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 (basil) Die, die, we all pass away

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Triste nouvelle qui ne te bouleverse pas plus que cela, tu ajustes tes boutons de manchette. Ponctuation d’une longue préparation minutieuse. «Rose, je sors. Ne m’attends pas pour diner.» Avais-tu prononcer à l’encontre de ta colocataire. Un mot bien joli pour simplement dire ta bonne à tout faire. Tu n’as pas eu besoin de tourner la tête pour sentir son regard passer par-dessus le pour-tour de la porte afin de te répondre. Elle avait l’habitude, Rose, que tu l’abandonnes et que tu t’en préoccupes seulement quand tu avais besoin de ses services. Pas de patients à aller voir, pas de piano. Juste une petite visite au cimetière de Bray. Normal, on était dimanche. Et comme à chaque dimanche, tu allais rendre visite à ta chère grand-mère pour lui raconter les dernières nouvelles. Cependant, tu sais aussi qu’un ami t’y attend, et c’est pour cette raison que tu n’es pas partit les mains vides. Un panier, avec un service à thé et de l’eau bien bouillante pour être chaude lorsque tu vas arriver. Tu n’as pas claqué la porte de ton studio, et encore moins la verrouiller. Tu avais ta chienne de garde après tout. Tu n’avais pas perdu ton temps, et tu étais monté dans ta voiture. Un modèle classique, de marque allemande, aussi élégante que toi.
Il t’avait fallu moins d’un quart d’heure pour rejoindre l’autre bout de la ville. Plus champêtre, plus "oublié", plus calme -du moins, à ce qu’il parait-. Il fait le bonheur des petits curieux de cette ville en mal d’aventure, ou des vieux ayant besoin de se ressourcer en forêt. Le ciel est menaçant, mais aucune pluie n’a été annoncée. Gris, comme les pierres tombales dans lesquelles ta silhouette élancée se discerne. Tu as apporté un bouquet de saison. Orange, le lisianthus cassant les couleurs chaudes des astromères et des gerberas, glissé sous ton bras dont la main portait ton bagage. Tu l’avais déposé sur la tombe de Madame Page, et tu t’étais perdu quelques minutes. «Rien de nouveau, j’en ai bien peur. Beaucoup de nouvelles têtes sont arrivées, certaines sont reparties.»

Et ce n’est que le début. Le début d’une longue tirade racontant le dernier patient que tu as eu à soigner, un homme rustre et arrogant qui voit toutes les femmes comme des actrices de film pornographique. Tu évoques en toute subtilité ce blondinet que tu as aidé à retrouver son chemin. Bien que ce dernier est visiblement mal compris tes indications puisque il est partit au-delà de ce qui était la Fairy Road. Tu ne peux lui donner tort, il a raison quelque part. Cette ville, d’apparence si tranquille et si calme, cache un concentré d’incrédulité agaçant. Au final, tu es ici depuis longtemps, mais chaque jour apporte son lot de changement. Si bien que tu ne calcules pas ton ancienneté, tu es là depuis toujours sans que personne ne te remarque. Tu es ce qu’on peut appeler un citoyen discret, te tenant à distance de tout problème, et te renseignant sur tous les changements qui s’opèrent en ville. Tu lui dis tout ceci à ta grand-mère, et ce sont des coups de pelle à répétition qui te rappellent la seconde raison pour laquelle tu es ici.

Ce qui semble être un sourire se dessine faiblement sur tes lèvres, et tu continues ton avancée dans le cimetière pour voir ce qui presse autant le maître de ses lieux. Un nouveau résident de toutes évidences. Des personnes en noir, un prêtre, des derniers mots. Tu attends que tout ceci passe pour t’approcher et voir qui est le nouvel arrivant. Oswald Antonin O’Neill. Hm, tu ne le connais pas, mais tu en as entendu parler. Surtout dans les journaux. Un alcoolique qui, trop rongé par le chagrin, a fini par mettre à ses jours. Une personne que tu qualifierais de faible, te vantant silencieusement de ne pas avoir eu à recourir encore de cette échappatoire malgré le décès d’un proche. «Encore du travail ? Ça ne te lasse pas de creuser pour les autres ?» Dis-tu en guise d’approche pour alerter Basil de ta présence. Bien que tu trouves ce travail très pénible pour si peu de gratitude, tu ne peux t'empêcher d'éprouver une forme de respect et d’admiration, estimant qu’il fallait de la détermination pour faire main-rase sur l’absence de reconnaissance. «Que dirais-tu d’une pause ? Je t’ai apporté le thé.» Il a fallu peu de temps entre la phrase et ton geste. Tu avais déposé ledit panier à terre, t’accroupissant pour en sortir deux tasses et la bouilloire en porcelaine que tu avais posé sur la pierre tombale fraîchement mise en place de ce cher Oswald. «Tu le connaissais ? Il était plutôt discret, n’est-ce pas ?» Autant t’intéresser maintenant que tu es ici. Et si cela peut alimenter la conversation, autant y mettre de la bonne volonté.

