(Terminé) #10 ; I’ll never lose and I choose to survive. Adam&Vali

Ses doigts plient les tiges pour les pousser à se rompre, et il allège les cyclamens restants de leurs fleurs mortes. Au beau milieu du cimetière, Adam pensait tout en rendant service à la population. L’effleurage, l’éboutonnage, la taille, toutes ces petites choses du jardinage lui permettaient de se vider l’esprit. Les choses prenaient un tout autre tournant avec son colocataire. Non pas que le doute l’habitait désormais, car il n’en a jamais été question, mais disons qu’il sent quelque chose fleurir. C’est ridicule. Ses yeux se ferment pour enlever cette idée de la tête. Vali n’est qu’une distraction, au mieux un outil, rien de plus. Cependant, le djinn espérait secrètement qu’il ne soit pas suffisamment stupide pour aller au-delà des consignes qu’il lui avait donné. Elles étaient simples ; ne pas approcher sa vie privée. Une vie qu’il a enfermé à double-tour dans la bibliothèque, réservant ainsi cette pièce pour y installer son bureau, les grimoires de Père et les dernières traces écrites de son incantation. Trois verrous. Le premier étant celui de la porte, le second du placard fortifié et le troisième du dernier tiroir de son meuble de travail. Des mesures de précaution drastiques, mais il refuse qu’un autre magicien pose ses yeux sur ce qui lui reste du précédent.
La terre tâche ses doigts, et il se fixe dessus. Tout comme il avait fixé le sang de Père à la fin de son cou de colère sur sa personne. Regrettait-il son geste ? Non, Adam était déçu. Déçu que cela n’est pas fonctionné comme il l’espérait. C’est le seul ressentit qui s’échappait de lui, car il n’est pas mécontent de s’en être débarrassé. C’était un poids mort, un simple fantôme. Le souci, c’est qu’il a troqué une chaîne pour une autre. Son contrat n’était pas terminé. James Belladone avait eu un fils, certes et pas des plus faciles, il lui restait un héritier à avoir. Mais Adam ne veut pas de toute cette fortune. L’argent est une notion abstraite pour une personne de son espèce, qu’est-ce qu’il doit en faire hormis remuer pour en avoir encore plus, et alimenter le luxe de son épouse.

Oui, son épouse d’ailleurs, parlons-en. Elle ne sait rien de ses petites aventures, de ses complots. S’il y a bien quelque chose que le djinn redoute, c’est que Madame Belladone se décide à venir ici pour rendre visite à son mari. Elle y dénichera Vali, et connaissant ses antécédents avec James, elle ne mettra pas longtemps à comprendre qu’une fois de plus, elle est trompée. S’en suivra une crise, et Vali aura une ennemie de taille. Amanda est le genre de femme qui a suffisamment d’influence pour engager le KGB ou le FBI afin de se débarrasser des gêneurs. Car c’est ainsi qu’elle considérera le blondinet, sans aucun doute. Cette femme était dangereuse, et tout ce qu’Adam peut faire, c’est de la tenir en laisse avec un collier de perle, de diamant et autre pierre précieuse. L’heure avance, et l’envie de rentrer se fait sentir. Adam s’absente régulièrement du manoir, Vali a l’habitude maintenant. Et il se doute que ce petit con en profite pour fouiner. D’où le fait que le djinn est rassemblée toutes ses affaires suspectes dans une pièce verrouillée à triple tour.
Du cimetière, il ramène une bruyère abandonnée depuis des lustres, et qui a besoin d’un bon coup de sécateur. Un peu de travail pour la maison en somme. Mais elle faisait tâche dans le paysage, et elle trouvera mieux sa place dans un de ses massifs. Ouvrant les grilles du portail, le Belladone avait refermé derrière lui en se fichant éperdument du voisinage curieux. Il n’avait rien à cacher après tout. Et une fois la porte d’entrée passée, il avait déposé le pot à l’entrée, avec son sac à dos à côté et sa veste accrochée sur le porte-manteau. Un coup d’oeil à droite, puis un à gauche, personne. La lumière du salon était allumée pourtant, et les restes d’un plaid, d’un chocolat chaud et d’un paquet d’Oréo demeurait sur la table basse, preuve que Vali était dans le coin.

