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 (jeremiah) for my darling

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for my darling
Jeremiah & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Il avait cessé de glander dans les couloirs. Les heures de cours rimaient avec ennuis pour Oswald. Hormis quelques freluquets à rattraper dans les couloirs –bien qu’à cet âge-là, l’idée de sécher les cours étaient moindre que chez les plus âgés, il n’avait rien d’autre à faire. Alors, il assassinait froidement le temps autrement dans la vie scolaire. Le triton restait côté du téléphone, prêt à le dégainer si jamais les parents prévenaient d’une absence. Il n’y avait eu que cette rixe dans la cours d’école qui lui avait apporté un peu d’animation. L’un des garçons avaient mangé un mur un peu trop fort et vu le sang qui s’écoulait de son front, il avait jugé bon de l’emmener à l’infirmerie. Un moment d’action amoindrit quand l’infirmière avait pris en charge le garçon. Si bien qu’il avait passé le restant de son après-midi accoudé à son bureau, l’air songeur. Son crayon dansait sur le papier, notait des choses dont il ne saurait donner une signification. Il prenait note de ce qu’on lui demandait, et il ne cherchait pas plus loin. De temps en temps, il se permettait quelques petites remarques sur l’orthographe, tentant de faire une plaisanterie cynique. Sans grand succès. Un soupir avait traversé ses lèvres, et il avait fini par remettre son sac à bandoulière sur son épaule et quitter l’établissement. Il n’était que 17h et Oz semblait déjà perdu. Il ne savait pas par où commencer pour perdre son temps, alors il était allé trainer ses fesses dans la rue de Coconut Grove. Le dernier tsunami n’avait pas laissé de traces marquantes et ce n’était pas plus mal. Car dans certain quartier, comme le sien par exemple, les séquelles étaient toujours présentes et toutes les réparations n’étaient pas encore effectuées. Il serait temps, mais il n’était pas pressé. Les mains dans ses poches, O’Neill semblait à la fois miséreux et princier avec ses vêtements amples et son keffieh qui lui servait d’écharpe. Il aimait beaucoup ces derniers, mais ce n’était pas de l’avis de ses ex. Cela faisait dépraver à ce qu’il paraissait. Cela dit, s’il devait s’attarder sur tous les préjugés, cela ferait bien longtemps qu’il ne chercherait plus à sortir de chez lui. Il n’avait pas tardé à s’allumer un de ses fameux petits cigares, cachant la flamme du vent pour ne pas qu’elle s’éteigne. Savourant la première bouffée, puis la seconde, il avait un air apaisé sur son visage. Cette toxique manie avait le don de lessiver son esprit de toute les mauvaises pensées qui pouvaient le traverser et c’est d’ailleurs grâce à elle qu’il affichait toujours ce perpétuelle calme. Il lui restait un peu d’argent ce mois-ci. Pas de quoi s’acheter une voiture neuve, mais au moins s’accorder un petit plaisir comme un vinyle d’occasion. C’est pour cette raison qu’il était entré distraitement dans cette boutique. Il fouillait les bacs, regardait toutes les couvertures qui pouvaient attirer son regard. Et bien que Deep Purple fût tentant pour l’irlandais, il n’avait pas pu passer à côté d’un Elvis Presley. Une chanson d’amour, qui lui apportait autant d’idée que de mélancolie. La même sur lequel il avait dansé un slow avec Rose, de quoi encourager une moue de cocker triste sur son visage habituellement stoïque. Love me tender, love me sweet, never let me go. Il se souvient encore de ce moment où ils s’étaient regardés dans les yeux, se jurant mutuellement de ne jamais s’abandonner. Oswald regardait le prix. Quand on aime, on ne compte pas. Cette citation n’avait jamais été aussi vraie qu’avec l’ondin. Lui qui essayait de se rabibocher avec Rose, peut-être qu’en la prenant par les sentiments avec ce disque, elle daignerait à lui adresser la parole. Les voir partir en morceau, à cause de lui, briser son cœur à tel point qu’il le sentait endurcis. Oz avait enlevé le disque du bac, se dirigeant vers la caisse. Il s’était éclaircit la gorge, se demandant si le gérant l’avait vu arriver –sans mauvaise blague-. « Bonjour, je vais vous prendre ceci s’il vous plait » fit-il poliment, se rendant compte du prix et de son incapacité à le payer. Outch, triste retour à la réalité. « Est-ce que … Est-ce que ça vous dérange si je le paye en plusieurs fois ? J’aime beaucoup cette chanson, je la jouais moi-même pour une … amie, et j’aimerais lui offrir ce disque ». Il se justifiait, du mieux qu’il pouvait, espérant que le vendeur accepterait de lui faire une ristourne ou une faveur.
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❝ love me tender, love me true ❞for my darling.Ecoutant Leon remonter les escaliers tandis qu’il retournait à notre appartement pour y prendre ses médicaments et se reposer, je me remis à penser, comme à chaque fois. A quoi ? A plein de choses en réalité. Beaucoup de choses qui n’avaient ni queue ni tête. Comme par exemple, je repensais à son insistance - qui datait de dix minutes encore avant - à me demander d’où venait mon choix du nom de la boutique. Fairy sound. Il savait bien que ça avait un rapport avec sa race, puisqu’il était une fée. Et Sound, le son. Mais j’avais littéralement exigé que ce soit ce nom là. Sans lui expliquer pourquoi. Il me connaissait bien, Leon… Il savait qu’une véritable signification se cachait là. Simplement, je savais qu’il ne pouvait pas comprendre.

