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 Unholy right from the start | ft. Emily

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière


'Til death do us apart

You were unholy right from the start

J’ai fait ce que j’avais à faire, et je ne veux pas d’ennuis. Ce furent quelques uns des derniers mots qu’Emily Dunham avait prononcé dans ton cimetière, avant de te fausser compagnie. Pourtant, à aucun moment depuis lors il ne t’était venu à l’esprit la possibilité de lui avoir fait mauvaise impression. Tu lui étais profondément reconnaissant pour tout ce qu’elle t’avait appris, et tu te faisais presque le reproche de ne pas le lui avoir dit assez. En vérité, tu avais été trop franc, lorsque tu lui avais parlé des Ò Murchù, de tes neveux, de toutes ces questions de chantage. Tu l’avais mise mal à l’aise, à force d’exprimer des émotions qui n’étaient pas celles que l’on aurait attendu d’un frère heurté par l’enlèvement de sa soeur cadette. Et de t’entendre dire tout cela entre la colère et la jubilation au milieu des tombes d’un cimetière n’avait pas dû arranger beaucoup les choses. Et pourtant, pourtant malgré tout cela, tu n’envisageais pas qu’elle te trahisse. Qu’elle en dise trop, qu’elle en sache trop. Qu’elle prenne la fuite : elle t’avait promis de te tenir informé, après tout, mais n’importe qui aurait soupçonné que c’était là une astuce pour t’échapper au plus vite sans faire d’histoire.

Pourtant d’une manière ou d’une autre, vous n’aviez pas tardé à reprendre le contact. Parce que le corps de Charlotte t’avait été restitué, parce que Castiel avait été arrêté par les forces de l’ordre et Emily, devant la preuve que le fils Ò Murchù était un meurtrier bel et bien capable du pire, avait dû peut-être se convaincre que tu n’étais pas le plus mal intentionné dans l’histoire. Tu n’avais pas tant attendu pour lui faire savoir que tu avais du nouveau de ton côté. Tu lui avais demandé de venir te voir, chez toi à West End, et elle n’avait pas paru vouloir s’en méfier, quand bien même vous n’étiez pas si proches. Mais tu avais une excuse pour cela, puisque tu te faisais une joie de pouvoir lui présenter Charlotte. Tu avais dans la poitrine une joie indicible et mal contenue à l’idée de pouvoir lui apporter la conclusion de ce qu’elle avait subi. Le corps était là. Dans un état misérable, mais tu n’avais jamais trouvé ta soeur aussi belle que depuis le jour où elle t’avait été rendue. Tu ne la reconnaissais même pas. Ses cheveux étaient tombés ou devenus trop fin, son visage était émacié, plus blanc qu’il ne l’avait jamais été. Elle avait le ventre creusé sous les côtes. Si loin de l’enfant timide au regard pétillant, animée d’une insupportable propension à la générosité.

Tu l’attends, ce devrait être pour bientôt. Une présence se manifeste à la porte et tu te lèves d’un bond pour t’y rendre et ouvrir, l’impatience trahie par tes gestes. Tu ne lui avais encore rien dit. Tu ne lui avais pas dit que l’on t’avait rendu Charlotte, ni qu’elle était ici, ni qu’elle était morte. Tu n’y avais pas pensé, d’une certaine manière tu voulais lui en faire la surprise, comme si cela devait la réjouir autant que toi tu souriais. « Bonjour Emily, comment allez-vous ? » Tu tiens la porte ouverte, et vraisemblablement, tu ne tiendras pas longtemps le silence sur ton affaire. « Entrez vite, il faut que je vous dise quelque chose. » Voilà, tu ne tiens plus, tu as un rire au fond de la voix, un rire purement joyeux. « J’ai retrouvé Charlotte. » Quand, comment, dans quel état ? Le mystère restait entier, tu en oubliais presque le principal détail. Mais vous aviez tout le temps d’en discuter : le plus important était dit, au moins. Ou presque le plus important. Comme si à force de vivre entouré des morts, tu en oubliais de devoir spécifier son décès. D'autant que tu ne donnais pas l'impression d'être très endeuillé.
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Unholy right from the start

Emily aurait dû hésiter avant de répondre favorablement à l’invitation de Basil. Toute personne un tant soit peu sensée aurait hésité. Mais elle avait juste dit oui. Et alors qu’elle était en route, elle se posait des questions. Un peu tard, maintenant. Trop tard. Mais la curiosité avait pris le dessus. La relation qu’elle entretenait avec Basil était étrange. C’était un euphémisme. C’était une vision horrible qui liait les deux jeunes gens, la vision d’une femme torturée qu’Emily avait subie il y a des années. Charlotte Egerton, la sœur de Basil. La vie fait parfois des choix étranges, le monde est trop petit. Basil et Emily aurait difficilement pu être plus éloignés, a priori. Elle tentait de célébrer la vie, lui glorifiait la mort. Elle ressentait beaucoup, trop parfois, tandis que lui semblait parfois distancé des sentiments. Emily avait vécu la situation de Charlotte de trop près. Plus près que Basil, au final. Mais ils s’étaient retrouvés. Et Emily avait été forcée d’ouvrir un peu plus les yeux sur le monde qui l’entourait. Lorsque Basil lui avait parlé des Ò Murchù, Gideon et son fils Castiel, elle n’y avait pas cru. Elle avait mis ça sur le compte de querelles familiales ancestrales. Mais peu de temps après, Castiel Ò Murchù avait avoué le meurtre de son propre frère. Alors Emily s’était mise à croire Basil.

