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 Rudolph the Red Nosed Reindeer | Shubaz

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
Rudolph
the Red Nosed Reindeer
ft. V. Shura Bäckähäst
icon (c)Pando
Ce n’est pas sa première gorge, devant la maîtrise de ses actes il n’y a pas le moindre doute possible. Tu t’y connais assez dans cette pratique pour être capable de reconnaître un novice, et il ne l’est pas – une certitude qui te séduit et te fait un effet monstre. Il sait ce qu’il fait, et il n’a pas le moindre signe d’hésitation : écrasant sur ta trachée une poigne impitoyable et cruelle, qui semble ne pas se contenter de la suffocation mais cherche presque à te broyer et te marquer durablement. Chaque minute, cette prise experte te jette plus en avant dans la détresse physique et fait de toi sa victime sans espoir de miséricorde. Pire encore, elle répond à ta faiblesse grandissante en devenant plus ferme et plus douloureuse, et cette preuve de sadisme ne te laisse pas indifférent.
Tu aimais cela. Tu savais de lui finalement si peu de chose, mais de sentir tes membres faillir et ta conscience vaciller sous la fermeté de ses mains te procure un plaisir indicible. Tu aimais les deviner, sous les tiennes un peu trop tendres, te presser sans ménagement contre le sol, tu aimais qu’il te domine et sentir son poids par-dessus ton corps, cette présence glaciale jurant avec ses phalanges brûlantes.
Dix minutes. Il aurait fallu dix interminables et délicieuses minutes pour que l’étreinte autour de ta gorge ne devienne sincèrement funeste – il en fallait cependant bien moins pour atteindre le seuil de l’évanouissement, et c’était encore omettre les séquelles durables qu’il pouvait y avoir à priver le cerveau d’oxygène si longtemps. Tu n’avais pas frôlé la mort sous les mains de Kochtcheï, mais l’inconscience au moins à deux reprises ; lui qui se faisait une joie de prolonger la torture et constater la souffrance sillonnant ton visage impuissant. Tu te sentais maintenu, détenu, possédé, exhibé une fois encore à ce regard qui en voyait toujours trop. La strangulation seule était déjà pour toi un travers exaltant, mais que lui soit ton bourreau y mêlait bien davantage de saveurs encore, et tu avais apprécié chaque seconde de cette lutte, en sachant tout le fantasme que tu te créerais à repenser à son emprise et sa domination.

Tu t’en extirpes épuisé, tremblant. Le thé n’y est pour rien dans ton état, sinon peut-être pour te faire oublier une part de bienséance – mais c'est cet acharnement sur ta gorge qui te rend incapable de quitter le sol et te jette dans ces extrémités. Tu as chaud et froid, tu es ébranlé, moite, en sueur et larmoyant, douloureux de la gorge aux poumons, le cœur s’arrachant de lui-même dans l’affolement. La sensation de ta propre peau te parait insupportable, tu l’aurais supplié d’arracher ce pull si à cet instant-là tu avais été capable de parole et d’un peu de bon sens, mais il te faut un moment pour retrouver ta voix et quelques mouvements. Reprendre contenance, crever ce regard, darder ces deux émeraudes d’une passion coupable, d’une envie affolante, d’une curiosité intarissable – tu le flattes, tu l’adores des yeux, cherchant dans les siens ce que tu n’avais pu voir sous l’effet de sa torture, mais le Kochtcheï impitoyable s’est effacé déjà. Il est de nouveau celui qui se contient, qui te méprise, qui se crispe au contact de tes mains sur ses cuisses, celui que tu te plais à provoquer, à jeter hors de ses gonds. Ce qui d’ailleurs ne tarde pas : à peine te permets-tu d’en exprimer un peu trop sur ces pensées qu’il t’inspire que le coup part et s’écrase sur ta deuxième joue, t’arrachant au vol un couinement plaintif. La ferme. D’accord, tu vas te taire un petit peu, de toute façon parler te demande encore un peu trop d’effort. Une main sur la joue pour en apaiser la douleur encore vive, ton regard prend son visage derechef et le dévore avec convoitise. Ce que tu constates surtout, c’est que toute l’angoisse dont le serpent et toi pouviez être responsables ne lui donne pas le moins du monde l’envie de se lever. Il pourrait simplement se redresser et aller voir ailleurs si tu y es, mais le coquin semble se passionner de te prendre pour fauteuil – tu n’iras pas t’en plaindre, tu aimes assez son contact pour l'apprécier lorsqu’il ne s’efforce pas de le fuir.

