c'est l'histoire d'une souris qui bronze au soleil... (dagda&malia)

[ C’est l’histoire d’une souris qui bronze au soleil… ]

Il arrivait parfois qu’on soit particulièrement épuisé par les épreuves que la vie nous met dans les pattes. Je l’étais. J’en avais plein le cul, et mon cul était pourtant solide. Entre ma sortie de prison, mes parents qui m’hébergeaient et me faisaient chier pour que je trouve un boulot, puis Yelenait qui entrait et sortait de ma vie à une vitesse telle que je me demandais si elle avait été réelle… J’avais passés plusieurs mois dans un état d’alcoolémie et toxicomanie permanentes. Là… J’avais envie de profiter un peu du soleil et de la sobriété. A avoir passés tant de temps la tête à l’envers, j’en venais à apprécier d’être à l’endroit un peu. Il fallait dire que je me sentais… Juste un peu mieux. Et les chaleurs revenaient ! Le moi de mai était un véritable délice à mes yeux, faisant du bien à ma petite fourrure.

Alors je parlais effectivement de fourrure car j’avais décidé de me tirer avec la voiture des parents direction la petite forêt à côté de Bray, un petit coin de verdure où je pouvais me transformer comme je le voulais. J’étais donc une souris allongée dans un coin de la forêt, profitant d’une éclaircie dans les branches touffues qui laissaient passer un magnifique rayon de soleil. Cela me faisait un bien fou… J’étais sorti de prison en Novembre, et je n’avais pas pris le temps de me mettre au soleil avant l’hiver. Puis, le temps à Bray… Quand bien même nous serions une ville proche de la mer, cela ne donnait pas plus de chaleur pendant l’hiver. A présent que l’été était là…

Je savourais.

Mes vêtements étaient disposés à coté de moi, avec mon téléphone pas très loin de mon petit corps de souris au soleil, et quand je l’entendis vibrer, j’eus un petit sursaut. Je m’étais totalement plongé dans mes pensées et ce sms me sortit de mes rêveries. Alors, toujours en souris, je me redressai, pour voir le message. Un SMS de Trevor. Gé-nial, qu’est-ce qu’il faisait chier lui ! Une photo d’un rat tout moche, sorti de Snap, avec un seul mot : « toi ». Je voulais lui répondre, et j’savais parfaitement comment j’allais faire. Je tirai le téléphone vers mes fringues pour m’en servir de support, redresser et allumer l’appareil photo. Une fois fait, je lançai le compte à rebours avant de faire un magnifique « fuck » en souris, laisser la photo se prendre… Taper tant bien que mal un « fuck u » et envoyer. Satisfait, je lâchai tout pour m’allonger à nouveau.

Et je l’aurais bien fait, si je n’avais pas vu d’un coup une femme, avec une caméra, me regarder.

Et une souris choquée, une.

Les rayons de soleil illuminent la forêt tout autour de la jeune femme. Tout sourire, comme à son habitude, Malia se balade depuis bientôt trois heures, caméra en main, à la recherche de décors pour myst&co. Elle a porté son dévolu sur la forêt, aujourd'hui. La forêt, ça peut être le théâtre de toutes sortes de mystères en tous genres. Surtout en pleine nuit, avec quelques petits tours de passes passes dont la bande a le secret. Peut être que leur petite affaire est une arnaque en bonne et due forme, mais il faut avouer que cela fait frissonner bien des gens, et que ça les amuse eux, de tourner cette émission.

C'est un plaisir pour Malia d'arpenter les petits chemins parsemés de verdure en tout genre. Bien sûr, elle aurait plus vite fait de se métamorphoser en panthère pour explorer les lieux. Ce serait sans doute plus plaisant, du moins plus amusant. Mais pour un souci pratique, et parce qu'elle n'est pas encore capable de manier sa caméra en étant dotée de pattes énormes et pataudes, la jeune femme s'est dit que résolument, la forme humaine serait adaptée pour la situation. Puis l'angle de vue serait bien différent, peut être trop bas. Machinalement, en pensant à cela, la brune dirige son regard vers le sol. Elle suit un petit chemin qui mène à un coin agréablement ensoleillé, et aperçoit par surprise des vêtements soigneusement étendus au sol.