Et quand il l’avait contactée pour qu’elle passe chez lui, parce qu’il avait quelque chose à lui dire, elle n’avait pas hésité. Elle voulait se débarrasser de cette histoire, mais la partager avec Basil était mieux que de la subir seule. Il prenait les choses tellement…bien, au final, que cela rassurait un peu la jeune femme. Tout en lui glaçant le sang.

« Bonjour Emily, comment allez-vous ? », lui demanda Basil en ouvrant la porte. Elle répondit avec un petit sourire gêné. « Ca va. », dit-elle simplement. Heureusement, le jeune homme ne perdit pas de temps et passa au cœur du sujet. Il avait quelque chose à lui dire. Emily se doutait qu’il s’agissait de Charlotte. Alors elle attendit, le cœur au bord des lèvres.
« J’ai retrouvé Charlotte. »
La jeune femme faillit tomber à la renverse, réussissant à maintenir son équilibre de justesse. Il avait dit ça en toute simplicité, mais elle entendait dans sa voix quelque chose. De l’excitation. Quelque chose qui ressemblait à un gamin impatient de montrer son dernier butin. Quelque chose qu’elle n’avait jamais entendu chez Basil. Et elle se mit à espérer. A se réjouir. Charlotte n’était donc pas morte. Elle était sortie de l’enfer. Grâce à sa vision ? Se pourrait-il que Charlotte soit la première sauvée ? Emily resta bouche bée quelques secondes. La nouvelle lui faisait l’effet d’un coup de poing dans le cœur. Trop de sentiments se bousculaient en elle. Elle ne savait pas par où commencer.

« Vous l’avez retrouvé. », dit-elle d’abord, connement. Comme pour rendre la chose plus réelle. Puis elle inspira un coup, se rendant compte qu’elle avait oublié depuis plusieurs secondes.
« Comment va-t-elle ? Sa famille est au courant ? Ses enfants ? Qui a fait ça ? Elle parle ? Elle vous a raconté ? Comment l’avez-vous retrouvée ? »
Cela faisait beaucoup de questions, beaucoup trop de questions. Emily s’arrêta, se força à inspirer et expirer longuement. Son cœur battait la chamade. Tout ça paraissait irréel. Mais l’excitation dans la voix de Basil ne pouvait être que positive. Il avait retrouvé Charlotte. Elle était sortie. Il était difficile pour Emily de laisser éclater de la joie, parce qu’elle se sentait perdue.
« Elle va bien ? », demanda-t-elle plus calmement. Car c’était la première de ses questions, après tout, qui était la plus importante. « Bien » était probablement un grand mot. Quelqu’un qui sort d’un tel traumatisme ne peut pas aller bien. Mais elle espérait qu’elle s’en sortait, malgré les circonstances. Emily se mit soudain à penser aux jumeaux. Ils pourraient retrouver leur mère. Un sourire se forma malgré elle sur ses lèvres. Elle n’avait pas eu d’espoir quant à Charlotte, pas vraiment. Toutes ses visions n’avaient jamais sauvé personne. Mais peut-être que quelque chose de différent était arrivé cette fois. Peut-être qu’enfin, elle n’avait pas vu pour rien.

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Basil Egerton
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You were unholy right from the start

Tu es ravi de la voir, même rayonnant – moins pour elle-même que pour le plaisir de lui partager cette histoire remarquable. C’est là un petit plaisir coupable qui te dure depuis longtemps : les morts pour toi ne sont jamais aussi passionnants que lorsqu’ils racontent quelque chose d’intense de leur vivant. Charlotte avait toujours été insipide ; ta mère s’était mise à l’aimer disparue, tu t’étais mise à l’aimer morte, l’ironie du sort pourrait-on dire. Et tu pensais très sérieusement que le dénouement de cette affaire anarchique allait ravir ton invité, après tout elle avait été celle qui avait choisi de s’en mêler. Comme l’empathie ne faisait pas vraiment partie de ton schéma de pensée, tu ne pouvais envisager qu’elle l’ait simplement fait pour le plus grand bien. D’ailleurs, si plus grand bien il y avait, il ne pouvait logiquement inclure Charlotte en vie.
La réaction d'Emily est sans équivoque, même pour toi : la nouvelle la chamboule. Tu te régales de l’expression de son visage, c’était comme une joie assez puissante pour tirer immédiatement sur la souffrance, quelque chose d’incompréhensible et d’assez fascinant, tu devais bien le reconnaître. Refermant la porte derrière elle, tu poses une main entre ses omoplates et l’invite à avancer à l’intérieur, prenant doucement la direction du salon où elle pourra s’asseoir. Tu n’es pas pressé le moins du monde, tu as tout ton temps, et tu lui laisses celui qu’il faut pour la laisser se reprendre et encaisser ses émotions.

Et puis, les questions abondent. Tu n’as pas le temps d’y répondre ou de les retenir toutes, mais un sourire éclaire largement tes lèvres. La curiosité était de ces quelques traits de caractère que tu aimais et estimais par-dessus tout, mais tu ne tardes pas non plus à comprendre la méprise. Comment pourrait-elle parler dans son état ? Tu ne peux t’empêcher d’avoir un petit rire amusé, et tu attends qu’elle termine pour prendre le temps de lui répondre. L’excitation était palpable dans le fond de ta voix, pourtant tu restais calme, dans les gestes surtout, maîtrisant strictement le nœud d’une passion dont les vapeurs échappaient au corps malgré tout.
Elle va bien ? demande-t-elle finalement, et tu prends une intonation qui se veut embarrassée et incroyablement douce. « C’est-à-dire qu’elle est morte. » Tu n’attends pas réellement d’obtenir sa réaction pour poursuivre, et répondre tout de suite à quelques-unes des questions qu’elle te posait un instant plus tôt. « J’ai fait erreur, il ne s’agissait pas du père mais bien de Castiel. C’est lui qui me l’a remise à mon insu, la veille de son incarcération. J’ai pu lui rendre visite au parloir, je vous raconterai un peu ce que nous avons échangé. Elle est ici, j’ai pensé que vous voudriez la rencontrer après tout ce que vous avez vu d’elle. » Tu étais infiniment trop calme pour les atrocités qui s'enchaînaient dans ta bouche. Bien sûr, tu n’y voyais pas le mal, tu ne voyais le mal de rien de tout cela, et tu ne pouvais pas même imaginer que l’on puisse en souffrir ou t’en vouloir. Ne te contentais-tu pas de dire les choses comme elles étaient ?

