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 Not my division! | ft. Aaren

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Not my division!

Ici, faudrait mettre un sous-titre profond, des paroles de chanson, des trucs un peu cool qui donnent des idées et de l'inspiration. Mais quand on est flic, on a pas le temps pour les fioritures et j'ai du boulot qui m'attend, donc on verra ça un autre jour.


Rude journée que t'avais eue, la veille. Il faut dire qu’avec ton coéquipier en agent infiltré à Dublin, non seulement t'avais été bon pour lui servir d’agent de liaison et rédiger ses rapports à cause de son orthographe chaotique, mais en plus il te restait encore tout le boulot d’inspecteur à la criminalité de Bray - et Dieu sait comme elle était criminelle, cette ville de merde, bien plus qu'il n'y paraissait. Les journées de deux ou trois jours, c’était devenu ta norme, entrecoupées de maigres siestes et de quantités de café agrémentées de bonnes grosses lampées de whisky. Des mois peut-être que tu n’avais pas eu le teint frais, mais cette nuit au moins tu avais dormi. Enfin, tout est relatif, parce que l’alcool avait cette charmante faculté d’agiter le sommeil et de t’empêcher de vraiment te reposer. Avec tes cernes façon coquards de raton laveur, tu ressemblais fort bien… au policier le moins capable de Bray, et peut-être même de la région, à bien y regarder ; que l’on ne t’ait pas encore rétrogradé provoquait encore l’étonnement général, mais tu soupçonnais largement le chef de brigade d’attendre le retour de Cillian pour te descendre à ta juste place.

Il était déjà dix heures. C’était pas vraiment ton genre, les retards, tu étais plutôt celui qui faisait du zèle après vingt heures, mais l’épuisement avait eu raison du reste. Le temps que tu arrives sur place, avec ton manteau décrépi depuis un peu trop d’hivers, tu remarques trop tard que tu as oublié de te raser. Histoire de compléter le tableau m’voyez, ce serait dommage d’être présentable. Tant pis, tu utiliseras le lavabo des WC, c’est pas comme si tu avais toujours rasoir et brosse à dents sur place de toute façon. Et t’es encore en train de ruminer sur des histoires de barbe quand tu tombes sur un drôle d’énergumène qui semble à la fois très intéressé par le commissariat et furieusement hésitant à y entrer.

Le coup classique. Et pour toi, potentiellement du travail. Tu pourrais aussi passer à côté cela dit, faire comme si tu ne l’avais pas remarqué - même si c’était relativement dur, vu qu’il avait la totale : tatoué jusqu'au cou, baraqué, piercé de tous les côtés, le genre punk mais avec la coupe de hippie. Un métalleux, voilà, c’est ça. Oh, t’as rien contre, les gens font ce qu’ils veulent après tout… Tant qu’ils veulent pas se faire embaucher. Faut dire qu’à ce niveau, t’es plutôt vieux jeu, et t’es pas prêt de changer d’opinion. En plus, l'encre jusqu'en haut du cou qui donne l'impression de porter constamment un col tortue, t'as pas tendance à trouver ça très beau. Mais bon, derrière la tronche de sataniste, y’avait quand même un homme en détresse, et ça tu peux pas le laisser passer. Alors tu vas vers lui, tu lui demandes : « Excusez-moi, j'peux vous aider ? » avec ta voix de semi-cancéreux - bon d’accord, j’exagère. T’es déjà plus frais que la veille, mais ça ira mieux après ton deuxième café. T'as déjà posé la main sur la porte du commissariat, et tu la laisses ouverte, attendant de voir s'il allait céder ou se décourager pour revenir dans trois jours en panique. Eh, tu les connais ces énergumènes, ceux qui tournent comme des mouches devant la porte parce qu'ils sont pas sûrs d'être légitimes. Faut dire que quand vous êtes déjà accablés de boulot, les affaires a priori mineures, vous avez tendance à les envoyer promener.


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Ici, faudrait mettre un sous-titre profond, des paroles de chanson, des trucs un peu cool qui donnent des idées et de l'inspiration. Mais quand on est flic, on a pas le temps pour les fioritures et j'ai du boulot qui m'attend, donc on verra ça un autre jour.



