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 (basil) welcome to my cage, little lover

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welcome to my cage, little lover
basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Kochtchei n’avait jamais autant apprécié d’être chez-lui, seul avec son chat en guise de compagnie. Il les avait enchaînés, ces derniers jours, ces sauts d’humeurs incontrôlés. Tous prenaient leurs origines à la même nuit qui le faisait étouffer, suffoquer, déclenchant en parallèle un phénomène nouveau nommé crise d’angoisse. Alors, il n’avait rien trouvé de mieux pour les contenir que d’aller boire, fumer et frapper pour compenser ce sentiment de perte et rentabilisé ses insomnies. Il espérait que tout ceci n’était qu’un cauchemar, un sale Bad Trip qui n’avait rien de réel. Cela faisait deux semaines qu’il était sorti de cet Enfers. Il ne se souvenait pas de grand-chose. Peut-être parce qu’il n’avait pas envie de se souvenir. Lorsqu’il avait repris conscience ce matin-là, Il était dans un salon. Le même qu’il s’amusait à fouiller les premières nuits avec des vêtements qui n’étaient pas les siens. Un peu trop grands, mais il n’allait pas chipoter. Il était vêtu et il se demandait où était les siens. Le sang, l’odeur, le noir, la douleur, il avait cessé d’y réfléchir quand il avait senti ses sens s’emballer et la peur le tétaniser de nouveau. Il était passé par la fenêtre, il avait couru comme s’il avait le diable aux fesses –et la comparaison n’est pas surestimée- jusqu’à estimer être suffisamment loin pour se mettre à marcher. Il avait fouillé les poches de cette veste qui n’était pas la sienne, remarquant ainsi la petite note à son attention et le rappel de l’accord. Ses doigts avaient froissé la note sous cette colère grimpante, notant néanmoins le numéro sur son téléphone. Pourquoi ? Parce que Kochtcheï était un homme de parole. Il avait failli faire un geste brusque, mais il sentait son cou le tirer. Il s’était arrêté en pleine rue pour contempler son reflet. Plus la moindre trace, hormis cette nouvelle venue en matière de cicatrices en guise de nouveau collier. Légèrement sanguinolente, encore fraiche mais propre et désinfectée. Il était resté un moment, voyant que sur son visage et sur sa peau il n’y avait pas la moindre trace de sang.
Kochtcheï avait souri nerveusement. Oui, ce n’était qu’un mauvais rêve. Il ne serait pas dans cet état sinon. S’il avait réellement vu un monstre.

Alors que faisait-il ? Cloitré chez lui, ne sortant que pour se rendre à un bar et tenter de faire comme si de rien était ? Il s’occupait, il avait horreur de l’ennui et le mal être, le doute, les suspicions demeuraient malgré tout. La table-basse avait ressemblé pendant un moment à un champ de bataille administratif où marqueurs de couleurs, cartes de divinations et photos se mélangeaient. Son ordinateur portable sur une jambe, son chat sur l’autre, il allait se venger à sa manière en accumulant un maximum d’information au sujet de sa cible. Un caprice, après des litres et des litres de vodka et de bourbon enfilés entre deux bangs pour effacer les images sordides et humiliantes. L’idée lui était venue de Youtube, il n’allait pas s’attribuer tout le mérite, mais il allait surtout l’enfermer dans une toute autre cage. Celle de l’incompréhension. Depuis quand n’avait-il pas dormi ? Disons que 72h entre une sieste d’une heure ou deux, ça commence à creuser sur la fatigue. Et en ajoutant à ceci les joints, le mélange café + alcool, ça explique ses yeux rouges et sa pâleur effroyable. Il s’en foutait, il ne voulait voir personne de toute façon.
Il était bientôt prêt, il avait fini ses préparatifs. Il ne pourra pas dire qu’il ne se donne pas du mal pour lui. Il avait fait le plus petit et le plus pratique possible. Il avait effacé les dernières traces de poudre explosive en les rassemblant dans le sachet prévu à cet effet. Ce n’est pas difficile de s’en procurer, il suffisait de réfléchir où chercher. Pourquoi de la poudre noirâtre ? Il verra bien. Il n’avait plus qu’à rassembler les premières pièces dans un colis. Il faisait le tour de son appartement du regard, puis il avait eu une meilleure idée. Kochtcheï s’était levé trop vite, serrant les dents lorsque ses côtes lui rappelèrent qu’il avait fait l’imbécile hier. Taper sur d’autres caïds pour se défouler, ce n’est pas une mauvaise idée, mais ce n’est pas la plus brillante qu’il pouvait avoir. Il avait attrapé une boite à chaussure, déposant le coffre verrouillé avec un cadenas à code à l’intérieur en l’accompagnant d’une première enveloppe et d’une lettre écrite il y a toutes justes cinq minutes. Il avait refermé cette dernière et il l’avait emballé dans un papier cadeaux avec une petite note “A l’intention de Basil Egerton” pour signifier à qui ce paquet devait aller.

Et comme on est jamais mieux servi que par soi-même, il l’avait lui-même apporter au petit-matin à la porte de cette foutue baraque. Il n’avait été qu’un fantôme, ne souhaitant pas s’approcher de la porte plus prêt que la boite aux lettres. Shura avait d’ailleurs eu un haut-le-cœur, plaquant sa main contre son visage en voyant ses images lui revenir. Il faisait de son mieux pour rester droit et marcher. Il refusait de rester ici, il ne souhaite qu’une chose, retourner se clôturer dans son antre avec son chat sur les genoux. C’est ce qu’il avait fait, après avoir trainé la patte pendant les premières minutes. Shura se tenait les côtes avec son pétard coincé entre ses dents. Ce soir, il n’ira pas à l’arène, juré. Il avait fermé la porte derrière lui et il s’était vautré dans son canapé avec son portable à proximité, car il allait en avoir besoin pour assurer le contact avec l’extérieur. Il avait fait craquer une épaule puis la seconde pour se sentir à son aise et ainsi s’étaler dans les bras en cuirs de son meilleur ami. Il avait allumé la PS4 et maintenant, il n’avait plus qu’à attendre en sondant régulièrement son téléphone. Que ça soit ses yeux qui lui donnaient des nouvelles ou bien la victime de son casse-tête, il se tenait prêt à lâcher la manette pour répondre.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière

V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


« Nous avions convenu que tu serais libre de partir en échange de ton silence et à condition que tu me reviennes. Je ne suis pourtant pas suffisamment idiot pour croire en ce dernier point, mais toutefois j’ai tenu parole. »
C’était quelques uns des mots que tu avais abandonné dans un recoin de poche à l’attention de Kochtcheï avant de le libérer de ta présence. Cette nuit plus que toute autre avait laissé un souvenir impérissable, et tu n’étais pourtant pas un homme à ressasser le passé. Sitôt que les événements échappaient au temps présent, qu’ils se renflouaient dans une époque lointaine en amont ou aval, tu t’en désintéressais impitoyablement. C’était ton secret, sans doute, l’un des secrets de ta désinvolture quotidienne et de ton incompréhension du deuil - tu vivais dans l’instant, et tu en tirais toute l’intensité souhaitable, tout pour ne pas laisser une routine s’installer. Tu n’étais pas exempt de planification pourtant, et ta mémoire des détails te ramenait à échéance régulière à des éléments des tréfonds de ton cerveau complexe. Kochtcheï te manquait-il ? A proprement parler, non. Tu lui excusais de t’ignorer et de s’être volatilisé sans laisser de trace, tu t’y étais attendu après tout, quoi de plus normal. Non pas que tu le comprennes - à sa place, tu aurais probablement reparu imperturbable la nuit d’après - mais tu raisonnais assez bien pour savoir que dans l’état où tu l’avais laissé, le commun des mortels aurait fait de toi un traumatisme et un ennemi juré, et surtout une présence à éviter absolument. Alors tu avais renoncé, tu avais tourné la page, sans hésitation, sans colère, sans amertume, sans peine. Tu avais repris le cours de ta vie, tes innombrables activités, comme si de rien n’était. Deux heures après ce viol infâme, tu étais déjà à présenter ton sourire trop innocent et tes expressions trop neutres ou sympathiques à un monde qui ne se doutait de rien. Tu serrais des poignées de mains, touchais des épaules, des bras, des petites têtes d’enfant, tu compatissais au deuil selon toute apparence, avec ces mêmes mains qui plus tôt lacéraient la chair, se teintaient de sueur et de sang et étranglaient son membre. Non seulement tu n’avais pas le moindre remord, mais la question de la culpabilité ne t’avait pas même effleuré l’esprit. Quant à l’Enfer que tu lui avais laissé ? Tu étais à des années lumières de le soupçonner.

Au 10 février, cela fit 33 ans que ton existence échappait à toute compréhension. Difficile d’associer à ton profil de psychopathe criminel quelque chose d’aussi “normal” qu’un anniversaire - et il faut bien avouer que tu te trouvais toujours mieux à faire que de le célébrer. Pour être honnête, c’était en général un jour où tu délaissais tout moyen de communication, au point que beaucoup avaient renoncé à te le souhaiter, d’autant que tu leur témoignais toujours très peu de reconnaissance. Tu t’étais levé avant l’aube, sans doute pour échapper à la bonne humeur crissante de ton cousin, et tu te serais élancé dans ta journée sans considération pour la date - si tant est bien sûr qu’une petite “surprise” n’ait pas été à t’attendre au pied de ta boîte aux lettres. J’ai donné ton opinion sur les anniversaires - ton opinion sur les cadeaux est sensiblement la même, mais les surprises en revanche, tu en raffoles pour peu qu’elles soient bien menées. Il y avait plus d’un détail qui rendait ce petit paquet intrigant. Ce n’était pas un colis réglementaire, cela se voyait au papier cadeau tout autour et à l’absence d’une adresse, tu n’accuserais donc pas la poste de l’avoir déposé là. Mais auquel cas, si la personne était venue te le porter elle-même, pourquoi ne pas te l’avoir remis en mains propres comme il était coutume de le faire ? Tu avais ramassé le paquet, déplorant l'absence de l’adresse de l’expéditeur. Plus attentif, peut-être aurais-tu reconnu la patte manuscrite derrière les lettres de ton nom - dans tous ces petits mots échangés au gré de tes aventures nocturnes, mais comme je le disais tantôt, tu avais renoncé à voir Kochtcheï te revenir. Ce n’était de toute façon qu’une question de temps.
Tu n’étais pas au bout de tes surprises. Ton intérêt d’abord modéré s’était emballé relativement dangereusement dans les minutes suivantes. Sous le papier, une boîte à chaussures, et à l’intérieur de cela un coffre cadenassé. En soi, c’était déjà beaucoup pour te plaire, mais ce fut la lecture de cette lettre qui t’emballa tout à fait - surtout, d’apprendre que Kochtcheï était derrière tout cela. Vous savez à quel point il est dangereux de toucher à une drogue dont on est à peine sevré ? Cette obsession morbide, ravageuse, à laquelle tu avais renoncé consciemment en faisant parler ta raison, remontait en flèche sous l’effet de cette énorme claque, et je manque d’adjectif pour parler de ton excitation. Adieu projets du jour, rien n’importait plus que ce mystérieux coffre qui aurait pu t’exploser dans les mains. Tu le remerciais pour cette petite touche de danger d’ailleurs, même si tu ne risquais rien à proprement parler. En fait, tu le remerciais pour l’ensemble, c’était presque trop beau pour être vrai. Surtout, tu adorais à un point inimaginable l’idée qu’il avait dû penser si longuement à toi pour élaborer tout ce petit mécanisme. Peut-être alors n’étais-tu pas le seul plongé dans l’obsession, lui aussi devait vouloir renouer avec cette pulsion, cette adrénaline, ce fantasme de curiosité et de fascination. Comment ? Comment fallait-il que tu y renonces quand il revenait te chercher de la sorte ? Vous vous entreteniez l’un l’autre, et c’était presque trop secret et trop intime pour ne pas cacher quelque névrose psychologique chez l’un comme chez l’autre. Mais puisque l’invitation était si belle, tu te ferais un plaisir de t’y plonger.

