Le Deal du moment : -24%
PC Portable Gaming 15.6″ Medion Erazer Deputy ...
Voir le deal
759.99 €

 

 We've all been demons + Hamil

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité

We've all been demons
Basil &
Hamlet

Le bruit d'une lame qui fend l'air et qui finit par me transpercer l'abdomen. Un grognement alors que je secoue la tête, la douleur finissant par réveiller ma colère. Ça fait des années que je me suis rangé. Je ne dis pas que ça a été un long fleuve tranquille, mais je cherche pas les emmerdes. Mais quand ils me trouvent, je ne vais pas rester sans rien y faire. Y a pas vingt minutes, je me retrouvais tranquillement près des bois à faire une balade de nuit, histoire d'échapper à cette humanité à la con qui me bouffe de plus en plus. Puis la voilà qui débarque, toute arme dehors, à vouloir me faire payer pour tous les crimes que j'ai commis. Bon déjà, c'est qui cette nana ? Et ensuite … J'ai rarement vu une aussi mauvaise chasseuse. Déjà parce qu'elle s'en prend à moi, et c'est quand même pas une très bonne idée, à bien regarder.   « Sérieusement, tu veux pas chasser des lapins plutôt ? » Je serre les dents alors que j'attrape à deux mains son arme pour la sortir de mon ventre. On se croirait dans un film d'horreur à la con, j'ai horreur d'être un cliché. Mais justement, la blonde elle arrive, elle me saute dessus on sait pas pourquoi, et elle a aucune idée de ce que je suis. Faut quand même pas être une flèche pour se douter qu'à un moment donné, c'est mauvais pour sa gueule. Ou alors elle ne sait juste pas comment tuer un djinn. Mais si c'est le cas, NE LE FAIS PAS ALORS. C'est comme si moi, humain lambda, je décidais de m'attaquer pour le fun à l'une des espèces les plus dangereuses au monde.C'est homme versus dinosaure, si ça avait un jour pu être possible en dehors de Jurassic Park. Ou homme versus dragon, parce qu'y a le facteur feu,aussi. Mais je m'éloigne un peu du sujet. Elle semble pas l'avoir remarqué, cependant, alors qu'elle se contente de fixer son arme comme si elle ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Dommage, t'avais bien visé hein. Je jurerais qu'elle est devenue blanche en prime. Mais je continue de grogner, pour finir par m'avancer, menaçant. Elle le sait, au fond, qu'elle ressortira pas de là vivante. Alors autant que je mette un peu de mise en scène, juste pour contenter Azael en moi.   « Je ne suis pas un putain de métamorphe, quand est-ce que les gens de ton espèce vont enfin finir par le comprendre ? » Je l'attrape par la gorge pour la propulser contre un arbre. J'utilise pas toute ma force sinon je vais la tuer sur le coup et ce serait clairement pas le plus drôle. Oups, j'ai brisé tous les os de ton corps, c'est dommage je voulais encore te faire flipper. J'étais maître dans l'art de la torture à une époque, je peux bien faire durer un peu mon premier meurtre depuis Eldarion.   « Tu sais, y a quelques centaines d'années, on aurait jamais osé faire ce que tu viens de faire. Mais ça a du sens, faut dire que t'as pas l'air d'être une flèche dans ton genre. » Ma blessure me fait de moins en moins mal, j'en profite pour reprendre un peu de mon calme. Non pas que je risque de me détourner, on ne m'attaque pas sans conséquences, mais au moins je vais prendre un peu plus mon pied que si jamais toujours une machette dans l'estomac. Je joue un peu à faire apparaître tantôt du feu entre mes doigts tantôt une épaisse fumée noire.   « Tu préfères mourir comment ? Parce qu'en soi moi j'ai plusieurs options. Je pourrais t'étrangler, mais tu vois j'aime bien éviter de faire deux fois le même truc d'affilées et le dernier … Oh et puis tu sais, te flatte pas, étrangler quelqu'un c'est personnel, toi tu le mérites pas. » Un silence, presque gênant. Elle y met pas du sien aussi, non ? C'est moi qui déconne ou c'est la nana la plus fade que j'ai croisé ?   « T'as perdu ta langue ?» Oh ça y est. Des supplications. Pitié me tuez pas, pitié, non, non, non , je veux pas mourir … Ouais bon c'est chiant, elle me gonfle. J'attrape la lame tombée au sol pour m'avancer vers elle, je tenterais bien de me curer les dents avec pour lui montrer que j'en ai rien à branler de ce qu'elle raconte, mais ça ferait peut-être un peu trop. Alors je me contente de m'accroupir en face d'elle, et de lui sourire.   « Tu sais... Y a quelque chose de poétique, te planter avec la même lame qui ne m'a pas tué. J'aime l'idée, ouais je crois que je vais m'arrêter là-dessus.» Un air de fierté dans ma décision, puis un coup sec, le sang qui lui sort par la bouche, un bruit ignoble puis plus rien, un léger soubresaut peut-être.   « Les chasseurs, c'est quand même plus ce que c'était. »

