whatch your back, they're coming for you + Morrigan&Ezeckiel

T'aimes venir en forêt. Pas toujours pour tes transformations, parfois rien que pour t'échapper du monde qui a tendance a bien trop t'étouffer. T'as jamais franchement aimé les gens, faut être honnête, toi tu voyais que ton frère, et parfois quelques autres, ceux qui avaient la chance, ou la malchance, de signifier quelque chose à tes yeux. Alors dès que tu pouvais partir, tu le faisais. Après avoir vu Azenor, t'en avais besoin, faut te l'avouer. Tu pouvais pas rester, faire comme si ce qu'elle t'avait dit te faisait rien, parce que t'avais envie de crier et de frapper tout ce qui bougeait. Tu t'en veux, c'est toujours le cas, River le martyr qui arrive pas à se défaire de cette image. T'aurais aimé être là plus tôt mais tu trouves ça étonnant, toi, alors que tu passes ta vie à t'enfuir sans un regard en arrière ? Alors tu prends une pause, tu marches, tu cours, sous forme humaine parce que le tigre, tu te sens pas de le faire sortir maintenant, tu sais pas ce qu'il pourrait faire alors que t'es tellement perdu. Il a tendance à amplifier tes émotions et c'est pas de ça dont t'as besoin maintenant. Tu te roules un joint, à un moment donné, tu vois le jour défiler. T'es sorti tôt ce matin et il est sûrement midi passé maintenant, mais t'as pas d'obligations, pas aujourd'hui en tout cas. Même si t'en avais eu, ça t'empêches pas de faire plus ou moins tout ce que tu veux, peu importe ce qu'en disent les gens. C'est pour ça que t'as jamais eu de jobs, toi t'es pas comme ça, tu rentres pas dans ce système-là, et pire que tout, tu veux pas y entrer. Pourtant t'as été obligé, pour une renarde qui s'est barrée dès qu'elle t'a vu. Faire ce que tu détestes le plus pour une connasse qui a même pas été foutu de te répondre, c'est du River tout craché, tu dois bien le reconnaître. Mais ta fierté elle te pousse à rester, parce que tu peux pas la laisser commander ce que tu fais de ta vie indéfiniment. Même si c'est précisément ce qu'elle fait une fois encore. Ça n'a ni queue ni tête, aucun raisonnement logique, tu sais pas comment te sortir de ce trou dans lequel tu t'es fourré et ça te frustre, t'as mal mais tu sais même pas où alors tu peux même pas y remédier. La drogue aide, mais pas assez, toi te faudrait du radical, mais t'es pas encore prêt à retomber là dedans. T'en as trop fait, et tu veux pas encore mourir. C'est pas le temps, et surtout pas le lieu.

Alors que t'arrives pas loin du chemin tracé de la forêt, chemin que tu suis jamais parce que t'es pas fait pour marcher sur les routes, tu fais toujours tout à l'envers, t'entends des cris. Jappements, hurlements, tu sais pas trop ce que c'est. Si t'avais été un bon gars t'aurais sûrement couru jusqu'à l'origine du bruit, mais pas là. Maintenant tu te fais petit, tu te caches derrière un arbre, tu t'avances sans t'avancer, essayer de comprendre ce qu'il se passe. C'est là que tu le vois, ce chien allongé au sol, une flèche plantée dans la cuisse. T'aurais pu t'élancer pour le récupérer, mais ta seconde d'hésitation, elle est de trop. Les feuilles bougent pas loin, et t'entends déjà des voix d'hommes. Probablement aussi une femme. T'es pas sorti hier, alors tu saisis vite l'ampleur des dégâts. Un cri d'alerte, un bruit de course et tu pourrais presque distinguer les pattes des jambes humaines. Des coups de feu, l'air qui se déplace. Toi tu restes immobile, alors que tu sais les chasseurs proches. Si tu te transformes, t'es mort. T'as beau courir vite, le tigre que t'es pourrait facilement se faire avoir. Sauf si tu joues sur la surprise, mais c'est pas du tout cuit. Soit tu restes humain, mais t'as tout intérêt à ne pas te faire voir. Tu les connais les chasseurs, ils peuvent sauter à des conclusions sans même prendre le temps de te poser de questions.