Mais puisqu’il faut passer au vif du sujet, allons-y, puisque nous allons en avoir pour un moment. En découvrant l’identité de ton admirateur secret, tu avais finalement décidé de quitter la pièce de vie où ton cousin aurait pu avoir le malheur de te déranger, et tu étais descendu te poser à la cave, où tant de souvenirs ressurgissaient à présent, ne rendant l’aventure que plus exquise. Six chiffres, c’est ce qu’il te fallait trouver - et trois essais, une marge d’erreur dont tu espérais ne pas avoir besoin. Et pour récupérer quoi ? Le cadeau sans doute, le fameux, et tu n’avais pas une once d’idées de ce dont il pouvait s’agir, ce qui décuplait ton enthousiasme (surtout le fait qu’il espérait que tu échoues d’ailleurs, cela seul prouvait qu’il ne s’agirait de rien de commun et de mal choisi). 4 enveloppes, dispersées dans le monde. L’une d’elle se trouvait dans le paquet - une cinquième, c’est ce que tu supposes, mais ce pourrait tout aussi bien être l’une des quatre, Kochtcheï n’était pas tout à fait clair (et probablement un peu drogué au passage). Ton téléphone, où diable était-il celui-là d’ailleurs ? Oh, tu le chercherais plus tard, probablement dans un recoin de poche. Dans l’immédiat, tu ne voulus pas patienter davantage, et tu t’empressas d’ouvrir cette première enveloppe pour découvrir ce qu’elle contenait. Enfin nous y sommes - et tu es un peu perplexe. Une photographie de serpent, une carte de tarot, et une autre carte portant le chiffre 5. C’était… Certaines personnes trouveraient ceci évident. Mais tu ne raisonnais pas forcément comme tout le monde, alors j’aimerais mieux dire que ce ne le fut pas. En somme, une fois que tu aurais compris son mode opératoire et sa manière de réfléchir, tout serait beaucoup plus simple, mais cette première enveloppe t’occupa un moment indéniablement trop long, qui aurait fait perdre patience à ton ruskov préféré s’il s’était trouvé dans la pièce à ce moment.
L’évidence, la toute première, c’était évidemment qu’il te fallait trouver un lieu - un lieu pour une seconde enveloppe, ou bien toute l’affaire n’avancerait pas d’un iota. Cela dit, tes lectures en terme d’analyse et de critique littéraire t’obligeaient à y chercher d’abord une symbolique, en oubliant que Kochtcheï était un homme résolument pragmatique (et relativement fainéant, mais puisqu’il avait fait tous ces efforts pour pénétrer ta maison et titiller ta curiosité, ce n’était pas forcément le plus logique). Il avait fallu d’abord que tu prennes chaque élément pour lui-même. Le serpent t’évoqua d’abord le tien propre du vivarium de ta chambre, dont tu avais fait l’acquisition presque exclusivement pour le malheur de Kochtcheï le jour où il atteindrait ta chambre. Il te fit aussi penser à ce tatouage que tu n’avais que trop vu, que tu avais tranché et ensanglanté, cette fameuse nuit où tu t’étais approprié son corps. Comment l’oublier ? Comment oublier la vision de tous ces dessins faits d’encre et de sang - tu l’avais encore intacte dans un recoin de ta mémoire, et tu ne t’en déferais jamais. Pour ton coeur de Docteur, c’était aussi le symbole de la connaissance, l’icône de la médecine, qui par la mue de sa peau évoquait la transmutation, l’immortalité, et le passage de la vie à la mort, et inversement. Mais cela ne collait pas au reste, et tu t’étais alors intéressé à la carte de tarot. C’était le Jugement, lequel était le plus souvent imagé par une représentation du jugement dernier. Alors le lien devenait pour toi évident - cette absurdité qu’était la religion, et la Bible avec cela. Le serpent devenait celui de la Genèse, l’incarnation du mal, du diable, de la tentation, ayant mené au péché originel et condamné l’humanité à la mortalité. Quand au jugement dernier, il était à l’exact opposé - cette vingtième arcane se reliait au chapitre 20 de l’Apocalypse, où il est question de résurrection et de vie éternelle. Ce qui, en soit, ramenait tout de même à cette autre évocation du serpent. Et c’est à cause de cette association d’idées si fonctionnelle que tu te retrouvas finalement coincé au cours de ta réflexion.

Mais cela ne menait à rien, alors tu t’es penché sur cette autre piste, celle du tarot, à proprement parler. Car tu possédais en tes mains deux cartes qui servaient à l’art obscur de la divination. Le Jugement, arcane majeure, et le cinq de bâton (de par la couleur rouge, associée à l’élément du feu), qui ensemble devaient bien signifier quelque chose - et pour cela, il fallut une recherche tout de même, car tu ne savais rien sur la question. La rancune, le conflit, la colère, l’ingéniosité et l’adaptation pour se dégager d’une relation néfaste, en somme cela avait du sens, puisque cela devait caractériser assez bien le ressenti de Kochtcheï vis-à-vis de toi. Mais tu commençais à t’échauffer, à t’impatienter, à rager devant ces cartes, simplement car tout le sens et toute la symbolique ne t’indiquaient pas un lieu. Ferait-il l’affront de te faire débarquer à l’église ? Fallait-il que tu prennes le pas de ton cimetière ? La morgue ? Ou bien quoi encore, tout ceci manquait de sens. Non, il fallait que ce soit plus clair. Et tu relus deux, trois fois cette lettre, tu t’es écarté de cette enveloppe pour te rafraîchir les idées dans l’espoir que l’ensemble te soit plus évident, jusqu’à finalement décider de faire les déductions les plus stupides. Peut-être fallait-il que tu cherches un serpent. Peut-être était-ce une sorte de rébus pour deviner une adresse. Peut-être ce chiffre était-il seulement le numéro de la rue qu’il te restait à trouver. Peut-être le jugement n’était-il qu’une piètre provocation pour te désigner la vengeance de Kochtcheï. Peut-être que tout le reste était un formidable hasard sur lequel tu te cognais les dents. En tout cas, ce n’était pas dans cette cave que tu allais avancer à quoi que ce soit, et tu n’allais pas attendre que Kochtcheï te sonne, puisque tu n’avais pas son numéro.
Alors tu fis un tour au cimetière d’abord - déjà, parce qu’il fallait que tu ouvres le portail, espèce d’ingrat - et n’y trouvant rien pendant ton tour de routine (pendant que Mary se cognait dans tes pieds et te déconcentrait, la bougresse), tu pris l’initiative de vérifier tout ce qui pourrait te passer par la tête. Où trouvait-on des serpents ? La question t’est venu lorsque tu t’es installé au volant de ta voiture, ta chienne côté passager couchée sur l’enveloppe ouverte (tu avais cependant rangé le coffre dans la boîte à gant, pour ne pas risquer d’accident, au côté de ton téléphone finalement retrouvé). Dans un vivarium, dans un zoo - dans ta chambre mais Kochtcheï n’y avait pas remis les pieds, tu l’aurais su. Il n’y avait pas de zoo à Bray, il aurait fallu que tu remontes à Dublin, et tu avais de gros doutes sur le fait qu’il veuille te balader si loin. Il restait encore l’animalerie, et tu fis une maigre recherche pour retrouver celle où tu avais fait justement l’acquisition de ta bestiole rampante. Au numéro 5 de sa rue. Un sourire étira tes lèvres - malgré encore une frustration de n’avoir pas tout saisi. C’était au moins une piste à ne pas négliger, et où tu te ferais un plaisir de te rendre immédiatement.

AVENGEDINCHAINS
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basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Shura ne savait pas comment qualifier ce qu’il venait d’entreprendre. Peut-être une réponse claire, peut-être de la provocation. Peut-être que ce n’était finalement qu’un signe, un jeu dans les ombres. Il ne laissait rien transparaître, continuant de saluer son voisin du dessus lorsqu’il passait devant sa porte, la concierge, le propriétaire tout en nourrissant Sans quand cet imbécile de chat se décidait à se manifester lorsqu’il avait besoin de quelque chose. Il faisait de son mieux pour éviter les questions. L’avantage d’envoyer chier tout le voisinage quand il est en forme, c’est que personne n’ose venir toquer à la porte lorsqu’il se mettait à hurler en guise de réveille. Il les étouffait lorsqu’il était réveillé. Mais il ne contrôlait pas encore le sommeil, alors il lâchait automatiquement les rênes. Des hurlements aussi soudains que brefs qui laissaient présager l’état de ses cauchemars dès lors qu’il ose fermer les yeux et de sa blessure. Oh non, je ne parle pas de celle qu’il a en guise de collier. Je parle de celle qu’il a dans l’âme. La plus cruelle et la plus abjecte des meurtrissures. La peau se résorbe au fur et à mesure que les cellules se régénèrent, effaçant ainsi toute ouverture en ne laissant qu’une cicatrice. Par contre celle de l’âme, il n’y a rien pour effacer hormis le temps. Et deux semaines, c’est trop peu. C’est semblable à un disque dur qui accumule, encore et encore, jusqu’à l’explosion. Rien ne supprime ou se contente de cicatriser, et le sien était rempli d’images abjectes dont il ne trouvait rien de mieux pour les contenir que de se griller les neurones avec les psychotropes. Pour que tout ceci ne soit qu’une illusion et alimenter la confusion. Un placebo pour se bercer dans un cocon de tromperie. Sa tromperie allait au-delà de mentir à ses proches et à tous ceux qu’il côtoyait, il se mentait à lui-même. Il clignait tout juste du regard, jetant de temps en temps un coup d’œil sur l’heure.
Cela devenait long, mais il était bien trop fatigué pour éprouver la moindre impatience. Ça et aussi le fait qu’il n’avait pas envie qu’il ouvre ce coffre. Kochtcheï n’était pas si pragmatique qu’il en avait l’air, ce n’était qu’un masque. Les cartes de tarots n’avaient pas été le fruit du hasard, il les avait choisis avec minutie, comme tous les endroits où il allait le promener. Parce qu’il était un fan incontesté de la numérologie et de la tarologie. Or, il avait aussi prévu que son adversaire allait pousser le raisonnement aussi loin que lui avec des indices pareils. Cela n’allait pas être amusant s’il trouvait aussi vite cette série d’énigme, alors autant redoubler voire tripler d’effort. De ce fait, pour corser le jeu entre eux, chaque indice demeurait vague pour laisser libre court à l’interprétation, et ainsi à la perte. Pourquoi lui avait-il laissé trois essais à votre avis ? Il aurait très bien pu être cruel et lui donner une unique et seule chance. Sauf qu’il avait envie de le faire tourner en bourrique. C’est pour ça qu’il l’aimait, non ? Pour sa faculté à réveiller sa rage et sa frustration. Les chiffres, les numéros, et l’aspect calculateur de Kochtcheï, comme ce gamin il y a trente ans capables de tout planifier à l’avance et de se jouer de ses adversaires. Rassurant –ou pas- de voir qu’il n’avait rien perdu malgré les joins enfilés pendant toutes ces années. Combien de chiffre ? Combien de combinaison possible ? Ajouter à ça l’aspect farceur du slave, la folie des psychotropes et son extase pour le danger, on obtient alors une logique folle et démente qui couve souvent une ou deux possibilités fantômes derrière le résultat.

