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 All that glitters is gold | Bastan

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière


 ALL THAT GLITTERS IS GOLD
Well the years start coming and they don't stop coming, Fed to the rules and I hit the ground running, Didn't make sense not to live for fun, Your brain gets smart but your head gets dumb. So much to do, so much to see So what's wrong with taking the back streets? You'll never know if you don't go, You'll never shine if you don't glow. Hey now, you're an all-star, get your game on, go play! Hey now, you're a rock star, get the show on, get paid. And all that glitters is gold, Only shooting stars break the mold| icons (c)vocivus

Tristan Sedeño. Le voici, le nom de ta dernière curiosité. Tu ne l’as pas vraiment choisie, celle-ci, on te l’a presque imposée, en fait on a insisté assez lourdement pour que tu t’abstiennes d’envisager le refus. En somme, tu ne savais pas grand chose de l’homme qui t’avait été désigné - pas plus son visage que sa personnalité : rien qu’un nom, une espèce, une profession. C’était une fée, sans doute la seule et unique raison pour laquelle les Dux avaient pensé à faire appel à toi. Il faut bien le dire, tu n’avais rien à faire là, le travail de terrain était aux antipodes de ce que l’on attendait de toi dans l’organisation. Une étiquette sur la porte d’un laboratoire, et l’on te demandait d’étudier les restes d’un macchabée dont l’élimination était parfois loin d’être propre, ne discute pas, ne pose pas trop de question, et surtout enseigne-nous davantage sur ces drôles de créatures qui sont à ce point dangereuses pour nous, pauvres mortels baignant dans l’ignorance. Et tu te rendais utile en mère canard pour tous ces petits poussins, ne vous en faites pas mes bichons, docteur Basil est là pour éclairer vos lanternes. On ne te demandait rien ne plus, et de toutes les façons, tu aurais été en droit de décliner : membre des Dux Tenebris certes, mais scientifique avéré, tu leur étais bien plus utile qu’eux ne l’étaient pour toi. Bien sûr, ils s’engageaient à assurer ta protection en retour, mais ce n’est pas comme s’ils pouvaient toucher un Egerton sans représailles, et de toute façon, tu étais trop amoureux de la mort pour fuir sincèrement la tienne en la sentant approcher.
Alors tu aurais pu te contenter de décliner, un refus net devant l’insistance, en prétextant la lourdeur de tes occupations et c’était assez vrai. Mais tu avais cette question qui te faisait tourner en bourrique depuis la première fois que l’on t’en avait parlé. Mais comment fait-il ? Tu avais tes hypothèses bien sûr, et en soi tu étais assez malin pour envisager plus d’une solution crédible. Mais au-delà de l’idée, il y avait l’audace - et l’on ne s’étonnera pas à dire que c’était une qualité que tu aimais particulièrement parmi d’autres. De toute façon, tu étais immunisé à ses pouvoirs et couvert par ton allégeance à l’organisation, alors ce ne serait jamais qu’une simple visite de formalité. Tu y étais allé en véritable touriste, l’esprit léger et tout à la fois avide, pour ton plaisir personnel plutôt que par réelle obligation. Tu attendais de voir, de comprendre, de saisir l’essence de ce mystère que l’on t’avait vanté un peu trop comme il le fallait. Que faisait-il au juste ? Il rapportait des noms. Le tien aurait pu y figurer mais tu ne t’intéressais que peu au monde du spectacle, pour être honnête - et lorsque tu le fréquentais, c’était préférablement celui de la haute, celui des théâtres et des opéras, plutôt qu’une salle de spectacle au détour de Dragon Alley. Tu n’avais pourtant pas d’a priori, ni de jugement d’aucune sorte, tu étais bien le dernier à te soucier du milieu social de tes interlocuteurs - et charmé à l’idée de découvrir une ambiance qui t’était encore inconnue. Qui sait, de la danse ? Peut-être parviendra-t-il à te séduire, avec ou sans poudre d’ailleurs.

