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 (castiel) after, you've gone [terminé]

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after, you've gone
Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Les odeurs de nicotines envahissent la pièce et ses paupières sont lourdes. Il revient de ses songes, il se relève lentement et il finit par apposer sa tête au creux de sa main. Il ne saurait dire pourquoi. Sans doute la sonorité environnante. Brouhaha incessant qui lui lance le crâne. Quelle heure était-il ? Il n’en avait aucune idée. Il entend vaguement une consigne, alors il relève le menton. Tu devrais rentrer dormir, conseil qui parvient à ses oreilles sans qu’il ne sache la provenance tandis qu’il ouvre une deuxième fois les yeux. Une dernière intervention de Morphée peut-être avant qu’elle ne le pousse en dehors de ses bras. Ce n’était pas assez confortable, un comptoir de bar. Le mieux était un lit ou bien un canapé pour les moins difficiles. L’intimité de son appartement en solitaire après des années à courir les jupons. Il était fâché semble-t-il, Oz. Il ne draguait plus, il ne séduisait plus. Il voulait être seul. Durant l’absence de Margot, il y avait pris gout. Le calme d’une pièce vide, mais le chagrin qui l’envahissait. Elle était revenue, et le voilà de nouveau tiraillé, bien plus que si elle n’était pas revenue. Parce qu’il avait fini par les croire. Par croire leur mensonge et leurs pensées, croire qu’elle était morte dans les derniers jours et face aux pleurs de Rod. Une possibilité qu’il avait refusé d’accepter, jusqu’à ce qu’il l’aide à le faire. Alors la voir bien vivante lui avait déchiré le cœur, blessé par sa propre trahison. Oswald avait cessé de croire qu’elle avait pu s’en tirer et il en payait le prix fort. Il était allé au Drunk Mermaid. Non pas pour surveiller les étudiants et les potentielles collégiens aventureux, mais surtout parce qu’il s’agissait du bar le plus proche des établissements scolaires. Un habitué, en somme. Ironique lorsque l’on sait que le gérant était, à ses yeux, le principal responsable de ce que sa fille était devenue. Oz n’avait pas spécialement bu. Il s’était permit un verre de whisky bas-de-gamme pour un démarrage brutal, mais c’est tout. Non-non, c’était du pur épuisement qui l’empêchait de garder la tête droite. Il avait haussé un sourcil, son air toujours aussi stoïque et ses yeux à mi-clos. Plus personne ne l’attendait. Et lui, il n’attendait plus après qui que ce soit. Trop de déception, trop d’ennuis. Il attendait que le temps daigne à rendre les jours meilleurs. Le temps, le plus grand des voleurs. Un Arsène Lupin chronométré à la seconde près qui s’amuse à le dépouiller. Comme aller Meursault ? Emma ? Et surtout … Margot. Rien que son nom lui ruinait le moral. Il avait retroussé sa lèvre tel un chien grogneur, mais sa force ne lui avait pas permis de tenir plus d’une seconde. La colère, la frustration, ce n’était définitivement pas pour lui. Le dos courbé, accoudé au comptoir, il avait repris son verre qu’il n’avait même pas terminé pour l’apporter à ses lèvres et boire la dernière gorgée. Une fois fait, il s’était remis bien droit, remettant son écharpe derrière lui. Elle était tombée pendant qu’il s’était assoupit, et dorénavant, cette dernière le gênait. Des pensées abstraites avaient pris en otage son attention et il remuait la tête doucement au rythme de la musique. Il fredonnait la mélodie, ses lèvres closent tandis qu’il avait saisi son portable. Pourquoi il le sortait ? Aucune idée. L’espoir, cruel utopiste qui pensait avoir des nouvelles de sa fille, un petit message de sa part pour lui dire où elle était. La sentir éloignée était devenue insupportable, surtout pour une premier essai ratée où il avait l’impression que tout le monde lui mentait. Il n’écoutait plus autour de lui. Quand ce n’était pas de sa faute, elle était présumée morte ou loin d’un père indigne comme lui. Venin abrutissant qui parvenait à ses oreilles et qui ne l’aidait pas pour trouver son courage. Rien, comme tous les jours. Un soupir avait traversé ses lèvres et il avait redemandé un verre. Une bière cette fois-ci, pour changer un peu. Oswald avait sorti un carnet de sa poche intérieure, ainsi qu’un crayon à papier. Petite bible pour les plus curieux, ce dernier regroupait tous ses croquis avant qu’il ne se décide à les peindre en grand et en couleur sur des toiles. Il se sentait inspiré, alors il avait ramené un de ses petits cigares après l’avoir retirer de sa boite pour le coincer sur ses lèvres. Pas spécialement pour le fumer, mais ne serait-ce que pour avoir le contact avec sa venimeuse addiction. Il jouait avec son crayon entre ses doigts, tapotait le comptoir avec sa paume. Ignorant Castiel par crainte d’avoir une colère incontrôlée, il s’était mis à esquisser l’étalage de bouteille, mais en y ajoutant sa touche personnelle. Il voyait des poissons, des crevettes, des crustacés, des limaces de mer, créant ainsi un tableau aux couleurs de l’océan et sa biodiversité. Des petits bouts de profondeur, réunis sur une même étagère dans des cylindres rouges, jaunes, bleu, vert, transparent. Il faudra qu’il songe à revenir ici avec son chevalet. Son crayon était le seul bruit qu’il faisait et de temps en temps, Oz remettait ses lunettes rondes sur son nez comme il faut. Une nouvelle gorgée de bière brune et voilà qu’une nouvelle idée lui vint en tête. Et s’il ajoutait des contrastes, des reflets. Un jeu d’ombre et de lumière, créant ainsi les abysses dans un coin de sa feuille. Abysses dans lequel il plongeait et ses yeux s’humidifiaient. Qu’est-ce qu’il avait fait au bon dieu ? Il avait tout donné à Margot, un peu trop à elle par rapport aux autres, alors pourquoi est-ce qu’elle le détestait ? Il l’avait cherché, on s’était moqué de lui, on l’avait traité de père indigne et on lui avait claqué des portes au nez. Ses coups de crayons devenaient rageurs, si bien qu’il dérapa sur la feuille et qu’il avait renversé son verre. Il avait réussi à le rattraper avant qu’il ne roule complètement sur la table et qu’il se brise sur le sol. Heureusement, pas de dommage vestimentaire, seuls les meubles avaient pris et Oswald passa une main devant son visage. Il ne savait plus du tout où il en était.