Ouais alors, cette partie là c'est pas celle que je préfère. Parce que maintenant on peut plus tuer comme on veut, pour peu que la nana soit pas catholique ou un peu rousse, et hop la brûler revêtait du sens, mais plus maintenant. Là je dois réfléchir. Mon envie passée, faut juste pas que je me plante sur le chemin à prendre. Une idée plus loin, je finis par la fouiller et trouver des clés de bagnole dans ses poches. Un bon début. Elle a dû se garer pas trop loin, surtout si elle m'a suivi, j'ai pas quitté la route depuis trop longtemps. Un tour plus loin et son corps me suit, on se croirait presque dans Harry Potter. Tu es un djinn, Harry, et un badass en plus. Une demi-heure plus tard, à force de chercher à la lisière du bois, je finis par tomber sur une petite bagnole d'occasion. Forcément. Mais la clé marche, c'est déjà ça. Je refourgue le cadavre dans le coffre avec l'arme du crime, pour me mettre derrière le volant. Le corps d'Anthony est trop imposant. Si c'est pas un sketch, je suis quand même en train de régler le siège et les rétroviseurs d'une bagnole pour pouvoir aller enterrer un corps. Puis c'est là que me vient une idée. Une autre, ouais je déborde ce soir. Quitte à être dans la merde, autant emmener les potes avec. Ça c'est sous-entendu parce que la pensée que j'ai eu se résumait plutôt à …

  « J'ai besoin d'une pelle.» Interdit, je me retrouve face à Basil à l'entrée du cimetière. Je l'ai appelé sur la route, et je sais pas ce qu'il doit pas foutre dans sa vie pour être là pile à l'heure en plein milieu de la nuit, mais il est là et c'est le plus important, pas vrai ?

black pumpkin
Revenir en haut Aller en bas
Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
We've all been demons
feat Hamlet A. Strokes
Il y a des jours où le monde file droit. Chaque chose est à sa juste place, chacun s’affaire à ses tâches sans se soucier d’interférer dans celles des autres. Le boulanger fait son pain comme on dit, le fossoyeur fait son trou (enfin préférablement celui d’un autre), la police ses contraventions, et le maire est ce qu’il est. Les politiques s’écharpent, le prêtre parle au vide, les commerçants comptent leurs sous, les sans-abris essayent d’être encore quelque chose, et le retraité sénile peste sur l’ensemble. Peut-être parce qu’ils sont tous humains ou qu’ils s’y assimilent, et que la vie leur a donné des choses à faire. Puis il y a les autres. Ceux qui ne font rien parce qu’ils n’ont rien à faire là à l’origine. Et quoi de plus encombrant qu’un esprit désoeuvré ? Quoi de pire pour contraindre l’emploi du temps des gens honnêtes ?
Bon, j’admets me foutre un peu de la charité du monde. Tu n’es pas tout à fait un homme honnête, et ton emploi du temps est trop irrégulier et trop absurde pour ne pas contredire toutes ces affirmations. D’autant qu’il faisait nuit noire, et qu’à cette heure, le boulanger, le maire, ou tout ce que tu veux, ils dorment profondément, parce que c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Qu’est-ce que tu fabriquais alors, à deux heures passées ? Tu écrivais. Tu écrivais car c’est bien beau de faire des recherches, de découper des morts, d’expérimenter toutes les folies qui te passent par la tête, mais les thèses et les compte-rendus ne s’écrivent pas tout seul, et moins encore lorsque les Dux Tenebris se font pressants. Empêtré dans un amoncellement de brouillons recouverts et raturés à l'encre bleue, ton salon cette nuit ressemblait de près comme de loin à une sorte de fin du monde. Des livres ouverts et ponctués de marque-pages et de post-its, des encyclopédies empilées dans un ordre incohérent, et entre des trentaines de brouillons et de carnets ouverts, une pile de feuilles quadrillés que ta plume écorchait à toute vitesse. A côté, un notebook en surchauffe que tu répugnais à utiliser, mais présenter un manuscrit papier au XXIe siècle, c’était quand même se foutre de la gueule du monde.
Au fond, rien d’anormal, rien d’autre qu’un Docteur plongé dans ses études - c’était sans compter l’énorme blouse mortuaire écrasée au pied de la table basse, entrouverte pour laisser passer un bras, dont les doigts avaient été repliés pour former un V de la victoire. L’espace jusqu’à la cave avait été déblayé, présageant des allers et venues fréquents, laissant entendre que quelque chose d’imposant avait dû y être traîné. Mais passons sur les détails.

