terrain glissant destin flippant | ft hamlet

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terrain glissant destin flippant
ft hamlet & väas.
Je ne sais pas comment je suis censé passer vingt-quatre heures successives dans ce corps. Je me sens à l'étroit, j'étouffe, j'ai mal partout. J'aurais dû choisir un géant - littéralement un géant. En début de journée, ça va, je tiens le coup mais plus les heures passent plus j'ai l'impression que je vais déchirer mon enveloppe et retrouver ma forme originelle d'un instant à l'autre. Le seul moment de répit que j'ai, c'est quand la nuit est tombée et que je peux enfin me métamorphoser. Je me force à ne jamais le faire en journée pour éviter les incidents, me retrouver sous ma forme humaine au beau milieu d'une rue bondée, ce genre d'histoires. Quand il fait sombre.. c'est une autre histoire. Je peux me permettre plus de libertés, et ma magicienne a bien compris que j'avais besoin de ça - elle m'a donné l'ordre de rester sous la forme humaine deux jours complets, j'ai bien failli dévaster son appartement.

J'attendais l'obscurité avec impatience. Collé à la fenêtre du studio, je me suis forcé à attendre le dernier moment pour me transformer, et heureusement la nuit tombe vite à cette période de l'année. Une fois sous forme de corbeau, j'ai senti tous mes muscles me remercier après avoir gueulé à l'agonie toute la soirée, la libération tant attendue. Être un oiseau, c'est pas l'idéal, je vais être honnête. C'est toujours mieux qu'en bipède à deux balles, mais je me languis quasiment de retourner dans le monde des esprits. J'imagine qu'on s'habitue avec le temps, mais les débuts sont difficiles.
Déployé de toute ma largeur, je parcours les rues de Bray, profitant de chaque once de vent comme d'une bouffée d'air frais miraculeuse. J'arpente des coins que je traverse parfois au cours de la journée, je m'autorise un détour à l'université qui a son charme, vue d'en haut. Voler, ça devrait être autorisé aux humains. Ils auraient bien besoin de ça ; ça permet de littéralement prendre de la hauteur et du recul, se détacher des dramas quotidiens dans lesquels ils dépensent toute leur énergie. Même moi, parfois, ça m'arrive de me retrouver impliqué dans des conneries que j'aurai oublié dans 2 ans.

J'imagine que dans quelques années, je ne me ferais plus avoir (est-ce naïf ? sûrement). Un peu égaré dans mes pensées, je vole en direction du bâtiment de la bibliothèque et j'aperçois ce qui me semble le chemin le plus court pour rentrer à dragon alley, juste en longeant le bâtiment.
J'y vais de bon coeur sans même y réfléchir à deux fois, sans voir la vitre qui me fait face.
Un boucan monstrueux m'accompagne alors que je tombe au sol, assommé comme jamais. De retour sous forme humaine (je ne me suis même pas senti revenir), roulé en boule, les poings serrés pour m'éviter de gueuler ma haine au monde entier, l'arcade ensanglantée. "bordel de plan terrestre" je laisse échapper quand même, après un long geignement de douleur. Les joues en feu - j'ai bien entendu choisi un corps qui rougit sous le coup de l'émotion - je regarde la vitre que je me suis mangé. Même pas fissurée, c'est solide cette connerie. Heureusement que c'était au rez-de-chaussée, j'aurais fait une sacrée chute.