Tu t’étais installé à cette place tout frais payé, jambes croisées et bras de même, le programme sous les yeux en quête de ce seul nom qui t’intéressait. Il te faudrait passer par tous les autres numéros, mais tu étais un homme de bonnes manières, tout comme tu t’asseyais avec un peu d’avance et ne te levais qu’une fois tous les artistes retournés en coulisse et lumières allumées. Et tu te taisais respectueusement, pour n’applaudir que lorsqu’il le fallait, en bon anglais pure souche. Tu faisais probablement un peu tâche dans le décor - et le complet lilas hors de prix n’était sans doute pas pour arranger les choses - mais tu étais toujours une anomalie gracieuse du décor où que tu ailles, après tout. Tes supérieurs au Dux se seraient probablement giflé le front mais enfin, tu ne prenais jamais d’ordre que de scientifiques, tu étais là pour passer une soirée agréable, et tant pis pour eux s’ils déploraient l’absence du chapeau suspect et de l’imperméable marron. De toute façon, tu n’avais pas une tête à chapeau - à ton plus grand désarroi d’ailleurs, ils te donnaient toujours l’air idiot.
Le spectacle était agréable et plutôt bien ficelé. Rien qui ne t’aurait jeté hors de ta chaise avec des exclamations de stupeur. De la danse, de la gymnastique, de l’acrobatie, des choses et d’autres, et beaucoup de ce qui plaisait aux classes populaires. Ton Tristan entra finalement sur scène, et tu y accrochas ton regard avec un intérêt renouvelé - quel âge avait-il ? Tiens, voilà une information que l’on s’était abstenu de te donner. Tu étais très curieux de la réponse car tu n’aurais su le déterminer à l’oeil, et pour un fondu du corps humain, c’était un tant soit peu frustrant. Mais il dansait bien - la musique n’était pas tout à fait à ton goût mais ses mouvements s’y fondaient parfaitement, avec une grâce, une maîtrise, une intensité qui te plurent beaucoup. Il fallut pourtant que tu t’en détournes un peu pour contempler la malinerie derrière son bouquet final. De la poudre de fée - tu n’aurais pu prendre cela pour rien d’autre au monde, mais elle se fondait à la scène et aux jeux de lumière avec une intention que tu devinais peu honnête. Un regard autour de toi sur la foule, qui semblait décupler d’admiration et émaner un sentiment d’une telle positivité qu’on aurait cru à l’amour. Tu avais toujours quelques difficultés d’ailleurs pour constater ce sentiment chez les autres ou le comprendre, à cause de ce peu d’empathie dont tu as été doté à la naissance - ou plutôt très mal doté. Mais il fallait être stupide, tout de même, pour ne pas comprendre qu’ils s’abreuvaient tous de ce spectacle et de sa personne.
Et tu avais retourné ton regard vers Tristan, qui s’étirait en de derniers mouvements chargés d’effort, et saluait sa foule, le visage perlé de sueur. Et tu l’avais dévisagé, sourire aux lèvres, applaudissant dans le plus grand des calmes à l’image de ceux qui t’entouraient. Bien sûr. Tu t’étais douté, au fond, que la poudre de fée n’avait pas été anodine dans l’histoire. Si l’on avait fait appel à une fée pour surveiller son travail, il eut bien fallut que quelque chose de ce genre soit concerné. Mais l’utiliser à dessein de se faire aimer, et trahir le nom de ceux qui avaient osé résister à cet amour artificiel - vraiment ! Il y avait une audace folle, une sournoiserie remarquable. Au nez et à la barbe du monde ! Il plaçait son imposture au service des Dux Tenebris, cette organisation s’efforçant d'oppresser et contrôler le surnaturel pour éviter toute sorte de débordement - et c’était un Surnaturel qui usait de ses dons publiquement qui leur servait, et qu’ils encourageaient ! Mais c’était… C’était… Ahurissant. Quelle absurdité, et quel génie !

