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 Quand on a que l'amour à s'offrir en partage - Jerion ♥

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❝ au jour du grand voyage qu'est notre amour... ❞Quand on a que l'amour à s'offrir en partage.Est-ce que les aveugles voyaient des images en rêvant ? C’était la question que beaucoup de personnes me posaient. Et la réponse était simple : j’avais perdu la vue à 24 ans… Donc je rêvais avec des images, comme la majeure partie des aveugles post-cinquième année de vie. Cependant, je savais que ma mémoire des images se délitait petit à petit. Je savais qu’un chien ne ressemblait plus à ce que je voyais quand je rêvais à cela. Et je savais que le visage de Leon n’était plus aussi fidèle à la réalité. Mais… C’étaient mes rêves, et ils me satisfaisaient grandement.

Alors, quand je me réveillais d’une bonne nuit de sommeil, je gardais les yeux fermés, pour me concentrer sur mes sensations. Rien de mieux pour me mettre de bonne humeur. Couché sur le côté latéral droit, j’étais face à Leon. Parfois, j’avais ma tête dans son creux de bras, me faisant entourer de sa main sur mon épaule. D’autres fois, comme maintenant, j’avais froid dans la nuit, et je finissais en position foetale sous la couette, le front contre ses côtes. Juste toucher du front, je ne savais pas pourquoi, ça me réchauffait le reste de la nuit. Et puis, j’aimais bien aussi être sous notre couette, sentir de partout la douceur de la soie, de cette matière que j’avais réclamée au fil des années. Devenu plus sensible au touché, j’aimais ce léger son que mon doigt faisait quand il faisait une ligne dessus. Sans parler de l’odeur de Leon qui m’imprégnait tout entier dès lors que j’étais aussi proche de lui. Je l’entendais respirer, cela me berçait presque autant qu’un Still Loving You, voire même cela me rassurait. Il m’était déjà arrivé de me réveiller juste parce que je ne l’entendais plus.

Ainsi, réveillé mais toujours les yeux fermés, pour faire l’illusion, j’éveillais chacun de mes sens. Et parfois… Comme aujourd’hui… Je me concentrais pour voir quelques secondes dans le futur, juste, voir le visage de Leon, un peu. Parce qu’il me manquait. Parce que je savais qu’une fois que j’ouvrirai l’oeil, il ne sera toujours pas là, comme le reste. Je ne verrai rien. Mais je voulais juste faire semblant un instant que tout était comme lorsque je l’avais rencontré, que je pouvais le voir un peu. Et là… Quand je le revis, je pus jeter sa représentation dans ma mémoire, pour la remplacer par ça. Son petit air arrogant même quand il dormait. Sa légère barbe, qui entourait le bouc qu’il se plaisait à entretenir. Ce nez, ces lèvres, tout. Même ces rides qui commençaient à apparaître, cette fatigue que je devinais dans ces cernes, autant de marques de la vie, de la maladie.

Mais je ne pouvais pas rester plus longtemps dans les lignes du temps, je sentais déjà ma migraine arriver. Je ne devais pas… C’était mon plaisir coupable. Je me recroquevillai un peu, encore, comme pour serrer contre moi et chérir cette image remastérisée, la tournant dans ma tête noire, pour ensuite décider que j’avais le courage d’affronter ma journée. Je sortis donc discrètement du lit, toujours les yeux fermés, à quoi bon les ouvrir ? Pour me diriger vers la porte de la chambre, à l’instinct et à la mémoire, pour récupérer mon peignoir et mes chaussons. Je sentis un vêtement sur le côté, du bout du pied, que je ramassai en bougonnant, pour ensuite le lancer - toujours d’instinct et de mémoire - dans le panier. D’après le bruit de choc linge contre linge, j’avais fait un perfect. Ainsi, j’avais continué à marcher, jusqu’à la cuisine, pour préparer un petit déjeuner. Pas d’employés pour ça, j’avais insisté. De toute façon, j’avais besoin de me prouver que j’étais encore bon à quelque chose…

Récupérer de quoi me nourrir dans le frigo, cuire quelques tranches de bacon sans matière grasse ajoutée dans la poelle, me fier à l’odeur, au bruit de la cuisson, j’avais fini par y arriver, à force de tenter, de me faire aider de Leon, d’engueulade aussi car il en avait marre, et moi avec. Mais le fait était que j’y arrivais désormais. Et tandis que ça reposait dans l’assiette, un bon petit déjeuner avec boisson chaude d’un dimanche matin, je fis ma vaisselle. Je n’aimais pas l’odeur des poelles et assiettes sales qui trainaient, sans compter que ça faisait vraiment très mauvais genre. J’en profitai même pour faire un brin de ménage sur le comptoir, avant de prendre le plateau, direction la chambre, pour réveiller Leon.