Aaren était arrivé depuis quelques jours à Bray, il avait écumé les petites boutiques avant d’enfin se faire embaucher, le patron était sympa et lui avait même proposé un logement. Il se contentait de peu, du moment que lui et son chaton avaient un toit et de quoi manger, il n’était pas homme à rêver grand. Il avait une voiture pourrie, mais ça aussi il s’en fichait, elle roulait et puis son lieu de travail était tellement près de son logement qu’il n’en aurait pas souvent besoin. Il avait placé les maigres affaires qu’il avait, sa basse son trésor. Et puis c’était presque tout, quelques fringues et son chat. D’ailleurs il l’avait sur les épaules en train de gratter sur sa basse quelques accords quand son regard se posa sur ses bras nus… « Morrigan ». Le seul prénom qu’il avait sur le corps à vie. Pourquoi ? Qui était Morrigan ? Le chaton vient le sortir de ses pensées en venant frotter son petit corps tout doux contre la joue de son maître. Aaren le prit dans une main pour lui embrasser le haut du crâne avant de le poser sur le sol. « Morrigan ».
Il avait longtemps hésité, il avait demandé à son patron, s’il connaissait dans le quartier ou dans les clients une femme portant ce prénom, mais non. Et il ne pouvait pas lui donner de détails, parce qu’il n’en avait pas. Il ne savait pas ce qu’elle était pour elle, il ne savait pas de quelle couleur étaient ses cheveux, ni ses yeux. Mais quand il prononçait son nom, il avait toujours une chanson en tête quand il pensait à ce prénom. Alors après plusieurs jours à se creuser la tête. À se demander qui ça pouvait être, à demander aux clients de cette petite boutique qui ne voyait souvent que des jeunes. Il se décida à tenter quelque chose. C’est comme cela qu’il se retrouva devant le commissariat. Cependant le doute persistait, voulait-il vraiment savoir ? Et s’il l’avait oublié pour une bonne raison ? Et si elle ne voulait pas être retrouvé ? Tellement de questions qui lui tournaient dans la tête. Il se doutait de ce que l’on devait penser de lui, avec son look et sa tête d’ahuri devant un commissariat de police. Il était même étonné qu’on ne l’ait pas déjà embarqué et fait passer tout un tas de tests. Délit de faciès il connaissait mais ne s’en plaignait pas. Il n’avait rien à se reprocher alors il se pliait toujours de bonne grâce à tout ça. Mais à Bray il semblerait qu’on ne veuille pas perdre son temps. Ou alors les flics n’en avaient rien à foutre de lui. Ce qui était probable. Il était en plein questionnement quand une voix l’interpella. Enfin il pensait que c’était pour lui, puisqu'il était le seul glandu à faire le pied de grue devant l’établissement. Le musicien leva des yeux sombres sur l’homme qui venait de parler, il le détailla rapidement mais ne jugea pas l’homme sur sa tenue. Il était mal placé pour faire ça. Il hocha un peu la tête, toujours clame et placide avant de répondre d’une voix posée, profonde.

« Je suis à la recherche de quelqu’un. »


Il ne voulut pas en dire plus, du moins pas tant que l’homme qu’il espérait être un policer lui aurait dit qu’il aiderait. Parce qu’il était presque certain que « J’ai son nom de tatouer sur la peau mais je ne me souviens pas d’elle. » Ne l’aiderait pas à faire accepter au policier de l’aider. Il se passa une main dans ses cheveux longs et observa l’autre homme sans rien ajouter. Aaren n’était pas un grand bavard.

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Tu aimerais pouvoir dire qu’il n'y va pas par quatre chemins, mais en vérité l’individu qui te fait face reste à ton sens assez énigmatique. Pour un homme indécis, et venu chercher l’aide de la police, il était d’un calme olympien. Tu as d’abord pensé qu’il s’était peut-être perdu, et qu’il était vaguement timide même si ce trait de caractère collait difficilement à l’idée que tu te faisais de ces grands dadais marginaux. En tout cas, s’il venait pour quelque chose d’un peu grave, il en était si faiblement inquiété qu’il te faudrait envisager la possibilité qu’il soit sous l’emprise de substances illicites. Pour être tout à fait franc, l’idée t’avait effleuré l’esprit - les tatouages, les cheveux longs contribuaient au portrait. Pour un homme tel que toi né dans les années 70 et qui pour son époque se faisait déjà une opinion assez rétrograde du mouvement punk, ça n’avait finalement rien de très étonnant. D’autant qu’en presque trente ans de métier, et un passage aux stup’, tu avais eu tout le temps d’en voir défiler un certain nombre. Mais quoi qu’il soit peu bavard, son discours est cohérent, et te conforte dans une opinion largement plus positive, alors tu lui consacres ton temps et toute ton attention.

Il te dit chercher quelqu’un, mais ne s’éparpille pas beaucoup plus. Il n’a pas cet air urgent et paniqué qu’ont les individus venus faire état d’une disparition, mais malgré tout son manque de précision te laisse dans un entre-deux inconfortable. « Vous voulez dire… que vous étiez accompagné d’une personne et que vous l’avez perdue de vue ? Ou qu’on vous a donné un nom ou une adresse, et que vous ne savez pas où aller ? » tu t’enquiers, mais comme tu ne fétichises pas beaucoup de rester dans l’encadrement de la porte et dans les courants d’air, tu lui ouvres un peu plus grand le passage et tu ajoutes : « Quoi qu’il en soit, entrez, il fait pas chaud dehors. Je vais voir ce que je peux faire pour vous aider, vous allez me dire votre situation exactement. » Tu espères qu’il voudra bien se donner la peine d’entrer et que ce n’est pas le commissariat en lui-même qui l’intimide et le pousse à rester à la porte, parce que ça ne t’arrange pas vraiment. Peut-être qu’il avait fait de la prison, remarque. Ça non plus, ça ne t’étonnerait pas beaucoup.
Pour le temps qu’il avait passé dehors, au moins tu pouvais te conforter dans l’idée qu’il n’était pas très pressé. Et c’était tant mieux, parce que vous autres policiers n’étiez pas forcément réputés pour la vitesse de votre administratif. Tu as pris le temps de saluer quelques têtes en passant, sans trop t’attarder malgré tout, de rejoindre ton bureau, retirer ton manteau et allumer l’antiquité qui te servait d’ordinateur. « Ça fait longtemps que vous attendez là dehors ? » tu lui demandes pour faire la conversation, le temps que tu réveilles le cadavre informatique à côté - tu l’invites à s’asseoir d’ailleurs, entre temps, et puis tu en reviens aux faits : « Alors, qu’est-ce que c’est que cette histoire, qui vous cherchez ? » Si tu t’attendais à ce qu’il cherche à l’aveuglette une personne sans nom de famille, sans idée de son adresse ou de ce à quoi il pouvait bien ressembler - jamais de la vie. Pour toi, ça allait être rapide - tu allais pouvoir le guider vers les autorités compétentes, taper trois mots sur ton antiquité, te faire un café et passer à la suite. Mais vraisemblablement, tu n’étais pas au bout de tes surprises.


