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 (Londres) I'd pay to see you frown + Maxault

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I'd pay to see you frown
And let the sun rain down on me
Maxwell ✧ Meursault
Londres. Tu n’as jamais eu l’occasion de visiter la ville. Il faut dire que tu n’as jamais visité quoique ce soit, tu n’as jamais eu assez d’argent, et lorsque des voyages scolaires étaient organisés dans ton école, il avait toujours été convenu que ce serait déraisonnable que tu y participes. Parce que ta famille n’avait pas les moyens et qu’on grimaçait déjà à l’idée de payer les factures du mois prochain. C’était quelque chose d’établi, que tu n’avais jamais vraiment regretté faute d’avoir expérimenté. Mais tu ressentais une sorte d’excitation de première fois alors que tu descendais de l’avion, sans savoir vraiment par où commencer ton périple. Tu n’arrivais cependant pas à te sortir de l’esprit que la situation générale n’avait rien d’habituelle. Maxwell et toi n’avez pas reparlé des derniers événements, et les non-dits n’étaient en général, pas quelque chose que tu aimais particulièrement, sans compter que tu étais de ce genre de personnes qui ne disait rien et qui attendait que la situation se résolve d’elle-même. Alors tu hésitais entre la curiosité de ce qui t’attendais dans cette ville que tu ne connaissais pas et le malaise que t’inspirait tout le reste. Il y avait cependant du positif. Pendant quelques jours, tu étais libre. Pas réellement, pas comme si tu pouvais y croire, mais presque. Plus de Richard pour te reprocher l’heure à laquelle tu rentres, te demander avec qui tu étais comme un besoin qu’il avait de contrôler tout ce que tu faisais. Juste quelques jours où tu te sentais presque sans famille, sans poids pour te retenir. Tu pouvais faire ce que tu voulais sans avoir de comptes à rendre. T’as pas envie de penser à ce qui allait se passer lorsque tu rentreras et que Richard aura eu le temps de comprendre que tu avais quitté Bray. Rester avec Oswald était l’excuse la plus sûre mais pas la moins bancale, tu le sais très bien. T’as peur, c’est certain, mais t’en as marre de devoir attendre pour vivre, tu veux pas arriver à cinquante ans et voir tes parents mourir sans avoir rien fait de valable pour les rendre fiers, même si t’as pas grand-monde capable de fierté dans ton entourage.

Mais pour le moment t’es là, devant l’hôtel qui vous accuillera, Max et toi, pendant ces quelques jours hors du temps. Et tu ne sais pas quoi faire. Jusque là, ça a été plutôt simple. L’avion où vous n’aviez pas trop parlé, mais tu avais attribué ça au fait qu’il était simple de se perdre dans ses propres pensées lors de ce genre de trajets, l’hôtel que vous avez dû trouver et où vous aviez posé vos affaires. Le fait est qu’il n’y a pas eu un moment disponible pour vraiment vous adresser la parole autre que pour un renseignement. T’es pas du genre à ouvrir la discussion, en plus de ça. Parce que dans ton esprit, tout ce que tu peux dire sonnera de manière trop ridicule, et dès que tu l’ouvres, t’as juste cette sensation de t’afficher, de te mettre à nu. On ne t’a jamais réellement donné de raison d’avoir confiance en toi-même, tout ce que tu es étant une erreur de la nature. Alors comment ne pas faire transparaître ce fait là?

