THE END IS WHERE WE BEGIN | AYLIN & LEYLA

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Aylin E. O'Reilly
Aylin E. O'Reilly
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THE END IS WHERE WE BEGIN

Ayla | Aylin & Leyla

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Assise sur son lit, son ordinateur sur les jambes, Aylin pianotait tranquillement, travaillant sur cette idée farfelue qu'elle avait eu pour dynamiser le Fantasea, avant son hospitalisation. Sa tranquilité apparente n'était pourtant, justement, qu'apparente. En regardant d'un peu plus près, on pouvait distinctement voir ce geste rageur à chaque fois que l'un de ses doigts ne fonctionnait pas aussi vite qu'elle le voulait, cette façon dont la jeune femme se rongeait les ongles, elle qui portait un soin tout particulier à sa manucure en temps normal et ce paquet d'M&M's posé sur la table de chevet. S'il y avait une chose dont Aylin prenait soin au quotidien c'était de son apparence, son corps, ses ongles, sa coiffure...Rien ne semblait avoir de sens de la même façon désormais. Quand elle se regardait dans le miroir, la jeune femme se voyait toujours telle qu'elle était, aussi jolie qu'elle l'avait toujours pensé mais cela avait-il vraiment son importance ? Du moins cela avait-il la même importance que celle qu'elle lui accordait auparavant ? Elle était toujours en congés maladie, avait donc tout le temps de repasser les derniers épisodes de sa vie en boucle. Sa nervosité ne faisait qu'augmenter, aussi avait-elle décidé de se remettre à travailler, de se changer les idées et de reprendre ce qu'elle avait commencé avant son accident, ce grand projet de redécoration du Fantasea.

Maintenant que la jeune femme en était à sa tête, elle avait tout le loisir de réfléchir à ce qu'elle voulait en faire mais alors que d'ici là elle n'avait eu aucun mal à se plonger dans son travail, désormais cela lui semblait plus compliqué. Elle n'arrêtait pas de réfléchir. C'était stupide et elle ne comprenait pas pourquoi cela lui pesait autant. Après tout, Aylin avait toujours été très entourée, qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire de n'avoir vu personne à l'hopital ? Au pire elle n'avait qu'à appeler Nollaig et aller dans un bar ce soir. Il y avait pourtant quelque chose qui la pesait, Nollaig était-iel un.e ami.e ou simplement une connaissance de soirée ? Oh c'était véritablement pathétique, elle n'avait pas besoin d'amis de toute façon. Cela dit, sa famille non plus n'était pas venu la voir mais compte tenu de sa relation avec celle qui aimait se présenter comme sa mère, ce n'était pas spécialement étonnant. Aylin n'avait jamais réellement eu d'amis, cela ne lui avait jamais vraiment manqué, elle n'était du genre à s'attacher. Pourtant cela lui avait fait mal de se retrouver seule, après avoir frôlé la mort, et de n'avoir personne sur qui se reposer. Elle n'aurait jamais penser que cela puisse lui peser à ce point. Oh et puis zut, la jeune femme claqua son ordinateur et se leva du lit, attrapant un gilet et sa poubelle. Elle ne supportait plus de rester enfermé, la poubelle n'était pas pleine mais cela lui ferait une excuse pour sortir.

Une fois le sac déposé dans la benne, Aylin revint sur ses pas, retournant dans le hall de son immeuble quand une silhouette attira son regard. Une jeune femme qui cherchait ses clés avec des mouvements assez brusques pour attirer son attention. La brune ne mit pas longtemps à la reconnaitre, il s'agissait de sa voisine. Elle ne la connaissait pas vraiment, l'ayant plutôt croisé qu'aborder mais c'était un autre être humain et Aylin n'était pas dans sa meilleure période alors elle leva un sourcil et s'adressa à elle.

