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 the world's gone mad + marine&jax

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the world's gone mad
marine & jax

« So tell me what's the news and what is it you want me to see
we're lying to ourselves and dancing by the light of the screen  »
T’as jamais vraiment eu des envies de grandeur, de célébrité. T’as jamais franchement été le gars qui rêve de mieux autrement qu’en secret, tu te le permettrais pas. Vivre la misère c’est ce qui te donne l’inspiration, tu dirais pas que tu ferais pas tout pour en sortir, mais tu saurais pas franchement te démerder si on te donnait du blé à te mettre tout autour du ventre. Tu finirais sans doute par le perdre en replongeant dans la drogue, pour un musicien avec l’allure que t’as, ça paraîtrait sans doute presque normal, pour finir au même point qu’actuellement. On te dit souvent que tu fais peur, pas tant par ta carrure proche de celle d’une branche mais plutôt par ton air antipathique et ta tendance à jamais décrocher un sourire à qui que ce soit. Alors t’as pas su vraiment quoi dire quand on t’a proposé ce boulot. Toi tu jouais tranquillement au milieu du parc, te ramassant quelques euros au passage, ta guitare comme seule compagne, sans vraiment faire gaffe à qui passait devant toi. T’aimais mieux les gens de cette façon de toute manière, quand t’avais le droit de faire semblant de pas les voir. Puis y a ce mec là qui s’est arrêté, le patron d’un bar culturel. La recherche de nouveaux talents, oui, mais surtout il était dans la merde, parce qu’il trouvait personne pour remplacer le groupe du lendemain qui avait annulé au dernier moment. Tu pouvais comprendre, Bray c’est pas non plus la ville où tous les artistes d’Irlande viennent se retrouver en quête de gloire, qu’on soit bien d’accord. Mais tu t’étais quand même bien demandé qu’est ce que ça te pouvait te foutre, qu’il te raconte tout ça. Jusqu’au moment où il t’a proposé de venir faire un tour, chanter quelques chansons pour animer sa soirée et te payer l’heure à gratter et à sortir tes sons. Faut avouer que t’as bien failli l’envoyer chier. Parce que ta fierté est trop présente et que t’aimes pas franchement qu’on te fasse la charité. Mais finalement t’as pensé à Alexis, et au fait qu’elle aussi, tu devais la rembourser, la seule personne dont l’aide a été la bienvenue.

T’aurais pu te méfier, vu les aventures avec Lysander, de la proposition d’un logement faite par une femme qui semblait aussi fascinée par le feu qu’habile à s’en servir, pourtant t’avais fini par te pointer chez elle. Mais tu te sentais mal, jour après jour, d’utiliser sa maison comme la tienne sans contrepartie. Sauf qu’entre placarder des affiches et chercher desespérément un job, t’avais choisi assez rapidement. Mais une occasion comme celle-là se représenterait pas et tu le savais. Alors t’avais fini par hausser les épaules et lui dire pourquoi pas, le laissant partir dans un rire enthousiaste que tu comprenais pas, t’es pas vraiment Bob Dylan.

Tu t’es pointé un peu tôt au Drunk Mermaid. Tu voulais savoir où tu mettais les pieds, et d’après Alexis, le mec qui t’as abordé c’est le barman, pas vraiment le tôlier du bordel. Tout simplement parce que le tôlier c’est son meilleur ami et qu’il est en train de moisir en prison. C’est quelque chose dont tu parles pas vraiment avec elle. T’as eu l’histoire générale et quelques photos que t’as retrouvé dans la maison, c’était bien suffisant pour que tu mettes tout bout à bout. Et que tu comprennes que ce serait jamais son sujet de discussion préféré. Alors t’avais fermé ta gueule, mais tu peux pas t’empêcher de comprendre un peu mieux le désespoir de celui qui était venu te chercher jusqu’au parc. Pour l’heure, le lieu semblait vide. Pas totalement vide, mais loin de l’idée qu’on se fait du bar le plus huppé de la ville. Et il l’était, avant le scandale. Quelque part, ça te fait quand même marrer que ce soit toi qu’on ait choisi pour redorer le blason de l’enseigne, mais tant que tu peux te faire un peu de fric …

