Jet de Moon dans un lac ( Castielounet)

- Reviens ici je veux pas te faire de mal !

Je courrais après le chaton depuis au moins une bonne dizaine de minute. Mais à chaque fois que l'animal s'arrêtait, il repartait dès que je lui sautais dessus. En plus d'être en sueur, j'étais couvert de terre et d'herbe. Mais c'était loin d'être le cadet de mes soucis. Le chaton ne voulait pas jouer avec moi, mais moi si. Et dieu sait que j'étais têtu. Tout avait commencé quand j'avais quitté l'appartement d'Ethan pour aller me promener un peu, visiter les beaux paysages du quartier. Ca faisait quelques jours que j'étais arrivé à Bray et je n'avais pas trop eu le temps de partir à l'aventure. Il fallait aussi que je trouve un travail - pour payer le loyer. Même si j'ignorais ce que ça voulait dire vu que je n'avais jamais travaillé de ma vie - du moins pas comme les humains. J'avais cherché mes compétences : j'étais drôle, mignon et affectueux. Bon en cuisine aussi. Peut être qu'ils avaient besoin d'un cuisinier dans un restaurant ? Hum. Passer la journée entouré de bonnes odeurs m'avais mis l'eau à la bouche. Evidemment mes poches étaient vides de toute pièces et le premier commerce à l'autre bout du monde - j'exagérai un peu mais il fallait avouer que vivre dans un coin reculé c'était sympa mais pas pour les gourmands. L'âme en peine, j'avais donc fait demi-tour pour retourner à l'appartement dévaliser la cuisine. C'était là que j'avais vu la petite boule de poil toute blanche.

- T'es trop mignooon !

On me disait souvent que je m’extasiai pour pas grand chose et que ça pouvait être agaçant. Mais c'était tant pis pour eux. J'avais eu envie de jouer avec le chaton et m'étais élancé à sa poursuite. Voilà comment j'avais atterri près du lac. L'immensité d'eau me donnait des frissons d'horreur, et le chaton avait eu l'idée de marcher sur une  branche juste au dessus du lac. Il était trop intelligent celui là mais je n'allai pas le laisser me narguer. Je gonflais mes joues comme pour absorber du courage et montais sur le tronc d'arbre. J'avançais pas à pas, les bras en croix pour tenir l'équilibre. Le corps humain était tellement maladroit. Le chaton me fixait de ses grands yeux verts et alors que j'étais tout proche, il s’était mis à courir vers moi. Me faisant sursauter et tomber dans le lac. J'agitais mes membres dans tout les sens pour remonter à la surface. Je ne savais pas nager. Et j'étais bien trop paniqué pour avoir l'idée de prendre l'apparence d'un poisson. Tout ce que je savais c'était de se retenir de respirer pour ne pas avaler de l'eau. Facile à dire mais j'étais en train de voir pleins de points noirs du coup. Qu'est ce qui arrivait à un Djinn quand il mourrait durant son temps d'invocation? Est ce que c'était la fin ou est ce que je rentrais à la maison ? Les autres allaient encore se moquer de moi.

Ta tête est pleine Castiel, tu ne sais plus où te réfugier pour oublier. Tu voudrais mettre le passé derrière toi mais tu ne peux t'empêcher de vouloir faire amende honorable. Ce que tu appelles ton passé ? Il est sur le point de devenir ton futur, jusqu'à la fin de tes jours. Tu n'es pas idiot, tu sais que tout ce que tu fais te pousse droit en prison. Si tu t'es fait à cette idée depuis un moment, et que tu l'acceptes, non pas avec joie, mais au moins avec résignation et un certain soulagement, tu ne peux que regretter, déjà, ta liberté. Mais qu'est ce que tu en fais, de ta liberté ? La mort, le sang, la souffrance, voilà ce qui sème ta route, et c'est loin d'être ce que tu veux pour ton enfant. Tu veux lui montrer la bonté qui réside en toi, quelque part, étouffée par le devoir, tu veux qu'il soit fier d'être le tien et non pas qu'il ait honte de son propre nom comme toi tu peux l'être du tien. Si les flics ne sont pas encore remontés jusqu'à toi, tu sais que ce n'est qu'une question de temps. Un jour ils réuniront les pièces du puzzle que tu leur as offert sur un plateau, et c'est toi qui en paiera les conséquences, comme tu le voulais. Tu ne devrais pas être le seul, bien au contraire. Une prison dorée, tu t'es bien enfermé à l'intérieur, on ne peut pas dire l'inverse. Mais ça ne t'empêche pas de te rappeler, ça ne t'empêche pas de ressentir une terrible culpabilité contre le meurtre impuni d'Hayley. Cette fois, ce n'est pas toi qui ait porté le coup, mais bien toi qui n'a rien fait pour qu'elle soit vengée. Parce que l'amour d'une sœur disparue depuis longtemps n'était pas comparable à la protection d'un père, peut-être. Ton égoïsme te revient en pleine gueule, après toutes ces années. Tu ne veux pas croire que c'est la personne que tu es, et pourtant … Personne ne t'a forcé, tu aurais très bien pu prendre tes responsabilités dès le départ. C'est sans doute cela qui te fait le plus souffrir, savoir qu'au fond, t'es juste un pourri comme les autres, un Ò Murchù qui ne fait pas honte à la réputation, en somme.