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after, you've gone
Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
La musique était trop forte, comme tous les soirs. C'est comme ça qu'on l'aimait, c'est comme ça que la voulait tes clients alors tu fermais ta gueule, même si toi t'étais toujours juste à côté des enceintes. Parfois, c'était un moyen facile pour pas penser, pour juste te plonger dedans sans écouter les voix autour de toi qui, de toute manière, n'en pouvaient plus, s'épuisaient, parce que ces derniers temps, y a vraiment rien qui peut t'atteindre, t'es dans ton monde beaucoup trop souvent. T'as trop de choses à penser pour t'intéresser au monde extérieur, même s'il ne cesse de se rappeler à toi, chaque putain de minutes. Si c'est pas ton père, c'est ta femme, ton enfant à naître, ta sœur. T'en peux plus, t'as la gerbe dès que t'ouvres les yeux le matin, mais faut dire que le fait que tu dormes plus des masses aide pas vraiment. T'y passerais, des journées au lit, à te demander ce qui tourne pas rond dans ton existence, pour que t'en sois arrivé là. Faudrait juste remonter quatre ans en arrière, et finalement, tu pouvais encore sauver les meubles de ta misérable vie. Maintenant, c'est moins sûr. Beaucoup trop tard pour réparer tes erreurs et celles des autres autour de toi. Qu'est ce qui va pas chez toi ? Par où commencer, réellement ? Même toi t'en sais rien, ta liste elle est longue comme le bras, faut être honnête. Déjà t'es là, t'es en vie. Ça si c'est pas une erreur de la nature, tu sais pas ce que c'est. Si t'étais du genre suicidaire, ça fait longtemps que t'aurais trouvé ta paix toute personnelle. Parce que t'en peux plus. Ta famille, la libératrice, celle pour qui tu donnerais tout, cette famille elle t'a empoisonné dès le départ. Mais c'est pas de la faute de l'entité supérieure, non, c'est la tienne. C'est ta réaction face aux événements qui ont fait de toi un cas à part. Les Ò Murchù, faut pas s'en approcher, c'est souvent ce qu'on disait aux enfants qui vous fréquentaient quand vous étiez gamins. Trop riches, trop maudits, on sait pas trop encore la raison, mais une chose était sûre, la sécurité n'était pas garantie autour de vous. Et cet adage, il s'est révélé vrai de bien des façons, pas toujours les plus agréables à vivre. Mais c'est un peu trop tard pour les lettres d'excuses, qu'elles viennent de ton père ou de toi. On choisit son existence, peut-être qu'il est là le gros du problème. Toi t'as fait avec ce que t'avais et parfois sur la route t'as tourné à gauche au lieu d'aller à droite. Mais ton bonheur t'y as jamais cru. Tu pouvais pas être heureux, mais c'est pas pour ça que t'étais obligé d'en faire souffrir les autres. Castiel le martyr, celui qui prenait tout pour les autres parce que sa vie était déjà foutue. Ça te dit un truc ? C'était toi, avant. C'était toi quand t'essayais encore d'être quelqu'un de bien. Alors même toi tu sais plus où tu t'es perdu dans le chemin, ni même comment retourner en arrière. Mais t'aimerais, juste pour que ton gamin ait pas à prendre les décisions que t'as dû prendre. Jamais les bonnes, toujours les pires. Mais maintenant y a un truc en plus dans la balance, comme si ta vie elle était pas assez merdique comme ça, comme si t'avais pas assez à gérer entre les flics qui te tournent autour et cette putain de bombe. Non, c'était pas assez voyons, Castiel, tu peux subir encore un peu plus, toujours plus jusqu'à ce que tu flanches. Margot. Tu sers les verres de façon automatique juste pour filer un coup de main à Jake mais même lui doit voir dans quel état tu te trouves. Encore heureux qu'il attribue ça à la découverte du corps de Nathan, pauvre Castiel, il est en deuil, il vient de perdre son frère. En un sens c'est la vérité, mais est-ce que t'arriverait à l'expliquer, ça c'est un autre problème. Alors il rattrape derrière toi Jake et tu finis par t'occuper de la plonge en t'excusant. Margot. Un souvenir endormi depuis trop longtemps, sans doute la seule personne que tu pensais pas avoir totalement détruite. Parce qu'elle a disparu et que quelque part, c'était une rupture comme une autre, sans doute la plus normale que t'aies jamais eue. Alors tu comprends pas. Tu comprends pas pourquoi ta femme a failli mourir sur sa demande. Tu comprends pas ce qu'elle te veut, tu prendrais bien le chemin facile, celui de te dire qu'elle est juste folle et que peut-être la jalousie la bouffe un peu trop, mais tu sais que c'est pas ça, au fond. T'arrives juste pas à mettre le doigt dessus. Et tu vois son vieux, cinq jours sur sept dans ton bar, et encore les deux autres t'es pas sûr, c'est juste que t'es pas là pour le fliquer. Tu te poses la question de savoir pourquoi il est là. T'avais pas de mauvais rapport avec le O'neill, avant, mais la douleur, elle emmène là où elle peut. C'était toujours mieux d'accuser les autres de son malheur plutôt que voir ses propres erreurs, et ça vaut sans doute pour vous deux. Maintenant, t'essaies juste de l'éviter autant que tu peux. Peut-être parce que t'as peur d'apprendre la vérité sur celle que tu pensais à une époque être la femme de ta vie. Parce que t'es peut-être à bout, finalement, et qu'un truc de plus et c'est la mort cérébrale, que t'en as trop appris pour en sortir indemne ces derniers temps. Mais ça … Alors tu fais comme s'il était pas là, parce que c'est pas le moment, parce que t'es occupé tu vois, à nettoyer des verres dégueulasses. Mais le bruit d'un verre renversé te fait te retourner. T'es pas con, tu vois bien dans quel état il est, mais c'est pas comme si son état d'alcoolique était pas avéré depuis longtemps. Et c'est pas vraiment à toi de lui dire quoique ce soit. Tu fais un signe à Jake avant de t'approcher avec un torchon. « Je vais m'occuper de ça, vous revoulez quelque chose ?. » L'ironie de la chose, tu peux pas t'empêcher de le voir comme ton ancien beau-père, ce respect que tu perds de plus en plus avec ton paternel, tu en retrouves encore les traces dès que tu t'adresses à Oswald.
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after, you've gone
Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