Avant tout… Je devais préparer ses médicaments. Je n’aimais pas ça. Poser le plateau sur la table de nuit, espérant qu’il n’aie pas encore laissé son téléphone en vrac sur le bord… Ok, pas de bruit de chute, c’était bon. Fouiller dans le tiroir, pour trouver les flacons de pilules. Les disposer ensuite, sur le plateau… Et s’asseoir sur le bord du lit pour réveiller Leon.

”Leon… On se réveille.”

Je n’étais pas de ces personnes qui étaient particulièrement doux avec l’autre, avec ces attentions pleines de tendresse. Je n’en étais pas vraiment capables, je préférais même allier l’efficace et le résultat : je le réveillais donc en le secouant pas trop fort à l’épaule, histoire qu’il ouvre l’oeil, mais sans avoir un choc trop violent au réveil. D’autant que l’odeur de la nourriture devait lui plaire, n’est-ce pas ? C’était bien pour cela que je cuisinais dès le départ : lui donner une motivation pour se réveiller sans ronchonner.

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❝ au jour du grand voyage qu'est notre amour... ❞Quand on a que l'amour à s'offrir en partage.Une très agréable odeur qui arrive jusqu’à mon nez, un poids sur le bord du lit et une main qui secoue mon épaule. Dès l’instant où, inconsciemment, j’avais sentis Jeremiah quitté sa place, j’avais envahit l’espace de notre lit pour m’enfouir sous les draps, la couette et les oreillers. Mon sommeil était programmé ainsi depuis des années maintenant, moi qui prenais toujours toutes mes aises en dormant, en m’installant avec Jeremiah, après de nombreuses engueulades. Je n’avais donc pas manqué l’occasion de me retourner et de me mettre sur le ventre, étreignant mon oreiller comme je le ferais si j’étais allongé sur le dos de mon mari. Tout ce qui me manquait c’était sa chaleur. Mes sens étaient donc petit à petit réveillés par cette bonne odeur toute proche, ce contact que je savais bien évidemment de celui qui partageait ma vie et surtout, sa voix. L’entendre parler, m’appeler. L’entendre signifiait surtout que j’étais toujours là, que j’étais en vie, même si pour me rappeler tout ça, j’avais la respiration lourde, chargée, qui m’encombrait et dont la toux grasse finie de m’arracher des bras de Morphée. Si mon époux avait tout fait pour que tout se passe pour le mieux, la toux qui m’emportait et qui ne voulait pas me lâcher envoya tout promener en un rien de temps. La bouche horriblement sèche, la respiration sifflante et un début de crise d’asthme, je parvins à me redresser sur les coudes cherchant à tâtons ma ventoline, et repoussant bien malgré moi Jeremiah.

Ce genre de réveil, c’était une nouveauté. Ça faisait peut-être une ou deux semaine que mes poumons se rappelaient à moi aussi violemment le matin, me mettant naturellement dans un état de nerfs fort peu agréable. Toussant toujours autant, j’essayais de me calmer un peu, du moins suffisamment pour prendre quelques inspirations, les yeux à moitié ouvert pour voir mon Jeremiah qui bien que lui-même n’ait pas à constater ce spectacle, il en était quand même témoin, sachant très bien que m’entendre cracher mes poumons comme ça lui faisait autant mal qu’à moi. De ma main libre, j’attrapais la sienne sur le bord du lit, emmêlant ses doigts entre les miens, plus pour le rassurer que pour me procurer un soutien physique. Dans ces moments là, je commençais à comprendre ce qu’il avait pu connaître des années auparavant, quand sa cécité avait commencé à prendre le pas, quand nous avions dut apprendre à composer avec son handicap, avec son incapacité temporaire de faire les choses. En l’état actuel, tant que j’étais pris de quintes de toux, je ne pouvais strictement rien faire et était de toute façon diminué dans beaucoup d’activité. En plus de ma  feignantise quotidienne, bien sûr. Quand enfin je parvins à reprendre mon souffle et mon calme, je me laissais aller contre les oreillers, chassant les larmes qui s’étaient accumulées au coin de mes yeux, les yeux de nouveau sur mon époux.