T'es allé te réfugier près du lac. Là au moins, personne pour te rappeler tes conneries, le vent qui te manquera bientôt frôlant ta nuque, ce sentiment de liberté, de ne rien devoir à personne, plus maintenant. Tu agis pour toi, pour ton gamin à venir, pour personne d'autre. Il n'est plus question d'honneur, de famille, de nom, t'es passé au-dessus, même si ça te coupera les ailes. Tu sais pas depuis combien de temps t'es là, à regarder les vagues légères s'écraser près de tes pieds. Tu voudrais aller nager, mais finalement tu t'en sens plus digne, cette pureté que tu retrouves au fond de l'eau quand tu t'immerges. T'aurais l'impression d'être un intrus au milieu de ton domaine. Puis c'est là que tu l'entends. Le bruit de la chute, caractéristique d'un homme tombant à l'eau. Elle t'alerte, sans que tu te relèves vraiment. Pour toi, toute personne sensée s'en sortira comme de rien, parce que l'idée même de ne pas savoir nager te semble ridicule. Pourtant, tu le vois se débattre, le blond, au milieu de l'eau. Tu te demandes comment il a attéri là, avant de voir la branche tordue au-dessus de lui. Mais t'as pas vraiment le temps de t'interroger plus, il est clairement en train de se noyer. Alors tu te jettes à l'eau sans réfléchir plus que ça, sans te dire que s'il est pas mort, il verra qui tu es. Que c'est peut-être un piège, qui sait. Un chasseur intelligent. Tu sens ta transformation alors que la sensation de l'eau t'entourant t'apaise. Il te faut seulement quelques coups de nageoire pour arriver à son niveau. Tu sors la tête de l'eau en même temps que tu le tires vers la surface. « Tiens bon, accroche-toi à moi !» T'es un peu plus lent, avec quelqu'un à porter, alors il te faut bien quelques minutes pour atteindre le rivage. Dans un dernier effort, tu le sors au maximum de l'eau, puis te hisse tant bien que mal sur la rive, ta queue de poisson reflétant la faible lumière du soleil.

Détester l'eau et finir mourir noyé c'était quand même assez comique. Je me demandais si Nathan allait s'inquiéter de ne pas me voir revenir. Est ce qu'il allait me chercher partout ou se dire que c'était tant mieux ? On n'avait pas vraiment confiance l'un en l'autre. C'était un magicien après tout, même si il avait un chien trop choupi. Après je savais pas pourquoi il était méfiant envers les Djinns. C'était vrai qu'ils étaient vu comme des méchants génies mais moi, j'étais pas un vrai Djinn. J'étais gentil et mignon. Il y avait erreur sur la marchandise depuis ma naissance...Cela dit si je disparaissais je n'aurai plus à m'inquiéter que mon maître me retrouve. Je serai libéré de mes chaînes qui me liaient à lui. C'était une chose positive non ? Je n'avais jamais perdu connaissance. C'était assez bizarre comme sensation. On avait aussi des hallucinations ? Parce que je voyais quelque chose nager vers moi. Ma vision était trop flou à cause de l'eau et du manque d'oxygène. J'avais ensuite senti qu'on me soulevait et puis l'air frais envahir soudainement mes poumons.
Je m'accrochais comme à une bouée de sauvetage à la personne qui me tirait sur le rivage. De toute façon c'était elle qui me l'avait demandé alors. C'était avec plaisir que je sentais l'herbe sous mes mains et toussais sous l'effet d'un feu intérieur qui me brûlait. J'étais envie. Mouillé de la tête au pied mais vivant. Je secouai ma chevelure blonde tel un chien. J'étais trempé. Je faisais une petite moue et relevais enfin la tête sur mon sauveur.

- Mer...

Je me stoppais lorsque mon regard s'était posé sur la queue de poisson. Les yeux arrondis comme des billes, ma bouche avait formé un joli "O". Les poissons je connaissais. J'avais essayé d'en caresser un dans une autre vie, et il était mort - pour je ne savais quelle raison - quand je l'avais enlevé de l'eau. J'avais paniqué deux secondes et l'avais remis dans sa maison. Mais il avait plus jamais fait de bulles. Mais là...le monsieur n'avais pas du tout une tête de poisson. Il avait l'air humain sur la partie supérieure en tout les cas. Peut être que c'était un poisson qui avait pas assez de magie pour se transformer totalement ? C'était triste.

- Merci monsieur le poisson

Déclarais je avec un sourire, avant de regarder à droite et à gauche. Ethan m'avais dit que je devais pas changer d'apparence en public. Mais vu que j'étais seul à seul avec un mi-poisson, il n'y avait aucun danger pas vrai ? Je modifiais alors mes jambes, pour une queue de poisson de couleur jaune. Pour être assorti à mes cheveux.

