comme si elle était au dessus de tout ça.
Charlie avait traversé les jours et les messes basses à son sujet sans jamais les relever, s'enfermant en elle pour se protéger et garder tous ces secrets qui pesaient sur elle et l'écrasaient. Elle était bien trop jeune pour tout ce qu'elle avait vécu et bien trop seule pour porter sa véritable nature qu'à l'époque elle redoutait et détestait plus que tout mais elle se faisait violence parce qu'à présent que Ella n'était plus là par sa faute pour l'aider, elle devait gérer son foyer. Elle avait d'autres préoccupations que tous ces gamins dont le principal soucis était la tenue qu'ils allaient porter demain ou de savoir si leur pénis était plus gros que celui de leur pote.
Le seul qui n'avait pas changé, c'était Wyatt, fidèle à lui même, toujours à s'activer dans tous les sens, toujours à sourire, toujours à faire rire. Elle avait respiré à travers lui de nombreuses fois. Charlie semblait avoir oublier comment être heureuse depuis qu'elle était livrée à nouveau à elle-même mais le sorcier le faisait par procuration pour elle et ça la fascinait autant que ça la captivait.
Il avait toujours été celui lui maintenant la tête hors de l'eau.

Aussi était-elle totalement déboussolée par sa nouvelle attitude. Elle comprenait qu'il soit perdu mais il la noyait. Elle ne parvenait plus à lutter contre les vagues qu'il lui envoyait sur la tête constamment ces dernières semaines et elle se noyait. Il lui demandait la raison de son état mais voulait-il seulement le savoir ? Si elle le lui disait, ne risquait-elle pas de le vexer ? Et si il était vexé...est-ce qu'il la laisserait ?
Charlie n'avait jamais hésité à lui parler de ses soucis mais jamais des peines le concernant directement lui. Elle avait bien trop peur qu'il ne l'abandonne si elle disait un truc qui risquait ne pas lui plaire. Il n'y avait que fasse à lui que la jeune femme se montrait aussi incertaine et fragile. Wyatt avait ce pouvoir là. Celui de la rendre terriblement vulnérable, elle qui était pourtant toujours si solide et téméraire dans son quotidien.
Elle retint sa réponse lorsqu'il l'interrogea sur les raisons de son état., déjà trop absorbée par l'exploration de cet espèce d'antre des enfers un peu creepy.

- Tu comprends pas...

Evidemment qu'il ne comprenait pas. Il ne savait pas qu'elle l'avait surpris avec l'autre moche échevelé qui se coiffait à la Edward Cullen à savoir ; pas.

- T'as été plutôt explicite quant au fait de pas vouloir me parler non...?

Il l'avait ghosté ! Bon elle aussi... Sauf que elle, elle avait une bonne raison ! Elle l'avait vu se taper ce mec ! Dans leur endroit à eux ! Putain quoi ! Charlie avait continué d'observer le bordel de Wyatt qui jonchait le sol, fuyant son regard.
Elle était en colère contre lui. Elle ne voulait pas le lui montrer mais c'était bel et bien là. Il lui avait fait terriblement mal de bien des façons. Elle lorsqu'elle sentait qu'il était mal, lorsqu'elle voyait qu'il restait trop longtemps silencieux, elle se précipitait auprès de lui ! Ou elle le harcelait au téléphone jusqu'à ce qu'il décroche juste pour s'assurer qu'il allait bien. Lui, non... Elle en avait assez de toujours être celles cherchant à être avec lui. D'être celle ayant besoin de lui. Elle avait besoin qu'il lui montre aussi qu'il l'aimait. Pas forcément comme elle car elle n'osait pas imaginer que ça puisse être possible mais au point qu'elle lui était importante... Elle n'avait pas été suffisante pour préserver sa mère de sombrer dans sa folie, elle ne voulait pas se dire qu'elle n'était pas suffisante pour Wyatt non plus... La vérité serait trop dure à affronter...

La vue de la poussière de fée terrassa Charlie sur place, la mettant face à tout ce qu'elle redoutait ; elle était totalement remplaçable à ses yeux. Si le fait de l'avoir vu avec monsieur sale con la faisant encore en douter, elle en avait désormais la confirmation.

- T'es pas un camé !

Ce mot lui faisait mal. C'était trop péjoratif. Trop sale. Elle n'en voulait pas dans leur lien. Leur relation à eux... elle était belle non ? Elle n'était pas malsaine ! Il ne pouvait pas la souiller comme ça de ce descriptif ! Il cherchait du réconfort, une échappatoire et elle les lui donnait pour quelques heures dans le cocon parfait de sa magie ! Elle ne l'enfonçait pas, elle l'aidait ! Et elle l'aimait comme personne ne savait ni ne pouvait le faire ! Sa magie faisait partie intégrale d'elle et ce qu'elle éprouvait pour Wyatt était le vecteur de tout. Lorsqu'elle le laissait respirer sa poussière, c'était des grains d'elle même qu'elle soufflait en lui. Il s'abandonnait à elle, mais elle se donnait à lui ! De la façon la plus intime que aucun humain ne l'expérimenterait jamais !

La dernière phrase de Wyatt pourtant acheva de lui briser le cœur. Elle le sentit littéralement exploser dans sa poitrine et cessa de respirer, le regardant comme si elle ne reconnait pas celui qu'elle avait face à lui. Il était trop sympa de lui rappeler de façon aussi classe et élégante qu'elle n'était pas la seule fée de Bray à pouvoir le fournir et de lui donner une nouvelle raison de flipper de le perdre ! Charlie savait que ce genre de dealers existaient, c'était logique mais elle n'y avait jamais réellement réfléchi. Pour elle c'était juste inconcevable que Wyatt puisse aller acheter ce genre de truc plutôt que de lui demander directement à elle.
Elle ne pouvait pas rester avec lui. Pas plus longtemps. Charlie sentait ses jambes trembler et sa gorge se nouer. Son nez la picotait, lui signalant que les larmes n'étaient pas loin. Habituellement elle était très douée pour masquer ses véritables émotions mais là son masque était définitivement hors d'usage.

- La facilité c'est de chercher un dealer et d'acheter plutôt que de prendre ton putain de téléphone pour m'appeler moi ?!

