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 What about us? [Zachily]

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What about all the plans that ended in disaster?

Le cœur s’emballe alors que je m’apprête à entrer. J’ai envie de faire demi-tour. Mais je sais que si je fais demi-tour, je n’aurai jamais plus le courage de revenir faire ce que j’ai à faire. Alors je pousse la porte et entre chez Andy. La maison de mon enfance, si on peut dire. Là où j’ai passé mes meilleurs moments. Mais je n’ose pas appeler cet endroit « chez moi ». Parce que j’ai toujours eu l’impression d’être une invitée, ici. Voire une intruse, si on en croit Kyle et Zach. Zach, justement. C’est lui que je viens voir.

Ca fait des semaines que les choses sont étranges avec Zach. Déjà à l’hôpital, il y avait quelque chose de différent. Et depuis, chaque fois qu’on se croise à l’hôpital, chez Andy ou ailleurs, j’ai l’impression qu’il m’évite. Le fait que j’ai aidé Joshua à entrer dans sa vie ne doit pas jouer en ma faveur. Je savais que cela compliquerait une relation déjà chaotique. Mais il y a plus que ça. Même Andy est inquiet, parce que Zach enchaine les conneries. Il n’est pas lui-même, et j’ignore si c’est à cause de son frère, de la famille qu’il pensait morte, ou d’autre chose. J’ai essayé, quelques fois, de lui parler, mais il fuit. Même Kyle n’arrive plus à lui parler, bon sang. Alors j’ai dit à Andy que j’irai lui parler. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Me jeter dans la gueule du loup comme ça. Mais le fait est que je suis inquiète pour Zach aussi. Et que ça me tue, de laisser les choses comme ça. Darleen m’avait conseillé de briser le silence. Eh bien me voilà.

Andy est là. Je l’embrasse et il me dit doucement que Zachary est à l’étage. Il semble un peu fatigué. Ou alors c’est moi qui sur-interprète tout. Avec un sourire, je hoche la tête et grimpe doucement les marches vers la chambre. Le cœur s’emballe un peu plus à chaque marche. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Pourquoi se confierait-il à moi ? On n’a jamais été très proches, Zach et moi. Il m’a détestée la seconde où il m’a vue entrer dans la vie d’Andy, et dans la sienne. Notre enfance a été faite de crises et de cris. On s’est menés la vie dure. Et quand je suis partie, je n’ai pas regardé longtemps en arrière. Depuis mon retour, depuis qu’on s’est revus à l’hôpital, les choses vont mieux. Je crois. On est repartis du bon pied, en tout cas c’est ce qu’on s’était dit. Et puis plus rien. En temps normal, je n’aurais pas insisté. Mais ce n’était pas un temps normal, je suppose.

Je frappe à la porte, légèrement mais de façon confiante. Pour donner le change. J’espère pendant une seconde qu’il ne va pas m’ouvrir, mais il m’ouvre. Et en le sentant, là, devant moi, j’oublie tous les discours que j’avais en tête, tout ce que j’avais préparé. Son odeur me frappe d’abord. Pourtant elle est comme elle a toujours été. Mais en même temps, elle est différente. Elle me parait différente. J’inspire un grand coup pour me redonner du courage, décroise mes mains qui se trituraient l’une l’autre nerveusement.
« Hey Zach. Tu me laisses entrer ? Je voudrais qu’on parle. »
Il pourrait dire non. Me fermer la porte au nez. Et ma tentative s’arrête là. Mais quelques secondes plus tard je suis assise sur son lit, lui pas très loin. Je me racle la gorge. Allez, Emily, tu es là. Arrête d’avoir peur.

« Andy m’a dit que tu n’allais pas bien. Il….en fait non, moi aussi, je te trouve différent. Tu ne me parles quasiment pas depuis la dernière fois. Je croyais qu’on avait décidé d’essayer, qu’on avait fait la paix. Je voulais vraiment le faire. Et je sais que Joshua… »
Je soupire. J’imagine que le choc fut rude. Apprendre que la famille qu’on croyait morte est bel est bien vivante. Qu’on a un frère, qui a lui été élevé par cette famille. Zach devait avoir du mal à gérer ça. Et j’y étais pour quelque chose. J’avais donné les dossiers à Josh. Je lui avais dit où chercher.
« Je ne pouvais pas ne pas l’aider. »
Parce qu’il n’y avait pas de bon ou mauvais choix. Si je n’avais pas aidé Joshua, j’aurais trahi un ami d’enfance. Et est-ce que ça aurait été mieux, pour Zach, de savoir que j’étais au courant mais que je n’avais rien fait pour que son frère le retrouve ? Je m’étais retrouvée dans une situation impossible. J’avais décidé de laisser une chance à Joshua.
« Et puis il aurait trouvé sans mon aide de toute façon. C’était compliqué pour moi, parce que je savais que ça pouvait te… écoute, Zach, je ne voulais pas te faire de mal. Jamais. Et si tu m’en veux, ok, je comprends. Mais crie-moi dessus, dis-moi quelque chose. Parle-moi, bordel. Parce que ton silence, là, c’est insupportable. Je peux pas continuer comme ça. Et toi non plus. »
On ne pouvait pas continuer comme ça. J’avais l’impression qu’on marchait sur des œufs. Ou sur des mines qui pouvaient exploser à tout moment. A l’hôpital, il m’avait dit qu’il ne me laisserait pas tomber. Et j’y avais cru. Et j’avais envie d’y croire, de croire que lui et moi, on pouvait laisser tomber nos crises de gamins, et construire une relation d’adultes. On avait vécu une partie de notre vie ensemble, après tout. On pouvait bien se supporter, s’entendre, être amis. Parce qu’au fond on tenait l’un à l’autre et je le savais. Mais si j’étais prête à l’assumer, lui visiblement pas. Et ça me tuait à feu doux..
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Ever since I was a child, I knew I was not like the others... I knew mine was a special existence... But this, this was not what I meant... Am I- A human being?