La musique avait toujours eu une importance vitale dans ma vie. Lorsque j’étais enfant et que je vivais dans une famille où la musique n’avait qu’une place toute moindre, voire même était-elle associée au Malin, je me contentais d’un rien. D’une kermesse, ou simplement tendre l’oreille pour entendre le voisin passer ses CD. J’avais le bonheur d’être doté d’une oreille absolue, ainsi… J’avais une excellente portée. Et quand je m’étais enfin émancipé d’eux… J’étais enfin parvenu à engranger toute une vie de musique. Surtout en devenant réellement aveugle, surtout durant mes voyages. A un tel point que je crus bien arriver à l’overdose.

Et ce qui empêcha l’overdose d’arriver, ce fut quand je me rendis compte que la musique, ce n’étaient pas seulement des voix, des chants. C’étaient aussi ces petits bruits de la vie. Comme… Le coeur de Leon. Ce son que je m’étais mis à apprécier tout particulièrement, tandis que je dormais sous la couette, la tête sur ses côtes. C’était ça, le Fairy Sound. Ses battements de coeur. En réalité, je voyais ce nom de boutique un peu comme une bénédiction, un petit chapelet en l’honneur de ces boum boum que j’espérais entendre encore longtemps. Je comptais me battre pour ça.

Cette réflexion menait à une autre. Bientôt, d’ici quelques semaines, nous devrions fêter notre rencontre. J’ignorais s’il y pensait, s’il comptait le célébrer d’une façon ou d’une autre, mais moi, j’y tenais cette fois-ci. Mais avec quoi ? Je n’avais pas la moindre idée, voire même je séchais. Et je continuais à réfléchir, tandis qu’un client entra dans la boutique, se dirigeant directement vers le coin des vinyles. J’en eus un sourire en coin, tout en lançant un bonjour. Je n’étais pas de ces vendeurs qui demandaient à tout bout de champs s’ils avaient besoin d’aide, au contraire, je me contentais d’analyser le bruit de leurs recherches. Il était facile de deviner quel genre de client c’était juste en tendant l’oreille. Et vu qu’il avait simplement pénétré dans les lieux de façon non-chalant, le pas léger, il passait simplement le temps, fouillant doucement les étals, du côté rock. Hé bien… J’attendais tout simplement, réfléchissant à ce cadeau qui ne venait pas.

Par contre, mon client vint, me déclarant qu’il voulait prendre ceci… Oh, Elvis Presley, Love me tender. Parfaitement dans mon état d’esprit… Je n’étais pas de ces êtres démonstratifs, mais la musique d’amour avait tendance à me ramollir légèrement, surtout lorsqu’elle était si belle. Cependant, j’étais assez surpris de l’entendre me demander s’il pouvait payer en plusieurs fois. Je passai ainsi le pouce sur le tarif de l’étiquette, noté à l’encre mais aussi en braille… Certes, ce n’était pas donné. Et je ne reconnaissais pas cette voix, ainsi ce n’était pas un client régulier. Cependant, j’entendais aussi la désillusion dans sa voix. J’étais sensible à ce qu’il disait… C’était là mon talon d’Achille : la musique devrait être accessible à tous. Malheureusement, je tenais un business, et je devais le faire tourner. Alors, je retirai le vinyle de la pochette, pour le disposer dans la platine. Je lançai ainsi à volume réduit cette musique même qu’il jouait apparemment pour une… amie comme il disait. Il voulait l’offrir hum… Comment s’arranger ?

”En réalité, je n’ai pas encore de politique sur le paiement en plusieurs fois. Enfin, je pourrais le faire si je vous connaissais, et que j’avais l’habitude de vous avoir comme client. Comme ce n’est pas le cas… Discutons un peu, histoire de voir ?”

Je m’assis alors sur mon tabouret, montrant du doigt qu’il y en avait un, dissimulé sur le côté d’un bac, et qu’il pouvait s’en servir s’il le voulait. Après tout, la boutique était vide pour l’instant, totalement même.

”Parlez moi un peu de vous. On peut voir si on a un moyen de faire un échange de procédé. Si vous me dites que vous êtes plombier, j’ai de quoi demander, par exemple.”