« Ce n’est pas le réveil le plus doux qui soit, mais c’est pas mal... »

J’aurais bien lancé plusieurs vannes, mais mon souffle était toujours aussi court et bruyant, parler ne m’aidait pas à retrouver une respiration sereine. Fondant pour ainsi dire dans le lit pour ne faire plus qu’un avec lui, je détachais enfin mon regard de Jeremiah sans pour autant lâcher sa main pour regarder le plateau qu’il m’avait préparé. Tout était bien carré dessus, à la bonne place et rien de travers. Reflet de sa personnalité, mais pas seulement. Sa cécité l’avait encouragé à continuer dans cette voie, développant même un peu plus ses manies et sa maniaquerie, pour mon plus grand malheur. Je m’efforçais de l’aider bien évidemment dans la vie quotidienne, à ne pas lui mettre d’obstacle sur son chemin, de ne pas lui faire perdre son autonomie, mais ça n’était rien de gaieté de cœur. Autre chose qui n’était pas de gaieté de cœur : les médicaments qui se trouvaient également sur le plateau, un autre rappel de ce qui m’obstruait, de ce que j’étais obligé de prendre pour que ma carcasse tienne encore le coup pour… on ne sait trop combien de temps. Mon époux connaissait mon avis là-dessus, tout comme je connaissais le sien. Mais pour éviter de me lancer dans une dispute que je savais ne pas pouvoir tenir à souffler comme un bœuf comme ça, j’attrapais le verre d’eau qui allait me permettre de faire descendre ces pilules infectes. Dans un silence aussi complet que possible pour enfin me redresser et prendre doucement le visage de mon homme, déposant un tendre baiser sur ses lèvres.

La seule chose que je pouvais véritablement lui reprocher, c’était bien cette sale manie de justement… ne pas avoir la manie des petites attentions. Nous étions réellement les deux opposés tous les deux, et si lui n’était pas de ceux qui se montrent affectueux, j’avais personnellement besoin de le couvrir de mon amour et de petites attentions. Avec le temps, j’avais appris à ne plus en être demandeur et seulement profiter de ce qu’il m’offrait. Ce qui ne m’empêchait pas lui en donnait autant que moi j’en avais envie. Je ne lui étais plus autant demandeur et lui ne me repoussait plus. Le mariage était réellement fait de compromis. Après ce baiser échangé donc, je pris le plateau que je posais à côté de moi, un vrai sourire se dessinant enfin sur mes lèvres.

« Tu me connais bien… même si j’aurais préféré un peu plus de gras pour ce petit déjeuner. »
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❝ au jour du grand voyage qu'est notre amour... ❞Quand on a que l'amour à s'offrir en partage.Le matin, je m’attendais toujours à la pire des choses. Une crise d’asthme, ou qu’il se réveille avec cette sensation de poumons écrasés qui me scotchait au matelas… Ce matin, c’était une toux particulièrement violente. Il dormait si bien, et il fallait que dès lors qu’il me rejoignait dans le monde des vivants, qu’il se mette à souffrir… Il ne chercha pas sa ventoline bien longtemps, car je finis par la remettre sur son chemin. Et il n’y avait qu’une seule chose à faire : attendre en m’assurant que ça ne devienne pas trop grave, au point d’appeler les urgences… C’était récent ce développement, c’était violent, comme un rappel que je devais absolument trouver quelque chose qui ne soit pas seulement du domaine des humains pour l’aider. J’avais une piste à suivre… Mais je n’avais rien de sûr. Et c’était cette incertitude qui faisait que je flanchais parfois, quand je savais qu’il n’y avait personne pour me voir. Et tout ce temps qu’il prenait à essayer de se remettre, c’était autant de temps que je mettais à imaginer ce que serait une vie sans lui.