Les sourcils de Malia se lèvent, ébahis par la scène qui s'offre à ses yeux, sans crier gare. La brune assiste à un spectacle que l'on ne voit pas tous les jours. Une petite souris prend actuellement un selfie agrémenté d'un magistral "fuck", et écrit un petit message sous sa photo, le plus naturellement du monde. Une fois les exploits de la petite bestiole finis, celle-ci remarque la présence de Malia et se fige, choquée.

Il se passe sans doute 30 secondes de blanc complet -en même temps, faire la conversation à une souris n'a jamais été très bruyant-, puis Malia n'y tient plus et laisse échapper un rire. Bien sûr, elle sait qu'elle a affaire à un ou une métamorphe -sans doute "un", à en juger les vêtements répandus au sol-. Amusée par l'expression de la souris, la brune décide d'engager la conversation. "C'est moi qui devrait être choquée, je crois." lance-t-elle, hilare. "Ravie, moi c'est Malia!" rajoute la jeune femme. Si un promeneur débarque et voit une humaine parler à une souris possédant un portable, il n'y survivra sans doute pas.

[ C’est l’histoire d’une souris qui bronze au soleil… ]

Il se passa trente secondes entre le moment où je me figeai totalement et celui où celle qui se présenta comme étant Malia se… Présenta en fait. Je ne savais pas trop ce que je m’imaginais, en fait, en me figeant. C’était quoi, j’allais subitement disparaître de son champ de vision parce que je ne bougeais plus ? Elle était un T-Rex, avec la vision basée sur le mouvement ? Qu’est-ce que t’es con, Dagda ! Mais pourtant, quand elle se présenta, précisant que ce devrait être elle, la choquée, je voulus lui répondre en levant ma petite patte en guise de salut :

« Euh, moi c’est Dagda. »

Mais en vrai, c’était absolument ridicule. J’étais une souris, forcément, quand je répondis, ce fut tout au plus des couinements de souris qui retentirent. Je me frappai le museau de ma patte, me traitant encore de con – fallait croire que la drogue avait sincèrement attaqué mes neurones, les menant à leur perte. Il était beau le soldat de l’OBCM !

Une souris grillée, une !

Il fallait donc que je choisisse quoi faire. Parce qu’elle m’avait filmé, cette nana, Malia, là. Et fallait que je la convainque de supprimer la vidéo. Sinon, je ne donnais pas cher de ma fourrure… Enfin de ma peau. Argh ! Et puis, si je voulais parler, quitte à la forcer à me donner cette caméra, fallait que je me transforme.

Super, être à poil devant une nana…

D’un autre côté, si elle se marrait comme ça devant moi, c’était certainement parce qu’elle en était une aussi – de métamorphe. Sinon, elle paniquerait. Elle crierait. Elle appellerait les flics, ou les bonhommes en blouse blanche. Là, elle se marrait, et en plus, elle s’était présentée sans flipper. Alors, si je lui faisais signe de se tourner, peut-être qu’elle le ferait ?

Je fis des signes des mains, et je montre l’exemple en me tournant.

J’attendis qu’elle fasse ce que je lui demandais, puis je me mis au milieu de mes fringues, pour me transformer en humain, à nouveau. Une fois rhabillé, je me tournai vers Malia, pour signaler que j’étais prêt à être vu :

« Hum, donc, je suis Dagda. … Salut. Ta caméra elle tourne vraiment là, en fait ? »

Cela devait faire bizarre à Malia, de voir une souris devenue un mec un peu louche, barbu de deux semaines facile, les cheveux pas coiffés et les fringues pleines d’herbes folles qui étaient restées accrochées. Après tout, j’étais venu dans un coin que personne ne fréquentait normalement pour éviter d’être vu… Qu’est-ce qu’elle faisait là hein ?! Mais chaque chose à la fois.