J’étais décidement trop gentil. Mais aussi il fallait dire qu’il était dans le jour parfait pour ça. Manquait plus qu’il ajoute qu’il était artisan, et son vinyle, il l’avait en cadeau.
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« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
En passant le seuil de cette boutique, la sensation de retomber trente ans en arrière. Les disquaires suscitaient autant d’admiration que de compassion aux yeux d’Oswald, sans doute lié par un contrat invisible qui est celui de la musique. Dommage que de son côté, musique rime avec chagrin dorénavant. Il ne grattait plus avec passion, mais avec mélancolie. Quand les regrets le tirailler et que son cœur se serrait, il essayait d’évacuer avec quelques mélodies tristes. Il ne jetait pas la faute de sa solitude sur ses ex-compagnes, non. Il savait prendre sur lui, il savait que c’était de sa faute. C’était trop facile de rejeter la faute sur les autres. Cette part de responsabilité et de bienséance le muet dans le silence. Il ne parlait pas beaucoup Oz’, mais quand il le faisait c’était avec sagesse. Quoi que, pouvait-il vraiment prétendre à cette qualité ? Quand il voit ce que Margot était devenue, il se disait qu’il avait manqué d’attention sur elle. Ou alors, qu’au contraire, il lui en avait trop donné. Ses enfants le haïssait parce qu’il avait consacré toute son attention à Margot, et Margot le détestait parce qu’il n’en avait pas assez fourni. Quelle vie de merde. Alors dans ce havre de paix, ce temple de la musique qui sentait bon le vieux, il prenait une pause. S’il était riche, le triton n’écouterait que ses pulsions et il prendrait  tout. Du Classique au Jazz en passant par le Blue et le Metal. Sauf qu’il n’était pas riche et que s’il voulait faire un caprice dans ce lieu, il devait se concentrer sur ce qu’il aimait le plus : le Rock. Qui n’aimait pas le Rock ? Le Rock est si vaste comme famille musical, et pourtant si jeune. Il a donné naissance à la Pop, à la Soul et même au Hip-Hop pour certain morceaux. Il possède de nombreux dérivés, tous aussi variés les uns que les autres. Se serait inconscient d’affirmer que l’on n’aime pas le Rock, ou alors un idiot qui n’y connait rien et qui se contente de démentir pour montrer qu’il ne suit pas la masse. Si Oswald était vraiment mauvais et pourrit, il se ferait une joie de prendre une musique au hasard dans son MP3 et lui décomposer sa musique pour lui prouver que, même s’il n’aime pas ça, il écoute une rythmique et une instrumentation qui tire ses origines du Rock. Fervent défenseur donc, il ne bougonnait pas face à Elvis. Au contraire, il souriait faiblement. Ces connaissances en matière de musique, elles lui ont servi pour séduire Rose. Elle aussi, elle aimait la musique, et elle jouait même du violon de façon original. Loin des larmoyantes mélodies, c’était de la musique dynamique, typiquement irlandaise, sur lequel on pouvait danser toute la nuit. Elle lui avait confié une fois qu’elle était amoureuse d’Elvis. A croire que le King avait du charme, sa mère aussi était atteinte de ce syndrome. C’est peut-être pour ça qu’il s’amusait à l’imiter. A défaut de chanter love me tender, il voulait acquérir le disque pour l’envoyer à Rose. C’est seulement à ce moment précis qu’il avait remarqué le vendeur et son handicap. Non pas qu’il était invisible, mais c’était Oswald qui avait tendance à s’effacer du décor. Le triton ne disait rien et il regardait ce dernier passer son pouce sur l’étiquette. Il comprenait mieux comment il faisait, mais il se demandait si toutes les étiquettes étaient pourvu de ce système de braille ou bien, si c’était inédit à cette boutique. Oz gardait la question pour plus tard, le regardant glisser le vinyle dans l’appareil prévu à cet effet. Il avait reculé un peu la tête, mais avec le sourire. Il appréciait l’initiative et il se laissait bercer avec le sourire. Cela dit, il ne devait pas se montrer impoli. Relevant le menton lorsqu’il avait répondu. Il remettait les pieds sur terre pour quelques secondes, l’air ailleurs. Pendant les premières phrases, Oswald croyait qu’il lui refusait sa faveur avant qu’il ne continue. Le cinquantenaire avait haussé les épaules, pourquoi pas. Après tout, il n’était pas spécialement pressé de rentrer chez-lui. « Si vous voulez. Je m’appelle Oswald O’Neill, je suis surveillant au collège de Bray, bien que ça ne soit pas par choix, plutôt par besoin. J’aurais aimé être artiste, mais dans la vie on n’a pas toujours ce qu’on veut ». Un sourire, bien qu’il soit inutile face à un aveugle –quoi que, Oz’ était convaincu qu’ils avaient leur façon de les ressentir-, une idée lui vint en tête. « Oh, attendez, je sais ce que je pourrais vous proposer, je vous emprunte une de ces guitares en vitrine ». Brillant ! C’est du moins ce que sa voix traduisait. S’il ne pouvait pas voir, alors il lui ferait écouter. Il avait laissé toutes ses affaires sur le comptoir, revenant avec ladite guitare en s’asseyant sur le tabouret. Quelque réglage, de simple accords, et il se mit à jouer la musique même qu’il voulait acheter. Il n’osait pas chanter cependant, c’est à ça qu’un bon musicien se reconnaissait. Il laissait l’instrument chanter pour lui.
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❝ love me tender, love me true ❞for my darling.Laissez quelqu’un parler de lui-même était assez parlant. Dans tous les sens du terme. Dans un premier temps, j’étais à peu près certain qu’il avait remarqué que j’étais aveugle. Après tout, un homme qui passait le doigt sur le vinyle pour connaître le prix, avec un regard assez fixe, c’était un indice. Bien que Fluff, mon chien d’aveugle, soit resté derrière le comptoir, presque invisible, c’était certain : il avait remarqué. Pas très discret… Ainsi, je pouvais entendre, dans la voix, comment ces personnes me percevaient, et comment elles se percevaient elles même. Mon analyse n’avait strictement rien de scientifique, mais c’était la mienne, et j’aimais la mettre en oeuvre. Tout se jouait dans le choix des mots, dans les intonations, dans ces sourires qu’on pouvait entendre. Car lorsque les yeux faisaient défaut, les oreilles pouvaient combler ce vide.

Ainsi j’avais face à moi un homme d’un certain âge, désabusé de la vie bien que pas particulièrement méchant. C’était assez rassurant, en réalité… Mais ce n’était pas un plombier, non ! C’était un artiste. Je préférais lui donner ce titre là, car je considérais que ce qui faisait un artiste n’était pas les rentrées d’argent mais bien la passion. Et c’était cette passion là que j’avais entendue lorsqu’il avait emprunté une de mes guitares afin de me proposer un peu de musique. Alors, je m’installai sur mon tabouret haut, histoire d’être à l’aise, pour bien écouter, sans oublier de couper la musique du lecteur de vinyles.

”Allez-y, j’écoute.”