Tu finis par avoir tes instructions et t’installes avec ta guitare sur la scène légèrement surélevée. T’hésites, tu sais pas vraiment si tu dois te présenter, mais t’as le regard scrutateur de l’homme qui te lâche plus et faut bien que tu fasses quelque chose. “ Bonsoir, je suis Jax, et ce soir je vais vous interpréter quelques unes de mes chansons.” T’aurais été bien incapable de chanter autre chose, de toute manière, tes chansons ce sont les seules que tu travailles assez pour oser les sortir devant un public. Tu te racles la gorge, quelque peu stressé. Ta musique elle mélange un peu de tout, c’est pas comme si t’avais jamais su mettre des mots sur ce que c’était. T’as toujours eu quelque chose, un éclat artistique pour ce qui était de mettre des sons sur ce que tu avais jamais su exprimer autrement, mais l’expliquer, c’était une autre histoire. Là, t’as l’impression de te mettre à nu devant une dizaine d’yeux qui te fixent, les notes de ta guitare résonnant dans le brouhaha discret des conversations que certains ne voulaient pas laisser s’éteindre. Mais t’es déjà plus là, toi, concentré, toi les yeux fixés sur l’instrument et les pensées s’envolant au gré de tes paroles te rappelant le passé que tu cherches pourtant le plus à éviter.
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► Mermaid Drunk
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Jasper & Marine
Marine ferma la porte derrière elle, ajusta son écharpe pour qu’elle ne laisse pas le vent atteindre son cou et se mit en marche. Ses talons claquant sur le sol bruyamment, la jeune femme frotta ses doigts dans l’espoir de les réchauffer, souffla sur une mèche tentant d’envahir son visage et scruta les enseignes des magasins et numéros de rues qui défilaient à mesure de sa progression. Trois mois n’étaient pas suffisants pour pouvoir se repérer dans une ville, plus encore dans les quartiers qu’elle n’avait que peu visités, mais Marine avait une mémoire qu’elle avait aiguisé avec les années. Elle avait appris le chemin par cœur sur le plan et tentait à présent de le transposer sur ce qu’elle voyait. La seule chose qu’elle avait pu en déduire jusqu’à présent était que le plan papier paraissait bien plus simple que la réalité. Elle n’était pas perdue, pas vraiment. Elle ne savait pas où elle était mais elle savait être sur le bon chemin. Elle reconnaissait les noms de rues.

Sur conseil d’une collègue – une assez proche pour pouvoir être appelé ‘amie’ même si Marine ne savait pas vraiment que faire d’une telle personne – qui avait décidé qu’il était temps qu’elle se sociabilise (‘Il n’y a pas que le travail dans la vie !’ dixit ladite amie), la sirène allait au Drunk Mermaid. Le nom l’avait fait sourire et elle s’était effectivement demandé ce que donnerait comme résultat l’ivresse d’une sirène. Marine n’était cependant pas assez curieuse pour tester elle-même. Une boisson qui pouvait altérer les sens ne la tentait pas des masses.

Et ce fut après plusieurs autres minutes que dura son périple, que Marine arriva enfin devant le bar. Elle plaqua une main sur son ventre qui commençait à grogner de mécontentement et entra avec empressement, pressée de se mettre quelque chose sous la dent. Elle vénérait cet aspect des Irlandais : les bars avaient toujours de la bonne nourriture. Ils avaient leur petite réputation internationale après tout. Plus pour l’alcool, certes. Elle s’installa tranquillement au bar, sur un tabouret miraculeusement libre, et commanda le plat du jour dans un murmure pendant qu’un artiste se présentait sur scène. Son regard curieux fila vers lui alors qu’elle se débarrassait de son manteau, gardant son écharpe en grande frileuse qu’elle était. L’Irlande était plus fraîche que la Grèce, et ce n’était qu’un léger euphémisme.

Marine oublia sa faim à la seconde où l’artiste tira les premières notes de son instrument. Frappée de plein fouet par les notes harmonieuses de l’artiste. Subjuguée.

Elle connaissait l’existence des instruments de musique, utilisé par les humains pour accompagner leur voix, mais n’en avait jamais vu jusqu’à maintenant. Elle s’était renseignée sur la musique de ce monde, sincèrement intéressée quand sa vie n’avait fait que tourner autour du chant pendant dix années, et avait écouté quelques morceaux. Les enregistrements ne faisaient pas honneur à la musique jouée pourtant. Marine en prit d’autant plus conscience en dévisageant l’homme en train de jouer comme s’il n’y avait plus que lui et sa guitare dans la pièce. Dans son monde, dans sa bulle. C’était un sentiment qu’elle pouvait comprendre.

