[terminé] Learning is not attained by chance, it must be sought for with ardor and diligence. (Kabukichô )

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Kabukichô & Almath

     
“Witches seek the sacred knowledge the rest of the world has already forgotten.”   

      C'était une formidable opportunité qui m'était présentée. Un grimoire asiatique ancien qu'on me permettait, exceptionnellement, de lire et de traduire. J'étais surexcitée, je sautais de joie mentalement sur le petit nuage qui m'emmenait vers le japon et vers cette connaissance encore inconnue. Enfin, techniquement c'était un avion qui m'emportait vers d'autres cieux, un petit nuage eut sans doute été moins pratique.

J'adore les avions, j'adore l'idée que la science puisse permettre de tels miracles. Et bien sur j'ai adoré chercher à comprendre les principes physiques qui permettait à ces monstres de ferraille pesant des tonnes de s'élever dans les airs. Curieusement ça me parait presque plus improbable qu'une fusée, je ne saurais expliquer exactement pourquoi, mais c'est l'impression que ça me donne à chaque fois que je les vois décoller.
Bien sur après avoir lu...Plus ou moins tout ce qu'il y avait à lire sur le sujet, du moins en science vulgarisée, je trouve le procédé presque évident, élégant en tout cas et plus simple, au final, que ne pourrait le croire un novice. Ca ne m'empêche pas d'avoir l'estomac un peu noué au décollage, mais c'est un détail.

Je chantonne un instant, joyeusement, avant de réaliser que je ne suis pas toute seule dans l'avion, je murmure donc une excuse avant de sortir un petit livre "apprendre le japonais pour les nuls". Non que je compte traduire le grimoire moi-même. D'abord je n'ai pour les langues qu'un talent limité, ensuite mes journées ne font encore que 24h et j'en passe quelques unes à dormir, quoique je cherche à éliminer ce besoin physiologique chronophage et, enfin, un sort nécessite d'être parfaitement compris pour être lancé avec un risque raisonnable. Donc j'ai engagé, sur place, un traducteur talentueux et excessivement cher. Mais je souhaiterais, malgré tout, me montrer polie en connaissant au minimum quelques phrases basiques, bonjour, au revoir, merci infiniment je vous suis à jamais redevable... L'essentiel donc.

L'hotesse nous propos des rafraichissements et mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors et redescend immédiatement de mon petit nuage. Dans l'avions bien rempli monte un cri de désespoir peut être exagéré compte tenu de la situation :


       

▬ "Merde !  "».


J'adorerais lui en vouloir, le détester, mais mon traducteur vient de perdre son grand père et m'annonce qu'il ne pourra donc pas m'aider. Je compatis sincérement à sa douleur et lui enverrais surement un sms en ce sens dès que j'aurais dépassé le stade dans lequel je suis, celui du :  
   

▬ " Comment est-ce que je vais trouver un traducteur ?! "».


J'ai murmuré cette phrase de façon bien plus discrète que mon exclamation précédente, pour laquelle, rougissant soudain, je m'excuse platement auprès des personnes à proximité. Il m'a fallu un petit temps pour réaliser mon impolitesse, un petit temps pour atterrir, métaphoriquement parlant, de mon petit nuage qui vient juste d'éclater avec un "plop" de mauvaise augure.
Je soupire et pose mes mains sur mes tempes, essayant de ne pas laisser cette contrariété somme toute tout à fait gérable devenir une montagne dans mon esprit. Je n'aime pas les contrariétés et les contre-temps, j'y réagis mal, au cas où ça vous aurait échappé au cours de cet aperçu de ma vie.

     
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Prendre l’avion pour assister à un mariage, ce n’était pas vraiment un superbe investissement. Cependant, il s’agissait du mariage d’un de mes cousins, au pays du soleil levant, et il fallait dire que cela me changeait beaucoup les idées. Une petite semaine à me faire du bien… ça, c’était de l’investissement. Me détendre une bonne fois pour toute, oublier tous les soucis, et remettre le nez dans ces langues que je ne pratiquais qu’avec mes idiotes de cousines avec la conversation assez pauvre.