Qu'il aille se faire foutre oui ! Elle en avait assez entendu. Charlie secoua la tête, désabusée et désillusionnée puis tourna les talons. Elle ne s'était jamais sentie aussi insignifiante de sa vie et ça lui tailladait le ventre à l'en mettre à genoux.
Pourquoi il lui faisait ça ? Qu'est-ce qu'elle lui avait fait pour que d'un coup elle ne soit plus son refuge ? Elle ne comprenait pas elle faisait toujours tout pour lui ! Il passait toujours avant tout ! Avant elle ! A quel moment les choses avaient-elles changé à ce point pour lui ? Est-ce que c'était parce qu'elle lui avait montré ses ailes et ses cicatrices...? Il ne lui avait pas demandé d'où elles venaient mais est-ce qu'elles l'avaient rendu moins précieuse à ses yeux ? Est-ce qu'elle était trop abimée pour lui ? Il savait qu'elle n'avait pas eu une vie facile mais en voir les traces sur son corps est-ce que ça l'avait dégoûté ? Elle ne savait plus quoi penser. Elle avait à nouveau honte d'elle. De ses ailes. De son être même...

Charlie n'arriverait pas à attendre d'atteindre sa maison pour pleurer toutes les larmes de son corps. Elle s'écroulerait avant aussi se voyait-elle déjà éperdue dans une ruelle sombre de Bray à sangloter recroquevillée sur elle-même le temps de tout évacuer afin de pouvoir recoller son masque et rentrer.
Elle sentit pourtant une chaleur envelopper son poignet et la retenir. La poigne douce mais ferme lui imposa de se retourner et elle se sentit submergée par la proximité de Wyatt et son regard penché sur elle. Charlie déglutit, mordant sa lèvre afin d'empêcher les perles saline de rouler sur ses joues et affronta le sorcier. Elle avait beau être au bord d'elle-même, elle ne se démonterait pas aussi facilement. Elle voulait le persuader et surtout se persuader elle, qu'elle avait encore la force de lui faire face. Bien qu'elle se sentait horriblement fébrile...

- Mais c'est pas pour ça que je l'ai prise, j'en ai besoin pour ma magie. J'essaie... j'essaie de faire revenir Sarah.

La fée haussa ses sourcils. Pour le coup, elle se serait attendue à tout sauf à ça même si connaissant Wyatt et son degré de culpabilité depuis la mort de sa sœur... c'était finalement assez plausible. Mais est-ce qu'elle devait lui rappeler que Sarah était morte et enterrée depuis des mois ? Ok le surnaturel existait mais il n'était pas Frankenstein.

- Wyatt...
- J'ai trouvé une brèche. J'ai des tests à faire encore, des étapes à passer mais je suis sûr de pouvoir y arriver.

Une fois de plus, Charlie s'oublia. Pour lui. Qu'importe les douleurs qu'il lui avait causé ces dernières semaines, ces dernières minutes. Là tout de suite rien d'autre ne comptait à nouveau plus que lui. La fée détacha la prise de Wyatt de son poignet rougit d'avoir été trop serré.
Elle ne voulait pas qu'il se prenne une nouvelle déception dans la tronche et c'était exactement ce vers quoi il allait là... Cette histoire ça allait juste le faire sombrer un peu plus dans cet espèce de... truc dans lequel il nageait déjà et duquel elle essayait de le sortir !

- On ne peut pas ramener les morts Wyatt ! Et même si c'était possible t'as vu assez de films pour savoir que quand on joue avec ce genre de truc y'a forcément un prix à payer ! Ta mère et les autres n'ont pas besoin de ça en plus ! J'AI pas besoin de ça en plus...

Est-ce qu'elle pouvait lui hurler plus fort qu'elle l'aimait, elle n'en était pas certaine...
Charlie regarda une nouvelle fois l'installation du rituel qu'il avait préparé et frissonna. Tout ça semblait super malsain...

- Sérieux regarde tout ça... Je sais pas si dans le monde réel ça existe la barrière entre la magie blanche et la magie noire mais j'ai pas besoin d'être une sorcière pour dire que ton truc là, c'est clairement pas des ingrédients qui vont faire un nuage arc en ciel !

Autrement dit, rien de bon ne pouvait découler d'un pentagramme, de carcasses décharnée et de sang putain ! Il ne voyait donc pas à quel point tout ça allait trop loin ? A quel point c'était de la folie pure ?

- Faut que t'arrête Wyatt c'était un accident ! Arrête de te flageller !

Charlie prit sa main entaillée avec douceur et y déposa de sa poussière qui pénétra instantanément la plaie pour la refermer, laissant sa paume sans la moindre cicatrice. La fée combla le vide entre eux et encadra son visage de ses mains. Elle voulait le ramener à elle et le sortir de cette lubie.

- J'aurais fait comme elle tu sais. Tu ne peux pas empêcher les gens qui t'aim...tiennent à toi de vouloir te protéger.

Elle ne connaissait pas Sarah mais si elle s'était jetée entre Wyatt et ce qui l'avait frappé, c'était en connaissance de cause, elle en était certaine. Charlie ne savait pas ce que c'était que d'avoir un frère ou une sœur. Elle n'avait pas la moindre idée du genre d'amour que ça pouvait être mais elle voyait Wyatt depuis la mort de sa sœur... Et elle voyait surtout à quel point elle, elle l'aimait. Si c'était un tant soi peu similaire comme force de sentiment, elle savait de source sure que Sarah ne regrettait pas son geste et refuserait que Wyatt se mette face à de tels risques pour elle.

- Tu le ferais pour moi...? Si j'avais disparu tu me chercherais...? Tu voudrais me ramener aussi...?

C'était sorti sans qu'elle ne le veuille. Charlie écarquilla légèrement ses yeux de surprise d'avoir prononcé ces mots avant même d'avoir pu se rendre compte que ses lèvres bougeaient. Elle avait dit ce qu'elle se demandait tout bas. Et à présent elle craignait la réponse sans savoir vraiment laquelle lui plairait le plus.

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Wyatt Kendrick-Smith
Wyatt Kendrick-Smith
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WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