Mais en effet, Charlotte patientait, dans une blouse mortuaire entrouverte. Et Emily avait de quoi se flatter de ne pouvoir la voir. La décomposition du corps n’était pas tant avancée, puisque tes travaux sur l’usage de tes pouvoirs à des fins de conservation avaient aboutis, à ce point que tu parvenais à interrompre momentanément le processus et tu avais consacré une belle part de ton temps à cette affaire depuis qu’elle était -semble-t-il- définitivement résolue. La scène était donc bien moins dramatique qu’on eut pu croire, mais malgré tout la mort prenait au ventre et laissait dans l’air sa patte funeste. Mais, surtout, Castiel n’y était pas allé de main morte, et c’était essentiellement pour cette raison qu’elle était méconnaissable. Il ne s’était pas soucié de la nourrir correctement ou de bien la traiter, il l’avait vraisemblablement malmenée et les séquelles d’expériences dont tu ne savais rien demeureraient inscrites dans sa chair aussi longtemps que chair il y aurait. Tu soupçonnais, tu avais étudié ce corps, dans une autopsie prolongée qui n’avait rien donné de sensationnel. Tu n’avais pas cousu la bouche, tu n’avais pas fermé ses paupières, tu n’avais même pas eu la décence de l’habiller. C’était ainsi, sous cette forme monstrueuse, que tu la trouvais la plus belle.
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Unholy right from the start

« C’est-à-dire qu’elle est morte. »
Emily se sent tomber. Elle se rattrape au dernier moment, les muscles de ses jambes faisant un effort quasiment surhumain pour la maintenir en position debout. Mais c’est comme si ses tripes, elles, étaient quand même tombées au sol. Le monde se met à tourner autour d’elle, elle a envie de vomir. Basil a prononcé ces mots avec une telle désinvolture. Comme s’il lui annonçait que la plante du salon avait trop pris le soleil. Oh, il avait l’air gêné. Mais pas gêné comme quand on annonce que quelqu’un est mort. Mais Emily, elle, elle se prend l’annonce en pleine face et tous ses espoirs chutent d’un coup. Et c’est dur, trop dur.
« Pardon ? », articule-t-elle dans un murmure, trop faible pour que Basil l’entende. Il est déjà passé à autre chose, d’ailleurs. Elle l’entend lui expliquer comment il a récupéré le corps. C’est comme s’il était loin, à plusieurs mètres, et qu’elle était dans une bulle. Elle l’entend à peine. Elle essaie de se concentrer sur ce qu’il dit, mais son corps et son cerveau font barrage. Une seule pensée tourne dans sa tête. Charlotte est morte. Basil l’a amenée jusqu’ici pour lui dire que Charlotte est morte. Ce qu’elle a fait n’a servi à rien. Elle n’a sauvé personne. Elle se fiche bien de savoir que c’est Castiel Ò Murchù le meurtrier. Il est en prison, d’ailleurs. Pour un autre meurtre. Le gars semble s’être trouvé une vocation. Et Basil lui a rendu visite. Mais elle s’en fiche. Elle se fiche de ce qu’ils s’étaient dit. Elle se fiche de tout ça. Charlotte est morte. Elle a juste envie de partir d’ici et ne plus jamais revoir Basil.