C’est pire que cela d’ailleurs, mais il faut tout de même que je rende un minimum l’effet de surprise. Après deux belles lattes sur ce qu’il lui reste de joint, ton tortionnaire le retourne entre ses lèvres et te saisit par le col. Autant le dire, tu n’es pas familier avec le concept de soufflette, et tu ne comprends pas immédiatement ce dont il retourne, en revanche le frottement du tissu sur ton cou encore sensible t’arrache un plaisant frisson, et tu ne te sens pas vraiment de t’en défendre. Et… Quoi ? De n’importe qui d’autre, tu ne te serais pas posé tant de questions, mais de la part de Kochtcheï tu étais pris au dépourvu par quoi que ce soit d’un peu tendre. Pour autant, tu aurais mis peu de temps à t'en remettre, un baiser était une manière comme une autre pour toi de gagner du terrain sur sa conscience. Cependant tu déchantes bien vite lorsque la fumée s’engouffre dans ta gorge, et que tant bien que mal tu te représentes ce qu’il essaie de faire. Toi qui a encore la respiration irrégulière et le cœur battant la chamade, toi qui te sens encore brûler de l’intérieur à cause de l'asphyxie récente, ta réaction ne se fait pas attendre mais tu manques un peu trop de force pour te sauver la mise. Tes lèvres s’écartent, tes dents mordent sans volonté et tu gaspes pour de l’air – il t’empoisonne, il t’étouffe de cette autre manière, tu expires et enrobes de fumée vos deux visages. Enfoiré, criminel. Tu n’as pas assez de ressources pour le lui dire, mais tu le penses presque assez fort pour qu’il l’entende. Dans une tentative naïve d’écarter son visage, ta main s’accroche à ses cheveux en bataille, tu le repousses mais trop impuissamment pour ne serait-ce que lui faire un peu mal.

Il te relâche sa torture achevée, encore que celle-ci n’avait rien de douloureux en plus d’être surprenante de sensualité ; tu ne t’en étais défendu que parce que tu avais encore les sens à vif et le corps en détresse des suites de la précédente. A nouveau tu respires, les derniers nuages s’évadant de tes lèvres sans véritable effort – tu te sens la tête prise presque aussitôt, incapable de penser clairement. De retour contre le parquet, d’autant plus impuissant, le dos de tes mains pressé sur ton visage brûlant. C’est… étonnamment agréable, tu as cette impression que plus jamais de ta vie tu ne connaîtras le sentiment de frustration. De toute façon, il est trop tard pour objecter et inutile de t’en plaindre. Tu cherches une réplique cinglante, quelque chose à lui dire, une taquinerie, une provocation – rien ne vient, tu manques encore d’oxygène et parler te fatigue : tu soupires longuement, profondément ; au moins, il a eu ce qu’il voulait, il est parvenu à te faire taire. L’autre avantage, si on peut appeler cela un avantage pour le masochiste que tu es, c’est que la douleur se fait moindre et plus tolérable. Tu entreprends un mouvement – tu ne parviens même pas à faire mieux que penser vaguement à une tentative. Très bien, d’accord. Tu renonces alors. Incapable de faire mieux que de le regarder depuis le sol, tes pupilles dans le vague hurlant à l’esprit embrumé. Un 96 au lancer de dé, pour toi qui n’est pas un habitué de ces substances, et pour ce que Shura doit les doser, il fallait tout de même s’y attendre.  
BY CΔLΙGULΔ ☾
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I took a walk on a Saturday night,fog in the air, just to make my mind seem clear where do I go from here? I see my breath pushing steam through the air, shaking hands run through my hair, my fears, where do I go from here?