« Hey...Est-ce que tout va bien ? »


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Leyla J. Anderson
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Dévastée, physiquement, mentalement. Détruite, tel un animal blessé dont la fierté était morte au combat qu’il avait perdu. C’était l’état dans lequel la petite brune errait dans la rue, tentant de rentrer en traînant derrière elle le peu de dignité qu’il lui restait encore. Il n’était pas suffisamment tôt pour ne croiser personne dans les rues et si c’était la première fois que Leyla effectuait la fameuse « marche de la honte », le regard des passants étaient bien le dernier de ses problèmes. Il faut dire qu’elle ne passait pas inaperçue avec sa jolie robe bleue froissée, ses cheveux emmêlés, son air aussi triste que fatigué, ainsi que son arcade ensanglantée et ses pieds nus la transportant difficilement. N’importe qui en la voyant penserait tout de suite à une agression et franchement, elle aurait préférée. Elle aurait pu coller une raclé à un mec random qui aurait osé tenter de s’en prendre à elle. Mais la personne qui l’avait mise dans cet état, elle serait incapable de la frapper et c’est ce qui l’insupportait le plus. Être incapable de détester Aiden.

« Hey...Est-ce que tout va bien ? »

Alors que Leyla peinait à trouver ses clefs dans son sac à main à cause du sang qui se mêlait doucement à ses larmes au creux de ses yeux, une voix féminine l’avait abordée. Elle leva le visage vers la personne face à elle et reconnu aussitôt sa voisine. Elles ne se connaissaient pas à proprement parlé, tout ce qu’elle savait d’elle c’est qu’elle était du genre fêtarde à en croire la musique qui émanait régulièrement de son appartement, accompagné des bruits et autres cris que les soirées répandaient habituellement dans tout le voisinage. C’était une fille ravissante, incroyablement belle pour ainsi dire et elle le savait pertinemment. Le même genre de fille de cette fichue rousse qu’elle avait aperçu sur l’écran d’un téléphone un peu plus tôt. Le genre de femmes qu’Aiden appréciait, de toute évidence.

« Oui bien sûr, ça va très bien. C’est une passion pour moi de ressembler à un zombi tout droit sorti de terre de si bon matin... Bien sûr que non ça va pas du tout ! »

La métamorphe lui avait craché cette phrase sur un ton acide, continuant maladroitement de chercher ses clefs tandis que la jeune femme devant elle haussait un sourcil, visiblement surprise d’une réaction si dure face à sa bienveillance. C’était totalement gratuit et elle ne méritait absolument pas ça, Leyla en était bien consciente. Mais c’était plus fort qu’elle, la nausée induite par l’alcool l’empêchant de réfléchir calmement, en plus de tout le reste. Et pourtant, si sa voisine était d’ordinaire le genre de fille à revêtir une robe de bal simplement pour aller jeter ses poubelles, aujourd’hui elle était bien différente de toutes les autres fois où elles s’étaient croisées. Elle n’arborait pas son petit air hautain si agaçant, mais surtout elle semblait si… Normale. Elle était aussi jolie qu’à son habitude et pourtant elle était habillée comme une jeune fille ordinaire, une de celle qui ne mettait pas l’apparence au-dessus de tout. De cette façon, elle paraissait bien plus accessible, comme si le fossé qui les séparait habituellement avait décidé de se refermer légèrement. Ce constat perturba Leyla qui fut instantanément accablée par un peu plus de culpabilité de lui avoir parlé de manière si agressive. Elle en fit tomber ses clefs qu’elle avait finies par retrouver et se pencha lentement pour les ramasser tandis que sa voisine reprenait doucement son chemin.