De quoi avait-il l’air à présent. Oh, il s’en fichait, Oz ne se posait même plus la question avec le temps. Après tout, s’il faisait attention aux “on dit” à son sujet, il devrait d’avantage s’inquiéter pour son moral que pour ses poumons. Il se contentait de se vider l’esprit dans ce bar où la musique était trop forte. Une mélodie agressive, mais dont il ne relevait rien car il n’était pas chez-lui. Il n’était qu’un étranger, un habitué, une ombre. Le genre de personne que l’on remarque qu’au bout de la troisième ou quatrième fois, demeurant toujours dans le même coin. La présence de Castiel ne le rendait pas à son aise, mais ce n’est pas ce qui allait l’empêcher de venir boire son whisky et ses trois bières quotidiennes. Une sorte de récompense, après avoir supporté les marmots des autres à défaut de pouvoir voir les siens. Ceux au collège l’ignoraient, ne voulant pas être montré du doigt par leur petit camarade. Et les autres, leurs mères refusaient qu’ils viennent le voir. Autant dire que pour montrer des repas de famille, c’est cocasse. Un jour, peut-être qu’il arrivera à tous les réunir autour d’une table. Mais ce jour-là, il aura gagné au loto et ils viendront seulement pour larmoyer afin d’avoir la part du lion. Autant qu’il s’enferme dans ses croquis et ses dessins. Castiel, Margot. Margot, Castiel, il savait que tout ceci était lié. Les Ò Murchù l’avaient refoulé à la porte lorsqu’il était venu toquer à cette dernière pour demander de l’aide et malgré tout, il n’arrivait pas à en vouloir à Gidéon. On lui mentait, on lui cachait quelque chose et Margot avait changé. Ce n’était pas anodin, il savait que tout était lié. Mais pourquoi sa fille ? Pour suivre cette pensée, son regard de chien battu mais digne s’était tourné en direction du jeune homme occuper à essuyer les verres. Ce n’était pas pour rien que les rumeurs circulaient et stipulaient qu’il ne fallait pas s’approcher de cette famille. Margot s’en fichait, elle avait fait tout le contraire et il n’était pas si crédule que ça. Il n’ira pas jusqu’à l’accuser de sa disparition, mais il avait sa part de responsabilité là-dedans. Oz cessait de le fixer du regard pour retourner à ses dessins. Il voulait effacer ses pensées, mais il était à cran et ses gestes étaient désordonnés. Une violence contenue qui avait coûté la vie à un verre. Un accident qui l’avait fait redescendre sur terre. Bon dieu, mais à quoi il jouait ? Oswald se trouvait affreusement idiot et il voulait fondre en larme. Il se retenait, il refusait de pleurer face à un Ò Murchù. Ils ne méritaient pas ce spectacle et il ne voulait pas leur faire ce plaisir. Il avait tout enlevé rapidement pour ne pas tremper son carnet dans le liquide ambré, cherchant quelque chose pour essuyer sans pester ni ronchonner. C’était de sa faute, il n’y avait aucune raison de s’énerver. Il s’était levé de son tabouret pour prendre de la hauteur et fouiller dans ses poches. Des mouchoirs en papier, il ne lui en restait plus qu’un. Tant pis, c’était pour la bonne cause. Il avait commencé à essuyer, reposant le verre sur son nouveau dessous de fortune quand la voix de Castiel avait retenti à son attention. Oswald s’était figé, réfléchissant à toute vitesse. Que faire ? Comment faire ? Quoi faire ? Puis il riait dans sa moustache, trouvant son attitude stupide. Ce n’était pas un violent, et c’est pour ça que les gens l’appréciaient en général. Alors un sourire mêlé à un soupir apparu son visage. Sa voix grave, mais douce comme à son habitude s’éleva à son tour pour répondre. « Je ne pense pas que ça soit raisonnable étant donné que j’ai renversé celui-ci… Mais c’est difficile de résister à la proposition, je reprendrais la même chose, s’il te plait ». Il avait dit le parfait contraire de ce qu’il souhaite exposer, et il s’en donnait une claque frontale intérieurement. Extérieurement, il ne soupirait pas. Il se contentait de fermer les yeux brièvement pour les reprendre. Le temps que Castiel finisse sa besogne, Oswald avait retiré le mouchoir imbibé d’alcool pour le glisser dans la poubelle la plus proche. Il avait récupéré son calepin et son crayon à papier, puis il avait rangé le tout dans sa veste déposée sur le tabouret à côté du sien. Il s’était rassit, prenant appui avec ses coudes sur le comptoir. Il dessinait sa barbe du bout de ses doigts, signe qu’il était en train de réfléchir. L’ignorer et nourrir sa rancœur à l’égard du bambin de Gidéon n’arrangera en rien les choses. Tout comme il n’avancera à rien. Alors, autant tenter la conversation. « Tu es courant que Margot est revenue ? Simple curiosité mais, est-ce qu’elle est venue te voir récemment ? ». Selon Oz, ça lui semblait logique. Il était la première personne que Margot connaissait des Ò Murchù, suivi de près par son “ami”. Si elle souhaite renouer les contacts pour ses petites affaires, Castiel devait être une de ses cibles prioritaires. Cela dit, vu la haine qu’elle lui porte maintenant, il est peut-être préférable qu’il ne la voit plus. Simple question de survie.
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
T'as l'habitude, de cette musique trop forte qui te vrille les tympans, qui t'empêche de réfléchir, comme si elle t'anesthésiait l'espace d'un instant. Mais aujourd'hui, c'est pas assez. Aujourd'hui t'es dans un tout nouveau nid d'emmerdes, là t'as la nausée au bord des lèvres. Tu quittes brièvement la plonge pour te servir une bière. Personne a rien à te dire de toute manière, tu fais ce que tu veux, t'es le putain de propriétaire, et si t'as envie de te bourrer la gueule, y a personne pour t'en empêcher. Tu me diras, c'est pas avec une bière que t'iras loin mais faut bien commencer quelque part, pas vrai ? Y a tout qui tourne dans ta tête, comme une mélodie qui s'arrête pas, qui te nargue, prête à t'empoisonner encore et encore plus. Nathan, Margot, Phoebe, Niamh, Gidéon. La maladie du père qui t'aurait réjouie quelques années plus tôt. Mais au final, ta haine, elle n'a toujours été que superficielle. C'est maintenant que tu réalises, c'est maintenant que tu vois. Et t'as même pas le droit de lui en vouloir, pas maintenant, pas tout de suite, parce qu'il est au bord de la mort, parce qu'on peut pas haïr les morts, ça n'a rien de correct, rien de noble, malgré tous ceux qui n'attendent que ça, sa mort. Le fratricide qui explosera bientôt à la face du monde, te propulsant sur le devant de la scène pour un dernier acte, celui de ta sentence. L'horrible vérité qui n'est autre que le monstre au fond de toi que t'arrives plus à assumer. Le regard des sœurs que tu ne veux pas subir. Cette vérité que tu es prêt à faire éclater, mais dont certaines conséquences t'infligent un mal que tu ne connaissais pas. Puis enfin l'ex. La fameuse, la terrible. Celle que tu ne comprends pas, celle qui a failli tuer ton enfant à naître. Une situation que tu croyais limpide mais qui semble beaucoup plus complexe que tu ne pourrais l'imaginer. Et toi au milieu, qui te débat avec ce flot de pensées continu, comme l'impression de te noyer dans ta propre vie, que t'arrives plus à cerner, que t'arrives plus à supporter. Pourquoi il a fallu que ce soit toi, l'héritier ? Nathan aurait sans doute fait un meilleur boulot, Hayley serait toujours morte, mais Gidéon aussi. Et toi tu serais oublié, toi tu n'aurais plus de vie, tu ne serais plus personne, mais au moins lui pourrait encore respirer. Les Ò Murchù, la condamnation dès la naissance. Se battre pour que le nom ne soit pas une fin, ne soit pas votre fin à tous, et pourtant chaque action que tu fais depuis le plus jeune âge te pousse dans l'héritage que tu te croyais peu enclin à accepter. Toi-même l'inconstance pure, c'est lorsque tu te retrouves le dos au mur, proche de la fin, que tu ne désires que t'en échapper. Le bruit du verre, qui te sort de tes pensées, le torchon qui vient essuyer la table, plus efficace que le mouchoir d'Oswald, plus rapide également. Tu hoches la tête puis va chercher un autre verre que tu remplis de la même substance. « Voilà. Par contre il faut y faire attention à celui-là, le prochain je le remplace pas. » Un sourire, comme pour détendre l'atmosphère, puis tu t'éloignes