J’étais surexcité, et ainsi je ne pouvais pas dormir dans l’avion. J’étais perdu dans la contemplation de tous ces gens, habillé pour le confort du voyage, m’imaginant un peu leur vie. Par exemple, cette femme aux cheveux rouges, juste à côté de moi, semblait tout aussi excitée que moi, avec un livre entre les mains, le japonais pour les nuls. Cela me fit sourire. J’avais tendance à récriminer ces bouquins, qui n’aidaient pas vraiment à apprendre une langue. Enfin, tout au plus des phrases toutes faites, qui ne permettaient pas de comprendre la grammaire, la syntaxe, pour ensuite se permettre de faire des phrases tout seul. Mais enfin, j’étais bien trop content de partir en voyage pour pouvoir dire des choses si négatives.

En revanche, là où je sursautai, c’est quand j’entendis le téléphone de la femme sonner. Comment ça, le téléphone sonnait ? C’était normalement interdit en avion ça… Cela pouvait dérégler les systèmes de communication du cockpit, très dangereux… Je devrais peut-être lui dire ? J’attendis tout de même qu’elle finisse sa communication… Une mauvaise nouvelle. Et la perte d’un interprète visiblement. Ce qui était vraiment, vraiment dommage pour elle. Même si en soit, il n’y avait pas si longtemps, j’en étais un. Et un chercheur en linguistique aussi. Je choisis d’ailleurs ce moment-là pour lui signaler :

« Il semblerait que vous ne le sachiez pas mais… Les appels dans les avions, c’est interdit… »

Je pris un sourire contrit, lui montrant que je ne lui en voulais pas, cependant, je voulus rebondir sur ce qu’elle avait dit en dernier. Qu’elle allait galérer du coup pour trouver un interprète. Quelque part, j’avais envie de la dépanner, surtout qu’on allait au Japon, on ne pouvait pas dire que je n’étais pas qualifié. Cela me donnerait même de quoi m’occuper, parce que bon, le mariage n’allait pas occuper chacune de mes minutes sur place.

« Vous cherchez un interprète pour quelle langue ? Je saurai peut-être vous aider, j’en parle quelques-unes d’Asie et ce fut mon ancien métier. »

Ce n’était pas que je me vantai, mais c’était vrai, et surtout c’était ma fierté. J’avais travaillé dur pour cela, pour étudier la linguistique, me permettant d’accéder autant aux langues vivantes qu’à certaines qui étaient déjà mortes. Beaucoup de travail, qui maintenant ne servaient plus à grand-chose, étant donné que j’étais désormais connu pour être principalement le proprio de l’hôtel le plus mal famé du coin. Enfin, de Bray. Une fois de retour au Japon, peut-être que j’allais pouvoir être quelqu’un d’autre, juste un peu ?
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      C'était vraiment une mauvaise nouvelle, moins pour moi que pour lui mais l'empathie n'a jamais été mon point fort. Il me faut réfléchir pour comprendre qu'elle est de mise dans cette situation, elle ne me vient pas naturellement. Plus jeune je m'étais inquiétée d'être potentiellement un peu psychopathe sur les bords, au sens médical du terme bien sur, je n'ai jamais blessé personne, mais à priori je reste dans les limites acceptable en terme de relation aux autres et d'empathie. C'est pour cela que je me suis excusée auprès des autres passagers de moi-même sans qu'on me le fasse remarquer, et que j'ai compris, même si c'était plus intellectuel qu'émotionnel, que mon traducteur n'était pas en faute.

L'homme à coté de moi prend la parole, je l'écoute avec attention et hausse un sourcil étonné :

       

▬ "Vraiment ? Jusqu'ici les hôtesses m'ont toujours dit que ce n'était interdit qu'au décollage et à l’atterrissage désormais.  "».

Bien sur j'évite de téléphoner dans l'avion, entendre seulement la moitié d'une conversation est généralement très énervant et frustrant. Mais les sms n'ont jamais posé souci. Il me semble qu'avant, quand les téléphones portables étaient encore une nouveauté ils présentaient des risques pour l'avion. Mais maintenant qu'ils font partie de notre quotidien les compagnies aériennes se sont adaptées, bien sur. D'ailleurs techniquement même lors des manœuvres délicates le téléphone n'a pas de raison d'être éteint, techniquement, c'est juste pour que les gens soient moins distraits en cas de souci m'a-t-on expliqué. Et bien sur toute distraction est interdite durant les consignes de sécurité, inutile d'argumenter sur le fait que vous prenez l'avion tous les mardis, comme un homme l'avait fait lors de mon précédent voyage. Cela ne fonctionnera pas.