Tu reçus un appel à cette heure trop tardive - et autant dire que ce n’était pas chose courante. N’importe qui aurait pensé aussitôt à une mauvaise nouvelle de la part d’un membre de sa famille, toi tu avais pensé à Kochtcheï, car il n’y avait bien que lui pour occuper tes nuits, au point d’ailleurs que tu le soupçonnais de dormir la journée. Pourtant non. Pourtant la voix à ton oreille était celle d’Hamlet, l’esprit désoeuvré de tantôt qui t’arrachait à tes occupations pour te réquisitionner au cimetière. Allons bon, et puis quoi encore - pourtant toutes les occupations du monde ne faisaient pas le poids contre une curiosité piquée au vif, et curieux, tu l’étais.
Alors tu avais mis les voiles et tu t’étais trouvé sur place avant même son arrivée, mal peigné dans le vent trop froid, sans compter la tendance qu’avait l’humidité à te faire boucler. Pour être honnête, tu ne t’étais pas changé, tu avais seulement enfilé la première veste qui avait atterri sous ta main, et tu te les pelais un brin. C’était peut-être pour ça que l’expression de ton visage en le voyant arriver s’était faite un peu grincheuse - ou peut-être simplement parce que tu n’aimais pas être interrompu dans ta science. J’ai besoin d’une pelle, il te dit, sans un bonjour. Il ne faut pas être un génie pour faire l’association avec le choix du lieu de rencontre. « Qui as-tu tué ? » Plutôt que d’aller chercher ta pelle, tu t’étais d’abord écarté des grilles en direction de la voiture, et d’ailleurs plutôt en direction du coffre. Une pression pour l’ouvrir, et tu jettes un oeil à l’intérieur - sur le corps, l’arme du crime, et l’état des parois très probablement sanguinolentes. Tu retiens un soupir. A priori, tout puissant qu’ils soient, les génies n’avaient pas pour autant les pouvoirs de Monsieur Propre. Tu tournes ton regard vers Hamlet, à mi-chemin entre irritation et lassitude. « Dis-moi que ce n’est pas sa voiture. Dis-moi que tu n’es pas assez stupide pour l’avoir faite passer devant des caméras de surveillance jusqu’à mon cimetière. J’espère que tu es conscient que je ne compte pas enterrer la voiture avec. » Tu refermes le coffre dans l’immédiat, et reprend la direction du cimetière, lui adressant au passage une première consigne : « Prends l’entrée corbillard, je vais chercher les pelles ».
☾ anesidora
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité

We've all been demons
Basil &
Hamlet

Si je regrette ce que j'ai fait ? Ce serait bien mal me connaître. La mort d'un humain, d'une humaine ou d'un animal, j'en ai plus ou moins rien à carrer. Raccourcir la vie de quelqu'un de quelques années, de mon point de vue, reste dérisoire. Je ne lui ai rien enlevé, mis à part peut-être une mort paisible, mais c'est bien trop peu pour m'en flageller. Par contre ça risque de ne pas plaire à Phinéas, de me voir croupir en taule. Non pas que j'y reste très longtemps, j'en serais sorti en un claquement de doigts. Mais un djinn fugitif, c'est pas le mieux. Je devrais changer de visage, de nom, et je suis le genre de sentimental à pas vouloir ce genre de choses. Je suis beaucoup trop attaché au visage d'Anthony, peut-être. Le fait même d'avoir pris l'apparence de celui qui m'a sauvé, peut être une faiblesse selon mes pairs, mais j'en ai plus ou moins rien à branler. C'est ma façon de rendre hommage, quelque part, ma façon de faire en sorte que son souvenir ne soit pas oublié, même si personne d'autre sur cette planète n'y pense plus. Il n'avait pas de famille, après tout, seulement sa sœur, et puis moi, pendant un bref instant. Plus personne pour se rappeler à quel point l'humanité peut-être bonne, lorsque l'on s'y attarde un peu. Et mon nom … Mon nom c'est autre chose. Abandonner mon nom, c'est permettre le fait que je ne sois réellement qu'Azael. Comme s'il était une autre entité, caché quelque part. Alors que c'est moi, c'est toujours moi, je viens de le prouver encore une fois. La sagesse est relative et si je pensais en avoir, j'ai réalisé que je me leurrais. La destruction dans la nature des djinns, si je ne l'aimais pas à en crever, je serais peut-être un génie, mais certainement pas celui qu'on invoque pour répandre l'enfer. J'ai beau tenter de me dire le contraire, personne ne m'invoquera jamais pour entraîner les nouveaux magiciens, pour récupérer le cœur d'une demoiselle, sauf si on parle au sens littéral, ou pour comprendre un peu mieux l'Histoire. Moi je suis l'arme, celui qu'on appelle lorsque du sang a besoin d'être versé. C'est un état de fait acquis, que je n'avais jamais posé en pensée. Peut-être que je devrais regretter ma réputation, mais finalement, elle est loin d'être faussée. Prouvée par le seul ami que j'ai réellement, celui qui semble refléter notre existence toute entière. Pas de dégoût face au corps, pas de choc. Ça ne lui faisait rien d'observer le corps de la blonde, sans vie. Mon image, stoïque, se reflète dans ses yeux. Finalement, la notion de monstre aussi, peut prêter à confusion. Il faut dire que je ne sais pas ce qui se trame dans son cerveau, mais dans le mien, ça fait un moment que l'image de la jeune femme vivante a disparu. Je ne pense qu'aux répercussions sur ma propre personne, ou du moins sur l'être magique que je suis. Est-ce que ça fait de moins quelqu'un d'horrible ? Je dirais bien que non, mais d'autres me lanceraient sans doute des pierres. A commencer par sa famille, si elle en avait. Je ne connais même pas son nom alors ses antécédents … Je pousserais pas le vice jusqu'à dire que je l'ai sauvée d'une existence misérable, mais ce serait presque ça. Pourtant, j'ai pas fini de bosser.

Je grimace, tout en levant les yeux au ciel. Parce que forcément, quand on vient pas de là, on a toujours l'impression d'être au-dessus de tout. Et c'est exactement comment je me sens, comme découvrant les coutumes d'un peuple bas de gamme. Je suis un djinn, et à une époque, je pouvais bien tuer qui je voulais en plein jour et au milieu d'une ville, on m'emmerdait pas. C'était les beaux jours, où tout acte barbare semblait banal et presque rassurant. Bon. Peut-être pas à ce point, mais vous voyez de quoi je parle. « Je viens de la forêt, tu m'excuseras mais j'allais pas la porter sur mon dos, et me connaissant si je l'avais laissée là j'aurais été incapable de la retrouver. Mais au moins y a pas de caméras sur le chemin. » Je penche la tête, comme si le teint cadavérique de la demoiselle allait me donner une quelconque solution. « Une voiture ça disparaît. Surtout ces derniers temps. J'irais la crâmer à Dragon Alley un peu plus tard. » La perspective est réjouissante, j'aime toujours autant regarder les flammes dévaster ne serait-ce qu'une simple bagnole. Pas très belle en plus. Mais il ne me laisse pas vraiment le temps de réfléchir plus en avant et me donne ses indications. D'ordinaire je suis pas friand des Clochette en herbe qui pensent pouvoir me donner des ordres mais bon, je vais pas faire mon chieur, c'est quand même moi qui l'ait tiré du lit, ce que je ne peux m'empêcher de relever tout de même. « Tu devrais t'envoyer en l'air. C'est pas humain d'être dispo à cette heure-là.» Puis je rentre de nouveau dans la voiture pour passer par l'entrée qu'il m'a indiqué. Je suis pas un adepte de la conduite, mais j'ai appris à faire avec le temps, Phinéas pensait que ça faciliterait mon intégration. Une plaie. Je sors ma tête barbue de la petite fenêtre, me penchant un peu pour qu'elle y passe. « Je me gare où ?» Perturbant comme la conversation semblerait presque banale.