Voilà longtemps que Wyatt n’avait pas été dans cet état. Pas seul en tout cas. Il trouvait toujours le moyen de s’accompagner et le fait qu’il ait un nombre conséquent de personnes avec qui le faire aidait bien. Il y avait Charlie, bien entendu, avant qu’elle ne disparaisse, qui régulait ses illusions, régulait sa poudre. Tennessee, avec qui ce n’était rien d’autre que des délires sans fin. Et Cathan. Quand on consommait autant que lui, ce n’était pas étonnant que la plupart de ceux qu’il avait gardé dans sa vie après la mort de sa soeur soient ceux qui étaient sur la même pente descendante que lui, qu’ils l’avouent ou pas. Même Wyatt ne le voyait pas forcément. Il ne connaissait pas assez le dernier pour le savoir, ni même le second, et Charlie, c’était une évidence qu’il n’y avait pas plus déséquilibrée qu’elle. Mais c’était cette faille qu’il retrouvait quand il la regardait qui lui donnait l’impression qu’elle pouvait le comprendre, l’entendre quand il criait sa souffrance en silence. Parce qu’elle avait vécu plus que lui, il en était certain. Les marques sur son corps n’étaient pas anodines et s’il n’avait posé aucune question, ça ne voulait pas dire qu’elles ne lui avaient pas traversé l’esprit et pourtant, il s’apaisait sur le fait que ce n’était pas à lui de les poser mais à elle d’en parler. Puis elle avait disparu, le laissant seul de nouveau face au corps de Leïla dont les photos circulaient dans les médias avant qu’on ne les enlève sur demande de la famille Jones et Sweetman. Parce que les journalistes étaient des vautours et que tout était bon pour leur insuffler le besoin de faire de l’audience, peu importait l’état dans lequel cela mettrait les proches endeuillés. Tous les avaient vus et le magicien était persuadé que Jonah et Kenan aussi. Mais eux ne pouvaient pas comprendre, eux n’étaient pas comme lui. Jonah était cassé mais ce n’était pas de sa faute, c’était quelqu’un de purement et simplement bon. Ce n’était pas ainsi que Wyatt se voyait et c’est par reflet qu’il s’entourait de personnes qui pensaient la même chose d’eux-mêmes. Pas forcément la vérité mais une image transformée comme s’ils se regardaient au travers de miroirs grossissants, du genre que l’on trouvait lors des fêtes foraines. Mais eux n’étaient pas fiables, tout comme il ne l’était pas pour eux. Charlie l’avait prouvé, elle était partie. Ce n’était pas parce qu’il agissait maintenant comme si ça ne le touchait pas qu’à un moment donné, lorsqu’il était lucide et que son projet n’était qu’idée, ça ne l’avait pas blessé, parce qu’elle avait raison, il ne comprenait pas. Alors peut-être le magicien n’avait-il pas les clés en main, peut-être qu’il les avait oubliées, c’était très certainement sa faute mais il n’était pas oracle. Ely aurait pu l’aider, il en était persuadé, mais il ne pouvait lui en parler sans qu’elle regarde de ses yeux clairs et qui ne voyaient plus la réalité là où elle ne devait pas. Il suait toutes les nuits rien qu’à l’idée qu’elle puisse un jour avoir une vision qui anéantisse ses plans, qu’elle le perce à jour et l’empêche par le biais de Jake ou de Soren. Alors il n’en disait rien, elle n’était de toute manière pas médium, ce n’était pas comme si elle pouvait contrôler ce qu’elle voyait en tenant un bout de tissu appartenant à Charlie. L’aurait-il su, ce qui la travaillait, lui en aurait-il parlé pour autant? C’était crever un abcès qu’il n’était pas prêt de crever, qu’il s’en rende compte ou pas. Ce n’était pas le moment et pourtant il l’avait mise lui-même sur cette piste-là, s’accrochant à ses lèvres sans même s’en souvenir pour les abandonner pour celles de Cathan. “ Alors explique-moi parce que je suis totalement largué là!” A la place de la compréhension, cette façon de se protéger dans l’impulsivité. “Tu sais pas ce que c’est … D’entendre toutes ces voix qui te disent la même chose, qui t’accusent de pas être là mais j’ai perdu deux soeurs en moins d’un an alors c’est pas à vous de juger la façon dont je le gère, compris?” Wyatt en avait plus que marre. D’abord Samira puis Charlie, à défaut de comprendre il en était las.

Et de la lassitude ressortait la colère, la défense hargneuse par l’attaque, et le magicien le savait que c’était pas la solution mais elle ne se taisait pas deux minutes dans ses reproches, pas assez pour qu’il se justifie, toute trahie qu’elle se sentait. Il n’avait pas le temps pour ça, il n’avait le temps pour rien. L’idée du retour de Sarah couplée à la poudre de fées ingérée c’était des racines empoisonnées qui ne le faisaient plus voir clair, qui l’empêchaient de restaurer ce qui avait été cassé. Il y arriverait mais ce n’était pas le moment, il aurait bien le temps de le faire plus tard. Charlie se rendait aveugle de peur de voir réellement ce qu’il était. Pourquoi? Pourquoi n’acceptait-elle pas ses défauts comme il acceptait les siens? Pourquoi cette amitié là semblait aller dans un seul sens parce qu’elle ne pouvait s’empêcher de le mettre sur un piédestal qui lui donnait le tournis? Mais tout ce que la poudre impliquait d’intime pour une fée lui échappait, c’était un fait. “Charlie regarde-moi deux secondes. Arrête de voir ce que tu veux voir et juste regarde-moi, j’ai pas le temps pour ça. Je suis un drogué et j’en ai putain de rien à foutre! Pourquoi c’est plus dur pour toi à admettre que pour moi?” La drogue elle l’aidait, elle le remontait et il ne pouvait s’en passer. Il ferait passer n’importe qui derrière sa dose et c’est ce qu’il lui avait fait, précisément. Mais ça elle refusait de le regarder, comme si ce qu’elle lui administrait était inoffensive alors qu’elle était une arme, et l’une des plus dangereuses. Il le savait, il avait Leïla et Anthony pour le prouver, peu importait qu’on ait coupé les ailes à la première. Un rire qui n’avait rien de rassurant sortit de ses lèvres. Il se déconnectait, se rendait compte du ridicule de la situation. Il aurait dû être à sa place, être celui qui niait sa réalité mais lui l’avait acceptée, il ne voulait pas être sauvé, pas pour le moment. Peu conscient de sa douleur il était pourtant bien au courant de ce qui l’annulait. “ Le dealer va pas me parler de mes sentiments pendant une heure, tu gagnes un temps considérable.” De la colère mal placée s’était échappé une remarque tellement mauvaise qu’il la regretta dès qu’elle franchit ses lèvres. Il voulait couper court mais couper court à quoi? La douleur de Charlie? L’enfoncer assez pour qu’elle n’ait plus la force de répliquer et qu’il lui dise, enfin ce qui l’avait amené ici? Bel effort, belle tentative, mauvaise technique. “Je suis désolé c’est pas ce que je voulais dire … Je veux juste … Ecoute-moi okay?” Et pourtant elle lui échappait et quelque chose lui disait que s’il la laissait franchir la porte, ce serait la dernière fois qu’il la verrait. Alors il la rattrapa, violemment, comme un geste désespéré. Il fallait qu’elle comprenne, il avait besoin d’elle. Sûrement pas comme elle le voudrait, mais assez puissamment pour la faire se retourner.