« Excuse-moi, je… J’ai eu une nuit difficile. Je pensais que… Je sais pas. Que j’étais importante pour quelqu’un. Alors que je n’étais rien. J’ai toujours été rien visiblement... »

Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes d’être aussi bavarde, encore moins avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas et avec qui elle pensait n’avoir aucun point commun. Mais il faut dire que la boxeuse n’était pas dans son état normal ce matin. Malgré toutes ces années passées loin de lui, malgré cet abandon mutuel, Aiden était et restait son pilier d’une certaine façon. Elle s’était entraînée jour après jour en pensant à la fierté qu’elle éprouverait lorsqu’elle pourrait enfin lui montrer la femme forte qu’elle était devenue. Elle s’était accrochée à l’idée qu’elle pourrait surmonter tout son passé et qu’ensemble ils retrouveraient cette relation si insouciante qu’ils avaient partagé en étant enfants. Et il n’avait fallu qu’un message, qu’une photo, qu’une fille pour briser le pilier de sa vie. Elle avait bien vu lors de leurs retrouvailles que le beau blond avait changé. Elle s’était attendue à ce que changement ne soit pas seulement physique. Mais elle n’avait pas pensé qu’un réel fossé s’était creusé entre eux pendant tout ce temps.

Si Leyla s’était souvent sentie seule, elle ne l’avouerait probablement pas. Mais comment ne pas se sentir seule quand on doit mentir à son entourage en prétendant que tout va bien à la maison alors que son père était violent ? Comment ne pas se sentir seule quand on change de ville, de nom, d’identité et qu’on renie tout son passé ? Comment ne pas se sentir seule quand on sort de l’hôpital en ayant échappé de peu à la mort et n’ayant personne à qui parler de toute cette souffrance qui finit par nous épuiser ? La solitude était son quotidien. Et peut-être qu’aujourd’hui, elle était fatiguée de son quotidien. Elle était fatiguée, physiquement, mentalement. Et ça, sa voisine ne pouvait pas le savoir. Non seulement parce qu’elle ne connaissait rien de sa vie, mais probablement parce qu’elle n’avait jamais connu la solitude.

« Enfin bon, toi tout le monde t’adore. Tu dois pas connaître ça... »

Si sa phrase pouvait sonner comme un reproche, la tristesse dans sa voix traduisait un sentiment tout autre : l’envie. La métamorphe n’était pas du genre à envier la vie des autres, sachant pertinemment que chacun portait sa croix, ayant ses propres problèmes, qu’ils soient visibles ou non. Mais ses relations avec les autres humains n’avaient jamais été particulièrement réussies et dans ce moment de vulnérabilité, elle ne pouvait s’empêcher de penser que si elle avait eu une vie sociale plus fournie, peut-être comme sa voisine, alors elle aurait compris dès le départ qu’Aiden ne la voyait pas comme elle le voyait lui, lui évitant ainsi humiliation, marche de la honte pieds nus et ouverture de l’arcade.

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Aylin E. O'Reilly
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Quelques semaines plus tôt, Aylin n'aurait jamais perdu de temps à s'occuper ainsi des émotion d'autrui. Non pas que la jeune femme soit profondément égoiste mais elle n'avait jamais cherché à avoir de relation "profonde" avec qui que ce soit. Un bonjour, un rire quelconque, un verre échangé même, c'était largement suffisant. La jeune femme avait, après tout, beaucoup "d'amis" (qui n'avaient finalement d'amis que la dénomination) et était bien incapable de donner ne serait-ce que la date de naissance de l'un d'entre eux. Si Aylin leur demandait comment ils allaient, ce n'était que pour les saluer, être polie, elle ne s'y intéressait pas vraiment. Et puis, pour aller plus loin, elle croisait parfois des personnes qui allaient visiblement mal. Que ce soit une personne en larmes dans le bus, un homme en pleine dispute par téléphone dans sa boutique ou même une personne tombant de vélo pas loin, Aylin ne s'en préoccupait pas. Ils avaient leur vie, leur entourage, quelqu'un d'autre s'en occuperait sûrement. Ce matin était différent, elle aurait parfaitement pu passer près de la jeune femme et rentrer chez elle, simplement. Peut-être aurait-elle dû.