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Ici, faudrait mettre un sous-titre profond, des paroles de chanson, des trucs un peu cool qui donnent des idées et de l'inspiration. Mais quand on est flic, on a pas le temps pour les fioritures et j'ai du boulot qui m'attend, donc on verra ça un autre jour.


Le musicien ne répondit pas et suivit le policier à l’intérieur. Il se disait qu’une fois dans les bureaux il pourrait expliquer la raison de sa présence ici. Il suivit donc de sa démarche calme l’homme de loi dans le bâtiment, pourquoi tous les commissariats avec la même tronche de bâtiments pourris près à s’effondrer ? Aaren, posa son regard un peu partout, pas très à l’aise, certes il était de nature calme et un peu confiante, mais depuis sa fuite de cette cave, il restait plus ou moins sur ces gardes quand il entrait dans un endroit inconnu. Il se dit qu’ici rien ne pourrait arriver, c’était un endroit pleins de flics. Il observa l’homme qui semblait vouloir faire marcher un appareil datant d’avant guerre. Mais il ne jugea pas, lui même n’avait pas d’ordinateur. Il s’assit sur la chaise en plastique et métal qui grinça un peu sous son poids puis il passa une main dans ses cheveux avant de les attaché en un chignon lâche. Ce n’est que là qu’il reprit la parole.

« Mon histoire va vous sembler folle. Mais j’aimerais que vous m’écoutiez jusqu’à la fin. Si vous refusez de m’aider, je partirai sans insister. »

Mais il voulait qu’on lui donne une chance. Cependant il ne savait pas ce qu’il pouvait dire ou pas, déjà parce que sa mémoire lui jouait des tours et parce qu’il ne voulait pas passer pour un fou. Déjà hors de question de parler de ses pouvoirs, sur ça il était d’accord avec lui-même. Mais pour le reste, il serra les mains entre ses cuisses, toujours perdu dans ses pensées. Il se souvenait de son enferme, enfin quelques parties, il n’arrivait pas à savoir combien de temps, où. Le qui était flou, il avait un visage flou qui s’échapper dès qu’il essayait de le graver dans sa mémoire. Il porta sa main à sa bouche pour se ronger l’ongle du pouce puis de se décider à parler.

« J’ai oublié une partie de ma vie. Je suis incapable de vous dire combien. Si ce sont des jours, des mois ou des années. Mais j’ai un trou. Mon nom est Aaren Worell, je me souviens d’avoir fait partie d’un groupe de métal et parfois d’être venu dans cette ville. Mais il me manque des morceau, entre un concert ici et… Mon retour. »

Il n’avait pas voulu dire évasion parce que cela allait sûrement amener d’autres questions et il ne voulait pas admettre qu’il n’était pas certain que son cerveau avait inventer tout ça. Qui pourrait croire qu’il avait vraiment subis tout ça ?

« Je cherche une personne, qui pourrait peut-être me connaître et m’aider à remplir le trou que j’ai. Une femme, du nom de Morrigan. Je ne sais pas ce qu’elle est pour moi, je ne connais rien d’elle. A par son nom. Et quand je pense à son nom, la ville de Bray s’impose dans mon esprit. Mon histoire peut sembler folle, mais cette femme est la clé. J’ai besoin de la retrouver pour savoir qui je suis.»

Il était étrange pour lui de parler autant, mais il avait besoin de l’aide du policier donc il avait dit tout ce qu’il pouvait. Certes il n’avait pas parlé de son enlèvement mais c’était flou pour lui et il n’avait pas envie de se replonger dedans, de devoir répondre à des questions. Parce qu’il n’était pas certain de pouvoir y répondre et qu’il n’avait pas envie de replonger en enfer. Aaren était un homme qui semblait sûr de lui. Mais ce n’était pas le cas, pas depuis son enlèvement, il dormait mal, faisait souvent des cauchemars et sa peur du noir s'était accentuée. Il bougea un peu sur sa chaise faisant crisser le faux cuire sous ses fesses avant de plonger son regard dans celui du policier.


« Allez-vous m’aider ou pas ? Je peux comprendre que vous refusiez. Mais cette femme, c’est l’unique chose qui peut me rendre ma vie. »

Est-ce que c’était mélodramatique ? Peut-être, mais c’était ainsi qu’il le ressentait. Et Aaren n’était pas du genre à avoir de filtre, il disait les choses comme il pensait.