Tout était noté, planifié et il ne supportait pas les retards. Aussi, il avait pris soin d’envoyer un sms en prenant une gorgée de vodka. Il ne voulait pas le presser aux fesses, mais il espérait pouvoir finir avant la tombée de la nuit. S’il calculait tout, alors pourquoi n’avait-il rien prévu cette nuit ? Pourquoi avait-il eu aussi peur ? Parce qu’il avait laissé la curiosité brouiller ses prédictions et il s’était montré particulièrement pris dans le récit comme une fascination hypnotisante. Il lui avait vendu du rêve, il ne lui avait pas dit à haute-voix pour ne pas lui faire plaisir. Il n’avait pas ressentis un tel facteur depuis… Très longtemps. Il jouait, il labourait sa manette. Il se concentrait dans son jeu sans réellement le faire. Ce n’était que pour occuper ses yeux et ses mains afin de rester éveiller pour ne pas replonger dans ce cauchemar. Ce n’était qu’une distraction, tout comme il l’avait été pour lui. Oui, il n’avait aucune estime de lui-même. Kochtcheï était ce paon bouffé par la solitude, persuadé que c’était une monstre et qui refoulait ses émotions pour haïr tout ce qui l’entourait et ainsi éviter d’avoir des brèches. Et il lui en avait montré une immense cette nuit-là. Rage, la rage était grimpante aussi de son côté, dans ses gestes autant que dans son regard rougis. Même Sans avait préféré partir pour rejoindre sa fenêtre. Puis l’éclat, l’éclat de frustration et la manette avait volé dans la pièce. Ce fut par miracle qu’elle n’avait rien cassé dans son sillage. Il n’était pas furieux parce qu’il traînait, mais il était furieux parce qu’il allait perdre. Ça aussi, il le savait. Il avait donné son numéro, s’en suivrait un potentiel chantage et un jeu de manipulation où il allait abdiquer de nouveau. Pourquoi ? Parce qu’il sentait qu’il allait finir par céder à cette curiosité toxique et qu’il allait y retourner pour avoir sa leçon numéro deux.

Kochtcheï s’était relevé du canapé pour rejoindre la fenêtre en quelques pas. Il scrutait cette dernière, et en particulier la rue de son immeuble. La fameuse animalerie, la solution du premier problème. En voyant ce costume si anglais et cette tignasse approchait, il s’était tout de suite retiré du champ de vision de sa fenêtre. Bien sûr, il faudrait qu’il ait une vision d’aigle pour desceller cette silhouette noire au troisième étage parmi des centaines d’autres. Mais là, c’est la paranoïa qui guidait son geste. Le slave regardait l’heure, il était en retard. Il avait parié qu’il trouverait depuis une heure. Avec lui-même qu’il avait fait ce pari, ne serait-ce que pour s’occuper l’esprit. Il était retourné dans son canapé, s’asseyant dessus en roulant son prochain joint pendant que l’autre allait chercher sa prochaine enveloppe. Elle était posée à l’intérieur, dans le vivarium d’un serpent en vente à prix très élevé. Il semblait endormit, la tête posée sur les morceaux de papiers. Il y avait deux enveloppes cette fois-ci. L’une marquée de bleu en référence à la couleur de la première enveloppe pour son résultat, et l’autre marquée de vert pour le prochain lieu à trouver (dont la couleur n'était pas hasardeuse) et l'endroit où est caché le chiffre suivant. Et parmi tout ça, il n’y avait certainement personne pour aller les lui chercher. Docteur allait devoir le faire de lui-même et trouver un arrangement avec les vendeurs chargés de l’entretien des cages, des aquariums et des vivariums.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Tu t’étais rendu à Dragon Alley, Mary se trémoussant sur le siège passager d’une voiture sans doute trop chère pour le milieu social de la plupart des résidents, et tu t’étais arrêté finalement à la porte de cette fameuse animalerie. Si tu t’étais douté que ta petite obsession logeait de l’autre côté de la rue ? Bien évidemment que non, tu aurais trouvé particulièrement absurde que Kochtcheï veuille t’approcher à ce point de chez lui, alors qu’il faisait tant d’effort pour ne pas croiser à nouveau ton chemin. A moins que ce ne soit qu’une façade bien sûr, et qu’il se languisse sincèrement de te revoir, à vrai dire il t’étonnait tant et tant que tu ne pouvais plus supposer grand chose. « Reste là. » Tu l’avais soufflé à ta chienne en sortant de la voiture, tu la savais agitée de nature et il était hors de question de la faire entrer dans une animalerie où toutes sortes de bestioles couinaient dans tous les sens - elle se serait mise à aboyer et les choses auraient tourné au désastre. Tu n’avais pas tardé plus longtemps, pénétrant la boutique - tu étais passé avec une parfaite indifférence devant les rongeurs, les poissons et les perruches, même les chiens et les chats n’attiraient plus ton oeil. Non, tes pas t’avaient guidé directement devant les vivariums, tu n’étais pas à l’abri de t’être trompé dans ta supposition et tu n’avais pas de temps à perdre.
Tu n’as pas tardé à avoir confirmation pourtant, ta déduction bancale s’était finalement avérée juste. L’enveloppe était là - les deux enveloppes d’ailleurs, mais de l’autre côté de la vitre, sous un serpent visiblement plongé dans le sommeil, comme tous les serpents la plupart de leur temps. Tu soupires, était-ce un genre d’épreuve de courage, ou juste une intention de te ralentir un maximum, pour le seul plaisir de te frustrer quelques minutes de plus ? Tu te penches sur la vitre, tu dévisages la bête. « Il savait pourtant que je n’aurais pas peur de toi. » Tu murmures à son intention, parce qu’évidemment, tu ne parles pas qu’aux morts, les animaux apparemment n’y échappent pas non plus. « ...Il avait décidément du temps à perdre. » Tu te redresses, tu cherches du regard un vendeur - tu ne tardes pas à en repérer un et à le héler à distance. Au prix de l’animal, et à ta dégaine d’homme fortuné et de collectionneur du dimanche, peut-être crut-il à une opportunité de conclure une belle affaire. Un argument en ta faveur alors, tu laisses volontiers planer le doute sur ta perspective d’achat dans l’espoir de le faire obtempérer plus vite. Il dort, te dit-il, il ne veut pas s’en charger tout de suite et te demande plutôt si tu t’es déjà occupé de serpents, dans l’espoir de pouvoir ajouter à ton panier une quantité astronomique de choses inutiles. Mais tu trouves le moyen de lui couper l’herbe sous le pied et de lui répondre oui, et tu insistes pour récupérer ton dû. Mais quand on glisse quelques bons arguments de vente et que l’on fait miroiter une stupidité factice et un porte-monnaie plein, on s’en tire sans trop de mal, dans ce genre de magasin. Quoi de plus simple que de subtiliser les enveloppes alors - pourtant, de quel droit tu t’en emparerais, dis-moi ? Allons bon, comment expliquer que Kochtcheï et toi étiez de grands enfants pris dans une chasse aux trésors, et que ces enveloppes n’étaient ni plus ni moins que ton cadeau d’anniversaire.

En fin de compte, tu as perdu patience. Tant et si bien que tu t’es laissé aller à faire ingérer à ton bon monsieur un peu de poudre de fée, assorti d’une question candide - mais quelles enveloppes ? Tu étais déjà en train de les ouvrir et de les lire avec attention, sous le regard mi perdu, mi médusé de l’homme qui tenait encore distraitement le serpent dans ses mains. Le pauvre, il clignait des yeux dans la plus parfaite incompréhension. « Nagini, hm... » Tu relèves les yeux vers le serpent, en t’irritant un brin - « Allons, faites-y mieux attention! » et tu reprends ta lecture, laissant le type planté là, avec ses flashs de serpent collés dans ses mirettes. Deux cartes, la première porte un 5, la seconde deux caractères - °6. Tu supposes tout de suite que le 5 doit être le sixième chiffre de la combinaison de ton coffre, mais il reste encore à étayer cette estimation d’une preuve supplémentaire, en récupérant ta prochaine enveloppe. Quoi de plus simple, puisqu’il te donne tous les indices pour y arriver. Une carte de tarot encore, le fou - décidément, il te choisit les plus joyeuses. A l’arrière, tu déchiffres avec un peu de peine ce qu’il y a griffonné. Feuilles. 80p. N-O. A l’évidence, cette fois encore, le choix de la carte de tarot ne doit pas être pris en compte - rien ne lie le fou avec ses indications, a priori. Prends ta pelle… Au moins, pour cela, tu n’as pas à réfléchir. Tu auras tout le temps de faire tes déductions sur le trajet pour retourner la chercher. Mais pas tout de suite, tu as une dernière chose à faire avant de quitter l’animalerie. Tu te retournes vers ton compagnon un peu perturbé, sourire aux lèvres. Il ne peut pas se l’acheter mais il s’y est attaché. Comme c’est dommage. « Je vais régler par chèque. »

Quelques minutes plus tard, tu es de retour dans ta caisse, et Mary boude suspicieusement toutes ces odeurs que portent ton costume. Ce n’est qu’en faisant brièvement le point sur tes affaires que tu remarques le SMS de Kochtcheï sur ton portable. Il s’impatiente, en fin de compte on dirait que ce petit jeu l’agace plus que toi. Tu t’empresses d’y répondre, puis tu coinces la carte de tarot la plus récente dans un pli de ton tableau de bord, et tu repars sans tarder en direction de West End. Feuilles… Tu avais d’abord cru lire le mot “fouilles”, ce qui faisait sens avec ces histoires de pelle. Tout naturellement, tu avais supposé que la suite signifiait : 80 pas, nord-ouest - une direction et une distance, bref un emplacement où creuser. Mais tu n’étais peut-être pas en tort. Si tel était le cas, que pouvait bien désigner le mot feuilles ? Des feuilles d’arbre ? Une forêt ? Si tel était le cas, l’association d’idée était un peu discutable, mais à bien y réfléchir, tu ne voyais pas d’autre évidence. Il n’était pas question de chercher à nouveau trop loin. Sans quoi, je dois l’admettre, tu te serais mis à chercher la 80ème page du registre de l’asile le plus proche, en commençant par les noms dont la première lettre se situait entre N et O. Et, potentiellement, en retrouver un qu’il te faudrait déterrer, puisque lorsque tu pensais à creuser, c’était d’abord les tombes qui te venaient en tête. Mais puisque ta première recherche t’avait appris à négliger la carte de tarot et à ne pas chercher si complexe, tu voulus d’abord en rester à cette première déduction simpliste, quitte à réfléchir à nouveau lorsque tu aurais échoué.
Tu étais donc retourné à West End, faisant une pause par le cimetière pour récupérer ta pelle fétiche et la poser à l’arrière. De là, tu t’étais interrogé du point de départ qu’il te faudrait choisir - et l’évidence, encore une fois, était de partir de là où tout avait commencé. Tu avais donc conduit sur la brève distance qui te séparait de ton domicile, et c’était surtout par fénéantise puisque tu la faisais quotidiennement à pied, puis tu étais retourné sur tes pas, embarquant cette fois avec toi ta chienne et ton téléphone, dont tu ôtas au plus vite le silencieux pour ne pas risquer de manquer une réponse de Kochtcheï. Pelle en main, tu avais contourné la maison et tu avais filé droit, par le chemin le plus court, jusqu’à atteindre la lisière de la forêt. De là, il avait fallu que tu trouves le Nord-Ouest, ce qui ne fut pas si difficile entre ton téléphone, l’heure et la position du soleil. Tu n’étais pas baroudeur, loin de là - mais tu avais toujours eu cet amour de la science, alors réfléchir à la trajectoire de la Terre autour de cette grosse étoile familière n’était pas ce qu’il y avait de plus complexe. Et de là, tu avais compté approximativement 80 mètres dans cette direction. Enfin, 80 pas, en réfléchissant au fait que tes jambes étaient tout de même plus grandes que celles de ton partenaire - donc 80 mètres, ce devait être un peu plus exact. Et tu as balayé le sol du regard, espérant surtout ne pas faire fausse route, même si tu t’en doutais, tu n’échapperais pas à une autre moquerie.

