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 Rencontre nocturne (Neeve & Scylla)

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Neeve ∞ Scylla

J’ignore quel jour on est, pour être honnête j’ai perdu toute notion de temps. Je me contente de rester prostrée dans mon lit ou dans mon salon, silencieuse, à observer le vide, perdue dans mes pensées. Que je ferme les yeux ou que je les laisse ouverts, je revois continuellement la même scène. Je revis continuellement mon enlèvement et mon exorcisme. Je sais que ce n’est pas sain, que je devrais aller voir quelqu’un, en parler, mais je n’y arrive pas, je ne peux m’y résoudre. Et puis il faut bien être honnête, je ne peux pas me pointer chez un psy pour lui dire “Hey salut ! Alors moi je me suis fais enlever un soir par des gros tarés qui m’ont assommé, enfermé dans une cage comme un animal, avec un autre type. Ensuite ils nous ont torturé et nous ont enlevé nos pouvoirs … wouhai parce que j’étais une tempestaire avant, je pouvais contrôler la mer … mais bien entendu, ça c’était avant !!” Non, soyons sérieux cinq minutes, ce n’est pas possible. Personne ne me croirait, ils m’enfermeraient dans un asile jusqu’à la fin de mes jours. Et puis je ne vois pas ce que ça changerait au final de raconter mon histoire, ça ne la changera pas. Je sais que ma famille est inquiète pour moi, mes parents sont prêts à venir passer quelques temps à Bray si je le leur demanderais et ils insistent beaucoup pour que je rentre à Cork, que ce n’est pas prudent de rester là bas. Je sais qu’ils se sentent coupables, c’est eux qui m’ont conseillé cette ville, pour m’ouvrir aux autres espèces surnaturelles et finalement ça m’a coûté très cher de me fondre dans la masse. Je sais qu’à leurs yeux, ça ne change strictement rien que je sois une simple humaine maintenant, mon pouvoir ne me définit pas selon eux, mais moi ça me révolte. Je veux retrouver mon pouvoir, j’ai toujours été une tempestaire, comment vais-je vivre sans mon pouvoir ?

Ce soir l’orage fait rage dehors, tout comme en moi. Je suis prostrée sur le canapé du salon, sous mon plaid préféré et j’observe le vent maltraité la mer. Il n’y a pas un bruit dans la maison. J’ai viré ma cousine de chez moi parce que je ne la supportais plus et que je n’avais pas envie de la voir. Je crois que je vais renvoyer Kelan chez ses parents, il vaut mieux pour tout le monde qu’on prenne vraiment soin de lui et je n’en suis pas vraiment capable en ce moment. Il faut que je me concentre sur moi, c’est certainement très égoïste de ma part, mais il arrive un moment dans la vie où il faut savoir faire un choix. Je ne vais plus au boulot, je sais que pour le moment il comprendra, mais il arrivera forcément un moment où il ne pourra plus laisser passer mon comportement. Je crois que je vais arrêter de travailler là bas, j’ai besoin de prendre du recule sur ma vie et de savoir ce que je veux faire aujourd’hui. Retourner au boulot comme si rien ne s’était passé n’est pas une bonne idée, ça ne sert à rien que je me voile la face. Pour le moment je m’en fous de la rentrée d’argent mais il arrivera un moment où je serais à sec et où il faudra que je sorte de ma léthargie pour reprendre ma vie en main. De toute façon je n’ai pas la force de sortir de chez moi. Le plus loin que je suis allée c’est devant chez moi, sur la plage, pour constater l’ampleur du désastre. Pas une vaguelette quand j’ai voulu user de mon don, rien du tout, je ne suis plus personne. J’étais effondrée et Kelan a dû me ramener à la maison, je ne pouvais plus marcher seule.