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Il te suit sans broncher, sans hésitation, sans angoisse – toujours si particulièrement silencieux. Il n’est pas très facile à cerner, mais après tout ça n’a pas grande importance : tu es là pour faire ton boulot, tu l’aideras si tu peux l’aider ou tu lui souhaiteras bon vent en l’orientant vers les autorités compétentes. Il reste muet jusqu’à être installé, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il devait être le genre d’homme qui préparait ses phrases. D’office, il te demande de ne pas l’interrompre et de bien vouloir le laisser parler, et il te présente ça l’air de dire que tu auras bien peu de chance de le croire. Tu t’en méfies toujours, il n’est pas rare pour toi d’entendre un certain nombre de bobards, et la phrase « vous ne me croirez pas de toute façon » était assez fréquente chez les menteurs. Tu t’y prépares, mais malgré tout il faut bien que tu lui accordes ton crédit. Tu n’es pas libre de « refuser » de l’aider de toute façon – c’est ton métier, si vous aviez dû mettre à la porte toutes les personnes qui vous ont couru sur les nerfs, il ne vous resterait plus beaucoup de cas à traiter.
En tout cas, le tout s’annonce comme une histoire longue, alors tu te cales dans le fond de ton fauteuil avec ton calepin ouvert et ton crayon de bois, regrettant un peu de n’avoir pas d’abord pris le temps de te faire un café. « Allons-y, je vous écoute », réponds-tu avec une politesse formelle, avant de le laisser aborder le sujet qui le tracasse. Il resta un moment sans parler, perdu dans ses pensées, construisant probablement son discours en avance. Un discours trop bien ficelé et sans pause sera pour toi plus difficile à croire, tu les connais ces criminels qui s’inventent des alibis alambiqués, mais tu lui accordes malgré tout le bénéfice du doute. Toujours est-il que sur l’ensemble des histoires que tu aurais pu prévoir, tu ne t’étais pas attendu à quelque chose de cette envergure.

Tu apprends que l’homme qui te fait face s’appelle Aaren Worell, qu’il est à la recherche d’une femme répondant au nom de Morrigan, et pour cette partie, il n’y a rien de très anormal. Mais il t’assure sans sourciller qu’il est amnésique et qu’il lui manque tout un pan entier de sa mémoire, qui pourrait au bas mot s’étaler sur plusieurs années. Tu es surpris, même plutôt déstabilisé, parce que tu ne t’es jamais retrouvé face à un cas pareil. Les mémoires sélectives, chez les victimes ou chez les suspects, c’était assez commun, mais de là à devoir gérer un noir complet, tu n’es effectivement pas certain de pouvoir réellement l’aider. Mais tu comprends au moins un peu mieux cette drôle d’attitude qu’il adopte, du moins tu crois comprendre. D’un côté, il se présente comme un homme perdu, sans repère, tout comme il errait plus tôt devant le commissariat sans oser y mettre le pied ; de l’autre, il est trop calme, trop lisse, creux peut-être parce que justement, il lui aurait manqué cette partie de lui-même.

Même si tu avais voulu l’interrompre, tu n’en aurais sans doute pas été capable – et d’ailleurs, pour ce qui est de tes notes, tu n’y as pas écrit grand-chose. Il termine, pourtant tu ne trouves rien à lui répondre tout de suite, trop occupé à procéder les informations que tu viens d’entendre. Tu ne soutiens pas son regard, qui est pour toi un peu trop lourd, et tu te redresses sur ton siège, pressant le crayon contre ta bouche d’un air pensif. « Ah vous n’êtes pas un chanceux vous alors. » C’est la première chose qui te vient, et tu te racles la gorge un peu gêné, vu que ta voix s’était mise à dérailler. Tu soupires, t’es largué, t’essaies d’y mettre au clair. « Je ne peux rien vous promettre, ça dépasse mes compétences, mais on va essayer de voir ensemble ce qu’on pourrait faire pour arranger votre situation, d’accord ? » Tu en avais, des questions, tout un tas – sur ce dont il se souvenait, qui pourrait lui rappeler d’autres choses auxquelles il ne pensait plus mais qui pourraient l’aider.
Ce qui t’étonnait le plus, surtout, c’était qu’il ne sache pas combien de temps de mémoire il avait perdu. Comme si personne n’avait su le lui dire, mais tu ne pouvais pas envisager qu’il soit aussi seul. « J’ignore dans quelles circonstances vous avez perdu la mémoire, mais vous devez bien avoir des proches ? D’autres personnes dont vous vous souvenez, des membres de votre groupe par exemple – ils ne sauraient pas vous dire combien de temps vous avez oublié ? Et à qui pourrait correspondre ce prénom ? » tu t'enquiers, avant de reprendre. « Est-ce que vous êtes allé à la mairie, peut-être pas pour cette Morrigan mais déjà pour avoir des informations sur vous-même ? Je peux faire une recherche dans notre base d’archives, mais si vous n’avez jamais été concerné par les services de police, et si je n’ai pas un nom de famille à associer à cette dame, je risque de me trouver face à un mur, vous comprenez ? » Tu voulais l’aider, bien sûr que tu voulais l’aider – tu cherchais des pistes pour te rendre utile, avec la pensée désagréable au fond du crâne que ce serait peut-être en vain. Mais tu voulais essayer, au moins, avant de plomber ta journée, et celle de ce pauvre gars par la même occasion.


