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 « Nightcall » EzeckielxZachary

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I’m gonna tell you something you don’t want to hear. I’m gonna show you where its dark, but have no fear.


Y a des instants dans une vie qui nous changent à tout jamais. Le moment où l'on apprend à parler, à marcher. Le moment où l'on réalise que l'on peut faire rire ou pleurer avec des mots. Le moment où l'on aime pour la première fois, où notre cœur se brise pour la première fois. Des moments comme ça, y en a tout le long de notre vie, qu'on s'y attende ou qu'on s'y attende pas. Et dans ma vie à moi, il vient d'y en avoir deux. Deux auxquels je m'attendais pas.

Il y a eu Joshua, ce frère, ce double, ce reflet que l'on m'a arraché pendant vingt cinq années. Et puis il y a eu cet inconnu, ce type que j'ai fracassé et qui serait mort sans Trevor. Deux moments, à quelques semaines d'écart qui ont fait que lorsque je regarde dans le miroir, je ne sais plus qui je suis, encore moins ce que j'y vois. Alors en sortant de ma douche, ce soir, lorsque je passe une main sur le miroir pour enlever la buée et que je ne me reconnais pas, je me dis que ça suffit, je me dis que ça ne peut pas durer comme ça. Je me demande aussi, quel sera le prochain instant qui me changera et j'ai peur. Peur que le prochain me fasse tellement mal que cette fois-ci je ne me relève pas.

Je soupire, observe mes phalanges tuméfiées que je soigne comme possible avant de finir de me préparer. Je prends mes affaires, sans prendre le temps de dîner, sans m'adresser à Andy ou à Kyle. Je continue de jouer au Roi du Silence parce que j'ai trop peur de ce que je peux leur dire, trop peur de leur faire mal si je parle. Je claque la porte et monte dans ma voiture. J'observe mon téléphone et me demande combien de temps encore je vais pouvoir tenir.

Je n'ai jamais été très bon en théâtre, jamais été très bon pour cacher mes émotions. Je suis plutôt du type impulsif que patient et calme. J'ai beau prétendre que tout va bien et que je suis plus fort que ça, que cette nouvelle qui chamboule ma tête à chaque instant, la vérité c'est que j'ai failli tuer un mec et qu'en plus de ça, j'ai personne à qui en parler. Personne à qui parler de ce type, qui vient de changer ma vie. Et puis ça me vient, subitement. Ça me vient comme une nouvelle claque, un peu douloureuse mais aussi révélatrice.

Ezeckiel.

Je serre mes mains sur le volant, ne prends même pas le temps de réfléchir plus longtemps. On est dimanche, il sera peut-être chez lui, et s'il n'y est pas, tant pis. C'est probablement une idée à la con de toutes façons. Aller le voir lui, lui parler à lui. On a jamais été meilleurs potes, Zecke et moi. On a jamais passé des nuits à se faire des confidences, alors il n'y a pas vraiment de raisons qu'il veuille que ça commence maintenant. Pourtant je traverse la ville jusqu'à chez lui, dans un espoir stupide et fou que ma pensée tout aussi stupide aboutisse. Parce que je suis au bout, parce qu'il faut que ça change et que je trouve une solution. Que tabasser des inconnus en espérant qu'une connaissance arrive à temps n'est pas la solution, que parler à Kyle ou Andy n'est pas la solution non plus, alors il reste Ezeckiel. Le seul type que je connais qui a un jumeau, le seul type que je connais assez pour avoir confiance malgré nos manques de confidences.

Alors je traverse la ville jusqu'à chez lui et je me gare devant sa porte. Je descends de la voiture, prends le temps de m'allumer une cigarette et la fumer avant d'oser frapper, d'oser l'affronter. Parce que ce n'est peut-être pas une bonne idée après tout, qu'Ezeckiel a peut-être autre chose à foutre que m'écouter parler. Et puis, je dis ça mais de toutes façons, depuis quand je suis capable de parler ? De dire clairement ce qui ne va pas ? Je soupire, écrase le mégot et décide malgré tout de me jeter à l'eau. Parce qu'il faut essayer, parce qu'il faut que je trouve une solution, que ça ne peut plus durer.