Tu prends une inspiration alors que tu regardes autour de toi. Il n’y a rien d’exceptionnel, vous êtes au milieu de la ville, et tu ne sais absolument pas où aller. Faut dire que t’es plutôt paumé quand t’es pas chez toi, tu ne connais pas les rues, tu connais bien sûr les endroits où tout touriste poste des photos de vacances et t’as plutôt un bon sens de l’orientation, mais tu te trimballes pas non plus avec une carte papier sur toi, y a les smartphones pour ça maintenant et c’est pas tellement l’ambiance. “ T’es déjà venu à Londres?” T’as l’impression de pas avoir ouvert la bouche depuis beaucoup trop longtemps, tellement que t’as voit te semble étrange à l’entendre. Perdu dans tes pensées t’en as presque oublié de rappeler que t’étais présent dans la scène. C’est pas comme si t’étais rare, te voir disparaître d’un coup d’un seul, t’es toujours là mais plus personne te voit et tu t’en accommodes bien. “ C’est vraiment gentil de la part de ta mère de m’avoir invité.” Même si tu ne comprends pas. Vraiment pas. D’un coup d’un seul tu t’es retrouvé en couple avec Maxwell, non pas que ça te dérange, tu l’apprécies vraiment malgré son caractère qui n’est pas acceptable par tout le monde, qu’on se le dise. Mais c’est soudain. Comme s’il y était obligé alors que toi t’aimerais juste passer un week end dont tu pourras te souvenir. T’es simple comme ça, Meursault. Toi tu vois le moment présent, sans vraiment penser au futur, tu vois juste la personne avec qui t’as envie d’être et c’est tout. Intense comme un artiste, quelque part, pas encore conscient qu’il peut changer d’obsession du jour au lendemain. “ Pourquoi t’as pensé à moi? “ Le sous-entendu était, pourquoi t’as pensé à moi quand t’as parlé de ton mec à ta mère ? T’es pas si con que ça, tu sais bien que Maxwell est pas le genre de gars exclusif, et tu t’es fais une raison, même si c’est pas spécialement quelque chose qui te plaît. Alors pourquoi c’est toi qui te retrouve dans cette situation et pas un autre mec random qu’il aurait rencontré sur Grindr? Une manière peut-être de lancer la discussion sans le faire, c’est sans doute la seule façon possible de lancer le sujet pour toi.
©️ nightgaunt
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I'd pay to see you frown



Il y avait quelque chose de trop dans l’air ces derniers jours. Trop de soleil, trop de nuages, trop de gens, trop de son, trop de calme, trop de vêtements pour une valise, trop de câbles pour un ordinateur, trop de messages pour un être humain qui n’en voulait aucun, trop de gens dans son bureau, trop de patients dans le service, trop de file à la cafétéria, trop de temps d’attente au téléphone, trop de tout. Est-ce que vous connaissez cette sensation infecte où tout est toujours de trop, où chaque objet vivant ou absent a le potentiel d’un détonateur émotionnel, où la solution la moins dommageable consisterait à s’exclure du monde physique et sensoriel jusqu’à ce que les larmes noient le baril de poudre qu’un être humain pouvait devenir ? Mais on ne peut pas, alors on se lève chaque matin et on subit le trop plein en espérant que la pression finisse par redescendre. Les jours s’accumulent et on survit plus ou moins aléatoirement, comme si les voitures refusaient de nous heurter. Ça passera de toute façon, avec un mec ou une arme.

Assis sur un tabouret du Starbucks inhérent à l’aéroport, Maxwell tournait sa cuillère dans son café trop amer. Bien sûr, il y avait trop discussions et trop de gens autour de lui. C’était la crise non ? Alors pourquoi tant d’humains se permettaient de prendre l’avion un vendredi à 17h ? Qu’importe, il avait d’autres choses en tête. Trop de choses évidemment. Les annonces dans les hauts parleurs étaient trop nombreuses et trop fortes. Coincé au milieu d’un croisement des routes imaginées par l’homme, l’endroit n’était pas idéal pour apaiser ses sens écorchés à vif. Mais il était là, il attendait avec quelque chose d’étranger dans le regard, comme une flamme sur le point de mourir étouffée.

Lorsqu’il le vit il se leva mécaniquement et attrapa le gobelet trop chaud pour l’abandonner dans une poubelle, encore plein, quelques pas plus loin. Le temps qu’il traverse les mètres qui les séparait, il se demanda encore une fois ce qui n’allait pas chez Meursault. Comment n’avait-il pas encore compris que tout espoir qu’il mettait en lui allait étouffer ? Quand son téléphone lui avait affiché une réponse positive une semaine plus tôt, la surprise avait chassé les nuages quelques secondes. Pas un seul instant Maxwell avait cru que le beau français aller accepter de sortir avec lui, quoique ça veuille dire. La surprise aurait pu donner naissance à des sentiments réconfortant et engrener une dynamique positive mais, elle n’était pas assez forte. Les nuages étaient trop nombreux. Debout face à lui, dans le temps présent que lui laissait ses pensées noires, il ne savait pas quoi faire. Devait-il l’embrasser, lui prendre la main, le remercier ? Il n’en savait rien et choisit de ne rien faire, laissant le malaise grandir. Sans le regard illuminé de sa génitrice, il ne lui aurait jamais posé cette question. Sans l’intervention cruelle de son voisin, son regard ne se serait jamais illuminé.