Marine s’était d’abord concentrée sur sa découverte de la guitare mais une fois celle-ci passablement digérée, elle prêta attention aux paroles. C’était une part importante du chant – si pas la plus importante à ses yeux de chanteuse a-capella – peu importait ce qui accompagnait la voix. Et ce qu’il chantait était beau. Plus profond que ce qu’on pourrait attendre d’un petit chanteur de bar. Pensée conventionnelle que chaque personne à l’éducation conventionnelle aurait eue. Marine se contenta de se pencher en avant, avide. Avide des sentiments qu’elle sentait poindre derrière le chant sans savoir s’il le ressentait ou si ce n’était qu’une chanson – tout en ne comprenant pas comment un chant ne pouvait être « qu’une chanson » quand c’était bien plus que ça – qu’il avait inventé pour le bien du spectacle. Elle découvert que cela se faisait chez les humains. Une autre chose qu’elle avait oublié durant les dix ans en mer, une autre chose qu’elle ne comprenait pas, qui ne trouvait aucune logique dans son esprit.

Le chant continua et Marine se mordit la langue. Elle voulait chanter elle aussi. Partager un duo, comme elle le faisait avec sa mère. Entrer en parfaite harmonie pour un chant. Partager les couleurs sauvages de la mer et de l’océan. Moment bref et pourtant éternel. Elle se racla la gorge et se redressa, regard toujours fixé sur le chanteur pourtant. Elle ne pouvait pas chanter ici, elle risquait d’hypnotiser tout le monde et d’ameuter tous les chasseurs de la région. Dommage. Quel gâchis. Devoir cacher son chant était l’une des choses les plus difficiles qu’elle ait faite de sa vie. Et elle avait vécu loin de la civilisation humaine pendant longtemps.

Le chant finit par se terminer pourtant. Les applaudissements éclatèrent et Marine s’y joignit de bon cœur. Un large sourire sur ses lèvres, d’avoir vécu ce moment, d’avoir connu le son sans intermède de la guitare grâce à lui. Elle le regarda descendre de scène et n’hésita pas un instant. Assiette depuis longtemps oubliée, jamais ne serait-ce que regardée ; Marine saisit son manteau et se dirigea vers le chanteur. Elle se planta devant lui, sourire large et yeux pétillants.

« — Je peux essayer ta guitare ? Ton chant était magnifique. »

Phrases maladroites, absence de présentation ; purement Marine et son innocent espoir de petite fille qui a découvert un nouveau jouet. Si elle ne pouvait chanter, elle jouerait. Cela ne remplacerait pas le chant – jamais – mais c’était une nouveauté qu’elle voulait découvrir.
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the world's gone mad
marine & jax

« So tell me what's the news and what is it you want me to see
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T’en as des choses à dire, c’est pas ça qui manque. Tu sais que toi, ce que tu cherches dans la musique, c’est aussi la justesse des paroles. Parce que t’aimes écrire et que tu supportes pas ceux qui le font pour rien dire alors que tu as tant de choses à raconter. Toute ta vie, c’est ton inspiration. Elle a pu démarrer bêtement, sur une crise, et peu à peu, tout s’est enchaîné beaucoup trop vite pour que tu comprennes comment t’en es arrivé là, un tel degré de malheur ça s’invente pas. T’aurais sans doute pu y faire quelque chose il y a quelques années, revenir en arrière et oublier, puis t’as été pris dans le flot des événements et t’es marqué, beaucoup trop pour tenter de retrouver une famille que t’as perdu de toute manière le jour où t’as claqué la porte, pensant que tu pouvais très bien t’en sortir par toi-même. Et finalement, si ça n’avait pas été de Lysander, tu serais mort bien avant, peu importe s’il t’a tué intérieurement ensuite. Alors tu t’es mis à écrire, parce que c’était le seul moyen de te voir survivre. Gauchement, avec des millions de fautes d’orthographe, mais tu t’en foutais. Des mélodies, des sons, t’as l’oreille musicale, c’est sans doute probablement ton seul talent. Et quelque part, ça t’a sauvé alors que tu pensais être damné à jamais. C’est bien beau que tu recommences à voir la lumière avec la seule chose qui t’ait empêché de sombrer.