Un éclair illumine le ciel, je l’entends gronder au loin. Les plombs viennent de sauter, ça arrive souvent quand il y a un orage, c’est une vieille maison. Au lieu d’aller les remettre, je préfère sortir des bougies, de toute façon que je sois presque dans le noir ou en pleine lumière, je ne vois rien. Je repense à ce mec qui partageait ma peine … Ezeckiel. Je me demande ce qu’il devient, j’espère qu’il va bien. J’avoue ne pas avoir trop cherché quand Hunter a déboulé de nulle part pour me sortir de là. Il est arrivé trop tard mais il est venu quand même. Etrangement c’était bien la dernière personne que j’aurais imaginé venir me sauver. A croire que finalement ce n’est pas un aussi gros enfoiré qu’il prétend l’être. Un nouvel éclair, de nouveau du bruit, mais vient s’y ajouter un bruit de coup sur la porte. Je sursaute, je ne veux voir personne. Deuxième coup sur la porte, je me fige, retenant ma respiration, comme si ça allait changer quelque chose. Troisième coup, je décide de me lever, je vais demander de partir à la personne qui vient m’importuner, même si c’est Alex. Je sais qu’ils s’inquiètent tous pour moi mais ce n’est pas le moment, je ne veux voir personne. Je me dirige donc d’un pas décidé vers la porte, je respire un bon coup et je l’ouvre, m’attendant à voir un visage connu et pas une parfaite inconnue « Oui ?! » Je suis restée quelques instants muette de surprise, avant de lui parler. Je ne m’attendais tellement pas à ce que ce soit quelqu’un que je ne connaissais pas ...
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Parfois la vie prend une tournure que personne n’aurait pu voir venir. Depuis le courant de l’été, la ville est sujette à des changements. Et ironiquement, ils ne me touchent pas vraiment. Pourtant, cela concerne l’essence même de la ville : la magie. Le premier à avoir appuyé mon intuition fut Keenan, en avouant avoir perdu ses perceptions. Dans la foulée je suis allée interroger ma mère, oracle elle aussi. Elle ne voit ni ne ressent plus rien depuis des semaines. Elle dépérit au jour le jour, sans son don et à son âge, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. A cause de la présence d’Adsila, j’évitais de m’y rendre trop souvent. Après tout, ma mère aurait pu me toucher, sentir sa présence ou pire, voir ses comportements. Mais ma conscience d’ultime membre de sa famille m’a poussé à revenir la voir régulièrement. Si bien que j’y passe la nuit une fois par semaine.
Certains êtres surnaturels ont perdus leurs pouvoirs, les rumeurs vont bons trains dans le monde des mages qui fut le miens. J’ignore si les méta, tempestaires ou autres êtres pourvus d’écailles ou d’ailes, subissent le même sort. Je n’en connais pas assez pour mener mon enquête. Toujours est-il que les djinns ne sont pas touchés par tout cela, ni les wendigo. Au contraire, cela semble multiplier leurs pouvoirs. Même si la frontière entre mon coloc’ et moi est toujours solide, sa volonté gagne en puissance au fil des semaines. Le seul point pas trop négatif est que je sens à travers Adsila la présence des démons. Mes recherches et le savoir du Djinn ont confirmé mes craintes il y’a un peu plus d’un mois. Ma mère ignore tout de la situation de Bray, cela ne l’intéresse plus depuis longtemps. Elle passe ses journées dans le fauteuil de mon père, à attendre que le soleil se couche, pour rejoindre son lit.
Ce soir, je ne prévois pas de rester, mais maman me parle. Avoir une conversation avec elle est suffisamment rare pour que je choisisse de faire le diner et souper là. Dehors, l’orage approche alors qu’un rideau de pluie se dessine à l’horizon. A en croire la météo, la foudre ne devrait pas marteler le sol avant le milieu de la nuit. « Tu viens dîner maman ? » J’ai rapidement préparé des pâtes à la bolognaise, plat classique et rapide à faire. Ma mère ne se presse pas, ne me répond qu’à peine. La discussion ne dure pas, elle m’avoue juste qu’elle souhaitait que je reste. Je me sens un peu comme avant, la jeune femme naturelle que je fus à une époque. Manger à cette table, dans cette pièce, face à cette femme aux cheveux blanc qui est ma mère. Cela me rend nostalgique, et ce même s’il manque la majorité de la famille. Malgré le silence, la soirée s’écoule rapidement et je suis dehors, sous la pluie, en un claquement de doigt.

Plantée devant mon cabriolet, j’hésite. Plus jeune, j’adorai me balader le long de la falaise pendant les orages. Le risque de prendre la foudre ne m’a jamais inquiété, ça me grisait même. Je referme le parapluie et laisse l’eau dévaler mon visage. La lune est pleine, je connais le chemin. Si je me débrouille bien, je peux rejoindre ma maison par la plage, en moins d’une heure.