La jeune femme fixe toujours la souris, l'air amusée, quand celle-ci se remet à bouger. Vraisemblablement, la petite bestiole se mit elle aussi à se présenter, à en juger par le petit salut de la patte. Pour le reste, Malia n'entendit qu'un couinement que bien sûr, elle ne put comprendre. Sa nouvelle connaissance s'en rendit bien vite compte, puisqu'elle se frappa aussitôt la tête. ? La brune n'aurait pas pu trouver de mot pour qualifier cette situation. Heureusement qu'elle même était aussi une métamorphe, sinon elle aurait sans doute perdu la raison en assistant à ce petit spectacle. Bien entendu, la souris lui fit signe de se retourner, d'un air solennel, on ne peut plus sérieux. Du point de vue de Malia cependant, la scène était extrêmement comique. La jeune femme rit encore une fois, avant d'obtempérer et de se retourner. Un des gros désavantages avec la métamorphose, c'est que les vêtements ne sont pas épargnés. Autant dire qu'il faut délaisser la pudeur.

La jeune femme, dos à l'inconnu, attendit quelques instants que ce dernier lui dise de se retourner. Quand ce fut le cas, elle se retrouva devant un brun avec les vêtements plein d'herbe -plutôt compréhensible-, pas vraiment coiffé. Mais la brune n'est pas vraiment du genre à s'attarder là-dessus, en règle générale. Son degré de méfiance a considérablement diminué depuis qu'elle sait qu'elle peut se transformer en panthère en quelques secondes. Si ce type était dangereux, elle montrerait les crocs, c'est aussi simple que cela. Mais c'est pas non plus une agressive de nature, Malia. Elle a tendance à croire que tous les gens autour d'elle sont des bisounours.

Le brun se présenta cette fois d'une voix humaine, et donc bien plus compréhensible. Le prénommé Dagda lui demanda rapidement si sa caméra tournait toujours. Malia fixa l'appareil, l'ayant passablement oublié durant les dix minutes précédentes. "Hum, oui désolée. Je cherchais un plan et... enfin bref je vais supprimer ça si tu veux". Bien entendu, le but n'était pas de causer des problèmes à quelqu'un, surtout pas à un métamorphe. "Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un, je viens souvent par ici et il n'y jamais personne. Enfin, je ne t'y ai jamais croisé" En effet, ça va bientôt faire 3 ans que la jeune femme a emménagé à Bray, et cette forêt est le coin parfait pour se métamorphoser sans risquer une rencontre imprévue. Normal que d'autres métamorphes y viennent aussi, mais Malia n'en croise pas souvent, d'autres personnes comme elle.

[ C’est l’histoire d’une souris qui bronze au soleil… ]

Je n’avais pas perdu mon temps, demandant qu’elle supprime la vidéo. Et de toute évidence, elle n’était pas contre… Ou alors elle faisait semblant ? Je m’approchai pour regarder sur l’écran de la caméra, le plus vite que je pus, nous n’avions pas une grande distance entre nous après tout. Mais je fus rassuré de voir qu’elle obéissait. Une bonne fille, c’était bien ça. Putain c’était bien ma veine ! Fallait bien que quelqu’un me tombe dessus, dans cet endroit où y’avait personne, sinon d’autres méta… Ah bah, voilà pourquoi elle venait ici, sans jamais voir personne. Bah ouais. C’était une méta’ elle aussi. Hé bien, nos rangs se remplissent de filles canons, ou bien c’était juste que j’avais de la merde dans les yeux avant la taule ?