Le spectacle s’acheva sans encombre, mais tout parut fade en comparaison. Tu ne t’y intéressais plus, tu avais vu ce que tu avais à y voir, et tu t’impatientais sur ta chaise en agitant ta chaussure cirée en signe de nervosité. Un bouillonnement intérieur qui te donnait l’envie de te jeter en coulisse, d’échapper à ces inepties pour rejoindre ta cible et la féliciter sans attendre. Tu étais fébrile, et l’on aurait su dire en te voyant là si c’était de colère, d'inquiétude ou d'excitation - mais ce n’était rien que du plaisir, le plaisir de l’étonnement qui décuplait ta frustration de te trouver coincé là. A l’instant même où il devint acceptable de se lever, tu t’échappas de cette chaise exécrable qui t’avait endolori le fessier depuis trop longtemps à ton goût, et tu émergeas de cette salle avec la ferme intention de te rendre auprès de ton artiste. On t’apprit pourtant qu’il avait déjà quitté sa loge, et tu fus quelque peu contrarié à cette idée - jusqu’à ce que l’on t’apprenne, en fait, son mode opératoire. Il est dehors - bien sûr, parce qu’il lui faut les noms de ceux qui se sont trahis, il les accoste, il les trompe une nouvelle fois. Tu claques des doigts, le visage éclairé, tu aurais dû y penser bien sûr. Tu t’engouffres à l’extérieur, ton trench à la main sans te soucier du froid, tu le cherches du regard et tu le trouves sans trop de mal. Il réagit, forcément puisque c’est toi qu’il attendait. Un sourire étire tes lèvres et creuse tes fossettes, et tu tends les bras dans sa direction en l’approchant d’un bon pas - « Magistral ! Prodigieux ! Monsieur, si je n’étais pas anglais, je vous embrasserais sans doute ! » Et tu lui tendais naïvement la main avec le bon espoir qu’il te la serre.
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Sayanel Z. Pritchard
Sayanel Z. Pritchard
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RACE : Humain
MÉTIER/ÉTUDE : Mercenaire / Vigile au DH / Chasseur de Surnaturels


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« Et je vous laisse dorénavant avec notre prochain numéro qui enchantera les petits comme les grands, veuillez maintenant accueillir … Tristan Sedeño ! » Cette ouverture, il la détestait, le français. Tout public et sans subtilité, il perdait la poésie de sa propre danse. Mais c'était lui, le présentateur, le propriétaire, il faisait comme bon lui semble, peu importait réellement ce que les artistes en pensaient. Donner son avis était possible mais illusoire, personne ne pouvait réellement changer les choses au sein de cet univers magique vu de l'extérieur, et beaucoup trop vicié quand on regardait de trop près. Mais finalement, ce qui lui importait, au danseur, c'est de pouvoir danser. Le reste, il s'en foutait, il avait connu pire environnement, il dirigeait pire environnement. Et tant qu'on le laissait faire ce que bon lui semblait, tant que son arnaque marchait et qu'on ne la lui reprochait donc pas, il pouvait bien l'annoncer comme il le voulait. C'est comme il l'avait dit à cette sirène, quelques jours plus tôt. Le stress d'un nouveau numéro, de quelque chose qu'il n'avait jamais montré, d'une façon encore plus subtile, encore plus belle de modifier la réalité. Puis les applaudissements, écrasant dans l'oeuf tout trac qu'il pourrait ressentir, l'acclamant avant même qu'il n'ait fait un pas, assourdissant ses pensées jusqu'à ce qu'il ne les entende plus. Et le silence, léger, court, avant que la musique ne démarre et qu'il oublie ce qui l'avait mené ici. Tout était réglé à la milli seconde près, et pendant quelques minutes, Tristan ne se rendit plus compte de la scène, du public qui le dévorait des yeux, de cette attente, de cette envie des autres de partager son art. Comme chaque fois il oublia un moment son besoin d'être