« Elle est ici, j’ai pensé que vous voudriez la rencontrer après tout ce que vous avez vu d’elle. »
Emily manque de s’étouffer. Cette dernière phrase, elle l’a bien entendue. Dans sa cruauté la plus sordide, ou dans un manque extraordinaire de savoir-vivre le plus basique, Basil veut lui montrer le corps. Est-il à ce point déconnecté de la réalité pour lui proposer une chose pareille ? Pour vouloir lui faire « rencontrer » la femme qu’elle a vu se faire torturer il y a des années, et qui est maintenant morte parce qu’elle n’a jamais su la retrouver à temps ? La colère s’empare de la jeune femme. Dans un geste commandé par son corps plus que par son cerveau, elle lance sa main droite. Par un coup de chance, celle-ci atteint la joue de Basil. Le « CLAC » parait assourdissant à la jeune femme. Puis elle en met une seconde.
« Vous êtes un malade. », siffle-t-elle entre ses dents , la colère suintant de chacun de ses mots. « Vous vous rendez compte de ça ? Vous me faites venir ici, pour me montrer votre sœur morte ? »
Elle hallucine de prononcer ces mots. Elle n’est pas vraiment ici. C’est un cauchemar. Elle va se réveiller.
« Qu’est-ce que vous voulez de moi ? C’est quoi le but ? Me torturer ? Me punir ? C’est quoi votre putain de problème ? », dit-elle alors que sa voix se fait de plus en plus forte et que les larmes lui montent aux yeux. « Et vous me dites ça comme si vous me lisiez le bottin. Vous ne ressentez rien ? C’est votre sœur ! C’est votre sœur et vous en parlez comme si c’était un objet. Comment vous pouvez garder votre sœur ici ? Comment vous… »
A ce moment-là, Emily pète un câble. Son cerveau décide de lâcher prise. Elle ferme ses poings et frappe Basil comme on tambourine à une porte. Au torse, elle donne un coup, puis deux.
« Vous n’avez pas le droit de me faire ça. », dit-elle en continuant à frapper. Les coups ne sont pas forts. Pas assez pour vraiment faire mal à Basil. Suffisamment pour l’emmerder, probablement. Suffisamment pour permettre à Emily de relâcher la pression, surtout. « J’ai rien demandé. J’ai rien demandé ! Vous n’avez pas le droit ! Vous… »
Elle s’arrête, le pousse en arrière. Fait quelques pas en arrière. Se retourne. Vomit, enfin. Son corps expulse le dégoût, la tristesse, la peur, la colère. Tout. Elle pense à Charlotte qu’elle n’a pas pu sauver. Elle pense aux jumeaux qui ont perdu leur mère. Elle pense à Basil et à l’espoir qu’il lui a donné pour lui enlever cruellement. Elle n’a pas demandé à entrer dans la vie de ces gens. Elle n’a pas demandé à avoir ces visions. Elle n’a pas demandé à voir toutes ces choses. Mais elle les voit, et ensuite elle ne peut rien faire. Une personne de plus qu’elle n’aura pas sauvé. Et Basil qui enfonce le clou, comme si c’était sa faute à elle. Mais c’est pas sa faute. C’est pas sa faute si Charlotte est morte. Ou bien si, peut-être que c’est sa faute. Peut-être qu’elle n’a pas su réagir à temps, et que Charlotte est morte en attendant que quelqu’un vienne la sauver, alors qu’elle était trop occupée dans sa vie à Detroit pour réagir. Peut-être bien que c’est sa faute.
Prostrée vers l’avant, les mains croisées autour de son ventre, Emily halète. Puis s’accroupit et pleure doucement. Son corps n’a plus la force de la faire fuir. Elle va juste rester là, et attendre que le cauchemar s’arrête.

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Tu n’avais pas considéré cela comme une punition, loin de toi l’idée de la torturer ou de lui faire porter la responsabilité de la mort de Charlotte. Pour toi c’était plutôt motivé par toute ta reconnaissance : peu importait finalement que la vie de ta sœur n’ait pu être sauvée, Emily avait su alléger le poids écrasant de tes incertitudes après deux années au moins dans la plus totale ignorance. Tu étais si curieux, si envieux de connaissances et de vérité que cela valait quelques sacrifices - en fait pour apprendre ce qu’elle t’avait appris tu aurais probablement été prêt à tuer plusieurs fois. Alors c’était la respecter et lui faire cérémonie, la faire entrer dans ce petit cercle privé plein de secrets, lui reconnaître le droit de rencontrer Charlotte comme si elle était de sa propre famille ; mieux encore, lui partager l’extase qui te nimbait toi-même. C’était plutôt cela, plutôt un merci plein de maladresse qu’une croix à lui faire porter.

Tu ne t’en étais pas inquiété d’abord. Elle semble nettement chamboulée par la nouvelle, c’est presque dire qu’elle en tombe à la renverse et ne se raccroche à la réalité que de justesse. Mais cela ne signifiait rien de négatif à ton sens, ça n’était que l’indice d’une procession d’émotions fulgurantes, et plutôt un sentiment enviable. Tu ne t’étais pas arrêté dans tes explications, tu voulais la lui offrir, cette émotion puissante – et te l’offrir toi-même en vérité, parce que ça te plaisait à voir, ça te plaisait de partager avec elle cette fièvre violente qui soulevait le cœur et rongeait l’épigastre. Elle n’est pas loin de s’étouffer, la pauvre Emily, tu aimerais t’imaginer le désordre de ce qu’elle ressent, tu as rarement été aussi prêt de l’imaginer d’ailleurs tant elle est expressive, dans ses traits, dans ses gestes, et cela te fascine.
Clac. La gifle que tu n’avais pas vue venir, le claquement fait vibrer ton tympan et te laisse idiot sur place. Une seconde lui fait suite, moins surprenante, plus douloureuse. Quoi ? La pression sanguine malmène des artères, tu sens ton cœur tambouriner de toutes les forces de sa volonté. Tu n’aurais pas cru Emily capable du geste, c’était trop beau pour être vrai. Le regard que tu poses sur elle est incandescent, c’est l’émotion qui te meut, qui te laisse pantois, les bras le long du corps comme le dernier des imbéciles. C’est douloureux, mais ça te fait tellement plaisir. Cela te fait aussi réaliser que tu n’as peut-être pas obtenu l’effet escompté, qu’elle ne l’a vraisemblablement pas bien pris – et tu hésites entre l’envie de la remercier d’une façon moins douteuse, et l’envie de la pousser plus avant dans ce tourment moral, par curiosité de la voir sortir de ses gonds.