- Han c'est trop bizarre ! Comment ça fonctionne ?

Demandais je tout en essayant d'agiter mon nouvel accessoire. Ce n'était pas du tout comme porter un vêtement. C'était plutôt comme si je n'avais plus qu'une seule jambe.

Secouant ta queue de poisson pour la faire sécher plus vite, du moins tu espérais, sans savoir combien de temps ça te prendrait, tu prêtais à peine attention au garçon qui se trouvait à côté de toi et que tu venais de sauver de la noyade. Si ton père l'apprenait, t'aurais une toute autre sorte d'ennuis. Se montrer devant n'importe qui, c'était la porte ouverte à tous les chasseurs du coin, ou à la panique générale. Valait mieux laisser crever les inconscients plutôt que se mettre en danger. Parce que se mettre une cible dans le dos, c'était la rajouter dans celui de toute ta famille, et tu le savais. Alors que valait la vie d'un inconnu contre celle de tous tes proches, vraiment ? Le fait est que même pourri jusqu'à la moelle, tu avais semé trop de morts autour de toi pour vouloir n'en rajouter ne serait-ce qu'un. T'as une conscience, Castiel, et elle ne pensait pas aux répercussions, seulement au fait qu'à cet instant, tu pouvais sauver quelqu'un. Un acte de bravoure, d'altruisme total, ne compensera pas le mal que tu as pu faire par le passé, mais il faut bien que tu commences la rédemption quelque part, pas vrai ? La voix du jeune homme, cependant, finit par te sortir de tes pensées. L'étonnement, et les remerciements. Il semblait choqué par ce qu'il était en train de voir, mais ce n'était pas inhabituel. Qui aurait pu s'y attendre, surtout lorsque l'on ne connaissait rien du Surnaturel. Tu lèves un sourcil pour tourner ton regard vers lui. Blond et l'air assez jeune, assez innocent contrastant avec le monde dans lequel vous viviez. La voix, hésitante, de quelqu'un qui semble s'émerveiller de tout. Un petit sourire se forme sur ton visage et tu secoues la tête. « Appelle-moi encore une fois comme ça et c'est moi qui te jette à l'eau la prochaine fois. » Une blague en demi-teinte, être appelé « Poisson » est sans doute la plus raciste des appellations pour un triton. Mais il ne doit sûrement pas le savoir, ne pas s'en douter. Naïf et manquant légèrement de jugeote, sans aucun doute. « Comment t'as fait pour tomber à l'eau, ou te trouver pas loin, étant donné que t'as pas l'air de savoir nager, la logique voudrait que t'évites le lac. » Une question pour la moins logique. T'as pas suivi son petit parcours alors c'est plus de la curiosité qu'autre chose.

Puis l'impensable. Une autre queue de poisson, jaune celle-ci, qui apparaît à la place des jambes du blond. Tu as un mouvement de recul avant de comprendre ce qu'il venait de se passer. « Merde … Un djinn, c'est bien ma veine.» Tu les aimes pas les djinns. Notamment parce que la plupart d'entre eux sont liés à quelqu'un, et les buts des magiciens sont toujours trop flous. On ne sait jamais si on peut s'y fier ou pas, toi tu prends le parti de pas le faire. Sans compter que leurs djinns ont des pouvoirs tellement variés et une puissance tellement changeante que c'est la seule espèce que t'es pas persuadé de pouvoir dominer à un moment donné. Et te sentir impuissant c'est le pire de tes cauchemars. « C'est … T'essaies de te foutre de ma gueule ou je rêve ?» Parce que tu le prends comme une insulte, pas comme un djinn qui découvrirait l'existence des tritons. Pour toi, il a juste décidé de se moquer de ton état, et tu comptes bien lui faire comprendre que c'est pas une bonne idée.

Je ne voyais pas ce qu'il y avait d'insultant à être appelé un poisson mais bon, chacun avait ses susceptibilités. Je n'aimais pas non plus que l'on me catégorise comme un Djinn alors que je ne voulais que le bien autour de moi. Le plus difficile c'était d'y arriver...En tout les cas, sa menace avait fonctionné et je regardais d'un mauvais oeil l’étendue d'eau qui se trouvait juste en face de mes pieds. Hors de question de retourner dans le lac. Un seul bain m'avais suffit pour toute une vie.

- Comment tu t'appelles alors ?

Est ce qu'il avait un nom ? Je supposais que oui. Donner par un autre ou par lui-même. Ce n'était pas un animal de compagnie cela dit. Moi je savais pas trop. Après tout je venais quand un magicien m'appelais ce qui revenait au même que lorsqu'un humain sifflait son chien. Excepté qu'un chien, ça savait nager. Mon interlocuteur me demandait comment j'avais atterri dans ce lac. Sa question était logique et je faisais une petite moue. En effet, jusqu'à présent je ne m'y étais jamais aventuré aussi près.