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basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
La concentration n’était plus sur ce jeu d’assassin, elle était ailleurs. Il était distrait Shura. Tourmenté dans sa paranoïa et pourtant, la curiosité et l’envie de savoir. Sa main avait glissé jusqu’à son cou de nouveau pour masser cette nouvelle cicatrice qui le démangeait. Il était nerveux, et il n’avait rien trouvé de mieux pour s’assurer que la plaie béante ne soit que des mauvais souvenirs et non pas une réalité. Tout allait bien, il n’y avait pas à s’en faire. Cette même main qui l’avait rassuré était venue glisser sur les yeux pour masser sa tête. La fatigue commençait à pointer le bout de son nez, mais il n’avait pas envie de dormir. Pas si c’était pour replonger dans ce cauchemar bien trop réel et se réveiller deux heures après dans un sursaut. Lui qui a une habitude de sommeil tournant autour de quinze heure par nuit, autant dire que cela commençait à se ressentir sur son calme et à le rendre impulsif. Il attendait une réponse à son SMS, se doutant pertinemment qu’il allait en avoir une. Pourquoi ? Parce que n’avoir donné aucun signe de vie pendant deux semaines et apparaître soudainement, c’est plutôt tentant. Et quand bien même il ne répondrait pas, Kochtcheï ne se gênerait pas pour le harceler de message avec des moqueries douteuses jusqu’à ce qu’il finisse par craquer. Ils nourriraient un petit plaisir personnel, certainement, mais bon. Il s’était fait une raison, il ne pourra pas disparaitre plus d’un mois parce qu’il avait conclu un marché et il était bien trop porté sur le code d’honneur pour annuler un contrat. Même quand la close s’avérait être le viol de son être. Honneur de merde, il en n’avait aucun oui. Son téléphone avait fini par sonner durant un état comateux et il avait retiré ce bouquin sur sa tête pour voir l’écran de son portable. Il avait pris son temps pour répondre, le slave s’était presque endormit. Prenant une grande respiration, il n’était ni en colère, ni blasé ou souriant. Il était totalement indifférent au premier message, et l’on pourrait pousser presque le vice en supposant qu’il le remerciait d’avoir fait sonner son téléphone avant de sombrer dans le sommeil. Comment allait-il ? C’était de la moquerie pure, un retour de plaisanterie. Il ne voulait pas répondre à sa question, il avait déjà la réponse et à la place, il s’était rassit sur le canapé pour prendre son marqueur et barré le numéro “1” entouré d’un cercle sur le plan de la ville. Son portable avait de nouveau sonné et il avait levé les yeux au ciel pour mieux les redescendre sur l’écran.
Ok, le deuxième message était bizarre et cette fois, il ne pouvait pas s’empêcher d’afficher une moue à la fois interloqué et fatigué. Petit galopin enjôleur,  Kochtcheï avait poussé un soupir frustré. Un petit “tss” pour évacuer le taux de colère comme une cocotte-minute sur le point d’imploser. Encore une fois, il ne lui avait pas répondu tout de suite. Il avait préféré jeté son téléphone sur le canapé et regarder l’heure. Si tout se passe bien –et s’il ne part pas dans une logique abracadabrantesque-, il devrait être dans la forêt d’ici une bonne demi-heure. Parfait, cela lui laissait encore un peu de temps avant de bouger. Il avait repris son jeu après être aller ramasser la manette pour passer le niveau suivant. Sauf que, il ne pourra pas ignorer ses messages éternellement…

Venons-en à cette fameuse forêt. Celle qui accueillait le prochain niveau de cette petite partie de chasse au trésor. La veille, le slave était venu enterrer quelque chose. Les fameuses enveloppes. Une marquée de vert et l’autre de rouge. Pour ne pas qu’elles s’abiment au cas où la pluie viendrait se mêler à cette histoire, il les avait mis dans un coffre et il avait pris soin de compter les pas depuis la lisière. Ce qu’il n’a pas notifié dans son mot conduisant ici, c’est qu’il avait été pris d’une crise d’angoisse. Seul, dans le noir, au beau milieu de la forêt avec des chasseurs qui rodent et un traumatisme très frais, tout était réuni et il se pourrait qu’il soit pris d’un petit craquage. Qu’il ait laissé la bête prendre le dessus et s’échapper en laissant derrière lui les lambeaux d’un pantalon qui n’était pas à lui. Aussi, il ne fallait pas s’étonner des lambeaux cachaient à la dernière minute à coup de sabot, à ses empruntes ovales et coupés, mais plutôt se concentrer sur la terre. La terre, s’il l’avait creusé et retourné pour dissimuler ces chiffres, serait visible à l’œil nue au bout de quatre-vingt pas environ. Il n’y aura plus de végétation, juste quelque caillasse entremêlé dans la poussière meuble et grumeleuse. La seule difficultée, et non pas des moindres, c’était de retrouver ce petit mètre carré dans une forêt en friche. Les minutes s’écoulent pendant ce temps dans son appartement, et Kochtcheï fini par craquer. « Très bien, allons voir ce “cadeau” » disait-il plus à lui-même qu’à Sans qui, on ne va pas se mentir, n’en avait strictement rien à foutre. Le cadeau ne lui était pas adressé, alors il n’en avait que faire. Le noiraud était venu s’approcher de nouveau de la fenêtre pour vérifier que toutes traces du fossoyeur avait disparu. Une fois ce constat fait par ses propres yeux, il avait pris la bouille de son chat pour lui faire un bisou entre ses deux oreilles pointues. « Je reviens, continues de faire le guet ».

Veste enfilée, papiers et téléphones pris, il n’avait eu besoin que de descendre les escaliers et traverser la rue pour rejoindre cette même animalerie. Il avait sorti de nouveau son portable pour vérifier comment il devait se présenter. Shura devait faire de son mieux pour faire abstraction de ce surnom plus ou moins flatteur et il était allé directement à la caisse pour réclamer au vendeur ce cadeau. Une hypothèse avait fleuri dans son esprit, et il espérait sincèrement qu’elle soit fausse. Parce que sinon, il ne saura pas trancher entre reconnaissance et frustration. « Euh, Salut, y a … Un type en costume cintrer qu’a du laissé un truc pour moi ici. Le… ». Ce n’est pas évident quand on voit double, trop de choses à penser et un état comateux pour faire une réclamation claire. Il avait ressortis son portable de nouveau pour prononcer exactement comment il devait se présenter. « Le petit galopin enjôleur, c’est moi… ». N’importe qui aurait pouffé de rire, lui-aussi si la blague ne venait pas de cet ordure. En entendant le vendeur pouffé de rire, Kochtcheï se retenait de lui décocher une droite et il avait plutôt répondu au tac-au-tac de manière distinct et un brin trop tranchant. « Fermes-là et files-moi ce qu’il veut me donner ! » Un grognement suffisamment clair tandis qu’il était allé chercher … le serpent. Le putain de serpent. Le russe avait manqué de s’étouffer avec sa propre salive quand il avait vu l’objet du fameux cadeau et il en restait sans voix. Mais, où est-ce qu’il allait la mettre ?! Puis Sans n’allait sûrement pas être ravis d’avoir un serpent en guise de compagnon. Enfin “une”.  D’autant plus qu’il n’avait pas de terrarium pour accueillir un tel animal. Il pourrait refuser, faire demi-tour et rembourser le magasin pour cette mauvaise blague. Sauf que Nagini sifflait derrière sa vitre, c’est comme si elle l’implorait qu’il la ramène. C’est cruel, c’est affreusement cruel. Kochtcheï passait ses mains nerveusement dans ses cheveux, pris au dépourvu tandis que le vendeur attendait là comme un con pour la deuxième fois en plus qu’il donne un verdict. « Ok-ok, je vais le prendre, mais j’vous prendre son terrarium avec et vous ferez l’installation. Vous me livrez tout ça disons dans trois jours, le temps que j’lui fasse une place ». Il avait craqué. Forcé de constater qu’il avait été pris par les sentiments. Dans un soupir las et agacé, le slave avait fini par lui envoyé un sms afin de lui faire part d’une réponse, mais aussi lui demandait où il en était. Ce n’est pas tout ça, mais il avait perdu du temps et ses deux autres enveloppes dans la poche interne de sa veste n’allait pas se déposer toutes seules.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Tu venais seulement de passer la lisière, pelle en main, portable en poche, Mary sempiternellement sur les talons. Une silhouette peu rassurante en somme, qui se fondait dans l’ombre striée des résineux. Tu sais ce que l’on dit des fées et de la nature, la forêt était un peu ton domaine par essence - pourtant, comme il existe des rats des villes et des rats des champs, tu étais davantage habitué aux parcs et aux rues goudronnées qu’aux sentiers forestiers, qui te laissaient vraisemblablement plus indifférent. Ton sens de l’orientation n’était pas mauvais, mais tu apportais une attention toute particulière à tes pas, ne te pressant pas le moins du monde afin de ne pas risquer de dévier ta route. Chemin faisant, tu avais répondu une première fois à Kochtcheï, qui venait finalement de découvrir quelle petite surprise tu lui avais laissée. Essayais-tu de l’acheter ? Oui et non - tu n’avais pas pour habitude d’acheter tes relations, mais quelque part, tu étais tout à fait conscient que c’était une manière de l’inciter à ne pas couper les ponts et à te considérer un peu différemment. Tu n’étais pas qu’un monstre après tout, et tu n’étais pas proche de ton argent - faire plaisir ne te coûtait pas vraiment d’effort, et tu le faisais presque par défaut. C’est que tu l’estimais, après tout, cet homme. S’il ne te haïssait pas du plus profond de tes tripes, et si tu n’avais pas passé votre dernière entrevue à le menacer de mort, à lui trancher la gorge et à le violer sans considération, on aurait presque pu prétendre à votre amitié.

Il fallut que tu ajustes ta trajectoire une ou deux fois, le bougre n’avait pas suivi de chemin et les arbres déviaient quelques fois ta trajectoire - mais dans l’ensemble, tu fus malgré tout chanceux. Bien sûr, tu passais ta vie à retourner la terre, ce n’était pas non plus absurde de supposer que tu l’avais remarqué au premier coup d’oeil, mais dans ce décor champêtre tu aurais pu le manquer, d’autant que la direction qu’il t’avait donné n’était pas des plus précises. Mais il t’avait abandonné sur le chemin un… petit quelque chose qui attira ton oeil et contribua fortement à t’orienter avec davantage de justesse. Un vêtement. Oh, bien sûr, ce n’était pas rare de trouver des objets abandonnés ou perdus dans un bois, un gilet ou ce genre de chose, une canette de bière, une montre, un préservatif - tu serais probablement passé outre si il n’avait pas été aussi remarquablement déchiré et entouré d’un véritable bordel de terre retourné et de piétinement. Si bien qu’en fait, tu crus d’abord qu’il s’agissait de l’emplacement à creuser, mais en t’approchant, tu fus intrigué bien davantage que cela. Parce qu’il y avait là des traces de chevaux qui succédaient à des traces de pas - Mary et sa curiosité ridicule s’y était élancée en amont en t’ignorant tout à fait, comme cette fois lointaine, cette femme aux pieds nus que tu avais rencontrée une fois, tu te souviens ? Tu as alors réalisé que le tissu noir était celui d’un pantalon, et d’une fabrique qui à l’évidence ne sortait pas d’un supermarché. Parce qu’il faut bien l’admettre, Basil, tous tes vêtements sont hors de prix ou presque. Oui, tes vêtements, parce que cela faisait beaucoup de coïncidences, tu vois ? Kochtcheï était passé par là, et tu retrouvais un pantalon à l’identique de celui que tu lui avais fait porter deux semaines plus tôt. Tu le sais pertinemment, c’est toi qui l’a enfilé à son corps inconscient. Déchiré ! Avec des traces de lutte qui faisaient très largement penser à une métamorphose.
Tu as aussitôt saisi ton téléphone, mais tu ne réalisais pas encore tout à fait - il fallait que tu lui dises quelque chose, que tu lui dises… Ah, mais que lui dire ? ...Étonnant... Autant de suspension, car tu n’avais pas fini de penser. Est-ce que tu faisais erreur ? Est-ce que c’était un grossier hasard ? Une coïncidence ? Tu recommences à taper. Tu ne prends pas très soin de mes affaires. Non, tu effaces. Je crois que j’ai retrouvé quelque chose qui m’appartient. Tu effaces. qui t’appartiens. Tu effaces encore. Tu n’aurais pas quelque chose à me dire ? Tu effaces encore, bon sang, pourquoi tu ne trouves pas tes mots. Mais tout fait sens à présent, bien sûr, il n’avait pas été choqué outre mesure de découvrir ta nature, ta poudre, tes pouvoirs de guérison. Comment avais-tu pu passer à côté de cette évidence ? Mais quel idiot ! Non, pas de conclusion hâtive, il faudrait que tu vérifies d’abord. Tu lui envoyas finalement ce troisième message, une fois que tu parvins à faire un peu le clair dans ton esprit, et tu ramassas ton pantalon, qui était bien évidemment à ta taille - du sur-mesure un peu trop court, un peu trop serré, comme à ton habitude, mais humide, sale et déchiré. Oh, tu n’avais plus rien à en tirer, il ne restait qu’à le jeter. Tant pis, tu en avais d’autres. Mais tu te félicitais au moins d’apprendre qu’il n’avait pas rechigné à porter tes vêtements. Ce n’était généralement pas ce qu’une victime ferait des vêtements de son agresseur sexuel. Mais enfin, la relation entre vous ne saurait se résumer à une caractéristique aussi simplette - il y avait de l’admiration aussi quelque part par là. Oh, et puis, pourquoi chercher à la définir, de toute façon. Tout ce que l’on pouvait en dire, c’est qu’elle était malsaine, et qu’un psy chacun ne vous aurait pas fait de mal.