Toutefois l'homme se révèle bien plus intéressant que je ne l'aurais cru au premier abord, vraiment plus intéressant.

       

▬ " Oh ?! Quelle chance d'être tombée sur vous ! Il devait m'aider à traduire un grimoire en japonais. Il est ancien mais pas assez pour être écrit en japonais ancien si son propriétaire m'a bien renseignée.".

Ce qu'il a surement fait, n'ayant aucun intérêt à me mentir puisqu'il me prête, gracieusement, son grimoire en échange du prêt de l'un des miens.  Je désigne le livre que je parcourais peu auparavant "le japonais pour les nuls" et ajoute avec un sourire contrit :

       

▬ " Comme vous pouvez le voir cela me serait difficile, je ne connais guère que des phrases toutes faites. Et traduire un grimoire demande une réelle connaissance des nuances de la langue. Enfin des deux langues, celle d'origine et celle d'arrivée.".

Il est très rare d'utiliser un grimoire dont on ne parle pas la langue, mais certains sorts peuvent être adaptés. Cela dit je ne compte pas les utiliser, je cherche le savoir et non le pouvoir.  Je ne m'inquiète pas trop de permettre à des gens "normaux" de lire ces grimoires, souvent ils ne croient pas à la magie de toute façon et me voient juste comme une excentrique, ce que mon look a tendance à confirmer pour eux, puisque j'apprécie les habits noirs et les bijoux "gothiques".  Et puis à moins que l'homme ne soit lui-même magicien il n'aura de toute façon pas les connaissances nécessaires pour utiliser les sorts et formules. Il n'en saura même pas assez pour se blesser.

     
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Je fus surpris d’entendre que le règlement avait changé par rapport au téléphone dans l’avion. Après tout, cela faisait des années que je n’avais pas mis un pied dans ces machines-là, depuis que j’avais l’hôtel après tout. Je fis alors juste un haussement d’épaule, continuant la conversation avec ma proposition d’aide, si elle avait des soucis d’interprète, puisque j’étais là. Et visiblement, ça l’arrangeait bien que je dise ça, car elle avait besoin de traduire un grimoire en japonais, pas ancien. Bon, ce sera bien plus simple mais si elle appelait ça un grimoire… Ce devait être quelque chose d’assez louche, sorte de livre ésotérique ? Enfin, cela ne m’étonna pas plus que cela. Elle ressemblait un peu à ces étudiantes que j’avais pu avoir dans mes cours, dans ces couleurs dignes de la mode gothique, bien qu’elle me semble bien adulte, pas si loin que ça de mon âge.

« Oh, voilà ce qui est curieux. »

En vérité, je ne croyais absolument pas la magie, quand bien même je vivrais dans ce qui semblerait être un foyer de créatures et magiciens, j’étais totalement ignorant de ces choses-là. Donc je m’imaginais être face à une simple amatrice de sensations fortes, un peu comme ces gens qui étudiaient la démonologie – véritable phénomène qui avait ses cours dans des universités américaines par exemple… Vraiment dans la démesure, ce pays. En tout cas, elle continua en me montrant le « japonais pour les nuls » que j’avais déjà remarqué un instant plus tôt. Effectivement, elle aura du mal à comprendre un traitre mot du livre…

« En effet… Ne vous en faites pas, je vous ferai une traduction en anglais sans problème. Je vous donnerai mon numéro, de cette façon, nous pourrons convenir d’un rendez-vous sur place pour que je puisse lire tout ça ! Je me rends au Japon pour un mariage, donc je serai occupé quelques heures par-ci par-là, mais rien qui ne m’empêche de travailler. »

Au contraire, j’en avais besoin. Me remettre à faire de la traduction, après toutes ces années de pauvreté intellectuelle, ça allait me stimuler. J’étais capable de passer de très longues heures sur ces boulots qui, autrefois, me ravissaient. En tant que linguiste, il m’était même arrivé d’oublier l’existence du reste du monde juste parce qu’un texte me donnait du fil à retordre.