T’as la voix grave de celui qui a peut-être un peu trop fumé, mais pas assez abîmée pour qu’elle en soit gâchée. Tu te laisses emporter par la musique comme tu te laissais autrefois prendre par la drogue. Il fallait bien trouver un substitut à ta dépendance. Tu te sens bien vivant seulement quand tu pousses sur ta voix comme si ça te permettait de faire sortir toute la détresse que tu ressens, toutes les émotions que t’as beaucoup trop longtemps refoulé. Tu pourrais sans doute faire ça toute la nuit, et sans nulle doute que c’est ce que tu feras de nouveau une fois sorti d’ici et rendu dans ta nouvelle demeure qui n’est autre que la maison d’Alexis. La musique, c’est encore la seule manière de pouvoir raconter ton histoire, mais aussi de l’accepter, d’en faire tienne. Les traumatismes sont encore là, ceux qui t’ont poussé à te persuader, pendant une longue période, que tout était arrivé à quelqu’un d’autre. Pour avoir moins mal. Avant que tu ne te sois rendu compte que c’était tout de même le cas et que c’était un manque de respect envers Heather de faire comme si elle avait été seule, comme si tout ce qu’elle avait traversé ne te concernait pas. Il y a bien une époque de ta vie dont tu ne peux pas parler, entourée du flou du manque et de la douleur. Mais tu parles d’elle, alors, à la place, de sa force et de sa présence qui t’a redonné vie alors que tu frôlais la mort encore et encore. Et sans que tu ne t’en rendes compte, le temps avait passé et les chansons s’épuisaient.

La dernière note sur ta guitare s’évanouit et tu sembles revenir sur Terre. Non pas que tu n’aies pas été présent, mais bien trop libéré par ton chant, tu en aurais presque oublié les personnes présentes dans la pièce t’ayant écouté chanter. Parce que tu ne l’avais jamais fait pour les autres. Tout ça ça avait toujours été, quelque part, ton jardin secret, déballé comme ça au public. Non pas que ça te fasse quoique ce soit, la plupart de ces personnes, tu ne les reverras jamais de toute façon. Tu finis par descendre de la petite estrade, te rendant au comptoir pour ranger ta guitare. L’homme qui t’a recruté pose une bière et une enveloppe devant toi. “Offerte par la maison.” Tu hoches la tête dans sa direction avant de ranger l’enveloppe dans la poche intérieure de ta veste en cuir non sans en avoir vérifié le contenu avant. C’est la première fois réellement que tu gagnes quelque chose en ayant de travaillé de manière totalement légale, ça te fait bien quelque chose. Alors que t’attrapes ta bière pour en boire une bonne gorgée, le liquide te faisant du bien, tu sens une présence juste derrière toi, aussi tu reposes la choppe et te retourne. Devant toi se trouve une petite rousse toute menue que tu n’as jamais vu de ta vie. Avec des cheveux comme les siens, tu te dis que tu t’en serais sûrement souvenu. “ Non tu peux pas.” Pas des plus agréables, il faut dire que tu as été quelque peu déconcerté par la demande. Tu finis toutefois par te reprendre. Tu n’as pas l’habitude des compliments, c’est sans doute peu de le dire, et tu sais parfaitement bien à quel point tu peux être brusque. ça, ton visage qui décroche jamais un sourire plus la voix rauque, ça a tendance à intimider. Non pas que ça te dérange dans la plupart des cas, mais elle a pas l’air méchante, la rouquine. “ Désolé. Merci pour le compliment.” T’es un peu gêné alors t’essaies de te rattraper aux branches. Encore heureux que dans certaines situations, tu as la présence d’esprit de fermer ta gueule avant de parler sinon tu dormirais encore dans la rue. Quoique … Si tes souvenirs sont bons, Alexis aussi tu l’avais envoyée chier. Comme quoi, tu tombes souvent sur des nanas un peu plus coriaces qu’elles en ont l’air. “ Tu joues de la musique?” Tu reprends l’instrument que t’avais posé dans son étui pour le lui tendre, avec, quand même, une grosse pointe d’appréhension. Faut te comprendre aussi, ça et un sac miteux, ce sont les seules choses qui t’appartiennent.

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► Mermaid Drunk
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Jasper & Marine
L’artiste, découvrit-elle en lui parlant, était grognon. Renfrogné, maladroit, peu aimable au vu des critères de la société humaine qu’elle découvrait progressivement. Pourtant Marine souriait toujours et ses yeux clairs étaient toujours illuminés en le regardant. Quelle importance pouvait avoir son attitude ? Elle l’avait entendu chanter ; jouer de la musique. C’était extraordinaire. Pas pour tout le monde, certainement. Pour peu de personnes en vérité. Mais pour Marine ? C’était magnifique.