Tu finis par trouver l’emplacement, ce ne fut pas extrêmement compliqué puisqu’il était dans les parages, mais te fit malgré tout tourner en bourrique un petit moment - d’autant que tu ne pouvais t’empêcher de penser encore et encore à ce que tu venais de voir, et de retourner cette idée dans tous les sens. En fait, ta chasse au trésor venait de prendre une toute autre dimension. Il y avait ce que Kochtcheï voulait te faire trouver, tout en faisant quelques beaux efforts pour te mettre des bâtons dans les roues - et, à l’évidence, ce que tu trouvais mais qu’il n’avait pas prévu de te montrer. A moins qu’il ne l’ait voulu ? Voulait-il te laisser cet indice pour que tu le débusques ? Était-ce pour l’odeur d’équidé qu’il t’avait invité à suivre le flair de Mary ? Quand au fait qu’il t’ait suivi des yeux tantôt… Tu as regardé autour de toi sans rien distinguer nulle part. S’il t’avait suivi à l’animalerie, il aurait pu te suivre en forêt aussi. Ou bien… ? Tu avais pris une teinte plus grave, tu avais tiré ton carnet de la poche de ta veste et tu t’étais mis à y griffonner un peu tout ça, pour pouvoir te les sortir momentanément de la tête. Puis, tu avais creusé. Mécaniquement et sans difficulté, il faut dire que c’était ton métier depuis déjà un bon moment. Et tu dénichas un coffre - un autre, décidément il devait aimer ça, ce petit côté pirate. Il faudra que tu trouves un moyen de l’embêter avec cela aussi. Tu l’ouvres et en tire les deux enveloppes, prêtant réellement attention au code couleur pour la première fois, ce qui te permet d’ouvrir la conclusion de la précédente en premier. 2, °4 - ta supposition se confirme, un 2 doit se situer en quatrième position dans le code que tu as à trouver. Deux chiffres sur six, tu es encore loin, mais les trois derniers doivent te parvenir par SMS, donc tes déambulations approchent de leur fin.
Tu profites de l’occasion pour lui envoyer un message supplémentaire, afin de l’informer de ton avancée - tu lui glisses une taquinerie, et un semblant de sous-entendu mais tu te gardes de l’appuyer. Puis tu ouvres l’enveloppe orange, une carte de tarot à nouveau - l’étoile portant le nombre 13, ainsi qu’une photographie d’un planétarium. Et bien, il semble que l’invitation est claire ? Tu y penses à peine, tu vérifieras l’adresse en rejoignant ta voiture. Mais le chemin jusqu’à la lisière au moins, tu peux le passer plongé dans tes pensées, oubliant presque ta chienne qui tire pourtant dans sa gueule des restes de pantalon. Elle trébuche par dessus avec ses pattes, tu mets un moment à le remarquer, à la gronder pour qu’elle le lâche - tu avais un peu compté sur la promenade pour la fatiguer, mais c’est une drôle de pile électrique. Tu presses le pas, jusqu’à rejoindre West End, ta rue et ta voiture. Cette fois-ci, Mary ne vient pas, hors de question de la faire entrer dans un planétarium. Tu lui ouvres la porte d’entrée et tu la fais rentrer chez toi, tu laisses également ta pelle juste en dessous du porte-manteau. Mais tu ne t’attardes pas ni ne prends le temps d’un verre d’eau, te voilà de retour au volant, et tu tires ton téléphone pour chercher l’adresse du planétarium, au numéro 13, bien évidemment. Tu vérifies si tu n’as pas de réponse de Kochtcheï, mais tu lui répondras en arrivant - tu vérifies l’heure et la date également, ce serait dommage que ce ne soit pas ouvert.

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Qu’allait-il faire de ce serpent ? Il n’en avait aucune idée. Shura ronchonnait, machouillait nerveusement ce mégot de cigarette qui n’était là que comme placebo. Il ne pensait même pas à l’allumer, seul sa présence entre ses lèvres lui suffisait. Il ignorait le vendeur, bien trop concentré sur le serpent. Une attraction dérangeante, une forme de fascination surréelle. Nagini lui apportait ceci : un lot de frisson et d’attraction. Cette peur plaisante, celle qui pousse l’adrénaline et qui appelle à une nouvelle pour combler la monotonie et le retour d’un manque. Celle qui l’encourageait à ne pas détacher son regard verdoyant du reptile par crainte d’un soudain réveil ou qu’il se volatilise. Kochtcheï avait dit oui, Kochtcheï avait donné son accord mais à quel prix ? Son honnêteté le poussait à remercier cet être, qu’il ne qualifierait même pas comme étant humain de par ses passions, avec un goût amer. Un goût identique à la défaite, à l’impression d’être sale et désabusé une nouvelle fois. Ses yeux se fermaient, et seul un soupir d’agacement avait traversé ses lèvres pour ponctuer une contrariété montante. Il n’allait pas perdre à ce petit jeu visant à tester la patience de l’autre, ce n’était rien qu’un cadeau. Une attention empoisonnée dont il essayait de comprendre le but, car ce n’est clairement pas ainsi que l’Egerton allait l'amadouer. Il a détesté lui envoyer un merci. Il a détesté ressentir cette reconnaissance forcée, cette politesse toxique qui le ferait presque vaciller. Il a haïs sa réponse autant qu’il a ris de manière jaune. Comme s’il comptait recommencer. Comme s’il comptait lui dire merci de vive-voix pour lui apporter une certaine satisfaction. Comme s’il allait lui laisser l’occasion de le trouver. Cela serait comme passer l’éponge, entrer dans son jeu, et c’était tout bonnement hors de questions. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas eu suffisamment de secondes, de minutes et d’heures pour soigner sa blessure. Cette plaie béante et encore saignante dans son âme qui nourrissait palpitation et hyperventilation quand les souvenirs refaisaient surface. Quand il revoit ses images, son sang, le froid, le chaud, et que ces pensées lui lacèrent son esprit. Il essaye de les oublier, mais il encourageait leur retour, notamment avec ce petit jeu pour signaler qu’il était toujours là. Toujours vivant, toujours agaçant, toujours provocateur. Il fallait voir une forme de revanche. Perdant ou gagnant de cette nuit, il n’avait pas encore tranché la question. Il marchait, il courait, il respirait, il n’était pas mort. C’est en soit une énorme victoire, non ?
Il sentait son coeur s’accélérer, sa respiration l’étouffer et un malaise qui pointait le bout de son nez. Il avait posé une main sur son coeur, ne cherchant même pas une explication. Il savait parfaitement ce qui lui arrivait. Sans un mot, il avait quitté l’animalerie, réitérant “Trois jours !” pour rappeler au vendeur qu’il ne l’avait pas oublié durant sa petite absence. Puis il était retourné chez lui, défonçant la porte en s’écroulant dessus. Il avait cherché la serrure, ses fichues mains tremblantes n’arrivaient pas à fourrer la clé dans le trou, et une fois que la porte de son cocon s’est ouverte, il s’est rué à l’intérieur pour mieux se vautrer dans le canapé et attendre. Attendre que ce mal passe, attendre que son calme revienne aussi illusoire soit-il. Il avait eu un mal de chien à s’autoriser jeter un regard sur son portable, mais il avait fini par le faire. ...Etonnant…, quoi donc ? Il n’avait pas l’air de se souvenir ce qu’il avait laissé derrière lui. Peut-être la panique, peut-être la précipitation sur le moment, peut-être l’état, mais ça allait finir par lui revenir. Il le surprenait ? Rassurant et un poil plaisant. Il aurait été désolé pour lui s’il s’était ennuyé. Ou peut-être pas. Cela lui aurait fait du bien, une sorte de satisfaction personnelle. Mais elle n’apparaissait pas sur son visage parce qu’il avait prévu pire. Bien pire que le promener à droite et à gauche. Ce n’était qu’un début en douceur, comme cette nuit-là.

Les enveloppes avaient été trouvées et, franchement, le dernier lieu était cadeau. Une tout autre version de Kochtcheï. Du moins, un petit bout immergé de l’iceberg qu’il était. Chacuns à ses passions et contrairement à toutes attentes, la sienne ne se résumait pas aux psychotropes et au jardinage. Elle était plus douce, plus visionnaire, propre à son esprit libertin et utopiste : les étoiles. La science-fiction, l’envie de connaître le futur pour mieux s’y préparer, voir au-delà des terres qu’il avait déjà foulé. La Terre est ronde, le tour est rapidement fait. Quatre-vingt jours selon Jules Verne si on est plutôt du genre pressé. Alors que l’univers, ses limites étaient inconnues. Il y avait toujours de nouvelles choses à découvrir, de nouvelles planètes à trouver et de nouvelles étoiles à naître. Ophiuchus, le doux surnom que lui avait donné sa fille. La treizième constellation, celle dans l’ombre des autres, la plus vieille et pourtant, la plus ignorée. Trop grande pour figurer dans la carte du ciel, et pourtant fascinante. Le serpent, on en revenait à cet animal. Le tentateur, le guérisseur et seulement arrivé à là, son choix dans les cartes de tarots ne visaient pas spécialement Docteur; il le visait lui aussi. Ce n’était pas Kochtcheï le mafieux qui avait donné ce dernier lieu, c’était Shura le libre penseur. Une forme d’honnêteté et de douces intentions disséminées dans cette dernière étape de son parcours. Le planétarium était petit, ridicule comparé au ciel, mais peut-être qu’un jour, il lui rendra la pareille. Peut-être qu’il acceptera de lui parler de son univers, de ses étoiles avec autant de passion et d’ardeur qu’il l’avait fait pour lui parler des morts. Comme un juste retour des choses. Kochtcheï était pragmatique, Shura non. C’est ainsi qu’on réalise qu’il ne fait que mettre un masque pour sortir, tout comme son docteur finalement. Shura s’apaisait, au fur et à mesure qu’il oubliait son challenger pour se concentrer sur là où il allait. Revoir les étoiles, puis son étoile le fit sourire brièvement. Les battements de son coeur repris un cours normal et il était de nouveau calme, prêt à repartir pour déposer les deux dernières enveloppes dans la maison du diable.

