| | | Sam 4 Nov - 17:37 | | C'est enfin le grand jour. Celui où tu vas te faire tatouer le dessin représentant ton père. Tout un symbole. Une fois de plus tu ne peux t'empêcher d'avoir la larme à l’œil quand tu repenses à lui ou quand tu poses tes yeux sur ce dessin. Tu sais qu'il serait tellement fier de toi, de ton parcours et de ton obstination à faire éclater la justice en son nom. Il n'a jamais cessé d'être fier de toi. Peu importe ce que tu faisais, il n'arrêtait pas de te regarder avec une once de satisfaction. Cela t'a toujours fait chaud au cœur. Lui et toi aviez eu une relation très fusionnelle. Tu étais son étoile, son avenir, son tout, sa petite fille préférée, bien que ça t'a toujours légèrement énervée qu'il dise ça puisque tu es sa seule fille. Il a toujours eu l'art de t’enquiquiner tout en te faisant sourire. C'était ton père.
Tu te diriges vers le salon de tatouage, se trouvant trois rues plus loin. Plus tu t'approches et plus l'angoisse te gagne. Tu ne sais pas pourquoi. Peut-être que le fait d'avoir enfin le tatouage tant attendu devient une réalité et qu'il t'est difficile de prendre conscience de ça ou alors un léger stress dû à l'aiguille et à la durée que cela va prendre pour ancrer ton dessin dans ta peau. Ou alors un mélange des deux. Tu ne sais pas trop mais tu es bien décidée à le faire. Six mois que tu bûches dessus, tu ne vas sûrement pas t'arrêter à cinq minutes du rendez-vous. D'un pas décidé, tu réduis les quelques mètres qui te sépare de ton futur. Et une fois arrivée devant la bâtisse, tu t'arrêtes quelques secondes, profitant d'un léger rayon de soleil pour faire le plein de confiance. Tu franchis enfin le pas de la porte.
- Bonjour, tu dis au tatoueur qui semble avoir fort à faire. Milàn. J'ai rendez-vous aujourd'hui.
Outre le fait de porter ton père dans ton cœur, tu vas aussi l'avoir sur le bras. Comme une envie de le voir tous les jours et d'avoir une envie de plus de te lever tous les matins. Comme un symbole. |
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| | | Sam 11 Nov - 21:59 | |
T'as pas vraiment dormi, Zecke. Tu tiens à peine debout, mais faut te comprendre, ça fait des jours et des jours que tu te repasses la scène avec Skye. T'as merdé, encore une fois, mais c'était bien le cas quand t'es revenu, faut pas te leurrer. Quand t'es parti aussi, mais ça fait trop longtemps pour qu'y ait pas prescription, à ton sens. Ouais tu t'es barré, mais t'étais un petit con qui aimait avoir une mèche devant la gueule pour te sentir rebelle, ça compte pas. Et puis, t'avais des circonstances, tu revois l'état de ta meilleure amie, celle qui t'avait entraîné dans le noir avec elle. Tu aurais aimé la retrouver aussi, t'abandonner, loin, bien loin avec elle, oublier momentanément pour quelle raison t'étais là. Mais c'était pas une bonne idée, alors t'en as rien fait. Tu l'as oubliée, tu l'as rangée dans tes regrets, parce que ouais, si t'avais pas cédé, elle aurait pas souffert, mais c'est ta marque, ça, encore et toujours. Partout où tu passes, tu laisses ta trace, sanglante, qui pue le désespoir et les emmerdes. La seule que t'as épargné, ç'a été Violet. Ta seule décision pleine de sens, et t'avais quatorze ans quant tu l'as prise. Elle a eu raison de te mordre, elle a eu raison d'essayer, Skye. Elle aurait dû te tuer, mais elle a jamais pu s'y résoudre, c'est pas sa faute. T'aurais eu autant raison si tu lui avait ouvert la gorge, t'en es bien conscient. Pour ce qu'elle a fait à Lana, ça mériterait sans doute pire qu'une mort douce. Mais tu le comprends, cet esprit cassé, tu l'as accepté, t'es qui toi, pour reculer, pour rejeter ce que t'as approuvé bien trop longtemps auparavant ?
Les yeux ouverts, l'esprit qui s'éveille petit à petit, alors que t'es devant tes documents à l'accueil du salon, tu te masses inconsciemment l'épaule, là où ton haut laisse entrevoir la marque des dents de la renarde. Elle t'a pas loupé, dommage que tu sois droitier, t'as un rendez vous cet après midi et tu vas grimacer à chaque mouvement. Mais la douleur, tu commences à connaître, alors tu feras mine que c'est rien. Puis c'est pas comme si c'était un gros tatouage, t'es plutôt chanceux, pour le coup. T'aurais eu du mal à t'appliquer sur les plus petits détails si ç'avait été autre chose. Ça, par contre, tu vas éviter de le dire, tu gères et c'est l'essentiel. Tu fais ça depuis des années maintenant, il ferait beau voir que tu t'en sortes pas. Tout le monde a des jours avec et des jours sans, toi tu vas devoir te concentrer un peu plus pour pas foirer, mais t'as plutôt confiance en ton talent. Assez pour pas annuler en tout cas.
Avant que mademoiselle Coyle arrive, tu te déplaces quand même dans l'arrière boutique pour te mettre de la crème sur la plaie de ton épaule. Contrairement aux idées reçues, les tigres n'étaient pas les plus invincibles, surtout lorsqu'il s'agissait d'attaques rapprochées. Ou alors c'est bien ton côté humain qui te rend faible ? On ne le saura peut-être jamais. La porte s'ouvre, faisant vibrer la cloche à son sommet. Tu prends une grande inspiration, tu te fabriques un sourire que t'as pas l'habitude de porter, et tu retournes dans la pièce d'accueil. Là, une jeune femme t'attend. Elle a l'air jeune, mais tu peux jamais t'y fier, certaines personnes semblent faire moins que la réalité. Sans compter que t'as déjà vérifié son âge lors de votre premier rendez vous, histoire de pas avoir de problèmes. Tu lui souris. « Bonjour. C'est enfin le grand jour hein ? » Tu te rappelles de cette fille. T'as pas non plus des milliers de clients, pas assez en tout cas pour te faire oublier les autres. Tu sais pas pourquoi elle veut se faire ce tatouage, mais ça a l'air important pour elle, tu peux le dire. Tu les décryptes, tes clients. Tu cernes pas bien les humains, beaucoup plus les dessins. « Pas trop stressée ? » Cette question, elle semble anodine, mais tu sais combien elle est importante. Tu connais les paniques de dernière minute, et toi t'es pas psy, ça te gonfle vite d'arrêter ton boulot pour rassurer une nana en pleurs. |
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