black pumpkin
Revenir en haut Aller en bas
Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
We've all been demons
feat Hamlet A. Strokes
Nerd. Weirdo. Creep. Lointain le temps où tu négligeais le paraître au point de perdre la considération de ton entourage. Le temps d’un Basil enfant, adolescent, ou jeune adulte, muré dans le silence, enfoui sous une pile de carnets et d’ouvrages, plongé dans ses sciences et ses drôles de passions. Le Basil qui méprise, qui se fout de tout, qui ne répond pas quand on lui parle sinon par un regard de franche indifférence. Celui qui envisage ses camarades comme des objets d’études, qui les classe en fonction de leur taille, de leur poids, des caractéristiques de leurs visages et des particularités de leurs membres. Celui qui recouvre les marges de ses cahiers de croquis d’organes chaque année plus réalistes, celui qui y apposait des vers encore tatônnants, sans se soucier qu’un regard trop curieux s’y pose. Ce Basil, en fait, qui ne voyait la vie sociale que comme une obligation hypocrite imposée par le dessus, par les fondements archaïques d’une société bancale. Il avait fallu attendre que tu poses la main sur tes premiers morts pour qu’enfin tu daignes changer de discours. Tu as des fréquentations aujourd’hui, Basil. Mieux, tu as des amis ! Ou peut-être fais-tu semblant ? Tout empanaché de politesses, répétant inlassablement les formules de l’hypocrisie que tu as toujours répugné prononcer – tu avais fini par y prendre goût et par devenir sincère. Tu avais fini par t’intéresser à des vivants, pour autre chose que leurs cadavres à venir. Et pourtant, pourtant regarde qui sont tes amis : ils sont de la pire espèce.
Des dealers, des tordus, des fous, des meurtriers. Des monstres, selon certains points de vue. En tout cas, le genre de cas que l’on s’abstiendrait bien de fréquenter si l’on souhaitait sincèrement soigner sa vie sociale. Pour toi, des figures sympathiques, atypiques, intrigantes, passionnées, et toujours plus intéressantes que le commun des mortels. Regarde-le, celui-là, Hamlet – qui vient comme une fleur avec une mauvaise graine à rempoter. Pas besoin d’excuse, d’explication, de supplication, même pas besoin d’un s’il te plait : il lui suffisait d’un commentaire pour que tu l’aides à cacher un corps et brouiller un crime. Qui saurait dire, franchement, ce qui vous attachait l’un à l’autre ? Le cas Hamlet était assez différent de ce que tu pouvais connaître d’autre. Très différent même, puisqu’en réalité, tu ne t’intéressais pas à lui, et il ne s’intéressait pas vraiment à ton cas non plus. Tu l’appréciais un peu, il devait t’apprécier un peu aussi, c’était presque tombé du ciel en fin de compte. Entre franche poilade et cette insupportable frustration de savoir que son corps en était un faux, qu’il ne lui était pas nécessaire de respirer ou de faire battre son cœur pour rester là avec une tronche de demeuré et des remarques lancinantes. On aurait pu le transpercer sous tous les angles sans qu’il n’en meure ! A la fois étonnant, fascinant, pratique – et terriblement irritant. Et puis il tuait sans considération… Bon d’accord, cet argument-là ne valait pas grand-chose. Depuis le temps que tu côtoyais la mort, ce n’était certainement pas la vue d’un corps qui allait te rebuter – et de la part d’un tueur en série, c’était un peu se foutre de la gueule du monde.