Le planétarium était ouvert, mais plus pour longtemps. C’était la dernière séance, et il commençait déjà à se vider des visiteurs en attendant les observations de nuit. Pas d’indice cette fois-ci, pas de parcours, il fallait juste s’asseoir, regarder et attendre. Prendre le temps. Il était tout à fait conscient que depuis le début, il nourrissait son impatience. Mais là était le test justement. Il voulait titiller sa patience, peut-être nourrir sa curiosité -bien qu’il l’avait déjà suffisamment nourri avec le petit incident dans la forêt. Mais soit, il n’en a jamais assez de toute manière et ce n’est pas comme s’il l’avait oublié. Sauf que le frustré d’avantage face à une étape qui n’avait pas d’énigme, ça lui plaisait. Pendant que Egerton visité ce nouveau lieu, Kochtcheï était de nouveau sortit. Le pas pressé en direction de West End, il regardait en chemin s’il n’avait rien oublié. Notamment marquer les morceaux de papier des différentes couleurs car elles prendront leurs importances plus tards. Tout était en ordre et le voici devant cette maison. Il entendait la chienne, grimaçait brièvement avec un petit han nan glissé. Mais bon, il aurait dû s’en douter. Les animaux ne sont pas autorisés dans les musées et le planétarium ne fait pas exception. Tout comme à sa première visite, il était passé par la fenêtre de la cuisine pour filer au salon. Il vérifiait préalablement s’il y avait quelqu’un et où était la chienne pour ne pas tomber dessus, puis il avait déposé une première enveloppe orange dans le salon avant de retourner dans la cuisine. Sur le chemin de la sortie, il avait caché quelque part une autre enveloppe, mais on va la garder pour plus tard.  Tout était en place, il n’avait plus qu’à sortir et envoyer le reste par sms. D’ailleurs, en parlant de sms, il avait enfin daigné à lui répondre. En ignorant bien sûr ses messages. En faites, il était allé à l’essentiel. Il regardait sa montre tout en remontant vers Dragon Alley. Cinq minutes avant la fermeture, son coursier ne devrait plus tarder alors. Hormis s’il a trop bu, ce qui n’est pas impossible.

A seulement deux minutes de la fermeture, un jeune homme bien habillé en costard cravate était arrivé. Sa dernière séance avait entraîné son retard car l’accusé tardait à déclarer ses aveux. En lui tirant un peu les vers du nez, Rory avait réussi à obtenir ce qu’il voulait. Sauf ! La ponctualité. Il soupirait, agaçait par lui-même tandis qu’il s’était glissé à l’intérieur malgré le refus des animateurs qui n’ont qu’une hâte : mettre fin à leur journée. “Je suis vraiment désolé, je n’en ai pas pour longtemps, excusez-moi !”. Cocasse, n’est-ce pas ? Envoyé son meilleur ami -et son avocat- apporter le résultat de l’enveloppe rouge trouvée dans les bois. “Navré du retard, j’ai eu un empêchement, vous devez être euuuh…”, il regardait son portable, claquant sa langue contre son palais en cherchant le sms. Un éclat sur son visage, un léger rire et beaucoup d’embarras “La saloperie de diva anglaise, c’est … Ahem. Tenez, c’est pour vous. Je suppose que Kochtcheï à ses raisons. Bonne fin de journée !”. Un vague salue de la main, et il était repartit. C’était sa consigne : apporter l’enveloppe sans utiliser son prénom mais ne pas s’attarder en conversation. Qui sait ? Mesure de précautions sans doute.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Kochtcheï était resté muet, mais tu avais une destination et pas de temps à perdre. Ton impatience t’avait conduit à la prochaine étape de ton parcours et j’admets pour ta honte que tu n’avais encore jamais mis les pieds au planétarium de Bray. C’était pourtant une petite ville et ton amour pour la science aurait pu t’y conduire, mais le problème était surtout que tu n’aimais pas ne rien faire. Rester assis à te tourner les pouces pour regarder des représentations d’étoiles, ce n’était pas forcément dans ton top dix des activités les plus passionnantes. Et pourtant ! Pourtant c’était loin d’être un lieu détestable. Calme, plongé dans la pénombre, parfaitement apaisant, et stimulant même l’imagination, tu aurais bénéficié d’y passer un moment à l’occasion. Si tu aimais les étoiles ? Bien sûr, mais je ne connais personne qui à cette question répondrait : je les déteste. Tout le monde aime les étoiles, l’humanité en elle-même est fascinée par l’espace, par ce mystère de gigantisme, d’infini et d’inconnu. Ce n’est pas une passion pour toi, pas réellement - mais tu n’y es pas pour autant tout à fait indifférent. Tu aimes les sciences, tu aimes la littérature, tu aimes apprendre, chercher, découvrir - forcément tu aimes l’espace. Seulement, tu n’avais pas prévu de passer ta journée à le contempler les mains dans les poches, avec tout ce qui te tournait actuellement dans le crâne.
Il fallut pourtant te rendre à l’évidence : tu étais arrivé tout juste à temps pour assister à la dernière séance, et rien, nulle part où tu puisses poser ton regard, ne portait la trace de Kochtcheï. Ce n’était pourtant pas un lieu gigantesque, et après en avoir fait le tour, après avoir demandé avec espoir à l’entrée si quiconque ne s’était pas présenté pour leur remettre une enveloppe ou quoi que ce soit, tu dus te rendre à l’évidence : tu t’étais trompé pour cette fois. Vraiment, tu t’étais trompé ? Où diable fallait-il que tu ailles alors ? C’était pourtant évident : tu avais le numéro, l’adresse exacte, même une photographie du lieu qui coïncidait parfaitement ! Et plus le temps passait, plus la fermeture approchait - sachant qu’une fois celle-ci survenue, tu n’aurais plus aucune chance de trouver l’enveloppe manquante. Tu avais fait le tour dix fois en silence, trop agacé pour le lieu, ruminant ton impatience. Elle te bouffait, elle te bouffait sincèrement parce que tu ne savais pas ce que tu avais raté. Et tu pensais encore à ce que tu avais trouvé dans les bois, et ça te tournait incessamment dans un coin du crâne, au point que ton esprit ne savait sur quelle réflexion se concentrer. Alors tu avais fini par t’asseoir, soupirant de frustration, tu te disais que peut-être, lorsqu’ils en auraient totalement fini, ils rallumeraient les lumières et cela te faciliterait la tâche. Alors quoi, il te faudrait attendre ? Cette pensée t’était insupportable. Mais faute de mieux, tu avais pris ton mal en patience. Et tu t’étais mis à écouter distraitement la voix te parler des étoiles, sait-on jamais qu’une information s’y trouve.

Ce n’était pas totalement déplaisant. Même si, quand tu regardais ces points brillants auxquels on avait apposé des noms aléatoires, ce n’était pas des constellations que tu voyais. Ce n’était pas des rêves, ni des histoires, pas plus que des symboles. Tu pensais à peine aux étoiles, même pas à leur composition, leur éloignement, leur chaleur. Quand tu les regardais, quand tu pensais à l’espace, tu pensais en fait à cette question assez commune - y avait-il la vie, quelque part, au-delà ? C’est idiot mais on l’oublie souvent, tu avais aimé le vivant avant d’apprendre qu’il y avait la mort à son terme. Comment… Comment une telle merveille pouvait-elle fonctionner, de quelle façon, et surtout pourquoi ? Toutes les sciences sont entremêlées, au final. Il faut aller au fond de chaque chose pour en comprendre la globalité, des atomes minuscules à l’infini espace, et le vivant n’est jamais que l’étape intermédiaire qui a permis qu’un homme, un jour, se pose la question du fonctionnement du monde. Il n’y a que le vivant, il n’y a que l’humain, cette machine formidable, pour avoir levé les yeux vers le ciel et s’être un jour demandé s’il y avait davantage plus loin, ce qu’il y avait dans l’inconnu et l’inatteignable, et pour s’être demandé de quoi lui-même était fait, de quoi chaque chose était faite.
N’était-ce pas incroyable ? Incroyable de se dire que la recherche scientifique n’aurait jamais de fin, que sa seule limite était l’absence de limite, que personne ne savait encore dire s’il y avait une loi unique pour gouverner l’ensemble de ce qui était, s’il y avait autant de lois qu’il y avait de choses, quel mystère finalement reliait l’unique et le multiple, et d’où venait enfin cette volonté de savoir ce qu’il était impossible de jamais savoir - ce qu’il y avait au delà de la matière, au delà du visible, et au delà de la vie. Le vertige, c’était l’essence même de ta passion dévorante. Ce même vertige devant l’horreur et la mort, c’était également celui que l’on pouvait éprouver en réalisant que l’on n'était qu’une poussière minuscule, morte sitôt née, dans l’immensité de l’espace et de l’éternité, ce même vertige lorsque l’on réalisait qu’au final ces mains, ces lèvres, ces yeux qui font un être ne sont qu’un amas de molécules sans conscience propre. Le vertige de ne pas comprendre le sens, en fait. Alors, quelque part, Kochtcheï et toi auriez sans doute pu vous entendre et vous rejoindre sur un sujet comme celui-là, mais la terreur que tu inspirais en évoquant tes passions demeurait hélas un gouffre infranchissable.

L’ultime séance était finalement arrivée à son terme. Toujours rien. Toujours rien et c’était terriblement frustrant, tu étais resté assis à te mordre avec agacement la lèvre inférieure, sourcils froncés, les yeux menaçant le plafond éteint comme s’ils avaient été responsables de ton malheur. Tu avais perdu - quel goût avait l’échec dis-moi ? Amer. Amer mais tant pis, il fallait te rendre à l’évidence, et passer ta frustration sur le premier venu, ce ne serait pas la première fois que quelque chose te résistait. Tu étais brillant certes, mais il n’y avait bien que dans les films que le dénouement était forcément heureux. Pourtant non. Pourtant, il apparut bien vite que tout ceci était en fin de compte voulu par Kochtcheï. Un espèce d’énergumène en costume s’était frayé un chemin jusqu’à toi, enveloppe en main. Tu t’étais levé aussitôt, remarquablement confus. Le plus étonnant d’ailleurs à tes yeux, ce fut que les connaissances de Kochtcheï ressemblaient à… Et bah, à des personnes respectables. En fait, c’était tellement étonnant que tu en oublias une belle part d’amertume, même s’il te restait un vilain arrière goût. La saloperie de diva anglaise. Ah… Tu as haussé un sourcil, étirant un sourire amusé. Soit, c’était de bonne guerre. Après tout, ce serait assez ennuyeux si tu étais le seul à marquer des points, pas vrai ? « Je vous remercie. » Certainement pas pour le surnom ceci dit, mais tu avais pris l’envelopper sans t’offusquer davantage - et le voilà déjà parti. Dommage. A vrai dire, tu étais terriblement, maladivement curieux tout à coup. Non pas du contenu de l’enveloppe, mais c’était réellement la première fois que tu faisais face à l’une des relations de Kochtcheï. Comme si, dans ta tête, il était seul, unique, coupé du monde, comme s’il n’avait ni père ni mère, comme s’il ne parlait à personne, comme s’il n’avait pas une vie comme le reste de l’humanité. Étonnant, bouleversant. Tu avais envie de savoir, de tout savoir. Tu voulais le découvrir - le découvrir tout entier. Quelle drôle de façon de penser tout de même, quel drôle de sentiment, celui de n’avoir de prise sur rien, de ne rien posséder. Tu avais tant de mal à l’envisager, bon sang ton cerveau faisait un blocage, et c’était un peu à cause de ta nature psychopathe, il faut bien l’avouer. Cette tendance naturelle au contrôle, qui ne se manifeste pourtant chez toi que de manière effacée. Tu en avais oublié ces minutes interminables à tourner en rond après une enveloppe qui n’était nulle part - et tu avais suivi du regard ce costume impeccable, cette tenue beaucoup trop soignée qui ne ressemblait à rien de ce que tu avais vu de Kochtcheï. C’était irritant. Beaucoup trop irritant.

