Depuis que j'ai posé le pied à Bray, j'ai l'impression de ne jamais m'arrêter. Dès mon arrivée à l'hôtel, notre premier étape, je me faisais déjà mes premiers ronds. Entre les réunions des Dux, pas si nombreuses mais toujours aussi prenantes, les chasses, le stand de tir et le garage de Gadreel, j'ai pas eu une minute à moi, ou pratiquement. Tant mieux en réalité, je suis pas du genre à aimer les moments de 'rien'. Je n'ai pas vraiment de loisirs, à part la moto, alors dès que je me retrouve sans rien faire, j'ai cet instant de latence sans savoir que faire de mes dix doigts. En général je finis au bar, à me bourrer la gueule et taper sur des mecs au hasard. C'est pas la joie, je vous l'accorde, mais ça me convient assez comme rythme de vie, j'en attends pas plus de toute manière. Le réveil sonne, me tirant de mon sommeil, relançant un mal de crâne déjà bien présent. J'ai l'impression qu'un marteau me tape dessus sans discontinuer. Au hasard, je balance ma main pour éteindre l'objet du diable, prêt à me rendormir, quand mon téléphone se met lui aussi à retentir, me tirant un grognement. Pourtant, je le trouve, et sans regarder l'appelant, le porte à mon oreille. « Quoi ? » Je sais pas si mon interlocuteur a vraiment compris, ça tire plus de l'aboiement que du mot, mais il a dû saisir le principe. « Pritchard, toujours aussi agréable je vois. Même ensommeillé, je reconnaîtrais la voix du chasseur à des kilomètres. « Lenny. Tu déconnes à m'appeler à cette heure-là.» Un petit rire, pas compatissant le moins du monde. « Il est onze heures mec, t'as encore été sage hier soir ! » Un coup d'oeil sur l'horloge murale me prouve qu'il a pas tort. Va savoir pourquoi mon réveil est réglé à cette heure-là. « Ta gueule. » Simple et efficace. Au fond il sait que je l'aime bien, c'est un des rares qui peut s'en vanter, d'ailleurs. Mais c'est pas comme si j'étais un bisounours, pas comme si j'allais le montrer plus que nécessaire. On est brut de décoffrage, souvent, nous les chasseurs. Mais je crois qu'il fait bien partie de notre famille, surtout de la mienne, cassée. Mis à part l'âge, on se ressemble assez pour que je lui en veuille pas et qu'il fasse de même. « Ouais ouais. Je voulais te rappeler ton rendez-vous de onze heures trente au stand. Je me suis dit que ce serait pas de trop. » Je fronce les sourcils, tout d'abord sans comprendre de quoi il me parlait, puis l'éclair de lucidité. « Merde j'avais zappé ! Je te laisse !» Je me lève précipitamment, manque de m'éclater contre le sol en trébuchant, pour aller me préparer en vitesse. Les Dux m'avaient 'demandé' (donc autant dire, imposé) de former une chasseuse aux armes à feu. Traitez-moi d'américain, mais déjà l'idée même d'une chasseuse sans flingue m'a fait grincer des dents quelque peu. Mais bon, je suis un simple membre très doué pour régler les débordements des Surnaturels. S'ils décident qu'elle vaut le coup que je perde une demi-journée, be it. A midi vingt, j'sors en trombe de mon appartement et chevauche ma Harley. J'ai plus ou moins deux minutes d'avance quand j'entre dans l'armurerie. Le temps de me faire couler un café, en somme. Elle est fermée pour la journée, je trouvais que c'était l'idéal pour un entraînement. Comme j'ai les clés, je peux plus ou moins y aller quand je veux, même si mes parents surveillent ardemment mes allers/retour. Ils ne me font pas spécialement confiance, pas à ce sujet, et je ne peux que le comprendre alors j'accepte. Mon café à la main, j'attends, tout en essayant de faire partir cette migraine qui ne me lâche plus. Je suis pas médocs, j'en prends jamais, surtout pas pour une pauvre gueule de bois, mais des fois je peux regretter d'être con. Mais mes regrets sont vite remisés au fond de mon esprit quand je vois une silhouette à travers la vitre. Tic toc, c'est l'heure du cours.
(c) DΛNDELION
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Dim 29 Avr - 13:20
I'm an angel with a shotgun
Comme tous les matins, je me réveillais avant que le soleil ne pointe le bout de son nez. C'était devenu une habitude et cela me convenait parfaitement. Pour moi, dormir était une perte de temps! On pourrait faire tellement plus de choses si on ne devait pas dormir! Malgré tout, j'arrivais à faire tout ce dont j'avais envie en une journée, mais il a tellement de possibilité la nuit que je pourrais volontiers passer des nuits blanches.