La solitude. Longue, pesante mais enivrante. Celle qui nous serre tellement fort dans ses bras qu'on a l'impression qu'on arrivera plus à respirer sans elle. Des semaines, des jours, des heures. Tout à la même saveur. Celle du goût de la solitude. Dans mon monde, il n'y a plus qu'elle. Tout le reste passe sans même m'effleurer. Pour la première fois depuis mon tout premier souffle, je n'ai plus peur. De rien, rien ne m'atteint. Je vois le monde défiler, les blessés se cumuler à l'hôpital. Le monde hurle et moi, je le regarde dans les bras de ma solitude. Je réponds par automatisme, ma voix a perdu sa saveur, mes yeux leur vigueur. Il ne reste qu'un fantôme de moi, celui qui ne ressent pas, qui ne souffre pas. Celui qui avance parce qu'il le faut mais qui ne sait plus pourquoi il vit.

J'ai appris ça dans les livres pour l'hôpital. Les patients coupés de la réalité, ceux qui ont tellement souffert que pour se protéger d'eux-mêmes, ils coupent le fil de leurs émotions. J'ai beau réaliser que mon attitude signifie que quelque chose cloche, ma solitude me tient si fort, me tient tellement bien compagnie que je n'arrive pas à en tenir compte. Je n'arrive plus à tenir compte de rien.

Lorsque le toc toc contre ma porte arrive jusqu'à mes oreilles, je lève les yeux. Probablement Andy, ou Kyle. Le silence est d'or dans cette maison depuis que j'ai baissé les bras. On a passé les cris, les colères. Aujourd'hui on ne se regarde plus, ou alors c'est moi, qui ne les regarde plus. Je fais pourtant l'effort de me lever de ma chaise pour aller ouvrir la porte. Le parfum de la brune atteint mes narines avant que mon cerveau percute que c'est bien elle. Emily, ma douce Emily. Celle qui fait vibrer mon cœur et mon âme. Qui me fait hurler tant qu'elle m'a fait aimer. J'ai l'impression que c'était il y a une éternité, pourtant. Une éternité que nos chemins se sont recroisés, que dans cet hôpital le contact de sa peau m'a fait perdre la tête, perdre la réalité. Pendant quelques jours, c'était elle, ma solitude. Emily, ces souvenirs, ses lèvres, ses yeux, ses mains, sa peau. Pendant quelques temps, c'était elle, mon obsession. Elle qui occupait mes jours et mes nuits. Qu'est-ce qui a changé, déjà ? Et puis c'était quand, vraiment ?

Il y a longtemps, trop longtemps. Je laisse mes yeux l'observer, comme ce souvenir qu'on avait presque oublié. Je n'articule pas un mot, ne bouge pas d'un pouce. La poignée de porte toujours dans la paume de la main et mes yeux, fixant son visage, cherchant à revivre sans en être capable. Peut-être que c'est ça, mon destin. L'indifférence jusqu'à la mort. C'est pas si mal, ça pourrait être pire. Je pourrais souffrir.

Mais sa voix éveille mes sens. Elle me sort de mon état léthargique pour me coller dans un état de flou, un état second. Celui qu'on vit après une longue cuite, de nombreuses nuits sans souvenir. Je n'ouvre toujours pas la bouche, presque déséquilibré, titubant à ce simple nouvel état. Je m'éloigne de la porte, la laisse entrer, mon regard qui la suit, mon corps qui s'anime, s'assoit loin, trop loin. Des kilomètres et une réalité plus loin, à quelques centimètres d'elle pourtant. Elle parle, la belle brune, elle dit des mots qui ricochent, que j'entends sans comprendre, que j'écoute sans apprendre. Je la fixe, respire, toujours lové dans ma solitude. Et puis vient un mot qui change tout. Un mot qui donne une grande claque à ma solitude, qui réveille la douleur. Un couteau dans une plaie béante. Elle l'enfonce en prononçant son nom. Son nom à lui, celui qui a bouleversé ma vie.

Joshua.

Je n'écoute pas la suite, mon cerveau envoie des images et des sons à la pelle. Tout se cogne et se recogne dans chaque coin de mon être. Mais putain, merde. Où est ma solitude ? J'ai mal, mal à en hurler rien que d'y penser. Mal à en crever rien qu'à le revoir. Ce brun, presque un reflet. Un meilleur reflet. Un reflet qu'on a gardé, qu'on a élevé. Celui qu'on a choisi, celui qui a eu le droit à une vie. Ma vie.