« Oui bien sûr, ça va très bien. C’est une passion pour moi de ressembler à un zombi tout droit sorti de terre de si bon matin... Bien sûr que non ça va pas du tout ! »

Définitivement, Aylin aurait dû s'abstenir. Sa jeune voisine avait l'air de vouloir être seule, peut-être pouvait-elle le comprendre mais ce n'était pas une raison pour lui parler sur ce ton. Si en temps normal la sirène lui aurait répondu d'un ton encore plus claquant, ce n'était pas le bon jour. Elle était fatiguée, faible de sa convalescence qui semblait plus dure à supporter que son hospitalisation, moralement dérangée par ses constatations d'un peu plus tôt. En bref, Aylin n'avait pas le coeur à se disputer. Aussi resta-t-elle plutôt bête une seconde, à observer sa voisine qui semblait se rendre compte de sa tenue, bien différente de ce qu'elle aimait porter en temps normal. La jeune femme était terriblement normale en ce matin si particulier, ce n'était pas vraiment son habitude, pas pour sortir en tous les cas. Elle aimait se maquiller, se coiffer, prendre soin de son apparence, ce n'était qu'une preuve de plus, s'il en fallait une, que les derniers évènements l'avaient perturbé.

« Excuse-moi, je… J’ai eu une nuit difficile. Je pensais que… Je sais pas. Que j’étais importante pour quelqu’un. Alors que je n’étais rien. J’ai toujours été rien visiblement... »

Les paroles de la jeune femme résonnaient dans tout son être, elle qui avait ressenti le même genre de désillusion quelques jours plus tôt. Ce n'avait pas été une nuit mais bien des jours à attendre d'être importante pour quelqu'un, comme elle pensait l'être et rien. Elle ne pouvait pas les blâmer, elle n'avait jamais été voir qui que ce soit d'autre que son père et ses grands-parents dans un hopital. Sa mère avait des problèmes visiblement plus graves, ses amis n'étaient que de façade. Définitivement, Aylin comprenait ce qu'elle voulait dire et c'est pour cela qu'elle eut un petit rire jaune en l'entendant dire que tout le monde l'adorait et qu'elle ne devait pas connaitre ce sentiment. Rien ne pouvait être plus éloigné de la réalité, en ce moment tout du moins. Encore une fois si on le lui avait dit quelques semaines plus tôt, Aylin n'aurait certainement pas eu le même cheminement de pensée mais il en était ainsi et elle allait devoir apprendre à faire avec.

« Tu ne pourrais pas avoir plus tort. Je viens de sortir de l'hopital, j'y suis resté des semaines, je n'ai pas eu la moindre visite. Pas une. Je pense pouvoir te comprendre sur le thème de "je pensais être importante pour quelqu'un" »

Aylin se trouvait bizarrement vocale ce matin. Elle n'avait pas encore vraiment eu l'occasion de mettre des mots sur ce qui la tracassait, elle qui n'avait parlé qu'à ses grands-parents depuis le début de sa convalescence. Cette phrase avait été étrangement éprouvante et la sirène se mordit la lèvre, embêtée de se dévoiler ainsi.

« Il est encore tôt, et si tu venais prendre un café chez moi ?  »

Car si cette gêne était terrible, il y avait autre chose qui semblait se refléter dans les yeux de sa voisine : la solitude. Une machoire terrible qui encerclait le coeur de chacune d'entre elles, du moins Aylin le ressentait-elle de cette façon. Peut-être ne saurait-elle pas apaiser ce qui pouvait la faire souffrir mais son égoisme la poussait à ne pas vouloir se retrouver seule, pas encore. Elle était assez seule comme ça, elle espérait pouvoir consoler un peu sa solitude, au moins le temps d'un petit-déjeuner.

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Leyla J. Anderson
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Leyla n’était pas vraiment du genre populaire, du moins elle ne s’était jamais sentie comme tel. Bien sûr, tout le monde ou presque l’appréciait, elle n’avait généralement pas de difficulté pour se faire des amis et s’il lui arrivait de préférer rester enfermée chez elle, elle était aussi capable de sortir et s’amuser. Mais elle ne faisait pas partie des filles populaires, tant au collège qu’au lycée ou même après. Elle était plutôt discrète, sa nature de métamorphe et les excès de colère de son père lui avait appris plus à se cacher qu’à attirer l’attention. Alors elle n’était pas du genre à sa voisine, à être belle et sur son 31 en toutes circonstances, à être entourée à chaque seconde de sa vie, à connaître tout le monde et toutes leurs vies. Leyla n’avait jamais voulu être comme ça. Elle ne doutait pas que ces filles populaires étaient plus gentilles et moins idiotes qu’elles ne le laissaient paraître, mais elle n’avait jamais voulu leur ressembler. Elle aimait trop sa force et son indépendance pour ça.