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Basil Egerton
Basil Egerton
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Die, die, we all pass away.
La tombe était fraiche du matin. Tu t’étais levé avant le soleil pour la creuser, à la pelle et de tes propres mains, à la sueur de ton front et à la force de tes bras. L'humain méritait ce rude effort, pour la particularité de son intelligence et la superbe mécanique de son corps ; chaque mort était une cérémonie. Mais il y avait toujours un quelque chose de plus intense pour ceux dont tu connaissais l'histoire, et celui de ce jour avait compté parmi tes amis. On ne pouvait pas dire que d’apprendre le suicide de Oswald t’avait véritablement surpris. Il était de ces rares et précieuses personnes qui embrassaient la mort du regard, et tu savais comme les amoureux de cet idéal étaient parmi les premiers à se laisser mourir. Tu n’étais pas attristé, ni heureux de son sort, tu ne te souciais pas d’ailleurs de savoir s’il en était satisfait ni s’il aurait pu en avoir des remords. Silencieux, solennel, embrassant son cercueil du regard avec une sorte de tendresse, contemplatif, le sourire amical. Tu avais gardé les joues sèches tandis que le prêtre faisait son office. Tout vêtu de noir, du pantalon taillé trop justement à la chemise dont tu avais retroussé les manches - gardant ainsi toute ton aisance pour faire ce qui devait être fait.

Ils avaient fini par partir, ces quelques uns à être venus lui rendre hommage. Des parents, des filles et des fils, peut-être quelques amantes. Des élèves et des professeurs de l’établissement où il avait fait ses dernières années. Des amis, sans doute, parmi lesquels tu te comptais. A son côté, comme il l’aurait souhaité : son fils, Meursault, décédé quelques jours plus tôt. Le motif qui l’avait jeté dans les bras de la faucheuse sans un instant d'hésitation, et sans un mot d’adieu. Le cou esquinté par la corde qui l’avait pendu.
Mais toi, tu n’en aurais jamais fini de ce deuil, de ces offices, de toutes ces cérémonies. Le temps décimait les hommes tombe après tombe, et aussi longtemps qu’il y aurait des hommes, il y aurait un Basil pour leur creuser la fosse. C’est une voix familière qui t’interpelle, et interrompt ton ouvrage. Tu te retournes sur Elijah, sans vraie surprise - après tout, vous étiez dimanche. Tu ne chômais pas. Tu ne te lasses pas de creuser pour les autres demande-t-il, et tu étires un fin sourire. Toi, te lasser ? A moins d’être mort ou grièvement malade, tu n’imaginais pas une chose pareille t’arriver. Et puis, si ce n’était pour les autres, pour qui donc voudrait-il que tu creuses ? Ta propre tombe ne suffirait pas à t’occuper toute une vie. « Il faut bien que quelqu’un le fasse, les gens ne vont pas s’arrêter de mourir. Mais tu sais, j’en tire beaucoup de satisfaction. » L’effort. Cet effort qui précipite tes battements de cœur, te tiédit le front, t’épuise les membres à t’en donner la nausée. Tu trouves cela grisant, de te pousser à bout continuellement, et tu n’as pas l’impression de le faire pour un autre que toi. Pour autre chose que ton propre plaisir.