Et les notes sur la guitare ne manquèrent pas de résonner dans la pièce. L’accoustique de la boutique n’était pas géniale, après tout, au départ, c’était un magasin de vêtement, pas le Carnegie Hall… Mais j’entendais au moins ces mains qui parcouraient les cordes, faisant des sons qui, harmonisés ensembles, rappelaient clairement Love me tender. Bien que ce ne soit pas totalement conforme à la musique d’origine, il y avait une adaptation reconnaissable, qui donnait presque envie de chanter l’air. Mais pour apprécier réellement les sons d’une guitare accoustique, il faut parfois accepter de se taire. Et laisser libre court à l’imagination aussi. Imaginer la voix suave et vibrante d’Elvis se noyer dans ces coups de pouces.

Comment on savait qu’il jouait bien ? Tout simplement, par dessus ces notes, et encore par dessus Elvis, je voyais Leon. C’était parfois un peu trop pour moi. J’avais l’impression de me noyer dans une niaiserie sans nom, un romantisme qui ne me ressemblait pas, mais ce qu’il y avait de bien avec la musique… C’était que le son était dehors, mais les pensées restaient à l’intérieur, cachées, lovées dans mes secrets. J’étais de ces hommes qui aimaient en silence, en actes. Qui préféraient montrer ce qu’ils ressentaient, par pudeur, certainement. Plutôt que de simplement le dire.

Bon musicien en effet. C’était dans ces moments-là que je me disais que j’aimerais pouvoir jouer d’un instrument de musique, n’ayant jamais eu l’occasion d’apprendre. Par mon éducation, par la vie que j’avais mené, j’étais bon pour reconnaître un bon joueur, mais pas pour l’être. Il m’arrivait parfois, peu avant la fermeture, que des jeunes de la ville viennent me faire écouter leurs compositions, et j’appréciais toujours ces attentons. Je ne voulais pas avoir d’enfant, je n’aimais pas l’idée en avoir dans les pattes tout le temps, toute la vie, mais qu’ils viennent me faire écouter leur fierté… J’aimais ça. Au moment où Oswald s’arrêta, je pris la parole.

”En effet, je constate qu’il y a de l’attachement pour cette chanson. Merci pour le concert improvisé, c’est toujours agréable. Aussi vous comprendrez que possédant un magasin autour de la musique… Je ne manque pas de musiciens. Mais vous devez bien avoir quelque chose que vous pouvez m’offrir, n’est-ce pas ? Généralement, les artistes n’ont pas un seul domaine de compétence… Et j’aime l’art en général.”