Je déglutis, mon cœur éclate ma cage thoracique, à quelque chose près, je suis en boule par terre en train de hurler. Pleurer à chaudes larmes pour que ma solitude revienne, qu'elle me protège et m'entoure à nouveau. Mais pour le moment, rien de tout ça, je reste stoïque face à elle, celle qui a fait battre mon cœur comme personne ne l'avait fait. Celle qui le brise par ces mots, maintenant. L'oracle continue, se justifie, se mêle les pinceaux et se confond en excuse. Et puis elle exige. Une réaction, un quelque chose pour l'enlever de sa culpabilité, sans doute. Je passe une main sur mon visage, remets mes cheveux en place et m'avance lentement vers elle. Je casse les quelques centimètres, les millions de kilomètres. Et puis voilà ma main dans la sienne. Elle la touche à peine, la caresse sans oser l'attraper. Mes yeux observent le geste et moi, je cherche le contrôle. Ressentir des émotions sans exploser. Retrouver un semblant de stabilité. Un quelque chose pour avancer. Alors maladroit, con et blessé, comme un animal, je réagis, comme il ne faut pas, j'agis. « Tu veux que je te parle, Emily ? » Ma voix est cassée, de ces heures, ces jours sans parler. Elle est abîmée par tout ce que j'ai refoulé, tout ce que je n'ai pas dit. Comme quelqu'un qui a trop longtemps dormi. Mais doucement, tout doucement, je continue, mon autre main se glissant lentement sur sa nuque, posant un doigt sur sa joue. Mes yeux dans les siens, qui ne voient rien. Mes yeux vides, bousillés, bouleversés. Mes yeux qui crient à l'aide là où ma voix, elle, ne laisse presque rien transparaître. « J'ai failli t'embrasser à l'hôpital, l'autre fois. » Il y a une semaine ou dix ans, peu importe au final. « Parce que la vérité, Emily, c'est que je n'ai jamais su m'y prendre avec toi. T'as réussi à avoir mon cœur entre tes mains sans que je comprenne pourquoi. T'as réussi à le faire battre là où même moi, j'y arrivai pas. J'ai été dur, bête et violent. Mais j'ai peur de toi, peur de ce que tu peux me faire à moi. » Je m'approche, le visage à quelques millimètres du sien, son souffle dans le mien. Je lâche sa main, glisse une main dans son dos et pendant un instant, ça me suffit. Me perdre, en frôlant ses lèvres sans l'embrasser.

Et puis, le deuxième impact tombe. Celui qui relance les souvenirs, frappe à nouveau et comprend les mots dits plus tôt. Alors je m'éloigne, trop vite, trop maladroitement. Je tremble, sa peau encore gravée sur mes empreintes. J'ai peur, d'un coup. Trop peur et les larmes qui montent sans couler, et ma voix qui flanche sans casser. « Et t'as réussi à l'exploser, ce cœur que t'avais dans les mains. T'as réussi à me faire plus de mal que ce que je croyais possible. Alors dis moi, Emily, parce que moi je sais plus, j'y arrive plus. Dis moi ce que je dois faire ? » Mon ton reste brisé mais doux, trop doux pour les mots qui s'enchaînent. Mais j'ai plus la force, j'ai plus la hargne. J'ai baissé les bras, parce que j'étais seul, que j'y arrivais pas. Qu'elle était pas là. Elle était pas là pour moi. « Je dois dire à Andy que j'ai un frère biologique ? Dire quoi à Kyle ? Lui qui a mis tant d'années à nous croire, Andy et moi. À croire qu'on l'abandonnerait pas, qu'on était une vraie famille, sa famille. Je dis quoi à mon frère, dis moi ? Je dis quoi à ton oncle, tu crois ? Et puis, Joshua ? » Le nom m'arrache un peu plus les tripes et pourtant, j'arrive plus à m'arrêter. Me faire mal tout seul, dire les mots que j'ai pas dit pendant ces longues journées. « Je fais quoi de lui ? Je suis sensé être heureux ? Heureux qu'une mère l'ait choisi lui, à moi ? Heureux qu'il m'ait cherché ? Je suis sensé être en colère ? Triste ? Dis moi Emily, parce que franchement, j'ai beau chercher, j'arrive pas à savoir. Alors ouais, j'parle plus. Mais tu vois, quand je parle, mes mots ils me tuent. C'est ça ton but ? Mon cœur t'a pas suffit ? Tu veux finir le travail ? Vas-y, te gêne pas. »

Puis y a mes yeux, que tu vois pas. Mes yeux qui crient t'en vas pas. Me laisse pas. Aide moi. Reste avec moi. Y a mes larmes qui brouillent ma vue et moi qui suis perdu. Me laisse plus sans toi, m'abandonne pas. Le choisis plus lui à moi, j'y survivrai pas cette fois.

doctor sleep | quote : Final Fantasy : Crisis Core.
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Don’t Leave Me Now


J’ai l’impression d’en avoir trop dit. Et de ne pas en avoir dit assez. De ne pas l’avoir dit assez bien. Je ne sais plus. Zach est là et il ne réagit pas. Alors j’attends quelques secondes qui durent une éternité, qu’il réagisse, quitte à me crier dessus et me chasser de sa chambre. De sa vie. Je suis consciente que mes actes, mes choix, ont des conséquences potentiellement irréversibles. Et si c’était à refaire, pourtant, je le referais. Je crois. J’en sais rien, là, assise face à lui, j’en sais rien. Je l’entend bouger et la seconde d’après, je sens sa main dans la mienne. Pas tout à fait là, pourtant tellement présente. Mon souffle s’emballe en même temps que mon cœur alors que mon cerveau m’envoie un flashback. Cette sensation de tomber, comme à l’hôpital, quand son collègue nous a bousculés. Parce qu’il est si proche. Parce que ces gestes et l’aura qui se dégagent de lui sont différents. J’avais déjà senti cette différence à l’hôpital. Mis ça sur le compte de la fatigue émotionnelle, de l’adrénaline, du malaise de se retrouver. Aujourd’hui, pourtant, je sais que ce n’est pas ça. Parce qu’il le sait aussi. Je n’ose plus bouger, je l’entends me parler d’une voix cassée comme si son âme avait été écorchée. Je sens sa main sur mon cou, sur ma joue, et je crois qu’à ce moment j’arrête de respirer.
« J'ai failli t'embrasser à l'hôpital, l'autre fois. »
Le cœur explose. C’est une douleur intolérable et une euphorie phénoménale dans le même temps. Deux parts de moi s’affrontent. L’une voulait entendre ces mots. L’autre les refuse, ne les comprend pas. Je fais les frais de leur bataille. Et Zach continue à parler et c’est de pire en pire. Parce que derrière ce qu’il me dit je comprends ce qu’il ressent. Parce que je ressens la même chose. Ca me fait peur, ça me donne envie de fuir et pourtant je reste là, parce que c’est lui. Parce que mon cœur ne peut pas se résoudre à partir. Parce que aussi effrayant que ces sentiments soient, ils sont réels et j’ai envie de les vivre. Alors quand il s’approche de mon visage, de mes lèvres, je le laisse faire. Incapable de le repousser, incapable de faire le premier pas. Pétrifiée par tout ce que je ressens. Je meurs d’envie qu’il aille jusqu’au bout du geste.
« Zach… », j’arrive à murmurer, le souffle court, sans rien dire d’autre. Mais le baiser n’arrive pas. Zach s’éloigne d’un coup, brutalement. Comme l’autre fois à l’hôpital. Je me remets à respirer, et ça fait mal. La partie de moi qui veut fuir ces sentiments jubile, et je la déteste. Peut-être que c’est mieux comme ça ? C’est une idée incongrue, Zach et moi. On est différents. On n’a jamais su se supporter. Et que dirait Andy, de nous voir comme ça ? Que dirait ma mère ? Ca ne marcherait jamais. Ca ne peut pas marcher. Et pourtant…même la petite voix qui me martèle ça est fragile. Peu sûre d’elle.