Alors je frappe à la porte, et j'entends les pas. Mon cœur se serre et je rêve de faire demi-tour pendant quelques secondes. Quel lâche putain. Je reste là, serrant mes poings pour me donner du courage. Je sens certaines plaies s'ouvrir sur mes phalanges et secoue ma main alors que son visage se dessine devant moi.

« Yo Zecke. » Mon ton est plus froid que je ne le voudrais. Sale habitude de garder toutes ses émotions pour soi. Je passe une main derrière mon crâne et dans un regard désolé, je lui demande. « J'te dérange pas ? J'aimerais bien qu'on parle si t'as du temps à m'accorder. Sinon c'est rien. » Mais s'il te plaît ne me rejette pas, s'il te plait ne me claque pas la porte au nez. J'ai vraiment besoin de toi, plus que jamais.

Je fixe ses pupilles avant d'ajouter, instinctivement. « T'inquiètes, Aze va bien. C'est juste que... j'ai appris un truc et j'sais pas à qui en parler et j'crois que... » Décidément, dire les choses calmement et simplement, c'est vraiment pas mon fort. « J'crois que j'ai besoin que tu m'aides. »

Ça m'arrache le cœur de dire ça, de penser ça. Ça m'arrache le cœur d'imposer ça à quelqu'un, un mec qui a ma confiance sans en avoir jamais abusé. Un ami d'ami, qui n'a jamais eu l'occasion d'être le mien. Un mec, qui ce matin s'est levé dans sa propre vie et ses propres problèmes sans avoir besoin des miens.

C'est cet instant là, le troisième qui va changer ma vie en quelques semaines. Cet instant où je suis allé demander de l'aide. L'instant où j'ai pris sur moi, j'ai fait taire toutes les petites voix qui me disaient de ne surtout pas le faire, l'instant où j'ai pris tout mon courage pour aller voir celui à qui j'ai vraiment besoin de parler, même si ça implique me livrer, être vulnérable, voire redevable. C'est cet instant là, où j'ai ouvert la bouche quand Ezeckiel a ouvert sa porte, qui a changé ma vie une fois de plus. Mais cet instant là, pour une fois, c'est moi qui l'ai choisi. Et ça soulage, de pouvoir choisir un instant qui va changer une vie. Ça soulage, d'être prêt à prendre des coups, plutôt que les voir arriver par surprise.
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Tes mains contre sa gorge, ton tigre hurlant sa haine, t'as envie de la tuer, elle est là, devant toi, à ta merci, pour une fois, pas en train de se battre, pas en train de se défendre, parce qu'elle sait qu'elle le mérite, elle sait que tu veux qu'elle meure et toi t'as qu'une envie c'est de serrer encore un peu plus, encore, encore, jusqu'à ce qu'elle étouffe. Tu revois le corps de Lana, tu revois la souffrance d'Aidan, et elle elle ose te sauter dessus, comme si c'était ta faute, comme si t'avais une quelconque part de responsabilité là-dedans, dans tout ce qui vous est arrivé. Tu sais plus si tu veux l'étrangler ou juste la déchiqueter maintenant, mettre du sang sur tes griffes, sur ton pelage, te salir encore et encore avec elle, comme tu l'as toujours fait, mais pour la dernière fois. Elle ouvre la bouche pour hurler alors que ton rugissement traverse la forêt.