Dans l’avion, il laissa la place près du hublot à Meursault. Le spectacle du monde miniature ne l’intéressait pas. Lui préférait fixer l’écran noir de son ordinateur qui lui renvoyait son reflet obscurcit. Quand la lumière conféra un semblant de vie au tas de métal par l’acte divin d’appuyer sur un bouton il se dit que c’était dommage qu’il n’y ait pas le même sur les êtres humains. Dans sa boite où il y avait trop de mails, il ne comprenait pas pourquoi autant s’épuisaient à lui souhaiter son anniversaire. Beaucoup venaient d’anciennes connaissances de Stanford ou Londres dont le simple nom suffisait habituellement à le faire sourire. Ces mails finirent tous dans la corbeille. A trente ans il pouvait faire le bilan assez rapidement. Derrière la gloire intellectuelle jamais suffisante, l’horloge tourne. Il subissait la vie, attendant que le corps de sa mère se suicide. Lors de leur dernière conversation, en plus de l’écraser sous ses espoirs qu’il ne pouvait pas porter, elle lui avait fait promettre de faire le test rapidement. Un échantillon d’ADN, un technicien, un algorithme bio-informatique et un résultat sur une feuille de papier. C’était aussi simple que ça il pourtant il était terrifié. C’était effrayant, un agencement de lettres noires sur un papier de mauvaise qualité pouvait balayer sa vie d’un revers de la main. Plus épuisé psychologiquement que physiquement, il rabattit l’écran et ferma les yeux sans trouver le sommeil une seule minute, coincé avec ses pensées.

Dans le taxi, il garda ses lèvres cousues, ne sachant pas quoi dire. Bien sûr, le taximan occupé à jeter leurs valises à l’arrière de sa voiture parlait trop fort. En regardant les rues londoniennes de l’autre côté de la vitre, il se fit la remarque qu’il n’était pas en état. Chez quelqu’un d’autre, une idée du genre aurait été répétitive ou d’une évidence telle qu’elle en serait devenue bête. Chez Maxwell, c’était un tout premier pas de bébé. Son incapacité à verbaliser ses émotions devenait vraiment dommageable dans les moments du genre car elle le rendait incapable de prendre la pleine mesure de la situation et de demander de l’aide. A la réception, il échangea quelques mots avec le réceptionniste pour avoir les cartes qui ouvraient leur chambre et, surprise, ne s’énerva pas quand le jeune homme s’embrouilla avec l’ordinateur. Il ne le traita pas d’incompétent et autres joyeusetés habituelles et se contenta d’attendre en baladant son regard en l’air comme si une grâce magique allait tomber du ciel et apporter toutes les solutions à ses problèmes.

D’un accord commun, ils laissèrent leurs bagages dans la chambre et partirent en ville profiter de la fin de la soirée pour trouver une table où manger. Ses cinq ans d’étude dans cette ville ne lui avaient pas permis de faire le tour de toutes les rues et de trainer dans toutes les places mais, il connaissait les grandes artères. De plus, ils créchaient dans un quartier touristique, les endroits où goûter à la légendaire mauvaise cuisine des anglais ne manquaient pas. Alors qu’il marchait en ressassant ses pensées, une voix résonna dans sa tête, tellement forte qu’il aurait presque juré qu’elle venait de l’extérieur.

“ T’es déjà venu à Londres?”

Il se demanda le temps d’une seconde pourquoi cette question lui était venue à l’esprit avant de se rendre compte que la voix venait bien de l’extérieur. Meursault lui parlait. D’un coup, il reprit le contact avec la réalité, un peu perturbé mais lui répondit qu’il avait fait ses études de médecine générale ici.

“ C’est vraiment gentil de la part de ta mère de m’avoir invité.”

C’était vrai que le voyage, l’hôtel, tout avait été organisé par sa génitrice à l’occasion du passage de son fils dans la trentaine. C’était grâce à elle qu’il broyait du noir à Londres au lieu de broyer du noir à Bray. A ce moment, il s’arrêta de marcher et fixa Meursault, se rendant compte d’un coup qu’il existait vraiment à côté de lui, sans doute avec ses propres nuages noirs. Le médecin le regarda de haut en bas, comme pour vraiment prendre conscience qu’il n’était pas tout seul sur ce trottoir. Avec le retour à la réalité, d’autres questions moins égocentrées virent s’ajouter. Comment allait-il ? Est-ce qu’il n’avait pas trop subi les turbulences dans l’avion ? Les bleus sur son corps étaient-ils guéris ? Appréciait-il Londres ? Toutes ces interrogations avaient le mérite de pouvoir facilement trouver une réponse mais il n’eut pas le temps d’en poser une seule.