Les yeux d’Adam se ferment ; tête de mule.
Sans laisser transparaître l’agacement, Adam avait monté les marches en marbre de l’escalier une par une pour se rendre à l’étage sans un bruit, les bras croisés dans son dos. Il lui a suffit de jeter un œil à droite pour y voir son blondinet accroupi devant la porte de son bureau, à tenter de crocheter la serrure. «Bonsoir Vali. Désires-tu un peu d’aide ?» Sarcasme, il suffisait de regarder le djinn pour comprendre que c’était l’exact opposé qu’il souhaitait lui soumettre. Derrière lui, ses doigts s’entremêlent nerveusement, et sa cage thoracique gonfle pour absorber le maximum d’air afin de mieux la relâcher. «J’ignorais que tu avais les compétences d’un voleur. Qui t’as appris à crocheter une serrure ? Cela est récent puisque tu n’as pas été capable de le faire à notre rencontre. Dis-le moi, que j’aille lui arracher la langue.» La menace, la révélatrice de son humeur, de cette colère qui grimpe à petite échelle.

Adam était conscient qu’il n’avait rien fait pour diminuer la curiosité du blond, bien au contraire. Cependant, il ne peut pas se permettre de le laisser entrer. De ce qu’il avait vu, Vali pourrait retourner les traces de son magicien contre lui, et s’en servir pour l’appeler une fois qu’il sera retourné dans le Plan Astral. S’il voulait quitter cette terre, se faire tuer, ce n’est pas pour servir un autre magicien. C’est pour se faire oublier, retourner en dormance dans ce monde où le temps est inexistant contrairement à celui-ci. Retrouver son monde, sa magie, sa force. Couper définitivement les liens avec cette réalité en somme et disparaître. Mais est-ce qu’un magicien pourrait comprendre cela ? Le besoin de liberté, de ne plus être soumis à quelconque contrainte physique. Il n’a pas accumulé des années à supporter leurs existences bruyantes pour troquer une laisse contre une autre. On ne lui avait pas demandé son avis la première fois, pourquoi cela serait différent à la seconde ? Le regard dédaigneux, le menton relevé, le djinn prenait de haut ce blondinet accroupit devant la porte de ses curiosités, ne ménageant pas cet air supérieur si insupportable. Salut, je … Euh non. Ca va. «Tant mieux, je ne comptais pas te l’offrir.» Avait-il répondu du tac-au-tac. Il devait se retenir, car il serait bien capable de le tuer lui-aussi, et cela serait fâcheux.
Ses pupilles automnales descendent sur ses mains, regardent ses dernières glissés ce matériel, et il ne relève rien d’autre que son visage pour épingler son regard sur Vali. Il ne prend pas de gants, menace ouvertement de s’en prendre au maître cambrioleur qui lui a glissé cette idée stupide dans la tête, et cela donne son petit effet. Le chiot grogne, et Adam se contente de basculer légèrement la tête sur le côté en l’écoutant. Je ne dirais rien du tout. Et puis tu n’en sais rien. De toute façon c’était ma décision de faire ça. Alors si tu veux t’en prendre a quelqu’un prends toi en a moi. Honorable, mais qu’est-ce que l’honneur ?

Un notion abstraite pour se réconforter d’un méfait. Une forme de politesse dans la bassesse, argument non-recevable donc si on en croit le silence du Belladone. Tu vas me punir du coup ? Ah mais attends. T’as pas de chaines sur toi. Dommage. C’est exact, il n’a rien d’autre dans ses poches que quelques sucettes et sa blague à tabac. Cependant, Vali est stupide.
Stupide de le mettre en rogne. Et comme si cela ne suffisait pas, le voilà qu’il continue. Tu vas me faire mal pour que je reste bien sage c’est ça ? Il n’a rien retenu de cette fameuse nuit ? Celle qui a tout déclenché ? Ses mains se détachent d’entre-elles dans son dos, les ramenant devant lui. «Tu es affreusement stupide. Mais puisque tu insistes...» Cela ne sera pas une partie de plaisir, pas cette fois. Vali l’a titillé sur deux sujets qui fâchent de manière plus ou moins subliminal : sa vie privée à laquelle il tient tant, et cette magie qui s’amenuise dans ses veines. Ce manque de force qu’il tente de pallier avec sa langue et ses mots. «Saches que je n’ai pas besoin de chaines pour te punir si l’envie m’en prends, je peux très bien te ruer de coups jusqu’à ce que je te fasse cracher le morceau.» Et c’est ce qu’il compte faire. C’est ce qu’il pourrait faire du moins s’il ne se tenait pas lui-même en laisse.