acclamé pour ne vivre que de passion. La danse, ce n'était plus ce qu'il aimait faire, c'était devenu sa nature, au fil du temps, et quelque part il demeurait persuadé qu'il en mourrait si jamais ce don lui était enlevé. Parce que c'était un don, affiné sans doute par les heures multiples à le travailler, à en vouloir plus, toujours plus. Il est fier, Tristan, de pouvoir, l'espace d'un instant, faire oublier où ils se trouvent, les lancer dans un autre monde qui n'est qu'art, parce qu'oublier Bray est un luxe, et ça il l'a compris. La misère de cette ville est aussi flagrante qu'elle est cachée, et lui, il en joue. Ce besoin de liberté, d'évasion, il s'en sert. Et alors qu'il entame son dernier acte, c'est là qu'il la lance, cette poudre que peu peuvent voir, qui tombe en pluie sur un public inconscient. Ne jamais croire un saltimbanque, c'est sans doute quelque chose que l'on apprend pas aux enfants mais qui pourraient leur servir. Mais c'est pas encore son moment, non, ce n'est pas encore fini, l'extase, l'impression de tout donner, la note de fin. Puis ça arrive, alors que les minutes ont l'air d'avoir duré des heures, qu'il s'immobilise au milieu de la scène pour enfin se relever d'un geste gracieux. C'est la fin, les lumières qui se rallument légèrement, laissant voir un public dont les applaudissements feraient bouger les murs, ceux qui ont l'air de sortir d'un rêve, ceux qui ne représentent pas d'intérêt mais qu'il aime autant qu'il reçoit leur amour factice.

Puis il y a lui, celui qui applaudit, cette chevelure de feu et cet enthousiasme. Mais Tristan il a appris a discerner ceux qui sont victimes et ceux qui ne le sont pas. Lui ne l'est pas. Mais il ne laisse pas son regard posé trop longtemps sur lui, le temps d'une seconde a suffit. Ce n'était pas comme s'il pouvait réellement le confondre, un costume trop soigné pour le lieu dans lequel il se trouve. Comme si Dragon Alley ne pouvait pas l'atteindre lui. De l'intérêt, il en a pour cet homme, mais juste parce que cette fois, il pourra donner un nom sans en ressentir de remords. Peut-être parce qu'il n'a rien d'Hécate, qu'il n'a rien de Kyle. Peut-être parce qu'il est temps pour le français de se remettre en selle, de faire ressortir celui qu'il est réellement et non l'être dominé par des sentiments qu'il ignorait ressentir. Une dernière salve d'applaudissements et le grand chef était de retour, signe que le danseur devait s'en aller, son esprit se remettant peu à peu de l'utilisation de son pouvoir, de cette baisse d'adrénaline également. Le temps d'une douche et l'envie d'une clope, et il était dehors. Sans doute n'avait-il pas mis plus de dix minutes, sa veste en cuir sur ses épaules, pour se retrouver devant la porte. C'était comme ça qu'il agissait, il ne risquait ainsi pas de rater ses cibles. Ça lui était arrivé au début, sortir trop tard, se trouver trop loin, voir les autres partir dans le mauvais sens et sembler beaucoup trop suspect à aller les retrouver. Il ne faisait plus ce genre d'erreurs maintenant, tout était réglé à la perfection. Mais on ne pouvait pas s'attendre à tout. Un pied dehors et la cigarette à la bouche, Tristan ne vit pas l'étron se trouvant sur la chaussée et marcha en plein dedans. Jurant comme il savait si bien le faire, le danseur s'éloigna précipitamment pour tenter de l'enlever sur un coin du trottoir avant la sortie des spectateurs. Il paraissait que selon le pied qui était touché, on pouvait croire à la chance. Mais ce n'était pas vraiment dans ses propres croyances, alors il se contenta de pester, ne trouvant aucune joie dans le fait de se sentir sale alors qu'il venait de sortir de la douche. L'idée même de poser un pied dans sa voiture avec ça sous sa chaussure le répugnait, il fallait le dire.