« Et t'as réussi à l'exploser, ce cœur que t'avais dans les mains. T'as réussi à me faire plus de mal que ce que je croyais possible. Alors dis moi, Emily, parce que moi je sais plus, j'y arrive plus. Dis moi ce que je dois faire ? »
Les larmes me montent aux yeux, parce que ses mots viennent comme un couteau dans mon cœur. Dans mon âme. Et à cet instant je regrette ces choix que j’assumais quelques minutes auparavant. Je comprend le mal que j’ai pu lui faire, persuadée d’aider. Je comprend qu’aider Joshua va peut-être me faire perdre Zachary, et je ne peux pas le supporter. Je ne peux pas le perdre, plus maintenant.
Et pourtant il a raison, qu’est-il censé faire ? Andy serait peut-être blessé de savoir que Zach a une famille biologique. Blessé pour Zach, de ce qu’on lui a fait ; mais aussi blessé de savoir que ce gamin qu’il considère comme son fils est en fait toujours celui de quelqu’un d’autre. Kyle, n’en parlons pas. Il pourrait repartir en sucette. Tout ce que dit Zach a du sens. Un sens que je n’avais pas envisagé. J’avais juste aidé un ami à retrouver son frère. J’avais voulu aider Zach à trouver sa famille. J’avais pensé que comme ça, peut-être, il pourrait renouer des liens, trouver du sens à son enfance, réparer quelques blessures. Mais j’avais peut-être fait pire que mieux.
« C'est ça ton but ? Mon cœur t'a pas suffit ? Tu veux finir le travail ? Vas-y, te gêne pas. »
Je baisse la tête, laisse les larmes couler doucement. Non, c’était pas mon but. C’était l’opposé de mon but. J’aimerais tellement retourner en arrière, faire autrement. Trop tard. Et bien sûr, pas une foutue vision pour me prévenir que j’étais sur le point de tout foutre en l’air. Pour me montrer des évènements horribles contre lesquels je ne pouvais rien, j’étais garnie. Mais pour m’aider à ne pas perdre la personne qui comptait probablement le plus à mes yeux, il n’y avait plus personne. Je ne sais pas quoi dire non plus. J’ai l’impression qu’on m’a arraché le cœur, et ça fait mal, bordel, ça fait tellement mal.
« Je voulais pas te faire de mal. »
Voilà que je radote. Je tombe au fond du gouffre.
« Je le sais depuis des mois. Depuis mon retour à Bray. Je l’ai vu. J’ai rien dit parce que je voulais pas que tu me détestes. J’aurais pas supporté que tu me détestes. Mais quand Joshua est venu à la mairie, j’ai su qu’il te trouverait de toute façon. Et je me suis dit que tu me détesterais encore plus si je continuais à me taire, que j’empêchais ton frère de te retrouver. Je me suis trompée et je suis désolée. Je vais…je vais te laisser, c’est mieux comme ça, je dois être la dernière personne que tu aies envie de voir. »

Je me lève, doucement, tente d’essuyer les larmes sur mes joues, aussitôt remplacées par d’autres. Mais je suis bien incapable de faire un pas. Incapable de finir comme ça. Je ne peux pas le perdre.
« Tu es la dernière personne à qui je voulais faire du mal. Mais j’ai jamais su non plus, Zach, je sais pas avec toi. Je sais jamais comment tu vas réagir. Y’a ces trucs qu’on ressent, mais chaque fois que tu t’approches, tu t’enfuis après et… »
Je m’approche doucement de lui. Tend la main, trouve la sienne, me rapproche encore. Et les yeux pleins de larmes, je fais le premier pas. Je nous offre ce baiser qu’il nous a refusé par deux fois. J’aurais aimé que les circonstances soient différentes. Qu’il soit signe de commencement, et pas potentiellement symbole d’adieu.
« Si tu me détestes et que tu ne peux pas me pardonner, je sortirai de ta vie. », murmuré-je la voix tremblante. « Mais je voulais t’aider, Zach. Je veux t’aider. Je veux que tu sois heureux. Ne me laisse pas partir. »
Je baisse les yeux, les ferme un instant. Ca ressemble aux suppliques désespérées d’une condamnée à mort. Ridicule.