J’avais bien envie de l’aider. Je me sentais un peu ramolli par la musique, par ce que j’avais ressenti en l’écoutant. Mais je ne voulais pas non plus ouvrir la porte à toutes les dérives. Car si je faisais des facilités à un client, je devrai le faire à tous… Et c’était la mort à petit feu d’un commerce si je faisais cela…
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« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Oswald n’était pas quelqu’un qui parlait beaucoup. Il estimait que le silence exprimait bien plus que quelques mots. Et puis, il vivait la plupart du temps seul depuis ces derniers mois, il n’avait pas suffisamment d’auditoire pour s’entrainer. Il avait pris l’habitude de se taire, encore plus lorsque Margot était à la maison. Pourquoi ? Aucune idée. Il sentait que sa présence avait quelque chose d’oppressant et cette dernière l’empêchait d’ouvrir la bouche. Heureusement, il avait d’autre alternative. Comme la peinture, l’écriture ou bien la musique. Cette même musique qu’il avait choisie comme moyen de communication avec ce vendeur aveugle. Il pourrait lui montrer ses croquis qu’il gardait envieusement dans la poche de sa veste, ou bien des photos de ses peintures qui s’accumulaient dans son appartement. Mais ces deux derniers points nécessitants la vue, il n’avait plus que le choix de l’audition et les guitares en vitrine lui tendaient les bras pour une démonstration. Secrètement, Oz espérait qu’il n’offensait pas le vendeur. Qu’il ne pensait pas qu’il tirait profit de son handicap pour lui jouer un coup en douce. Chose qui serait totalement fausse puisqu’il avait annoncé à vive-voix qu’il lui empruntait un de ses instruments en vente. Equipé de son arme, il s’était mis à jouer. La concentration était à son comble du côté du triton, et il faisait glisser ses doigts sur les cordes. De la précision, mais aussi énormément de délicatesse à la hauteur de la chanson choisie. Etant donné qu’il avait le vinyle sous les yeux, Oswald n’avait pas songé à jouer une autre chanson pour démontrer ses talents. Il s’était contenté de suivre la mélodie dans son esprit, et les sentiments que son cœur donnait pour colorer cette chanson. Sa tête hochée doucement de bas en haut pour suivre le métronome et le tempo dans sa tête. Il n’y avait aucune fausse note, juste de la douceur. La même qui avait entrainé cette danse avec Rose. En même temps, cela aurait été étonnant. Oswald n’est pas un partisan de la violence, il en va de même pour ses gestes et sa voix. La musique n’est pas finie et il avait terminé en moins de trois minutes, fidèle à l’œuvre d’origine. Dans un mutisme absolue, il relâchait l’instrument pour le poser au sol et le calé contre le comptoir. Oswald attendait patiemment le verdict, ce dernier l’ayant surpris sans vraiment le faire. Il ne savait pas s’il devait prendre ceci comme un échec ou comme une réussite puisque son attention était pleinement concentrée sur la coïncidence qu’il venait de prononcer. La main d’Oswald était partie masser sa nuque pendant qu’il réfléchissait à ce qui pourrait lui répondre sans le blesser. « Non, en effet, je ne sais pas que jouer de la musique. Vous voulez qu’on fasse un troc ? » Une nouvelle idée lui avait traversé la tête, puis Oswald avait sortis son carnet de croquis. Si ce vendeur arrivait à lire le braille, peut-être qu’il réussirait à lire à lire un dessin avec le relief créait par le charbon d’un crayon. Oz devait vraiment aimer ce vinyle pour se montrer aussi insistant pour un rabais. Le triton avait léché ses doigts pour amorcer le feuilletage, baissant légèrement ses lunettes sur son nez pour y voir plus clair. « Je dessine et je peins également. Ce calepin me sert de brouillon, d’ébauche. Si un lieu, une scène ou même une idée me traverse l’esprit et me plait, je la retranscris sur ces feuilles afin de les reprendre à la peinture au calme dans mon appartement. Surtout les jours de pluie, car les jours de beau temps, je peux me permettre de prendre mon chevalet pour m’installer directement sur place. Je … Vous êtes … Et bien.. Je ne sais pas trop comment vous montrer en faites… » L’assurance avait fini par s’envoler dans sa voix. Le doute avait pris sa place, et la maladresse également. Oswald hésitait entre tendre son calepin pour qu’il puisse constater de lui-même, mais comment pourrait-il s’il n’a pas la vue ? Ses mains avaient malgré tout opté pour le contraire en faisant glisser le carnet jusqu’aux siennes. « Ce que je peux vous proposer, c’est de vous payer le disque avec ce que j’ai et combler ce qui manque en vous offrant un de mes tableaux, quand dites-vous ? Dites-moi ce qui vous ferez plaisir, et quelle atmosphère vous aimeriez. Je ne fais pas de portrait par contre, je préfère de loin peindre des paysages, des jardins, des bâtisses, ce genre de choses ». Oswald estimait que c’était un échange plutôt honnête, bien qu’il avait peu d’estimes pour ses tableaux. Ils étaient beaux à ses yeux, mais persuadé qu’ils étaient laids et incompréhensibles pour les autres. Un peu comme Van Gogh de son vivant. « Et si ça ne vous convient pas, ce n’est pas grave. Je reviendrais le prendre un autre jour où je pourrais vous payer la totalité ». Ponctua-t-il avec un léger sourire résigné, persuadé qu’il avait d’ores et déjà perdu les négociations.
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❝ love me tender, love me true ❞for my darling.Lui annoncer ainsi mon verdict était peut-être un peu rude. Mais j’étais ainsi, à tenter de ne pas me laisser trop toucher par cette musique qui était ce qu’il y avait de mieux pour mon âme, après Leon. Il fallait que je crée une distance afin que mes capacités de commerçant restent là où elles devraient être : derrière ce comptoir, sur la même chaise haute que moi. Ces mêmes capacités qui étaient devenues des réflexes, dont l’un d’entre eux était, justement, de tenir ma boutique propre. J’avais entendu ce cher Oswald déposer délicatement la guitare sur le sol, accoudée au comptoir. Je voulais donc la ranger. Bon d’accord, c’était un réflexe qui me venait aussi de ma vie privée… Que vouliez-vous, je vivais avec Leon James, roi des bordéliques devant l’Eternel. Forcément que j’avais envie de ranger ! Et puis, une boutique propre et rangée, ça attirait toujours l’œil. Alors, tout délicatement, je la remis à sa place. Heureusement que je connaissais mon magasin par cœur… Quelques pas en avant, puis l’instinct me remettait dans le bon sens… Je tendais la main afin de créer une cible dans l’espace, pour y ranger la guitare, doucement. Puis, je refermai cette vitrine. Et au moment où je fis cela, Oswald se montra particulièrement intéressant. Un troc… Pourquoi pas. Tout de suite on pouvait commencer à parler de choses sérieuses. Je l’entendais tripoter une série de feuilles, est-ce qu’il comptait me faire lire - ahah - quelque chose ou même voir - double ahah - un dessin ? S’il était un poète j’avais tout de même l’espoir qu’il saura me lire lui-même son texte. Si c’était un dessin… Eh bien, j’avais juste à espérer qu’il appuyait fort sur le crayon, afin que je puisse passer le doigt dessus. Ou alors, j’aurai à déclencher mes dons… Afin de voir de quoi il était capable. En espérant que cela vaille la migraine que ça allait me coûter...

Ainsi, il dessinait et peignait. J’aimais la peinture… Je pouvais la toucher, j’aimais les techniques de relief qui parfois excitait mon imagination de façon que je puisse voir sans avoir à chercher de quoi il s’agissait. Et je pouvais trouver aussi cela dans les sculptures… Voilà pourquoi j’en avais une dans mon bureau, bien cachée, que Leon n’avait jamais vue. Car je me plaisais parfois à simplement toucher cette statue, qui était réalisée à partir de multiples photos de Leon par un artiste de Londres. Enfin, j’espérais sincèrement qu’il n’était pas au courant. Enfin… Cette cachette au fond du placard de mon bureau, elle était parfaite. Cela ne pouvait pas en être autrement. Enfin… Ce qu’il disait pouvait m’intéresser. Surtout s’il était bon… Cela me donnait une idée. Alors, plein d’espoir, je pris son calepin, afin de voir si je pouvais sentir quelque chose sous mes doigts. Ces mêmes doigts habitués au braille…

Mais non. Ce n’était pas assez appuyé, pas assez prononcé. Alors, je pris la décision d’utiliser mon don, juste quelques secondes, tandis que je faisais défiler les pages. Je fermai mes yeux, pour me concentrer sur un futur tellement immédiat… Qu’il en était presque instantané. Ce que j’essayais de faire parfois avec Leon. Et je vis ces dessins, ces croquis, uniquement des paysages. J’étais à peu près certain d’être face à des dessins des alentours de Bray… Ils étaient beaux. Et cette ville aussi. Durant un instant, je me sentis… Triste. D’avoir perdu la vue, et tant de beautés avec cela. Devant me résigner à d’autres sens, qui n’étaient pas la vue. J’allais me plonger assez longtemps dans cette vision pour en oublier le présent… Heureusement qu’Oswald se remit à parler, pour me remettre dans ce plan de réalité.