un peu, de nouveau, prend une gorgée de ta propre bière. Tu le sens, le malaise, dès que l'un est en présence de l'autre, mais t'y peux rien, la perte elle réunit ou elle sépare, elle laisse rarement inchangée. Tu te demandes si l'état de Margot a à voir avec son père. Tu te demandes pourquoi, comment, tu cherches une logique, parce qu'indéniablement, il doit y avoir quelque chose qui explique. Sa question t'interpelle, mais tu ne réponds pas tout de suite. Ce n'est pas comme si tu pouvais réellement lui dire la vérité de but en blanc. Est-ce que lui sait ? Où elle est partie, lorsque toi tu la pensais enfuie, en train de refaire sa vie ailleurs ? Parce que tu as eu le cœur brisé. Parce que cette rupture elle t'a fait mal, et tu lui en as voulu, à Margot, d'être partie sans un mot alors que toi, t'aurais fait tellement pour elle. Mais là, tu ne ressens que de la colère, et de l'incompréhension, quelque part. Maintenant ce n'est plus elle et toi. Maintenant ce n'est même plus qu'Anthéa. Tu le sais, au fond, que si elle s'approche encore de ton enfant, tu seras pas là à hésiter une seconde à lui ouvrir la gorge, mais peut-être que c'est seulement ton esprit malade qui parle. Mais ça non plus, c'est pas comme si tu pouvais le lui dire, à Oswald. « J'ai … Su qu'elle était revenue. Quelques uns de ses amis sont passé la semaine dernière. » Une pause. Tu serres un peu les dents. Sans doute que tu peux pardonner beaucoup, comprendre beaucoup. Mais même si tu le voulais pas, ce gosse, c'est sans doute la seule personne avec Niamh pour qui tu tuerait sans le moindre remord. Mais ça, même toi tu t'en sais pas encore capable. Mais tu finis par le regarder dans les yeux ce père. Tu commences à voir ce lien, celui de la famille, mais de l'autre côté du voile cette fois. Tu vois son malheur, la disparition de sa fille. Tu vois l'amour qu'il lui porte et tu ne peux qu'imaginer ce qu'elle est devenue pour s'en prendre à une inconnue par simple jalousie. Alors au lieu de penser au meurtre, c'est la compassion qui prend le dessus. C'est à lui que tu penses et non plus à elle. « Qu'est-ce qui lui est arrivé, Oswald ? »
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Il y avait un début et une fin à tout. Le sien avait commencé lorsque ce petit bout de femme avait atterris à sa porte un 25 Décembre. Comme une farce du destin, ou bien une sentence pour son infidélité. Oswald ne savait pas encore pourquoi le Tout-Puissant lui avait apporté Margot ainsi, abandonner à sa porte par sa propre mère sans doute. Margot, c’est même lui qui lui avait donné un nom à ce bébé chétif et braillard. Cette punition. Margot parce qu’il n’aimait pas ce prénom, il ne le trouvait pas beau. Il était grossier, mystérieux et presque masculin. Lourd en sonorité, tel les cris de ce nourrisson. Le début de son errance tandis que Rose le mettait à la porte par colère et par vengeance. Mais Margot, c’est celle qu’il gardait plaqué contre lui tel un trésor inestimable pour la protéger du froid et du chagrin. Celle qu’il avait nourrie, logé, blanchit. Celle qui a eu le bénéfice d’avoir son père tout le temps avec elle contrairement aux neufs autres. Margot, c’est la chouchoute du père et de l’amant, de l’amoureux incapable d’aimer pour la vie. Mais Margot maintenant, c’est sa hantise, c’est celle qui le détruit après tant d’années d’attention sur elle. Pas suffisamment apparemment, puisqu’elle avait disparu pendant des mois durant, laissant son père dans la perte et la détresse. Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? Oz aimerait poser la question à Castiel, mais ce n’est clairement pas lui qui aurait la réponse. Alors, c’est Oz, le triton charlatan, qui se retient de pleurer. Qui noie son chagrin dans cette bière offerte. Qui cherche une réponse alors qu’elle est là, sous son nez. Même lors de leurs retrouvailles, il avait été ridicule. Il est toujours le dernier au courant, celui qu’on sonne à la fin. Un ombre dans la masse, invisible pour les inattentifs. Une première gorgée, et l’amertume se dissipait. Une seconde, et les larmes rebroussaient chemin. Margot, il l’aime. C’est sa fille, c’est un père. Les parents ne devraient pas voir leurs enfants mourir. C’est affreux, c’est contrenature. Et quand elle était arrivée à son appartement, il avait laissé la joie prendre les devants, serrer cette poupée dans ses bras. Puis après, il s’en est rendu compte : une part de Margot était morte. Oswald sent son sang bouillir de frustration, de rage et de colère. Il sent l’eau salé de ses larmes apaiser les flammes de sa colère en se déversant tel un torrent déchainé de tristesse et de chagrin. La même question tournait en boucle dans son esprit : pourquoi ? Sa main caressait son bouc, et cette question traversait son regard de chien battu et abattu. Castiel était là, devant lui. Depuis le temps qu’il venait ici, il aurait pu renouer et dialoguer, mais il n’avait pas fait à cause de la rancune. Une part de lui en voulait au rejeton de Gidéon, mais il ne savait pas pourquoi. Il n’avait pas réagi à sa petite boutade pour détendre l’atmosphère. Cependant, Oz rectifiait le tir en se concentrant cette fois-ci sur le dialogue. Il posait des questions, il essayait de faire la conversation. Qui sait ? Il aurait peut-être des choses à lui avouer ou au moins à lui dire pour le guider sur le droit chemin menant à la vérité. La route pavée d’or menant à la cité d’émeraude. Il hochait lentement la tête pour approuver ce que disait Castiel. Des amis ? Oswald se doutait bien qu’elle allait leur rendre visite maintenant qu’elle était de retour. « Je me doute. Elle a besoin de renouer ses liens, je suppose… ». Une nouvelle gorgée et il avait essuyé les gouttelettes en trop d’un revers de main. Il devrait peut-être aller voir ces fameux amis dont le propriétaire faisait référence. Ne serait-ce que pour avoir un point de vue en dehors du sien vis-à-vis de son comportement. L’avantage c’est qu’il avait réussi à piquer la curiosité de Castiel, mais il craignait le décevoir. Oswald n’en savait pas plus que lui, et cela se sentait dans son léger soupir. Il avait reposé son verre sur son dessous, pinçant brièvement ses lèvres entre ses dents, signe de doutes. « Je … Je voudrais bien te répondre Castiel, mais j’espérais que tu en saches plus que moi. Elle a changé. Elle a affreusement changé. Ma fille me renie alors que je lui ai tout donné. Elle a perdu cette lueur dans son regard, comme si on lui avait enlevé un morceau de son âme pour y laisser que le mauvais ». Oz posait ses mots, passait ses doigts devant sa bouche lorsqu’il finissait une phrase ou deux. Il semblait faire l’étalage d’un constat, pousser le gamin de Gidéon à parler et à dire ce qu’il savait. « Elle t’a déjà fait des misères, n’est-ce pas ? Ça ne va pas s’arrêter là, Castiel, elle t’en veut énormément. Pour qu’elle est autant de haine envers toi et ta famille, c’est que vous lui avez fait quelque chose qui l’a marqué à vie ». La fin de sa tirade était une invitation à la discussion et à l’exposition des faits. Il n’accusait personne, il invitait seulement à ce qu’il lui explique ce qui s’est passé de son côté.