En contre-bas de la falaise, les vagues se déchainent. Au-dessus de ma tête, les nuages tourbillonnent mais aucun éclair ne perce le ciel. J’aime sentir l’eau glisser sur ma peau, ruisseler dans mes cheveux, imbiber mes vêtements. J’ai laissé mes chaussures à la voiture, ne craignant absolument pas de me blesser les pieds. Le sol de la falaise est recouvert d’herbe tendre, les animaux fuient la pluie, et une fois humide, le béton est aussi doux que du velours. Parfois un gravillon me tire une grimace mais jamais rien de bien méchant. J’ignore combien de temps je reste là, debout face à la mer déchaine. La lune joue à cache-cache avec les nuages, aucunes étoiles n’illuminent le ciel. Malgré l’orage, la nuit est calme, mais le vent se lève. Si fort qu’il me déstabilise, manquant de me faire basculer dans le vide. Je recule précipitamment, prise de vertige. Un maelstrom remplie la mer, les goutte d’eau tombent dans tous les sens, le vent emmêle mes cheveux. Il va être temps de rentrer, mais je me précipite. J’arrive à une plage mais ce n’est pas la mienne. Je ne reconnais pas le décor, surtout qu’il fait très sombre. J’ai du partir dans la mauvaise direction depuis la falaise. Un vent de panique s’imprime en moi, aussi violent que celui qui balaye mes cheveux sur mon visage. La nuit parait de plus en plus sombre. Le sable est froid, la mer pareille au ciel agité. Il n’y a rien autour de moi, la nuit semble plus sombre. Je décide d’utiliser la lampe torche fournie avec mon téléphone portable. Le froid m’envahis, je m’en veux d’être partie à pied, ce n’est plus de mon âge. J’ai peur aussi, peur de dormir dehors, prendre la foudre ou pire, perdre le contrôle et laisser Adsila diriger ma vie. A force de marcher dos à ce que je crois être la mer, j’arrive à une dune. Droite ou gauche ? je l’escalade tant bien que mal, tombant plusieurs fois pour arriver en pleurant à son sommet. Une lueur se dessine dans la pénombre, loin, très loin, mais je focalise dessus pour avancer. Il faut que je trouve quelqu’un, la civilisation, un moyen de rentrer chez moi, de savoir où je suis, quelle heure il est.

Je quitte le sable pour la terre mouillée puis le bitume. Le point lumineux est toujours loin, sans doute une maison chaleureuse. L’idée de me réchauffer me fait ravaler mes larmes. Mon pas devient de plus en plus chancelant mais je dois y arriver. Ma lampe-torche éclaire les contours d’un trottoir, puis d’une allée et de barrière. Une maison, là, sombre et visiblement endormie. Ce quartier est glauque, typique de Bray. Tant pis, j’y vais. Les habitants ne vont sans doute pas répondre à mon toc-toc, ou alors ils vont avoir peur.

Au lieu de ça, c’est une jeune femme blonde qui m’ouvre. Je ne veux pas l’effrayer mais parler sans bagayer est impossible. « Je … je … me suis… perdue. F..f…froid… ». Adsila ricane dans ma tête tellement mon idée folle m’a attiré d’ennuie. Quelle idée d’aller explorer les alentours sous la pluie, ce n’est plus de mon âge. Si seulement cette jeune femme pouvait me laisser le temps me réchauffer pour m’expliquer … mais il y a de grande chance que mon discours me fasse passer pour folle et qu’elle me claque la porte au nez.
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Neeve ∞ Scylla

Que faire ? Que dire ? Me voilà dans une situation bien particulière, digne des plus grands films. Une nuit d'orage, panne d'électricité, quelques coups à la porte, une silhouette se dessine sous un éclair et le meurtrier apparait. Bien entendu personne ne s'y attend, on le laisse rentrer, pensant faire un geste charitable, se disant qu'on aimerait qu'on nous laisse rentrer aussi si les rôles étaient inversés. On se méfie un peu mais on tente malgré tout d'être un bon hôte. On propose une boisson chaude, une couverture, une douche même, en attendant que la tempête se calme. Et quand personne ne s'y attend, c'est un véritable bain de sang. Voilà à quel genre de films cela me fait penser et dieu sait que je déteste profondément regarder des films d'horreur. Je suis une véritable flippette, un film un peu gore ou violent et me voilà éveillée une grande partie de la nuit, incapable de fermer l'oeil. Je suis obligée de garder la lampe allumée parce que je suis incapable de rester 5 minutes dans le noir. Je sursaute à chaque bruit, j'ouvre les yeux dès que j'ai la sensation de ne plus être seule dans ma chambre et je passe les trois quarts de la nuit à imaginer les pires horreurs. Et puis arrive 5h du matin et là POUF, miracle, je m'endors comme une merde, épuisée et apaisée. Plus de monstres, plus de tueurs en séries sanguinaire, rien que moi, seule dans ma chambre. Pourquoi 5h ? En été c'est l'heure où le soleil commence à pointer le bout de son nez, fini les angoisses nocturnes, le matin est arrivé. En hiver, il fait toujours nuit noire mais ça ne change rien, dans ma tête le pire est passé, les monstres ont disparu. C'est psychologique, ça ne va pas au delà de ça. Vous me verriez, vous trouveriez ça risible mais c'est un fait, voir 5h sur mon réveil a le don de m'apaiser et je m'endors presque sur le champ, lumière éteinte.