- Je voulais jouer avec un chaton trop mignon mais il m'a fait tomber dans l'eau

Expliquais je en regardant la branche cassé au dessus du lac. Où est ce qu'il était passé maintenant le chenapan ? Ah peu importe, j'avais trouvé un nouveau compagnon de jeu, pas commun. Ce n'était pas tous les jours que je croisais un demi-poisson. C'était donc sans penser à mal que j'avais copier son apparence, arborant à mon tour une magnifique queue de poisson. J'étais donc tout fier de moi en pensant que l'autre serait content d'avoir affaire à un semblable. Vu le mouvement de recul, il ne s'était pas attendu à ca. Sa façon de penser sur les Djinns m'avais fait froncer les sourcils. Qu'est ce qu'il entendait par là ?

- Je suis un génie pas un Djinn

Rétorquais je même si c'était à demi-faux. Je me sentais génie, ce n'était pas de ma faute si d'un point de vue esprit j'étais basculé du mauvais côté. Il m'accusait en plus, que j'étais en train de me moquer de lui. Il était pas un peu paranoïaque celui là ? J'essayais de sympathiser et voilà comment j'étais remercié. Vexé, je retrouvais mes jambes.

- T'es pas gentil. Je voulais juste être ton ami et jouer avec toi ! C'est la première fois que je vois une créature comme toi

Les animaux ça courrait les rues, alors qu'un demi-poisson. Pas vraiment. En même temps difficile de courir avec une queue. Je connaissais juste la petite sirène, et je n'avais pas vraiment le pouvoir de lui demander comment s'était d'être une sirène. Bref, manifestement la sirène que j'avais trouvé elle était pas très drôle.

Pour toi, autant de naïveté relève clairement de l'impossible. C'est pas comme si t'y pouvais quelque chose, t'as dû grandir subitement à l'âge de onze ans lorsque Hayley, la seule qui avait décidé de préserver un tant soi peu du monde extérieure avait disparue. Perdre celle que tu considérais comme ta mère alors qu'elle n'était pas plus que ta grande sœur avait été un choc en soi. Mais la réalisation du fait qu'elle te protégeait tant bien que mal de l'influence de ton père, et que sa mort n'a fait que te soumettre de plus en plus à sa volonté fut pire. Parce que t'as dû mûrir, prendre conscience de la mort bien plus vite, la donner à peine une poignée d'années plus tard, et jamais en ressentir le moindre remords, tout ça pour assurer la survie de ta famille, le respect de ton nom et ta propre vie. Alors l'innocence que tu vois chez le blond, tu ne la comprends pas parce qu'elle est enfouie tellement loin dans ton passé que t'arrives même pas à t'en souvenir. Tout est flou avant cet enterrement, il faut bien se le dire. Alors le premier instinct que t'as eu c'est de penser qu'il se fout clairement de toi. Parce qu'il n'y a pas d'autres explications logiques. Tu te demandes même si c'est pas une ruse de magicien pour te faire perdre du temps, histoire de pouvoir te buter le plus tranquillement du monde. Parce qu'on apprend à se méfier de tout et de tout le monde, surtout de ceux qui semblent le plus honnêtes. « Castiel. Et toi ?» Non pas que ça t'intéresse plus qu'autre chose, honnêtement, mais le savoir, c'est le pouvoir, tous ceux qui ont un brin d'intelligence le savent parfaitement. Sa réponse à ta question, toutefois, te laisse sans voix. Tu te demandes s'il joue un personnage ou s'il était réellement en train de courir après un chat. Un chat. La situation te semble trop atypique pour être vraie, c'est un fait. Mais de toute manière, t'as aucune arme sur toi, tu te balades pas vraiment avec une machette dans le coin de ta veste et pour le moment t'es légèrement handicapé par ton absence de jambes, alors qu'est ce que tu veux faire sur des suspicions ? « Tu t'es réellement fait avoir par un chat ? C'est plutôt stupide comme animal en règle générale.» A moins ce qu'il soit tombé sur un méta qui a pas eu de chances dans la loterie des pouvoirs. Et qu'il a dû vraiment énerver, pour le coup.

Puis vint l'annonce de sa nature et la grimace de ta part. Pour une fois que tu décides d'être sympa et de sauver quelqu'un, tu te rends compte qu'il n'en avait pas vraiment besoin. Si les djinns pouvaient mourir de noyade, ça se saurait et ce serait d'autant moins cheaté comme combat. Bien sûr tu lui as sans doute évité une souffrance horrible, mais rien de bien mortel. C'est déjà ça, cela dit. « C'est pas la même chose ? » La question était légitime. Bien entendu tu connais la différence, celui du bien, du mal, de la magie noire et de la blanche, de la puissance changeante d'un esprit génie à un esprit maléfique. Mais finalement, pour toi, un combat contre l'un, ça vaut presque un combat contre l'autre, donc tu comprends pas trop pourquoi il tient à la distinction. « T'as quel âge exactement ? » Son manque de connaissances du monde, son manque de méfiance, c'est ça qui te fait te poser la question. Il pourrait te surprendre, c'est certain, mais pour toi, il y a quelque chose qui ne va pas dans cette scène. Comme le fait que tu n'y aies pas ta place, par exemple. « J'ai pas vraiment besoin d'amis. Et je te conseille de pas en chercher d'autres, parce que tel que tu me vois, je suis un des plus sympas de mon genre.» Le pire, c'est que tu mens même pas.