J'enfilais ma tenue de sport puis me dirigeais vers le lac en courant. J'aimais faire le tour du lac, car le lieu était paisible et magnifique. Si je ne commençais pas une journée par un footing, je pouvais être désagréable jusqu'au coucher. Cela me permettait d'éliminer tout ce qui pouvait être négatif dans ma tête, mais aussi dans mon corps. Cela le prépare aussi au cours d'arts martiaux de la journée.
Après une heure de footing, je rentrais chez moi afin de prendre une bonne douche et m'habillais pour le rendez-vous imposer par les Dux. Ils m'avaient forcé à prendre des cours de tir que j'avais évité depuis quatre ans. Je détestais les armes à feu depuis mon plus jeune âge. Voir mon père biologique, complètement ivre, menacé ma mère biologique avec un pistolet ne m'a pas laissé un bon souvenir. Lorsque Tom m'a adopté puis appris à chasser, il n'avait jamais insisté pour que je tienne une arme. Je n'avais pas eu besoin de lui expliquer pourquoi. Un simple regard avait suffi. Pour combler mes lacunes, j'avais appris à utiliser une arbalète. Cela demandait les mêmes compétences que pour un flingue. Concentration, respiration, précision.
J'enfilais des habits dans lesquels je ne serais pas gênée dans mes mouvements. Il pouvait me demander de me déplacer en tirant ou coucher par terre. Même si je préférais ça pour un prochain cours. Il fallait d'abord que je passe l'étape de savoir comment tenir un pistolet, le recharger et surtout tirer sans être gêné par ce foutu recul. Un frisson me parcourait le corps en m'imaginant tenir cette arme. Vivement que ses cours soient passés pour que les Dux me foutent la paix avec ça!
Je regardais l'horloge du salon et je me rendais compte que j'étais largement en avance. Je pouvais me poser cinq minutes pour déjeuner un peu. J'avais tendance à oublier le repas le plus important de la journée ce qui pouvait me provoquer quelques petits vertiges. Généralement j'avais toujours une pomme et une barre chocolatée dans mon sac pour résoudre ce problème.
Une fois prête, j'attrapais mon blouson et mon casque pour aller au lieu de rendez-vous. J'avais espéré que le trajet à moto me permettrait de me détendre, mais cette fois-ci cela n'avait pas fonctionné. J'avais une boule au ventre lorsque j'entrais dans le bâtiment vide avec mon sac sur l'épaule et le casque dans la main. Mes jambes commençaient à trembler légèrement quand j'apercevais un homme qui ne devait pas être plus âgé que moi. Je genre par rassurant qui doit détester que des gonzesses utilisent des armes à feu ou fassent des métiers d'hommes!
La boule toujours présente dans mon ventre, je priais pour qu'il soit plutôt sympa. Je m'avançais vers lui en essayant de faire un sourire pas trop crispé.
▬ Bonjour! Je m'appelle Laelia et j'ai rendez-vous pour me former aux armes à feu.
J'avais parlé d'une manière assez sûre de moi alors que je n'avais qu'une seule envie, partir d'ici en courant. En attendant sa réponse, je l'observais avec sa tasse à la main. Il avait l'air d'un ancien soldat vu l'état de ses mains et sa coiffure. Je pouvais me tromper et au fond de moi je l'espérais même si je voyais mal un geek bisounours savoir maitriser des armes.