« Ouais, non, j’suis pas venu depuis des années, avant, j’étais, euh… en vacances, euh, aux frais d’la princesse. Voilà. Bref. »

Ma franchise toute habituelle allait tout simplement balancer que j’sortais de prison, simplement, ce n’était pas la meilleure information qu’une fille seule dans un coin de la forêt pourrait apprécier, étant juste seule avec ce gars là. Quoique, j’étais curieux de savoir en quoi elle pouvait bien se transformer. A la regarder comme ça, j’dirais un lapin. Ou p’tèt le renard qui chasse le lapin. Je savais bien que les apparences pouvaient être trompeuses. On en parlait de Trevor, mon meilleur pote, qu’était grand comme un immeuble New-Yorkais et baraqué comme un All Black néo-zélandais – vous savez, ces joueurs de rugby ? – mais qui se transformait en cafard ? Ce type était l’exemple même que parfois, nos talents de méta’ se foutaient de notre gueule. Ca, ou Dieu, ou le Cosmos, ou juste… J’en savais rien, et sérieux, on allait pas partir dans une séance de théologie hein ?

« Au fait, cimer, d’avoir supprimé. Disons que j’suis pas fan de l’idée qu’on m’voie sur internet – bien que je sois pas certain que les gens prennent ça pour autre chose qu’une des vidéos d’la myst&co, tu connais ? ‘Fin, t’as l’air de vachement bien prendre que j’sois passé de souris à humain, t’es des nôtres ? »

Fallait bien que je sache à quoi m’en tenir hein… Si c’était genre, une nana qui était touriste dans sa propre vie, qui ne réagissait même plus aux trucs, mais qui allait raconter à tout va qu’un type nommé Dagda était une souris dès qu’il allait dans la forêt.

la brune hausse les sourcils devant son hésitation. le brun vient très probablement de débiter un mensonge gros comme une maison, mais peut-être est-il plus sage de ne pas relever. la jeune femme se contentera de se dire qu’il était en vacances, ce qui est sans doute mieux pour tout le monde.

le pauvre, si seulement il savait que malia ne se transformait ni plus ni moins qu'en un énorme « chat », prédateur par excellence des souris. il ferait sans doute une drôle de tête. ça, et le fait que malia fait partie de myst&co. la jeune femme, franche comme toujours, se met à rire sincèrement. "je ne sais pas par où commencer, mais oui je suis des vôtres", elle lance tandis qu'elle scrute l'expression du brun aux yeux sombres. elle se demande bien comment il va réagir. "je me métamorphose en panthère noire, le style de bestiole qui aime bien croquer les souris" un sourire ironique et la voilà qui ne peut s'en empêcher "je suis magnanime, je t'épargnerais donc". malia se ferait un malin plaisir de se métamorphoser, juste pour l'amour du spectacle qu'elle et ses amis entretiennent avec myst&co. cependant, même si elle n'est pas particulièrement pudique, elle n'est pas du genre à faire état de sa nudité devant un parfait inconnu en pleine forêt. le tour de magie sera donc sans aucun doute pour une autre fois.

cerise sur le gâteau, pour assommer son pauvre interlocuteur d'un coup de grâce final "ah oui, myst&co je connais très bien... tu me crois si je te dis que c'est moi qui tient la caméra?", la voilà qui lance avec un regard de gamine innocente. en même temps, le brun l’a cherché, à lui poser plusieurs questions à  la fois. reste à savoir si il va avoir une attaque dans les secondes à venir, cependant il semble assez stable physiquement - et, malia l’espère, mentalement aussi -. comme quoi les souris sont beaucoup plus balaises qu’on ne pourrait le croire.

la brune cependant, n’a pas non plus envie que tout le monde entende des rumeurs sur elle et sa seconde peau quelque peu effrayante. d’un air plus sérieux, c’est à son tour de questionner dagda. « pourrais-tu garder pour toi ce que je viens de te dire ? ça m’embêterai de devoir croquer tous les gens qui veulent du mal aux métamorphes comme nous » le brun, partageant sans doute les mêmes problèmes qu'elle, se montrerait -malia l'espère- compréhensif.