Castiel. C'était joli comme prénom ! Est ce qu'il l'avait choisi tout seul ou bien on lui avait donné ? En tout les cas, quand il m'avais retourné la question, mes lèvres s'étaient étirés en un immense sourire et mes yeux s'étaient illuminés. C'était un peu comme si on m'avais proposé la lune alors que pas du tout. Juste demander mon nom. Quand je disais que parfois je réagissais excessivement, ce n'était pas une blague.

- Moon ! Comme la...

Je cherchais du regard la lune mais il n'y avait que le soleil. Ah oui c'était vrai que l'astre n'apparaissait que quand il n'y avait plus de lumière. Les humains appelaient ça le jour et la nuit. Mais je supposais que Castiel savait à quoi ressemblait la lune quand même. A moins de n'avoir jamais mis le nez dehors à la tombée de la nuit. Ce qui était possible après tout. Il y avait tellement de choses étrange sur cette planète. Comme l'eau par exemple. Qui avait eu l'idée d'inventer ça ? C'était froid, mouillé et en plus ça pouvait tuer. Une arme très dangereuse qui poussait comme des fleurs au milieu de nulle part. La preuve avec ce lac. Castiel se moquait de moi, je le sentais, quand je lui avais expliqué comment j'avais failli finir noyé.

- C'est pas stupide ! Les poules et les cochons le sont

Le réprimandais je avec une petite moue. Les félins étaient trop mignons et tout doux. J'adorais les caresser et jouer avec eux - même si ils s'amusaient à me griffer à la fin. Mais ça ne m'empêchais pas de les chouchouter quand même. Par contre je n'avais plus du tout envie de jouer avec la sirène.  Castiel m'avais l'air de pas être très drôle. Un peu comme mon Maître, sauf qu'il m'avais pas encore fait de mal. Il semblait aussi ne pas savoir tout des Djinns et des Génies.

- Bien sur que non ! Les Djinns sont mauvais, et les Génies sont bienveillants. Moi je suis gentil alors tu vois je suis pas un Djinn...même si y'a eu erreur

Je n'avais toujours pas compris pourquoi j'étais catalogué comme méchant, alors que je n'aspirais à faire aucun mal. Ce n'était pas de me faute si le rival de mon premier maître avait volé par la fenêtre. Ou qu'une jeune femme s'était fait percuté par un bus quand je l'avais poussé pour rattraper le chien d'un autre magicien que j'avais eu.

- Quel âge ?

L'âge était une notion purement humaine. Je ne savais pas vraiment ce que je devais répondre à cette question. Il me semblait que l'apparence que j'avais prise tournait autour des vingt cinq ans. Ou peut être désirait il savoir mon temps d'esprit ? Oh je sais. Je fouillais dans ma poche et en sortait un portefeuille trempé - que j'avais eu par un ancien maître. Une fausse carte d'identité pour m'éviter les ennuis. J'en sortais le bout de plastique où il y avait ma photo dessus et mes informations personnelles. Dont ma date de naissance.

- J'ai 26 ans d'un point de vue humain ! Et 5 ans en vérité

Expliquais je avec un petit sourire. J'étais un jeune génie je le savais, par rapport à mes frères et soeurs. Certains étaient sur Terre depuis très très longtemps. Ils avaient même connu la construction des triangles dans le désert. Mais pour le moment, j'en avais pas encore rencontré de membres de ma famille. Et ce n'était pas évident de tisser des liens avec des humains. Ils n'étaient pas tout très collaboratifs. Comme mon interlocuteur qui venait de me dire cash qu'il avait pas besoin d'amis.

- Tu te trompes : il y a pleins d'humains qui sont gentils ! Comme les enfants par exemple, ils aiment beaucoup jouer et je m'amuse beaucoup avec eux. Tout le monde à besoin d'amis, sinon ça sert à quoi d'être là ? Et pourquoi tu m'a sauvé de l'eau si tu t'en fiches de moi ?