La migraine arrivait déjà, sourde. Argh, j’avais un peu trop demandé à mes capacités…

Cependant, je devais avouer que s’il avait tendance à rapidement perdre de l’assurance en lui-même, il parvenait à se montrer nettement plus intéressant que quelques minutes plus tôt. Bien plus. Un troc qui me semblait même bien trop juteux. Il me paraissait doué en croquis, qu’est-ce que cela allait donner avec du travail, des coups de pinceaux qui me permettrait de rendre ces esquisses vivantes ? D’autant que tandis que je lui rendais son bien, je me disais que j’avais envie d’une chose en particulier. Une chose que je ne pouvais pas voir sinon dans des visions, qui m’étaient encore plus insupportables puisqu’éloignées. Je voulais voir mon mariage, mais pas nous à l’intérieur, ce n’était pas la peine. Juste… Le lieu.

A mon mariage avec Leon, ce fut un véritable choc des cultures. J’étais cet homme pudique, réservé avec peu d’amis et ayant coupé les ponts avec ma famille. Leon était cet homme exubérant, aux connaissances multiples et à la famille que j’étais parvenu à conquérir, sans trop savoir comment d’ailleurs. Et notre mariage, ç’avait été certainement la plus grande preuve d’amour qu’il n’avait jamais pu me faire. Un simple mariage d’automne, en extérieur, avec la maison familiale en arrière-plan. J’avais une photo, quelque part… Un gros plan, que j’avais encadré quand bien même je savais que je ne le regarderai jamais. Juste, quand je le touchais ce cadre, je ne sentais pas le froid du verre, mais la chaleur de cette main que j’avais eue dans la mienne. Je me levai, malgré ma migraine qui me faisait légèrement grimacer, tandis qu’Oswald semblait perdre la bataille des négociations.

« Attendez, enfin. Je vais vous montrer ce que je voudrais. Et si c’est d’accord… Nous aurons un deal. »

J’avais en réalité deux bureaux. Un que j’avais ici, dans la réserve de la boutique, qui me servait pour l’administration principalement, l’étiquetage, l’inventaire. Et aussi, j’y avais rangé une photo de mon mariage, afin que je puisse y faire mon romantique avec cette photo. Et j’en avais un autre en haut, à l’appartement. Où je faisais mon romantique avec ma sculpture du visage de Leon. Et cette photo, je l’emmenai à Oswald. Cette photo qui montrait une énorme maison typiquement anglaise, avec ce mariage en petit comité.

« Si vous arrivez à me peindre ceci… Alors nous serons d’accord. »
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Jeremiah & Oswald

« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Ses yeux s’étaient jetés sur le côté lorsqu’il avait entendu le vendeur bouger. Il le voyait prendre cette guitare, avec un regard légèrement triste. La même tristesse que les enfants lorsqu’on les prive de leurs jouets. Mais il était tout à fait conscient aussi qu’il n’était pas chez-lui, que ce n’était pas à lui et qu’il avait passé l’âge de faire des caprices. Aussi, Oswald se tût et il n’avait rien relevé. Il se contentait de feuilleter son carnet avec une incapacité à dire où il allait. Parce que concrètement, montrer des dessins à un aveugle, c’est comme vouloir faire écouter un bon morceau de Jazz à un sourd : arrivé à un moment, ça va coincer. Il se taisait pendant un petit temps, avant de reprendre de plus belle pour lui proposer un marché. Ce n’était pas dans ses habitudes de proposer de tels services. Oh non, loin de là même. Oswald avait peu d’estime pour ses peintures. Il ne voyait là que des gribouillis qui ne coûtait rien. Des fresques psychédéliques d’un monde qui n’avait déjà plus aucunes couleurs. Ses toiles traduisaient bien trop souvent l’aspect rêveur de sa personnalité. Celui qui l’empêchait de voir le monde comme les autres et qui, bien souvent, relevait des détails qui n’avaient pas d’importances selon la majorité. Ce genre de petits points, de petit pixels minuscules, si banals que l’on oublie leurs existences. Oz trouvait cela si tristement quotidien qu’il l’avait inclut dans son train de vie comme ceci : une banalité. Avec cette vision, il rendait ses tableaux sans valeur, incapable de défendre ce qu’il juge être un brouillon. Eternel insatisfait qui se laisse balloter au gré des vagues tandis qu’il exposait à cet aveugle ses croquis. Un jour peut-être, il trouvera l’inspiration, il aura le déclic et il réalisera son plus beau chef-d’oeuvre. Il réussira à faire dégager du macabre l’émerveillement et la fascination. Oswald aura alors gagné son pari. Il apportera de la tolérance et de la sagesse en faisant comprendre ses tableaux. Pourquoi il les voyait comme ça, pourquoi il réussissait à apposer toutes ces couleurs ? Au fur et à mesure qu’il pensait, il perdait en confiance. Surtout lorsqu’il voyait que l’aveugle n’arrivait pas à deviner ce qu’il avait dessiné. Cela ne l’étonnait pas. Les yeux étaient tellement essentiels pour lui qu’il n’arrivait pas à s’en priver pour se mettre dans la peau de ces personnes. Cela avait été notable avec Rod lorsqu’il était venu à la maison. De quoi alimenter encore et toujours sa baisse de confiance et son envie de se cacher dans un trou de sourie. Il était prêt à abandonner. Il était prêt à laisser le vinyle sur le comptoir et à s’en aller. il avait même prononcé son abandon, aussi subliminal soit-il. Oswald s’apprêtait à partir sans demander son reste, attrapant sa boite de petits cigares pour en sortir un, prêt à l’allumer dès que la porte sera franchi. Il avait rangé son portefeuille dans sa poche. Il ne revenait pas sur sa proposition, mais plutôt sa décision, persuadé que c’était une mauvaise idée. Puis la voix avait retenti de nouveau et Oswald avait redressé la tête. Il suivait du regard le vendeur qui était partit chercher il-ne-sait-quoi avant de revenir avec une photo. Il lui tendait cette dernière, remettant ses lunettes rondes sur le nez pour mieux la voir en détail. Une maison typiquement anglaise, il séjournait de temps en temps dans l’une d’entre elle lors de ses voyages entre la France et l’Irlande. Ce n’était que de passage, il n’avait jamais le temps d’en profiter, mais il avait retenu que c’était le genre de bâtisse en pierre bien fleurie. Il avait passé sa main sur son bouc, ne plaçant aucuns commentaires. Oz était en train d’imaginer la peinture, la traçait dans le moindre détail avec son pinceaux et il visualisait la palette de couleurs qu’il allait utiliser. “C’est dans mes cordes, je peux vous faire ça en effet” annonça-t-il avec un léger sourire avant de reprendre : “Comment voulez-vous que l’on s’organise ? On peut se retrouver au parc une fois que vous aurez fini votre travail pour commencer à peindre ? Ou alors, vous m’enfermez dans l’arrière-boutique et je me fais muet comme une carpe”. Intérieurement, il riait face à cette plaisanterie parce que sa queue de poisson était celle d’une carpe koï. Et qu’elles ne sont pas connues pour être les plus bavardes. Aucuns poissons ne l’étaient d’ailleurs, c’est ce qui était pratique. Patiemment, Oswald attendait le verdict, se tenant prêt à passer à l’action au moindre accord ou contre-proposition. Il pourrait aussi l’inviter chez-lui, mais depuis le retour de Margot à l’appartement, il évitait de ramener qui que ce soit. Ne serait-ce pour éviter qu’elle soit tranchante avec ses invités. Et puis, c’était bien mieux selon lui de travailler en plein air plutôt qu’enfermer dans une pièce.
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❝ love me tender, love me true ❞for my darling.J’étais plutôt content d’être parvenu à un accord avec Oswald. J’allais devoir me retenir de regarder en vision le tableau… Vraiment… Ou du moins de faire attention à ne pas signaler ce fait-là. Je fis tout de même un sourire ravi, lui laissant la photo dans les mains, histoire qu’il garde son modèle, et je récupérai le vinyle qui était dans son lecteur, pour le ranger dans sa pochette de papier carton. A partir de là, je l’écoutai me demander la marche à suivre, savoir comment on allait s’organiser. C’était une bonne question… Leon n’était pas en forme aujourd’hui, je n’avais pas très envie de lui demander de tenir la boutique pendant que j’allais voir ailleurs au parc, s’il avançait bien. Parce que je ne comptais pas l’enfermer pour qu’il bosse, le pauvre… Déjà, s’enfermer quand on est un artiste qui peint l’extérieur, j’avais tendance à penser que c’était assez contre-productif. Et puis… J’avais envie de faire confiance. De voir si je pouvais lui lâcher du mou, lui donner toutes les cartes en main pour voir s’il allait respecter sa part du marché. Ainsi, je pourrais le rejoindre plus tard, au parc, s’il y était.

Je rentrai le prix du vinyle dans la machine, pour ensuite rapidement compter de tête le pourcentage de réduction pour arriver au budget de mon nouveau peintre. Une fois cela fait, je déclarai, tout simplement :

« Je vais vous faire confiance, encaisser la part que vous voulez payer, et vous retrouver quand je ferme au parc. D’ici, allez, deux petites heures ? Vous n’aurez peut-être pas fini, mais ça m’aérera la tête disons. »

Je pris alors son moyen de paiement, pour encaisser, et le remercier ensuite. J’étais plutôt ravi, en réalité. Je venais de trouver, pour peu cher, un magnifique cadeau pour mon mari, et j’avais grand espoir que ça lui plaise, en réalité. Il y avait une possibilité infime que cela le laisse assez indifférent, dans le sens où c’était un tableau… Mais pour le coup, j’étais assez sûr de moi. Alors, quand je finis par être tout seul dans le magasin, je ressentis l’urgence de m’occuper, pour ne pas fermer plus tôt aujourd’hui, pour m’enfuir au parc, afin de voir le tableau. J’aurais pu observer le futur d’ici mais… Je voulais m’éviter de trop grosses migraines, surtout que j’avais poussé un peu tout à l’heure. La proximité physique et temporelle avec l’objet que je recherchais, c’était ce qu’il y avait de mieux pour justement esquiver ces ennuis.

Je rangeai alors, musique un peu à fond les ballons, que je baissais dès qu’un client arrivait, pour remettre aussitôt étais-je seul. J’eus aussi quelques clients pour le studio d’enregistrement à l’arrière, je pus gérer quelques arrangements sonores, vu qu’ils n’avaient pas d’ingénieur du son. Ce qui fit qu’à l’heure où je devais fermer, le temps avait filé à toute vitesse. Heureusement ! J’avais juste à monter, pour prévenir Leon que je voulais faire quelques petites courses – j’allais devoir en faire pour que cela soit réaliste – puis que je rentrerai à temps pour manger. Après tout, je ne passerai pas la nuit au parc, et tant pis s’il n’avait pas fini ce soir… Je n’étais pas non plus trop pressé, nous avions un peu de temps avant notre anniversaire de mariage.