C’est pour cette raison qu’elle ne se rebuta pas lorsqu’il refusa brutalement. La déception l’envahit et elle fit la moue mais elle ne renonça pas. Elle était une inconnue après tout. C’était normal de ne pas prêter ses possessions à des inconnus. Ou ainsi l’avait-elle compris. Avant d’arriver ici elle n’avait que rarement eu l’occasion de prêter quoique ce soit à des inconnus, même en Grèce. Même maintenant elle n’avait pas grand-chose qu’elle considérait lui appartenant. A part son corps et ses dons, rien, en fait. Le reste n’était que prêté ; par le pêcheur grec, par les humains. Tout finissait dans les mains des autres après tout, par l’intermédiaire de l’argent.

Elle haussa les épaules sans rien dire à ses remerciements, souriant un peu malgré la déception. Elle ouvrit la bouche, prête à enchaîner sur son chant ; poser des questions sur les émotions, son histoire, ses paroles, tant de choses qu’elle avait décelée sans savoir si c’était authentique ou un spectacle. Elle la referma brusquement quand il reprit la parole, ses dents claquants désagréablement. En voyant son geste, avec sa guitare tendue vers elle, les yeux de Marine se remirent à pétiller. Il allait vraiment… ? Mais il avait dit non ! Enfin, tant mieux pour elle.

« —Non, je chante- chantais. »

Elle répondit en prenant délicatement la guitare, sans même discerner l’hésitation de l’artiste, captivée par l’instrument. Ses doigts fins se refermèrent sur le manche, son bras recouvrit légèrement l’objet pour que son autre main soit à hauteur du creux. Elle tenta de reproduire au mieux la position qu’avait eu l’artiste, tout en tenant prudemment la guitare, comme si elle était en verre. Elle semblait, pour dire vrai, tout aussi fragile aux yeux de Marine. Elle pinça légèrement les cordes, testant le son, concentrée à reproduire approximativement la mélodie qu’elle avait entendu précédemment. Elle mettait son incroyable mémoire au service de son envie de jouer, réussissant à tirer quelques notes justes – hésitantes – entrecoupées de quelques fautes. Elle grimaça, fronça le nez, mais s’obstina encore un peu. Elle ne savait quand est-ce qu’elle pourrait retoucher à une guitare, elle ne comptait pas se laisser abattre par ça. Bien sûr le rythme n’était pas bon, bien sûr le tout était trop hésitant, bien sûr cela n’avait rien à voir avec la prestation de l’artiste toujours devant elle. Evidemment. Mais quelle importance ? Elle tenait entre ses mains un instrument de musique pour la première fois de sa vie et c’était merveilleux.

Toutefois, plutôt que de s’acharner en vain, Marine releva la tête vers le jeune homme en face d’elle, le regarda dans les yeux au travers de ses mèches rousses ébouriffées et lui sourit.

« —Tu m’apprends ? »

L’idée qu’elle le dérangeait ne lui effleura même pas l’esprit, tout occupée qu’elle était par la guitare. L’aurait-elle eu qu’elle l’aurait ignorée, égoïste. C’était une chance unique – ou le pensait-elle – elle ne comptait pas l’esquiver par politesse ou empathie. Ce n’était pas son genre. Ce n’était pas le genre des sirènes et tritons ; du moins ceux qu’elle avait connus.