Assis par terre, je m'efforce de retrouver mes esprits (le comble pour un djinn). Du coin de l'oeil, j'aperçois une silhouette : j'espère de toutes mes forces que la personne n'a pas assisté à toute la scène. Déjà c'est humiliant, en plus je vais devoir expliquer comment un corbeau s'est transformé en humain... ça va me faire du sang sur les mains ça. D'un revers de main, j'essuie mes yeux humides sous la force du choc, et constate qu'un de mes doigts forme un angle a priori anormal. Bordel. Quelle soirée pourrie.
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terrain glissant destin flippant
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Ce moment entre la journée et la nuit, celui où je suis complètement libre de mes mouvements. En journée, j'ai toujours trop de choses à faire, la boutique, les rondes perpétuelles, même s'ils ont convenu avec Phineas que j'avais sans doute d'autres choses à foutre que de faire le tour de la ville pendant des plombes pour chopper le mec qui allait faire une connerie. C'est pas comme si je connaissais leurs plans, en plus, je suis laissé dans l'ombre comme tous les autres, alors on sait ce qu'on cherche sans réellement le savoir, attendre patiemment que l'étau se referme et que tout parte en couilles définitivement. La nuit, par contre, je prends la relève d'un de mes « collègues ». Je les connais pas, les autres djinns. Je pense qu'ils ne veulent pas spécialement qu'on ait de liens, mon espèce n'est de toute manière pas faite pour en avoir. Un jour on peut être potes et le lendemain être invoqués par des ennemis et vouloir la peau de l'autre. C'est tellement aléatoire qu'on se risque pas à créer des amitiés. C'est beaucoup plus simple pour les exécutions. Mais il y a Sally donc quelque part je fais partie de l'exception. Sally c'est ma faiblesse, plus que les autres. Mais c'est pas comme si je pouvais vraiment me retrouver contre elle, elle ne risque pas de changer de magicien du jour au lendemain, et il  faudrait un comble de malchance pour que ça tombe sur quelqu'un que Phineas déteste et veuille éliminer. Mais on sait jamais, avec le vieux hibou, lui énervé contre la terre entière qui a fait de moi son outil de travail. Pour le coup, ça ça change pas beaucoup, je hais toujours autant les magiciens juste pour ce simple fait. Ne pas pouvoir combattre seul et illustrer son propre pouvoir avec celui des autres ne peut pas vraiment susciter en moi un quelconque respect. Je suis toutefois un peu plus modéré avec lui que je ne l'ai été par le passé avec Eldarion. Après tout, il a une certaine sagesse et une certaine grandeur que le plus jeune n'avait pas. Lui sait qui il a invoqué, et me l'a déjà montré. Sans doute est-ce suffisant pour que je lui donne un peu de crédit. Pas de quoi lui sauver la vie le jour de ma libération, mais assez pour ne pas avoir à subir mon esclavage comme je l'ai fait par le passé. Mais qu'est ce que je ne donnerais pas pour retrouver le confort tout relatif de mon plan d'origine … Le confort n'est pas une notion connue là-bas en réalité, mais la souffrance en est absente parce que c'est là qu'est ma place. Mais s'il est arrivé à Phinéas de songer me révoquer pour quelques temps, que je me ressource, la peur de me perdre définitivement l'en a empêché. On ne savait jamais qui pouvait vouloir me mettre la main dessus, et sa paranoïa n'aidait pas.

Alors je me contente de voler, étendre mes ailes et me retrouver dans ce corps de corbeau, comme j'ai l'habitude de le faire. Ce n'est pas comparable à une absence totale de souffrance corporelle, mais cette forme là est bien plus proche de mon état d'origine, bien plus connecté à l'air que l'humain qu'était Anthony ne l'est. C'est un paradoxe assez sensationnel, dans un sens, de se dire que le corps humain est incapable de contenir tout notre être, de comprendre que c'est de là que nous vient la douleur, mais de se soulager dans une enveloppe encore plus petite. Mais sans doute était-ce une partie que l'homme n'a pas encore saisie de l'animal. Je finis toutefois par reprendre forme humaine, caché de tous les yeux qui pourraient traîner. Je ne veux plus perdre une seule de mes journées, alors j'ai décidé de rendre visite à Alaska, aux abords de Golden Coast. Et c'est là que je le vois.

Cet oiseau que rien ne semble arrêter, volant sans doute pour rentrer on ne savait où. Bien trop bas, si vous voulez mon avis. Je le regarde de loin, me demandant comment ça allait se terminer pour mon ami. Parce que ça se sent, l'aura d'un autre monde. Et même si parfois je peux avouer que je ne suis pas une flèche, si je sens le Plan Astral sur un oiseau, c'est probablement un djinn. Ou pire, un génie. Mais ceux là j'en suis pas fan, j'avoue. Trop de bons sentiments pour moi, même si j'essaie de restreindre la partie restante d'Azael, j'ai mes limites sur la bonté. Puis la collision, qui me fait hausser les sourcils. Je réagis pas tout de suite, en vérité, le temps de me remettre de ce que je viens de voir. Puis là, l'éclat de rire, à m'en faire mal aux côtes, si je ressentais vraiment ce genre de choses. Un rire bruyant, incontrôlable. J'en pleurerais presque. Mais je suis quand même un mec sympa, je m'approche de lui, mais surtout parce que j'aime pas me foutre de la gueule à distance. Je préfère quand même faire ça proprement. « Merci mec, t'as refait ma journée je te jure !» Et le rire qui retentit à nouveau. Je préfère largement oublier que quand je suis arrivé y a un an et demi, j'ai fini chez une vétérinaire pour m'être pris une voiture. Mais le gamin a pas forcément besoin de le savoir hein. Je finis quand même par lui tendre la main. « Je t'aide à te relever ? Ou à marcher, si jamais t'as du mal.» Certes je me fous encore de sa gueule, mais je suis pas vraiment méchant. Si ?
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