Mais toutefois, tu acceptes de t’arrêter au milieu de ton art. Tu poses doucement ta pelle contre la stèle en signe d’acceptation, et tu t’assois sur la tombe voisine, celle de Meursault, pour lui faire face. D’aucun pourrait y voir un signe d’irrespect - pour toi, c’était plutôt un désir de proximité. Ce n’était jamais que des pierres, l’important se trouvait loin en dessous. Et si tu faisais peu cas de les extirper de leur repos éternel, alors il n’y avait plus grand chose d’éthique à attendre de ta part. Même si, admettons-le, tu n'accepterais pas de laisser un autre se comporter comme tu le fais avec eux. Tu le connaissais ? te demande ton ami, et tu lui réponds en rectifiant sa phrase, après un acquiescement. « C’est un artiste », car tu aimes leur parler au présent. « Et un de mes amis, j’ai toujours bien apprécié le temps passé en sa compagnie. Il peignait. » Pour cela, il faut bien du passé, puisqu’il avait peu de chance de peindre encore quelque chose, de là où il était. « Ce n’est pas un homme qui s’expose beaucoup c’est vrai, mais j’ai beaucoup d’estime pour lui. Pour sa façon d’observer le monde en particulier. Un homme doux... » D’un geste, tu prends la tasse que l’on est venu te proposer, et tu étires tes longues jambes contre celles de ton ami. « Son fils est juste ici. Il est mort il y a tout juste quelques jours. Mais vraiment, j’ai rarement entendu parler d’une famille aussi complexe que les O’Neill. Je n’ai pas eu la chance d'en rencontrer beaucoup mais je prévois de faire quelques recherches. Bien sûr, cela tu t’en doutes. Je ne me suis pas encore lassé de ce passe-temps là non plus. » Jamais, tu aimes bien trop cela. Non pas fouiner, mais amasser, décorer ces tombes de détails, leur donner un sens et une histoire. Les faire vivre, quelque part - quelle ironie que ton existence entière. Tu jetais sur la mort un regard amoureux, mais la vie ne s'en départait jamais tout à fait. « Tu l'as rencontré ? » demandes-tu alors spontanément. Et il ne lui sera pas nécessaire de réfléchir bien longtemps pour savoir ce que tu espères entendre et ce que tu attends de lui.
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Que dire ? Tu as observé de loin cette cérémonie, tu as détaillé chacun des visages, chacunes des mines aggravées qu’ils affichaient. Tu ne dis rien, tu ne te moques pas, et tu n’éprouves aucunes compassions. Ces choses-là sont, malheureusement, monnaie courrante. Si ce n’était pas cette personne, cette famille, cela aurait pu en être une autre. Non, tu préfères te baisser, te débrouillant comme tu le pouvais avec tes mains encombrées. Tu t’accroupis, et tu surprends une bruyère joliement aménagée. Ce n’est pas toi qui l’avait posé ici, tu te souviens de chaque bouquet que tu laisses, et tu ne déposes jamais des plantes en pot. Il faudra que tu songes à poser la question. Tu remets les fleurs fraiches, et tu les sépares un peu pour qu’elles respirent. Elles poussent peut-être leur dernier soupir maintenant qu’elles sont coupées de leurs racines, et ce depuis un moment, mais ce n’est pas une raison pour ne pas les couvrir d’attention. Tu effiloches cette verdure, tu l’amplifies un peu, et tu finis par te redresser. Si seulement tu pouvais prendre autant de minutie sur tes patients, autant de passion, tu trouverais sûrement tes journées moins longues. D’autant plus que maintenant que tu as fuis de chez-toi, tu peux très bien faire ce que tu souhaites. Ouvrir une herboristerie dans le centre-ville, et tenir ta boutique.
Hm oui, tu y songes de plus en plus. Tu glisse ta main dans ton cou pour te faire craquer la nuque, puis tu te diriges vers le fossoyeur pour cette bavette hebdomadaire. Triste ; Tu es épuisé rien qu’à le regarder faire. Tu ne peux t’empêcher de lui glisser un mot au sujet de son travail, et il te répond. Heureusement qu’il adoucit les bords avec sa dernière phrase, car tu pourrais croire qu’il fait tout ceci par contrariété. Tu te contentes de faire une légère moue approbatrice. Ce n’est pas ce qui te fera changer d’avis sur ta vision des choses, mais soit. Tu n’allais pas le contredire.