Un sursaut puis tu te réveilles. La prise de conscience, son cri, Skye. Ce moment où tu sais que tu es dans un rêve, celui où tu te rends compte que t'es bien trop faible en réalité pour tuer celle pour qui t'aurait donné ta vie peu de temps auparavant. Tes sentiments ils t'empoisonnent encore alors que ça fait des mois qu'elle est partie, qu'elle t'a abandonné, encore. La lâcheté, c'est quelque chose que vous partagez, Skye et toi, faut pas le nier. Toi de pas pouvoir mettre un terme à cette histoire malgré l'horreur, malgré la douleur, malgré la mort. Elle de ne pas pouvoir t'affronter, parce que finalement, t'as été une de ses plus grandes faiblesses, et ça aurait pu te réjouir, si seulement t'avais vraiment voulu la détruire. Mais ce sont que des mots, des pensées, une absence de réalisation certaine. C'était bien plus facile, quand des océans vous séparaient. Mais peut-être que c'est le cas maintenant, mais Bray a cette faculté à te rappeler elle. L'endroit où vous vous êtes connu, l'endroit où elle a signé ta fin en même temps que le début. Parce que toi t'étais empoisonné par Orphée, elle était tout, ton obsession, jusqu'à ce que tu t'en trouves une nouvelle. C'est peut-être toi le problème en fin de compte, toi qui est pas normal au creux de ta tête, toi qui te cherche une raison de vivre jusqu'à la perdre, jusqu'à devenir fou, jusqu'à t'empoisonner les veines, le cœur et le cerveau. Alors tu tombes forcément que sur celles qui peuvent signer ta destruction, faut pas être sorti d'Harvard pour comprendre que le schéma tu le répètes encore, encore et encore une fois.

Tu finis par te lever de ton lit, te faire couler un café et te rouler un joint. Tu sais pas quelle heure il est, t'as perdu la notion du temps depuis que tu bosses plus tous les jours. Ouais fallait s'y attendre, toi t'es pas fait pour un vrai boulot, forcément t'allait baisser les bras. Le tatouage c'est sympa mais t'aimes bien pour t'éclater. Certains t'es même auto ancré sur le corps, juste pour le fun ou juste parce que t'étais bien bourré, tu sais plus vraiment. Sûrement un peu des deux. Mais un job ? Du plein temps ? Tu l'as jamais fait de ta vie, tu vas pas réellement commencer maintenant. Non tu préfères rester enfermé chez toi, attendre que le temps passe, jouer un peu de guitare quand l'envie t'en prend, de PS4 le reste du temps, fumer des joints et des clopes les fenêtres grandes ouvertes pour faire comme si tu voyais un peu l'extérieur. Tu t'enfermes dans une espèce de dépression étrange, River, et tu t'en rends même pas compte. Quelque part je crois que tu sais bien qu'il est temps que tu reprennes du service, que t'ailles faire des plans, préparer un coup, te remettre dans le bain. T'as bien prévu de rendre une visite à Osborn un de ces quatre, mais t'as pas encore eu le cran de la faire. Parce que tout ça, c'est Aidan et toi. Sans lui tu sais pas vraiment ce que t'es, et tu dois bien avouer que ça te fait bien flipper, d'au final être personne si t'as pas ces accroches qui te pompent tout. T'as jamais aimé les gens, t'aurais dû t'en tenir là, au lieu de t'accrocher aux sauvages, aux rebuts. Un jumeau qui a tout subi avec toi, pour qui tu donnerais ta vie, une renarde à qui t'a donné ton cœur et un semblant de famille que t'as laissé tomber parce que t'as jamais su rester au même endroit. La nouvelle, tu l'encaisses pas encore, faut dire. Apprendre la mort d'Ellen, ça t'a filé un sacré coup, la culpabilité de pas avoir été là pour Azenor et Ah Reum, et tout ce qui s'ensuit. Ton égoïsme, tu le perdras pas comme ça de toute façon.