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Y a quelque chose d'incroyablement cruel et étrange dans la solitude, ce sentiment presque permanent que les autres n'existent plus. Coupé de la réalité, constamment, dans la tendresse de la solitude, je balance des mots sans imaginer qu'ils peuvent blesser. Probablement parce que je le suis trop moi-même, pas foutu de hurler à l'aide il faut que je fasse mal en retour. C'est marrant la vie, finalement. J'ai subi la même attitude de la part de Kyle pendant des mois sans jamais trop savoir pourquoi il était comme ça, à quel point il avait mal et ça lui tordait les tripes. Il a fallu que je sois à deux doigts de crever pour qu'on commence à parler. Il fallu qu'on frôle la mort et qu'il soit presque trop tard pour qu'on laisse tous les deux tomber nos barrières et qu'on apprenne à se parler. Mais c'est différent avec Emily, parce qu'il y a un élément extérieur, un passif trop haineux entre nous deux. Cette haine qui cache tout le reste, surpasse tous les sentiments pour ne surtout pas laisser paraître un moment de faiblesse. Ne pas montrer que ce jour où elle a choisi Kyle m'a tué, ce jour où elle est partie sans se retournée m'a achevée. Et puis y a Josh, au milieu, l'incarnation vivante de toutes mes peurs et mes angoisses.

Tout ce qui était possiblement vrai est devenu réalité simplement parce qu'il existait. Et ça n'a beau pas être du ressort de la brunette, il n'empêche que le fait qu'il soit dans ma vie, qu'il y a apparaisse comme ça, ça c'était sa faute à elle. Alors lorsque les derniers mots qui s'échappent de ma bouche s'éteignent, lorsque mes larmes floutent ma vision et que je les balaie du revers de la main pour me recentrer à nouveau sur elle, garder un pseudo contrôle pour faire comme si tout allait bien. Et puis elle baisse les yeux, ses cheveux dégoulinent sur ses épaules et je détourne les yeux, parce qu'elle explose mes barrière rien qu'en existant mais que j'peux pas lui parler. J'peux pas faire semblant, pas faire comme si de rien était. Parce que j'ai trop mal et que je vais forcément tout gâcher. Faut qu'elle se casse, avant que je continue, que je la foute dehors avant qu'il n'y ait plus un espoir même minime quelque part enfoui entre nous. Mais mes yeux ne la quittent pas longtemps, les larmes qui perlent ses joues m'éclatent un peu plus, je serre les mâchoires et les poings, je tremble un peu. Mais quel con, putain, quel con. Mais c'est trop tard au final, elle pleure et c'est ma faute, parce que je ne sais ni parler ni agir. Parce que je suis un foutu idiot qui sait plus comment faire, qu'a jamais su comment faire. Et puis y a ses mots qui s'échappent de ses lèvres, des mots qui font encore plus mal que les larmes, des excuses plus sincères que celles que je pourrais imaginer. Au fond, j'ai envie de lui dire que je sais. Je sais qu'elle voulait pas me faire de mal et qu'elle a pas pensé à mal. Parce qu'elle est pas comme ça. Mais j'y arrive pas, j'ai la gorge qui s'étrangle alors qu'elle reprend et continue. Elle enfonce le clou, me sort sa vérité au milieu de la mienne que je suis incapable d'avouer. Y a quelque chose de terrible dans ses aveux, quelque chose qui est totalement indescriptible. Des coups de poing et à la fois un soulagement, enfin, le premier parmi toutes ces heures de solitude. Une douceur qui vient avec la douleur, quelque chose qui donne presque envie de dire que finalement, ça vaut plus le coup que l'indifférence. Mais j'arrive pas à lui dire tout ça, j'arrive plus à parler parce que j'ai l'impression que je vais exploser. Parce que c'est trop pour aujourd'hui et pour tous les autres jours aussi. J'suis pas un mec qui parle de ses sentiments, pas un mec qui s'étale devant la fille qui lui retourne les tripes depuis trop longtemps. Alors je la laisse se lever, j'observe ses gestes dans un silence d'or et laisse mes yeux se perdre sur son visage incroyablement triste, beaucoup trop triste.

Putain, ça fait mal. Et puis elle fait un truc que j'aurais pas imaginé, un truc que j'ai amené sans même m'en rendre compte. Une déclaration dégueulasse et bancale, des mots d'amour accusateurs qui n'attendaient pas de réponse parce qu'il me paraissait évident que la réponse était négative. Des mots pour la faire fuir, pas la faire répéter. Mon cœur s'arrête et mes yeux la cherche alors qu'elle s'approche et que je suis incapable de bouger, complètement pétrifié par l'idée potentielle d'une réalité. D'une foutue réalité que j'ai jamais voulu m'avouer. Sa main trouve la mienne et mes yeux fixent le contact comme s'il allait disparaître. J'arrive plus à respirer, je suis à deux doigts de m'effondrer. Mais au lieu de ça, le temps s'arrête, Emily s'approche dans cet espèce de moment hors du temps, ce truc incompréhensible qui fait que je m'écroule pas ou que j'éclate pas. Entre l'arrêt cardiaque et les battements un peu trop présent. Y avait pas de bon moment, pas de moment idéal. Y avait pas de moment à choisir, y avait qu'un choix à faire, celui qu'elle fait en cet instant. Ses lèvres sur les miennes alors que ses larmes se déposent sur mes joues trop fraîches. Ce baiser que j'ai imaginé, rêvé sans savoir lui dire. Et pourtant, comme un réflexe naturel, y a ma main qui se lie un peu plus à la sienne et la seconde qui commence à quitter lâchement mon corps pour vouloir y trouver sa nuque. Un instant unique que je rêve de continuer, décupler, l'attraper et ne plus la laisser partir. Tant pis pour le reste, tant pis pour la vie. On restera dans un rêve un peu fou, juste nous. Un rêve qui fait mal mais qui fait tellement de bien. Un rêve rien qu'à nous, pour nous.