Les larmes qui avaient auparavant envahies ses yeux suite aux paroles du magicien se remplissaient maintenant d’appréhension autant que compréhension. Elle commençait à voir, à comprendre, et c’était un début. Pas le meilleur, quand sa voix s’éleva et que le ton lui donnait l’impression d’être un enfant. Wyatt n’était pas idiot mais on était loin d’une scène de films d’horreur. La vie réelle était aussi répugnante et angoissante que ce qu’on y démontrait mais le bon pouvait en ressortir et c’était ça qu’il cherchait à atteindre. Personne dans cette vie là n’avait vu voir s’élever les morts, pas comme à la façon des réalisateurs américains, la bave aux lèvres et le cerveau en miettes, et c’était certainement parce que la vie n’était pas comme les films qu’il projettait tous les soirs. “ Je m’en fous. Je donnerais dix fois mon âme contre celle de Sarah, Gabriel et Leïla. Et si ça suffit pas je la donnerais encore. Qu’est-ce que j’ai à perdre, franchement? Qu’est-ce que j’ai là, dans ma vie, qui vaut le coup de se battre pour? Si c’était moi à leur place, tout le monde serait beaucoup plus heureux, ma mère pourrait sourire encore. Le prix à payer je m’en balance, j’ai trouvé un moyen.” Concentré, c’était son speech, son moment, celui qu’il se devait de réussir. Parce que sans ça, il faudrait y aller avec la méthode de Sirius et il n’était pas encore assez loin pour y arriver. Ou peut-être que si et que sans qu’il le voit il avait déjà franchi le plus gros pas de sa vie? Je peux la convaincre, laisse-moi essayer d’abord. “ C’est pas … C’est pas si grave que ça. C’est plutôt simple, en fait, je t’assure. Sarah est bloquée. Dans une réalité, pas la notre mais pas loin. Si je pouvais passer dans cette réalité, tenter de faire la connexion entre ce monde-là et l’autre - le sang, c’est une image mais pour la magie, l’image ça fonctionne bien, ça doit pas être nécessairement le même sang… Mais il faut que mon âme sorte de mon corps. Et pour ça j’ai besoin qu’illusion devienne réalité. Le sort.” De sa main blessée, il montra tout ce qui était exposé à ses pieds. C’était logique, ça faisait sens, et c’était précisément ce qui était indiqué dans les grimoires qu’on lui avait vendu. Le problème, c’était la poudre. Wyatt en était persuadé. Tout le reste était parfaitement réalisé. Il s’arrêta quelques secondes, alors même qu’elle soignait sa blessure. Il voulait qu’elle accepte ce qu’il comptait faire. Pour la demande qu’il se devrait de formuler mais aussi pour sa validation. Il fallait qu’il meure. Momentanément, mais c’était bien ça. C’était l’idée. Et le plus dérangeant était sans nulle doute qu’il n’en était pas le moins du monde effrayé. Avec douceur, il posa ses mains sur les siennes, leurs visages se touchant presque. “Et je peux la sauver. Et après ça, ce sera à moi de la protéger. Elle pourra se marier comme elle l’avait prévu et on pourra effacer cette année de notre mémoire. J’ai besoin de ça Charlie.” Une plainte à peine déguisée, une supplique voilée à la va-vite.

Puis vint la question qui franchit les lèvres de la fée et qui recentra l’attention de Wyatt sur elle alors qu’elle dérivait de nouveau vers le pentacle, vers son obsession. Une remise à la réalité qui l’étonna, une sincérité dans la demande à laquelle il ne s’attendait pas et une réponse qui tarda à venir, la surprise s’échappant de ses traits. Est-ce qu’il le ferait pour elle? Est-ce que ce qui le poussait vers Charlie, encore et toujours, alors même qu’il s’en détachait parfois l’aurait poussé à des extrémités aussi poussées ou ça ne s’appliquait donc qu’à sa famille? La réponse, il la connaissait. La perte, il n’avait jamais su l’encaisser et la place qu’elle avait prise, il ne pourrait la combler. “Si je savais que c’était possible, je le ferais aussi.” Le magicien n’était pas en état de voir la sincérité qui transparaissait à travers ces mots. Mais c’était la chose à dire, qui ne la ferait pas fuir une nouvelle fois. Il le pensait, inconsciemment, pesait ce qu’il disait, même s’il ne s’en rendait pas compte. Oui il le ferait, parce qu’imaginer la Terre sans Charlie l’arpentant, qu’il lui parle ou pas, ça lui semblait inconcevable.




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Charlie ó Banríon
Charlie ó Banríon
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WYATT & CHARLIE

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Il la tuait. Littéralement. Le moindre mot qu'il lui crachait au visage - car c'était ce qu'il faisait - lui donnait la sensation d'être poignardée dans chacun des points vitaux qui la constituaient. Charlie ne savait même plus comment elle tenait encore débout face à la hargne de Wyatt. Comment elle n'était pas déjà à ses pieds à agoniser en accrochant sa jambe de pantalon d'un air suppliant pour qu'il se taise et cesse de lui dire toutes ces horreurs qui la déchiraient de l'intérieur.
Depuis quand était-il aussi acerbe envers elle ? Depuis quand lui donnait-il la sensation d'être aussi... insignifiante pour lui ? Aussi pesante ? Aussi... gênante...? Il l'aurait traîné dans la boue qu'elle ne se serait pas sentie plus accablée que sous ses mots...
Elle devait partir. S'éloigner de lui ! Il en allait de sa survie. Charlie pouvait mourir pour Wyatt. Elle en était capable et le savait. Elle s'était déjà posé la question et n'avait même pas eu besoin d'y réfléchir pour en connaître la réponse. Mais elle refusait de mourir par lui. Pas dans ces circonstances là du moins. Pas alors qu'il lui déversait ce venin qui se coulait déjà dans ses veines et l'empoisonnait de sa douleur à en faire se tétaniser tout son corps. La fée  déposerait son cœur, ses souffles d'air et ses ailes entre les mains de son sorcier si il le lui demandait, mais elle ne supportait pas d'être mise face à ce qu'elle redoutait d'être dans ses yeux ; pas assez.
Il lui préférait un dealer ! Il lui reprochait toutes les attentions qu'elle avait eu pour lui depuis qu'ils s'étaient retrouvés ce jour là au cinéma alors qu'elle s'était endormie dans la salle de projection ! Depuis le décès de Sarah ! Il bâclait ce moment qu'ils avaient partagé sous l'écran animé par un film qu'il avait choisi pour elle... Ruinait ce baiser qu'il lui avait donné. Cette étreinte qu'ils avaient partagé alors qu'elle s'était dévoilée à lui avant de les couvrir tous deux de sa nature de fée. Pourquoi il lui faisait ça putain ?! Tout ce qu'elle avait toujours fait, elle l'avait fait pour lui ! Et il osait lui balancer qu'un dealer valait mieux qu'elle juste parce qu'il ne posait pas de question?!
Elle pouvait tolérer beaucoup de lui. Mais pas d'être à ce point salie et minimisée. Pas quand lui, représentait tout ce qu'elle avait et tout ce qu'elle désirait. Elle couvrirait des braises de son corps et ses céleste pour qu'il les foule sans s'y blesser. Mais elle ne l'autoriserait jamais, ni lui ni personne à l'y jeter pour l'écraser ! Qu'il y retourne donc voir son dealer ! Elle s'en foutait bien que les perles salines suspendues à ses yeux le démentaient... Charlie pressa le pas, déterminée à filer sans se retourner.