On ne peut pas dire que je suis vraiment heureux de jouer au professeur. Je n'ai absolument aucun tact, cela va sans dire, autant que je choisis en général minutieusement les personnes avec qui je passe du temps. M'imposer quelqu'un, à former, en plus, c'est mon équivalent de la torture. Mais quand les Dux demandent, leur dire non c'est se tirer une balle dans le pied. D'autant que si j'ai reçu un appel de Lenny, c'est clairement qu'ils y tiennent, à cette histoire. Peut-être avec tout ce qu'il se passe, les magiciens, les djinns, les pilules … On est jamais trop prudents, même si techniquement les armes à feu ne sont d'aucune utilité sur les Esprits. Mais sait-on jamais qu'ils réussissent à embrigader d'autres créatures, ou que l'OBCM se mette en travers du chemin, et là j'y vois un certain intérêt. On m'a fait un peu le topo de la demoiselle, pas grand-chose mais comme c'est une chasseuse de l'organisation, son dossier est assez rempli pour que je me fasse une idée. Professeur d'arts martiaux, pas de flingues mais une capacité certaine à se défendre, c'est déjà ça. L'inverse m'aurait quand même étonné, les incompétents, dans notre branche, finissent morts beaucoup trop rapidement. Sauf Tetras junior, étonnamment. Le mec a une chance incroyable, faut le dire. Je sais pas pourquoi il est toujours debout, surtout avec la mamie qu'il se trimballe. Je préfère encore la mienne, même si quelque part, je pense qu'elles doivent être forgées du même bois. Tout ça pour dire que je ne m'attends pas à tomber devant une nouvelle recrue qui sait pas se servir de ses dix doigts. Mais le fait même de devoir apprendre quelque chose que j'ai l'impression d'avoir fait toute ma vie comme un automatisme … ça me semble pas naturel. Je suis pas fait pour ça. Demandez moi de tirer dans n'importe quoi, de tuer n'importe qui, et je le ferais dans la seconde, mais ça … ça c'est un autre niveau. Je comprends d'ailleurs mal qu'on ait pas ce genre de personnes embauchées pour chez les Dux, y en a bien qui les suivent mais qui ne veulent pas aller sur le devant de la scène. Des coups sur la porte, et je sors de mes pensées. Avec un certain regret, je pose ma tasse encore à moitié remplie sur le comptoir pour m'approcher d'elle, alors qu'elle passe la porte et qu'elle se présente. « Sayanel, on m'a prévenu, ne t'en fais pas.» Je l'observe quelques instants, pour laisser mes yeux passer sur son casque. Un petit sourire se forme sur mes lèvres tandis que je le désigne d'un geste de la tête. « Tu conduis quoi ?» J'ai jamais été très voitures, mais la moto, c'est mon truc. C'est comme ça que j'ai rencontré Janet d'ailleurs. Une de mes seules connaissances en ville, et il faut que ce soit l'insouciance même. Mais bon, je vais pas me plaindre, elle est cool cette gamine. Si je change de sujet, c'est parce que je me doute que l'expérience ne doit pas être des plus agréable pour elle. « C'est drôle qu'on se soit pas encore croisés au QG. Quoique … On y passe sûrement jamais vraiment en même temps.» Les Dux ont cette particularité d'organiser extrêmement rarement des réunions avec les chasseurs. Notamment parce que nous sommes relativement mauvais dans l'exercice de rester assis sur des chaises à écouter un pauvre mec parler. On essaie, puis ça part en piques et peu de temps après en grosse baston. Donc en général, on reçoit des textos, pour éviter que Lenny fasse le sale boulot de devoir s'occuper d'une bande de gamins qui pourtant a dépassé la trentaine. « Nerveuse ?» Je ne sais pas pourquoi elle n'a jamais appris à se servir d'un flingue. Pas que la raison profonde m'intéresse d'ailleurs, mais le mieux serait qu'elle se détende un minimum. Pour éviter la panique au moindre faux pas, déjà. Parce que c'est dans des situations critiques qu'on lui demandera de tirer, et si quelque chose arrive, il faudra surtout qu'elle ait la bonne réaction. Gérer les imprévus en somme. Ce qui peut paraître simple dit comme ça, beaucoup moins quand l'idée de toucher la crosse fait pâlir.
(c) DΛNDELION
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Mar 1 Mai - 18:19
I'm an angel with a shotgun
Je respirais profondément pour essayer de faire partir cette fichue boule au ventre et ce léger tremblement dans les jambes. Grâce au yoga je pouvais utiliser des méthodes de respiration même si je ne pouvais pas faire les postures qui vont avec. J'aurais l'air maligne de faire le lotus ou l'arbre en plein milieu d'un stand de tir! J'avais une autre option en tête, celle de faire demi-tour, mais je venais de me présenter donc l'option n'était pas possible. Il fallait que je donne le meilleur de moi pour que ce soit la seule et unique formation aux armes à feu qu'ils m'obligeront à faire! Je n'avais aucunement envie de recommencer même si je n'avais même pas commencé.
J'apercevais un petit sourire venant de Sayanel lorsqu'il avait remarqué mon casque. Même si je privilégiais mes déplacements à pied, cette fois j'avais opté pour la moto qui me permettrait d'aller me défouler une fois cet entrainement passé. Il me demandait ce que je conduisais.
▬ Un vélo, mais je trouve que ça fait plus classe avec un casque de moto!