Et puis ses lèvres quittent les miennes et mes yeux s'ouvrent à nouveau, ils retrouvent ce visage trop proche du mien, cette main encore trop nouée dans la mienne. Ce moment qui n'aurait pas du existé mais qui reste marqué à l'encre noire sur tout ce qui se dessine devant mes yeux. Puis elle ouvre la bouche de nouveau, elle murmure des mots trop durs. Des adieux qu'on connaît trop, plus que tout ce qui vient de se passer. Puis elle se met un peu plus à nu, elle ose ce que je ne suis pas foutu de dire. Cette supplice de pas la laisser partir, de la garder avec moi, là, maintenant, pour ce soir ou tous les soirs. Qu'importe après tout. Tout semble perdre du sens et tout le reste en prendre. Alors je lâche sa main, sans un mot, je me relève, l'esquive en la frôlant à peine et puis je m'avance vers la porte qui était restée ouverte et je laisse mes doigts se poser sur la poignée, referme cette dernière. On peut même entendre le petit clac de la serrure. Toujours dans ce silence qui me colle à la peau je la retrouve, mes mains frôlent son dos et je l'invite à s'asseoir tout en faisant de même. Cette fois-ci ma main ne la quitte pas. L'autre quant à elle trouve sa joue et essuie ses restes de larmes alors que mes billes brunes se perdent sur ses lèvres. De longs instants dans un silence qui semble impossible à briser. Et puis je respire un peu plus, et puis je me dis qu'il y a peut-être au moins un espoir, un seul. Celui d'essayer à mon tour. Parce que parler j'y arrive pas. Parce que parler j'peux pas.

Mais ça je peux. Je coupe la distance entre elle et moi, laisse ma main glisser de sa joue à sa lèvre à sa nuque. Et puis mes lèvres qui s'emparent des siennes pendant que mon emprise se resserre sur le creux de ses reins. Parce qu'il n'y a jamais de bon ou de mauvais moment. Y a juste des choix à faire. Un choix, maintenant. Celui de laisser le rêve continuer avant de retourner à la réalité. Celui de se dire que c'est peut-être possible, parce qu'on a peut-être le droit au bonheur, quelque chose comme ça. Alors j'm'en fous des secondes qui défilent et de mon cœur qui éclate mes côtes. Je m'en fous de ma main qui tremble encore un peu, l'important c'est qu'elle soit là, au moins une fois, au moins cette fois. Dans mes bras. Et puis elle est belle, putain, et puis ses lèvres, putain.

Mes yeux s'ouvrent à nouveau alors que refuse de m'éloigner d'elle, laissant donc mon front posé contre le sien. Nos nez à quelques centimètres et nos souffles entrecoupés. Le temps de reprendre ma respiration, une bouffée de réalité pour me rappeler que c'est bien vrai, que le moment n'est pas qu'une foutue illusion crée par un sale con au pouvoir débile pour me manipuler ou une connerie du genre. Puis ma main laisse un peu ses reins, se pose juste derrière elle sur le lit, nos bras se frôlent et mon autre main refuse de lâcher sa nuque autant que mon visage refuse de laisser le sien. Mais faut bien parler, faut bien s'expliquer, pas vrai ? Tout ne peut pas être aussi beau et doux qu'on le voudrait. Pourtant ma voix toujours aussi cassée n'est plus agressive, y a que des murmures qui s'échappent alors que je sais plus quoi penser ni comment penser. « J'suis désolé, Em. », mes pupilles trouvent les siennes sans qu'elle puisse me voir et voir tous ces mots que j'arrive pas à lui dire, que j'aurais voulu lui dire. « Je sais pas faire ça, je sais même pas si on peut faire ça. » Y a un léger rire qui s'échappe d'entre mes lèvres alors que ma langue glisse sur ces dernières. Comme pour prolonger l'instant qui aura indéniablement une fin. Une fin que je redoute, qui sera sans doute aussi violente que tout entre nous. Alors faut lui dire tant qu'il est encore temps, faut lui dire avant qu'elle disparaisse une fois de plus. « T'aurais... pourquoi tu m'l'as pas dit à moi ? Pourquoi t'es pas venue me dire que j'avais de la famille ? » Ma voix s'éclate de nouveau et puis je continue. « Pourquoi tu l'as choisi lui à moi, toi aussi ? » C'est une horrible vérité qui me brûle à chaque fois que j'y pense. Parce que y a les réactions d'Andy et de Kyle qui m'effraient, y a les vérités de Joshua qui me font baliser mais y a surtout la première de toutes les vérités, celle dans laquelle elle aussi, elle l'a choisi à moi.

Et puis la vérité elle fait trop mal, elle est trop dure pour le moment, pour l'instant. Alors je balaie tout, comme tout le reste. Je laisse tomber et j'abandonne, pour ce moment. « Tu sais quoi, j'm'en fous en fait. J'm'en fous pour le moment. J'veux pas parler de ça, Em. J'veux pas parler tout court. J'veux juste... » Et ça, c'est le plus dur à dire, une vérité aussi bien cachée que toute la petite famille révélée. Une vérité qui me coûte autant à dire que ça a du lui coûter de me demander de pas la laisser partir. Mais il le faut, pour que le moment dure un peu plus longtemps, qu'il prenne une saveur d'éternité avant de s'envoler complètement. « J'te veux toi. » Et ça se casse dans ma voix comme quelqu'un qui n'avait pas parlé depuis des années, de trop longues années. « Mais c'toi qui vois... » Parce que rien ne l'oblige à rester, à m'accorder au moins ce moment là, cet instant précieux comme un rêve trop longtemps gardé. Rien ne l'oblige à me vouloir finalement moi, plutôt que Kyle ou Joshua. Plutôt que tous les autres qui sont quelque part là bas. Alors mes yeux se baissent dans ce doute omniprésent qui tourne en boucle dans ma tête comme un démon sur mon épaule qui me murmure que c'est fait pour foirer. Ça a toujours été fait pour foirer et c'est pour ça qu'il faut pas essayer, pas vrai ?
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Don’t Leave Me Now