Malgré tout, lorsqu'il la retint, elle resta. Elle l'écouta. Comment pouvait-elle faire autrement ? Charlie ne savait pas comment exister autrement que pour et à travers cet homme et la détresse qu'elle avait vu dans ses yeux rivés aux siens en plus de la façon dont il s'était accroché à elle avaient fini par avoir raison de sa volonté à le fuir. Elle ne pouvait pas le fuir. Pas quand il était dans cet état... Pas quand il semblait à ce point avoir besoin d'elle.
Charlie oubliait les blessures que Wyatt lui avait causé. Celles qu'ils lui causaient même là tout de suite. Parce qu'elle ne voyait plus que sa fragilité à lui. Il semblait comme fou et son désespoir était un supplice à contempler pour la fée qui voulait juste l'en décharger.
Pour autant, elle ne pouvait pas l'encourager dans ce qu'il faisait ici ! Est-ce qu'il réalisait à quel point c'était totalement fucked up comme truc ?! Il parlait de faire des espèces d'incantations cheloues pour ramener une morte à la vie ! Il avait totalement perdu les pédales ou quoi ? Ok le monde surnaturel existait, elle en était la preuve vivante même si durant des années elle s'était crue être une anomalie de ce monde, mais il avait ses limites ! On ne pouvait pas ressusciter les disparus ! Et quand bien même ça aurait été possible, vu ce qu'elle voyait autour d'elle, DANS QUEL MONDE CA LUI PARAISSAIT ETRE UNE BONNE IDEE ?!

Elle comprenait sa souffrance. Ce cri qu'il portait en lui mais ne semblait pas parvenir à sortir et qui l'étouffait à l'en mettre à genoux. Du moins elle s'y efforçait. Charlie avait perdu son papa trop tôt pour réellement réaliser les choses et quand bien même, sa mère ne lui avait pas réellement laissé l'opportunité de le pleurer. Mais elle imaginait ce que ça lui ferait si elle venait à perdre cette dernière. Qu'importe qu'elle ne soit déjà plus vraiment "là". Elle était sa famille.
Elle imaginait aussi ce que ça lui ferait, si elle venait à perdre Wyatt... La pensée simple suffit à la faire flancher. Elle aussi sans doute, voudrait retourner le monde pour qu'il lui revienne. Elle aussi serait prête à faire tourner la terre à l'envers juste pour le revoir rien qu'une fois.
Mais elle savait aussi que si elle s'était sacrifiée pour le sauver comme Sarah l'avait fait, jamais elle ne voudrait qu'il se mette en danger pour elle de la sorte !
Elle comprenait sa souffrance oui et elle voulait l'aider à la traverser et la dépasser, comme toujours. Mais elle devait le ramener à la raison.. A commencer par lui dire à quel point il sonnait comme un fou ! Rien de ce qui sortait de sa bouche n'avait de sens ! Il devait lâcher prise car le chemin qu'il semblait vouloir emprunter ne lui disait rien de bon !

- Je m'en fous.

MOI NON ! eut-elle envie de lui hurler. Il ne comprenait pas putain ?! Il ne comprenait pas à quel point elle l'aimait et était incapable de vivre dans un monde où il n'existerait plus ? Que lui resterait-il à elle si il venait à disparaitre ? Il était tellement dans sa transe poussé par sa volonté à exécuter son plan qu'il ne réfléchissait même pas à ce qu'il disait !

- Je donnerai dix fois mon âme contre celle de Sarah, Gabriel et Leïla. Et si ça suffit pas je la donnerai encore.
- Wyatt !
- Qu'est-ce que j'ai à perdre franchement ?

La fée fronça légèrement ses sourcils, heurtée qu'il s'autorise à poser la question.
Lui sans doute rien... si elle en croyait sa détermination. Mais elle, tout. Charlie peinait de plus en plus à respirer correctement. Son cœur s'affolait dans sa poitrine semblant ne plus vraiment savoir comment battre sans loupés alors que les larmes lui brûlaient les yeux.

- Qu'est-ce que j'ai là, dans ma vie, qui vaut le coup de se battre pour ?

Il ne saurait sans doute jamais à quel point ses mots lui firent mal. Il était tellement aveuglé par son deuil qu'il ne voyait même pas ce que la moindre parcelle d'elle ne cessait de lui hurler depuis plusieurs années... Charlie accusa le coup.

- Si c'était moi à leur place, tout le monde serait beaucoup plus heureux, ma mère pourrait sourire encore. Le prix à payer je m'en balance, j'ai trouvé un moyen !
- Tout le monde serait beaucoup plus heureux ? répéta-t-elle avec une pointe de colère malgré sa voix rendue fébrile par tout ce qu'il faisait pleuvoir sur elle depuis de trop longues minutes. Tu t'entends ?! Tu crois vraiment que je serais plus heureuse sans toi ?!

Elle l'observa se murer dans cet espèce de silence, comme si il cherchait ses mots. Ou est-ce que les siens venaient de se frayer enfin un chemin jusqu'à lui ? Est-ce qu'il capitulait et commençait à revenir à la réalité ?
Non. Car lorsqu'il reprit la parole, ce fut pour lui expliquer son plan. Un plan qui la pétrifia sur place et lui arracha sa capacité à respirer. Charlie écarquilla ses yeux, faisant mine de vouloir reculer comme si il venait de la pousser d'une violente frappe dans le ventre.

- NON ! NON WYATT ! NON ! répéta-t-elle totalement braquée.

Il lui demandait en somme de l'aider à mourir ! De l'aider à se tuer ! Tout en elle repoussait cette idée ! Charlie avait la sensation de voler en éclats et que son enveloppe charnelle était la seule chose l'empêchant de se briser en morceaux. Son corps tremblait comme si il ne savait que faire de tout ça ! Comme si c'était beaucoup trop à porter pour lui.
Wyatt dut sentir qu'elle lui échappait car il posa ses mains sur les siennes, la gardant ainsi à lui. Le geste fut d'une telle douceur que la fée manqua éclater en sanglots. Leurs fronts se touchaient presque et elle ne savait plus ce qui la chamboulait le plus. Leur proximité, ce moment qu'il lui donnait, ou ce qu'il attendait d'elle...