Sauf que je ne suis pas dans un film et je ne suis pas non plus seule chez moi en train de vivre un cauchemar éveillé ... même si en ce moment je considère ma vie comme un cauchemar éveillé. Il y a véritablement une personne à ma porte, visiblement trempée et frigorifiée qui me demande l'asile. Et moi je suis là, la fixant hébétée et ne sachant pas quoi faire ni quoi dire. De base je l'aurais certainement laissé rentrer, sans même songer un instant que ça pourrait être dangereux, parce que je ne laisse pas une jeune femme frigorifiée dehors sans lui porter secours. Je ne dis pas que je n'aurais pas été sur mes gardes mais quand même c'est le minimum. Ne serait-ce que pour qu'elle appelle un taxi pour rentrer et qu'elle se réchauffe un peu. Mais ce soir c'est différent, je ne me remets pas encore de mon enlèvement et de mon exorcisation, j'avoue ne pas avoir envie qu'une parfaite inconnue pénètre chez moi alors qu'il n'y a personne. Ca pourrait être un traquenard et j'avoue que je n'aime pas ça du tout. Alors je la fixe sans répondre, hésitante, me posant le pour et le contre dans ma tête et ignorant ce que je dois faire. Je ne peux pas la laisser dehors mais l'idée qu'elle rentre m'effraie tout autant ... « Rentrer, ne restez pas dehors ... » Finis-je par dire après avoir entendu mentalement la voix de ma mère m'engueuler de laisser cette pauvre femme dans le froid.

Je me décale pour qu'elle puisse rentrer et je l'emmène dans le salon « Ne bougez pas, je vais vous chercher une serviette » Et sur ces paroles je m'en vais en direction de la salle de bain. Mais au lieu de me contenter de prendre une serviette propre et de retourner dans le salon, je ferme la porte de la salle de bain à clé. J'ai besoin d'un instant, je sens l'angoisse monter, je tremble comme une feuille et j'ai envie de vomir. Il faut que je me calme sinon elle va me prendre pour une tarée sauf que l'idée qu'elle soit chez moi alors que je ne la connais pas me donne des vertiges. Les deux mains posées sur l'évier, je tente de me calmer en respirant longuement. Des larmes coulent sur mes joues et ça m'énerve parce que je me trouve tellement ridicule. Combien de temps cela va-t-il encore durer bon sang ? Je finis par me calmer, je relève la tête et je fixe mon reflet dans le miroir. Ridicule ma pauvre fille, voilà ce que je pense. J'essuie mes larmes, je respire un bon coup, j'ouvre la porte de la salle de bain. Avant de partir, j'attrape une longue serviette que j'apporte à mon invitée « Voilà, ça devrait vous réchauffer un peu. Qu'est-ce que vous faisiez dehors par cette tempête ? ... j'allais me faire du thé, vous en voulez ? ou du café ? » Lui demandais-je en me dirigeant vers la cuisine. J'ai la bougeotte, j'ai du mal à rester dans la même pièce qu'elle. Je fais chauffer l'eau et discrètement, j'attrape un couteau que je mets sur le plateau avec le gâteau qu'Alex m'a fais pour me réconforter. Je garderais le couteau vers moi, par sécurité.
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Je déteste me perdre, paraitre faible, dénuée de courage. Pourtant je suis là, perdue et trempée, à demander asile à une inconnue. J’essaye de ne pas porter attention au soulagement que je ressens lorsque la porte s’ouvre. Les larmes et la pluie brouillent ma vision, j’ai les pieds nus en feu et le corps emplis par la douleur du froid. J’articule quelques mots avec une grande difficulté, refoulant au passage Adsila toquant aux portes de notre conscience. Bras ramenés aux épaules, je tiens mon gilet sur poitrine luisante, tremblante sur mes jambes. En Irlande il ne fait pas bon de prendre la pluie, surtout une fois la nuit tombée. Je le sais, Adsila le sait, les habitants le savent, enfants ou séniles. En Irlande l’hiver est rude, le froid glacial, la tempête meurtrière. Epuisée, j’implore mon hôte de me laisser entrer. Le noir règne dans sa maison, son visage n’exprime aucune émotion à par la crainte. J’essaye de sourire pour la rassurer, mais seul un rictus hésitant marque mon visage. J’ai arrêté de pleurer, cela pompe trop mes forces. Je me redresse avec la fin du courage qui m’anime, persuadée que je suis rejeté. Dans pénombre de la rue aux lampadaires lugubres, je discerne quand même d’autres maisons. Certaines sont allumées. Malgré tout, la jeune femme me laisse entrer avec une voix douce. Surprise, je la détaille en poussant un soupir de soulagement.