Cet instant dure une éternité. Ou tout du moins, c’est ce qui me semble. Moi les yeux fermés. La chaleur de la main de Zach dans la mienne. Une éternité à attendre ma sentence. A attendre qu’il me rejette, qu’il m’envoie valser, me fasse sortir de la pièce. De sa vie. Une éternité et puis, il lâcha ma main. Mes yeux se rouvrent, malgré moi. Si j’avais pu, je l’aurais suivi des yeux, une dernière fois, un dernier regard. Mais j’ai toujours la chaleur de sa main dans la mienne, une sensation fantôme. Je m’apprête à sortir, déjà coupable, déjà condamnée, déjà perdante. Mais la porte se referme, et le cliquetis de la serrure me fait presque sursauter. Je ne comprends pas, ou si, je comprends, mais j’ai trop peur de me tromper. Quand les mains de Zach reviennent vers moi, je le laisse m’emmener et m’assois. Il est proche, tellement proche, trop proche. Sa main est revenue dans la mienne, et la chaleur est encore plus forte. Ou alors c’est moi qui ressent tout plus fort. Mon cœur qui bat trop vite, le silence de la pièce trop assourdissant, la distance entre Zach et moi trop grande, ou trop petite, je n’en sais rien. Il essuie mes larmes d’un geste de la main et je retiens un frémissement, de justesse. Chaque contact de sa peau sur la mienne est un petit électrochoc, parce que je ne sais pas où il veut en venir. Il y a deux minutes, il me criait presque dessus et m’accusait de le rendre malheureux. Maintenant, il fait preuve d’une douceur extrême. C’est tout Zach, ça. Etre un parfait connard et l’homme parfait, en même temps, sans même que ça semble lui demander un effort. Mais peu importe. J’en suis tombée amoureuse, du connard, du mec parfait, des deux, de ce bordel qu’il est. Qui s’accorde tellement bien avec le mien, de bordel. Alors je laisse le silence nous entourer, parce que je sais que parler, là, maintenant, briserait potentiellement tout.

Les lèvres de Zach retrouvent les miennes et un autre instant dure une éternité. Non pas parce que j’attends ma sentence, cette fois-ci. Mais parce que je voudrais qu’il ne s’arrête jamais. Mon cœur implose pour de bon, et je sais qu’il ne s’en remettra jamais. Ca fait mal et ça fait rien. Ca fait un bien fou. Comme si mon âme n’avait demandé que ça, depuis si longtemps. Et peut-être que c’est ça, en fait. Peut-être que c’était tout ce dont j’avais besoin, depuis tout ce temps. Lui, ses lèvres, sa main dans la mienne. Toutes ces fois où j’ai eu envie de le prendre dans mes bras, et que je me disais que c’était juste un stupide instinct de protection envers lui, alors que c’était plus que ça. Au fond, je crois que je l’ai su quand je l’ai revu, dans la chambre d’hôpital. Il a passé la porte et ça s’est imposé. Il avait fallu que je parte pendant six ans, que j’abandonne ma vie derrière moi, et lui avec, pour enfin me rendre compte qu’il comptait plus que je ne voulais bien l’exprimer. Plus que tout.

L’éternité trouve sa fin, encore une fois, et mes lèvres ont encore le goût des siennes, teinté de nostalgie d’un baiser terminé trop tôt, alors que son front touche le mien. Le silence nous entoure toujours, et je ne tente pas de le briser. Ce n’est pas à moi de le faire. C’est à lui, je le sens, c’est à Zach de parler. Si je ne lui en laisse pas l’occasion, il ne le fera pas. Il n’est pas question que je brise le moment, notre moment. Pas après avoir failli le perdre à jamais.  
« J'suis désolé, Em. », finit-il par dire, et je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un sourire. Je le sais. C’est drôle, on passe notre temps à s’excuser l’un envers l’autre ces derniers temps. On a passé notre enfance à se faire des crasses et je ne suis pas sûre qu’on se soit excusés autant. Et là, on ne fait que ça, s’excuser. Sauf que là, je ne sais même pas pourquoi il s’excuse. De m’avoir fait pleurer ? Tu parles, je suis une madeleine, The Voice me fait pleurer, si le monde entier devait s’excuser pour ça, on ne s’en sortirait pas. « Je sais pas faire ça, je sais même pas si on peut faire ça. » Il n’a pas tort, pourtant mon cœur se serre. Je ne sais pas si c’est une blague, ou un aveu. Un couperet sévère, signifiant que ce baiser était le dernier. Qu’il y a des barrières qu’on ne comprend pas bien, qui nous empêchent de vivre notre histoire. Nous sommes deux idiots maladroits, c’est clair. Pas foutus de se parler sans se déchirer, pas foutus de s’avouer notre amour sans le faire dans les larmes et les cris. Pas foutus de s’aimer sans se foutre des bâtons dans nos propres roues. J’aimerais lui dire que si, on peut. On peut le faire, on trouvera un moyen. On ne serait ni le premier ni le dernier couple d’idiots maladroits. Il y a un moyen de faire marcher ça. Mais je n’ai pas le temps de me défendre, de défendre notre histoire naissante. Le sujet de Joshua revient sur le tapis. Pas de colère cette fois dans la voix, juste des questions. Les questions qui fâchent, qui font mal. Pourquoi je ne lui avais pas dit, au lieu d’aider Joshua ? Evidemment, que la question se posait. Et j’ignorais si ma réponse serait satisfaisante. J’ignorais, a posteriori, si j’avais fait le bon choix. Je baissai la tête légèrement.
« Ce n’était pas à moi de te le dire. C’était pas ma place, Zach. »
Qui étais-je, pour lui faire une révélation qui allait chambouler sa vie ? Ce n’était pas mon rôle, je n’avais pas de légitimité. Tout du moins, c’est ce que je m’étais dit quand le choix s’était présenté. J’avais pris l’option qui me paraissait la plus juste, à l’époque. Maintenant, je ne savais plus. Peut-être que j’aurais du lui dire. Peut-être que ça aurait été mieux. Peut-être que ça nous aurait épargné beaucoup de douleur, à lui comme à moi.