Donc il s’appelle Moon. Etrangement, on peut pas dire que tu trouves ça étonnant. De ce que tu en as entendu, les djinns choisissent eux-mêmes leurs noms, pour la plupart du moins, sauf si leur magicien décide de leur prendre ça également. Pour qu’ils comprennent bien qu’ils n’ont aucune volonté et qu’ils ne sont qu’un outil, aucune prise de décision qui pourrait être tolérée. Si t’étais magicien, tu sais pas si t’aurais pas opté pour ce genre de comportement. Pas dans tes premières années, celles où t’étais assez naïf pour croire que la vie était belle et que tu pouvais t’en sortir malgré le père que t’avais. Mais plus tard. Lorsque t’as compris que pour réussir, il fallait être un requin, pas un poisson, justement. Tu valides aucun de ces comportements, maintenant tu te places plutôt entre les deux, mais tu comprends l’utilité d’une attitude dure et sans concessions. « Comme la lune, oui. C’est toi qui te l’ai choisi ? » Tu t’adoucis un peu, t’as pas été tendre, depuis le début, avec le djinn. C’est ton attitude générale, t’es comme ça depuis longtemps, tu rejettes tous ceux qui t’approches, t’as du mal à faire autrement et pourtant, faudrait que tu te réveilles, que tu changes un peu ne serait-ce que pour être un peu plus supportable, sinon même ta propre famille finira par te haïr. Enfin, la moitié le fait déjà et l’autre est mal à l’aise en ta présence, où t’es mal à l’aise en la leur. Elle est belle la famille Ò Murchù. Tu te mets à rire franchement. « Peut-être moins que les poules, mais normalement pas aussi intelligents qu’un Esprit, désolé de te l’apprendre. » La situation était comique, il s’était fait rouler bien comme il fallait par un chaton. Heureusement qu’il faisait partie de la race la plus crainte dans le monde entier, tellement que les magiciens avaient dû prendre le dessus pour pouvoir les contrôler, éviter que la Terre ne brûle, tout ça. Les contes et légendes qui démarrent d’une vérité que personne ne connait.

Tu fronces les sourcils alors que le sujet part vers ces régions un peu mystiques. Sa dernière phrase, surtout, te fait douter. Même s’il y a eu erreur ? Quelle erreur ? « Donc, tu es bien un djinn ? » Le détail ne semble pas important, pourtant il l’est. S’il pense avoir l’âme aussi pure qu’un agneau, si la magie noire est nécessaire pour l’invoquer, il doit être perverti. Non pas que ça a une quelconque importance pour toi, finalement. Après tout, tu ne le connais pas, et il y a des chances que ta route ne croise plus jamais la sienne. « Je ne pense pas que ce soit une question de savoir si tu es gentil ou non mais des motivations qui ont poussé ton invocation. Mais après tout, je ne suis pas magicien, je n’en sais rien. » Si tu as étudié la question, tu n’en es pourtant pas expert. Elle t’intéresse d’un point de vue purement pratique. Connaître les caractéristiques d’une espèce, c’est avoir les informations nécessaires pour la détruire. Et savoir détruire n’importe qui, c’est la base du pouvoir. Des règles ancrées à l’infini au sein de ton esprit.

Puis il finit par t’avouer son âge. Tout devient clair, en réalité. Invoqué pour la première fois cinq ans plus tôt, sa découverte du monde peut paraître effectivement bien normale. Il ne surjoue pas vraiment l’innocence, son mental est exactement là où son âge le porte. Tu n’es pas sûr que tous les djinns fonctionnent ainsi, certains doivent bien avoir leur côté maléfique depuis le départ, mais celui-ci … Celui-ci évolue en même temps que son corps. C’est d’autant plus dangereux, en réalité, puisque n’importe qui pourrait le modeler pour en faire une arme. « Je comprends mieux maintenant. C’est tout nouveau pour toi. » Ce que tu ne comprends pas cela dit, ça reste l’absence de son magicien. Qu’un djinn ait le temps de poursuivre un chat à travers tout Bray te semble quasiment improbable.

Tu secoues la tête, agacé. Il arrive un moment où penser comme un enfant pourrait causer plus de problèmes que ça n’a d’avantages. T’es pas son père, c’est pas à toi de t’en préoccuper, ni de lui expliquer. Ni même de devoir disserter sur les raisons qui te poussent à fuir l’amitié comme tu fuis désormais l’amour. Parce que l’amour ça fait des gosses. Mais c’est pas le souci. « Tu sais que passé un certain âge, traîner avec des gamins pourrait t’amener tout droit en taule ?» T’es plutôt mal placé pour parler de prison, Cas. On en reparle dans trois semaines quand tu seras derrière les barreaux hein. « J’ai d’affinités avec personne, c’est pas pour autant que j’ai spécialement envie de voir quelqu’un mourir. »

Castiel était un peu comme une glace. Il était froid mais en fait il était bon. Il cachait bien son jeu derrière sa tête de méchant triton. En tout les cas, il connaissait la lune. J'étais de fier de porter le nom de cette boule dans le ciel étoilé. Souvent, on me disait que c'était original quand je me présentais. Il faut dire que je n'avais pas souvenir d'avoir croiser quelqu'un qui s'appelait pareil que moi. La chance de pouvoir se donner soi-même un nom par rapport aux humains. Ou que mon premier Maître m'ait laissé choisir d'ailleurs. Je savais que ce n'était pas le cas de tous mes frères et soeurs.