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Tu ne comprenais pas. C'était assez rare pour être signifié, en réalité, toi qui mettait un point d'honneur, d'ordinaire, à saisir toutes les subtilités de chaque situation pour les tourner comme tu le souhaites. Mais là, rien n'avait de sens, de logique. Tu te souviens encore d'Anthéa, tremblante, blessée, et tu la vois, elle, comme un fantôme. Si tu pensais avoir rêvé, même après avoir su qu'elle était revenue, tu ne peux oublier le sourire observé sur son visage. Il ne t'empêche pas de dormir, le reste le fait très bien, mais il t'obsède. Parce que tu ne le comprends pas. Il y a cette sensation que tu savais exactement ce qu'il s'était passé, pourquoi votre relation s'était terminée, et le point à la ligne. Puis ça. Se rendre compte qu'il y avait peut-être plus. Des années à blâmer Oswald, comme un non-dit, le père qui l'aurait fait fuir parce qu'il n'y avait aucune raison que ce soit toi. La seule personne que tu n'aies pas empoisonnée peut-être, cette envie de garder l'image positive que tu avais d'elle, de te trouver une excuse pour ne pas l'avoir cherchée. Parce que c'était ce qu'elle voulait, parce que vos derniers sms étayait la piste de la fugue. Quelque part, inconsciemment, tu l'imaginais boire des mojitos sur une plage, mais tu ne sais pas, en réalité, ce qu'il s'est passé avec Margot. Parce que l'attaque, elle ne venait pas de quelqu'un sain d'esprit. C'est cette sensation qui te fait peur, de te dire que t'as peut-être raté quelque chose et que pour ça, ta femme et ton futur enfant risquaient gros. Et si elle était au courant ? Et si c'était simplement la jalousie, une jalousie maladive, qui l'avait fait attaquer ta maison ? C'est la seule piste que tu aies, mais elle ne te plaît pas. Elle n'est pas complète si ce n'est fausse. Alors tu ne peux pas faire comme si, ne pas en parler. Le seul avec qui tu le peux, cependant, c'est Oswald. Celui que tu aimes éviter en général, parce que sa douleur t'offre une culpabilité que tu n'expliques pas, alors que tu sais très bien que tu n'es pour rien dans la disparition de sa fille. Ou du moins tu le crois sincèrement. Mais tu ne peux pas le lui dire de but en blanc. Que tu ne comprends pas, qu'elle a décidé d'agresser ta famille alors même que tu restes persuadé que c'est elle qui t'a quitté. Tu ne peux pas accuser la fille miraculée d'un homme détruit, même toi t'en rends compte, alors tu acquiesces sans rien dire. Renouer ses liens, montrer ce qu'elle veut, sans en donner la raison, comme une danse folle sans que tu en connaisses les pas, le premier qui s'arrête sera sans doute celui qui finira une balle dans le cœur. Mais il y a pire que tes pensées, Castiel, et tu commences à le voir. Il y a celles de Oswald. Qui ne croit plus en sa propre fille, qui a vu ce que toi tu as entre aperçu entre deux voitures en cherchant les coupables de l'agression d'Anthéa. « Elle t'a dit où elle était ? Elle me semble perturbée. Je ne sais pas si elle sait vraiment ce qu'elle dit dans son état. Il faut peut-être lui laisser le temps de reprendre ses esprits. » Parce que ce n'est pas un homme heureux que tu as devant toi, un homme ayant retrouvé sa fille. Et si son propre père ne peut pas se bercer d'illusions, peut-elle réellement être sauvée, reprendre un train de vie normal, se réintégrer à la société alors que ses premiers gestes n'ont été que violence ? Tu as peur de la réponse, toi l'idéaliste qui aimerait que les guerres cessent mais sans savoir comment stopper les tiennes. Tu serres la mâchoire alors même que l'accusation à peine voilée sort de la bouche d'Oswald. « Elle m'a quitté. Juste avant son départ, elle m'a brisé le cœur. J'étais prêt à la demander en mariage, à l'époque. Depuis … Tout a changé. Mais mes sentiments étaient réels. Je ne l'aurais jamais fait souffrir consciemment. Ne croyez pas que je n'y pense pas, elle a ordonné la mort de ma femme. Mais le fait est que je n'ai rien fait pour la rendre malheureuse. » Et t'y crois vraiment, en réalité. Parce que tu sais pas ce qu'il s'est passé, comment le pourrais-tu ? Finalement, c'est pas comme si ta famille partageait toutes ses magouilles. Non, on préfère te laisser dans l'ombre parce que Gidéon devait le savoir que le jour où tu le découvrirais serait la fin des Ò Murchù. Tu reprends cependant la parole. « Anthéa est enceinte. Je ne sais pas comment Margot l'a découvert, si elle le fait par simple jalousie, mais … Je ne peux pas permettre qu'elle réussisse la prochaine fois. Il faut que ça s'arrête.» Parce que tu le sais que tu lui ferais pas de mal pour sauver ta peau. Mais tu sauverais celle de ton fils contre celle de tous les autres. Oswald devait comprendre le sentiment.
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Plus la discussion avançait, plus il avait la sensation horrible de se perdre d’avantage. Que les indices n’allaient pas dans le bon sens et qu’au contraire, ils se retournaient contre lui pour le mettre d’avantage dans le doute. Oswald buvait sa bière et essayait d’y voir clair dans ses propres idées. Il y avait une guerre civile qui se mettait en place là-haut entre le petit ange qui demandait pardon, et le petit diable qui demandait vengeance. Il se doutait que Castiel avait, malgré tout, une part de responsabilité dans ce qui était arrivé à Margot, mais quoi ? Margot se tait, Margot ne veut rien lui dire. Elle est venimeuse, mais Oswald n’est pas dupe. Il le voit, elle n’y met pas du cœur. Il y a encore une petite part de bonté qui se bat avec ses démons. Possédée, c’était même le mot juste pour la décrire. Oz avait l’impression que sa fille était possédée par une entité démoniaque et qu’elle se complaisait dans ses envies de vengeance, mêlant ainsi sa fille dans des histoires sordides. Il ne fallait pas croire, Oswald était tout à fait conscient qu’il avait une part de responsabilité et elle le bouffait. C’est cette même part qui l’avait rendu ainsi, triste et trainant sa carcasse jour après jour en attendant que la mort vienne le punir. Mais à croire que même auprès de celle-ci, il est été infidèle. Elle le laisse au seuil de sa porte alors qu’il vient y toquer tous les jours pour demander que tout ceci s’arrêter. Que son cœur est blessé, meurtris, qu’il ne souhaite plus battre. Mais non, rien à faire. La faucheuse lui colle un vent, et il est obligé de rebrousser chemin et de continuer à s’enfoncer dans cette existence bordelique. Un bordel qu’il a lui-même érigé et dont il est conscient que tous les pardons du monde n’arrangeront rien. Il vit avec, il n’a pas d’autre choix. Il souhaite ne pas créer de nouveau chaos sentimental, et c’est pour cette raison qu’il n’avait pas encore sauté au cou de Castiel pour l’étrangler. Il ne voulait pas rompre les derniers liens qui le reliaient à la solution et il ne voulait pas que son ami lui pose des questions. Aussi, Oswald souriait de temps en temps, mais brièvement. Il était bien trop pris par le sérieux de la conversation pour avoir envie de plaisanter. Il exposait son point de vue, ses doigts glissant sur le bois du comptoir pour illustrer ses propos méthodiquement. De temps en temps, ils jouaient un rythme distrait, celui qui l’aidait à tisser son résonnement et son invitation au dialogue. Le question-réponse était la base. Alors, aussi futiles soient-t-elles, ses interrogations avaient un sens. Un sens qui avait fonctionné, puisque le fils O’Murchu s’intéressait à ce qu’il sous-entendait. Qu’il ne se méprenne pas. Oswald n’aimait pas proférer des accusations sans preuves. Mais si ça pouvait aider à secouer les puces, il n’avait aucune rancune à s’en servir. Sa langue se passait sur ses dents tandis que sa bouche demeurait fermée. Il réfléchissait à ses mots, prenait une gorgée de bière, claquait la langue contre son palais avant de reprendre. « Non, elle évite le sujet. Elle ne veut rien me dire. Mais je pense qu’elle a tout à fait conscience de ce qu’elle dit. Que ce n’est pas seulement un état de choc, c’est … de la haine. Pure et dure, bien sombre et noire. Une nuance d’ombre qui plane autour d’elle. Je l’ai senti quand je l’ai prise dans mes bras à son retour. Elle dégageait cette