Après tout je le savais depuis le départ, en épousant cet homme-là, que je vivrai plus longtemps. Ma propre soeur se plaisait à me le rappeler, aussi. Que c’était un vieux. Et que lorsque je serai seul, selon elle, ce sera trop tard pour moi pour refaire ma vie. Car qui voudra d’un aveugle maniaque tel que moi ? D’un veuf à la frontière entre la jeunesse acceptable et le vieillard pour la maison de retraite ? Mais en attendant, je ne voulais personne d’autre que lui, et j’avais fermé les yeux sur cette possibilité - cette fatalité devrais-je dire ? Des fois, je me demandais si cette maladie était une sorte de rappel de la mortalité de celui que j’aimais. Si c’était une sorte de punition pour être allé à l’encontre des voeux de ma famille. Ou s’ils avaient raison… Si j’étais réellement possédé par le Malin qui me donnait ces visions, à moi et à d’autres, et que nous en servir ne faisait que nous couter plus que la vue. Je n’en savais rien… Et cela faisait mal. Cela craquait ma carapace que je me construisais chaque jour, pour qu’elle s’écroule dès que j’entendais, sentais Leon dans le mal. Pour que je doive ensuite la reconstruire, inlassablement. Jusqu’à ce que je n’aie plus aucune fondation sur quoi m’appuyer.

Il m’attrapa la main que j’avais posée sur le bord du lit. C’était agréable, ce contact, même s’il toussait à s’en vomir les poumons, je savais qu’il était là, dans sa tête, qu’il pensait à moi. C’était pour cela que j’étais prêt à trouver des solutions ailleurs, là où mes parents se seraient évanouis d’outrage. Dans la magie, dans les Djinns. Si mon don est le bien du Malin, alors je n’avais déjà qu’une âme souillée, vendue, peu importait donc d’empirer mon cas en faisant appel à ces forces occultes, n’est-ce pas ? Peu importait mon âme, si celle de Leon restait accrochée sur cette Terre, à mes côtés, juste pour m’aimer quelques minutes de plus qu’il ne le devrait de prime abord.

Attendre.

Espérer que ce ne soit pas plus grave que la fois dernière…

Et chercher une solution.

C’était en cela que mon esprit se résumait. Jusqu’à ce qu’enfin, il y eut cette accalmie, puis ces mots, enfin. Des mots vivants, qui ressemblaient à Leon, cette espèce de nonchalance qui me donnait envie de le frapper, tant il… Ah ! M’énervait. Mais pas là, pas maintenant, tandis qu’il sifflait. Je voulus alors le réprimander. Enfin, de prime abord, ma voix ne sortit pas vraiment, et je dûs me racler la gorge pour qu’enfin ces mots sortent le moins tremblant possible - je l’espérais. Histoire de me montrer fort, là où l’autre était un peu plus faible.

”Tu seras prié de ne pas trop la ramener tant que tu n’aurais pas reprit ton souffle, Leon.”

Il fallut attendre alors encore un peu. Qu’il s’allonge, se calme. Remarque le plateau que j’avais préparé, avec ces médicaments qui le gardaient à mes côtés - pour le moment. Attrappe le verre d’eau que j’avais préparé, s’en serve pour avaler ces gellules… Et enfin, que j’entende une respiration normale. J’en repris moi-même ma respiration, ne m’étant même pas rendu compte que j’étais à la limite de l’apnée tandis que j’écoutais avec attention le moindre de ses gestes. Jusqu’à ce que je le sente toucher mon menton, pour m’embrasser. Il faisait toujours cela, pour ne pas me surprendre. Ah, les coups de tête qu’il avait prit au début, quand je ne m’étais pas encore adapté ! Il devait certainement encore sentir les bosses, causées par mes sursauts, mes réflexes. Mais le plus important était qu’il m’embrassait. C’était bon… Même si je n’osais pas réellement en offrir de moi-même. Cette pudeur, encore. Cette saleté de pudeur issue de mon éducation bien trop stricte qui me retenait dès lors que je voulais montrer que je l’aimais. Je ne savais le faire qu’en assumant mes responsabilités. Avec ces plateaux. Ces médicaments que je préparais. En rangeant l’appartement. En lui rendant la vie la plus facile possible. Les carresses, les baisers, cela venait plus… Difficilement. Mais au moins, on s’était adapté. Il faisait ces premiers pas, et m’autorisait cette timidité.