C'est à ce moment-là que le spectacle se décida à terminer, et le rouquin fut l'un des premiers à passer la porte, comme s'il en était impatient. C'était rarement une bonne nouvelle, et pourtant il s'avança vers lui, tout sourire. Tristan prit une inspiration et finit par sourire. Il n'y était pour rien, le pauvre, si les connards du quartier ne savaient pas tenir leurs chiens, alors il se mit à rire et finalement lui serra la main. Il aurait pu deviner le côté anglais rien qu'à l'accent qu'il prenait, mais sans doute cela valait-il aussi pour lui. S'il avait vécu assez longtemps à Londres, il gardait la marque de sa naissance dans le sud-est. « Heureux que ça vous ait plu. » Et c'était vrai, les compliments, Tristan, il adorait ça, il en vivait d'ailleurs. Si l'argent était une priorité, ce n'était rien comparé au sentiment qu'il avait lorsqu'on l'acclamait. Souriant à tous ceux qui passaient près de lui, récoltant un peu les dernières bribes de gloire, il finit par se tourner de nouveau vers son interlocuteur. « C'est la première fois que vous venez au spectacle, non ? Je ne vous ai jamais vu. » Le français ne mettait pas encore assez les pieds dans le plat pour lui demander ce qu'un homme de sa trempe venait faire dans un quartier comme celui-ci, mais il n'en pensait pas moins. Il se demanda d'ailleurs brièvement si ça valait bien le coup qu'il le dénonce ou s'il se ferait de toute manière poignarder une heure plus tard juste pour porter un costard et sans doute une montre plus chère qu'un an de salaire à bosser au Smooth Criminal.
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Basil Egerton
Basil Egerton
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On ne pouvait pas dire que tu faisais beaucoup d’effort pour camoufler tes réelles intentions. Et je ne parle plus seulement du costume pastel presque trop luisant pour l’obscurité d’une salle de spectacle, de l’apparence fortunée qui jurait un peu trop sur le milieu social ambiant, car enfin tu aurais pu être n’importe quel illuminé, un peu inconscient, qui ne réalisait pas la faute de goût et l’imprudence qu’il y avait à se montrer ainsi vêtu pour pareille occasion. Il y avait une part d’inconscience, il faut l’admettre - ce n’était pas avec tes jambes trop maigres et ton pantalon serré que tu allais courir très vite ni très loin, ni avec ta force de puceron que tu allais te tirer d’un guet-apens. Cela dit, la raison même de ta présence sur les lieux était un peu ce qui pouvait t’en sauver : la poudre de fée s’était toujours avérée efficace pour te tirer de situations délicates. Mais il faut être honnête une seconde : en vérité, tu ne voyais pas le danger. Peut-être parce que c’était un peu toi, le danger, où que tu ailles. Après tout, sous tes airs d’aristocrate un peu à côté de ses pompes, tu concordais malgré toi à la définition d’un tueur en série. Alors, au-delà de ton complet et de ton joli sourire, c’était plutôt au coupe-gorge de se méfier de ta venue, car tu n’avais pas de remord à tuer et tu l’aurais fait de sang froid - mais pas sans raison, cela dit, un peu de bienséance tout de même. Meurtrier, mais pas mal intentionné. Au final, mieux valait simplement éviter d’encombrer ton chemin ou te menacer d’un couteau mal aiguisé à faire pleurer ton assortiment de scalpels.