Mes pas sont hésitants, elle me prend le bras pour me guider jusqu’à son salon. Une immense vague de chaleur m’envahit, réconfortant mon corps frigorifié. « Je vais vous chercher une serviette … » Mon hôte me laisse là je ne sais pas combien de temps. Les secondes peuvent défiler, je ne m’en rends nullement compte. Les yeux clos, je savoure chaque instant de ce réconfort. Mes tremblements diminuent, même mes pieds sont moins douloureux. Les gouttes glissant de mes cheveux s’esclaffent au sol et ne tardent pas à créer une petite marre. Je me retourne pour excuser ma présence mais personne n’est revenu. La maison est silencieuse et, un peu bête quant à ma situation, je m’en vais en quête de quelque chose pour éponger. Depuis le salon je devine une cuisine. J’en reviens d’un pas toujours mal assurée avec quelques morceaux de sopalin. La flaquette disparait lorsque mon hôte revient. Je lui souris très gênée. « Voilà, ça devrait vous réchauffer un peu. » J’attrape la serviette d’un geste un peu trop brusque et m’enroule dedans, très reconnaissante. « Qu'est-ce que vous faisiez dehors par cette tempête ? ... j'allais me faire du thé, vous en voulez ? ou du café ? »

Mon corps continue de me réchauffer. Avec le bout de la longue serviette, j’essore mes cheveux pour éviter de tâcher à nouveau le sol de la maison. J’hoche la tête toujours plantée au milieu du salon, bras serrés sur de la poitrine. « Je veux bien du thé … » Je sens que je dérange, et c’est normal. Et si j’avais à faire à un Djinn qui peut sentir ma nature ? Depuis une certaine rencontre, je sais que le doute peut très facilement s’installer pour ces êtres oniriques. Adsila ricane mais je ne suis pas encore aussi au fond du seau pour le laisser diriger. La jeune femme s’éclipse dans la cuisine après avoir entendu ma réponse. Ma nature sociable me suggère de la suivre, mais je choisis d’écouter mon instinct animal. L’ambiance est pesante, je ne suis pas la bienvenue. Autant essayer de faire bonne impression un maximum, après tout, je suis une bonne personne… Je m’assieds par terre pour ne pas détremper canapé ou fauteuil et commence un exercice de respiration hindoue. Expirer ...1, 2 ... inspirer …1 , 2, 3, 4, 5 … expirer … bloquer.  Faire bonne impression. « Merci beaucoup … » commençais-je en parlant fort. « Je m’appelle Neeve, peut-être m’avez-vous déjà vu au musée, je suis conservatrice … » Ça ne sert à rien de parler de ça ! Je ramène mes genoux contre mon torse et pose mon menton sur les genoux. « Je me suis perdue. Ma mère est malade, j’avais le moral dans les chaussettes, j’ai voulu rentrer à pied et … me voilà. »

Je déglutis en levant les yeux lorsque la jeune femme revient dans le salon avec les boissons et un gâteau. Dieu que j’ai faim ! « Et … où sommes-nous d’ailleurs ? » Comment paraître bête en 10 leçons par Neeve Loclainn.