Vous êtes un malade, le mot ne te fait pas plaisir mais en toute franchise tu passes au-dessus. Pour le régal de cette déferlante d’émotions, tu étais prêt à effacer toutes les insultes. Non, tu ne te rends pas compte, tu ne comprends pas ce que le monde trouve à cela de si dramatique, mais tu sais qu’ils sont encore nombreux à ne pas savoir surmonter le tabou de la mort. C’est tout à fait de ta faute si tu as heurté sa sensibilité. Tu as seulement manqué de tact, voilà tout, ça ne faisait pas de toi un fou – seulement un embarrassé social. « Je suis désolé » as-tu répondu d’une voix basse et posée, qui trahissait néanmoins l’intensité de l’émotion que tu éprouvais, à la voir rendue dans un tel état. « Je n’ai pas pensé que vous en souffririez. » Il n’y avait rien de plus vrai, d’ailleurs tu ne lui voyais toujours pas de raison d’en souffrir. Tu espérais – un peu naïvement il faut le dire – qu’elle te pardonnerait puisque tu présentais des excuses. Si tu étais désolé ? Oui, non pas pour elle mais pour toi-même, pour avoir compromis votre relation, c’est-à-dire la confiance qu’elle avait nécessairement porté en toi pour être venue te voir seule aujourd’hui, et pour avoir partagé avec toi ses confidences. Mais tu ne pouvais décemment regretter un spectacle aussi intense.
Comme si vous me lisiez le bottin. Elle ne manquait pas d’humour, il fallait au moins lui reconnaître cela. Vous ne ressentez rien ? Oh, tout au contraire, elle te faisait ressentir beaucoup, tu palpitais à l’intérieur de toi. Comme si c’était un objet… Non, là-dessus tes sourcils se froncent. Ce n’était pas un objet, c’était ta sœur comme si elle était vivante, comme si tu leur arrangeais un rendez-vous. Plus que cela même, tu avais pour ce corps plus de considération que pour ta sœur de son vivant, mais en tout tu préféras garder le silence, la laisser parler, déverser toutes les passions qui lui rongeaient le ventre. Jusqu’à ce qu’elle te frappe, aux poings cette fois, mais l’émotion avait dû épuiser ses forces puisque tu n’en souffrais pas. En fait, cela te faisait du bien, de la sentir heurter ta poitrine autant que ton cœur le faisait à l’intérieur, comme un écho, des pulsations qui se répondent. Tu la laisses faire, tu te dis qu’elle en a besoin, de toute façon elle faiblit, elle ne devrait plus crier très longtemps, et tu es plutôt un homme patient.

Ça y est, son corps la rattrape. Après ses dernières plaintes, elle te rejette, et se rejette elle-même. Tu en as provoqué, des crises de larmes, des crises de colère, mais de là à faire vomir une femme, Basil – rarement au point de faire vomir une femme. Il faut une première à tout, mais c’est significatif au moins de la force de ses émotions. Tu n’allais certainement pas la laisser partir tout de suite, non elle te fuirait définitivement, et tu ne voulais pas laisser échapper une personne aussi fascinante après tout. Tu l’as approché prudemment, sans te précipiter pour ne pas lui provoquer davantage de panique, encore que tu n’étais pas tout à fait certain de savoir comment t’y prendre pour l’éviter. C’était comme réapprendre à traiter avec les humains. Tu ramènes ses cheveux en arrière et passe une main sous son coude avec douceur, lui proposant par là ton aide pour se relever. « Vous avez raison, vous avez sûrement raison sur toute la ligne. Je suis un idiot. Voulez-vous bien venir vous rincer la bouche et vous asseoir ? Dans la cuisine – je vous assure qu’elle n’y est pas. Vous aimez le thé ? » Oui bien sûr Basil, c’était la meilleure question à poser à la femme que l’on venait de traumatiser pour peut-être le reste de son existence. Mais voilà, il n’y avait rien de dramatique selon toi. Ta sœur était au salon – morte, d’accord, mais enfin ça n’était pas moins ou plus réjouissant que de la savoir rongée par les vers à six pieds du sol. Elle était morte de toute façon, morte et ce n’était pas ton fait, elle était morte, elle pouvait bien attendre une tasse de thé. Et puis force était de constater que Emily ne pourrait rentrer seule dans l’état où elle était rendue, alors autant que vous discutiez en toute tranquillité.
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« Je suis désolé »
Emily ne l’entendait pas vraiment. Son cerveau capta les mots, les intégra, mais s’en fichait royalement. Il était désolé, ça lui faisait de belles jambes. Ca ne suffisait pas d’être désolé. On est désolé quand on se rend compte qu’on a fait une connerie. Comment pouvait-il ne pas savoir que vouloir lui montrer le corps de Charlotte n’était pas une connerie ? C’était du bon sens. Même pour un mec dont le boulot était de garder un cimetière, c’était du bon sens.

Elle l’avait senti, pourtant, que Basil n’était pas net. Il y avait eu cette façon de la presser à parler de sa vision. Ses remarques sur les Ò Murchù. Celles sur les jumeaux. Elle s’était inquiétée déjà. Son instinct lui avait soufflé que le roux n’était pas forcément très sain. Mais elle avait refoulé l’instinct, préférant se fier à la confiance quasi naturelle qu’elle accordait aux gens, chaque fois. Voilà où ça la menait. Dans l’antre d’un psychopathe.

Son corps rejette en bloc ce qui vient de se passer. Il rejette littéralement. Au bout de quelques secondes, ce n’est plus que de la bile qui lui monte aux lèvres. Alors il s’arrête, la laissant haletante. Emily voudrait être partout sauf ici. Elle n’a aucun moyen de s’enfuir. Woody est là, à côté, bien impuissant. Ils sont impuissants tous les deux face à la situation. Et lorsque Basil s’approche doucement, Woody grogne. Il grogne mais il laisse faire quand il voit que le jeune fossoyeur n’est pas menaçant. C’est tout Woody, ça. Il est formé à prévenir du danger. Pas à envoyer valser les gens qu’Emily n’a pas envie de voir. Lui aussi accorde une confiance naturelle aux gens. Pas un pour rattraper l’autre. Emily fait mine de se débattre lorsqu’il la prend sous le coude pour la relever, mais en vérité, elle n’est que trop soulagée qu’on l’aide à se relever. Le goût de bile sur sa langue, la gorge en flammes, elle se laisse faire.