Et m’offrant ces sourires dans la voix quand il me déclara qu’il aurait préféré plus de gras pour ce petit déjeuner. Cela me fit légèrement rire, s’il attendait réellement du gras sur ce plateau, il n’avait qu’à le faire lui-même ! … En faisant les courses lui même aussi, d’ailleurs, car le gras, en somme tout ce qui était mauvais pour lui, avait été totalement banni de mes courses.


”Même pas en rêve, désolé.


Mais je souriais en disant cela, explicitant que je n’étais pas vraiment désolé, en vérité. Cela devait s’entendre de toute façon, c’était pour son bien. Il pouvait bien râler comme il voulait, je savais que la flemme légendaire l’empêcherait de toute façon d’aller chercher son gras lui-même. A moins que ce soit plutôt la peur de mes représailles… Enfin, je tolérais déjà bien assez ses horreurs de cigarettes qu’au moins j’étais parvenu à l’empêcher de griller à l’intérieur même de l’appartement. Je m’assis alors sur le lit, à ses côtés, posant ma main sur le coin supérieur du plateau, afin de repérer où était ma propre assiette, que j’avais préparée en même temps - eh, je devais bien me nourrir aussi. J’avais un peu faim, surtout après le rêve que j’avais fait cette nuit. Ce souvenir qui m’était revenu, celui de notre première rencontre. Ce restaurant où nous avions été pour faire la paix alors que je l’avais embouti, trop occupé à voir en vision que, justement, nous finirions ainsi.

”J’ai rêvé de ce repas au Ledbury. Tu avais pris cette énorme viande, huileuse au point que j’aurais pu lustrer mes chaussures avec. Régale toi avec tes souvenirs, c’est très sympathique.”

Je me souvenais en réalité très vaguement de cette viande qu’il avait commandée, là où je m’étais contenté d’une viande blanche assez maigre. Pour dire vrai, dans mon rêve, je m’étais surtout concentré sur ses expressions, ce dont je me souvenais pour ainsi dire… Presque parfaitement. A moins que mon cerveau n’aie comblé les trous ? Je ne savais pas. Mais l’ignorance était parfois source de bonheur, et c’était plaisant de me souvenir de ce repas là. Même s’il avait fini dans une engueulade très… Piquante.
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❝ au jour du grand voyage qu'est notre amour... ❞Quand on a que l'amour à s'offrir en partage.Notre activité favorite en tant que couple ? Nous chamailler. C’était comme ça que tout avait commencé entre nous. Et pour rien au monde je ne changerai ça. C’était notre façon de vivre, de communiquer. D’être ensemble. Ce n’était pas sain pour beaucoup, mais ce n’était pas toxique non plus. Nos engueulades étaient sur des broutilles, sur quelques trucs du quotidiens, en rien ça ne remettait notre relation en cause ou même l’un l’autre. Enfin, parfois, il y avait bien des sujets désagréables, des sujets que j’essayais de lui épargner, des choses que j’essayais de lui cacher, et qu’il n’aimait pas… Mais je n’étais pas dupe non plus, je savais que lui aussi avec quelques petits secrets… et je mentirais si je disais que ça ne me faisait rien. Notre couple était ainsi. Nous étions heureux ainsi. Alors, à ses petites piques, j’avais surtout souris, comme un abruti, parce que j’étais probablement un peu masochiste sur les bords. Dans tous les cas, et même si je n’avais pas droit à un super câlin romantique, je me retrouvais quand même béa d’amour, et ce matin encore, je réalisais combien j’étais fou amoureux de cet homme avec sa peau hâlée. Mon très cher époux.