Difficile de rester de marbre face à un spectacle aussi délicieux pour ses yeux. Une agréable mélancolie l’envahie, soupoudrée d’une désirable envie de faire plus, toujours plus. Il est ainsi, Kochtcheï, insasiable satisfait dont les habitudes assassines n’avaient jamais vraiment quitté son quotidien. Il ne peut même pas prétendre que Basil soit le malheureux élu pour cette soudaine rechute meutrière ; Il avait l’air le plus heureux des deux malgré sa carcasse qui réclame l’arrêt imminent du professionnel. Est-ce qu’il s’exécute ? Non, le temps lui accorde encore des minutes pendant que le compte à reboure s’effectue dans sa tête. Ses deux yeux verts fixent le rouquin sans lui laisser l’occasion de se défaire de lui-même, préférant raffermir cette prise pour la rendre encore plus dure d’évasion. L’envie de le tuer était présente, mais une faible conscience lui murmure que ce n’était pas pour tout de suite. Qu’il avait encore besoin de lui, et qu’il devait se retenir. Aussi, il avait attendu la dernière seconde de cette dixième minute pour le relâcher, le libérant in extremis avant d’avoir un cadavre à trainer en dehors de son appartement. L’éclat de lucidité, ou bien le masque de la banalité se remet, et le voilà à respirer bruyamment pour extirper plus vite les dernières traces de rage incontrôlée.
Shura ne s’étonne même plus, il s’en doutait. Cela est même la raison pour laquelle il ne s’entoure pas davantage, conscient que son manque de sociabilité frôlant la psychopathie légère peut être fatal pour ses proches. Car, aussi amère est-ce à accepter, il considère ce savant fou et masochiste comme l’un d’entre eux.

Le manque ; Sa plus grande maladie.
Le manque de sang, le manque de drogue, le manque d’action. L’ennui qu’il refoule en comblant les heures de sa journée comme il peut, persuadé de n’être bon qu’à faire du mal aux autres, à garder ses petits secrets. Une bête en cage, qui ne cesse de tourner en rond dans cette ville, à la confession difficile dont la retenue est uniquement motivée par l’envie de faire profil-bas, courrant après une chimère pour se distraire et oublier tout ce qu’il a laissé derrière lui, cherchant le divertissement dans ses plus noires pièces. La sensation de ne voir que des railleries autour de lui qui le met dans une colère noire, mais il s’adapte. Il est bombe humaine, ayant explosé devant ce sale type. Shura revient à lui. Ou du moins, il enterre Vlasi qui, l’espace d’un instant, est revenu d’entre les morts pour laisser exploser sa frustration. Quoi que, l’effacer est difficile, et il semble lutter pour rester, d’où ses mains qui passent sur son visage après avoir frapper encore une fois pour inviter Egerton à mettre les siennes ailleurs. Froid, chaud, fatigue, adrénaline, il attrape ce batonnet fumant abandonné le temps de la strangulation pour avoir sa dose et nourrir son cocon nébuleux. Mais si cela s’arrêtait à là. L’attention n’était pas prêtée à l’envie de se lever, mais plutôt à l’idée qui avait murit dans son esprit. Ainsi donc, le contact est plaisant ? Eh bien, il allait rendre ce dernier regrettable. Il met de côté sa fierté, coince ce joins entre ses lèvres dans un sens dangereux et le voilà à mener un bien original assaut pour faire taire le fossoyeur.