« Vous avez raison, vous avez sûrement raison sur toute la ligne. Je suis un idiot. Voulez-vous bien venir vous rincer la bouche et vous asseoir ? Dans la cuisine – je vous assure qu’elle n’y est pas. Vous aimez le thé ? »
L’envie de rire prend la jeune femme. Il lui propose un thé, là, c’est sérieux ? Il vient de lui annoncer comme ça que sa sœur est morte, a voulu l’emmener voir le corps, et d’un coup il lui propose un thé ? Et il prévient qu’il n’a pas mis le cadavre à la cuisine. Quelle délicatesse. Tout n’est donc pas à jeter chez cet homme. Emily se sent prise d’une envie folle de lui jeter une autre baffe. Mais elle n’en a pas la force. Et puis, à quoi bon ? Le silence tombe. Le pire, dans tout ça, c’est que Basil a l’air sincère. Et ça pourrait très bien être un déguisement, il pourrait très bien se faire passer pour sympathique et sincère afin de mieux la torturer ensuite avec ses idées tordues. Mais Emily a pris l’habitude d’écouter son instinct. Pas toujours le meilleur guide, mais c’est le seul qu’elle a. Et son instinct lui dit que Basil est sincère. Se pourrait-il que le jeune homme ait réellement pensé que présenter Charlotte serait une bonne idée ? Serait-il possible qu’il soit juste…câblé différemment ? De toute façon, la jeune Oracle n’a pas vraiment l’énergie nécessaire pour refuser et rentrer chez elle toute seule. Alors elle acquiesce.

La cuisine sent bon. C’est étrange. Emily s’imagine des couleur pastel, elle ne sait pas bien pourquoi. Un peu comme les cuisines des grands-mères. Assise là, pantoise, elle caresse Woody machinalement. Elle ne sait pas bien ce qu’elle fait là. Elle prend un thé et elle s’en va. Juste histoire de reprendre des forces, et ensuite elle se casse et elle sort Basil Egerton et son cerveau tordu de sa vie. Elle n’aurait jamais dû le faire rentrer en premier lieu. Sa vie est déjà assez tordue comme ça, elle n’a pas besoin d’un fossoyeur étrange.
« Vous pensiez vraiment que c’était une bonne idée ? », demande-t-elle soudainement, la curiosité l’emportant sur la colère. « Vous deviez vous douter que c’était….pas normal. Non ? »
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Basil Egerton
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You were unholy right from the start

Tu as beau ne pas tout à fait comprendre comment ni pourquoi, tu sais que tu as commis une grave erreur. Pour toi ce n’est qu’une maladresse excusable, que tu tentes de faire passer pour de la bêtise, mais les réactions d’Emily sont sans appel. Tu es un monstre, un grand malade, va te faire soigner Basil, c’est ce qu’elle te hurle au visage sans forcément le dire. C’est pourquoi tu fais tant d’efforts pour être prudent, tu prends mille précautions avant de l’approcher, de la toucher, pour essayer de la mettre en confiance – son chien aussi, tu n’y avais pas pensé, mais tu ralentis tes gestes en l’entendant grogner. Elle semble se débattre un peu, elle ne veut pas que tu la touches, mais rendue dans cet état elle n’a d’autre choix que de compter sur ton assistance. Alors elle finit par se laisser guider et par éteindre momentanément sa prudence qui lui répète de s’échapper d’ici, quand elle se rend finalement compte qu’elle ne peut pas juste s’en aller, pas maintenant, pas alors qu’elle tient à peine sur ses deux jambes.
Tu l’emmènes à la cuisine, et à l’évier en premier lieu, tu fais couler un peu d’eau claire dans un verre que tu lui glisses entre les doigts pour qu’elle se sente un peu plus à l’aise. Tu vas même jusqu’à glisser ta main contre son estomac, l’espace de quelques secondes, sans vraiment te soucier du malaise que cela pourrait lui provoquer, pour en apaiser les douleurs dont tu es responsable toi-même, grâce à tes quelques facultés de guérison. Juste assez pour stabiliser son état, la rendre un peu plus réceptive, le temps de l’amener jusqu’à une chaise où elle pourra s’asseoir et travailler ses émotions, loin de ton contact toxique. Sans rien ajouter d’autre, la laissant gérer ses états d’âme, tu t’évades ouvrir quelques placards, mettre de l’eau à bouillir, choisir entre une vingtaine de thé celui qui lui fera plaisir, et tu te décides pour quelque chose de fleuri. Un thé blanc au jasmin, parce que tu estimais que cela lui irait bien – comme si c’était la seule chose dont tu devais te soucier après le choc que tu venais de lui donner.