La mer sauvage, après tout, résonnait à travers leur chant.
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Tu semblais être deux différentes personnes, l’une, celle qui était montée sur scène, passionnée, inspirée, celle qui voulait raconter son histoire, faire ressentir ce que tu avais ressenti dans les passages les plus compliqués de ta vie, et puis la seconde, renfermée, qui ne laissait personne entrer. Ce n’était pas tout à fait illogique, en réalité. Tu n’avais trouvé que la musique pour te libérer des entraves que tu avais construites, entraves qui t’empêchaient d’être blessé encore et encore mais qui te coupaient du reste du monde. Tu n’avais aucune envie de t’en défaire, préférant de loin rester dans cette bulle que tu déclarais tienne, sans prendre en compte que parfois, certaines personnes avaient tendance à vouloir l’éclater sans te demander ton accord. Ce n’est que récemment que tu as compris que ce n’était pas qu’une mauvaise chose. Après tes aventures avec Lyssander, tu t’étais convaincu que personne ne pouvait vraiment être bon, dans ce monde dans lequel tu vivais, parce que les contes de fées, ce n’était définitivement pas pour toi. Et puis tu avais rencontré Alexis. Elle, elle t’avait aidé un peu. Unique, Alexis, dans sa vision du monde presque aussi terne que la tienne mais avec cette lueur qui lui donnait envie de se battre et qui lui avait fait ouvrir sa porte au moment où tu en avais le plus besoin. Heather, c’était autre chose, cassée autant que toi, tu comprenais pourquoi elle était là. Alexis aussi, en un sens, mais tu avais dû l’accepter. Quant à la jolie rousse qui t’avait abordé, c’était un choc des cultures et même sans la connaître, tu t’en rends compte. Vous n’avez rien en commun, de la façon dont elle se tient au ton de sa voix quand elle te parle, elle n’a pas cette aigreur et cette peine que tu retrouves dans la plupart des humains que tu croises. En un sens elle t’intrigue, et c’est sans doute pour ça, en partie, que tu t’excuses, comme si tu te sens obligé de ne pas être celui qui la blessera alors qu’elle semble ne s’offusquer de rien.

Mais apparemment vous vous rejoignez bien sur quelque chose, puisqu’elle t’apprend que la chanson était quelque chose qu’elle faisait aussi. ça ne devrait pas t’étonner plus que de mesure, en réalité. Il est bien connu que la musique peut réunir des personnes totalement différentes les unes des autres sous une même enseigne. Même si les combats sont différents, les langues pas les mêmes, il y a toujours une compréhension tacite d’un musicien à l’autre. C’est aussi quelque chose qui te séduit, faire partie d’un ensemble sans faire partie de rien. être seul mais pas toujours, seulement quand ça t’arrange. Parce que la solitude, si elle est ta plus fidèle amie, elle est aussi celle qui t’empêche de dormir la nuit. “ Pourquoi tu ne chantes plus?” Aussi naturel pour toi que de parler, si ce n’était plus, tu as du mal à te voir arrêter. Notamment parce que lors de tes journées interminables dans la rue à réunir les quelques sous qui te feront manger le soir, tu n’as que ça pour te tenir compagnie et t’empêcher de ne rien faire. Pour t’empêcher d’aller où tu ne dois plus aller, retourner dans les travers que tu t’es battu pour quitter. Et l’ennui, c’est en quelque sorte le meilleur compagnon des mauvaises idées, tu l’as compris à tes dépends.

Tu la regardes faire avec appréhension. Sans doute que t’as aussi peur qu’elle du fait qu’elle pourrait casser tes cordes ou faire tomber l’instrument. Faut te comprendre, t’as pas les moyens de les changer et encore moins de remplacer la caisse, alors si quelque chose se met à vriller, tu devras dire adieu à ta seule source de revenus actuelle. Mais y a pas que ça, ta guitare, c’est un cadeau, et tu dois vraiment donner tout ce que tu as pour ne pas la lui prendre des mains. Comme un enfant unique, t’as jamais eu l’habitude de partager plus qu’un bout de pain, parce que t’as jamais rien eu d’autre. Pourtant tu ne dis rien, tu te contentes de sourire. Y a quelque chose d’innocent dans la façon qu’elle a de tenir l’instrument, de le regarder tout en tentant d’en faire sortir des sons. Quelque chose que tu n’as jamais vu ailleurs. “ On dirait que t’as jamais vu de guitare de ta vie. Repositionne tes doigts.” Tu te déplaces pour l’aider, bougeant sa main comme si c’était la tienne, sans te demander si elle était d’accord ou non. “ Voilà, maintenant refais comme tout à l’heure, ça devrait donner quelque chose d’écoutable.”

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► Mermaid Drunk
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Jasper & Marine
Elle aimait la guitare, décida-t-elle. Elle n’était pas douée, elle était maladroite, ce n’était pas quelque chose qui lui venait naturellement comme le chant. Elle avait encore beaucoup à apprendre et c’était ce que lui plaisait. Marine avait appris un monde à travers le chant. Elle apprendrait un autre monde avec la guitare. Ou n’importe quel autre instrument en fait, mais la guitare avait déjà trouvé un bout de chemin vers son cœur. Les cordes sonnaient toutes si différemment, c’était étrange, merveilleux aussi.