Tu mets quelques secondes à comprendre que les coups que t'entends sont pour toi. En général t'as pas de visiteurs, soit parce que les gens veulent pas vraiment venir squatter ce quartier-là, soit parce que t'as pas non plus des masses de potes, faut te l'avouer. Encore moins ceux qui ont ton adresse. Tu te lèves du canapé pour te rendre à la porte, les sourcils froncés, et tomber nez à nez avec Zachary. Okay, celle-là tu l'avais pas vu venir. C'est pas que tu l'aimes pas Zach. Même si en soi t'aimes pas grand-monde, faut le dire. Mais vous vous connaissez pas assez pour que ce soit normal qu'il se trouve là. Si à une époque tu lui aurais bien cassé la gueule juste pour le principe un peu arriéré de faux frère protecteur d'Azenor, maintenant, t'admets volontiers que c'est pas un mauvais gars. C'est sans doute pour ça que t'as pas encore claqué la porte. A sa première phrase, tes sourcils se froncent encore une fois, mais il coupe la question que t'allais inévitablement poser. Parce que ouais, la première chose que t'as pensé, c'est qu'Azenor avait un problème. Et ça, tu le laisserais pas arriver, maintenant que t'es là, maintenant que tu peux faire quelque chose. Pour une fois t'aimerais que ceux autour de toi ne souffrent pas, ce serait pas trop demandé ?

Sans doute que c'est sa dernière phrase qui te fait te reculer pour lui laisser le passage. « Vas-y entre, tu vas pas rester à la porte. » Parce que tu le sais, au fond, que Zach, il doit être un peu comme toi, que demander de l'aide, c'est jamais facile pour des mecs comme vous et que tu préfères crever que sortir ces mots là. C'est pas pour autant que tu vas le traiter de faible, c'est plutôt tout le contraire même. « Si tu veux quelque chose à boire sers toi, j'ai du café encore chaud dans la cafetière et des bières au frais. » Faut pas déconner, t'es pas l'hôte parfait, ceux qui viennent chez toi le savent, ici on se sert comme on veut mais on te demande pas de trop bouger ton cul.  Que tu poses d'ailleurs sur le canapé pour te rouler une clope, tout en lui lançant un regard. « Qu'est ce que je peux faire pour toi ? » ça t'intrigue, en vérité. Tu te demandes ce qui peut te valoir le titre de celui qui pourrait l'aider alors qu'il a sans doute beaucoup mieux dans son cercle d'amis qu'un ancien braqueur qu'il connaît à peine.
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Rester à la porte. L'idée m'avait traversé l'esprit. Il faut dire qu'avec Ezeckiel, on était loin d'être les meilleurs amis du monde, ou amis tout court en fait. On était les amis d'amis, comme on dit. Jamais trop proches mais pas tellement loin non plus par la force des choses. Alors qu'il me laisse sur le coin de la porte en me disant qu'il était ni ma meuf, ni ma sœur, ne m'aurait pas non plus étonné outre mesure. Après tout, il ne savait rien de mon problème du moment puisque la seule personne au courant c'était Trevor. Et même si je n'avais pas la moindre idée de s'il pouvait connaître le blond, j'étais à peu près certain de ne pas être le premier sujet de conversation du brun.

Alors même si ça pouvait lui sembler évident, même si ça pouvait lui sembler naturel, je lui sors, un peu cassé. « Merci. » Avant de le suivre, entendre la porte se refermer et observer l'état de son appartement. Je n'y avais pas souvent mis les pieds, pour la simple et bonne raison que je n'avais pas grand chose à y faire. Mais là, clairement, c'était loin d'être un appartement témoin que l'on voit en photo dans les magasines. Et si j'avais toujours su le tigre pas spécialement organisé, je ne pensais pas trouver son appartement dans cet état. Au fond de moi, étrangement, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas, ne colle pas.

Mais depuis quelque jours, rien ne va, rien ne colle. Sans doute parce que dans ma tête tout est éparpillé et éclaté. Sans doute parce que je suis tellement embrouillé dans mes propres idées que j'en deviens paranoïaque. J'ai l'impression que le monde va mal pour ne pas réaliser à quel point je vais mal moi-même. Je cherche absolument quelque chose pour aider les autres pour ne surtout pas avoir à m'aider moi-même. Mais aujourd'hui, je ne suis pas là pour ça. Aujourd'hui, je ne suis pas là pour esquiver, pour faire semblant. C'est fini ce petit jeu, mes phalanges me le rappellent durement.

