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 La vérité passe par le regard et non par de stupides paroles.

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Karen Murphy
La vérité passe par le regard et non par de stupides paroles.
Le meurtre à la banque. Ça ferait presque titre de film policier à suspens. Ça fait carrément titre de film. C’est presque ainsi qu ’il est titré dans les journaux. Et sans ce genre de torchon, tu ne serais même pas au courant de tout ce qu’il se passe à Bray. En tournant une page dudit journal, tu en apprends un peu plus. Comme l’heure et le lieu. Toi qui pensais qu’il n’y avait que chez les autres que les embrouilles arrivaient. Que tu te trouvais à l’abri dans une telle ville. Tu aurais dû te douter qu’il n’en fût rien. C’est justement plus propice aux catastrophes humaines que n’importe où ailleurs. Plus la population est élevée, plus elle est susceptible de nuire aux autres. Ça te donne presque envie de déménager à la campagne. Mais ne serait-ce pas pire là-bas ? Après tout, il est tout autant possible que tu sois victime d’un serial killer. Sauf que dans la campagne profonde, personne ne te retrouvera. Personne ne s’inquiétera de savoir où tu es ou ce que tu fais. Sans réseau pour communiquer ni rien.

Ton cœur s’accélère. Tu ressens la peur. Bêtement, tu te retournes pour être sûre d’être seule. Qu’est-ce qu’il te prend de penser à ce genre d’horreurs. Voilà que tu pars en tachycardie maintenant. Il faut que tu te ressaisisses. Tu n’y étais pas. Tu ne fais que fabuler. Tout va bien. Il ne t’arrivera rien. Et tu ne partiras pas dans la campagne irlandaise. Sujet clos.

Ton regard se reporte sur le journal pour terminer de lire l’article. Tu n’y fais pas grand cas. Le nom de l’inspecteur ne t’intéresse guère. En revanche, tu vois celui d’Anthéa être cité. Il faudra que tu prennes de ses nouvelles pour voir ce qu’il en est. Tu vois également un autre nom être cité. Celui d’un médecin qui aurait tout tenté pour sauver la victime. Karen Murphy. Karen. Juste ciel. Elle a dû être au premier rang de ce massacre.

Fermant la feuille de chou que tu tiens dans tes mains, tu ouvres la porte de chez-toi. Prenant tout juste le temps de fermer derrière toi avant de te diriger d’un bon pas vers l’appartement de Karen. Face à sa porte, la main crispée sur le journal, tu te demandes si tu n’aurais pas dû appeler avant de passer. Ne serait-ce que pour la prévenir de ta future visite. Qu’elle ne se sente pas envahi dans son espace personnel. Tu ne fais vraiment preuve d’aucune compassion actuellement Blair… Quelle piètre amie tu fais. Néanmoins, maintenant que tu es là, tu ne vas pas faire marche arrière et tergiverser plus. Prenant ton courage à deux mains, tu appuies sur la sonnette. Advienne que pourra.
 
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❝ un besoin de parler, d’évacuer ❞la vérité passe par le regardTu avais l’air d’un cadavre. Et ce choix de mot était terriblement de circonstance, malheureusement. Depuis ce meurtre à la banque, depuis ton échec à sauver cette vie, tu étais là sur ton canapé, à regarder la télévision, ces téléfilms ridicules dont tu ne comprenais même pas le moindre traître morceau d’intrigue tant tu… Ne les regardais pas vraiment. En fait. Est-ce qu’il s’était passé deux heures ? Deux jours ? Deux semaines ? Tu n'en avais pas la moindre idée. Tout ce dont tu te souvenais, c’était d’avoir laissé un message vocal à ton associé, du cabinet, pour lui dire que tu souffrais de stress post-traumatique, et que tu avais besoin de quelques jours. Il avait sûrement essayé de te rappeler… Tu n’en savais rien. Tu n’avais appelé personne d’autre. Ni Sammy pour ne pas l’inquiéter avec des histoires aussi terribles, ni ta sœur qui était en déplacement professionnel et avait bien d’autres choses à penser que des événements sur lesquels elle n’avait aucun pouvoir.

Au moins t’étais-tu lavée. Ça, tu en étais certaine étant donné que tu avais parfois un sursaut, tu te réveillais, pleine de l’angoisse d’avoir encore le sang de la victime sur toi, et quand tu vérifiais, tu ne voyais que ton énorme pull informe vert totalement… vert. Ainsi que ton jogging gris totalement gris. Tes mains briquées. Puis, tu repartais dans cette espèce de coma éveillé, les yeux et la bouche à peine ouverts, à… attendre. Quoi ? Tu n’en savais rien. Peut-être le Messie, peut-être la nuit, peut-être le jour ?

Comprenons-nous bien : tu attendais, c’était tout.

Peut-être que tu attendais ce bruit de sonnette ? Au début, tu ne réagis pas vraiment, jusqu’à comprendre que c’était vraiment la tienne. Tu sursautas, allant jusqu’à te demander si tu avais commandé une pizza. Pour avoir ton regard qui glissa vers la droite, que tu voies un cadavre de boîte de pizza justement. Ah, bah tu l’avais déjà reçue et mangée visiblement.

Alors, tu te levas pour regarder par le judas. Tu n’attendais personne, est-ce que ?... Ah, c’était Blair. Okay, tu reculas un peu, te tapotas les joues afin de te redonner de la couleur comme de l’énergie, et enfin… Tu ouvris la porte. « Bonjour Blair ! Comment tu vas ? Vas-y, entre, installe-toi, tu veux un café ? » Sans même prendre le temps d’attendre la réponse, tu te dirigeas avec empressement vers la cuisine, où tu lanças la machine à café – sans mettre de capsule ni de tasse – et sortir la salière au lieu du sucre.

Tu ne t’en rendais même pas compte, tu te pensais crédible dans ton remue-ménage, mais à vrai dire, tu avais tout de même l’œil absent, et même tes maladresse – si on pouvait appeler ça comme ça – mettaient la puce à l’oreille.
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