- [...] J'ai besoin de ça Charlie.

Toujours bouleversée, elle secoua négativement la tête, mais elle sentait déjà qu'elle fléchissait... Comment résister à cette plainte à peine déguisée ? A cette supplique qu'il lui faisait...? Il l'avait appelé. Il avait besoin d'elle. Il était persuadé qu'elle pouvait l'aider. Il s'en remettait entièrement à elle. Il comptait sur elle... Mais ce qu'il lui demandait, c'était au dessus de ses forces !
La question sortit alors toute seule de ses lèvres avant même qu'elle ne le réalise, la mettant face à la peur de la réponse ; ferait-il tout ça pour elle...? Il peina à répondre. Le silence lui parut si lourd qu'elle aurait juré pouvoir le toucher et pourtant elle ne bougea pas malgré l'appréhension de sa réponse, gardant ses grands yeux clairs rivés aux siens.

- Si je savais que c'était possible, je le ferais aussi.

Charlie baissa son regard, appuyant son front contre le sien. Elle était souvent forte. Souvent parfaite. Souvent le rock. Plus en cet instant... Le masque était définitivement brisé et elle lui exposait chacune de ses éraflures. Certaines parfois si profondes qu'elle en sentait encore les brûlures. Wyatt avait vu les cicatrices qui couvraient sa peau. Elle lui montrait celles de son cœur. Chacune ou presque, portait son nom...  
Elle avait appréhendé sa réponse et pour celle qu'il lui donnait, elle l'aimait encore plus, si c'était possible. Il le ferait pour elle... Il braverait les règles et l'ordre des choses pour elle... Elle en était aussi folle de bonheur, qu'effrayée

- Je ne voudrais pas que tu le fasses... Pas si ça veut dire que tu... Que tu dois...

Elle ne parvenait même pas à le dire !

- Me demande pas de faire ça je t'en supplie... souffla-t-elle au bord du désespoir. Je peux pas te regarder mourir comment veux tu que... que je... Je peux pas !

Elle paniquait. Elle était littéralement terrorisée au point que des sanglots la secouaient. Tout ça la dépassait. C'était beaucoup trop. Elle préférait encore qu'il consomme de la poussière de fée ailleurs ! Elle était même ok avec le fait qu'il ne soit jamais à elle ! Il pouvait revoir ce mec chevelu avec qui elle l'avait surpris ! Il pouvait la rejeter! Décider de ne plus la revoir ! Mais pas la laisser dans un monde sans lui !

-  Et si ça tournait mal ? Si tu te retrouvais coincé toi aussi ?! Que j'arrive pas à te ramener ? Comment tu voudrais que je vive avec ça ? Sans compter que... je ne sais même pas comment faire ça Wyatt ! S'il te plait...

Qu'il renonce ! Pour elle !

- Viens... Viens on rentre... l'implora-t-elle. Je veux aller au cinéma...

Charlie semblait aussi fragile qu'un bout de cristal dans un monde de verre. Elle cherchait à s'échapper de tout ça qui la submergeait littéralement, à les ramener vers cet endroit où elle se sentait généralement toujours bien et en sécurité avec lui. Où tout était facile et léger.

La fée avait la sensation de marcher sur un fil tendu au dessus d'un gigantesque précipice. Elle tanguait, basculait, se balançait au dessus du vide. Elle ignorait l'étendue de sa propre magie et donc pourquoi il n'y avait que vers elle qu'il puisse se tourner pour ce qu'il avait en tête. Elle n'avait pas conscience de sa singularité ou même de sa force. Ses pouvoirs lui avaient fait peur trop longtemps. Elle les avait rejeté durant des années tant elle avait voulu être normale. Personne ne lui avait appris à en user. Personne ne lui avait expliqué non plus la particularité de sa lignée. De ce que ça faisait d'elle...
Ce que la fée faisait seule avec Wyatt afin d'apaiser ses peines et l'emporter dans un cocon rien qu'à eux où elle était son salut et sa solvatation, son havre de paix et sa terre de réconfort au creux de ses tempêtes, était une chose. Ce qu'il voulait là, en était une autre ! Une autre face à laquelle Charlie ne se sentait clairement pas de taille !




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Wyatt Kendrick-Smith
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WYATT & CHARLIE

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La culpabilité était comme l’obscurité, parfois assez bien dissimulée pour ne pas l’empêcher de respirer et le laisser vivre comme il l’entendait. D’autres fois, c’était une angoisse constante, l’impression qu’il n’en sortirait jamais et qu’il pouvait tout aussi bien se laisser mourir pour s’empêcher de souffrir. Dans ces cas-là, la douleur devenait une obsession pour Wyatt qui ne pouvait faire autre chose que de la tourner encore et encore dans son esprit à y chercher un remède, non pas pour se guérir lui-même mais pour annuler ce qui l’avait rendu si coupable. On lui avait toujours dit qu’il ne pouvait réparer toutes ses erreurs et que certaines étaient malheureusement trop graves pour pouvoir s’en décharger mais il n’y croyait pas. S’il voulait continuer à vivre, enfin, et retrouver l’entrain qui le caractérisait pourtant si bien, il fallait qu’il y trouve un moyen de rectifier ses torts. Le magicien n’était pourtant pas le plus intelligent, loin de là et c’était un manque qu’il ressentait dans chaque parcelle de son corps lorsqu’il s’agissait de faire face à une problématique qui demandait connaissances, logique et une pleine capacité cérébrale. Bien sûr, il pourrait demander de l’aide, trouver quelqu’un qui pourrait le guider mieux que ce qu’il pouvait faire seul. Il y avait Sirius pour cela mais malgré tout, ce n’était pas assez. Pour pallier à ses aptitudes bancales, il se donnait corps et âme à ses livres et ne reculait devant rien si l’ouverture qu’il recherchait se trouvait de l’autre côté du chemin, ce qui lui donnait, sans mentir, l’aspect d’un fou. Mais voilà longtemps qu’il avait arrêté de s’en soucier, que ce soit devant sa famille ou devant Charlie. ça n’avait pas d’importance, ce qu’ils pensaient de lui, tant que personne n’était assez imprudent pour tenter de l’en empêcher. Il revoyait encore cette femme dans la forêt, le doute qui était passé dans son propre regard, se demandant s’il aurait la capacité de lui planter sa lame dans le coeur s’il finissait par n’avoir pus que cette solution pour atteindre son but. La réponse, il n’avait pas pu se la donner, sûrement par peur de se regarder enfin dans un miroir en pleine conscience de ce qu’il était devenu.