« Cependant, je dois prévenir que si je n’ai pas le temps en une semaine – je suis là pour ce temps – de tout traduire… Je prendrai des photos du grimoire pour vous faire parvenir la suite, évidemment. Je vis en Irlande, je ne sais pas pour vous ? Mais ça peut se faire par internet. »

Je n’étais pas très à l’aise avec les ordinateurs, cependant j’étais sûr que j’allais pouvoir envoyer un mail avec juste des traductions de ce que j’aurai fini de transposer en anglais pour cette jeune femme. D’autant que j’étais réellement curieux de ce qu’on pouvait trouver dans un « grimoire », ne m’étant jamais intéressé à l’ésotérisme.
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      Quelle chance, tout de même, d'être assise à coté d'un traducteur. Sans cela j'aurais probablement fait le trajet pour rien, ce qui aurait été très bête, vous ne pensez pas ? J'aurais peut être pu négocier et emprunter le traducteur qui sera engagé pour traduire mon grimoire en japonais, mais rien n'aurait été moins sur et cela m'aurait obligé à prolonger mon séjour. Je souris chaleureusement à l'inconnu quand il m'explique les raisons de son voyage et qu'il me parle des détails techniques.

Je lui tend mon téléphone, la page "ajouter un contact" déjà ouverte afin qu'il y entre son nom et numéro de téléphone, un simple sms me permettra ensuite de lui fournir les miens.

       

▬ "Vous me sauvez ! Vraiment ! Sans vous je serais venue au japon pour rien et j'aurais probablement perdu toute chance d'échanger à nouveau avec ce professeur. Il faudra que vous me donniez vos tarifs. ".


L'argent n'est pas un souci majeur, sans être richissime je m'en sors bien, je peux donc me permettre de dépasser mon budget ou d'engager quelqu'un sans même savoir quel prix il me demandera. Je secoue toutefois doucement la tête tandis qu'il parle de photos et reprend la parole :

       

▬ "Je crains que le professeur refuse les photos, les grimoires sont, généralement, tenus secrets. On ne peut pas vraiment laisser des gens en emporter des copies. Mais ne vous en faites pas, si tout n'est pas traduit ce n'est pas très grave, je choisirais mes priorités. ".

Il faudra donc que je lui fasse traduire les noms de sorts pour mieux sélectionner ceux que je connais déjà. Par chance les schémas devraient également m'aider à me repérer.... Enfin je l'espère, les magiciens japonais utilisent-ils les mêmes symboles que nous ? Si non tout sera bien plus compliqué, et tellement plus intéressant également. Je précise toutefois, ne serait-ce que parce que cela sera utile pour le paiement :

       

▬ "J'habite en Irlande aussi, à Bray depuis quelques années maintenant.Pardon, je suis affreusement malpolie aujourd'hui, je m'appelle Almath, Almath Cullen.  "

Une ville étrange et étonnante, j'ignore pourquoi mais la concentration d'énergie magique là bas est impressionnante. Comme une "bouche de l'enfer" dans Buffy ou un phare à la façon de Teen Wolf. Non que ce soit des référence qu'Almath pourrait avoir.
Je ne m'aperçois que maintenant que je ne me suis pas présentée. Bon lui non plus mais tout de même, cela ne se fait pas. J'esquisse un sourire contrit, cela semble devenir une habitude aujourd'hui, je ne sais pas où j'ai la tête. Il faut dire qu'étudier un grimoire est une opportunité très rare, surtout pour quelqu'un qui n'est pas particulièrement puissant. Heureusement ce professeur semble comme moi en quête de savoir davantage que de pouvoir et il est, comme moi, très curieux d'étudier les éventuelles différences entre les magies orientales et occidentales.