Vous pensiez vraiment que c’était une bonne idée ? finit-elle par demander, et tu te poses la question de savoir ce qu’elle aimerait t’entendre répondre qu’elle puisse trouver un peu rassurant. Ce n’est que lorsqu’elle poursuit, lorsqu’elle glisse que tu devrais te douter que ce n’était pas normal - et qu’elle utilise ce mot : normal, que tu te figes sur place finalement. Est-ce que tu n’es pas normal, Basil ? Tu sais que tu as été maladroit, que l’esprit des autres n’est pas fait comme le tien, plus susceptible, plus encastré dans les normes et les tabous de la société. Malgré tout tu es décontenancé, presque embarrassé devant l’accusation. Qu’est-ce que tu devrais lui dire ? Tu ne sais pas quoi lui dire qui ne la fasse pas encore vomir et hurler, tu as cette pénible impression que quoi que tu fasses, tu ne feras qu’empirer l’image qu’elle a de toi. « Je n’ai pas pensé que cela vous ferait du mal » as-tu fini par répondre au risque de te répéter, avec une sorte de tâtonnement, prêt à rebrousser chemin sitôt que tu percevrais chez elle un signe de choc, de peine ou de colère.
Tu as marqué un silence, et puis tu as rejoint la table de la cuisine, et tu y as posé la théière et deux tasses, et une boîte de biscuits que tu as poussé en direction de sa main. Tu as pris une chaise que tu as retournée dans l’autre sens pour t’y asseoir à califourchon, les bras croisés sur le dossier. Pendant un bref instant tu l’as observée, avant de reprendre, pesant du mieux possible tes maladresses. « Vous savez, au décès d’un proche, lorsque les membres de la famille viennent à son chevet pour le voir une dernière fois - j’entends dire que cela facilite le deuil. Alors j’ai pensé, même si vous ne vous connaissiez pas… Après ce que vous avez fait pour elle, j’ai estimé que vous pouviez vous le permettre. Mais j’aurais dû être plus prévenant je suppose. J’oublie quelques fois que la mort pose un problème à la plupart des personnes. » Un peu hésitant, tu as profité de cette pause pour vous servir deux tasses de thé, et puis tu as soupiré, passant la main le long de ta nuque, reprenant plus prudemment encore. « C’était maladroit de ma part, je l’admets, et vous avez sans doute raison de m’en vouloir. Toutefois si vous pouviez ne pas… ne pas en parler autour de vous, s’il vous plait, cela m’arrangerait beaucoup. » Tu ne mesurais pas tout à fait la gravité des faits, mais si cela l’avait poussée à vomir, tu avais dans l’idée qu’il ne t’arriverait pas que du bonheur si les forces de l’ordre étaient amenées à le découvrir. Bien sûr, tu savais que tu n’étais pas censé détenir un corps dans ton salon, d’autant que tu avais refusé d’aller le déclarer pour pouvoir l’étudier à loisir – mais c’était devenu à ce point ancré dans tes habitudes que tu ne voyais pas de raison d’en faire un drame.

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« Je n’ai pas pensé que cela vous ferait du mal »
Emily sourit, presque malgré elle. Parce qu’elle sent la sincérité, pure et simple, dans la réponse de Basil. Il ne pensait pas à mal. Il n’avait pas l’intention de blesser. Et d’un côté, c’était rassurant, de savoir que Basil ne voulait pas la blesser. Ca montrait qu’elle ne s’était pas complètement plantée sur lui, qu’il n’était pas un homme mauvais par nature. D’un autre côté, c’était presque effrayant, qu’il n’ait pas l’intention de blesser. Parce que ça voulait dire qu’il ne pensait pas qu’exposer sa sœur morte sans préciser à l’avance son état, c’était mal. Non, Basil avait appelé Emily et demandé de venir sans préciser la raison de sa demande, et avait parlé de Charlotte retrouvée sans préciser dans quel état. Il était fossoyeur, il côtoyait la mort à longueur de temps, c’était son gagne-pain. Mais là, il lui donnait surtout l’impression de ne pas faire la différence entre vie et mort, en termes d’attention. Or, trouver Charlotte en vie et la trouver morte, ce n’était pas pareil.

Au final, Emily comprit deux choses. La première, c’est que Basil Egerton n’était pas mauvais ; il n’était pas forcément bon non plus, mais il n’était pas dangereux ou malveillant. La seconde, c’est que Basil Egerton fonctionnait, de toute évidence, différemment de la moyenne des gens. Il avait ce détachement qui le plaçait un peu en dehors de la masse. Ce quelque chose qu’Emily avait pris au début pour de l’innocence, mais qui n’en était pas. Elle n’aurait juste pas su dire ce que c’était. Juste un regard différent sur le monde.

La théière se pose sur la table et Emily prend un biscuit dès la boite posée à côté. Son corps demande du sucre. Le corps compense souvent par la nourriture, Emily ne fait pas exception. Biscuit en bouche, elle écoute Basil justifier son acte. Voir le mort pour faire son deuil. Comme un remerciement. La jeune femme ne peut pas s’empêcher de froncer légèrement les sourcils. Quelque part, ça se tient, comme logique. Encore une fois, ce n’est pas la perspective générale. Mais ça se tient. Basil a voulu aider Emily a faire son deuil de Charlotte.

« Mais j’aurais dû être plus prévenant je suppose. J’oublie quelques fois que la mort pose un problème à la plupart des personnes. »
Elle ne peut s’empêcher de laisser échapper un petit rire. Oui, il a mis le doigt sur le cœur du problème. Quand la famille vient au chevet du défunt pour lui dire au revoir, ils savent que la personne est morte. A priori, ils ne s’attendent pas à ce qu’elle leur raconte sa journée. Basil avait omis le détail le plus important en appelant Emily : elle avait un deuil à faire. Parce qu’un deuil, ça se prépare. Ca s’amène. Ca se…dit avec des mots gentils. Ca ne s’annonce pas comme il l’avait fait. « Ah oui au fait, j’ai le corps de Charlotte sur ma table de salon, ça vous dit de lui faire un coucou ? ». Au moins Basil en est-il conscient maintenant.