Les yeux figés sur son colocataire, il y avait un semblant de malice qui les traversait. De la malice, et beaucoup de provocation. Il ne donnera pas le premier coup, cela lui permettra de plaider la légitime défense si jamais les choses ce soir vont trop loin. Bien que, il ne laissera rien traverser ces murs. Son but est de resté discret dans cette ville, pas de s’attirer tous les projecteurs de la police. Pour ce qui est du blond, c’est tout autre affaire. Il se fiche éperdument si ce dernier à des problèmes avec la justice, c’est même son but premier. Sa langue passe sur sa lèvre inférieur, ce tic ressemblant affreusement à celui d’un serpent siffleur, et ses mots s’élèvent dans le couloir une nouvelle fois. «Sauf que tu prends bien trop de plaisir à recevoir mes coups. C’est pour cette raison qu’ils ne seront pas dirigés vers toi. Même si tu ne dis rien, je le saurais tôt ou tard. Je le saurais de la même manière que j’ai su où te trouver, où tu te cachais. Tu m’éviteras juste bien des détours. Alors, je répète ma question : qui t’a appris à crocheter les serrures ?» Adam se baisse légèrement, les mains tendus vers Vali, paumes vers le plafond. Comme un coup d’estoque oratoire, il conclue : «Plus tu tarderas à me répondre, plus il souffrira. Je ne me contenterais pas de lui couper la langue ; je le dépouillerais de fond en comble. Il aura tellement honte qu’il préférera mettre fin à ses jours.» Que Dieu vous garde de ce qu’il compte faire, mais ce qu’a subi Vali dans ce même manoir, c’est une partie de plaisir à côté de ce dont il est capable.

Adam a des horaires de fonctionnaire, mais pour ce qui est de ses petites excurtions qui relèvent du domaine de la distraction, il ne suit aucune heure précise. Ce sont ses envies qui décident si, une fois dix-huit passée, il avait envie de rester à la morgue pour faire des heures supplémentaires, ou bien s’il préférait quitter son lieu de travail pour aller tailler les haies de son jardin, ou entrenir les massifs du parc. Le problème majeur pour les petits fouineurs comme Vali, c’est qu’il ne prévient personne. Il ne dit jamais ce qu’il compte fait de ses soirées, de ses heures libres, et il se contente de quitter le manoir sans dire un mot. Dommage, n’est-ce pas ? Cela ne fait pas plaisir au djinn de voir que l’unique consigne qu’il lui avait donné été enfreinte. Bien sûr qu’il renforcera la sécurité. Peut-être même qu’il ira jusqu’à le piéger et déplacer ses affaires dans une autre pièce à l’abri des regards. La menace gronde, et ce crétin ne trouve rien de mieux que de le provoquer. Il voulait jouer sur ce terrain-ci ? L’inconscient. Adam n’a rien à perdre, il se fiche éperduemment des coups, il peut faire ceci toute la soirée si cela lui chante. Vraiment ? Tu crois vraiment que t’y arriverais ? Je crois que tu rêves un peu trop la. T’as aucun avantage. Je suis sur que tu ne sais même pas te battre. Vali marque un point sur ce coup, mais il est trop fier pour l’admettre. Non, il ne gaspillera pas ses réserves pour un effronté. Autant prendre le problème sur un tout autre angle.
Le Belladone ne rétorque rien, et il se contente de fermer les yeux brièvement.
Un soupir, puis ce tic reptilien. Cette langue qui passe sur sa lèvre inférieure, comme s’il se délectait de la situation.