Après m’être donc redressé, et avoir en réalité bien installé les oreillers pour être à mon aise dans le lit, je ne pus m’empêcher de passer un bras autour de lui, pour lui montrer qu’il y avait un peu plus de place, mais surtout pour le rapprocher de moi. Un petit déjeuner au lit, en compagnie de l’être humain que j’aimais le plus au monde, j’oubliais plutôt raidement la violente quinte de toux juste pour profiter de l’instant présent. Et même si je sentais mon estomac protester contre mon manque d’action face à cette nourriture non-grasse devant moi, je restais là, contre lui, mon sourire toujours abruti sur les lèvres et à l’écouter me parler de son rêve. Rêve d’un souvenir plus exactement. Et forcément, je ris de sa nouvelle pique, c’était aussi pour ça que je l’aimais, parce que comme moi, il avait cette répartie. Malgré toutes nos différences, c’était justement ce caractère bien tourné que nous avions tous les deux qui avait fait que nous en étions là aujourd’hui. Mon petit provocateur. Je pris de nouveau sa main dans la mienne, passant mes doigts sur son alliance, jouant avec sans pour autant l’enlever.

« Puisque tu parles du Ledbury… j’ai plutôt tendance à me souvenir de ce qui s’est passé juste après, plutôt que ce que j’avais dans mon assiette. Je pense plutôt à l’hôtel et.. à la façon dont j’ai découvert ton corps et auquel tu m’as rendu accro... »

En réalité, je ne me souvenais absolument pas de ce que nous avions mangé pendant ce repas, de ce qui avait pût défiler dans mon assiette, ni combien il y avait de sauce. Alors certes, la mémoire me faisait un peu défaut depuis un an ou deux ans, mais même à l’époque, ce n’était pas ce qui avait compté pour moi. Quand je l’avais vu, et même si j’étais fou furieux qu’il ait emboutit ma toute nouvelle voiture extrêmement chère, en plus de me mettre en retard au tribunal, j’étais tombé sous son charme. Pendant tout le repas, je n’avais d’yeux que pour lui. Je me souvenais en revanche parfaitement de la tenue qu’il portait, je me souvenais de chacune des expressions qui étaient passées sur son visage, mais peut-être pas de chacun de ses mots. Avec notre mariage, c’était le plus beau jour de ma vie. Et comme je me sentais partir dans la mièvrerie, je relâchais sa main après avoir déposer un baiser sur son dos pour enfin contenter mon estomac qui continuait sa protestation.   Comme toujours à chaque fois qu’il cuisinait, c’était un régal. Je devais reconnaître qu’au tout début, je n’avais pas tellement eut foi en sa capacité de cuisiner, mais puisque je n’étais pas particulièrement un génie dans ce domaine, sans être non plus une catastrophe, et que la flemmardise n’a aucune limite, je n’avais pas d’autre choix que de lui faire confiance. Honnêtement, ça n’avait pas été génial les premières fois, surtout quand il avait refusé que je passe derrière lui, mais l’habitude avait fait qu’il me surpassait maintenant. Je ne pouvais qu’être fier.

« Je ne me souviens pas avoir rêvé cette nuit… Je me suis réveillé plusieurs fois, je crois, je voulais posé ma tête contre ton ventre, mais je savais que tu allais me pousser… Mais j’ai peut-être rêver de petit poulpe… Ou d’un bébé… je ne sais plus. »

Malgré mon mariage avec un Oracle, malgré ses visions que je savais bel et bien véritables, malgré mes propres pouvoirs, je n’étais pas un de ceux qui aiment analyser les rêves ou même qui leur accordent une quelconque importance. Pour une fée, j’étais plutôt quelqu’un de très terre-à-terre. Alors, à comprendre pourquoi est-ce que je rêvais de poulpe ou de bébé… ouais, il y avait bien une raison, et il n’y avait pas tellement besoin de chercher plus loin. Finissant mon assiette, je me rallongeais sur le lit, posant à nouveau la main sur le bras de mon époux, parce que je ne pouvais pas m’empêcher, parce que j’avais besoin d’être en contact avec lui tant que je le pouvais, quand je le pouvais, même si ce n’était pas grand-chose, même si ce n’était que de simples petits contacts comme ça, qui pourrait dénué d’une quelconque marque d’affection. C’était ces rares moments que je pouvais avoir avec lui avant qu’il ne parte à la boutique et qu’il y disparaisse toute la journée. Même si je pouvais parfaitement descendre avec lui et travailler avec lui pour le reste de la journée, ce n’était pas la même chose. Sa pudeur l’empêchait d’avoir le moindre contact avec moi en publique. Enfin, j’exagérais, il ne s’empêchait pas de me toucher, mais il n’y avait pas de tendresse. Et c’était exactement ce que je recherchais. Des moments de tendresses avec mon aimé. Sans compter que je finirais par toujours être dans ses pieds. La boutique, c’était son domaine. Mon domaine était le site internet, et le stock, mais le reste… c’était lui le maître. Le seul moment où véritablement je l’aidais, c’était à la caisse au moment de l’affluence.