Mon humour était encore plus pitoyable lorsque j'étais nerveuse. Je ne savais même pas pourquoi je lui avais répondu ça. Je rigolais nerveusement avant de m'excuser.
▬ Pardon! Ce n'était pas drôle du tout. J'ai une 1000 GSXR, beaucoup mieux qu'un vélo!
Mon père me l'avait offerte après que la précédente ne cesse de fonctionner. Je voulais la faire réparer, mais mon père avait refusé. Il m'avait vu baver devant ce mile et voulait me faire plaisir. Dire que mes parents détestés les deux roues et ils avaient tout essayé pour me faire changer d'idée. Depuis toute petite j'avais une fascination pour ces engins sans aucune explication. Maintenant il y en avait des centaines de raisons! Rien que de penser et parler moto me faisaient du bien. Mon stress diminuait et mes jambes ne tremblaient plus. Je regardais Sayanel en souriant un peu nerveusement qu'au début quand il parlait des Dux.
▬ C'est vrai. Tu y es depuis longtemps ?
En y réfléchissant, je n'étais pas allée au QG très souvent. L'essentiel se passer par téléphone et cela me convenait vu les horaires de mes cours. Je ne pouvais pas les bouger à cause des clients. Je pouvais perdre ma clientèle et j'y tenais beaucoup plus qu'au boulot de chasseuse. Même si je n'arrêterais pas sauf si je me retrouvais dans un fauteuil roulant ou à la morgue ... Le son de la voix de Sayanel me sortait de mes pensées. Il me demandait si j'étais nerveuse. Comment ne pas l'être ? Pour n'importe quelle personne, utiliser une arme à feu c'est assez stressant. Encore plus quand on les haït et qu'elle nous rappelle de mauvais souvenir.
▬ Ça se voit tant que ça? C'est à cause de ma mauvaise blague, c'est ça?
Je lui souriais avant de reprendre mon sérieux. Même si la personne en face de moi était plus sympathique que ce que j'imaginais, je voulais que cette journée finisse le plus tôt possible. Je lui montrais mon sac et mon casque.
▬ Je peux poser mes affaires quelque part ? Je n'aime pas du tout les armes à feu, mais apparemment je suis obligée de passer par là donc je suis prête.
Je lui souris une nouvelle fois en attendant sa réponse.
La raison pour laquelle l’organisation a décidé de former ses membres au maximum n’est pas idiote, loin de là. C’est même plus que logique, pour réussir, il faut bien admettre que moins les chasseurs auront de lacunes qui pourront leur coûter la vie, mieux ce sera. Surtout ce genre de lacunes, qui me semble inconcevables. Pourtant, je m’interroge tout de même sur le choix du formateur. Si je suis bien au fait de mes compétences, je n’ai jamais eu l’âme d’un professeur, et je n’en ai pas l’ombre de la patience. Alors pourquoi est-ce que je me retrouve là, c’est un grand mystère. Mes parents n’étaient sûrement pas disponibles, toujours à vadrouiller à droite et à gauche, en mission ou en découverte, en chasse surtout. Allez savoir pourquoi ils avaient ouvert un commerce où ils ne foutaient jamais les pieds. Bien entendu, j’exagère, ils ne sont pas si absents que ça, mais entre Gadreel qui me donne les clés de son garage bien trop souvent et maintenant cette mission qui me tombe sur le râble de façon imprévue … J’ai de quoi grogner dans ma barbe. Pourtant je n’ai pas vraiment le temps de m’apitoyer sur mon sort que la jeune femme passe déjà la porte, presque à reculons. Je ne suis certes pas un as pour décrypter les autres, mais faut pas être un génie pour voir qu’elle n’a aucune envie d’être là. Ça nous fera au moins un truc en commun. Je lui offre un sourire après sa tentative d’humour. C’était pas si terrible, en soi, mais pas assez drôle pour qu’un rire puisse paraître sincère. Elle finit toutefois par me répondre. « Sympa. » Pas autant que ma Harley, mais ça reste quand même respectable. J’ai ce défaut de juger une personne en premier lieu par le véhicule qu’elle conduit. Si t’as aucun permis et dépassé l’âge requis depuis plus de trois ans, t’es un branleur, et pour les autres … Disons que ça dépend de ce que tu conduis, mais