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Il n’avait pas cherché à le couper, le flic en face de lui avait simplement écouté ou du moins fait semblant mais Aaren avait apprécié de ne pas être coupé. Il n’aimait pas devoir se répéter, surtout que dans sa tête tout n’était pas clair et que cela lui demandait un effort de rendre ses dires fluides et compréhensibles. De plus l’homme de loi devant lui ne semblait pas être en grande forme, alors il valait mieux qu’il se concentre pour que son discours soit clair, simple et efficace. Il fallait que tout soit réglé comme du papier à musique. C’est pour cela qu’il avait mis du temps à démarrer, qu’il avait cherché comment commencer, comment présenter tout ça pour ne pas qu’on l’envoi directement chez le psy… Même si avouons le, il en aurait peut-être bien besoin. Il était dans un état psychologique assez pitoyable mais il ne voulait pas vraiment s’apitoyer sur lui-même. Il avait sûrement plus malheureux dans la vie. Et puis il avait un prénom. Un prénom qui était un peu comme un phare dans la nuit. Donc il tant qu’il avait cette bouée de sauvetage il se disait qu’il n’était pas totalement perdu.
Aaren bougea un peu sur la chaise, le faux cuire crisa sous son poids, la vie autour continuait, il entendait les flics qui se parlaient, les téléphones, les chaises, les stylos, les bruits des touches. Il remit une mèche de cheveux qui venait lui gratter la joue avant de prendre les questions une à une pour être certain de répondre comme il fallait à l’homme de loi. Encore une fois il sembla peser ses mots avant de répondre.

« Je vous suis déjà reconnaissant de m’avoir écouté. Je n’étais pas certain que vous accepteriez. Mon histoire peut sembler étrange. Mais je suis seul. Je n’ai personne vers qui me tourner. Mon autre vie me semble bien loin. »


Et depuis son enlèvement, il ne faisait plus confiance. Tout le monde pouvait le remettre dans cette cave, froide et noire. C’était hors de question. Il sentit une boule se former dans son ventre. Il ferma les yeux, il finit par revenir au présent.

« Pour vous répondre, je n’ai pas revu mes parents depuis que j’ai quitté le domicile familial. Je n’ai même pas de numéro. Quant aux membres du groupe, certains sont loin de ce que j’ai compris et c’est pareil je n’ai plus de nouvelles ni de moyens de les joindre. Sinon vous pensez bien que c’est la première chose que j’aurais faite. »

Il n’était pas idiot, enfin, le policier faisait juste son travail donc il avait parlé d’une voix égale. Il ne voulait pas que l’homme en face de lui pense qu’il était en train de l’agresser ou autre. Mais parfois, Aaren pouvait avoir des petites sautes d’humeur. Rien de méchant et rien d’anormal après ce qu’il avait vécue. Il changea de nouveau de position sur son siège.

« Cette femme peut me rendre ma vie. Je n’ai qu’un prénom et le nom de cette ville. J’ai mis tous mes espoirs dans cette recherche… J’avais une amie que j’ai quittée pour venir à Bray. J’ai besoin de savoir. Et puis, je connais cette ville, dans le brouillard qu’est mon esprit, Bray est un roc, un phare en pleine mer, j’ai vécu ici, j’en suis presque certain, j’ai des flashs, c’est flou, mais Bray est toujours présent. Peut-être que quelqu’un finira par me reconnaître. Peut-être même que je suis dans votre base de données.»

Du moins il voulait y croire, il ne pouvait pas être seul au monde ? Si ? Cela lui faisait peur, il avait l’impression d’être au bord d’un gouffre, cette immense solitude, ce vide en lui, tout cela l’effrayait. Il ne voulait pas semblait désespéré, même s’il l’était un peu. Il passa une de ses grandes mains dans ses cheveux avant de soupirer un peu.

« Si vous refusez de m’aider… Pourriez-vous me diriger vers un détective privé ? Je n’ai pas grand-chose, mais je me débrouillerais.»



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Bien sûr, tu n’avais rien dit, il était tout à fait normal que tu n’aies pas voulu le couper. Après des années passées aux services des victimes, tu savais combien reprendre un flot de parole et d’aveux après une interruption pouvait être difficile. Mais, ceci mis à part, même si tu en avais eu l’intention, tu n’aurais rien pu faire. Tout simplement parce que tu ne savais pas quoi lui dire, à cet homme, qui semblait faire reposer sur toi un espoir fou, presque infondé. Il n’avait rien, rien d’assez concret, rien d’autre qu’un prénom – tu avais encore dans tes dossiers certaines affaires non-résolues avec pourtant davantage de fond. Il te faisait de la peine, ce grand bonhomme ; il avait beau ressembler à un ancien détenu avec sa masse de muscles et ses tatouages, ça n’en restait pas moins là une épreuve que tu ne souhaitais à personne. Tu savais qu’il ne valait mieux pas laisser la pitié te ronger parce qu’elle altérait ton jugement, et qu’il y avait véritablement quelque chose de destructeur dans ce métier lorsqu’on n’armait pas son cœur d’une cuirasse bien solide. Tu avais toujours été un peu trop sensible, mais ces dernières années semble-t-il, ça t’avait heurté plus que jamais. A cause de l’alcool, qui avait rapiécé tes retranchements sans préavis. Résultat, tu te sentais la profonde envie de l’aider du mieux que tu pouvais.