Du moins c’est ce qu’elle pensait. Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à qu’elle voit une photo de ce genre de filles populaires sur l’écran du téléphone d’Aiden. Le genre de filles qui peut coucher avec n’importe quel homme, le genre qui ne se fait pas ridiculiser à tomber amoureuse d’un garçon qui se fiche éperdument d’elle. Si elle était comme Aylin, belle et confiante, elle n’aurait probablement pas bu plus que de raison, elle n’aurait pas couru à travers la ville pour embrasser son ancien meilleur ami et elle ne se trouverait pas dans cet état maintenant. Et pourtant sa voisine n’avait pas l’air d’une fille populaire aujourd’hui. Elle ressemblait presque à la Leyla de tous les jours, celle qui préfère rester chez elle. Alors ces filles-là pouvaient elles aussi être comme tout le monde ?

« Tu ne pourrais pas avoir plus tort. Je viens de sortir de l’hôpital, j'y suis resté des semaines, je n'ai pas eu la moindre visite. Pas une. Je pense pouvoir te comprendre sur le thème de "je pensais être importante pour quelqu'un" »

Leyla garda la bouche entrouverte sous le coup de la surprise. Dans un premier temps, elle ne savait même pas que sa voisine était à l’hôpital ou même absente pendant plusieurs semaines. Certes elles n’étaient pas amies, loin d’être proche ou de se connaître, mais la métamorphe ne pouvait pas s’empêcher de culpabiliser. À quel point les gens étaient renfermés sur eux même à notre époque pour ne pas remarquer qu’un voisin ne rentre pas pendant plusieurs jours ? Mais ce qu’il la surprenait le plus, c’est que personne ne soit allé rendre visite à Aylin. La boxeuse était déjà allée la voir plus d’une fois pour lui demander de baisser le son de la musique et elle avait pu remarquer qu’ils étaient nombreux à venir à ses soirées. Pourquoi aucun d’entre eux ne serait allé prendre de ses nouvelles durant son long séjour à l’hôpital ? Cela semblait invraisemblable. Il aurait dû y avoir foule dans la chambre d’hôpital, à tel point que les infirmières seraient venues leur demander de faire moins de bruit ou de laisser la patiente se reposer.

Face à ces révélations inattendues, Leyla ne savait pas comment réagir. Elle osait à peine imaginer ce que devait ressentir la jeune femme face à elle : tristesse, colère, solitude, incompréhension, culpabilité et plus encore. La petite brune était bien placée pour savoir d’un long séjour à l’hôpital était déjà une épreuve difficile en soi, mais la traverser seule laissait des traces sur le long terme. Il faut dire qu’elle y avait passé un certain temps après son accident de voiture, et son rétablissement physique avait été bien plus facile que le plan mental qui était toujours fragile. Toutes ces heures enfermée dans une chambre blanche aseptisée de toute émotion la rendant vide et sans âme, à attendre pour seule distraction de la journée la venue des médecins, le tout avec la peur de voir son état de santé se dégrader, sans parler de la douleur. Le pire étant probablement la nuit, lorsqu’il n’y a plus un bruit, que même le sommeil a fuit et qu’on se retrouve uniquement avec ses pensées qui semblent vouloir faire plus de dégâts que n’importe quelle blessure physique. Elle ne portait peut-être pas Aylin dans son coeur, mais elle ne souhaitait à personne de vivre de tels moments. Et elle savait bien que la solitude était une amie fidèle qui ne disparaissait jamais complètement.