aura démoniaques ». La hantise se lisait à travers le regard vague d’Oz. Cette immense perte, cette sensation de nager dans le brouillard sans jamais trouver un point de repère ou une petite once de lumière. Le vieux faisait de son mieux pour ne pas afficher une mine triste. Alors pour penser à autre chose que ses propres problèmes, il écoutait Castiel donner sa version des faits. Presque aussitôt, Oswald avait reculé la tête d’interrogation. « Pardon ? » dit-il pour lui demander subjectivement de répéter ses mots. « Pourtant, elle était enthousiaste. Bon, j’avoue, je n’ai pas vraiment aimé la nouvelle à l’époque, mais qui suis-je pour m’interposer. Je te jure, je ne lui ai rien demandé ». Un soupir traversa ses lèvres, et inconsciemment un sourire apparut sur son visage. « Tu vas être papa donc, c’est une bonne nouvelle ». De façon subliminale, il lui envoyait ses encouragements et il comprenait aussi sa situation. Ce n’est pas comme s’il était passé par là une dizaine de fois après tout. Ses doigts se remis à tapoter, plus nerveusement cette fois-ci. Rompu ? C’était trop gros. Il revoyait son effervescence, son enthousiasme, sa joie et sa détermination. Puis une hypothèse avait muri dans son esprit et il faisait tout pour la faire taire. Son désaccord aurait très bien pu être partagé par les deux parties. A la différence près qu’il est beaucoup plus cool que son ami. Ami, ce mot prit une tournure étrange pendant quelques secondes et il sentait l’angoisse monter. « Et que veux-tu que je fasse ? Elle ne m’écoute plus. Et quand bien même, elle reste ma fille. Je ne peux pas me résigner à lui faire du mal, pas dans son état. Ça pourrait qu’envenimer les choses. Quand ton enfant aura son âge, tu comprendras ». Les songes commençaient à résonner dans son esprit, donnant naissance à un début de migraine. C’était toujours compliqué d’être père de toute façon, on en faisait jamais assez du point de vue des enfants. Sa main était passée devant son visage, il avait retiré ses lunettes rondes pendant quelques secondes par question de conforts avant de les remettre. « Comment elle t’a annoncé qu’elle voulait te quitter ? Est-ce qu’elle est venue te voir face à face ? Si c’est le cas, est-ce qu’elle avait l’air nerveuse ? Différente ? Ou bien elle t’a envoyé un sms ? Vous avez de l’entourage commun qui pourrait être au courant pour la grossesse d’Anthéa ? ». Ce n’est pas vraiment ce qu’avait prévu Oswald, mais il semblerait que Castiel ait touché la corde sensible et qu’à présent, il veuille l’aider. Ne serait-ce que pour y voir plus clair. Peut-être à cause du fait qu’il ait annoncé être bientôt papa. « Tu sais, une femme jalouse, ça peut devenir pire que le FBI ou le KGB » lâcha-t-il finalement dans un rire léger, amusé par sa propre plaisanterie qui n’avait rien à faire dans une telle conversation. Ou bien si, peut-être qu’elle avait tout intérêt à s’immiscer. Peut-être que ça aidera à détendre l’atmosphère qui devenait de plus en plus tendue.
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
T'es perdu, dans cette histoire. Pour une fois, quelque chose dont tu pensais pas avoir la moindre responsabilité te tombe sur le coin de la gueule, et honnêtement, tu sais pas vraiment comment réagir. Parce que ouais, Margot, c'est un peu la relation que t'as foiré, mais pas vraiment. Tu l'aimais, et t'étais prêt à l'épouser, sans prendre en compte l'avis de ton père. T'aurais perdu une partie de ta famille, ton héritage, mais en un sens t'aurais été plus heureux que tu ne l'as jamais été par la suite. Et tu l'aurais fait sans un regard en arrière, comme Niamh, tu te serais barré avant d'être arrivé devant l'autel. Un mariage sans mariés, ça aurait eu de quoi rendre fou la moitié des invités. Mais ça c'est fini, sans que t'en comprennes la raison. Une dispute, pas si grave en fin de compte, qui aurait dû se régler, mais une fille bien trop incertaine décidant de partir. Peut-être que même à l'époque tu étais nocif, sans que tu ne t'en rendes forcément compte, va savoir. La seule chose que tu sais, c'est qu'elle est partie et que tu ne l'as jamais revue. Bien sûr que t'aurais pu la chercher, mais t'avais cette idée stupide en tête que si elle voulait partir, tu n'aurais de toute manière rien pu faire pour la rattraper. S'éloigner de son père, ça te paraissait évident. Peut-être que tu t'es simplement dit que votre relation n'était pas faite pour durer et que le jour où elle l'a comprit plus rien ne la retenait réellement à Bray. Ou alors avait-elle eu peur. Peur que tu retournes ta veste au dernier moment, peur que tu ne puisses pas trahir ta famille alors même que t'étais certain du contraire. Mais si tu étais responsable de sa disparition, ce n'était que bien trop indirectement pour que tu arrives à en suivre le fil. Alors non, tu ne comprends pas comment la relation, demeurée belle dans ton esprit, peut-être finie trop tôt, te laissant un goût amer de non terminé dans la bouche, ait pu arriver à celle-ci. Celle où la femme que tu aimais a décidé de mettre en danger la vie de celle que tu as épousé, et de ta future progéniture. Comment avait-elle su, rien que ça, pour la grossesse d'Anthéa, restait un mystère dont tu n'étais pas sûr de vouloir la réponse. Mais voir Oswald, face à toi, te rappelle forcément ce sur quoi tu as mis une croix. Quelque part, si tu le regrettes, tu le fais avec une certaine fatalité. Tout le monde choisi sa vie, à un moment donné. Toi, tu l'as fait et si elle ne te plaît pas, tu t'en blâmes sans avoir la possibilité de revenir en arrière. Mais tu restes persuadé que tu n'es pas responsable dans les choix qu'a fait Margot par la suite. Si maintenant l'affirmation ne serait peut-être pas aussi juste, à l'époque t'étais pas un mauvais gars. Un poil impulsif et une haine certaine pour les métamorphes qui te bouffait littéralement, mais t'étais pas mauvais. T'aurais jamais pu tourner quelqu'un en la personne qu'est Margot, ou du moins la personne que tu as entre-aperçu et qui n'a plus rien à voir avec celle que tu as autrefois connu. Tu bois également une gorgée de bière. Ça n'a rien de professionnel mais tu en as besoin, juste pour survivre à cette conversation. Les mots d'Oswald pourraient te glacer les sangs si tu n'avais pas assez de contrôle de toi-même pour ne pas en être choqué. « De la haine contre qui ?» Bien sûr, tu connais la réponse. Ce n'est pas pour rien qu'elle est venue chez toi, qu'elle a passé le pas de ta porte pour torturer ta femme. Si Anthéa n'est pas la cible, c'est forcément toi. Mais pour quelle raison ? C'est cette question que tu tournes et retournes dans ton esprit comme si d'un seul coup la réponse allait te sauter aux yeux. « Margot n'a jamais été mauvaise. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé pour qu'elle en soit là, mais elle finira par se rappeler de qui elle est.» Des mots de réconfort maladroitement menés mais dont tu ne pensais de toute manière pas un mot. Mais il fallait bien que tu enlèves la noirceur du tableau, pas vrai ? Parce que non, tu ne pensais pas qu'elle pouvait revenir à ce qu'elle était, mais il fallait qu'au moins son père le croit. Rien n'est plus important que la famille, sans doute qu'elle devrait se rappeler ça. Mais encore une fois, n'était ce pas la raison pour laquelle elle vous courrait après ? Pour la famille qu'elle n'a pas eue et que tu as eu avec une autre ? Tu souris un peu. « Je ne peux pas vous blâmer, qui aurait été ravi de laisser sa fille aux Ò Murchù hein ? » Un trait d'humour, mais de toute façon, rien ne servait de cacher la réputation de ta famille. Si elle était riche, il était pourtant évident qu'elle n'en était que peu aimante et les malheurs qui s'acharnaient sur eux ne s'arrêtaient jamais. « Mais d'un autre côté j'étais sans doute le moins pire. » Tu pourrais pas en dire autant maintenant, ça c'est un fait. L'annonce de la grossesse d'Anthéa eut pour mérite de donner un sourire à Oswald, que tu lui rends. « Oui, c'est une bonne nouvelle. » T'en es pas encore sûr, pas dans l'état actuel des choses, pas avec ce que tu t'apprêtes à faire, mais tu te dis que si tu le fais, c'est pour lui. Pour que ton fils ou ta fille naisse