Mais outre cela, tu faisais peu cas de te planquer auprès de ta cible. Tu n’avais en fait plus d’autre dessein que de lui parler très franchement de ce que tu venais faire dans le quartier. Tu ne te fatiguais pas à imiter le comportement des spectateurs autour de toi, à cacher ton empressement, ton enthousiasme, et tu n’avais même pas l’intention, en fait, de te faire passer pour autre chose qu’une fée, à ce stade. Peu t’importait de savoir quels vers il voudrait t’extirper du nez et comment, peu t’importait de poursuivre ton enquête sur son mode de fonctionnement pour épaissir cette liste de noms qu’il vous livrait. Peu t’importait même de cacher ton identité ou ton affiliation aux Dux Tenebris - non, cela était résolument terminé, et tu comptais bien t’adresser à lui le plus directement du monde, sans faire de détour pour lui témoigner ton appréciation. Enfin, il fallait bien voir pourtant que tu n’allais pas te mettre à parler de fées, de tritons et d’organisations secrètes en pleine foule, alors que tant de petites têtes innocentes aux oreilles indiscrètes vous passaient tout autour. Non, vivement qu’elle file, que tu puisses être clair - c’était bien là la seule et unique chose qui t’importait pour l’heure.

Tu l’avais rejoint d’un bon pas, et il t’avait accueilli d’un sourire, un peu hypocrite quand on y pense. Il t’avait probablement désigné comme cible, si tant est que sa méthode soit tout à fait fiable - et alors il comptait te vendre comme un bout de viande à ses commanditaires, mais tu ne te serais pas vexé de ça. Donc, tu n’avais pas perdu ton sourire, et il n’avait rien de moqueur, pas même alors que tu l’avais vu pester contre la souillure écrasée sous sa semelle. Non, il n’y avait que de la sincérité dans tes bras ouverts, dans les creux de tes joues, dans le réhaussement de tes pommettes, le plissement imperceptible de tes yeux et l’éclat qui y luisait sans doute. Et cette franchise aussi désarmante que absurde, quand on connait un peu ta personne, avait trouvé en réponse quelques marques de sympathie - une poignée de main comme on n’en fait plus, et un rire, qui n’avait rien de mauvais. Bien sûr, il prend le compliment pour ce qu’il n’est pas - tu n’étais en rien en train de complimenter sa danse, ni même le spectacle en général, mais tu ne pouvais lui reprocher la confusion. Tu avais la correction sur le bout des lèvres, mais les passants, qu’il remerciait de sourires et de regards, t’empêchaient de cracher le morceau. Alors tu avais resserré ta main avec chaleur avant de la relâcher prestement, et tu étais resté planté là avec la poitrine gonflée de l’homme qui a beaucoup à dire mais qui se retient. Un peu comme un amateur devant l'idole qu’il adule en secret, et sur laquelle il voudrait déverser tout son flot passionné de compliments, mais n’ose importuner davantage. Et tu regardais passer ces visages du coin de l’oeil, impatient de les voir cesser leur défilé.
Mais ton petit génie en poudre ne te laisse pas flotter à la dérive très longtemps, il enchaîne sur une première question des plus banales et innocentes, et tu ne peux t’empêcher d’imaginer toutes ces autres qui doivent se succéder dans son esprit en attendant l’instant où il te demandera ton nom. Tu t’en amuses un peu, mais tu ne le laisseras pas supposer très longtemps, ce n’est pas ce que tu veux. C'est ta première fois, non ? Bon dépucelage alors. « Tout juste. J’avoue m’intéresser assez peu à ce domaine, mais je comprends la passion que cela peut éveiller chez certains. » Et ton visage, détourné du sien, couvait du regard en toute innocence les troupeaux que les portes vomissaient encore. « La pêche a-t-elle été bonne, ou bien suis-je le seul ? » On n’aurait pu faire plus direct - s’il avait manqué ton premier sous-entendu, il n’y avait désormais plus de doute. Mais le regard que tu lui adressas ensuite n’exprimait rien d’autre que de la sympathie. « Si j’en crois vos paroles, beaucoup d’habitués viennent donc vous voir ? N’est-ce pas assez peu rentable ? » Certes, tu ne passais pas inaperçu, tu aurais même laissé un souvenir assez marquant pour qu’il te reconnaisse une fois suivante au seul choix de coloris de ton noeud papillon. Mais ce je ne vous ai jamais vu pouvait laisser entendre beaucoup de choses, et tu étais en toute honnêteté curieux d’obtenir sa réponse.
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