Il te remercie, et t’apprend qu’il est bel et bien seul devant son histoire, complètement démuni. Loin de toi l’idée de le prendre pour un idiot, mais dans une situation de détresse, on oubliait très souvent l’évidence, on ne pensait plus à l’essentiel pour se répéter encore et encore un détail obsédant, et cela ne te coûtait rien de lui poser la question. Tu as bien assez d’expérience désormais dans ce domaine pour savoir qu’en des circonstances dramatiques, le comportement d’une personne change radicalement. Mais pas de membres de son groupe, pas même ses propres parents, et cela encore fait bien quelque chose à ton cœur de père absent. Comment pouvait-on se retrouver dans une situation où l’on n’était même plus capable de recontacter ceux qui nous ont mis dans ce monde ? Il est vraiment tout seul, à un point presque absurde, et ça n’en donnait que plus de sens à ce prénom décoché au détour. Le phare en pleine mer, tel qu’il le disait si bien. Tu espérais qu’en suivant ce nom il ne finirait pas déçu.

En tout cas, tu ne peux pas faire grand-chose, mais entrer un nom dans une base de données, cela tu pouvais le faire. Tu as jeté un œil à l’écran de ton ordinateur qui avait miraculeusement terminé de charger, décidant pour alléger ta conscience de bien vouloir essayer au moins cela. Si vous refusez de m’aider dit-il encore, pour la troisième fois – pour ces mots-là en revanche, tu sens la mauvaise humeur te gagner. C’était déjà assez pénible à entendre une première fois, à la troisième tu en as juste par-dessus la tête. Tu soupires longuement, cachant assez mal la lassitude : « Je vous le dis une fois : je ne refuse pas de vous aider. Je vous conseille simplement de ne pas trop compter sur des résultats probants, je ferai de mon mieux mais je ne fais pas de miracle, et il semblerait bien que ce soit d’un miracle dont vous ayez besoin. Cela dit, Bray n’est pas si vaste, c’est le côté encourageant. » Tu te cales contre le dossier de ton fauteuil, tournant un peu de gauche à droite, réfléchissant à ce que tu pourrais bien lui conseiller. « Je n’aime pas beaucoup les privés », finis-tu par dire, « je me méfie de la façon dont ils peuvent s’enrichir sur la détresse des gens. Mais si je n’arrive à rien, je peux peut-être vous chercher ça, en désespoir de cause. »

Tu te penches finalement sur ton ordinateur, lançant une recherche au nom d’Aaren Worell, espérant presque pour lui qu’il aura au moins une petite affaire sur les épaules, même rien qu’un petit tapage nocturne, rien que pour voir surgir a minima un petit dossier. Si tant est que cela se fasse avec succès, tu pourras toujours tenter de relier cela au prénom Morrigan, mais là-dessus tu n’espères pas grand-chose. « Quoiqu’il en soit, je vais prendre vos coordonnées. Adresse, numéro de téléphone, e-mail, un moyen de vous contacter, dans le cas où cette Morrigan surgirait un jour au poste. D’ailleurs j’y pense… » Tu t’arrêtes un court instant, lançant dans sa direction un regard hésitant. « Vous êtes bien certain qu’il s’agit d’une personne ? » Silence, soupir. « Vous êtes suivi médicalement pour ces pertes de mémoire ? Il y a une raison médicale ? Un psychologue, un thérapeute peut-être ? Si oui, il me faudrait aussi son nom. Je pense que vous devriez être suivi, il ne fait pas bon d’être complètement seul dans ce que vous traversez. » Tu espérais qu’il ne le prendrait pas mal, très franchement ça n’avait pas été ton intention. Mais, au fond, tu espérais tout de même pouvoir relier son profil à un suivi médical, rien que pour essayer de comprendre un peu mieux la raison derrière son amnésie, autrement qu’avec le peu d’informations qu’il mettait à ta disposition.


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Ici, faudrait mettre un sous-titre profond, des paroles de chanson, des trucs un peu cool qui donnent des idées et de l'inspiration. Mais quand on est flic, on a pas le temps pour les fioritures et j'ai du boulot qui m'attend, donc on verra ça un autre jour.


Aaren se crispa un peu, il savait que le policier lui avait dit qu’il aiderait autant qu’il le pourrait. Mais il savait que son histoire était...Compliqué et peut-être qu’un jour il se sentirait suffisamment en sécurité pour raconter un peu plus à l’homme de loi. Mais pour le moment ce n’était pas le cas. Déjà qu’il n’était pas un grand bavard de base.

« Je ne voulais pas vous agacez pardonner moi. Mais c’est la première fois que j’ose en parler à la police alors. J’avais quand même des doutes sur le fait que quelqu’un accepterais de m’écouter. Je suis même étonné que vous en m’ayez pas fait une prise de sang et tout ce qui va avec pour être certain que j’étais clean. »

Ce n’était pas une invitation à la faire, bien qu’il s’y plierait sans sourciller puisque il était clean. Mais juste de l’étonnement. Bien que le placide Aaren ne le montre pas vraiment, sa voix avait à peine changer de ton. Il haussa les épaules et observa ses doigts, croiser sur ses genoux quand l’homme à l’insigne lui parla de sa défiance envers les privés. Si la police ne pouvait pas l’aider, quel autre choix aurait-il ? A part se promener au hasard dans les rues de la ville en espérant que Morrigan habite toujours là et qu’elle aime les ballades… Il releva les yeux vers lui avant de soupirer un peu.