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Neeve ∞ Scylla

La peur a envahie chaque parcelle de mon corps mais il faut malgré tout que je reste forte. Je ne dois pas lui montrer que ça ne va pas, que je suis terrifiée. Déjà parce qu'elle ne comprendrait pas ce qu'il m'arrive et que si elle est responsable de mon enlèvement, cela lui ferait trop plaisir. Alors je tente de garder tout cela pour moi, en tâchant de faire bonne figure, sauf que ce n'est pas facile. Je ne suis pas aussi forte que j'aimerais l'être. Un drame dans ma vie et me voilà sans dessus dessous. Alors je sais, ce n'est pas n'importe quel drame, j'ai quand même perdu mes pouvoirs lors d'un exorcisme forcé. On m'a kidnappé, retenu prisonnière avant de me torturer en ôtant mes pouvoirs, ça laisse forcément des traces, je vous l'accorde mais quand même, je devrais pouvoir serrer les dents et encaisser. Sauf que je n'y arrive pas, cela fait des semaines déjà et j'ai l'impression que c'était hier. Mes proches se sentent dépassés par les événements, je le suis moi aussi et je ne sais plus trop quoi faire. Alors je reste silencieuse, souvent seule et je tente de survivre à tout ça. J'aimerais me venger, trouver quelque chose, mais j'ignore quoi. Quand on ne connait pas son ennemi, comment pouvoir se venger ? J'aimerais aussi protéger les autres de ce qu'il m'est arrivé, pour que plus jamais ça ne se produise, sauf que pareil, comment m'y prendre ? Alors je reste là, terrée chez moi comme un animal blessé apeuré et je ne fais rien. J'ai perdu mon emploi, je n'ai plus de quoi subvenir au besoin de tous, alors j'ai fais le ménage autour de moi. Ma cousine a foutu le camp et mon cousin ira rejoindre sa famille prochainement. Mes parents m'aideront financièrement, bien entendu et j'ai quelques économies, mais cela ne pourra pas durer éternellement, il faudra bien que je trouve une solution, que je me reprenne en main.

J'ai laissé ma jeune inconnu dans le salon pendant que je vais chercher une serviette. J'ai été plus longue que prévu parce qu'il fallait que je calme mes nerfs et que je me raisonne. Il ne va rien m'arriver, tout va bien se passer. Alexis est à côté, je ne crains rien. Oh bien entendu ça ne veut rien dire. Il restait encore des gens dans le restaurant quand je me suis fait kidnapper et ils n'ont rien pu faire pour moi. Mais je tente de me raisonner comme je le pouvais. Je finis par revenir au salon pour lui apporter la serviette et je me dirige dans la cuisine. Je n'ai même pas fais attention qu'elle avait nettoyé une flaque au sol et pour être honnête je m'en fous. Elle souhaite boire un thé, je lui prépare donc de l'eau chaude et une tasse, en plus de la mienne. Je sors les thés que j'ai, histoire de lui offrir le choix et je l'écoute me parler du salon. « Non désolée, cela fait une éternité que je ne suis pas allée au musée ... » Ce qui était totalement vrai. Cela fait un moment que je me dis qu'il faudrait que j'aille y faire un tour mais je n'y pense pas quand j'ai le temps et quand ça me revient en mémoire, c'est trop tard. J'apporte le plateau, avec différentes variétés de thé, deux tasses, de l'eau chaude, un couteau et un gâteau. « Voilà, cela va vous faire du bien. » Dis-je en revenant dans le salon. Je la vois au sol et m'en étonne.  « Qu'est-ce que vous faites par terre ? ... Les fauteuils ou le canapé sont beaucoup plus confortable. Et de vous inquiétez pas, ce n'est que de l'eau ! » Dis-je en lui souriant, consciente qu'elle voulait très certainement bien faire. Je m'installe sur un des fauteuils et commence à servir l'eau chaude. Je suis désolée pour sa mère mais pour être honnête, je ne vois rien à dire à ça, je ne la connais pas et je n'ai pas très envie d'entendre parler des problèmes des autres pour être totalement franche. « Je m'appelle Scylla ... et vous êtes à Eagle Street ... vous habitez loin d'ici ? »
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Plus grand monde ne va réellement au musée de nos jours, sa réponse ne me surprend pas. Mon humeur morose ne change pas, je resserre mon étreinte autour de mes genoux imaginant que c’est un ourson en peluche. Ce n’est pas le moment de songer à ma vie ni à ce qu’elle aurait pu être si j’avais fait des choix différents, mais l’ambiance de cette maison m’y incite. Seule à écouter l’eau chauffer, je revois le visage de mon défunt mari, celui de mon père, sans oublier mon frère et ma sœur. Aujourd’hui je me suis perdue en marchant sur la plage, si j’étais partie à gauche je serai arrivée chez moi. Il y a 4 ans, si j’avais demandé le divorce je ne serai pas veuve ni seule au monde. Et encore moins habitée par un Djinn démoniaque sadique et manipulateur. Cela ne sert à rien de m’apitoyer sur mon sort, ça ne mène jamais nulle part. Je me ressaisis et accueille mon hôte avec un demi sourire à la vue d’une tellière d’eau fumante. Devant le choix de parfums, je choisi un thé noir aromatisé au jasmin. Une saveur particulière, à la fois puissante et délicate, délicieux. « Merci beaucoup … » dis-je en ouvrant le sachet à l’odeur marquée. Mon hôte s’étonne alors de mon choix et me fait remarquer qu’il y a de quoi m’asseoir malgré l’humidité de mes vêtements. Je sens mes joues s’empourprer et cela s’aggrave tandis que je me dis qu’à mon âge, rougir ça ne se fait plus. Je baisse le regard pour reprendre un peu de contenance. Un triste constat s’impose alors : je n’ai plus du tout l’habitude de rencontrer des gens. Je ne sais plus y faire, la société m’effraye si elle devient proximité. Aller au marché, participer à une œuvre de charité, échanger quelques mots dans un cocktail, ça ne me fait pas peur. Mais je n’ai pas eu de réel tête à tête avec un inconnu depuis des mois.