Je reprends, pour en savoir davantage sur  l'inconnu et me montrer un peu plus polie qu'auparavant :

     

▬ "Interprète est votre ancien métier, que faites-vous maintenant ? Si ce n'est pas indiscret ?  "

     
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Le reste du trajet d’avion avec ma nouvelle cliente se déroula de façon très sympathique. Après avoir donné mon nom – Kabukichô Kihashi -, mon numéro, mon nouveau métier – gérant d’hôtel – et mes tarifs – bien en deçà de ce que les professionnels demandaient, vu que je ne pratiquais plus, je ne me sentais pas de profiter de la jeune femme. Nous avons donc convenu que si je ne prenais pas de photos, que tout se ferait sur place, et que nous serons ensemble pour travailler. Ca m’allait. De façon plus personnelle, nous fîmes connaissance, apprenant du coup que nous vivions dans la même ville – « En voilà une coïncidence ! Une fois de retour au pays, je vous offrirai un pot ! » – et elle était universitaire comme je l’avais été, à la même faculté. En somme, j’étais un homme heureux de rencontrer une femme cultivée bien qu’un peu étrange, et à l’atterrissage, nous nous sommes promis un rendez-vous dans l’après-midi, le temps de déposer nos affaires à l’hôtel et moi de présenter mes hommages à ma famille. Il avait fallu nous rendre chez ce professeur très mystérieux, qui gardait ses livres précieusement, et j’avais proposé tout simplement que j’emprunte la voiture d’un de mes cousins qui, de toute façon, ne bougera pas du lieu du mariage, étant l’un des témoins.

Moi j’avais envie de bouger. J’avais trouvé de la stimulation intellectuelle, et je comptais bien en profiter jusqu’au bout. Être un peu quelqu’un d’autre durant ce voyage qui tombait à pic pour me remonter le moral, après ces années sans vraies vacances. Je l’avais donc récupérée à son hôtel, dans cette honda qui avait connu de meilleurs jours certes, mais qui avait un GPS intégré, et ça n’était pas du luxe, vu que nous allions dans un coin que je ne connaissais pas du tout.

« En voiture, m’dame ! Je rentre l’adresse… »

Je me concentrai pour déchiffrer l’adresse qu’elle avait notée en alphabet romain, pour la mettre en hiragana et kanji dans le logiciel de la voiture – forcément, nous étions au Japon, nous utilisions alors deux des trois alphabets. Cette langue était complexe, et cela me faisait du bien de m’y replonger. Et une fois que je démarrai, je demandai :

« Alors, prête pour un premier rendez-vous avec ce professeur ? Parce que personnellement, je meurs de curiosité, je n’ai jamais été très porté sur l’ésotérisme. »

A vrai dire, je ne l’avais jamais été. Même alors que je vivais au Brésil, terre natale, je n’avais pas réellement cru à ces histoires de Macoumba, cette magie – si on veut – des descendants des esclaves, ce qui pouvait s’apparenter au Vaudoo, bien plus célèbre dans la culture populaire. Je n’y avais jamais cru, et je me disais que cela devait être une simple passion pour Almath, une étrange passion, mais enfin, je n’allais pas juger n’est-ce pas ? Certains critiquaient bien ma religion – le catholicisme – en me traîtant d’idiot de croire qu’un type barbu était en haut dans le ciel à veiller sur la race humaine. Enfin, l’un des préceptes de mes croyances était la tolérance… Et je ne pouvais pas imaginer une femme si gentille être un être vil et sataniste.
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      La conversation s'est éternisée, l'homme est cultivé, intéressant, aimable, universitaire comme moi, à Bray, comme moi. Bref nous avons bien plus en commun que je ne l'aurais cru au premier abord. Je hoche la tête avec un sourire quand il promet de m'offrir un verre à notre retour, l'idée est attirante et c'est pourtant rare que j'apprécie la compagnie d'un autre être humain (ou moyennement humain d'ailleurs). Je fais partie de ces gens que la compagnie épuise et qui ne sont jamais aussi heureux que transparents ou, mieux, enfermés seuls dans une bibliothèque. C'est donc avec un brin d'étonnement que j'entends ma réponse et réalise qu'elle est enjouée et sincère.

       

▬ "Avec plaisir !  ".

L'atterrissage fut un choc pour moi, j'ai déjà voyagé et généralement j'ai toujours réussi à me débrouiller malgré le coté dépaysant de l'affaire. Mais parce que j'avais toujours l'alphabet classique sur lequel me reposer, ici tout est différent, totalement. Par chance l'anglais est parlé ou baragouiné par tous, ou en tout cas tous ceux que j'avais rencontré, et j'ai donc pu trouver mon hôtel sans trop de difficultés, mais le Japon me semblait si totalement étranger que j'aurais aussi bien pu arriver dans une dimension parallèle.