« Je suis certain que c’est une femme. Je l’ai oubliée mais son prénom… Son prénom réveille quelque chose en moi. Vous me prenez peut-être pour un idiot. Mais je suis certain que si je la retrouve elle pourra me rendre une partie de ma vie. Et puis mes tatouage c’est comme un roman pour un écrivain. Mes tatouage racontent ma vie. Je ne fais jamais un tatouage sans y réfléchir avant. Sans qu’ils n’aient une signification. Je sais que c’est maigres comme information. Mais si j’ai gravé son prénom dans ma peau. C’est qu’elle compte pour moi. Ou qu’elle à comptée. Je ne peux pas vous dire qu’elle est notre relation. Je ne sais même pas si nous nous sommes quittés en bon terme ou si on ne c’est jamais quittés. Mais elle existe. De ça j’en suis certain »

C’était ancré comme lui. Tout comme son amour de la musique il ne pouvait pas oublier ce bien être qu’il ressentait quand il prononçait le prénom de cette jeune femme. Une musique entêtante qui le suivait partout. Vous savez ce genre de chanson qui nous tourne en tête et qu’on arrive pas à se sortir de la tête.
Il cherchait un indice à donné au flic, n’importe quoi. Un nom, une date, une adresse mais il sentait le mal de tête poindre et l’angoisse remonter. Il secoua la tête négativement.

« Non, je ne vois personne. A quoi bon ? Je ne me souviens de rien. Et il y a sûrement une raison vous ne pensez pas ? Soit j’étais un homme horrible et mon amnésie est un moyens pour moi de repartir sur de bonnes bases. Soit j’ai vu quelque chose d’horrible et mon cerveau se protège en refusant que j’y accède. »

Il allait se lever et remercier le flic quand un détail lui revient… Il observa un peu l’homme devant lui avant de reprendre la parole.

« J’ai vécu à Bray de ça j’en suis certain. Je me souvins d’un bar. Plus du nom. Mais l’enseigne.. Je crois que l’enseigne était en néon bleu ou vert… C’est une petite ville comme vous l’avez dit. C’est tout ce dont je me souviens. Une enseigne lumineuse... »

Ce bar c’était peut-être là qu’il avait connu cette femme ou alors juste un endroit où il aimait aller avant. Qu’est ce qu’il en savait lui. Mais si le flic pouvait trouver cet endroit, Aaren s’y rendrait et peut-être que… Peut-être qu’il trouverais Morrigan…


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Ici, faudrait mettre un sous-titre profond, des paroles de chanson, des trucs un peu cool qui donnent des idées et de l'inspiration. Mais quand on est flic, on a pas le temps pour les fioritures et j'ai du boulot qui m'attend, donc on verra ça un autre jour.


Ta lassitude manifeste a eu un effet presque immédiat, et tu te mords un peu la joue d’appréhension à l’idée que cela le braque et n’entrave encore davantage votre échange : fort heureusement, il semble compréhensif, et te fait part de ses doutes. C’est une épreuve pour lui que de venir de parler de tout cela, et il s’étonne d’ailleurs que tu n'aies pas testé sa consommation de substances. C’est vrai qu’avec le recul, tu aurais peut-être dû y penser un peu avant, surtout avec ses allures de punk et son air un peu perdu. Il y avait de bonnes chances qu’il soit sous psychotropes et pourtant – pourtant ce n’était pas cette impression qu’il te laissait, bien moins en tout cas que celle d’un homme dépassé par les événements. Tu lui adresses un sourire que tu veux réconfortant, et dénué de jugement cette fois. « Ça va, je sais que ce n’est pas facile pour vous. J’aurais peut-être dû vous tester ceci dit, c’est vrai » ajoutes-tu sur le ton de la plaisanterie, avant de reprendre plus sérieusement : « Mais vous avez un discours construit et cohérent, vous ne semblez pas vous contredire. Ou vous êtes très bon acteur et débordant d’imagination, ou vous êtes sérieux et en détresse, et je penche plutôt pour cette option. » Tu espérais quand même ne pas être trop crédule, c’était quelque chose que ton partenaire te reprochait souvent. Au fond, tu avais une telle confiance en l’humain que tu oubliais quelques fois sa propension à mentir. Mais l’homme qui te faisait face avait réussi à te toucher avec son histoire, et tu ne pouvais déjà plus envisager cela autrement que comme une vérité.