Tu avais quitté le planétarium avant que le personnel ne te fasse un caca nerveux et tu avais rejoint ta voiture pour ouvrir cette enveloppe. Un mot de Kochtcheï, un chiffre et une position. Pas de consigne, pas de suite. Tu as soupiré, écrasant l’arrière de ton crâne dans l’appuie-tête, pensif. Puis tu as rallumé le téléphone que tu avais éteint (parce que tu suis les consignes, tu es comme ça haha) pour finalement lire le message de Kochtcheï. Il te propose une… énigme, pour le moins complexe. Tu as le choix entre ceci et quelque chose qui t’attend semble-t-il dans ton salon. De toute façon, tu ne vas pas rester dans cette voiture indéfiniment, tu es tout à fait capable de faire les deux à la fois. Tu lui réponds donc brièvement, puis après un long moment de réflexion, tu envoies un second message par rapport à ce qu’il vient de se passer, qui t’a refroidi d’une certaine manière, sans que tu saches trop en expliquer les raisons. Tu n’avais plus autant envie d’accourir, et tu doutais que cela ait été l’effet escompté. Tu pris ensuite la route pour rentrer à ton domicile, faisant tourner dans ton esprit autant cette rencontre inattendue que l’énigme sur ton portable, que la découverte dans les bois, que les échos de la voix te parlant des étoiles, que toutes ces multitudes de questions sur le monde, sur l’éternité, sur la vie, sur le surnaturel, sur l’inconnu, sur le sens de ce qui te faisait suivre cette voie, sur… sur bien trop de choses, et cela te donnait un semblant de migraine.
Il est le départ et la fin. Tout ce à quoi tu penses, c’est un cercle. C’est bien le seul contexte où cette affirmation a du sens, et encore c’est à supposer qu’il ait un départ et une fin. Il est le point de non-retour. La mort, à l’évidence. Il est le néant, il est rien. Le… néant. Rien d’autre ne te semble correspondre. Cette énigme n’a aucun sens. Mais quand il est en couple… Ah, mais s’il utilise des notions que tu ne connais pas, tu ne vas jamais t’en sortir. Il devient un ordre, un messager et une invitation à la méditation, à l’attention. Tout ceci à la fois, ou bien ce sont des définitions séparées dans des contextes différents - en tout cas, rien ne te vient, et cela t’irrite. Comme une succession d’expressions grandiloquentes pour se donner des airs quand au final l’ensemble ne veut rien dire. Peut-être le vide ? Si l’on en croit la théorie du big bang, cela dit. Au début, il n’y avait rien, puis il y a eu le big bang. Ce n’était pas absurde de penser qu’un jour viendra où tout retournera au vide, au rien, au néant. Le vide. Le vide où la vie, l’air, la lumière, rien ne passe : une forme de point de non-retour, puisqu’on ne saurait en revenir. Il est néant, il est rien. Et puis, faire le vide, n’était-ce pas un synonyme de méditation ? Mais c’était idiot, comme réponse, et cela ne servait à rien. On ne pouvait mettre la notion de vide en couple avec quoi que ce soit, non, cela n’avait aucun sens. Ou bien était-ce simplement le point ? N’importe quel point du cercle en était autant le début que la fin, le point de non retour était un point, et lorsqu’il n’y avait point quelque chose, cela signifiait simplement qu’il n’y avait rien. Mais si l’on couple le point… Couple le point… Pour en faire un point d’interrogation, d’exclamation, de suspension, ou des choses de ce genre, alors peut-être que cela faisait de la phrase une affirmation, un ordre, une interrogation invitant à la réflexion, une invitation à prêter attention, une façon de délivrer un message. De la ponctuation. De la bête ponctuation. C’était la seule solution que tu voyais à cette énigme, mais à quoi cette réponse pouvait-elle te servir ? A quoi pouvait bien te servir un point ?

Tu t’es garé devant ton domicile, tu avais abandonné ton sourire dans un monde parallèle on dirait, tu étais entré sans prêter la moindre attention à Mary, et tu t’es rendu aussitôt dans ton salon où patientait une enveloppe marquée, cette fois-ci pas d’erreur, de la couleur orange. Tu l’as ouverte et lue intégralement une première fois avant de t’asseoir dans ton canapé, posant ta mâchoire dans la paume de ta main. C’était une définition de l’infini, comme on aurait pu en entendre dans n’importe quel cours de mathématique. Une définition, mais qu’étais-tu supposé en faire ? Qu’étais-tu supposé faire de l’infini et d’un point, pour trouver trois nombres qui te manquaient pour ce fichu code ? Y avait-il seulement quelque chose à l’intérieur de ce coffre ? A ce stade, tu t’en moquais assez, tout ce qui t’importait, c’était de trouver la combinaison pour l’ouvrir, même si le vide t’accueillait ensuite. Tu as passé tes mains sur ton visage, tu es allé te faire un thé, silencieux. Tu pourrais appeler Kochtcheï. Tu avais son numéro alors tu pouvais l’appeler. Le faire discuter. Qu’il se trahisse un peu. Mais tu ne voulais pas de son aide, cette idée t’insupportait, hors de question de baisser les bras si tôt. Tu es retourné te poser devant tout ce que tu avais. Un point, et l’infini - des opposés. L’unité et l’innombrable, le défini et l’indéfini. Qu’est-ce que tu étais censé en faire, bon sang ?
Finalement, tu as cédé à cette idée qui se faisait de plus en plus envahissante chaque seconde. Tu as composé son numéro, et attendu, et attendu, et attendu qu’il décroche. Tu n’avais pas l’intention de lui demander la solution, pas directement, cela n’avait aucun intérêt. Au moins, lui poser quelques unes des questions qui te tournaient au fond d’une crâne, lui demander si tu étais sur la bonne voie, s’il te fallait réfléchir tout à fait autrement ou si tu y étais presque. « Kochtcheï. Je suis dans mon salon. » Il n’y avait pas de chaleur, cette espèce de chaleur habituelle au fond de ta voix qui mettait mal à l’aise. Peut-être qu’au final, c’était encore pire comme ça. Et sa voix à lui ? Tu espérais l’entendre. Tu as soupiré et étiré tes jambes, fixant distraitement l’enveloppe sous tes yeux. Tu as saisi un plume et recopié en silence l’énigme que tu avais mémorisé puisque tu ne pouvais garder les yeux sur son message dans cette configuration - et tu le fis attendre jusqu’à ce que cela soit fait. « Je n’ai pas apprécié que tu fasses intervenir quelqu’un. » L’impression qu’un être s’était introduit dans une chasse qui n’appartenait qu’à vous. De la possessivité, rien d’autre qu’une forme absurde et malsaine de possessivité, motivée par ton obsession maladive. C’était presque une forme de jalousie, au fond, quoi que tu sois à mille lieues de t’en rendre compte. « Mais à la fois je suis… intrigué. » Tu t’es tu un instant avant de reprendre. « Il y a beaucoup de choses qui me tournent dans la tête. Je veux me débarrasser de ce coffre pour m’y pencher. J’ignore très sincèrement ce que je suis censé déduire de l’un et l’autre. Tu ne me gâcheras pas le plaisir de la réflexion, mais je peux au moins supposer que je me trompe si je t’entends éclater de rire, alors allons-y. » Tu ramasses le bout de papier sur lequel tu viens d’écrire. « Il est le départ et la fin, et caetera. Très pompeux à prononcer mais l’ensemble fait peu sens. Je vais me débarrasser d’une supposition - la réponse est-elle : le point ? » Tu tends l'oreille, tu attends, indifférent à la moquerie. Tu partagerais bien la plaisanterie si tu n'avais pas été à ce point coupé dans ton humeur.

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welcome to my cage, little lover
basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Kochtcheï n’avait plus à bouger, il avait mis toutes les pièces en place. Il n’avait plus qu’à attendre, à regarder de temps-en-temps son téléphone et ne pas oublier d’envoyer les positions des chiffres si le Doc les trouve. Comme il avait fait précédemment avec les autres au verso. La vieille propriétaire de l’immeuble devait être étonnée. Le voir aussi remuant, en plein jour qui plus est, ce n’est pas courant. Si bien que cette septuagénaire commère n’avait pas pu s’empêcher de lui demander si ça allait. Shura lui avait collé un vent, bien trop pressé de retourner dans son appartement après avoir grimpé ses fichus escaliers pour la troisième fois de la journée. Pas étonnant qu’il ne prenne pas d'abonnement en salle de gymnastique, il a déjà ce qu’il faut pour se remuer. Fini, niette, il ne redescendra plus. Kochtcheï regardait son appartement et grimacer un peu : il ne faudra pas qu’il oublie d’aménager son squat pour accueillir son nouvel animal de compagnie. Chouette, il trépigne déjà d’impatience -sarcastiquement parlant bien sûr-. Il avait rallumé la chaîne, la télé et la console. Oh moins, lui, il a de quoi s’occuper, lui. Pas comme un certain scientifique fou qui doit se contenter d’attendre. Ce n’était pas très sympa de sa part, mais il n’avait pas envie de l’être. Après tout, cela avait beau être son anniversaire, ce n’est pas pour autant qu’il devait se priver d’une petite vengeance. Le cône coincé de nouveau entre ses lèvres, se consumant à petit feu, l’idée même de faire mariner Egerton dans une salle sombre sans rien avoir à faire le satisfaisait. Kochtcheï l’imaginait frustré devant son énigme inexistente, ses mains mimant sa joie et sa fumée la dessinant dans les airs. Bien fait, deux petits mots qui se répétaient dans son esprit. Il pourrait avoir une once de culpabilité. Après tout, il se prête à ce petit jeu plutôt que de lui poser un vent. Mais en avait-il eu pour lui ? Non, alors le Slave ne voit pas pourquoi il lui rendrait la pareille.
Pour suivre l’avancer, il envoyait des messages à Rory pour lui presser un peu aux fesses entre deux écrans de chargement. Il fallait le pousser un peu, sinon il passerait sa vie à être en retard ce grand benêt. La lettre était déposée, et le tout en moins d’une minute donc il en déduit facilement qu’il n’a pas traîné en conversation. Tant mieux, il ne voulait pas prendre de risque. C’était un avocat après tout. Il comprenait l’envers des mots et il manquerait plus que ce connard sympathise avec celui qui est censé le défendre au tribunal. Non, ce n’est pas de la possessivité, juste du bon sens. Le petit McCormick était un être humain un brin trop sensible, il faisait partie des rares à qui il disait d’aller doucement sur la came pour ne pas avoir de problème avec son frère -et seulement “son” parce qu’il en avait déjà avec le deuxième-. Facilement manipulable donc, il suffirait que le fossoyeur se serve de lui pour que cela lui cause un peu plus de tort et il en avait tout sauf envie.

Reprenant une grande inspiration, il avait reposé son portable sur la table basse pour s’allonger sur toute la longueur. Son chat était venu s’installer sur son ventre qui servait à Sans de coussin officiel et il laissait une main distraite caresser son pelage grisâtre. C’était un des rares gestes qu’il faisait pendant qu’il était inerte sur son divan. Autrement, il se contentait de maltraiter les joysticks de sa manette et de retirer de temps en temps la cendre du fagot pour ne pas s’en foutre partout sur ses vêtements. Il avait tout intérêt, car il coûtait cher en vêtement. Il arrivait souvent à se déshabiller complètement avant que sa foutue métamorphose l’en empêche, mais parfois non. Et les “parfois”, ils arrivaient de plus en plus souvent ces derniers temps, si bien qu’il allait devoir faire une rafle chez H&M à ce rythme.
Kochtcheï avait bien entendu son portable sonner, mais il n’avait aucune envie de répondre. Pourquoi ? Parce qu’il était occupé à dégommer un boss avec dix mille points de vie bien chiant, et qu’il a un sens des priorités particulier. Cela dit, l’avantage, c’est qu’il était en train de s’énerver sur cet ennemi virtuel plutôt que de saisir le téléphone pour envoyer bouler un bien réel. Il avait fini par lâcher la manette par terre, une fois qu’il avait terminé, avec un soulagement certain. De nouveau, une notification et c’est seulement à la deuxième que Shura s’intéressa à ses messages. Il avait pouffé de rire en lisant le dernier reçu -le premier ne confirmant que ce qu’il avait imaginé- et il ne répondait pas. Parce qu’il ne savait pas quoi lui dire pour commencer et aussi, parce qu’il ne voyait pas où était le problème. Il n’a pas envie de le voir, il lui fallait donc un coursier pour lui apporter son enveloppe.