Une douche brulante et un repas léger plus tard j'étais prête à retrouver mon traducteur et sauveur. Je le laisse traduire l'adresse et commencer à conduire et souris légèrement à sa question :

       

▬ "Je suis très curieuse aussi, mais je connais bien le sujet. En fait je voudrais étudier les variations entre les connaissances des différents continents, des différentes époques, des différentes cultures.   ".

Bon d'accord ça ne répond pas à sa question, je cherche les mots adéquats pour ne pas parler de Djinn ou de magie à proprement parler, pour expliquer ce que représente l'ésotérisme pour moi.

       

▬ " Que l'on croit à la magie ou non, l'étude de l'ésotérisme est passionnante. C'est tout un monde lié au notre mais différent, plus profond. Ca parle d'âme, d'empathie, de karma. C'est un mélange de philosophie, de science, de religion.....   ".

Je ne sais plus qui a dit que la magie c'était des sciences pas encore comprises, et c'est assez vrai de la magie que je pratique, c'est très scientifique en quelque sorte, une formule comme on pourrait avoir une machinerie bien huilée, une incantation comme une recette à suivre étape par étape.

       

▬ " D'une certaine façon c'est un prolongement de mes recherches en médecine, sous un angle différent.... Mais arrêtez-moi quand je deviens pénible, je peux parler du sujet pendant des heures si vous me laissez faire.   ".

Je souris légèrement, autant je suis généralement introvertie autant si on aborde un sujet qui me passionne, surtout la magie, je peux me laisser aller à oublier que j'ai un interlocuteur et discourir pendant des heures sans qu'il puisse dire un mot. Mais nous aurons, largement, l'occasion d'en parler au dessus du grimoire tandis que je le guiderais vers les sorts qui m'intéressent. Il faudra juste que je fasse attention à ne pas trop en dire, mais je suis presque sure que, comme tous les humains, il me voit juste comme une illuminée. Une illuminée cultivée mais une illuminée malgré tout. Et je ne fais pas grand chose pour le faire changer d'avis, après tout ça m'arrange. Et puis de plus en plus d'adultes ont envie de croire à la magie, sans vraiment y parvenir, les œillères mises en place par la société sont bien serrées, dès qu'ils ont dépassé l'âge de raison on leur répète que ce sont des histoires pour enfants, sans leur dire que le Petit Chaperon Rouge ou la Belle et la Bête sont des légendes, des contes venus d'un temps oublié. Le premier pour dire aux enfants de se méfier des métamorphes, et des bois et le second pour contrer le premier et humaniser ceux qui, sans cela, auraient été chassés et tués. Enfin c'est comme ça que je le vois, je suis sure que Grimm et Perrault pour ne citer qu'eux étaient des êtres magiques.


     
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J’avais démarré autant la voiture que la conversation. Je me concentrais d’ailleurs sur la route – au moins le côté de conduite était le même au Japon qu’en Irlande… Je n’avais pas ça à changer, l’habitude avait déjà été difficile à prendre avec le changement Brésil – Irlande. Je l’écoutais donc attentivement, tandis que je sortais déjà de la grande ville, pour rattraper le périph’, suivant les instructions du GPS en face de moi.

J’écoutais tout de même avec attention, car la magie avait une drôle d’histoire avec ma religion. Enfin, je ne croyais pas un seul instant à l’existence de quelconques capacités hors du communs, telles qu’elles auraient existé selon l’Inquisition par exemple. J’étais un fervent catholique, avec une foi inébranlable en Dieu et en ses miracles, cependant, la magie ? C’était uniquement l’Eglise qui, à mes yeux, cherchait un ennemi commun à tous les croyants, et qui s’était basée sur des superstitions de paysans sans éducations. Cependant, j’aimais bien la vision d’Almath des choses. Philosophie, science, religion, c’était intéressant – surtout que je parlais avec une universitaire spécialisée dans la médecine. Elle-même le disait, c’était comme un prolongement.

Elle me fit rire, lorsqu’elle demanda que je l’arrête si elle devenait pénible. A vrai dire, j’avais l’impression de m’entendre, j’avais été comme ça aussi, dans mon propre domaine de recherche, la linguistique. Ma propre femme, qui était interprète, avait tendance à me laisser parler sans discontinuer, mais sans m’écouter aussi, car je parlais vraiment pendant des heures. Enfin, pour le coup, j’étais intéressé, autant personnellement que pour la prestation que j’allais lui faire.