C’était pour tenter de rendre tout son être plus tolérable qu’il se droguait et ça fonctionnait. Wyatt en arrivait à oublier ce qu’il avait à Sarah mais aussi ce qu’il avait fait pour elle, pour être là aujourd’hui face à ses pentacles et ses sorts. Mais s’il n’allait pas au bout, s’il n’arrivait pas à convaincre Charlie aujourd’hui du bien-fondé de sa demande, il aurait fait tout ça pour rien et voilà exactement la limite entre ce qui était moralement acceptable et ce qui ne l’était pas, du moins pour lui. Il était vital qu’elle se range de son côté parce que dans le cas contraire, il devrait baisser les bras et qu’est-ce que ça pouvait bien dire sur lui? Qu’il avait abandonné une partie de sa raison pour une recherche illusoire, qu’il avait semé des cadavres - d’animaux, certes, mais tout de même - pour rien? Et ce pouvoir qu’il avait récolté finirait quand même par le miner de l’intérieur et empoisonner les parcelles de bonté qui y restaient. Le magicien n’avait pas pensé aux conséquences de ce sort précis parce qu’il était persuadé ne pas avoir le temps de les subir, voilà maintenant longtemps qu’il attendait la mort et qu’il l’accueillerait avec joie.

Tu crois vraiment que je serais plus heureuse sans toi? Le regard que le magicien lança à sa meilleure amie voulait probablement tout dire. Il n’avait pas besoin de lui répondre et pourtant il le fit. “ Bien sûr que oui. T’as pas besoin de moi, c’est dans ta tête ça. Peut-être que si t’arrives pas à aller bien c’est en partie de ma faute, c’est moi qui te rend dans cet état, tu le vois vraiment pas?” Il tirait ses proches vers le fond depuis des mois et avant ça, il n’avait pas bien d’intérêt. Wyatt n’était pas de ceux qui méritaient l’attention qu’on lui portait et s’il ne l’avait compris que trop récemment, il ne pouvait désormais l’ignorer. Pourtant, il se doutait que ce serait peine perdue et que Charlie n’ouvrirait pas les yeux à ce sujet, elle était beaucoup trop sous son emprise, ce qui était une chose étrange considérant que mis à part aujourd’hui, il n’avait jamais tenté de la manipuler, même pour avoir ses doses. Elle s’était jetée corps et âme à lui sans même y réfléchir, tout simplement parce qu’elle ne pouvait imaginer sa vie sans la moindre dépendance humaine. Avant lui, qu’est-ce que ça avait été? Qui? Elle trouverait bien quelqu’un d’autre à aimer après, les sentiments n’étaient pas si sorcier à provoquer.

Le Jones finit par mettre ses idées en place, expliquer son plan de la façon la plus claire possible. L’excitation perçait dans sa voix, l’adrénaline bien présente dans l’attente de la réalisation de son projet. C’était une chose dangereuse, c’était certain, mais il devait le faire, il en avait envie. C’était cette propension au danger qui avait mis la vie de Sarah sur la balance, la même qui risquait de le tuer aujourd’hui mais il s’en moquait profondément. Si elle refusait, il le ferait quand même. Il trouverait une autre solution, une moins belle, une sans doute encore plus dangereuse. “ Charlie, je finirais par trouver une solution, même si ce n’est pas par toi.” C’était du bluff, il n’y croyait qu’à moitié mais ce qui était sûr c’est qu’il continuerait à chercher. Il saignerait n’importe quelle fée si ça pouvait lui rendre sa soeur et cette réalisation lui glaça les sangs une seconde, resserrant sa mâchoire. Le doux Wyatt qui n’était plus rien de l’agneau mais qui se transformait doucement en prédateur inconscient…

Le jeune homme, dans le brouillard de son obsession, pouvait toutefois se rendre compte de la demande qu’il formulait et de ce qu’elle impliquait pour sa meilleure amie et ses plaintes, il les entendait, les comprenait. A sa place, il ne saurait sans doute comment réagir, mais elle n’aurait pu, de toutes les manières, demander une telle chose parce que de qualité et de puissance, il n’en avait pas réellement qui pouvait lui servir à un projet aussi dangereux. “ C’est momentané je ne te demande pas de m’aider au suicide. Je veux juste comprendre et si j’arrive à passer dans un sens, ça voudra dire qu’il y a moyen de faire le chemin inverse.” C’était sans compter les millions de conditions que le passage de la mort à la vie impliquait mais il aurait le temps de s’y pencher bien plus tard pour éviter de mauvais raccourcis qui lui coûteraient du temps et de l’énergie. Il connaissait le prix à payer pour un sort d’une trop grande envergure. “ C’est ce que je veux. Si je me retrouvais coincé, tu n’y serais pour rien.” Il prit une pause, soupira. Il comprenait que ce qu’il lui demandait n’était pas aisé, alors il céda. A moitié. Pour aujourd’hui. “Je ne te demande pas de me répondre maintenant, je sais que je t’en demande beaucoup. Réfléchis-y quelques jours et dis-moi. Je te promets de ne rien faire en attendant.” Une promesse qu’il aurait bien du mal à tenir mais tout était déjà en place et il avait bien attendu des semaines, des mois avant de voir sa soeur, il pouvait ronger son frein pour quelques jours encore. “ Mais c’est tout ce que je peux te promettre.” Il serait bien plus facile, comme elle le demandait, de retourner s’enfermer dans les salles sombres, s’oublier un peu devant les images qui défilaient à toute allure. Mais Wyatt ne voulait pas retourner au cinéma, pas tout de suite. Il y avait un temps pour s’enfoncer la tête dans le sable et ignorer tout le mouvement de la vie réel et un autre pour prendre une place dans l’univers. Et ça, c’était maintenant.