Sans aucune gêne, tu t’asseois donc sur la stèle du dénommé Oswald. Tu n’as pas vraiment bougé, tu t’es contenté de t’installer. Il ne t’en voudra pas, n’est-ce pas ? De toutes manières, il n’est plus en capacité de faire une quelconque réclamation. Basil accepte de prendre un temps mort dans sa corvée -navré, c’est ancré dans ton esprit- et tu l’écoutes répondre à ta question -et te corriger par la même occasion- pendant que tu sers le thé. Un artiste donc. Dommage que tu ne l’es pas connu de son vivant alors, tu l’aurais sûrement apprécié. Bien que tu juges ces gens-là comme de pauvre utopiste vivant au jour le jour, sans s’embarrasser des formalités, et gémissant dès lors qu’elles les incombaient. Tu ne les comprendras jamais, même si tu es toi-même un artiste quelque part. Entre la fleuristerie, le piano et la peinture, il n’y a pas d’épaisse frontière. Mais, tu les imposes, notamment en t’estimant suffisamment organisé pour ne pas te laisser manger par le contrecoup de la procrastination. Une fois tout le monde servit, tu te libères les mains pour prendre ta tasse. Tu as besoin d’occuper tes mains, et l’eau chaude permet de réchauffer tes doigts, aussi dérisoire est-ce.
Tu ne réagis pas plus que cela à la mention des “recherches”. Cela ne te choque pas, c’est même l’inverse qui t’aurait surpris. Tu relèves le menton, revenant sur terre après cette longue écoute et l’attention plongée dans ton thé. Une inspiration grande et discrète plus tard, tu reportes ton attention sur Basil, et tu te mets à parler à ton tour. «Non, pas plus que ça. Je ne vois pas beaucoup de monde, et je n’ai pas eu à lui faire de piqure.» Un bref sourire qui signifie bien des choses sauf le regret, tu reprends : «Mais de ce que tu m’en dis, il ne doit pas être pénible. Il y a néanmoins une ironie du sort de se retrouver enterrer à côté de son propre fils, tu ne trouves pas ? A moins que tu ne l’es fait exprès ?»

Une fausse-innocence traverse ton regard, et tu plonges ton nez dans ta tasse, petit doigt en l’air, avant de dire une autre bêtise. Tu jettes un oeil aux alentours, et tu reportes ton attention sur la stèle où s’était assit ton ami. Meursault. Que c’est moche comme prénom. En plus d’être prompt à de mauvais jeu de mot. Tu te retiens de faire un quelconque commentaire, préférant te concentrer sur plus intélligent et plus intéressant. «D’ailleurs, à propos de tes recherches, est-ce que je pourrais t’emprunter un peu de matériel ? Mon muguet est suffisamment grand pour que je puisse extraire le cardiotoniques qu’il contient.» Que vas-tu en faire ? Oh, très bonne question. Cela se dissout bien dans l’eau, tu pourrais en verser malencontreusement dans le verre de quiconque deviendrait gênant. Mais pour se faire, tu as besoin de mettre la main à la pâte avant, et de ne pas t’empoisonner toi-même. Il parait que c’est l’enfer de sentir son coeur s’accélérait sans pouvoir se stopper.
Quelque part, heureusement que tu n’as pas de cible en tête, ou bien d’envie de meurtre dans cette ville. Que tu es suffisamment discret pour ne pas te faire remarquer aussi, car tu pourrais être une véritable peste. Sans mauvais jeu de mot.

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Basil Egerton
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Die, die, we all pass away.
Tu avais eu cette petite lueur dans le regard, d’espoir d’apprendre quoi que ce soit d’un peu intrigant que tu aurais pu manquer au sujet de ton défunt ami. Malheureusement non, Elijah ne l’avait semble-t-il jamais connu, ce qui ne t’étonne pas outre mesure. Vous n’étiez pas vraiment du même monde, bien qu’en réalité cela ne vous avait jamais retenu. Si l’on pouvait te trouver une qualité à travers tes multiples vices, c’était bien que tu n’avais jamais jugé personne sur l’amplitude de son portefeuille, et que tu comptais parmi tes contacts à peu près tous les genres, tous les âges, et toutes les classes sociales. En ce qui concernait Elijah, tu le voyais comme un autre genre de misanthrope, et comme il le disait lui-même : il ne voyait pas beaucoup de monde, au final. Tu devais être parmi les visages qu’il voyait le plus souvent, et probablement beaucoup plus souvent que n’importe quel autre quand on y repensait. Ses visites au cimetière étaient fréquentes et tu avais le bon goût d’y être chaque fois, sans oublier toutes ces autres visites que tu lui donnais, parce qu’enfin tu trouvais sa compagnie extrêmement agréable. Tu n’avais pas à t’embarrasser de faux semblants avec lui, tu pouvais pratiquement lui dire tout et n’importe quoi tout en étant certain qu’il ne le répéterait pas, et n’y accorderait pas plus de passion qu’un haussement d’épaules. Sauf, peut-être, sur quelques questions qui auraient pu l'intéresser, et où tu avais encore moins de raison de lui faire de secrets.