j’ai quand même une affinité plus profonde lorsqu’il s’agit d’un deux roues. Allez savoir d’où ça me vient, même moi je ne pourrais pas vraiment le dire. Mon frère a toujours été fasciné par les belles bagnoles. Pour ma part, j’ai planché sur l’efficacité en premier avant de tomber amoureux de ma moto. Laelia me coupa dans mes réflexions alors que le sujet avait dérivé sur les Dux. « Depuis que j’ai quinze ans en soi, mais on dépendait de la branche américaine, je viens d’arriver dans le coin. » Et la seule personne que je vois régulièrement c’est Lenny. Ça doit être le cas pour tous les chasseurs, ce mec est une bénédiction. Si j’ai pas encore eu besoin de son aide – ça ne saurait tarder, connaissant ma faculté à me foutre dans la merde – Gadreel a fait appel à lui déjà bien trop de fois pour le temps court que nous avons passé ici. « Les Dux c’est une histoire de famille ! » Sans compter la grand-mère qui, elle, est un rang au-dessus, puisqu’elle dépend du siège de l’organisation et qu’elle supervise les différents quartiers généraux. On se demande pourquoi elle fait flipper tout le monde après. Je ricane un peu. « Ta blague était pas si mauvaise. Tu regardes juste la porte comme si tu voulais partir en courant. » Ce n’était pas si flagrant mais les chasseurs avaient le devoir d’être un minimum observateurs s’ils voulaient réussir à quoique ce soit. Et si j’ai jamais eu la tactique, j’ai au moins les yeux. Je hochais la tête avant de fermer la porte principale à clé. Il ne faudrait pas que des clients débarquent de nulle part en pensant l’endroit ouvert. « Suis-moi.» Je l’emmenais à travers un couloir bien éclairé, lui ouvrant une porte au passage. « Les vestiaires, tu peux poser tes affaires là. » Une fois cela fait, je descends quelques escaliers pour l’emmener là où sont les stands, en m’arrêtant devant la cage où se trouve les armes et les munitions, tout en attrapant un casque que je lui tends.. « On va commencer par des petits calibres, puis monter petit à petit. Prends ça, histoire qu’on te flingue pas les tympans tout de suite. » Je lui montre d’un signe de la main les armes concernées par nos premiers essais. « Choisis en une. Carabine ou pistolet, c’est toi qui voit. »
(c) DΛNDELION
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Ven 18 Mai - 18:34
I'm an angel with a shotgun
Je regardais Sayanel après ma tentative d'humour pourrie et j'apercevais un léger sourire qu'il devait surement faire pour être polie. Note à moi-même, éviter les blagues quand je stresse, c'est vraiment bon du tout. Quoi que mes blagues quand je suis "normal", ne sont pas top non plus. Je crois que j'ai hérité ça de mon père qui n'arrêtait pas de me raconter des histoires drôles comme celle de Paf le chien, Flip Flap la girafe ou Zip le pingouin. J'aimerais qu'il soit encore en vie pour entendre ces blagues. Je chassais cette pensée de mon esprit, je n'étais pas là pour pleurer. Ce n'était ni le lieu ni le moment. J'écoutais l'homme me dire que ma moto était "sympa" puis, je lui souris pour approuver même si je trouvais ma bécane plus que sympa! Après tout l'essentiel c'est qu'elle me plaise à moi et je la changerais pour rien au monde.
▬ Tu as une moto aussi ?
J'étais plutôt curieuse de savoir s'il en avait une et quel modèle. D'après sa réaction il ne devait surement pas avoir une sportive. Je penchais pour une custom même si ça faisait plutôt cliché. Je souriais à cette pensée avant d'écouter Sayanel me parlait des Dux. Un étonnement pouvait se lire sur mon visage quand j'avais entendu depuis combien de temps il y était. Il y était depuis ses quinze ans ? Je comprenais mieux pourquoi c'était lui qui devait me donner des cours. Il doit en connaître des choses depuis tout ce temps! L'homme me précisait qu'il dépendait de la branche américaine. Un américain en plus, c'est sûr il roule en custom! Je rigolais intérieurement.
▬ Ah oui effectivement ça fait longtemps! Ça bat mes quatre pauvres années.