« Il est encore tôt, et si tu venais prendre un café chez moi ?  »

Instinctivement, Leyla voulu refuser. Elle était pied nues encore, avec un mal de tête affreux, son visage couvert de sang séché et ses yeux brûlaient encore des larmes qui tentaient de couler. Mais si elle déclinait l’invitation d’autant plus gentille quand on pensait à la façon dont elle lui avait répondu, cela signifiait que la métamorphe se retrouverait seule chez elle. Seule, avec ses pensées, exactement comme à l’hôpital. Elle visualiserait probablement le visage de cette insupportable et ravissante rousse à chaque fois qu’elle fermerait les yeux, et elle imaginerait sans doute voir celui d’Aiden dès qu’elle les ouvrirait. Et même en mettant de côté ses propres sentiments, elle ne se sentait pas de laisser Aylin seule, alors qu’elle souffrait elle-même de solitude manifestement. Et si elles pouvaient s’apporter un peu de compagnie mutuellement, offrir une porte de sortie l’une à l’autre, alors elle ne pouvait qu’accepter son offre, ce qu’elle fit d’un hochement de tête timide.

Une fois à l’intérieur, les deux jeunes femmes s’installèrent face à un café chaud. Leyla n’osait pas dire un seul mot, même pas pour demander à se nettoyer le visage ou complimenter la déco de son hôte. Elle était mal à l’aise de constater à quel point elle avait eu tort au sujet de sa voisine. Elle la pensait froide, égoïste et entourée d’un tas d’amis. Et en moins de cinq phrases, elle lui avait prouvé tout le contraire. Décidément, se tromper sur la nature des gens était relativement courant en ce moment pour elle. De toute évidence, Aylin aussi devait être un peu mal à l’aise, ou distraite tout du moins, puisqu’elle se contentait de boire son café sans dire un mot. Et pourtant son regard en disant bien plus qu’un long discours.

« Je suis désolée que personne ne soit venu te voir à l’hôpital. Si j’avais su... »

Leyla ne finit pas sa phrase, consciente qu’elle serait peu convaincante. Bien sûr, si elle avait su que sa voisine était hospitalisée, elle serait peut-être passée la voir, pour prendre des nouvelles, lui apporter un bouquet de fleur et lui proposer son aide. Non pas parce qu’elle s’inquiéterait réellement pour elle, une quasi-inconnue, mais parce que la petite brune était une jeune femme avenante, du moins en temps normal. Mais elle se doutait bien que ce n’était pas sa visite qui aurait changé quelque chose pour Aylin. Cette fille populaire s’attendait probablement à avoir une tonne de visiteurs, débarquant avec un florilège de cadeaux, des cartes de rétablissement et ballons en tout genre. Alors non, ce n’était pas une visite de sa voisine qui lui aurait remonté le moral, qui aurait brisé la solitude et rendu la convalescence moins pénible. Alors même si Leyla voulait seulement lui remonter le moral avec une phrase bienveillante, c’était probablement raté pour ce coup. Il faut dire qu’elle même n’était pas en état de faire preuve de beaucoup de gentillesse. À défaut de pouvoir se remonter le moral, les deux jeunes femmes pouvaient peut-être se confier, ou au moins vider leur sac.

« Comment tu t’es retrouvée à devoir rester à l’hôpital pour plusieurs semaines ? Tu as eu un accident ou quelque chose du genre ? »

Fatalement, la question faisait écho à son propre séjour aux soins intensifs, au détail près que son accident de voiture était une tentative d’assassinat, comme elle en restait convaincue. La raison était probablement moins dramatique pour sa voisine. On avait beau être à Bray, une ville où les créatures magiques semblaient pousser comme des fleurs à chaque coin de rue, chaque évènement ne cachait pas forcément un drame bien plus grand derrière. Après tout, peut-être même qu’il ne s’agissait que de chirurgie plastique, pour se refaire le nez ou quelque chose comme ça. Les filles belles et populaires raffolent de ce genre de perfectionnement, particulièrement quand elles en ont pas besoin. Mais si c’était le cas pour Aylin, elle n’aurait pas ce regard. Le regard d’une fille qui n’avait pas prévu de passer sur la table d’opération et qui n’avait pas prévu de se retrouver seule à son réveil.

