#10 We all need that person who can be true to you. - Adam&Vali

Allongée dans le canapé du salon, ses yeux bleues fixaient les flammes qui dansait. En tant qu’affilier à la terre, à la végétation, Adam n’a jamais beaucoup aimé le feu, ni même chercher à savourer la douce chaleur qu’il diffuse. Pourtant, c’est ce qu’elle faisait. Cela faisait quatorze jour maintenant.
Quatorze jour qu’elle attendait que son blondinet daigne à mettre fin à ce manège ridicule.

Elle ne pouvait pas travailler, ce n’est pas ce visage que le service de l’hôpital connaissait. De ce fait, cela allait coincer rien que pour prendre le service. Elle avait dû rédiger un courrier pour signaler une absence de deux semaines, ayant falsifié un arrêt de travail pour le justifier. Bien entendu, comme elle ne pouvait pas dire officiellement que c’était avant tout par honte, il a fallu qu’elle trouve une maladie suffisamment longue pour justifier une telle durée. Adam essayait de relativiser, voyant cela comme des vacances forcées. Mais c’était terriblement long, terriblement ennuyant. S’étalant du haut de son mètre soixante-deux sur tout le canapé, elle s’était mise sur le ventre, réfléchissant à une occupation qui ne nécessitait pas d’aller en extérieur. Et si elle tombait sur Egerton ? Ou même sur ce “Kochtcheï” qui l’avait accompagné ? Et si elle utilisait sa magie instinctivement, ceux qui l’ont déjà côtoyé la reconnaîtrait !
C’est un véritable casse-tête, une épreuve olympique pour un cet être à l’ego surdimensionné. Adam avait l’impression d’être réduit à l’état de poupée, de belle décoration puisque elle ne voulait pas sortir pour ne pas avoir à mentir pour préserver sa dignité. Cela restait la même personne et de ce fait, les rares l’ayant déjà côtoyer allaient faire le rapprochement.

Ses yeux bleues se détournent vers la fenêtre, et elle finit par se lever, n’arrivant pas à tenir en place. Elle se croit à l’abri derrière les rideaux, osant jeter un coup d’oeil dehors. Son jardin, ses arbres, le cimetière, le parc, sa morgue, tout ceci l’attend. Ils attendent ses soins, sa présence, quoi que ? Ses doigts abaissent le rideau, et elle se met à tourner. Adam ! Tourner dans sa propre demeure ! C’est un comble ! D’un sens, c’est de sa faute ; La djinn ne veut pas sortir. Ayant trouver de quoi se vêtir à sa taille entre temps, elle n’était néanmoins pas à l’aise. Elle s’aidait des souvenirs qu’elle avait de Mère, cherchant à l’imiter pour être aussi élégante qu’elle, et ce malgré qu’elle n’est plus ... le bon attirail dirons-nous. Bien droite, confiante sur ses talons hauts, la jupe sans un plie et le chemisier légèrement ouvert, elle s’était dirigée vers la cuisine pour se faire un thé.
Gingembre et citron, son préféré. Cela dit, pour cette fois, elle avait ajouté un sucre imbibé de scotch pour oublier l’espace d’un instant cette poitrine plus lourde, plus voluptueuse. Pauvre imbécile qu’était son magicien. L’espace restreint de la cuisine l’encourageait à laisser ses nerfs parler visiblement, puisque elle avait jeté dans la boulette la boule à thé avec la bouillie, sans chercher à trier, pour se libérer plus vite les mains et attraper sa cigarette magique entamée, et son briquet.

Adam s’était effondrée sur une chaise, dépitée, le thé devant lui. Ce n’est qu’après quelque bouffée de son joins qu’elle avait remarqué cette chose sur la table. Ce n’était pas là hier. Cela ressemblait à un jeu de plateau, mais le motif de la boite ne lui disait rien qui aille. Une gorgée de son infusion avalée, la Djinn avait retourné la boite pour voir les instructions à l’arrière, se fichant éperdument du raffut étrange que faisant le contenue. Il y avait un bruit métallique à l’intérieur. Des menottes, des rubans, des masques, des pions, le tout dans les tons rouges, violets, noirs. Oh, elle espère se tromper, reposant la boite l’air de rien.

Elle n’avait rien vu.
Elle n’avait rien bu.
Elle n’avait rien fumé.