C’est le cas.
Le Djinn rouvre les yeux, et il fixe Vali. De l’intensité dans son regard, il soigne cette mise en scène en restant sur sa position. Ce n’est pas à lui qu’il allait prendre, il prenait bien trop de plaisir à souffrir sous ses coups. Adam ne le jugeait pas sur ce point, cela leur faisait un point commun en plus. La seule chose qui les discerne à ce sujet, c’est de l’ordre raciale, sentimentale et spatiale ; Le Belladone n’a pas de coeur. Et de ce fait, il se fiche éperdumment d’user des pires stratagèmes pour blesser autrui. Chose que Vali avait, puisqu’il pouvait développé l’attachement pour autrui s’il en croit sa réaction à ses propos. T’as pas compris ce que j’ai dis ? La flamme qui met le feu aux poudres. Pas de réponses, comme une ultime provocation, et lorsque son blondinet l’avait saisi par le col pour le plaquer au mur, Adam n’avait pas réagit plus que cela. Au contraire, il semblait jubiler intérieurement à en croire cette lueur dan ses yeux.
Écoute moi bien. «Je suis tout ouïe.» Avait-il prononcé en s’accordant le luxe de l’interrompre pendant son petit monologue. Tu peux t’amuser avec moi. Y’a pas de problème. Mais si tu touche a un seul cheveux d’une personne que j’apprécie crois moi c’est pas elle qui va mettre fin a ses jours. Non c’est toi que je vais éclater. Alors redescends un peu ! J’ai même pas ouvert ta putain de pièce magique ! «Ma pièce magique ?» Les mots qui l’avaient intéresser dans ce petit discour avait été répétés, et cela prouvait une fois de plus que le djinn écoutait seulement lorsque cela l’arrangeait.

Il lève alors une main, exécutant une pichenette sur le nez de son blondinet. «Si elle était magique, je n’aurais pas besoin de clés pour la verrouiller.» Sa main redescend pendant que ses yeux se jettent en direction du plafond, plonge dans la poche de son pantalon pour en sortir un trousseau de clé relié par une chaine à sa ceinture. «C’est cela que tu souhaites ? Si je te proposais une entente. Tu me donnes le nom de cette personne, et je te donne la clé qui permet d’ouvrir la porte.» L’appât du gain, une fois de plus, comme une façon de se moquer de ses propos. Adam se fichait éperdumment des menaces, curieux de savoir jusqu’où il était capable d’aller et surtout, s’il était capable de l’éclater pour reprendre ses termes. Le maître des lieux se tortille un peu, trouvant la position aussi plaisante qu’inconfortable malheureusement. Pour autant, cela ne le poussait pas à donner un coup pour se débarasser de sa prise. Bien au contraire. Malgré cette poigne qui froissait son col et qui gênait son cou, le djinn ne cessait de fixer Vali. «Pour en revenir à mes compétences en matière de combat : en effet, je ne sais pas me battre. Cependant, j’apprends très vite, et je te conseillerais de te méfier des apparences. Pour éclater ton mentor, je suis capable de bien des prouesses.»
Un faible sourire, remplit de malignité.
Invitation formelle, l’autorisation de le frapper est accordé par celui même qui cherche la petite bête.

Parce que le malheureux était en proie aux provocations du djinn peut-être ? Il était certain qu’Adam ne faisait rien pour améliorer sa position, puisque ce dernier continuait de chercher les ennuis. Oui, même les menaces silencieuses du magicien, même ses regards mauvais ne changeront rien. Une véritable tête de mule qui n’a aucune notion du danger, ou même de la mort pour les plus fatalistes. Il y trouvait son confort malgré son dos éclaté contre le mur, et ce poing qui le gêne, le forçant à garder la tête haute. Ce n’est pas comme si cela chamboulait son quotidien. Le Belladone était davantage embêté par le fait que sa chemise était froissée alors qu’il avait pris grands soins à la repasser plutôt que par les mises en garde du blondinet. Des avertissements qui se volatilisaient dans le vent, les écoutant que d’une oreille. C’était juste une image. Lui avait-il grogné au sujet de sa correction sur la porte, et son arrogance avait encore pris le dessus. «Je sais, mais nous ne savons jamais. Peut-être es-tu suffisamment stupide pour croire à un quelconque enchantement.» Il n’y a rien d’enchanté dans ce manoir, loin de là même.
Il suintait la banalité à des kilomètres, hormis cette cave dont il n’avait pas touché le mobilier, se contentant de nettoyer en profondeur ce charnier qui puait la décomposition. Aérer avait été difficile, il a fallu qu’il profite que le blondinet ne soit pas encore installé chez-lui pour tout ouvrir, et ainsi dissiper les odeurs. Tient, d’ailleurs, cela lui donne une idée qu’il garde dans un coin de sa tête. Pour l’instant, il était bien plus occupé à titiller la curiosité de Vali en lui mettant la clé tant désirée sous le nez.