dans un monde où la justice fait son boulot. Tu continues d'essuyer des verres pendant que tu parles à Oswald, mais alors que tu le sens se briser entre tes doigts, tu le lâches à côté de l'évier. « Si jamais mon futur enfant arrive à cet âge là, je vous ferais passer une note. Mais pour ça, il faut que j'empêche d'autres mercenaires de m'attendre dans mon salon. Anthéa est au bord de la crise de nerfs, c'est pas bon pour une grossesse, mais est-ce que je peux la blâmer ? Toutes les nuits elle se réveille en se demandant quand elle va mourir. Tout ça parce que Margot en a après moi. Il faut que je lui parle, il faut juste que ça cesse. » Encore maintenant, t'es pas un si mauvais bougre. Tu repenses à Gaïa et à la pierre que tu as jeté contre son crâne. T'es plus vraiment cette personne, tu ne tues plus, tu ne chasses plus. Mais t'en es pas moins déterminé à enlever la cible que t'as dans le dos. Tu respires puis te contentes de finir ton verre. « Elle m'a envoyé un sms, elle disait qu'elle ne voulait plus me voir et que ça ne servirait à rien de me pointer chez elle parce qu'elle quittait Bray. » Tu te souviens pas vraiment des détails du sms, depuis longtemps enfoui dans les archives d'un ancien téléphone, mais c'est ce dont tu te rappelais. Tu te mis à réfléchir, les sourcils froncés. « Juste ma famille et la sienne. Et sans doute un ou deux amis de chaque côté. Et encore quand je parle de ma famille j'ai seulement prévenu ma sœur aînée. » Mais en fin de compte c'est celle que tu considères le plus comme ta famille, pas vrai ? Tu te mets à rire avec lui, doucement. « ça je veux bien le croire... »
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Ses doigts effritent distraitement son verre sans que la surface n’en soit marqué. Une caresse du bout du pouce, pensive et témoin de la cohue à l’intérieur de son esprit. Du moins, plus qu’en temps normal. Oswald ne voulait pas se laisser envahir par ses démons et sa colère. Il ne voulait pas laisser Margot l’influencer au point de devenir comme elle. Une boule de haine pure, une bête noire qui attend tapie dans les ombres sa proie pour lui sauter au cou. Il prit une grande inspiration, enclenchant la discussion. Ses doigts étaient venues automatiquement à sa bouche comme s’il y portait un cigare. Cependant, il était aussi conscient qu’il n’avait pas le droit de fumer dans un établissement public. C’est pour cette raison que pour compenser l’absence de tabac, il avait caressé son bouc avant de reposer sa main sur le comptoir. Elle cherchait une occupation, elle triturait le bois, sculptait les nervures du bout de l’ongle avant de venir saisir le verre. Une gorgée, juste une seule, pour prendre des forces et parler. Discuter d’un sujet délicat, de sa fille disparue qui revient le hanter, le prévenir, pour repartir aussi vite qu’elle était réapparue. C’est seulement là qu’il se rendait compte que le seul responsable : c’était lui. Que cela ne servait à rien de rejeter la faute sur Castiel, c’est encore au père de prendre les responsabilités quant aux actes de sa propre fille. Son éducation avait dû pêcher quelque part. Ou bien, il avait été trop présent pour elle et elle s’en était habituée. Contre qui ? La question était délicate. Contre toi, c’est sûrement la première réponse qu’Oswald aurait donnée, mais c’était trop simple. Alors, Oz se tût et il avait pris le temps de réfléchir. Ses yeux s’étaient perdus de nouveau dans l’étalage de bouteille derrière Castiel, admirant les nuances de couleurs que la lumière du bar leur donnait. Au bout de quelques secondes, le vieux triton avait fini par rouvrir la bouche. “Contre nous tous. Contre ses amis, ses anciens camarades, son ancien petit-ami, son propre père. Personne n’y échappe. Et c’est là que cela blesse. J’ai lu dans ses yeux le sentiment d’abandon. Elle dit que ça va, mais ce n’est pas du tout le cas. Elle cherche vers qui se tourner, mais elle ne fait plus confiance à qui que ce soit.” Oswald avait repris son verre à la fin de sa phrase et il l’avait vidé dans son gosier. Vide, comme ses envies. Il pourrait chercher conseil auprès des plus grands de ses enfants. Il pourrait lui demander d’intervenir et de l’aider, mais Rose n’allait pas accepté l’idée même qu’ils le revoient. Il doit se débrouiller seul, comme à chaque fois. Sans doute était-ce pour cela qu’il ne semblait pas plus chambouler que ça. Et qu’il prenait le temps d’en discuter avec Castiel. Un bref sourire était apparu sur son visage en réaction à cette tentative réconforte, une façon comme une autre de le remercier pour cet effort. Bien que bancale, il appréciait le geste et c’est ce qui lui réchauffait le coeur. De nouveau, Oswald avait pris un temps de suspension pour bien peser ses mots. A son tour de réconforter le garçon, et non pas de le blesser d’avantage. “C’est vrai, il y a quelques temps, je bondissais de ma chaise à l’idée de vous la laisser. J’étais suffisamment stupide pour écouter les rumeurs autour de ta famille. Je savais que j’allais le regretter. Quand je suis venu toquer à votre maison pour savoir où était Margot et que l’on m’a claqué la porte au nez, j’ai cru que ma rage allait exploser. Mais à la place, c’est mon coeur qui a été mis en lambeau, jour après jour, et cela a été l’ultime déchirure.” Son discour semblait si mal parti, rempli de rancune et d’amertume. Pourtant, son ton ne grimpait pas en volume. Oz restait calme et posé, preuve qu’il y aurait une suite à ce discour. Une suite qui n’a pas tardé à venir, et il en avait même profité pour rebondir sur les propos de Castiel sur son estime. “Et j’ai appris à vous connaître. D’abord ton père, puis ensuite toi. Je suis peut-être idiot et irresponsable, mais je ne suis pas aveugle. Vous feriez tout pour protéger votre famille, n’est-ce pas ce que tu fais avec Anthéa ? C’est quelque chose que je vous envie, je n’arrive même pas à protéger les miens. Je peux tout juste leur envoyer un petit billet pour leurs anniversaires. C’est quelque chose que je respecte chez-vous, et c’est pour ça que je ne pourrais jamais vous en vouloir pour quoi que ce soit.” Oswald sombra dans le silence de nouveau, plus détendu. Parce qu’il avait franchi le pas, parce qu’il prenait connaissance de l’autre partie de l’histoire petit-à-petit. Pour être sûr de suivre et de tout se souvenir demain matin, il avait même fait taire son envie d’alcool pour être pleinement attentif aux propos que tenaient son ancien beau-fils. Il s’était accoudé au bar, songeur. Ses yeux étaient pensifs et cherchaient un point d’ancrage pour se poser et pour cesser d’analyser tout ce qui se trouvait autour d’eux deux. “Cela pourrait être une bonne chose. J’espère seulement qu’elle acceptera déjà de te parler, mais aussi de t’écouter.” C’est un pouvoir qu’il avait perdu sur sa fille, l’écoute. Elle faisait la sourde oreille dès lors qu’Oswald ouvrait la bouche pour lui adresser la parole. Au début, il prenait ceci comme une plaisanterie. Maintenant, c’est semblable à des coups de couteaux en plein coeur. Lui qui lui avait tout donné, il avait l’impression d’avoir tout perdu en retour. Puis en entendant cette histoire de SMS, il avait froncé des sourcils. L’orage semblait gronder au loin dans son esprit, et lui il se contentait d’anticiper et de peser les possibilités. Ce n’était pas … Normal. “Si … Si Margot voulait quitter Bray, elle me l’aurait dit. Elle m’aurait demandé à ce qu’on retourne à Dublin ou à Paris. Elle n’était pas sur le point de partir, elle parlait même de prendre un appartement avec toi. Je m’en souviens bien, on consultait régulièrement les journaux, elle voulait vivre avec toi.” Plus de nostalgie dans sa voix, plus de remords, tout ceci avait été remplacé par la suspicion et le questionnement. A partir de son portable, cela aurait été facile de se faire pour elle. C’est d’ailleurs pour ça qu’il ne voit pas ces engins d’un très bon oeil. L’ambiance s’allège avec sa petite plaisanterie, et il se met à rire avec Castiel. De façon plus discrète, mais tout aussi sincèrement. Il ne relance pas la plaisanterie, les plus courtes sont les meilleurs. Mais il laisse sa tête se baisser en ricanant, la remuant de droite à gauche.