Le dénis le plus complet, tandis qu’elle retourne dans le salon avec sa tasse dans sa main d’un côté, et sa cigarette coincée dans l’autre. Vali ne devrait plus tarder de rentrer des courses. Ah et, oui, détail important : c’est la Saint-Valentin. Seulement, la Djinn n’en a aucune idée. Pour tout dire, elle ne connaissait pas cette fête. Quoi de plus normal ; Ce n’est pas une créature qui vient de ce monde après tout.

Adam sent qui se passe quelque chose autour d’elle, mais elle était totalement incapable de mettre le doigt dessus. Les fêtes étaient propres aux humains. De ce fait, elle était tout bonnement incapable de comprendre pourquoi tous ses domestiques étaient occupés. De toute façon, quand bien même ils ne le seraient pas, elle ne se préoccuperait pas d’eux. Elle préfère rester plantée sur ce canapé, tentant tant bien que mal de trouver une occupation. Ce n’est pas dans ce manoir qu’elle passe la plupart de son temps normalement, et ce même si son nom est marqué sur la boîte aux lettres. Il n’y a que le piano, mais cela avait un goût amer dès qu’elle posait les doigts dessus. Elle pourrait réaménager sa véranda, mais cela serait s’exposer au voisinnage. Alors, elle ne fait rien, et elle attends.
Elle oublie ce qu’elle avait vu dans la cuisine, et elle se contentait de finir sa cigarette, les jambes repliées sur elle-même. Madame Hudson ne cessait de faire des allers-retours, et elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver un tant soit peu de sympathie à son égard. Dire que cette vieille dame l’avait connu “enfant”, et que c’est impossible pour elle de reconnaître Adam dorénavant. Le monde est petit, étroit, ou bien l’histoire est un inarrêtable recommencement car la voilà à travailler dans son propre manoir, avec d’autre domestique. Voulez-vous un autre thé, Mademoiselle.

Mademoiselle.
Le mot qui avait crispé les doigts d’Adam alors qu’elle ne vacillait pas. Mais comment lui expliquer aussi que son patron était bel et bien la personne que Madame Hudson avait en face d’elle. Alors, la djinn peste silencieusement, rabrouant seulement un «Non, cela ira, Madame Hudson. Vous pouvez disposer.» Sèche, désagréable, elle est d’humeur exécrable. La vieille femme de chambre n’est même pas fichue de remarquer la similitude du ton. En plus de donner l’impression envahissante à Adam d’être à l’effigie de sa mère : vipère, vénale et avarde. Elle soupire discrètement sans ouvrir la bouche, détournant ses yeux sur le blondinet qui, dans un bal orchestré, venait de s’installer à côté d’elle à l’instant même où Madame Hudson quittait la pièce avec le service à thé propre et rangé. Oh, et voilà qu’il lui tend la boîte. Misère, elle qui pensait l’oublier, c’était raté. Regarde j’ai acheté ce jeu pour nous deux. Aujourd’hui est un jour spécial tu ne penses pas ? Je vais faire en sorte qu’on fête cette saint valentin dignement tout les deux. «Un jour spécial ? Plus spécial encore que le 1er Février où tu m’as invoqué en me donnant ce corps ? Permets-moi d’en douter.»

Pique gratuit passé, il demeurait son seul moyen de défense pour masquer le mal être qui le ronge. Oui, peut-être qu’il s’y fera un jour, mais c’est trop tôt pour le dire. Cela dit, Vali a piqué sa curiosité et il va falloir qu’il lui explique autre chose que les règles de ce jeu. «En quoi consiste la “Saint-Valentin”, exactement ? Est-ce pour cela que tu as mis tous nos domestiques à pied d’oeuvre ?» Pendant qu’Adam pose ses questions, elle attrape la boîte qu’il lui tend pour faire mine de découvrir. Elle dévisage le dos, les côtés, le dessus, passe son doigt sur les instructions pour ne pas perdre le fil de sa lecture. Elle pointe du doigt l’illustration de la demoiselle en position de faiblesse dirons-nous, lâchant naturellement un : «J’espère que tu ne vas me demander de faire comme elle...»
Puis elle la repose sur la table-basse, ayant besoin d’un temps de réflexion tout de même. «Tu devrais faire attention. Peut-être que je ne peux plus utiliser ma magie contre toi, mais il me reste d’autre moyen pour te rappeler que je ne suis pas très obéissant.» Dit-elle avec quelque sifflement mélodieux, presque provocateur.