Je rigolais doucement avant que Sayanel ne me dise comment il savait que je voulais tant partir d'ici. Je ne m'étais pas rendu compte. J'étais beaucoup moins nerveuse et j'étais enfin prête à me jeter à l'eau. Si seulement il était question d'eau cela aurait été plus simple. Je suis Sayanel dans les couloirs tout en observant partout, l'endroit était assez chouette. Je trouvais l'endroit plus chaleureux que ce qu'on pouvait voir à la télévision. Une fois mes affaires posées dans le vestiaire, je marchais sur les pas de l'homme pour arriver enfin au stand de tir. J'enfilais le casque qu'il me tendait, sans broncher. Je n'avais pas envie d'avoir des problèmes d'audition à cause de ces foutu armes à feux! C'était beaucoup moins dangereux de tirer avec une arbalète. J'acquiesçais à ses explications avant de prendre une longue inspiration et d'attraper doucement un pistolet en plaçant mon doigt sur le côté de l'arme. Mon coeur s'accélérait, je serrais les dents tout en tentant de gérer ma respiration pour ne pas trembler ou faire de mauvais gestes avec ce truc dans mes mains.
▬ Il vaut mieux commençait petit.
J'avais dit ça plus pour moi que pour lui. Je n'avais jamais tenue une carabine alors qu'un pistolet oui. Je n'avais pas tirer avec, juste désarmer quelqu'un et j'avais fini par jeter l'arme au loin. En y repensant, j'aurais pu me prendre une balle si l'arme n'avait pas le cran de sureté. Finalement ce n'était pas plus mal que je sache m'en servir pour éviter ça.
▬ Il faut quelles munitions pour cette arme là ?
Je savais que c'était inutile que je pose la question, car il allait forcement me donner les munitions qui allaient avec l'arme, mais je voulais montrer que je m'intéressais malgré mon envie d'être ailleurs que dans un stand de tir. En attendant sa réponse, je regardais l'arme dans mes mains et j'essayais de me rappeller où mon père appuyer pour éjecter le chargeur.
Parler de tout et de rien, ça me fait du bien aussi. Bien entendu, je suis loin d’être stressé comme elle l’est, y a pas de quoi, pour moi. Mais j’essaie d’éloigner au maximum la gueule de bois, la migraine qui m’a pris au plus profond de moi. Parce que je sais bien que c’est jamais très agréable de tirer alors que je souhaites juste m’enterrer dans un trou et me réveiller quand les méandres de l’alcool que j’ai ingurgité en trop grande quantité auront disparues. Puis ça a tendance à réveiller des choses que j’aimerais laisser enfouies. Pourtant on me laisse pas ce loisir, chez les Dux. On préfère me pousser à bout en affirmant qu’on ne veut pas que je vrille. Peut-être que c’est le cas, peut-être qu’on m’a assigné cette psychiatre justement pour que je travaille sur moi et que les jours comme aujourd’hui comptent comme des exercices. Super exercice si je finis par lui éclater le crâne d’une balle entre les deux yeux, à cette pauvre fille qui veut juste apprendre à tirer. Qu’on force à venir apprendre à tirer. Je soupire, sortant de mes pensées qui prenaient un tournant un peu trop lugubre, même pour moi, pour me concentrer de nouveau sur la conversation. Parler moto, ça me soulageait, ça m’enlevait cette boule au ventre constante, ces flashs qui revenaient, encore et encore, me laissant au bord de la crise presque sans arrêt. « Une Sportster forty-eight. » Faut dire que j’en suis pas peu fier de ma Harley. C’est pas tant pour la moto en elle-même … Même si. Mais depuis que je suis gamin j’ai cette fascination pour les Harley, c’est bien plus qu’une simple moto à ce compte-là. Entre ça et mon frère qui lui, voue un culte aux vieilles Chevrolet, on fait la paire. Si avec ça on se doute pas de nos origines, rien ne le fera. Rien que notre présence ici, en soi, elle est plutôt claire. Sans les Dux, on aurait jamais foutu les pieds en Irlande, on a rien à y faire avec nos engins, nos armes et notre dureté. Pourtant on est là, à se battre pour ce qu’on pense être le bien, à mettre la ville sans dessus dessous juste pour arriver à notre but. Mais elle s’y attendait, Antigone. Elle connait la famille de bourrins qu’elle a commencé à créer, elle connait son fils et si elle ne nous connait pas vraiment nous, le tableau a été plutôt rapidement peint. « L’important c’est pas vraiment l’ancienneté mais ce que t’as réussi à faire depuis que t’es là. Puis les Pritchard, on est plutôt un cas à part. » Faut dire qu’être entraînés comme un chasseur avant d’être éduqué comme un homme, ça te forme. Rudement, mais ça te forme. J’ai pas eu d’enfance, j’ai pas eu franchement l’impression d’avoir grandi comme un gamin normal, mais au bout du compte je suis pas vraiment quelqu’un de normal. Je souhaiterais pas mon existence à mon pire ennemi, même si j’ai pas été vraiment malheureux, c’est pas une vie qu’on veut, même si on a jamais connu autre chose. On finit cependant par se mettre en marche, ne serait-ce que pour rejoindre le stand de tir, où je lui refilais un casque. Avec ma super gueule de bois, j’avais zappé de lui donner les lunettes de protection qui vont avec. L’un et l’autre ne sont pas vraiment utiles selon moi mais si ça peut l’aider à stresser un peu moins, ce sera pas perdu. J’attrape une boîte de munitions pour le lui montrer. « Celle-ci, c’est du 9mm, sans doute ce que tu utiliseras le plus souvent.» J’attrapais moi aussi un pistolet pour lui montrer comment recharger son arme. « T’appuies là, comme ça. Tu rentres les munitions dans ce sens là puis tu réenclenches. Et après tu évites de le pointer dans ma direction pour qu’il n’y ait pas d’accidents. A ton tour.»