Quoi qu’il en soit, il n’a rien à te dire sur Oswald, et c’est bien dommage ; pour toi, en tout cas, qui rétorque un « Tant pis » de circonstance. Elijah s’en moque éperdument, et tu le devines plutôt par habitude que par une réelle lecture de son visage. Déjà parce qu’il était relativement hermétique, et ensuite parce que tu étais et resterais un bel handicapé social. Mais il relève toutefois l’ironie de son enterrement au côté de son fils. Il te demande si tu l’as fait exprès, et tu lui offres un sourire un peu attendri, puisqu’en parlant d’handicapé social, il n’était finalement pas beaucoup mieux loti. « Je l’ai plutôt fait par habitude, c’est une tradition, disons une volonté souvent exprimée par la famille que d’enterrer au même endroit les liens du sang les plus proches. Dans le même cimetière, dans le même caveau. Sans compter qu’ils sont tous deux morts à un intervalle assez proche – je n’ai pas eu de mal à lui réserver cette place. Ce pourrait être ironique, s’il ne s’était pas justement tué à cause de la mort de son fils. »
A ces mots, tu restes un instant pensif en regardant leurs tombes. Ce fait là en revanche te laisse mariner dans l’incompréhension. Tu comprenais un peu l’attachement humain à force de l’observer à distance, mais tu ne pouvais imaginer que l’on puisse se tuer par amour. Tu n’imaginais pas ta mère se tuer devant ta mort, tu l’imaginais plutôt te tuer, ou toi la tuer elle-même et continuer à vivre comme si de rien n’était. Tu n’étais pas très porté famille, rien d’étonnant à ce que l’idée te laisse froid. « Non, en fin de compte… Je pense que ce n’était qu’une excuse. Je l’ai vu peindre le cimetière. Je pense qu’il était tenté par la mort depuis un long moment, et qu’il a sauté sur l’occasion. Je ne sais pas, qu’est-ce que tu en penses ? » Tu relevas le regard sur ton ami d’un air inquisiteur, et portas finalement la tasse à tes lèvres avant qu’elle ne finisse trop froide à ton goût.