« Pourquoi tu l'as choisi lui à moi, toi aussi ? »
Je relève la tête, surprise. Douloureuse surprise, comme un coup de couteau violent dans mes tripes. Alors, c’est ça, le vrai problème. Ce que je n’avais jamais vu, jamais envisagé. C’est qu’en faisant ce choix, j’ai fait passer Joshua avant Zach, ou tout du moins, c’est le message que j’ai transmis. Que j’avais choisi quelqu’un d’autre plutôt que lui. J’ouvris la bouche, mais ne dis rien. Que pouvais-je dire ? Que c’était faux ? Bien sûr que c’était faux. Jamais je n’aurais choisi Joshua plutôt que Zach. J’avais fait mon choix en pensant à Zach, en pensant que c’était mieux pour lui. Je m’étais trompée, en beauté, sur toute la ligne. Mais tout ce que j’avais fait, je l’avais fait en pensant à lui. Parce que jamais je ne ferais passer quelqu’un avant lui. Sauf moi, il y a des années, quand j’avais quitté Bray pour les Etats-Unis. Une autre erreur qu’il ne me pardonnera peut-être jamais.
Zach ne me laissa pas le temps de répondre. Il ne voulait pas en parler. Je savais que le sujet reviendrait, tôt ou tard, mais pour l’instant, je voulais aussi le laisser de côté. Repousser l’échéance. Eviter la balle, juste un peu.

« J'veux juste... J'te veux toi. Mais c'toi qui vois... »
Il a l’air tellement peu sûr de lui, et je sens sa voix se casser de plus en plus. Ca me brise le cœur, de l’entendre comme ça. Parce que j’ai pas l’habitude, parce que je sais que ça lui coûte de s’ouvrir comme ça. Parce que j’étais comme lui il y a quelques minutes, à me jeter dans le vide en espérant que quelqu’un me rattrape avant que je m’écrase sur le sol. Je trouve sa joue et y pose ma main, l’obligeant à me regarder. Un sourire se dessine sur mes lèvres, et celles-ci trouvent les siennes, encore une fois. Bon sang, il est encore mieux que le précédent. Est-ce que c’est à chaque fois comme ça ? Ou est-ce que c’est juste parce que c’est lui ? Nos lèvres se séparent, encore une fois trop vite, et mon sourire est toujours là.
« Il te faut quoi de plus, Zach ? » Et je ris, malgré moi. « Toi et moi, on est…on est sacrément stupides. Mais je te veux, je veux qu’on vive notre stupidité ensemble. »
Je haussai les épaules. Ca semblait un bon programme, non ? Peut-être même qu’à force, on arriverait à soigner notre stupidité ensemble. L’amour fait des miracles, il parait.
« Et je ne choisirais jamais quelqu’un plutôt que toi. Mais ne le dis pas à Woody. » Un clin d’œil, loupé, comme d’habitude.

Puis mon souffle se coupe alors que ma main serre la sienne beaucoup trop fort. La vision vient d’un coup, comme une sale blague du destin pour me rappeler qu’il est là, et qu’il n’a jamais facilité ma vie, ça n’allait pas changer maintenant. Mais ce n’est pas une vision d’horreur. C’est Zach. Parce que le destin est un connard, mais un connard qui a de l’humour. Et qui sait se faire doux, parfois. Zach rit, et puis il balance un chips à Woody. Et puis, il me regarde, enfin je crois que c’est moi, et me sourit, d’un de ces sourires heureux que je lui ai rarement vus. Le noir. Je reviens dans le présent. Je reprends une inspiration brusque et bruyante, comme chaque fois que je sors d’une vision. J’ai la sale manie de les vivre le souffle coupé, heureusement qu’elles ne durent pas dix minutes.
« Ca va, ca va. », dis-je, et je ne sais pas si c’est pour moi ou pour lui. Je prend quelques secondes pour reprendre une respiration normale. Je ne sais pas si je dois maudire mon don ou le remercier, pour une fois. Moi qui suis habituée aux visions incompréhensibles, affligeantes de banalité ou au contraire horribles, pour une fois, je viens d’en vivre une belle. Une heureuse. Comme si le destin m’envoyait un message un peu positif, assorti d’une belle migraine, quand même. La tête entre les mains, je ris doucement.
« Je ne sais pas si je suis censée te dire ça, mais t’es vraiment beau. Aussi beau que tu n’es têtu. »
Je relève la tête et mes yeux vers là où je pense que se trouvent les siens. Enfin, son visage, en tout cas. A peu près. « Désolée. J’ai jamais réussi à contrôler ce foutu truc. Je…. » Je soupirai. J’avais cassé le moment. Merde. Dans un geste peu adroit, je cherchai son épaule de la main, puis une fois que je l’eut trouvée, y posai ma tête, et fermai les yeux. Trop gênée pour faire quoi que ce soit d'autre. Espérant pouvoir retenir le moment, encore un peu.


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