«Toutefois si vous pouviez ne pas… ne pas en parler autour de vous, s’il vous plait, cela m’arrangerait beaucoup. »
Emily manqua de s’étouffer avec son gâteau. En parler autour d’elle ? Elle but une gorgée de thé, grimaça parce qu’il était encore trop chaud, puis se racla la gorge.
« Aller raconter quoi, Basil ? Que je connais votre sœur parce que je vois l’avenir, et que vous avez voulu poliment me présenter son cadavre qui traine quelque part chez vous ? »
La jeune femme haussa les épaules.
« Personne ne me croirait même si je voulais raconter. Et de toute façon, je ne le ferais pas. C’était…déplacé, ce que vous avez fait. Mais je n’ai pas l’intention de vous nuire. Désolée de vous avoir frappé, d’ailleurs. »
Elle adressa un sourire qui se voulait rassurant au fossoyeur. Puis soupira.
« Qu’est-ce que vous allez faire maintenant, pour Charlotte ? »
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Basil Egerton
Basil Egerton
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'Til death do us apart

You were unholy right from the start

Tu t’étais armé d’autant de précautions et de patience que ce dont tu étais capable, affectant tes ressources cognitives au mimétisme de ce tact qui te faisait si souvent défaut. Bien que tu l’aies jeté dans une extrémité affreuse, les résultats sont vite encourageants, et de la violence, méfiance, détresse qui avaient tantôt animé sa carcasse, il ne restait déjà plus grand chose. Tu n’irais pas jusqu’à dire qu’elle avait soudain en toi une confiance aveugle, mais elle s’était au moins suffisamment détendue pour daigner casser la graine dans ta cuisine. Rien que ce détail voulait bien dire ce qu’il voulait dire : tu ne l’intimidais pas tant, et elle ne craignait pas que tu y aies ajouté quoi que ce soit. Oh, tu aurais pu - non pas tant du poison puisque tu n’y avais aucun intérêt, mais rien qu’un peu de ta poudre peut-être. Elle avait de ces facultés pratiques pour rendre les personnes conciliantes, jouant sur leurs sens et sensations : apaiser ses entrailles endolories, lui évoquer du bien-être ou simplement la chauffer un peu, dans cette grande maison que tu tenais toujours trop froide à cause des corps que tu y étudiais. Rien de tout cela cette fois, mais quoiqu’il en soit elle mange sans crainte, et se met même à rire un peu. De fait tu relâches ta garde, tu ne t’inquiètes plus beaucoup : les choses s’arrangent, tu as fait des erreurs mais Emily pardonne vite. Tu réalises sa naïveté, qui ne doit pas lui apporter que du bonheur mais toi en tout cas, elle t’arrange beaucoup. Parce qu’elle signifie une chose très plaisante autant pour toi que pour elle : tu n’auras sans doute pas besoin de la tuer.

Si vous pouviez ne pas en parler autour de vous dis-tu, et tu manques de l’étouffer avec ta requête stupide. Tu ne comprends d’ailleurs pas ce qu’elle a de stupide, c’était une demande honnête, et c’est presque cocasse de constater que tu t’inquiètes davantage de ta proposition que de la voir se brûler la langue et s’étouffer sur tes biscuits. Elle ne voit pas ton expression décontenancée qui l’aurait sans doute beaucoup fait rire - et te demande, en toute franchise Basil, ce que tu espérais qu’elle aille raconter au reste du monde. La façon dont elle te le présente t’arrache facilement un sourire et tu ne caches pas l’amusement au fond de ta voix. « Je suis ravi de n’avoir pas tué votre sens de l’humour » lui réponds-tu, faute d’avoir su épargner l’ambiance. Mais quoi qu’il en soit elle te rassure, et te contente en deux mots - si seulement ce pouvait être chaque fois aussi simple, si tout le monde pouvait être aussi conciliant tu n’aurais jamais eu à tuer personne et tu aurais vécu beaucoup mieux. Elle s’excuse même de t’avoir frappé, quand bien même tu méritais sincèrement cette gifle - bien qu'entre nous, tu l’avais nettement appréciée. « Je vous assure que ce n’était pas grand chose, il fallait me remettre les idées en place. » N’hésitez pas à me les remettre à l’occasion, cela arrangerait sûrement tout le monde.
Et qu’est-ce que tu vas faire maintenant, Basil ? Pour Charlotte, demande-t-elle, tu entends plutôt, de Charlotte. Tu gardes le silence un moment et te fais pensif, il y a sans doute des choses que tu ne devrais pas lui dire. A vrai dire, tu ne sais même pas ce qu’elle espère entendre exactement. « L’enterrer, je peux difficilement faire autre chose. J’aurais dû le faire plus tôt sans doute, mais vous savez mieux que quiconque ce qu’il en est, ce que Castiel a pu lui faire. Je n’ai jamais trop aimé Charlotte, mais son corps porte les traces d’un certain nombre de sévices qui me contrarient, et je voulais en avoir le cœur net. Pour moi, cela complique les choses, je crois qu’il y a plus de paramètres à prendre en compte que ce que j’imaginais. Je n’ai pas encore informé ma mère du décès, j’ai bien peur qu’elle ne réagisse stupidement en l’apprenant, et que cela nous pose quelques problèmes avec les Ò Murchù. La situation peut dégénérer très vite, je veux être prudent - c’est ce qui me préoccupe désormais. » Tu marques un temps de pause, et si tu avais déjà pris un ton assez sérieux, ce n’était rien encore à côté de celui-ci qui se voulait beaucoup plus personnel et confidentiel. « Emily, si je vous en parle, c’est que vous avez été suffisamment impliquée pour mériter des réponses, mais vous en avez assez fait. Je ne veux pas que vous vous en mêliez, mais je veux que vous soyez parée à toutes les éventualités. J’ai peur de devoir envisager qu’un Ò Murchù vous approche. Dans l’immédiat, je suis le seul à savoir ce que vous avez vu, et c’est une chance que vous soyez venue me voir directement. Je compte sur votre silence, mais je veux aussi m’assurer que vous viendriez me voir s’il advenait quelque chose. Je peux vous faire confiance ? » Tu lui en demandais beaucoup. C'est sans doute ce réflexe qu'elle aurait eu, si tu ne lui avais pas fait subir la scène du jour. A présent, tu craignais un peu qu'elle ne t'échappe pour toujours sitôt la porte franchie, et tu aimais mieux l'idée de la garder comme atout dans l'une de tes manches.

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Unholy right from the start | ft. Emily
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