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Charlie ó Banríon
Charlie ó Banríon
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WYATT & CHARLIE

DÉTRUIS-MOI, SERS-TOI DE MOI, J'PEUX TENIR ENCORE



Charlie était au bout d'elle-même... Elle était tendue autant qu'elle tremblait. Elle était aussi nerveuse qu'angoissée et effrayée. Wyatt la mettait dans une situation impossible. Elle était prête à tout pour lui. Littéralement. Mais il lui demandait la seule chose qu'elle était incapable de sacrifier ; lui-même. Autant lui demander de s'arracher le cœur et de le lui donner. Ca aurait sans doute même été plus aisé pour elle. Puisque de toute façon, il le possédait déjà...
La simple idée de vivre sans lui, sans être capable de le voir lorsqu'elle le voulait, d'avoir l'opportunité de le bouder ou d'être en colère contre lui, ça la tuait ! Ca lui allait de souffrir par sa faute, c'était la preuve qu'elle et lui, ça existait. Que c'était réel. Elle voulait bien souffrir tous les jours de sa vie si il le fallait, mais elle refusait de le perdre ! Ca elle n'en était pas capable et encore moins si c'était de son fait ! Elle voulait vivre au quotidien en sachant qu'elle respirait le même air que lui. Elle voulait se languir de leurs retrouvailles. Se blottir dans ses bras. Se gorger de son odeur. Se laisser couler dans ses yeux. Elle voulait tout, absolument tout de lui ! La moindre bribe !

Elle aurait du le lui hurler, l'attraper et le secouer en lui demandant pourquoi il ne voyait pas ce qu'elle ressentait pour lui mais il y avait toujours cette petite voix qui l'en empêchait ; et si ? Et si ce n'était pas réciproque ? Et si il la repoussait...? Charlie n'avait pas la prétention de croire qu'elle pouvait avoir Wyatt malgré combien elle le désirait, mais l'entendre le lui dire confirmerait ses pires cauchemars. Elle ne pouvait pas être abandonnée une fois de plus. Pas par lui... Elle ne s'en relèverait pas.
Mais quand même, même si elle ne lui avouait pas combien elle était amoureuse de lui, comment pouvait-il croire qu'elle serait plus heureuse sans lui ? Il ne voyait pas ce que ces quelques jours à distance éloignée avait fait d'elle déjà ? Certes ça avait été de son choix, en partie... Parce qu'elle lui en voulait de ce qu'elle avait vu et que ça la torturait de l'imaginer avec ce type plutôt qu'avec elle alors que quelques temps plus tôt il lui avait offert la plus belle nuit de sa vie...
Ce baiser était devenu son souvenir le plus cher, le plus précieux. C'était la première chose à laquelle elle pensait le matin en se réveillant et la dernière le soir en s'endormant, caressant ses lèvres souriant irrépressiblement qui portaient encore la brûlure tendre des siennes. Mais il l'avait sali... Elle ne l'avait pas accepté. Elle ne l'acceptait toujours pas d'ailleurs ! Ca la tuait ! Ca la déchirait de l'intérieur à la mettre à genoux mais pourtant, elle était là... Parce qu'il le lui avait demandé. Parce qu'il avait eu besoin d'elle, que malgré tout elle l'aimait de tout son être et que de lui, Charlie accepterait tout si ça lui permettait d'avoir une heure ou même une seconde de son temps.

- Charlie, je finirai par trouver une solution, même si ce n’est pas par toi.

La fée déglutit péniblement et secoua la tête. Elle avait la sensation d'étouffer. Wyatt l'acculait. Charlie repoussait les 4 murs invisibles qui semblaient se resserrer autour d'elle mais ils l'écrasaient de plus en plus qu'importe la force qu'elle y mettait, lui comprimant la poitrine à l'en faire paniquer. Elle voulait l'aider, sincèrement, mais pas à ce prix là ! C'était beaucoup trop élevé ! Et si lui était prêt à le payer, elle non !

- Wyatt... implora-t-elle d'une petite voix, réprimant à peine sa détresse palpable.

Charlie n'était pas du genre à s'épancher. Elle n'aimait pas montrer ses failles et ses faiblesses. Pas même devant lui, même si il était probablement la personne la connaissant le mieux au monde. En général même avec Wyatt, la jeune fille conservait cette petite carapace de force apparente qui là, avait volé en éclats. Aucun de ses artifices n'était capable de cacher ce qu'elle éprouvait là tout de suite tant il le mettait à fleur de peau de par ses mots.

- C'est momentané je ne te demande pas de m'aider au suicide... Je veux juste comprendre et si j'arrive à passer dans un sens, ça voudra dire qu'il y a moyen de faire le chemin inverse.

Charlie demeurait muette, en proie à ses pensées qui se tiraillaient sa raison autant que sa volonté. Elle voulait l'aider. Elle détestait lui dire non. Elle aurait préféré pouvoir accepter afin de le ramener un peu plus vers elle et de "gagner des points" dans son cœur. Mais elle découvrait ses limites. Risquer la vie de Wyatt, était sa limite. Elle préférait endurer mille morts que de devoir expérimenter la sienne...
A bout de nerfs, Charlie se laissa glisser accroupie parterre, son visage entre ses mains. Ses jambes commençaient à ne plus pouvoir la porter et ses poumons refusaient de la fournir en air visiblement ! Elle avait beau inspirer et expirer, ce qui pénétrait son corps était lourd et opaque. Suffocant plus que vivifiant...

- Tu crois que ça me consolera ?! Que ce soit ce que tu veux ne m'aidera pas à vivre mieux sans toi si tu restes coincé là bas par ma faute ! Merde Wyatt si je te perds je...! son palpitant manqua un battement à cette perspective. NON !

Charlie secoua la tête plus fort encore, crispant ses doigts dans ses cheveux. Elle se sentait telle du cristal dans un monde de verre, prête à se briser à la moindre éraflure de plus. Malgré elle, une larme commença à rouler sur sa joue, puis une seconde jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus les effacer de son visage.
Wyatt sembla avoir pitié d'elle, car il capitula. Instantanément, Charlie sentit un poids énorme quitter sa poitrine. Pas totalement, mais du moins assez pour lui permettre de relâcher quelque peu la pression et retrouver corps avec la réalité de laquelle elle avait semblé s'échapper. Le sol se refermait sous ses pieds.
La jeune fille le regarda un instant, incertaine, puis dans un sanglot à peine contenu alla trouver refuge dans ses bras où cette fois, elle s'abandonna totalement. Elle le serra comme si elle avait voulu fondre son corps dans le sien pour ne plus jamais être dissociée de lui.

- Je peux pas être sans toi...Me fais pas ça OK...?

Il lui promettait d'attendre, il lui offrait du temps pour y réfléchir. Elle lui en était reconnaissante car tout ça était beaucoup trop pour elle.
Et pourtant, ça la terrorisait de se rendre compte qu'au fond d'elle-même, alors qu'elle se laissait aller au réconfort de son étreinte, elle savait qu'elle finirait par lui céder...

Parce que c'était lui, parce que c'était elle. Et que si elle ne pouvait pas tout avoir de lui, lui avait déjà tout d'elle.

FIN DU RP







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Détruis-moi, sers-toi de moi, j'peux tenir encore [Wyatt]
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