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Castiel & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Sans doute n'as-tu pas vraiment besoin de ça, en ce moment, Castiel. Sans doute que tu aimerais pouvoir oublier tout ce qui a fait ta vie jusqu'à maintenant, te bercer d'insouciance, alors que de cela, tu n'en as plus depuis la mort d'Hayley. Ce serait reposant, ce serait inespéré, de pouvoir ne serait-ce qu'une minute mettre de côté la personne que tu es. Devenir quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre. Revenir à l'aube des temps, au tout début, aux ancêtres de ta propre espèce, cette race protomorphe qui a évolué jusqu'à devenir ce que vous êtes maintenant. Revenir là pour ne plus être toi, ne plus être humain. Plus de sentiments, un cerveau sous-développé, primitif. Où le seul instinct reste la survie, et où la conscience n'a pas vraiment de place. Tu ne penses pas qu'ils étaient heureux, ces gens-là. Parce que le bonheur, c'est tout de même beaucoup moins ancien que ça. Mais ce qui existait de leur âme, s'ils en avaient une, était en paix. Résolue. Pas de bons ou de mauvais choix, pas de dilemme qui les empêchaient de dormir la nuit, rien qui puisse les enfermer quelque part. Alors que toi … Tu as beau te tourner dans n'importe quelle direction, tu ne vois que du vide, un néant complet qui menace de t'engloutir. Et quand ce n'est pas le néant, c'est le chaos, le beau chaos que tu as provoqué, petit à petit, sans t'en rendre compte. Et Margot. Cette étoile noire au milieu de tout, comme un rappel de ce que tu pensais avoir réussi et que tu as en fait planté comme le reste. La haine qu'elle éprouve, tu ne la comprends plus. Pas comme si tu ne l'avais jamais expérimentée, cette haine irraisonnée qui te sépare de tes proches comme s'ils faisaient partie intégrante de tes ennemis, cette haine qui t'a poussé, par le passé, à commettre des actes dont tu préfères ne pas te souvenir, forgée par un père qui ne voyait que son propre intérêt et qui t'a empoisonné jusqu'à ce que tu ne saches plus distinguer tes convictions de celles qu'il t'avait insufflées. La solitude dans cette haine que rien ne saurait combler. Même pas la vengeance. Tu l'as vécu, mais tu n'arrives plus à le comprendre. Es-tu devenu trop faible ou juste plus modéré ? Comme si tu ressentais moins le positif comme le négatif.   « Peut-être qu'elle se rendra compte que tous ne sont pas ses ennemis. Et que tirer dans le vide ne suffira pas à combler ce qui lui manque. » Encore une tentative pour dédramatiser la situation. Si tu te rends bien compte que l'homme en face de toi en a besoin, tu le dis pour toi aussi. Parce que si Margot peut être pardonnée pour ses actes, tu le seras aussi, quelque part. Un jour. A défaut de te pardonner toi-même, tu espères que d'autres le feront. Ou la solitude dont tu te souvenais tout à l'heure ne sera plus vraiment qu'une partie du passé. Condamné à vivre seul parce que tu fais un piètre être humain. Un piètre triton également, sans aucun doute. Perdu dans tes pensées, tu fixais d'un œil vide la colonne en marbre lamelleux du comptoir. Puis Oswald reprit la parole. T'écoutais son laïus avec un sentiment de culpabilité. Parce que tu le sais que ta famille est pas vraiment innocente, que de toutes les rumeurs à son sujet, toutes n'étaient pas infondées, et les autres se basaient sur la réalité des premières. « Je suis désolé pour ça. Je ne sais pas si c'est dû aux événements qu'on a traversé mais mon père est peu compatissant. Il ne connaissait pas vraiment Margot et je pense qu'il n'a pas considéré la chose comme le concernant. » Autrement dit, les comportements emprunts d'humanité n'étaient pas à espérer chez Gidéon. Ses enfants en avaient fait le deuil, mais c'était plus complexe pour ceux qui n'étaient pas familiers avec l'homme. Protéger la famille coûte que coûte. Ironique quand on savait que deux des membres en étaient morts par la main des autres. « Merci. Mais parfois, je pense qu'il faut accepter que protéger les siens ne rentre pas dans nos attributions. Vous n'êtes pas plus fort que les autres, alors pourquoi vous acharner à penser que vous auriez pu la protéger d'un mal qui semble plus grand que toute notre compréhension ?  » Tu n'es pas encore père, tu ne peux pas vraiment le comprendre. Toi t'es à la place du fils. Le fils qui ne blâmera pas son père pour ne pas l'avoir empêché de lever la main sur son frère. Cette erreur là, c'est la tienne. L'échelle des coupables, t'es en première ligne. Alors peut-être que c'est pour ça, aussi, que tu veux aider Oswald, plus que tu ne veux aider Margot. Parce qu'elle a agressé ta femme, elle a nui à ton enfant, et pour ça tu ne lui accorderais presque pas de pitié, parce que c'est ce genre d'hommes que tu es devenu, et on ne change pas si abruptement des habitudes. Mais tu comprends qu'il en a besoin. Que Margot n'est pas seule et qu'importe ce qui peut lui arriver, elle ne sera jamais seule à en souffrir. T'as assez fait de mal comme ça. Tu soupires. Loin était le temps où on pouvait vous trouver à roucouler comme des amoureux transis au coin d'un couloir. Tu ne sais pas si tu le regrettes, l'amour que tu ressentais pour elle s'étant évaporé depuis longtemps, mais tu envies certainement l'innocence. « Je l'espère aussi.» Avant que tu suives ton père comme un mouton suivrait son berger, tout te semblait compliqué. Refuser le mariage arrangé, le poste qu'on attendait de toi, se venger pour Hayley, vivre une vie normale comme si tu ne faisais pas partie de cette famille empoisonnée. Alors que maintenant, tu rêverais de retourner à cette époque, de serrer Nathan dans tes bras jusqu'à ce qu'il se demande ce que c'était que ton problème. Revoir Niamh. La tristesse s'empare de toi alors que tu vois Oswald se débattre encore, implicitement, avec le départ de Margot. Il ne tournera pas la page, pas plus que toi, encore moins que toi sans doute. « On s'était engueulé la dernière fois qu'on s'est vus. Je suis plutôt certain qu'elle voulait plus habiter avec moi à ce moment-là. » Même si tu te souviens plus du sujet exact, tu serais presque prêt à parier qu'il s'agissait de ton père. C'était toujours ton père, de toute manière.
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