- Oui ! J'adore la lune, je la trouve très jolie c'est pour ça que j'ai choisi ce nom

Expliquais je avec un sourire. Elle me manquait beaucoup la journée et j'avais hâte que la nuit tombe pour pouvoir la retrouver. On pouvait trouver cela étrange, cette adoration pour un astre. Bon j'avais d'autres passions dans la vie, comme la nourriture par exemple. J'étais jaloux des humains d'avoir toutes ces bonnes choses avec eux, et de n'avoir jamais partagé avec nous, les esprits. J'étais peut être pas le plus intelligent d'entre eux, mais je n'allai pas laisser Castiel insulter les chats et les miens.

- Parce que tu ne t'es jamais fait avoir toi ? Pas par un chat mais par une personne par exemple ?

Demandais je en toute innocence. Après tout je ne connaissais rien de l'histoire de mon interlocuteur. Ni comment il avait atterri dans cette ville et pourquoi il était sortie de l'océan. Je pensais que les sirènes vivaient dans une ville sous l'eau - bien à l'abri des humains qui pourraient vouloir leurs écailles ou autres choses. J'avais lu quelques parts que lorsqu'elles pleuraient, leurs larmes se transformaient en perles. C'était une invention ou bien c'était vrai ? En tout les cas, c'était super pratique pour se faire genre un collier ou un bracelet.
Avec des pensées aussi mignonne qui imaginerait que j'étais un Djinn ? Moi même je n'y croyais pas quand on me posait la question. J'étais gentil et non méchant. Faire le mal ne me plaisait absolument pas. J'avais baissé les yeux à la question de Castiel, l'écoutant donné son avis sur le sujet. Il était vrai que mon Maître actuel n'était pas vraiment un gentil. Il m'avait fait faire des choses atroces que je ne pourrais jamais oublier.

- C'est vrai que mon Maître ne m'a pas invoquer pour l'aider à planter des fleurs...Je ne comprend pas ce que j'ai pu faire pour tomber entre ces mains...A cause de lui les miennes sont devenues sales...

Expliquais je, en me retenant de pleurer. Ma "vie" actuelle était totalement naze. J'avais pris l'habitude des requêtes simples ou sans dommage pour qui que se soit - du moins pas directement vu que j'étais maladroit. Mais heureusement, pour l'instant mon Maître n'avait pas l'air de me vouloir et me laissait tranquille. Je n'avais aucunement envie de le revoir, surtout que je l'avais attaqué et qu'il allait me faire durement payé.

Castiel m'avais ensuite demandé quel âge j'avais, et j'avais fini par lui donner les deux. Ne sachant pas exactement ce qu'il recherchait. Il disait mieux comprendre à présent, après avoir appris que cela faisait seulement cinq ans que j'étais sorti du plan astral. Evidemment, que j'avais encore pleins de choses à découvrir.

- Et toi tu as quel âge ? Tu évolues comme les humains ?

Les enfants humains étaient en tout cas très rigolo et savaient s'amuser. Il était facile de s'intégrer parmi eux dès lors qu'on avait de l'imagination. Je ne cachais pas ce plaisir à Castiel, qui avait manifestement une vision pessimiste sur les habitants de la Terre.

- Oh mais je ne vais pas les voir ainsi !

M'exclamais je avant de prendre mon apparence enfantine. Je n'étais pas stupide, lorsque j'avais vu des enfants jouer ensemble j'avais eu d'abord l'idée de me mettre à leur hauteur avant de me lancer à l'abordage. Surtout que je n'avais aucune envie de finir en prison. Je me demandais d'ailleurs comment mon premier maître s'en était sortie à ce propos. Car d'après Almath ce n'était clairement pas comme dans le Monopoly. Aucune carte chance pour en sortir ou de dés.

- Personne ?

Répétais je, n'en croyant pas mes oreilles. Mon dieu, sa vie devait être trop triste ! C'était pour ça qu'il était aussi peu aimable. Même si il ne désirait voir personne mourir. Tant mieux pour moi sur ce point, je n'allai pas dire le contraire.

- Tu n'a vraiment personne ? Et ta famille ? Tu as bien un papa et une maman ? Des frères ou des soeurs ?

Le questionnais je, d'une voix triste et inquiète. Pauvre Castiel. La solitude c'était dure.