Et puis il en revient à tes recherches, et oriente la conversation comme il lui plait. Il veut t’emprunter du matériel, et si tu n’as fondamentalement rien contre cette idée, tu doutes un peu qu’il en ait un grand usage. Les corps et les plantes étant d’une constitution fondamentalement différentes – mais, toutefois, tu étais toujours ravi de lui prêter ce qu’il voulait, et même une autre paire de manches si cela avait été nécessaire, même s’il était comme toi plutôt porté sur le travail en solitaire. Tu lui adresses un sourire d’approbation, te redressant davantage pour te pencher dans sa direction. « N’hésite pas à venir me demander ce dont tu as besoin, passe quand tu veux, assures-toi seulement que je sois là pour t’ouvrir la porte. » Tu l’aurais bien laissé se servir – mais tu savais que cela te mettrait dans une colère noire de ne pas retrouver en pleine expérience l’outil dont tu as besoin parce que monsieur ce sera servi d’abord sans te le dire. Tu n’avais pas envie de risquer entre vous une telle tension.
Il te vient d’ailleurs une pensée, et ton visage s’éclaire pour s’assombrir ensuite assez nettement. « En parlant de muguet… » Tu soupires avec une trace d’exaspération en jetant sur ton cimetière un regard circulaire. « Je t’ai déjà parlé de mon nouveau voisin d’en face ? J’imagine que l’on aurait pu s’entendre avec lui dans un autre monde, puisqu’il aime le cimetière et les plantes presque autant que toi et moi. Mais il m’horripile. Il en met partout. Il est envahissant, j’ai la frustration de l’artifice, de ne plus avoir d’emprise – il est partout, j’en ai assez. Alors, si jamais certaines de ses plantes ici t’intéressent – tu les reconnais je pense, ce sont les moins traditionnelles, alors elles font un peu tâche – n’hésite pas à les emporter avec toi. Je t’en fais cadeau, même si véritablement ce sera moi le plus ravi de nous deux. » Tu fermes les yeux un instant pour passer la colère qui te vient, une colère assez rare pour qu’on daigne le noter, et apporter un certain crédit à Adam. Te mettre dans cet état pour à peine quelques plantes relevait du miracle. Et c’était de bonne grâce que tu lui faisais ce cadeau.
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Tu pourrais ressentir la déception, l’amertume de ne pas pouvoir l’aider davantage à en apprendre plus sur “ami” -est-il judicieux de le nommer ainsi ?-, mais il n’y a que ce profond vide, et ce dénis léger dans ton regard. Non, tu ne peux pas te targuer de connaître tout le monde dans cette ville. Et ce, malgré ta profession. Elle est devenue ennuyante, tempo d’un quotidien mort que tu as adopté uniquement pour te donner bonne conscience. Pourquoi ? Parce que tu es persuadé d’avoir tuer ta propre grand-mère. Le seul être vivant qui comptait un tant soit peu à tes yeux. Ni Mère, ni Père ne réussiront à te consoler, car tu les hais. Tu les hais pour avoir été de parfaits incompétents. De parfaits ignorants. Tu n’irais pas jusqu’à dire que tout est de leur faute, mais tu prétends avec aisance qu’ils ont été partisans du moindre effort pour ce qui est de sauver leur parent. Comment peuvent-ils se vanter d’être à leur tour un exemple, une ligne de conduite à suivre, alors qu’ils n’ont montré aucune volonté de la sauver ? Tes doigts demeurent tranquilles, ne resserrant pas la tasse. Tu nourries une toute autre ambition dorénavant. On te dit utopiste, mais tu sais que cela peut être possible. Une femme est revenue d’entre les morts en Chine trois jours après que son cœur ait cessé de battre, pourquoi ramener à la vie les morts seraient une folie ?
Oui, tu te dorlotes, tu te consoles ainsi, derrière ce masque inexpressif. Tu ne sais pas trop ce qu’en pense Basil, et cela pourrait vous mettre en froid s’il a le culot de te rire au nez. Cela serait dommage, n’est-ce pas ? Mais tu te doutes qu’il y a une chance pour que ce soit lui qui se fâche. Si tu te mets en tête de ramener sur terre les défunts qu’il enterre, tu vas le rendre fou. Tu fais la sourde-oreille, comme si de rien était. Tu feins ton ignorance, et tu la combles en posant une question bourrée de sarcasme.

Ainsi donc, il l’avait bien fait exprès. Par “tradition”, mais qu’est-ce que les traditions ? Des pratiques mises en place depuis des siècles et des siècles, sous l’influence d’une religion. Une méthode de conservation pour les biens immatérielles et morales qu’un adulte apprend à son enfant. En soit : ce que tu juges programmé et particulièrement irritant. Mais le clamer haut et fort serait sombrer dans l’hypocrisie, car vous baignez actuellement dans la tradition. Deux anglais qui bavassent dans un cimetière, un tasse de thé à la main, cela est tellement traditionnelle qu’on frôle l’idiotie via un préjugé archi-connu dans le monde. En bref ? Tu es très mal placé pour cracher sur les traditions, et tu te contentes de t’asseoir dessus pour apporter un peu de piment. Un peu comme tu fais maintenant en t’invitant sur la stèle d’Oswald pour boire le contenu de ta tasse. Tu prends ton temps néanmoins pour réfléchir à la question de ton ami. Une excuse ? Tout est prétexte pour se donner la mort. C’est aléatoire, une loterie. Même dans sa propre maison, personne n’est à l’abri de mourir bêtement. Explosion de gaz, sèche-cheveux dans le bain, chute dans l’escalier... Alors, choisir l’heure et la date, c’est échappé à une mort ridicule. Tu y vois même une forme de courage, luxe que tous n’ont pas l’intelligence de s’accorder alors qu’il est accessible à tout le monde. Tu reposes ta tasse sur la pierre, croisant tes mains devant ton visage et croisant les jambes pour gagner une hauteur de soutien. «Je pense que nous avons là le cas d’un homme usé par la vie, et par les doigts d’honneurs qu’elle lui tendait à moult reprise. La mort de son fils aurait pu être l’ultime coup du sort qui lui a permis de prendre sa décision. Honorable en soit, puisque à en juger par le nombre de personne qui est sortit de ton cimetière, il avait encore une famille. Il a donc choisi de se détacher de ses préoccupations, de blesser, de faire pleurer, de se recentrer sur lui-même tout simplement, et de se concentrer sur ce qu’il voulait le plus : du repos, et un bout de liberté.»
Tu reprends ta tasse en main, et tu jettes un regard sur la stèle. «N’est-ce pas Monsieur O’Neill ?» Pour ce qui est de cette question, il s’agit là d’une forme de pique. Une légère moquerie vis-à-vis de la correction de Basil tout à l’heure. Non pas que tu lui en tiennes rigueur, mais tu souhaites démontrer que tu ne feras pas deux fois la même erreur.