Sans rien dire, et lui laissant quand même l’espace pour finir son petit déjeuner, je me glissais derrière lui, posant mes mains sur ses épaules. Refus de le laisser aller travailler ? Affirmatif. Je voulais le garder avec moi. Ignorant complètement quelle heure il était, j’avais dans l’espoir qu’il puisse rester un petit peu plus entre mes bras, et peut-être même qu’il me réclame quelques câlins. Doucement, je posais quelques baisers dans son cou tout en commençant à masser ses épaules et le haut de son dos.

« Quel est le planning pour aujourd’hui, Jeremiah ? Est-ce qu’il y a des rendez-vous de prévus que j’ai oublié mais que tu as noté dans mon téléphone, dans mon ordinateur et sur le frigo ? »

Dangereux de parler de la journée, il allait forcément parler de la boutique, il allait forcément dire qu’il devrait y aller. Mais je tentais quand même le coup. Si je faisais suffisamment l’enfant, il resterait un peu plus. Il me fallait quand même doser ma connerie et mon caprice, ça pourrait aussi tout avoir l’effet inverse et le faire fuir, préférant aller travailler que de me supporter. Et puisque j’étais plutôt d’humeur collante, je devais être ultra attentif. J’avais suspendu mon massage pour enrouler mes bras autour de lui, façon koala, ma tête poser contre son épaule.
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❝ au jour du grand voyage qu'est notre amour... ❞Quand on a que l'amour à s'offrir en partage.J’affectionnais tout particulièrement cet amour vache qu’on pouvait se donner, se moquant un peu l’un de l’autre – surtout moi de lui, à vrai dire. Surtout quand il s’agissait de choses sur lesquelles j’étais intransigeant, absolument despotique, comme son alimentation. Et de toute évidence, cela me surprenait toujours après ces années, il ne m’en voulait pas, puisqu’il passa un bras autour de moi pour me faire venir sur le lit à ses côtés. A vrai dire, j’étais difficile à vivre, je le savais, et les rares hommes que j’avais connu avant Leon m’avait bien quitté pour ça, car j’étais absolument tyrannique. Pourtant, Leon m’avait bien dit qu’il m’aimait aussi pour ça – pire, il était comme moi ! Donc, forcément, m’étonnant toujours à chaque fois, il avait ces gestes qui m’invitaient malgré tout vers lui, jouant avec mon alliance, celle qui me liait à lui, tandis que je m’installais bien collé à lui, posant le plateau à cheval entre nos deux cuisses pour partager. Enfin, il me le rendit bien, à préciser ce qui s’était passé après le repas au Ledbury quand, poussé par une œuvre magique absolument extraordinaire, nous nous étions éclipsés à l’hôtel pour…

« Oh mon dieu, Leon ! »

Je venais de crier son prénom, mais j’étais absolument mort de rire. Je n’avais pas osé lui dire que certes, j’avais rêvé du repas, mais aussi de la suite. Enfin, il allait certainement le deviner, vu que j’avais ce même rougissement de jouvencelle qui signalait qu’effectivement je m’en souvenais aussi. Ah, la pudeur ! Enfin, il fallait dire que ce soir-là, je m’étais en quelque sorte laissé aller au destin, puisqu’il me disait en vision que c’était celui-là et pas un autre. L’ambiance avait été là, l’envie aussi, je ne m’étais donc pas privé. Après tout, avec Leon, je ne me privais de pas grand-chose, dès lors que j’en avais l’occasion et qu’il faisait un premier pas. Il fallait dire qu’il était entreprenant pour deux, mon mari. Pratique, n’est-ce pas ? Enfin, je sortis de ma rêverie tandis que j’étais penché sur le plateau pour disposer un peu mieux nos assiettes respectives, et qu’il m’embrassa dans le dos. Il me raconta par la suite que s’il s’était réveillé plusieurs fois – comme d’habitude – il avait cependant rêvé de petit poulpe, ou de bébé… Uh ? Cela me fit avoir un petit sursaut de rire, c’était quoi ce rêve aussi bizarre que lui ?