Une réussite, tandis qu’une esquisse satisfaite murit dans son esprit, mais pas sur ses lèvres prises pour mener à bien son crime. Le regrettait-il ? Aucunement, mais bien trop hautain pour l’avouer. L’air était une denrée rare, et voilà que Koctcheï la lui empoisonnait à envenimer ses poumons de cette fumée qu’il aimait tant. Le thé n’était que la méthode gentillette, et elle n’avait pas été suffisante à son goût pour continuer. Cela était trop bon, pas assez vicieux, tout juste un coup bas pour embrumés l’esprit du Doc de manière douce. Mais avec ce qui a été dit, ce qui a été fait, cela ne suffisait plus pour nourrir son propre dessein. Alors, il lui offrait ce baiser, prenant garde de ne pas avaler ce joins et laissant traverser un léger rire étouffé en le sentant s’agiter sous sa prise. Il se fiche éperdumment de cette pauvre lutte, de cette poigne dans sa tignasse ébène qui l’invite fortement à se reculer. Avait-il prises, les distances, quand Kochtcheï les lui avait demandés ? Non ; Il n’a aucune raison, aucune dette, aucun argument l’encourageant à accéder à sa requête. Il a fallu attendre que son souffle s’épuise de son côté pour qu’Egerton puisse retrouver sa liberté, et surtout de l’air tout ce qu’il y a de plus normal.
Ce n’est qu’à la fin de cet “échange” pour le moins original que le russe s’était relevé. Avec beaucoup moins de peine que cette fée démunit, baignant dans le mal. Ses lèvres se tordent, affichant ce sourire satisfait, mais continue. «Maintenant, tu sais ce que ça fait de se faire shooter.» Lâcha-t-il plus comme un constat pour lui-même que par une véritable envie de lui planter un pique. Il était fier de lui, fier de ce qu’il voyait, fier de l’avoir contraint à se taire. Il n’a rien à rétorquer, ou du moins la force ne lui permet pas, et c’est... jouissif pour Shura. Enfin. Le silence n’a jamais été aussi savoureux pour ses oreilles tandis que ses doigts venaient enlever ce qui reste de ce joins qui l’avait achevé.

Il n’a même pas besoin de mot pour l’exprimer. Cela se voit sur son visage, sur ses yeux qui se jettent vers le plafond, l’euphorie allégeant les traits de son visage. Le russe avait effectué quelques pas sur pour se diriger vers la table-basse où demeurait le cendrier gavé dans lequel il abandonné l’arme de son méfait en l’écrasant sans que cela soit nécessaire. Ses deux émeraudes se relèvent, cherchent Basil du regard, mais constatent qu’il n’est toujours pas relevé. Cela l’amuse de le voir ainsi, avachi à terre, sans aucune tenue ni capacité à se relever. S’en est presque pitoyable, mais plaisant. Kochtcheï hésite, s’accroupissant pour se mettre à sa hauteur, le visage tranchait en deux. On pourrait croire voi Chester, c’est à s’y méprendre. Seulement, ce sourire est moins excessif, beaucoup plus sincère, en échos à la félicité qui le traverse. «Tu verrais ta tête... Alors Doc, ça fait quoi d’être affaibli de la sorte ?» C’est plus léger que lors du dernier dérapage, ayant une pointe de jeu qui donne un côté enfantillage à la scène. Une simple question de renvoie de balle tandis que Shura se relève une énième fois. Il pourrait l’abandonner sur le balatume ainsi, sans demander son reste, mais ce n’est pas un connard fini à la pisse comme le petit-frère.

Son sourire s’efface, mais le pétillement dans son regard demeure.
Un acte de bonté, au moins pour l’aider à digérer dans un endroit plus convenable -ou bien le remercier pour s’être tût-. Il se rebaisse pour l’attraper, le mettre dans ses bras, cette petite princesse disloquée qui saura quoi rétorquer à l’avenir à ses provocations. Cela le console d’ailleurs, le motive à être bon avec lui. Un petit effort, après cette douche froide. Un effort qui ne s’éternise pas cela dit, puisque cela avait duré le temps de le mettre dans le canapé et de l’y asseoir. Il ne fallait pas pousser, Shura tenait aussi à avoir un peu de place. Il s’était seulement absenter quelques instants pour aller chercher un thé à cet idiot -sans aucun additif cette fois-ci- et sa bouteille de vodka. Il avait tout posé sur la table-basse, non loin du cendrier, et il s’était avachi sur la place restante, roulant son prochain joins. Après tout, il n’avait pas pu profiter pleinement du précédent contrairement à son voisin. Un sifflement parvient à ses esprits, et cela lui fait penser qu’il n’a pas remis Nagini dans son terrarium. «Oh.. Tant pis, trop tard, je suis calé.».