(c) DΛNDELION
Invité
Ven 25 Mai - 21:56
I'm an angel with a shotgun
Je ne pouvais m'empêcher de rigoler quand Sayanel m'informait qu'il roulait en Harley-Davidson. Je ne détestais pas ce type de moto, mais ce n'était pas du tout le genre que je conduirais. Pour ma part, les custom sont plus pour se balader les cheveux aux vents, alors que les sportives te font ressentir des émotions plus fortes. L'adrénaline que cela procurait grâce à la vitesse n'était pas comparable à celle d'une Harley. Je n'étais pas comme certains motards, à dénigré les Bikers sous prétexte que ce ne sont pas de vrai motard. Les guidons très relevé n'était pas de bon goût, c'est vrai, mais toutes n'avaient pas cette particularité. Les Sportster sont des modèles plutôt jolis.
Mes parents s'étaient toujours demandés d'où me venais cette passion pour les deux-roues alors qu'eux les avaient en aversion. Parfois, je courais à l'extérieur de la maison lorsque j'entendais le bruit rugissant du moteur. Ma mère avait essayé, pendant des années, de m'expliquer tous les dangers de ces engins et toutes les raisons de ne pas en avoir. Elle avait abandonné lorsque j'avais eu l'âge de passer le permis. J'avais quand même écouter ma mère lors des mises en garde et je connaissais les dangers, mais c'est ce qui rendait la moto si plaisant.
▬ Oui, c'est sûr, mais l'ancienneté apporte de l'expérience !
L'expérience est très utile et encore plus dans ce milieu où l'erreur est souvent fatale. Il doit avoir beaucoup de connaissances pour pouvoir attraper des créatures surnaturels sans se blesser. Devant le stand, Sayanel me tendait des lunettes de protection afin d'éviter les projections de ... Je n'en sais trop rien en fait. Dans certains films policiers, on pouvait les voir tirer dans les stands avec des lunettes et des casques sans évoquer pourquoi.
Sans poser de questions, je mettais les lunettes tout en écoutant sa réponse concernant les munitions. Il m'annonçait le calibre que je devais utiliser et que j'aurais le plus souvent. 9mm pour moi, c'était du chinois même si j'avais déjà entendu tous ces noms de munitions.
Je le regardais attentivement faire lorsqu'il m'expliquait comment charger l'arme. Cela sembler facile quand on le voyait faire. Je reproduisais lentement ce qu'il m'avait fait voir, sans trembler. Une étape de faite, surement la plus simple. Sayanel ajoutait que je ne devais pas diriger l'arme vers lui, cela me semblait logique vu que je venais de le charger. Ce n'était peu-être pas logique pour tout le monde.
Je n'aimais pas les armes et encore moins être braquer par une arme, alors je vais éviter de pointer le pistolet sur quelqu'un qui est là juste pour m'aider. Je replaçais mon doigt sur le côté de l'arme tout en gardant le canon vers là-bas sans qu'il soit vers mes pieds ou ceux de l'homme. Mon père m'avait toujours appris qu'il ne fallait en aucun cas laisser son doigt sur la queue de détente afin d'éviter d'appuyer par erreur.
▬ Comme ça c'est bon ?
J'avais reproduit à l'identique donc cela ne pouvait être que bon, mais on ne sait jamais. J'attendais sa réponse et ces explications pour la suite.