Marchander.
C’est ce qu’il sait faire le mieux après tout. Un appât ferreux qui n’avait pas fait mouche. Tant mieux, il ne comptait pas la lui donner en vérité. Tu crois pouvoir m’avoir comme ça ? Je suis sérieux quand je te dis que tu ne toucheras pas à un seul de ses cheveux. Un soupir de lassitude s’échappe des lèvres du djinn. Quel entêté. Trop occupé à proférer une nouvelle menace, il n’avait pas pu rétorquer puisque le poing de Vali s’était écrasé dans son estomac, le forçant à se plier. Vide. Adam ne gémissait pas, ne grimaçait pas, ni se plaignait. Il n’y avait eu qu’une légère courbure de douleur au niveau de ses lèvres, une retenue respiratoire et sa main qui était venue se poser sur son ventre comme si cela allait faire passer la douleur. Le souffle coupé, il se laissait traîner contre la rambarde de l’escalier telle une poupée de chiffon, et il laisse entrevoir ses incisives dans un grognement plaintif. Je te l’ai dis c’est moi qui vais m’occuper de ton cas avant que tu t’occupes de quoi que ce soit ! Si tu veux éclater quelqu’un tu dois commencer par moi ! «Vraiment ?» Un vraiment acerbe, tranchant, alors qu’il ne cherche même pas à se défendre, seulement à assurer ses appuies contre la rambarde à l’aide de ses deux mains pour ne pas faire une chute grotesque dans l’escalier.

Le deuxième coup était partit, et cette fois-ci, son dos avait pris également dans un effet de retour. Trop fier pour geindre, Adam avait néanmoins détourné son regard sous la force du coup, forcé de basculer sa tête vers la gauche. Ses rétines avaient pris le chemin inverse pour ne pas quitter le blondinet du regard, et ne fit rien d’autre que d’user de la parole une fois de plus. «Le voilà ton point de pression, n’est-ce pas ? Ta faiblesse. Tes liens, tes attaches, tes proches. En ferait-il de même pour toi, hm ? Tu ne comprends pas ? C’est ainsi que je te fais du mal, en m’en prenant à ces personnes qui te sont cher. Car si je m’en prend à toi, tu ne retiendrais pas la leçon. J’ai bien vu comment tu prenais les consignes, Vali Nibelheim. Tu fais toujours l’exact opposée de ce que nous t’ordonnons. Tu peux me frapper autant de fois que tu le souhaites, cela ne changera rien. Hormis si tu me tues, bien entendu. Mais je te préviens, si tu échoues ce soir : cours. Car je te le rendrais au centuple.» Sa nuque se redresse, et sa langue vient essuyer ce sang qui émanait d’une écorchure au coin de ses lèvres. Une esquisse, légère et hautaine, s’affiche sur son visage. «Et si je l’attachais dans cette cave ? Après tout, je l’ai nettoyé de fond en comble, elle est prête pour accueillir de nouveau jouet. Estimes-toi heureux, tu as dépassé ce stade.» Un rictus, non sans craindre la suite de cette entrevue, d’autant plus que l’équilibre était fragile entre le vide et cet animal enragé qui le tenait par le col. Pour autant, Adam ne s’en faisait pas plus que cela. Il savait pertinemment qu’il n’était pas prêt.

Non. En voilà une négation bourrée de détermination. Cela ne suffira pas malheureusement, car ce n’est pas un refus qui allait le faire changer d’avis. Tout ceci n’était qu’un test, une mise à l’épreuve. Adam avait encaissé les coups de Mère, ceux de Vali lui importaient peu. Et encore moins ses menaces. Pourtant, la colère monte dans le regard du djinn. Une colère peu excessive, plutôt discrète, et lente, fidèle au personnage qui se laisse emporter. Il n’était pas en mesure de donner des coups, ou bien de riposter. Cela ne ferait que le démasquer une bonne fois pour toute. Mais à quoi bon cacher encore, puisque son blondinet semble figé dans l’idée qu’il était différent. Par pure arrogance, il lui refusait une démonstration. Il jouait bien trop à ce jeu en temps normal pour se laisser berner aussi facilement. Ce qui lui restait de magie était précieux, il n’allait pas le gaspiller pour calmer son colocataire. Pourtant, il ne faisait pas beaucoup plus d’effort avec les mots pour l’apaiser. Narguant le magicien avec ses clés, il ne sera pas aisé de lui enlever son idée de son crâne. Oui vraiment ! Un faible soupire, laissant transparaître la fin des négociations. Bien, si cela ne marche pas, il exécutera le second plan. Celui des commères, des oreilles dispatchées dans cette ville pour obtenir ce qu’il souhaite, une fois de plus.
Néanmoins, le silence est forcé, et un premier coup de poing s’échoue violamment dans son ventre, le contraignant à se taire. Comme c’est stupide. Adam n’est pas plus chamboulé que cela. Avec du recul, on pourrait même prétendre qu’il y prend son pied étant donné qu’il ne cherche pas à se défaire de cette prise. Ni même de ce nouveau support qui appuie sur ses vertêbres, qui rendent les coups plus difficile à encaisser. Malgré cette rage montante, le djinn trouve encore le moyen de montrer sa supériorité, et ce même s’il n’est pas dans la meilleure posture. Je retiendrais jamais la leçon si tu veux jouer à ça. Et tu es pas en mesure de me faire des menaces !