De dénie, cela était devenu de la concentration dans les yeux de la blonde platine alors que le dernier nuage de fumée intoxiquée s’extirper d’entre ses lèvres.
Oui encore plus spécial et je suis sur que ça va te plaire. Difficile de faire plus spécial encore que ce fameux jour, mais elle n’allait pas lui couper l’herbe sous le pieds, et elle s’accordait le bénéfice du doute. Dépliant ses jambes pour mieux s’installer, Adam se retenait de se mordre l’intérieur de la lèvre pour ne laisser aucune appréhension la bouffer. Elle n’avait eu qu’un bref aperçu de ce que contenait cette boite, et elle ne pouvait pas refouler une certaine hâte d’y jouer pour découvrir ce qui l’y attendait. La Djinn en oublierait presque ce dîner préparait à pied d’oeuvre par ses domestiques -sans qu’ils aient visiblement consciences que leur patron se trouve dans la maison-, et elle s’était contentée de faire semblant de découvrir tout en s’intéressant sur le sujet. Après tout ; elle a la bienveillance de se renseigner sur le sujet avant de cracher dessus. La fête des amoureux donc. Ses deux saphirs lasses s’étaient dirigés vers Vali, non sans masquer la perplexité.

Est-ce ainsi que leur relation est définie ? “Amoureux” ?
Pour l’être qu’elle était, elle ne pouvait que le croire.

Le coeur était une mécanique complexe qui n’avait pas sa place dans la poitrine de la Djinn, et dont elle s’efforçait qu’il n’est jamais cette place pour ne pas entraver ses projets et ses pensées. L’émotion est une contrainte, un guide un peu trop forceur lorsque vient le moment où des décisions graves doivent être prises. Son blondinet pouvait seulement se targuer d’être l’exception qui confirme la règle. Pointant du doigt le “rôle” qu’elle allait devoir jouer dans cette partie, il semblerait qu’elle ne soit pas très coopérative. Avant tout par question de fierté et d’egocentrisme. Pourquoi ? Ça se trouve, tu vas prendre ton pied, tu serais étonnée ! Elle ne fusille pas son blondinet du regard, mais elle ne lui donne pas raison pour autant. C’est vrai, peut-être qu’elle pourrait y trouver quelque chose de plaisant qui lui changerait de ses habitudes, mais la blonde platine reste une cruelle maîtresse qui aime sa position initiale. Après tout, elle s’est battue pour avoir cette dernière, et elle n’a pas hésité à mettre du sang sur ses mains pour avoir des droits.
Seulement, les chosent avaient évolué, mais elle n’avait pas l’impression d’avoir effectué un retour en arrière. Non, disons qu’elle préférait croire en un nouvel essai, une seconde chance de pouvoir bénéficier à la fois d’une liberté magique, et d’une liberté sur terre. «D’accord, Maître, mais il va falloir mériter votre place.» Dit-elle sous son ton las habituel, presque trop pour que cela paraisse pleinement honnête.

Sa langue passe sur ses lèvres, provocatrice. Est-ce que seulement, Vali peut être aussi douer qu’elle dans le domaine de l’obéissance ? Est-ce que son blondinet peut vraiment la détrôner aussi facilement ? Car le malheureux la provoque, et elle est bien décidée à prouver qu’elle n’a pas son pareil entre eux deux. Ah bon quel moyen ? Parce que j’en doute là. Ses mains, telles des entraves chaleureuses, emprisonnèrent les poignets de son blondinet alors qu'un sourire hautain se dessine sur son visage. Un “tu disais ?” silencieux, transmit par le regard, cavale sur la perfidie alors qu'elle s'était assise sur lui pour ne lui laisser aucune chance de fuir, ni de profiter. Adam le pourfendait du regard avec ses deux perles océanes, et même si sa gestuelle était douce, la force exercée n’était pas sans reste. Cette force titanesque, celle de la terre, de la roche, des montagnes, qui lui permettait de soulever facilement des masses faisant au moins cent fois son poids, gardait les menottes en phalanges verrouillées. «Des moyens psychologiques, des gestes. Cela n’a rien de magique, alors je ne suis pas entravé par notre contrat si je les utilise.»

Elle relâche sa prise sans pour autant bouger ses fesses de son trône. «J’aime les défis, je ne vais pas m’enfuir. Et toi ?» Telle est la question. [/i]