Alors qu'il se pose sur le canapé et se roule une clope, je me décale pour sortir deux bières du frais. Je n'ai plus l'habitude de boire depuis des années, plus l'habitude de sortir, de perdre la tête. Mais là, pour le moment à venir, il vaut mieux une bière que du café. Peut-être même dix bières. Je soupire, j'en sors deux, et me dirige naturellement vers le canapé pour m'asseoir à côté de lui. Je décapsule les deux bières, lui en tends une avant de finalement me décider à lui répondre, sans même savoir par où commencer.

« En fait je... je sais pas par où commencer, mec. J'sais même pas tellement si ça va avoir du sens. » Je ne sais pas grand chose, en fait. Je passe une main dans mes cheveux et bois une gorgée de bière avant de reprendre, tentant de mesurer un peu tout et d'y mettre du sens.

« J'ai appris que j'avais un frère jumeau. De sang, quoi. Le mec a débarqué chez Andy et m'a sorti tout son speech avec des preuves à l'appui. J'ai un jumeau. » Comme toi.

Je soupire et secoue légèrement la tête rien qu'à dire ces mots à voix haute. Malgré la conversation avec Trevor, ça n'en reste pas moins douloureux. J'ai l'impression que ces mots là ont des épines qui me transpercent la gorge à chaque fois que je tente de les prononcer. Ceci dit, j'en ai pas dit assez, parce que même si Zecke sait que je suis orphelin, dans l'idée, ça peut sembler pas si catastrophique que ça. Parce que comme le disait le brun, avoir un nouveau frère, c'est cool, c'est positif. Avoir ce frère avec cette histoire pourtant, j'arrive pas à y voir du positif.

« J'sais que... j'sais que j'devrais être content de l'avoir trouvé, qu'il m'ait cherché et tout. Mais putain mec, tu te rends compte ? Je sais même pas comment en parler à Kyle ou à Andy. Je sais même pas comment réagir, comment le prendre. Putain, tu me connais, tu connais ma vie, j'suis clairement pas le mec capable de gérer ce genre de truc. J'ai jamais eu une famille de sang. »

Je continue à boire quelques gorgées de bière et marque une légère pause. La conversation avec le brun, qui me ressemblait beaucoup trop, me revient. Elle me revient avec toutes les images, tous les coups que l'on s'est foutus en se touchant à peine. Elle me revient et je me demande encore si je n'ai pas fait un cauchemar. Puis sans m'en rendre compte, j'ai un peu trop serré le poing, je sors de mes pensées en me prenant un petit pique de douleur et observe mes doigts. Évidemment, j'ai ouvert les autres plaies. J'étends lentement ma main dans une grimace de douleur et je reprends, après quelques secondes.

« J'ai parlé de ça à personne. Parce que j'ai cru que ça partirait, qu'au final c'était peut-être un mauvais rêve, une connerie du genre. Et puis tu vois, l'autre soir, j'ai failli buter un gars. Genre vraiment. Si un type n'était pas arrivé pour me sortir de là, je crois sincèrement que j'me serai pas arrêté. »

Et ça fait mal, de réaliser qu'on est capable de tuer quelqu'un de sang froid. Vraiment mal. Je finis ma bière et sors mon paquet de clope pour m'en allumer une, assis dans le canapé, à côté de celui qui en sait plus aujourd'hui que mon propre frère, mon propre père. « J'sais pas quoi faire, j'sais plus où aller et j'ai besoin de trouver une solution pour me calmer. » Avant de réellement tuer quelqu'un. Avant de vraiment aller trop loin. « J'suis désolé de t'imposer ça mais je sais que t'as pas toujours eu des relations faciles avec ta famille pour autant, j'sais que t'aimes vraiment ton frère. »

Et moi j'sais pas faire, ça. J'sais pas aimer mon sang, j'sais pas faire un effort et ravaler mon ego et ma fierté. Je sais pas faire semblant, je sais pas y aller doucement. Je cogne, moi. Je cogne et cette fois, j'ai cogné trop fort, tellement qu'aujourd'hui j'ai peur de cogner à nouveau, même Kyle. Peur de pas savoir m'arrêter. Peur que Joshua m'ait finalement réellement changé.