«Que tu crois.» Souffle-t-il, profitant d’un faible répis.
Ce n’est qu’un berceau d’illusion, un semblant de bonne volonté de la part du Belladone. Si cette prise qu’il se targue tant d’avoir est sienne, c’est uniquement parce qu’Adam le veut bien. Ce n’est pas un excès de confiance, peut-être un brin de folie. Il joue, il s’amuse, la provocation est délectable, mais son corps commence à crier à l’aide. Il fallait ralentir le tout. Tu ne m’attacheras pas dans cette cave je ne suis pas ton chien. Tu ferais mieux de te tenir tranquille et de m'écouter pour une fois. Se tenir tranquille ? Mais qu’est-ce qu’il fait actuellement à son avis. Trop de bêtises ont été dites, il ne peut en supporter davantage. «Je suis tout ouïe. C’est toi qui ne m’écoute pas.»

En guise de ponctuation, une de ses mains quitte la rambarde, et il rassemble ses forces dans sa poigne. Elle intercepte le poing attaquant de Vali, l’écrase sans ménagement. Ce n’était rien d’autre qu’une boulette de papier, une chose fragile. Les phallanges du blondinet craquent à cause de la force qu’il excerce sur sa prise, et cela ne le déplait pas visiblement. Pourtant, il n’y a aucun sourire, pas même une once de satisfaction. Son visage se rapproche, rapace, et sa langue siffle de nouveau. «Je me tiens tranquille uniquement parce que je le veux bien. Ce n’est pas toi que je vais attacher dans cet endroit infâme. Mais puisque tu insistes, je reviens sur ma décision.» Sa seconde main se détache de la rambarde, et son poing se ferme. Avec fermeté et force, Adam écrase l’estomac de son blondinet avec, se fichant éperdument des lésions qu’il pourrait lui causer. Le but étant de faire trembler son être avec la force de son coups, la force de la terre. Celle qui fissure et déchire le sol. «Je ne sais pas me battre, certes. Mais je suis médecin. Et de ce fait, je sais où frapper pour faire mal. Ma force n’est pas celle d’antan, mais elle sera amplement suffisante pour te rappeler qui commande dans cette maison.» Sur ces quelques mots, son poing qui avait frappé s’ouvre pour saisir le poignet qui assure la prise de Vali afin de la détacher et de remettre les distances entre eux. Le djinn se baisse avec vivacité pour éviter la riposte du blondinet, et c’est avec son pied qu’il frappe cette fois pour l’éloigner. Dans son estomac, encore une fois, afin de lui apporter l’amertume. Ainsi, il peut s’éloigner de l’escalier, et respirer de nouveau.

Avec une gestuelle hautaine, ses doigts remettent comme il faut sa chemise, et son col défait pour effacer toute trace de lutte.
Le calme qui émanait du Belladone était sans contexte une provocation non-voulu. C’est dans ces circonstances que la malignité du Djinn se sublime et de vient insupportable. Cette nonchalance, même en faisant du mal à autrui. Comme si tout ceci n’était qu’une banalité ennuyeuse. Tout l’ennuyait, tout l’épuisait. Cette scène bien plus encore tant elle était stupide. Il veut protéger sa vie privée, non sans avertir Vali de ce qu’il risquait si l’enfreignait la seule règle de leur entente, et c’est ainsi qu’il le remercie ?

Sale gamin.