Ça devait être sympathique de pouvoir choisir son propre nom. Non pas que tu te plaignes, pour le coup le tien reste assez peu commun. Tu n’as jamais rencontré d’autres Castiel et sans doute que tu n’en rencontreras jamais lors de ton passage sur Terre. Tu préfères ça, de toute façon, les prénoms trop communs ont tendance à t’agacer. Tu sais qu’il te vient de ta mère, pour une raison obscure. Tu la savais accrochée à sa religion d’une façon que tu as du mal à comprendre, puisque toi-même ne t’y es jamais intéressé plus que ça. Non croyant, rien d’étonnant avec ce que tu as vécu, nul besoin de s’appuyer sur une entité qui ne lève de toute façon jamais un ongle pour personne. Et lorsque la situation s’arrange tu préfères croire bêtement que tout ce qui t’entoure l’a provoqué au lieu de remercier un Dieu qui n’a aucun intérêt à te sortir de la merde, mais qui gagnerait sans doute en te faisant disparaître. « C’est un bon choix. » Il n’y a rien à dire de plus sur le sujet, c’est certain. Alors ton esprit se contente de dériver, se demander comment tu te serais appelé, toi, si tu avais pu choisir. Quelque chose sans prétention, peut-être, qui t’enlève le poids du devoir des épaules. Quelque chose de banal, mais pas trop. Sortir du biblique pour espérer vivre une vie normale. Même si t’es bien conscient que le nom ce n’est pas ce qui t’a mené là où tu es, et que de toutes les façons pour éliminer cette partie de ta vie c’est de ta famille que tu dois te séparer plus que de n’importe quoi d’autre.

Tu souris face à sa question. Est-ce que tu t’es déjà fait avoir, toi, le dominant ? Celui qui ne se laisse faire par personne et qui est souvent celui qui plante le couteau, rarement qui le reçoit. Oui, la réponse n’est pas à aller chercher loin. Mais plus tu montes, plus tu fais attention, plus ceux qui te poignardent sont intelligents et cruels. Quelque part, t’aurais bien aimé qu’il s’agisse d’un chat. Parce qu’un chat, ça a tendance à se noyer facilement. Les sirènes beaucoup moins. « Oui je me suis déjà fait avoir. Comme tout le monde. Mais jamais par des animaux, cela dit. » Tu l’admets sans l’admettre. Et ce n’est pas totalement vrai alors qu’à une époque tu considérais les métamorphes comme des bêtes, tu dois bien considérer le fait que Skye valait bien toute l’attention que tu lui portais à l’époque. Tu repars dans le passé avec une once de nostalgie. C’était beaucoup plus simple lorsque tu te contentais de grogner et de lancer des couteaux à la gueule de tes ennemis en espérant qu’il finisse entre leurs yeux. Maintenant, tu n’en as plus vraiment l’occasion. Mais avec tes rencontres, au fur et à mesure des années, avec l’OBCM, les Dux, et la vérité pré-adolescente où tu comprends que rien n’est réellement bon mais qu’il y a dans ce monde du réellement mauvais, tu as du mal à t’imaginer un djinn du gabarit de celui que tu as en face de toi. Pourtant tu te méfies de ces bestioles là, mais en avoir un devant toi qui semble aussi différent … Disons que t’arrives pas bien à remonter ta garde alors qu’il semble aussi doux qu’un agneau. « C’est ce qu’ils font, les magiciens. Trop lâches pour se salir les mains et utiliser des puissances qui les dépassent. C’est sans doute la caractéristique de ton espèce que je n’envierais sans doute jamais. » Certes, le pouvoir et la quasi invulnérabilité font rêver plus que nécessaire, mais devoir être l’esclave d’une seule personne qui n’a pas la moitié de ton pouvoir … Très peu pour toi, tu le crains.

La question qui suivit te sembla légitime. Lorsque l’on ne connaissait pas les espèces qui parcouraient le monde, on avait du mal à se figurer quels pouvaient être les tenants et les aboutissants de chacun. « Je vais sur mes vingt-sept ans. J’évolue comme les humains, je suis né nourrisson et j’ai grandi depuis, tout comme je vieillirais à leur vitesse. On est pas si différents … Mis à part que parfois j’ai une queue de poisson. » Celle-ci, d’ailleurs, commençait à s’évanouir, laissant place à tes jambes, que tu laissais choir sur le sable devant toi. Tu hochais la tête, comme pour acquiescer à l’idée de Moon, signifier un accord dont il n’avait pas besoin. Il n’était donc pas si suicidaire, c’était déjà ça. Et comme dans toutes les petites villes où tout le monde se connaissait, une réputation était bien trop vite faite, il n’y avait qu’à voir l’histoire de Walter, qui, même après des années, avait encore du mal à se défaire des attaques que l’on avait menées contre lui. Ta mère la première, qui suivait le troupeau plus que sa propre conscience.

La question qui vint te fit rire. T’as pas spécialement d’amis, les tiens ayant été porté disparus, mais ta famille alors ? Tout le monde a une famille, parle-donc de la tienne ! Pour une fois que quelqu’un ne te connait pas, n’hésite pas à lui faire peur, pas vrai ? « Ma mère est morte il y a trois ans, comme deux de mes frères et sœurs… Et ceux qui restent … Disons qu’on s’est détruits mutuellement. Il reste plus grand-chose de ma famille. » C’était triste, sans doute, mais tu en parles d’un ton neutre, comme si tu t’étais fait à ça. Perdre ta jumelle, ne jamais la retrouver. « Et toi ? Tu en as une de famille ? » Sans parler de sang, la famille pouvait être réellement n’importe quoi.