Est-ce que ça fait ça, un frère de sang ? Ça fait vriller ?

« Tu peux m'demander d'me casser, j'comprendrai. » Parce que demander à quelqu'un de gérer ça, c'est pas lui faire un cadeau. Et si je l'avais demandé à Aze, ou Emily, peut-être qu'on aurait pu foutre ça sous le compte de la famille ou de l'amitié forte mais là, c'était même pas le cas. Je crois que je m'en veux un peu, au fond, de demander à Zecke de subir ça pour moi, pourtant, j'étais incapable d'aller ailleurs qu'ici, avec lui, sans vraiment savoir pourquoi.
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Tu sais pas où t'es dans ta propre vie, River, et tu penses honnêtement pouvoir aider quelqu'un d'autre. Mais tu comprends même pas encore pourquoi c'est à toi qu'on demande quelque chose, en général on vient surtout te voir pour te taper sur la gueule, pas vraiment pour te demander des conseils. Sûrement parce que t'es pas lié à beaucoup de monde, ou peut-être que c'est parce que t'es pas avenant, mais l'un comme l'autre ça te dérange pas vraiment, t'es pas psy, c'est pas comme si tu savais quoi faire pour remédier aux problèmes des autres, tu t'en sors déjà pas tellement avec les tiens. Mais c'est peut-être pour ça que tu l'as fait entrer dans ton appartement, parce que tu t'en sors plus. Tu l'aimes le silence, en règle générale, mais depuis quelques temps, il t'empoisonne au point que tu cherches désespérément à t'en éloigner, pour ne plus laisser ton esprit dériver, pour ne plus entendre le rire de Lana dans l'écho d'un couloir ou même la voix d'Aidan au plus proche de toi. Parce que ton passé te hante, encore et encore, et ta vie actuelle, fade, te donnerait plus envie de te tirer une balle que chercher à te sortir de cette boucle. T'as arrêté de vivre quand ils sont partis et la survie ça a jamais été ton point fort. T'aurais dû, sans doute, sauter de cette montagne, t'écraser au sol, entendre ton tigre gémir une dernière fois, et le cri de cette fille qui n'avait rien demandé mais à qui tu n'avais, quelque part, jamais fait de mal. Sans doute que si on lui posait la question elle n'aurait jamais su dire pourquoi elle avait été kidnappée. C'est le fait de ton esprit inconstant, aux limites du danger, l'impulsivité qui détruit au fur et à mesure tous ceux que t'as jamais connu. La première, c'était Violet. A te subir, toi et ton comportement. Du jour au lendemain, l'abandon, et ironiquement, ce doit sans doute être celle qui s'en est le mieux sorti, parce que t'étais plus là pour la pervertir. Puis y a eu Zelda. On y va trop vite, pas assez préparés, et toi tu pensais que c'était la meilleure solution, jusqu'à voir son corps au bord de la mort. La panique elle te poursuit encore dans tes cauchemars parfois. En réalité ça fait bien des années que tu dors plus, ça date pas de ta renarde. Mais est-ce que ça a été la fin ? Celle qui t'a poussé à ouvrir ta porte pour oublier ne serait-ce qu'une heure ce qui te tient éveillé la nuit, ce qui te fait fumer, ce qui te fait boire ? Sans aucun doute.