« Je ne voulais pas abuser de votre hospitalité et tâcher votre mobilier. » avoué-je en me relevant. Un fauteuil moelleux aux accoudoirs en bois me tend les bras et s’avère aussi confortable que je l’avais imaginé lorsque je m’y affale. Je ne préfère pas aller à l’encontre des désirs de mon hôte ni de ses propositions. J’ai quand même fais attention de poser la moitié encore sèche de la serviette sous mes fesses avant de m’asseoir. Elle sert l’eau avec une grande douceur. Je prends un peu plus le temps de l’observer, un peu plus posée après mon périple idiot. Je suis tombée sur une jeune femme aux traits délicats. Elle vit dans un bel intérieur, très chaleureux. Me tendant la tasse, elle répond à ma question de localisation.  Eagle Street, je me suis bien foirée dans mon trajet … Je touille nerveusement mon thé, me demandant comment j’ai fait pour ne pas voir les lumières de la ville ni la plage aménagée. J’ai dû marcher presque deux heures, et sans doute tourner en rond par moment, pour me retrouver en plein Bray aussi perdue. Scylla. Je lui souris, un peu plus à l’aise après de réelles présentations. «J’ai vraiment fait n’importe quoi. » constatai-je en ponctuant ma phrase d’un rire nerveux. « J’habite dans le hameau de Kilruddery au sud de Bray, sur Cliff road. C’est à presque 5 km d’ici. » En soit ce n’est pas très loin, 6 à 8 minutes en voiture. Seulement, ma caisse, elle est chez ma mère.

Je goute au thé largement assez infusé et profite de la chaleur qui se diffuse dans mon corps. J’ai arrêté de frissonner depuis quelques minutes et ma peau a terminé de sécher. Seuls mes vêtements me rappellent mon déambulage sous la tempête. Dehors, un coup de tonnerre résonne. D’un regard, je demande si je peux me couper un bout de gâteau. Mon estomac gargouille, et après une autorisation silencieuse, je goute au cake. Un soupir de plaisir complète ma dégustation. « Très bon … » dis-je entre deux crocs. Tellement heureuse de revivre un peu j’en oublie ma présence parasitaire chez Scylla. En silence, j’avale mon gâteau et descend mon thé comme un enfant africain mangerai un grand bol de riz. Penaude, je repose le tout sur la table et adresse un regard plein de gratitude à mon hôte. « Je … merci pour cet accueil tout le monde n’aurait pas fait cela … je ne vais pas vous déranger plus longtemps. » Je regarde l’heure et constate avec déception qu’il est minuit passé de plus d’une heure. « Puis-je téléphoner à un ami pour essayer de trouver quelqu’un pour me ramener à ma voiture ? » A cette heure-ci, cela m’étonnerai que quiconque me réponde, mes amis sont rare et encore plus ceux qui ont une voiture.

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