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« Je suis désolée que personne ne soit venu te voir à l’hôpital. Si j’avais su... »

Elle s'arrêta et Aylin lui en fut reconnaissante. Elle ne la croyait pas une seule seconde de toute façon et peut-être même n'aurait-elle pas voulu la voir. Elles ne se connaissaient pas. Ce matin était la toute première véritable intéraction entre les deux jeunes femmes. Qu'est-ce que cela aurait révélé sur Aylin si la petite brune avait été la seule personne à venir lui rendre visite ? Rien de bien plus glorieux que la situation actuelle, finalement. Il fallait se faire une raison, personne n'était venu et peut-être n'avait-elle jamais fait quoi que ce soit pour régler sa solitude non plus. C'était là toute l'étendue de ses réflexions de ces derniers jours et peut-être la raison de sa proposition de prendre un café ensemble. Pour guérir, peut-être, autrement que physiquement.

« Comment tu t’es retrouvée à devoir rester à l’hôpital pour plusieurs semaines ? Tu as eu un accident ou quelque chose du genre ? »

« J'ai été agressée. » lâcha-t-elle finalement en un souffle. Ces mots avaient eu du mal à faire leur chemin dans l'esprit de la brune. En être consciente était une chose, l'avouer en était une autre. Le traumatisme venait se frotter à son égo qui en avait également pas mal souffert. Elle, la sirène qui avait toujours tout pris pour acquis et s'était servi de ses pouvoirs tôt dans son existence avait eu l'air bien stupide, la face écrasée sur le trottoir. Assumer cette défaite cuisante lui faisait peut-être plus mal que le reste. Elle aurait dû s'en sortir sans égratinure, elle avait échoué et elle ne pouvait, finalement, s'en vouloir qu'à elle même.

« Les coups que j'ai pris au niveau du crâne ont eu des conséquences sur ma motricité, il a fallu passer par tout un processus de rééducation avant de pouvoir rentrer. »

Elle l'avait traversé seule, était rentrée seule, son parcours était d'une logique incroyable, finalement. Expliquer ces quelques faits à Leyla montraient une remise en question assez conséquente de la brune. Jamais n'aurait-elle exposer comme ça ses faiblesses autour d'un café avec une presque inconnue. Certes, ce n'était pas la première fois qu'elles se croisaient et avaient certainement à peu près le même âge mais en faisant ça, en lui dévoilant un peu de sa personne, elle lui offrait la possibilité de la blesser. D'avoir une arme contre elle. De s'en servir, quand bon lui chanterait. Aylin était une femme forte, elle se plaisait à le penser et après tout l'avait prouvé à de nombreuses reprises. Mais elle avait souffert. Elle n'en avait parlé à personne, bien trop inquiète de voir quelqu'un se servir de sa souffrance comme sa mère s'était servie de la mort de son père pour diriger sa vie comme bon lui semblait. Elle l'avait détesté pour ça et s'était fait la promesse de ne plus laisser d'occasion à qui que ce soit. Peut-être était-ce ça, la raison de sa solitude, de cette impression d'avoir failli crever sur un trottoir sans que personne ne s'en inquiète. Elle n'avait laissé personne s'en inquiéter non plus.

Mais après tout, ce matin était différent. Aylin était fatiguée de se battre, épuisée par son cheminement de pensée. Et peut-être de toute façon Leyla était-elle aussi vulnérable qu'elle. Très certainement d'ailleurs, il ne suffisait que d'observer un minimum son état. Même la brune qui, d'ordinaire, ne s'intéressait que peu aux autres personnes ne pouvait que ressentir à quel point la situation semblait difficile à vivre.

« Allez raconte moi. C'est qui ce mec ou cette fille qui mérite absolument pas que tu te mette dans cet état ? »

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