T'attrapes la bière que Zach te tend puis met ta cigarette sur un coin de ta bouche pour finir par l'allumer. Tu te demandes brièvement si la fumée risque de le gêner, puis au final t'en dis rien, parce que tu te préoccupes pas tant du bien être des autres, faut être honnête. Et là il commence à parler. Tu sais qu'il faut que tu l'écoutes et que t'évites de le couper au maximum alors tu te contentes de hocher la tête ou de le regarder pendant un petit moment. Lorsque la nouvelle tombe, tu restes silencieux. Tu sais pas vraiment ce que ça te ferait, toi, de découvrir qu'Aidan est pas le seul, que t'as un autre frère ou une sœur quelque part. Ou des cousins. Des tantes, des oncles, de la famille quoi. Peut-être que sur le coup tu pourrais être en colère. Te demander pourquoi toi t'as eu ta vie de merde alors que t'aurais pu avoir une réelle famille, une existence normale. Puis sans doute que t'aurais relativisé, que tu te serais dit que finalement t'étais de toute manière pas fait pour une existence normale alors y avait pas de quoi se tirer les cheveux. Mais tu peux admettre que ça a de quoi retourner le cerveau. Ce sujet tellement complexe que celui de la famille, pas vrai ? « C'est qui ce mec ? » Non pas que connaître son identité soit vraiment important, mais l'avoir du point de vue Zach pourrait l'être. Enfin tu supposes. C'est pas comme si tu savais quoi dire dans ces moments là, t'as jamais été du genre à rassurer, toi tu mets les pieds dans le plat et tu t'en rends pas compte. « Avant de tenter d'en parler aux autres, faudrait peut-être que tu saches quoi en penser toi. Parce que même si c'est pas voulu, si tu sais pas où t'en es toi, tu vas forcément t'accrocher aux avis de ta famille. C'est le meilleur moyen de faire foirer quelque chose.» Se laisser influencer jusqu'à en oublier sa propre capacité à réfléchir, on peut dire que t'étais maître dans l'art ouais.

Tu bois une gorgée de bière puis tu le regardes. Le mec a vraiment l'air perturbé, tu peux pas le lui enlever. Tu commences à comprendre pourquoi c'est toi qu'on vient voir, pourquoi c'est toi qu'on vient emmerder, quelque part. Aidan. C'est ironique quand on sait que la relation avec ton frère est pas la meilleure. « Que t'aies envie de casser la gueule au monde entier je peux comprendre. » Tant qu'il tente pas de te foutre une baigne. Bon samaritain mais pas trop hein. Pourtant tu tiques sur sa dernière phrase. Parce que ouais, t'aimes ton frère. Mais tu te retrouves pas dans son histoire, non. Comment est ce que tu le pourrais ? Toute ta vie, il a été ton seul ancrage. Pas de parents, pas de famille autre que vous. « Tu sais pourquoi j'aime mon frère ? » Question rhétorique, tu ne lui laisses pas vraiment le temps de répondre. Puis rien que le fait de parler d'amour avec quelqu'un que tu connais à peine te donne envie de gerber, pourtant tu fais avec. « Parce qu'il a toujours été là. Parce que j'ai grandi avec lui, qu'il a assuré mes arrières autant que j'ai assuré les siennes. J'aime mon frère parce que sans lui je serais mort ou en taule, parce que j'aurais jamais pu me remettre de la mort de Zelda et que j'aurais buté ce putain de flic avant de me tirer une balle. » ça te fait un peu grincer des dents, ça doit être depuis cette conversation avec Skye que tu l'as pas évoquée, Zelda, à haute voix. « T'aimes pas ta famille parce que t'es obligé. Ton frère il doit te prouver que tu as de quoi lui faire confiance et t'accrocher. Comme tu considères d'autres comme ta famille alors que tu n'as aucune relation de la sorte avec eux, le sang signifie pas grand-chose tant que le reste est pas à la hauteur. » Tu prends une pause, bière, clope, le cercle infini que t'arrêtes jamais. « Maintenant reste à savoir si t'as envie de voir si il vaut le coup ou si tu veux pas lui laisser de chance. L'un comme l'autre t'auras pas à t'en vouloir.» Tu réponds même pas à sa tentative de fuite, parce que tu sais que s'il est là c'est qu'il avait pas ailleurs. Venir te voir toi, ça a du être dur, et t'as du mal à le voir partir avant d'avoir pu faire quelque chose.
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