(c) SIAL ; icons little liars


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Basil Egerton
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Quelle étrange sensation ce pouvait être. Les altérations s'accumulaient et te rendaient épave et incapable. L'impuissance imprégnait impitoyablement jusqu'au plus bénin de tes muscles. La suffocation, la peine que tu as à retrouver ton souffle, l'impression affreuse que tu ne parviens plus à remplir suffisamment tes poumons, que chaque soulèvement de ta cage thoracique est conscient et lutte - lutte contre ta gorge enflammée, tes entrailles endolories affolées et brûlantes. Tu ne sais plus parler, tu ne sais plus bouger, tu ne sais plus penser ; tout demande trop d'effort, et tu as mal. Et pourtant... Pourtant tu te sens bien. Envahi par la félicité, euphorique, extatique, débarrassé jusqu'à l'idée et l'essence même de la frustration. Tu étais conscient, ou presque conscient de la torture siégeant dans tes tripes, à quel point c'était insoutenable, à quel point cet état t'aurait rendu fou et fou de rage, fou à péter les plombs, trop fou pour être fréquentable, fou à faire peur - si la drogue n'avait pas pris d'assaut tes liaisons nerveuses. C'était presque comme être heureux de souffrir, comme faire l'expérience de la souffrance à travers un voile, pour de faux. Pour toi qui avait un instinct de survie trop insuffisant, c'était loin de te rendre service. Mais tu étais bien, on pourrait même dire que tu étais heureux, échoué au sol et inerte, incapable, impuissant, victime. Maintenant tu sais ce que ça fait de se faire shooter mais tu n'es pas capable de faire mieux que sourire d'un tressaillement au coin des lèvres. Comme tu aimerais lui répondre, entrer dans son jeu, mais c'est hors de ta portée. Et cela devrait t'être insupportable, pourtant tu es encore là à sourire, et à le laisser s'échapper. C'est à peine si tu remarques ses traits de satisfaction, ses gestes n'ont aucun sens pour toi, tu n'as plus la raison suffisamment froide pour les décoder. Tous tes apprentissages, toute cette attention minutieuse que tu consacres à traduire le sentiment des autres pour tâcher d'adapter ton comportement, faute d'avoir de l'empathie. Dans un moment pareil, tout part en fumée. L'autre n'est plus sujet mais objet, ses ressentis n'importent plus, il n'y a que toi - toi et ce que tu désires au plus profondément.

Il s'est levé, il a fait quelques pas et tu trouves tout juste la force, après quelques secondes d'effort, pour tourner ton visage de son côté et le suivre approximativement du regard. Le plafond ne t'intéresse pas, c'est Kochtcheï après tout que tu es venu voir. Tu ne feras guère mieux que pencher la tête dans l'immédiat pourtant, tu as besoin du sol pour la soutenir, et tes membres sont autant de loques inertes qui ne sont pas capables de faire mieux qu'un frisson. Le temps qui s'écoule prend au moins le temps d'apaiser certaines de tes douleurs, tu es pris de langueur mais petit à petit tes muscles retrouvent un peu de leur force. En fin de compte, tu deviens doucement capable mais malgré tout la volonté fait obstacle au mouvement, la volonté assommée par les vapeurs toxiques de ton tortionnaire du jour. Il revient et se penche, il sourit mais c'est étrange, tu n'arrives pas à savoir ce que ce sourire signifie - c'est idiot, tu te sentirais presque stupide, mais le monde parait tellement plus naturel quand tu ne te demandes pas ce que signifie l'un ou l'autre comportement. Après tout tu t'en moques. S'il est heureux, tant mieux ; s'il est malheureux, tant mieux ; s'il n'est ni l'un ni l'autre, tant mieux. Peu importe vraiment, tant que c'est de ton fait. Alors Doc, ça fait quoi d'être affaibli de la sorte ? C'est si bête que tu te mets à rire faiblement, le rire est brisé mais il te fait du bien, tu souffles du bout des lèvres : « Sadique ». Tu n'y penses pas beaucoup plus que cela, mais l'idée ne semble pas te déplaire pour autant, quand bien même dans ce scénario tu jouerais très clairement le rôle de la victime.