Et si vous parliez de choses plus joyeuse ?
Il te tarde d’arriver au terme de cette expérience que tu mènes sur le muguet. Avec ce cardiotonique à petite dose, tu pourrais apporter naturellement un coup de fouet pour les employés de bureau trop stressés, les étudiants débordés, les femmes au foyer, ou tu ne sais qui d’autre encore trop saccagé par la fatigue. «Parfait ! Disons Mardi prochain, à 18h ? Je peux passer le matin aussi, en espérant que mon bipeur ne vienne pas nous interrompre. Parfois je rêve de le jeter au fond d’un lac, mais mon patron trouve toujours assez d’argent pour m’en fournir un autre. Le dernier est passé “malencontreusement” sous une voiture.» Au malencontreusement, ses sourcils se lèvent, ponctuant le sarcasme de ce mot tandis que son nez plonge dans la tasse. Anecdote futile en soit, elle est seulement énoncée pour témoigner à quel point tu étais épuisé de dépendre d’un truc noir qui bip. En parlant de muguet... Tu arrêtes le cours de ton action, intrigué ? Tiens donc, Basil s’intéresse aux plantes maintenant ?
Non, fausse-route. Dommage, tu aurais pu délier ta langue à ce sujet et alimenter une tirade aussi longue qu’intense à propos de la magie des végétaux, et leur pouvoir de régénération. Un simple signe de désapprobation pour répondre à sa question sans l’interrompre, tu n’auras donc pas besoin de poser la question pour trouver une explication quant à la présence d’un pot de bruyère sur la tombe de mère-grand. C’est donc lui, ce fameux voisin... «Tu parles de l’allemand ? Il a le profil d’un boxeur plutôt que d’un jardinier...» Intrigué, tu laisses glisser cette remarque, laissant s’échapper un rire léger en voyant dans quel état se mettait le fossoyeur. «Je ne t’ai jamais vu aussi irrité, on peut au moins lui rendre ce mérite à ce fameux voisin. Je comprends mieux pourquoi il y a un pot de bruyère sur la tombe de ma grand-mère. J’apprécie l’attention, et il a un certain sens de l’humour s’il fait ça uniquement pour t’enquiquiner. En tout cas, j’accepte le cadeau.» Tu te retiens de déverser tout ce que tu sais sur la bruyère, sur les folles anecdotes à son sujet, allant du bois d’un fourneau à pipe à la bière écossaise. Tu as cru voir dans le lot des jasmins d’hiver, des clématites et du chèvrefeuille. De quoi te ravir. Même si tu fais de ton mieux pour te contenir, cela se voit dans tes yeux. Tu pétilles à l’idée de ramener tout cela chez-toi, et en particulier faire des expériences pour connaître leur vertu -ou leur potentiel toxicité-.

Oh mais, tu viens de te souvenir : tu n’auras jamais la place de ton caser dans ton coffre. Il va falloir que tu fasses un choix, misère. C’est aussi compliqué que choisir une cravate ou bien une montre. Plus il y en a, plus cela demande méditation. «Tu crois que cela va le décourager ? En tout cas, je prends la bruyère. Le chèvrefeuille aussi, là-bas. Oh, les clématites ! Et les cyclamen. Non, pas le chèvrefeuille, ça n’entrera pas dans mon coffre.» Tu as l’air d’un enfant, tout simplement, désignant du doigt un à un, à l’affût. «Pourquoi il faut toujours choisir, c’est infecte.»

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