« Je crois que je ne vais même pas chercher à comprendre ton rêve… Quoique, peut-être que c’est un signe que nous allons adopter un bébé poulpe ? Hum. Je croyais que tu aimais Fluffy, pauvre bête, déjà abandonnée ! »

J’avais commencé à manger aussi, il fallait bien me préparer pour passer ma journée au lit… Euh non, au boulot ! Ah ! Et voilà, il me massait le dos, j’avais envie de rester là. Il mettait en œuvre sa manipulation – efficace – pour que je reste là. Heureusement que le trajet n’était pas long pour ouvrir la boutique. Je pouvais largement me permettre de rester là un moment, le temps de manger, de m’occuper de lui, avant de passer la journée à la boutique. Leoooooon, ce que tu es vil ! Je lui fis un sourire entendu, mangeant la dernière bouchée de mon assiette, pour ensuite poser le plateau tout entier sur la table de nuit, histoire qu’il ne tombe pas à cause d’un geste trop violent. Ce faisant, il me demanda le planning de la journée, si des rendez vous avaient été notés partout où je pouvais le faire, afin qu’il n’oublie rien. Je me penchai à l’avant, pour lui signaler :

« Tu as oublié le post-it que j’ai mis sur ta lampe aussi. »

Je restai penché en avant, le temps pour Leon de voir ce qui était marqué, alors qu’il était déjà collé à moi en koala, la tête sur mon épaule. Ce soir, fermeture de la boutique, je le voulais en bas, car nous avions tous les deux les cheveux un peu trop longs. Rendez-vous coiffeur ! Puis, je m’installai le dos affalé contre le pan de bois réhaussé d’un coussin incrusté qui servait de tête de lit. Très confortable, on dirait qu’on est dans un nuage. Et là, je pus commencer ce que je faisais pratiquement à chaque fois qu’on me parlait de mon travail – je ne faisais même pas exprès. A vrai dire, c’était assez récent, cette propension à autant parler du boulot, ça datait principalement de l’ouverture de la boutique. Il fallait dire qu’avant, j’avais un emploi qui me permettait tout au plus de me dire que je n’étais pas bon à rien, rien de passionnant. Avec la boutique… Ah !... Tout avait changé.

« On est mardi, donc ça promet d’être une journée assez calme au travail… Ce matin, j’ai deux groupes qui viennent enregistrer, j’espère que les deuxièmes sauront se débrouiller cette fois-ci… Ils sont vraiment, vraiment ridicules à vouloir toucher à la console de mixage sans savoir s’en servir. L’autre jour, la voix de leur chanteuse s’est transformée en alarme de la seconde guerre mondiale, j’ai bien cru que mes oreilles allaient saigner… Enfin, on verra bien, j’ai arrangé hier soir les étiquettes de la table, afin des instructions plus précises. Ça sauvera peut-être leur disque, parce que pour le moment c’est extrêmement, vraiment mal parti. Vers midi, je resterai au bureau, tu trouveras les restes d’hier au frigo, tu devrais même pouvoir te servir du micro-onde ! Je dois m’occuper de ranger les bacs, et je préfère le faire quand c’est fermé au public, quelqu’un dans mes pattes quand je fais ça, ce n’est pas l’idéal. Ah, et d’ailleurs, ça me fait penser que jeudi, un représentant d’un label indépendant indie va venir pour tenter de nous refourguer ses horreurs, je vais sûrement avoir besoin de toi pour l’envoyer sur les roses, car je risquerais de devenir fou. C’est au moins la cinquième fois qu’il vient, et je crois que s’il me redonne ce contrat en me disant de le lire, je le mords. Très fort. Puis, comme t’as pu le lire, rendez-vous au coiffeur ce soir, ça ne nous fera pas de mal ! … T’es toujours là ? »

Comme je ne l’entendais plus, le Leon, je m’étais demandé à force s’il ne s’était pas endormi. Après tout, s’il s’était réveillé plusieurs fois cette nuit, il était peut-être encore fatigué, et faisait en sorte que je reste quand même, comme un enfant…
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