“ Pourquoi t’as pensé à moi? “

Maxwell avait beau être un incompétent des relations sociales, même lui comprenait le sous-entendu. C’était assez logique que le petit français veuille savoir quelle mouche avait piqué Maxwell quand il lui avait demandé de sortir avec lui. Ils ne se connaissaient que depuis quelques mois mais, il n’y avait pas besoin d’avoir fait une thèse en psychologie pour se rendre compte que le médecin n’était pas porté sur les relations à long terme.

D’un coup, il se sentait piéger par la question. En ouvrant la bouche, aucun mot ne vient, pas même un seul coincé sur le bout de la langue. Incapable de répondre, le moindre début d’idée était frénétiquement effacé par cette impression qu’aucune réponse ne serait correcte. Lui qui ne savait même pas dire je t’aime à sa mère ne pouvait pas être à la hauteur pour ce genre de question. Mal à l’aise comme toujours dans ces situations, il décida de faire comme il le faisait à chaque fois, se sauver. Il ferma la bouche et haussa les épaules pour reprendre un peu de contenance :

« Tu venais de m’envoyer un message, le hasard du timing »

Une fois le mensonge lâché avec cet air détaché et complètement désintéressé, il se détourna et repris la marche, pas fier de lui pour un sou. Si au moins c’était la vérité, ce poids ne viendrait pas s’ajouter. La réalité était ailleurs et il n’était même pas question de message opportun apparu sur son écran comme la foi serait apparue à Paul. C’était même l’inverse, choisir Meursault comme petit ami relevait de l’évidence et pour une fois, des raisons pragmatiques ne soutenaient pas ce choix. Après tout, il avait connu d’autres mecs sur l’été, dont un qui avait clairement exprimé son désir d’une vraie relation.

Comme s’il pouvait s’enfuir de la situation, il continua à marcher, accélérant le pas sans s’en rendre compte et fixant le sol. Pas dénué d’empathie, le médecin savait que sa déclaration avait fait mal, il ne savait pas dire le pourquoi ou le comment, mais il savait que ça avait fait mal. C’était la même binarité qui régissait son propre univers, incapable de mettre de nom sur les émotions qui tiraient sur les fils de sa marionnette, il avait appris à les diviser en deux groupes : celles qui faisaient du mal et celles qui faisaient du bien. Savoir qu’il avait sans doute fait mal à Meursault provoquait chez lui une nouvelle émotion qui venait s’ajouter à la cacophonie. Et elle était facile à classer, elle faisait mal, comme toutes les autres, comme la honte, la colère, la peur, la tristesse, la peine. Mais surtout, elle menaçait d’être l’étincelle fatale du baril de poudre.

Une petite alarme résonna et il s’arrêta, droit comme un piquet, il ferma les yeux quelques secondes avant de lâcher :

« Non ce n’est pas vrai »

Après un soupir, un de trop, il regarda celui qui était par miracle son petit ami et répondit avec autant d’assurance qu’un étudiant trop timide qui ne connaissait pas son cours.

« Je ne sais pas. C’était logique en fait. Mais je ne sais pas expliquer. Tu me fais du bien. J’aime bien passer du temps avec toi, c’est apaisant. Quand je dors avec toi je trouve plus facilement le sommeil et j’ai l’impression d’avoir passé une meilleure nuit que quand je dors seul ou avec quelqu’un d’autre. Je suis de meilleure humeur quand je sais que je vais te voir. J’aime bien parler avec toi aussi et je … Je ne sais pas expliquer. En fait je ne sais même pas ce que je t’ai demandé concrètement, je ne sais pas ce que je peux faire, ce que je ne peux pas faire ou ce que je dois faire ! »

Il savait que sa réponse n’était toujours pas à la hauteur. Il n’avait jamais rien compris en art et les métaphores lui servaient uniquement dans ses sarcasmes, les beaux discours romantiques, ce n’était pas pour tout de suite. Incapable de cacher ses émotions, l’anxiété se lisait sur son visage. Aucun doute à avoir, il était complètement perdu. Cette image qu’il donnait à Meursault et aux passants tranchait avec la réputation de premier de classe avec de la glace dans les veines.

« Et ne me pose pas des questions comme ça. C’est difficile pour moi ce genre de choses, c’est comme une division par zéro ! »

Sans agressivité, il fallait bien qu’il ramène un peu de science dans cette discussion qui le dépassait largement tant dans ses postulats que dans ses implications. Même si on pouvait facilement croire le contraire, Maxwell s’était livré à un exercice compliqué qu’il évitait comme un toréro depuis des années entières.





panic!attack
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