Car qui s’étonnerait que tu soutiennes le regard devant un carnage, sincèrement ? Tuer de sang froid, tu l’avais fait. Oh, pas tant : dans la dernière décennie, peut-être six, sept fois. Bien sûr, le vice ne s’arrêtait pas là te concernant, sept meurtres mais la quantité de corps étant passés sous tes mains s’élevait à des dizaines et des dizaines de visages. Tu étais aussi l’homme qui s’invitait aux funérailles pour le plaisir de l’ambiance, ou qui insistait auprès de tes bonnes connaissances pour visiter des scènes de massacre. Plus le temps passait, plus la chose devenait bénigne – et bien sûr, moins tu pouvais t’en passer. C’était peut-être cette familiarité, cette connaissance du milieu qui t’incitait à l’interroger sur les précautions qu’il avait pu prendre. Les djinns et génies étaient quelques fois trop insouciants, pour la bonne et simple raison qu’ils n’étaient pas forcément habitués à tous les usages du monde, et de toute façon ça ne te coûtait rien de demander. Il te rassure et tu acquiesces. J’aimerais dire que tu témoignas du soulagement, mais soyons francs cinq minutes : au fond, tu t’en foutais pas mal, tu ne t’inquiétais pas si facilement. De toute façon, s’il a déconné, le mal est fait. Il aurait suffi d’une seule caméra pour tout remettre en question, et de toute façon chaque chose en son temps.
Une voiture, ça disparaît. Bon, tu n’étais pas tout à fait d’accord. Le feu efface les traces d’accord, mais la faire flamber n’était pas forcément le meilleur moyen pour ne pas attirer l’attention dessus. A choisir, tu aurais préféré qu’elle soit désossée, mais enfin tu n’étais pas un spécialiste en matière de bagnole, et plus que cela, tu t’en moquais. « Tant que tu me l’éloignes d’ici, tu peux bien la repeindre en fuchsia et partir en pique-nique avec, honnêtement ça m’importe peu. » Bon, tu avais beau dire, tu te doutais qu’il ne démordrait pas de son programme. Une voiture en flamme, c’était probablement plus plaisant à regarder qu’une teinte douteuse du même acabit que tes costumes de clown. Tu lui donnes tes directives, ce n’est pas tellement dans un désir de distribuer des ordres, plutôt parce qu’il s’agit de ton cimetière et qu’il était hors de question pour quiconque d’autre d’y faire quoi que ce soit sans ton aval. C’était un peu ton domaine, un de tes domaines, avec ta cave et ton laboratoire, et tu te serais fâché très fort si on t’y contrariait. Quelque chose que, d’expérience, il valait mieux ne pas souhaiter. Surtout, il valait mieux ne pas tarder à mettre le véhicule à l’abri des regards. Certes il faisait nuit, mais il aurait suffi d’un seul témoin pour vous compliquer la tâche.
Il rentre dans la voiture sur une dernière remarque, pendant que tu t’attaches en priorité à lui ouvrir le passage pour les corbillards. Une remarque qui te tire un léger sourire malgré toi, parce qu’enfin, pour ce qui était s’envoyer en l’air, tu ne te privais vraiment pas. « Tu me diras aussi ce que tu faisais en forêt à cette heure-là, je suppose. A moins que tu ne te sois envoyé en l’air avec madame avant de lui trouer le ventre. » Tu t’éloignes, tu as deux pelles à aller chercher, et pour le coup ce n’est pas ça qui manque. En revanche, ce que l’on ne se serait pas attendu à trouver là, c’est une housse mortuaire que tu replies et coince sous ton aisselle. Tu en as quelques unes, qui te servent lorsque tu veux ramener quelqu’un chez toi. Tu t’absentes également un laps de temps supplémentaire, question de repérage. C’est qu’il te faut lui trouver un emplacement, à ta nouvelle venue. Tu reviens ensuite en direction de la voiture, déposant l’ensemble à côté des roues. « Tu peux t’arrêter dans l’allée, que les roues n’aillent pas trop loin. On va l’enterrer par là-bas et faire le reste à pied. Tu peux aller refermer le portail ? » Tu t’accroupis auprès de la housse que tu ouvres tout entière pour recueillir ton invitée, puis c’est au tour du coffre, une nouvelle fois. La raison pour laquelle tu envoies Hamlet s’occuper des portes, au fond, c’est pour cette unique raison un peu bizarre - cette envie de partager un tête à tête avec ton nouveau client, patient, chose ou peu importe. Tu la saisis, tu lui étires les membres de ton mieux en dépit de la rigidité cadavérique qui avait commencé à la prendre. Tu ne peux pas t’empêcher de la retourner sous tous les angles avec un toucher trop délicat, fasciné par ce que tu as sous les yeux. Vraiment, dans quel état il te l’avait mise ? « Mazette. Tu n’as pas été tendre. Je crois que son visage m’est familier. » Tu traînes la patte pour l’enterrer, vraiment tu as la passion la plus insupportable. Tu crèves d’envie de l’avoir un moment pour toi, tu devines ses os brisés et tu veux connaître l’étendue des dégâts. Mais il n’a probablement pas que cela à faire Hamlet, d’attendre que tu aies fini de faire le tour de ta curiosité macabre. Il va te laisser l’enterrer tout seul si tu ne te remues pas un peu - mais il peut bien attendre, tout de même. Please mommy, rien qu'une minute ou deux !
☾ anesidora
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
 
We've all been demons + Hamil
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» #10 Don't you ever, tame your demons but always keep them on a leash. - Basil&Shura
» (Cinaéd&Skye) I swear, I heard demons yelling
» Les démons restent en enfer ? Ils ont pas l’air au courant... || feat Keenan
» L'enfer est vide, tous les démons sont ici. ~ Xion & Sirius [/!\ +18]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits :: Les écrits-