Puis, il te parle de ce que ce nom, cette Morrigan lui fait ressentir. Et tu te tais, pour ne pas l’interrompre – tu devrais prendre des notes sans doute, en retenir quelque chose, mais ta sentimentalité l’emporte. Tu aimerais ne pas avoir cette compassion trop lourde qui t’habille le visage, tu aimerais pouvoir rester ferme et professionnel, mais tu as toujours eu le cœur un peu trop mou. Tu ne le prenais pas pour un idiot, mais il avait tout de même raison de prendre ce recul : tu ne pouvais pas comprendre ce qu’il ressentait, tu ne pouvais pas savoir quelle sensation cela pouvait être de connaître une chose, d’être convaincu de la connaître, tout en l’ayant oubliée, tout en étant incapable de se souvenir ce dont il s’agissait. Quelle frustration ce devait être de ne plus avoir d’emprise sur son cerveau et sa propre mémoire. Tu pouvais seulement essayer d’imaginer, supposer, compatir à la contrariété et à la souffrance dans ses traits. Décidément, tu ne pouvais pas croire qu’il s’agisse là d’un mensonge. Et tu te maudissais d’avoir la larme facile, parce que tu luttais contre toi-même à l’instant pour ne rien laisser ressortir. Tu gardais un visage stoïque et attentif, mettant tous tes efforts pour ne rien laisser paraître – mais tu avais les yeux humides. Et tu regrettais, en plus de n’avoir pas bu ton café, de ne pas pouvoir non plus atteindre ta flasque. Ce serait un coup à lui manquer de respect, et tu ne voulais pas risquer quelque chose comme ça.

Et puis tu avais posé la question de son suivi médical et psychologique, et sa réponse est sans appel : c’est un non catégorique, et il estime que cela ne lui sert à rien. Parce qu’il aurait une bonne raison d’avoir oublié, selon lui – mais tu trouves cette affirmation absolument terrible en soi, presque insoutenable. Tu ne pouvais imaginer qu’il puisse refuser sa propre mémoire, qu’il accepte de simplement mettre de côté toute cette partie de lui-même. Mais il n’avait cherché personne, depuis son nom, personne de son groupe, de sa famille, pas de soutien, pas de soin, rien d’autre sinon cette Morrigan. Vivre dans le déni, et n’accorder d’importance qu’à cette unique obsession, pour toi c’était la preuve même qu’il avait besoin de ce soutien psychologique. Il allait mal, il avait besoin d’aide, il ne pouvait simplement pourchasser cet idéal et rejeter tout le reste. Tu soupires, non par lassitude mais par peine, parce qu’il te donne le cœur lourd : tu ne peux pas le contraindre, tu peux seulement lui donner ton opinion et espérer qu’il la suive. Tu passes en silence la main contre ton front pour te faire réfléchir, et tu lui dis tout de même : « Vous devriez y penser. Vous ne pouvez pas seulement vous contenter de rejeter le passé, faire comme s’il n'existait pas. Vous ne voulez même pas essayer de comprendre ? Et même si vous ne voulez pas de ces souvenirs, je crois que vous devriez voir quelqu’un. Au moins, pour qu’il vous guide, vous conseille, vous épaule – vous comprenez bien que ce n’est pas sain pour vous de rester seul, avec tout ce pan de vous-même en moins ? Vous ne pouvez pas vous contenter de vous raccrocher à un tatouage : vous avez besoin d’un soutien. Et je vous le dis très sincèrement, d’homme à homme : je n’aimerais pas arriver ici un matin et me faire dire qu’on vous a retrouvé suicidé sous un quai du port. Est-ce que vous voulez bien, s’il vous plait, essayer de voir quelqu’un ? » Tu avais soutenu son regard, et ce n’était pas de la colère sous cette autorité mais plutôt de l’inquiétude. Tu étais sincèrement inquiet, parce qu’il y avait plus de chances que cette histoire finisse mal – l’heureux dénouement dans les bras d’une femme, qui effacerait tous les problèmes psychologiques qu’il avait visiblement, semblait définitivement peu probable. Et c’était de ta responsabilité, selon toi, de t’assurer que chaque citoyen de cette ville avait accès à l’aide dont il avait besoin.

Il a une dernière demande – à propos d’un néon, d’un bar, et s’il te pose la question, tu te dis que cela pourrait l’aider, à défaut d’avoir su te rendre utile. Une chance, en vérité, que tu sois un alcoolique avéré. Il avait beau y avoir un certain nombre de bars dans cette ville, elle restait de taille assez réduite, et tu avais vraisemblablement dû tous les visiter – dans le cadre de tes fonctions, ou pour ton propre plaisir. Alors tu veux lui donner un coup de main, un petit dernier, sait-on jamais. Tu lèves le nez au plafond en tournant sur ta chaise, cherchant dans ta mémoire une enseigne bleue ou verte, ce qui était assez large mine de rien. « Le Drunk Mermaid ? C’est sans doute l’un des plus fréquentés, à Coconut. Mais si vous avez joué à la salle de spectacle de Dragon Alley, il s’agit peut-être du Smooth Criminal : il est juste à côté. » Ceci étant dit, tu te lèves, et traverse d’un bon pas la distance qui vous sépare, puisqu’il semblait vouloir s’en aller – et tu n’avais pas l’intention de le laisser disparaître comme ça, comme si de rien n’était, en te laissant ressasser cet échange jusqu’au soir. Tu lui tends la main, et lui propose une poignée de main ferme. « J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez. N’hésitez pas si vous cherchez d’autres renseignements, et si vous en avez des nouvelles… J’aimerais savoir ce qu’il en est. » Ce serait vraiment cruel de sa part de te laisser avec cette affaire dans un coin du crâne, et très sincèrement, tu espérais qu’il ne te refuserait pas le droit de savoir.


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