« Ne vous en faites pas, allez-y. Nous sommes en voiture pour un petit moment, et au moins, ça me prépare à ce qui m’attend ! Bon, c’est vrai que je ne crois pas une seconde à l’existence de la magie, mais ça reste de la théorie assez amusante à mes yeux. »

Je ris encore un peu, tout en remettant mes lunettes en place, qui glissaient sur mon nez. C’était assez inconcevable, c’était vrai. Il y avait bien eu des gens qui croyaient que l’alchimie allait transformer du plomb en or. Quand je tombais autrefois sur des livres traitant de cela, à l’époque où j’étais encore universitaire, cela faisait rire mes collègues et moi. Ah… Enfin, je me repris assez vite, tout de même, je ne voulais pas vexer ma compagne de route :

« Enfin, sans vouloir vous vexer, bien sûr. »

Je pouvais parfois me montrer assez vexant, à parler sans trop réfléchir. Depuis que je vivais dans cet hôtel, j’avais eu tendance à être un peu plus impulsif dans mes paroles, à dire ce que je pensais bien plus facilement qu’avant. Il fallait dire qu’avant, j’avais un cadre de vie bien plus petit bourgeois, où il était bien plus mal vu de balancer ses réflexions, tandis que maintenant, entre les camés et autres prostituées qui ornaient mon hôtel, je faisais bien moins gaffe.

D’ailleurs pas mal de choses avait changé depuis que j’avais repris la main dessus. Comme par exemple ma posture quand je conduisais. Avant, j’étais du genre à avoir les deux mains sur le volant, bien disposées comme on l’apprenait à l’auto-école, maintenant, je me la racontais à mettre un coude sur la fenêtre, une main sur le volant que je retirais dès que je devais passer une vitesse – ce qui était rare puisque c’était une de ces voitures automatiques.

Enfin, je faisais un effort quand y’avait une manœuvre, style un virage. Je n’étais pas un sauvage, et je ne tenais pas à nous emboutir dans le fossé.
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      C'est une jeune homme patient, en tout cas, puisqu'il m'encourage à continuer, même s'il ne croit pas en l'existence de la magie. Je dissimule un sourire amusé, s'il savait tout ce qui existe. Nul doute qu'à Bray il côtoie des métamorphes, des sirènes, des oracles ou des djinns sans même s'en rendre compte. La capacité que nous avons, humains, à ignorer ce qui semble évident à d'autres me laisse souvent pantoise.

Pour ma part cela avait longtemps été une question de foi, jusqu'à ce que je puisse invoquer mon premier djinn et donc avoir une preuve. Croire quand on sait ce n'est plus vraiment croire. Ce n'est plus de la foi. Et c'est beaucoup plus facile. Enfin en théorie, parce qu'il y a des gens qui remettent en questions des faits scientifiques connus de tous, comme le fait que la Terre est ronde. Ce n'est pas comme si Galilée l'avait dit, et puis comme si Christophe Colomb avait découvert les Amériques comme ça.... Ou comme si des gens étaient allés dans l'espace et avaient pris des photos et fait des vidéos, toutes magnifiques d'ailleurs. Alors bon, ne pas croire en la magie quand on n'en a pas vu les signes, je peux le concevoir.

       

▬ " Non non, je ne suis pas vexée, chacun a ses propres croyances, c'est tout à fait normal. J'y ai cru enfant, comme tout le monde sans doute et je n'ai jamais cessé d'y croire. Mais ma vision de la magie a évolué bien sur.  "».

Il faut dire que les vraies fées n'ont pas énormément en commun avec la marraine de Cendrillon et que les sirènes ne sont que rarement Ariel. Quant aux génies, certains ressemblent vaguement à Robin Williams, mais ils sont rares et les djinns sont d'un autre bois.
Je reprends donc à destination de mon nouvel ami :

       

▬ " Et puis c'est un peu comme le christianisme qui a été séparé en plein de cultes différents, ceux qui croient en la magie n'en ont pas tous la même vision, la même pratique. "».