J’acquiesce sans lui répondre réellement. Je vais pas mentir, le fait d’être entré dans l’organisation à quinze ans me donne un avantage sur les jeunes chasseurs. Sans compter que j’ai commencé à chasser avant d’avoir mon pass pour les grands bureaux, faut pas croire, on y est entraînés depuis qu’on est gamins, mes parents ont pas attendu que je sois accepté par les Dux pour m’apprendre à me battre. Ça a été la même chose pour mon frère et après moi pour ma sœur. On a le négatif de pas avoir réellement choisi cette voie … C’est pas comme si on nous avait expliqué qu’on avait le droit de vouloir faire des études et de changer de vie, en avoir une « normale ». C’est jamais venu à l’esprit des parents et très honnêtement c’est jamais venu dans le mien non plus. Elevés comme des chasseurs, c’est comme ça que je me considère. J’ai l’impression de savoir mieux ce que je fais ou comment le faire, mais c’est plus dangereux également. J’ai pas de vie en dehors de la chasse, sans ça je suis rien. Ça me laisse moins à perdre, finalement, je fais moins attention, je fonce tête baissée dans les emmerdes et tant pis si je me fais buter dans le chemin. C’est pas comme si je comptais vivre vieux non plus. Alors l’expérience je l’ai, l’amertume et l’envie que ça s’arrête aussi. Sans le vouloir réellement, en réalité. A la place de Lenny je me ferais sans doute chier comme un rat mort, j’ai besoin du sang, du combat, de l’adrénaline. Je veux pas être enfermé et guider les autres, moi je suis fait pour le terrain, pas assez intelligent pour la stratégie de toute manière. Aller à la chasse au djinn, je peux le faire facilement, mais dès qu’il s’agit de s’asseoir autour d’une table pour parler technique, je m’endors. C’est pour ça que j’évite le QG, j’ai toujours Gadreel pour me faire le compte rendu quand j’y vais pas. Lui est un peu plus consciencieux que moi, y a pas à dire. « Tant que t’as ton instinct de survie, t’as l’expérience qui vient ensuite. » C’est pas toujours aussi facile, j’en suis bien conscient. Tous les chasseurs qui se font tuer, ce ne sont pas ceux qui font le moins attention, pas toujours. Il y a aussi ceux qui s’attaquent à la mauvaise cible, trop forte ou trop vengeresse. Savoir choisir ses combats c’est sans doute aussi important qu’y survivre. Mais les chasseurs les plus instables restent ceux motivés par la vengeance. Parce que lorsqu’ils atteignent leur but, leur cible principale, y a rien, absolument rien qui peut les empêcher de penser qu’ils s’en sortiront en emportant le connard qui a tué leurs proches. Et souvent ils font de la merde … Comme on est pas dans un film, ils ont pas l’opportunité de réparer leurs erreurs, et ils crèvent, fin de l’histoire. J’espère que celle en face de moi est loin de ce genre là, pas que je l’apprécie particulièrement, je lui parle depuis cinq minutes, mais elle m’a l’air d’être combattive, ce serait une jolie perte. « Oui voilà, comme ça.» Elle a l’air de flipper du flingue. Tant mieux. Après tout, c’est ceux qui flippent le moins qui ont le plus de chances de me filer une balle dans la jambe sans faire attention. Au stand de tir on en voit passer de toutes sortes, notamment des joueurs d’Airsoft. Eux ce sont les pires, pensant savoir manipuler une arme mais qui calculent pas qu’ils en ont une vraie dans les mains, et pas une réplique comme celle posée sur une étagère dans leur chambre. « Gauchère ou droitière ? » La question a son importance car elle va être la base de la position qu’elle devra prendre, au niveau des coudes, des mains et des jambes. « Tu vas prendre l’arme, toujours pointée vers la cible de ton autre main pour positionner correctement tes doigts plus facilement. Ça te viendra plus facilement après, mais ça t’évitera de mal l’attraper les premiers temps. » Je lui montre comment positionner ses doigts sur l’arme. Ça devrait pas être le plus compliqué vu la dose de contenu qu’on nous fait avaler au niveau des films où on peut observer des flics tirer majestueusement sur leurs suspects. « Fais juste attention de pas mettre ton pouce sur le chemin de la glissière, déjà parce que tu peux te faire mal mais surtout parce que si ça te surprend tu peux facilement laisser tomber ton arme et faire partir un coup n’importe où. » Ouais, je l’ai déjà vu, et c’est jamais joli comme résultat. « Et après tu serres au maximum. Faut que tu la tiennes bien, fais pas semblant. » Je replace ses doigts pour atteindre la bonne position. « Maintenant que c’est fait, on va pouvoir tirer ! » Ce serait presque de l’excitation dans ma voix.
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