Est-ce qu'il s'apitoyait, est-ce qu'il avait des remords, tu l'ignores et l'un et l'autre sentiment te sont relativement étrangers. Néanmoins tu ne t'attendais pas vraiment à cela - à ce qu'il fasse une tentative pour te soulever du sol entre ses bras dans une position qui ne flattait pas beaucoup ta masculinité, ou position dite de la princesse pour les connaisseurs. Tu vas forcément tomber. Il va forcément lâcher prise, tu n'es peut-être pas un poids lourd mais tu es un grand gabarit, tu le dépasses largement en taille, et l'on peine à comprendre de quelle manière cela pourrait se faire de façon pratique. Pourtant non, le miracle semble se produire : il ne s'effondre pas sous l'envergure de tes membres accablés. L'expression de ton visage à cet instant devait être fameuse - décomposée, décontenancée, marquée par l'incompréhension et une sorte d'amusement, une marmelade d'émotions confuses ou une déconfiture. Mais malgré tout, puisque cela semble être la bonne chose à faire pour lui faciliter la tâche, et lui éviter de se vautrer et te fracasser le crâne sur le parquet, tu passes un bras autour de ses épaules et te stabilises avant que le pire ne se produise. Au moins jusqu'à ce qu'il t'effondre sans élégance sur le canapé - bon d'accord, qu'il t'y pose et t'y assoit, peu importe tant que tu atterris au bon endroit. Tu ne peux rien faire contre l'avachissement de ta silhouette, mais le bras accroché à l'accoudoir, tu retrouves peu à peu ce qu'il faut d'énergie pour te tenir au moins en position assise, dusses-tu t'écraser contre le dossier et les coussins pour y parvenir. Et il repart, l'énergumène, te laissant face à tes efforts pour retrouver un tant soi peu de tenue et de maîtrise.

Pour te ramener du thé, et s'en rouler un second, visiblement peu satisfait de t'avoir laissé finir ses restes. Nagini s'invite d'ailleurs dans un sifflement, et la scène est prête pour se faire immortaliser en une peinture cocasse. C'est fou, cette langueur, tu n'as rien envie de faire ou de dire - c'était donc cela, l'expérience de Kochtcheï au quotidien ? C'est si différent de tes habitudes, et tu ne parviens pas à détester cela. Tu inspires, profondément, expires à en perdre l'âme, passant avec les forces que tu trouves les mains sur ton visage, dans tes cheveux que l'étranglement de tantôt a laissé en piteux état. Ajoutant à cela que tu ne fais plus l'effort de te tenir droit, tu ne te ressembles plus beaucoup, une fois effondrés les faux semblants. « Je ne m' suis jamais senti aussi improductif » lances-tu à voix basse avec une drôle de bonne humeur, tu sortiras sans doute la même avec un regard noir le lendemain mais tu n'y étais heureusement pas encore. Mais vraiment, que faisait-il le bougre quand il était dans cet état ? Parce que tu ne te sentais pas capable de quoi que ce soit d'utile dans l'immédiat - tu ne te sentais même pas capable de marcher. Au moins, ou plutôt malheureusement, tu avais retrouvé approximativement ta langue. La tête calée contre l'appui-tête, tu laisses défiler les secondes sans y penser, et puis finit par te pencher sur tes demi-jambes pour attraper cette tasse de thé, la porter à tes lèvres, la boire - elle est brûlante, tu ne le réalises que trop tard, après deux larges gorgées destinées à étancher une soif insoupçonnée. Tes yeux se trempent et tu appelles à l'aide sans prononcer un mot, oh rien de grave en définitive tu auras seulement eu l'air idiot - la langue et la gorge douloureuses pour plusieurs minutes, que tu pourrais calmer si vite si tu n'avais pas complètement oublié que tu pouvais t'en défaire aussi facilement que d'un geste miraculeux dont ceux de ton espèce ont le secret. Voilà, tu respires la bouche ouverte, tu te maudis et en même temps tu te trouves furieusement drôle, ce qui donne un rire étouffé doublé de détresse. Et oui Basil, l'eau bouillante brûle, la vie te l'a rappelé cruellement, tu crames de l'intérieur et le pire c'est que ça t'amuse.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Rudolph the Red Nosed Reindeer | Shubaz
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