« Pourquoi tu ne chantes plus ? »

Marine se pétrifia une seconde, le temps de comprendre qu’elle avait fait une erreur de débutante, puis haussa les épaules. Image faussée de la nonchalance. Mal à l’aise, elle n’était même certaine de feindre si bien que ça ; elle n’était pas douée pour mentir. Elle n’en avait jamais vraiment eu besoin avant d’arriver dans le monde terrestre. Elle regrettait un peu cette nécessité de mentir pour survivre. Les humains, quoiqu’ils disent, étaient aussi sauvages que les sirènes et tritons des grands fonds. Elle ne répondit pas à l’artiste.

Ses doigts, trop prudents, sur les cordes qui lui semblaient bien trop fragiles, elle sortit quelques notes. Maladroites, fausses. Pourtant elle aimait toujours la guitare. C’était un objet précieux. Elle comprenait mieux la réticence de l’artiste à le lui prêter. Elle ne l’aurait pas fait de bon cœur non plus.

« On dirait que t’as jamais vu de guitare de ta vie. Repositionne tes doigts. »

Il la guida et Marine se mordit les lèvres, attentive à la façon dont il positionnait ses doigts. Consciente également qu’elle ne devait pas trop parler sinon elle finirait par livrer trop de ses secrets par inadvertance. Elle souffla discrètement. Les secrets étaient lourds à porter. Elle chassa ce poids métaphysique dérangeant d’un clignement de paupières et se refocalisa sur la guitare. Elle voulait y arriver, vraiment. Elle voulait apprendre ce nouveau chant, étrange et inconnu.

« Voilà, maintenant refais comme tout à l’heure, ça devrait donner quelque chose d’écoutable.
—D’accord, attends, comme ça ?
»

Concentrée, elle pinça de nouveaux les cordes comme elle l’avait vu faire sur scène. Un sourire s’épanouit sur son visage en entendant les notes bien plus justes que quelques minutes auparavant. Elle ferma les yeux pour mieux entendre ; mieux ressentir. Elle ignorait les quelques fautes toujours présentes, préférant se concentrer sur la mélodie qui sortait laborieusement de cet instrument. C’en était presque de la magie pour l’innocente petite sirène grecque. Elle ne se souvenait pas avoir eu connaissance des instruments de musique dans son enfance ; elle s’en serait certainement souvenu sinon… n’est-ce pas ?

Yeux fermés, elle s’imaginait jouer devant la mer, sur le port, non, plutôt sur un rocher, entourée par les eaux agitées de la mer ou de l’océan ; harmonisant la mélodie de l’instrument et son propre chant. L’air vibrant à la mélodie et la mer répondant à son chant. Quel son ferait une guitare sous l’eau ? Ce serait intéressant de tenter. Ou peut-être en inventer une pour la mer ; entièrement faite de matériaux marins. Une guitare d’algues, de coraux et de coquillages, ou encore de roches sous-marines pour quelques détails. Qu’est-ce que cela pourrait donner ? Il faudrait qu’elle essay-

Non.

Non, bien sûr que non. Quel intérêt ? Elle devait vivre sur la terre ferme, ne pas retourner dans la mer. Obéir à sa mère, au pêcheur. Bannir la mer de son esprit, ou du moins ne plus la considérer comme sa véritable maison. Cesser de se considérer comme locataire dans cette vie et intégrer, enfin, qu’elle ne retournerait jamais chez elle.

Le sourire qui était inconsciemment apparu sur ses lèvres lorsqu’elle jouait se fana et les étincelles dans son regard s’éteignirent. La réalité faisait mal. Le désir de chanter la prit à la gorge mais elle le ravala, difficilement, comme quand on essaye de ravaler des larmes. Chanter non plus ce n’était plus autorisé. Et puis, elle se souvint qu’elle n’était pas seule, qu’un homme assez gentil pour la laisser essayer sa guitare était devant elle. Il n’y avait pas que des mauvais côtés à la terre, même si elle avait du mal à les voir parfois. Marine releva les yeux vers l’artiste, son regard rendu un peu plus vivant par cette pensée optimiste, et esquissa un sourire, un peu forcé mais un peu sincère aussi.

« C’était mieux non ? Nos oreilles n’ont pas saigné cette fois. »

Tentant d’alléger son humeur sans vraiment être parfaitement convaincante.
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