Il jouait avec son téléphone, il cherchait quoi lui répondre. Il avait commencé à taper : Tu croyais vraiment que j’allais venir ? Puis il avait effacé. La question était stupide, alors il avait essayé de le tourner à la moquerie : Pardon, c’est vrai, j’aurais pu te faire la petite visite, la prochaine fois. Non, c’était stupide comme réponse et il serait bien capable de le prendre aux pieds de la lettre. Kochtcheï avait encore martyrisé la touche supprimer. T’aurais préféré continuer d’attendre ? L’envoie est tentant, mais cela restait nul. Il avait laissé tombé, reposant son portable sur la table-basse pour prendre plutôt une nouvelle bouffée de son joint. Avec sa main libre, il tenait Sans au niveau des pattes avants pour pouvoir se redresser sans le troubler dans son sommeil. La position assise avait l’avantage de le maintenir réveiller, parce qu’il sentait bien qu’il passait petit à petit de l’autre côté couché. Il se frottait le visage avec les paumes de ses mains, espérant que cela le maintienne éveillé. Et là, un appel. Il n’y avait pas trente-six personnes susceptibles de le téléphoner, et encore moins des personnes avec qui il discutait par sms. Il n’était donc pas difficile pour lui de deviner qui était en train de le demander. Déglutissant légèrement, ses tremblements étaient moindres que tout à l’heure, mais il sentait bien que cela n’allait pas être une partie de plaisir. Il hésitait même à décrocher en voyant le nom affiché sur l’écran. Figé dans ses pensées, Kochtcheï pesait le pour et le contre. Le contre était énorme : c’était un monstre. Et pour qu’il en arrive traiter quelqu’un de la sorte, c’est qu’il avait définitivement réussi à le marquer. Le pour par contre : c’est la satisfaction. S’il appelait, c’est qu’il n’arrivait plus à avancer et qu’il avait besoin d’un joker. Sachant que Shura était une personne très fière, le pour avait fini par gagner. Il avait respiré un grand coup, il avait coupé la musique, la télé et il avait décroché.
Cela ne voulait pas dire que Kochtcheï allait parler. Oh non, loin de là même. Pour avoir ses deux mains de libre et ainsi pouvoir rouler sa prochaine dose, il avait mis le téléphone en haut-parleur pour l’écouter. Doc avait un ton mortuaire. Shura maintenait un silence tout aussi funeste, vous la sentez la grosse ambiance au téléphone ou pas, là ? Le toncar coinçait sur ses lèvres le temps que ses mains finissent avec le tabac et la beuh, il avait relevé le regard vers le téléphone quand il revenait sur le sujet de coursier Rory. Il avait haussé les sourcils, mais il ne ricanait pas. Parce qu’il n’avait pas envie, et parce qu’il n’était pas assez défoncé pour le faire involontairement. Il préférait écouter sa réponse. Elle n’était pas tout à fait fausse. Le bruit de son briquet avait brisé le silence à la fin de cette conversation à sens unique et la voix de Kochtcheï avait enfin résonné, sans un rire, sans une boutade, sans aucuns signes de moquerie. Un calme plat, presque cadavérique. “T’es pas loin, Doc. Mais, il n’y a pas de point sur un cadenas à chiffres”. Rien de plus, il avait repris une bouffée pour éclaircir un point qui avait l’air de le turlupiner. “Ah et, pour information. C’était mon avocat, j’avais besoin d’un coursier. J’allais pas te l’apporter en main propre, faut pas rêver. Et je suppose que t’avais pas envie que je te fasse poireauter dans cette salle éternellement”. Vraiment ? On ne sait pas. Peut-être que si. Peut-être qu’il aurait bien aimé la lui apporter directement. “Intéresse-toi à la numérologie et quand t’auras trouvé, je te donnerais leurs positions”. Shura n’avait pas raccroché, il s’était contenté de reposer le téléphone sur la table-basse. De toutes façons, ce n’était pas lui qui payait l’appel.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
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MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière

V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Pendant de trop longues secondes, tu étais resté suspendu à ton téléphone en silence, attendant qu’il daigne enfin décrocher ton appel. Il mettait ta patience à rude épreuve, d’abord au planétarium et maintenant ainsi, et par tout ce petit jeu de réflexion qui s’étendait de minute en minute et s’éternisait. Tu n’aimais pas beaucoup cela, cette propension à te laisser dans l’expectative, même si tu reconnaissais que c’était téméraire. Tu aimais son audace, tu ne niais pas non plus prendre un certain plaisir à cette frustration, mais tu n’en étais pas moins irrité pour autant. Il vaudrait mieux que le jeu en vaille la chandelle, et rien ne te prouvait que ce serait le cas. Tu ne savais pas à quoi t’attendre, tu ne savais pas ce que tu espérais - et c’était bien pour cette raison que tu ne t’arrêterais pas avant de savoir, mais cela rendait la torture plus pénible encore. Tu attends, et attends, et attends qu’il décroche, ce qu’il fait finalement, sans prononcer un mot. Alors tu lui parles, froidement, mais seul le vide te répond. Tu aurais voulu entendre sa voix, donner un peu de substance à cette chasse, tu voulais que sa présence ne se limite pas à des enveloppes, à des mots brefs, des textos échangés au détour. Donner un peu de vie, briser une barrière qu’il s’obstinait à dresser entre vous. Malgré tout, la sensation était assez étrange : après tout ce qui avait pu se passer, cette présence même silencieuse au bout du fil revenait presque à un face à face. Il t’avait fait courir à droite à gauche, à peine présent dans ton sillage, comme une ombre surveillant tes pas, et lorsque tu te retournais vers lui, que te livrait-il : du silence, trop de silence.
Tu ne t’étais pas démonté, et tu ne te fatiguais pas à cacher la contrariété de ton humeur. Tu as continué à parler. Tu avais toujours eu des difficultés à saisir un malaise ou une ambiance pesante, à deviner ce qu’un autre aurait pu éprouver, alors peu t’importait de prolonger cette conversation à sens unique jusqu’à ce qu’elle mène finalement quelque part. Tu as continué sans prendre de détours, tu lui parlais des énigmes sur lesquelles tu avais fini par buter. Pas de rire, pas même un petit souffle d’air trahissant une risette, une moquerie, ou quoi que ce soit de semblable, seul un silence lourd qui te faisait presque douter que quelqu’un t’écoute. Un cliquètement de briquet, lorsque tu eus fini de parler, c’est tout ce que tu as eu pour t’assurer qu’il était là, qu’il était attentif. S’il avait gardé le silence, qui sait, peut-être aurais-tu trouvé une foule d’autre chose à lui dire pour stimuler sa parole. La sensation d’être écouté quoi que l’on dise était toujours une situation dont on pouvait prendre parti, plus encore lorsque l’on avait un caractère semblable au tien. Mais il ne te fit pas languir davantage, sa voix prit possession de l’échange, et tu lui accordas toute l’attention dont tu étais capable, le professeur se faisant élève.

Quelle voix terne. Tu étais plutôt satisfait de l’entendre, tu avais attendu ce moment depuis que votre chasse avait commencé, mais c’était presque décevant. Tu t’en souvenais encore, de la voix tremblant de colère, de la voix gémissante, suppliante, la voix trahissant l’angoisse, la douleur, la haine, la détresse, une voix qui se déclinait en tant de couleurs. Cette voix même qui avait voulu te faire la peau, qui t’avait rabroué à chaque explication pour te prouver à quel point tu pouvais être mauvais. Cette voix qui ne pouvait s’empêcher de vouloir savoir et fouiner où elle ne devrait pas, voix trop fière qui ne voulait pas faiblir devant un homme aussi abject, voix que tu avais réduite plus bas que terre en la faisant résonner dans ton sous-sol - tu te souvenais de tous ses échos. Mais cette voix, à présent, elle était plate, et cela te mettrait presque en colère. Mais à quoi t’attendais-tu, vraiment ? Tu n’en savais rien, à autre chose peut-être. Tu n’avais qu’une envie, et c’était de la pousser à bout, mais tu avais aussi d’autres choses à faire.
Tu t’es presque trop concentré sur sa voix pour t’attarder sur ses mots, mais c’est ce dont tu te charges à rebours. Tu te les répètes intérieurement pour leur donner du sens, l’oeil rivé distraitement sur tes notes de tantôt. Tu ne relèves pas le petit surnom qu’il t’a donné, Doc - et qui d’ailleurs te plaît plutôt bien, tu aimes largement mieux être reconnu pour ta science que pour ta naissance ou n’importe quoi d’autre. Mais tu t’intéresses plutôt à son indication. Tu n’es pas loin, a priori, mais c’est un chiffre que tu cherches. Tu le sais bon sang, tu le sais qu’il te faut un code, mais pour toi cela n’a aucun sens avec la définition qu’il t’a donné. Tu te penches dessus à nouveau, tu t’appliques à relire chaque phrase, et tu penses : chiffre, pour rendre la déduction plus facile et plus évidente. Mais tu n’as pas le temps de te concentrer tout de suite, car il te parle alors de l’homme qu’il t’a envoyé. Et pour l’avoir pris un peu trop à coeur, tu ne peux faire autrement que de l’écouter. C’était son avocat, semble-t-il. Tu as un sourire aussi curieux que bref à ses mots, tu te penches en avant et écrase ton pouce sur tes lèvres, pensant à quel point cette nouvelle pouvait être étonnante. Kochtcheï, qui qu’il soit puisqu’à ce stade tu en ignorais encore bien trop, était donc une personne capable de faire exécuter ses caprices à son avocat. Était-ce tout ? Tout ce qu’il avait à en dire ? « La prochaine fois, je veux que tu t'en charges toi-même. Je n’aime pas les intermédiaires. Personne n’a sa place entre toi et moi. » Il y avait une certaine fermeté au fond de ta voix, pourtant basse et posée. Ce n’était pas tant pour le lui reprocher que pour refuser toute alternative à ta demande. Tout simplement : tu ne lui laissais pas le choix.
La numérologie. D’accord, ce qu’il te faut c’est un nombre, mais à ton sens, il n’y en a aucun qui corresponde à l’ensemble de la définition. Alors tu as décidé de faire autrement : de procéder par élimination. « Il n’y a qu’un entier numérique que l’on pourrait définir par le rien. Le zéro. Reste à m’expliquer cette histoire d’ordre, de messager et de méditation. J’avoue ne pas saisir. » Il n’y a aucune autre réponse possible, c’est donc sans nul doute la bonne - pourtant, tu restes insatisfait. Tu détestes ne pas comprendre. Pourquoi ? Pourquoi le zéro serait-il un point de non-retour ? Pourquoi le coupler à un autre chiffre ou à quoi que ce soit d’autre en ferait-il quelque chose comme un… un ordre ? Comment un nombre pouvait-il être un ordre, cela t’échappait. Et ce n’était pas faute d’avoir traversé brillamment de longues années de mathématiques. Bon, mais tu lui laisseras le soin de t’éclairer, et te donner position si tu ne t’es pas trompé. Mais si tu fais fausse route, alors vraiment tu ne vois pas. Cette autre énigme maintenant, définition de l’infini. « L’infini n’est pas un nombre. » C’était la première phrase, en elle-même elle suffisait à dire : désolé, il n’y a pas de solution. Tu soupires, écrasant tes doigts contre tes paupières pour les frictionner un peu. « Je ne peux envisager que deux réponses à cette définition là. Le un serait le plus logique, mais j’en viens à douter que tu le sois. » Le un, le tout. Dans l'unité, il y avait l'infini. Entre un entier et le suivant, il y avait une infinité de décimales. Pour toi, c’était l’évidence. « Mais si tu préfères la symbolique à la science, alors tu pensais peut-être au huit couché. Pour avoir semé des cartes de tarot un peu partout, cela ne serait pas étonnant. » Ce n’était pas facile d’étudier une psychologie quand la sienne propre était imparfaite. Comprendre le fonctionnement d’un autre, c’était une formidable épreuve - et pourtant, depuis de longues années, tu te surprenais à vouloir tenter ta chance. Tu aimais trop comprendre pour ne pas vouloir essayer.

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