Même sans parler des gamines qui invoquent un esprit avec un ouija, le truc ridicule auquel elles-mêmes ne croient pas vraiment, il y a les Wiccans qui voient dans les Djinns des esprits de la nature, ils y a ceux qui y voient les âmes de nos défunts, il y a ceux qui y voient l'extension de leur propre volonté...Mais ceux là ne vivent pas longtemps en général. Certains y voient le Diable et ses démons, d'autres des anges, ou encore tout autre élément de leur foi. Bref chacun a sa vision du monde et c'est encore plus vrai pour la magie.

     

▬ " La magie que j'étudie se pratique à l'aide de signes cabalistiques, un peu comme des runes et de formules complexes. Je me demande dans quelle mesure les runes sont liées à la culture et à l'écriture. Et je me demande si des formules différentes peuvent avoir le même effet, donc l'importance de chaque partie et le lien entre les deux. Si je dis une formule anglaise avec des runes japonaises que se passerait-il ? Bref ce genre de questions existencielles essentielles à ma survie, n'est-ce pas ?".


Non que j'ai l'intention de faire trop de tests, partir à l'aveuglette en magie c'est un peu comme mélanger des réactifs au hasard en chimie. C'est potentiellement explosif.


     
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La façon qu’utilisait Almath pour décrire la magie n’avait rien à voir avec celle qu’on pouvait voir dans les films et autres séries que je voyais passer à la télé durant mes longues nuits de garde à l’accueil de l’hôtel. A vrai dire, ça avait presque l’air mathématique, aussi scientifique que ses études à l’université sur la médecine. Son analogie du christianisme était plutôt bien trouvée, en réalité, car entre jansénistes et autres protestants, il était clair que le christianisme englobait énormément de cultes différents. A vrai dire, le christianisme, je le voyais un peu comme un terme générique qui réunissait en son sein plusieurs façons d’adorer Dieu. Personnellement, j’étais purement catholique, croyant en Dieu de façon indéfectible, et en reconnaissant l’autorité du pape et des évêques. Cee qui n’était pas le cas des protestants par exemple.

Il y avait autant de cultes chrétiens que de cultes de la magie. Amusant !

Cependant, lorsqu’elle expliqua qu’elle se demandait si les formules anglaises se valaient avec les runes japonaises, je me mis à imaginer la femme à mes côtés en train d’allumer des bougies, autour d’une sorte de pentagramme amélioré, destiné à invoquer je ne savais quel esprit – je n’osais pas dire démon, cela reviendrait à parler de l’Enfer, et comme tout bon catholique, je craignais l’Enfer. C’était étrange comme vision, et je me demandais si quelque chose arrivait dans ces moments-là. Ou si elle était déconfite que, justement, il ne se passe absolument rien.

Cela devait être intéressant à observer, à vrai dire. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir une certaine excitation à l’idée de voir ça et que – comble de la surprise – un type se retrouve au milieu du pentagramme à me proposer trois vœux. Cela me fit rire, c’était totalement idiot – si ça arrivait, j’étais bon pour l’asile. Aussi, j’étais absolument certain que cela n’engageait en rien à sa survie mais je ne pus m’empêcher de jouer le jeu en répondant :

« Tout à fait, ce doit être assez dangereux. Il faudra bien analyser tout ça. Et ça tombe vraiment bien, car nous allons bientôt arriver, d’après le GPS. »

J’étais vraiment content d’avoir fini à côté de cette femme dans l’avion, à vrai dire, c’était terriblement excitant de finir dans un univers pareil, la magie, où on ne pouvait pas s’empêcher de se demander « et si ? », quand bien même je n’y croirais pas une seule seconde, cela reviendrait à du blasphème.

Nous arrivâmes au bout de quelques minutes encore de discussion dans une zone rurale où les maisons étaient rares. Il y en avait une, au bout d’un sentier, qui était notre destination, une maison typiquement japonaise très bien entretenue. Vraiment bien entretenue, bon sang, où est-ce qu’il trouvait le temps, l’argent, la main d’œuvre pour que ça soit aussi nickel ? Ce genre de maison n’existait pratiquement plus, même celle que possédaient mes grands parents avant de tout abandonner pour le Brésil n’était pas aussi canon ! Je lâchai un sifflement d’admiration, quand je retirai mes lunettes gardée pour la conduite.

« Hé bah, faut croire que la magie, ça rapporte, n’est-ce pas ? »

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