Sur ces paroles, col de veste bien remonté, je récupérai Fluff, mon chien d’aveugle, afin de me déplacer en toute sécurité jusqu’au magasin pour acheter des bêtises comme des mouchoirs, et aussi une bouteille de vin, une envie soudaine, ainsi qu’une boite de gâteau pour grignoter quand j’avais un petit creux au boulot. Une fois cela fait, et rangé dans un petit sac, je me rendis au parc. J’ignorais où il se trouvait très exactement, mais au moins j’avais pu lui dire de s’installer à côté du banc où se trouvait un cœur entourant un L et un J, qui aurait pu être celui de mon mari et moi… mais non. Nous avions d’ailleurs ri par rapport à cela, et c’était mon point de repère. Alors, une fois arrivé là, j’appelai timidement Oswald, espérant ne pas passer pour un total abruti, ça aurait été dommage…
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« After the first glass of absinthe you see things as you wish they were. »
Oswald s’en voulait presque d’avoir rendu les armes aussi vite. Il avait déjà abandonné dans son esprit. Il était en train de dramatiser dans le plus grand des calmes. Ce qui est assez alarmant tout de même lorsque l’on sait que le bonhomme à plus de cinquante ans maintenant et qu’il tire la même tête qu’un enfant à qui on aurait enlevé son jouet fétiche pour être puni. Puis il relativisait. Ce n’était pas une édition limitée. Le vinyle peut-être, mais cela restait un des plus gros tubes de ce cher Elvis. Et qui dit succès dit argent, et les tirages ont suivi. Il pourra le retrouver plus tard, il suffira de se montrer patient et de ne pas vider la paye dans les verres au bar. Est-ce qu’il allait réussir à tenir ? Sûrement pas. Il n’avait rien trouvé de mieux pour tenir. Que voulez-vous ? Certain se shoote pour ne pas dégommer des portraits à tout bout de champs, Oz lui boit. Et quand bien même il ne buvait pas, il n’aurait pas assez de cran pour lever la main sur quelqu’un ou bien lui faire du mal. C’est dans sa nature. Il est foncièrement bon, et ça lui joue du tort. Cependant, le vendeur avait fini par accepter sa proposition et son visage s’était illuminé timidement avec un petit sourire caché sous sa moustache. Intérieurement, c’était une explosion de soulagement, un Big Bang de ressenti aussi divers et variés qui lui faisait du bien. Oui, du bien ! Oswald n’était pas totalement dépressif encore, il tenait bon et il savait ressentir la joie et le bonheur. Il lui suffisait pour ça d’être avec ses marmots ou d’avoir, comme toute de suite, une petite victoire dans la journée. En toute humilité, il se retenait de trépigner ou de faire suffisamment de bruit qui sous-entendrait qu’il était en pleine ébullition, et il s’était contenté de hocher doucement la tête. D'acquiescer tout simplement en écoutant la requête de l’aveugle. Une histoire de mariage, classique aurait-il envie de dire si les siens ne se résumaient pas au mot désastre. Il avait étudié la photo longuement, c’était largement dans ses cordes se disait-il tandis qu’il avait donné son accord. “Parfait, va pour le parc, je vous y attendrais. Cela va me prendre du temps de toutes façons. Je vais payer en espèce s’il vous plaît.” Avec ses soucis de banque, Oswald avait oublié l’idée de payer par carte bleue. Trop d’angoisse sur une machine qui pourrait lui afficher paiement refusé à tout moment. Une fois la transaction terminée, il avait rangé le tout et il était sortit. Il aurait pu lui montrer sa bonne foi en lui confiant le vinyle et en lui demandant de le lui apporter au parc pour prouver qu’il viendrait. Mais premièrement, ce n’était pas sa mule. Et deuxièmement, Oz avait réussi à obtenir la confiance de l’aveugle, il n’y avait nul besoin d’en faire trop. Il s’était pressé de retourner à son appartement pour déposer soigneusement ce trésor debout, calé sur une étagère avec l’aide de ses livres, et il avait pris son matériel pour se rendre au parc. Comme la photo était l’élément essentiel pour réaliser sa peinture, aucun risque qu’il l’oublie. Chose qui était beaucoup moins sûr pour ses outils. Vous allez voir, à tous les coups, il va oublié un pinceau, sa palette ou que sais-je encore. La vieille Lada break beige avait réussi à démarrer par on ne sait quel miracle et il s’était dirigé vers le parc en toute tranquillité. Il avait encore le temps, ça ne faisait même pas une demi-heure qu’il était sortit du magasin. une fois arrivé sur place, Oswald avait pris son temps pour installer son matériel afin que tout soit impeccable. Il avait planté son chevalet parmi les graviers, il avait posé ses fesses sur le banc -celui d’à côté, il était trop poli pour s’asseoir sur l’amour des autres- et il avait commencé. D’abord une grande couche de bleu, le ciel était bien trop vaste et pauvre en mouvement sur la photo que cela faisait de lui la couleur fond parfaite. Ensuite, il s’était attaqué à la pelouse, aux arbres et aux plantes en prenant soin de laisser l’espace nécessaire pour la maison. Chaque brin d’herbe compte, et une multitude de nuance de vert se retrouvait, donnant ce petit côté pelouses sauvages. La longueur des épis, courte, laissait supposer à un gazon entretenu et non pas laissé en friche dans la nature. Sa palette était un véritable bordel où toutes les nuances du tableau se mélangeaient. Cependant, c’était un bordel organisé comme se plaisait à dire Oswald, et il s’y retrouvait. C’était pour lui l’essentiel. Il avait entendu les bruits de pas accompagnés d’un claquement de canne. Aussi, il n’avait pas eu de mal à deviner qu’il s’agissait de son “client”. C’était amusant d’ailleurs de constater que les rôles étaient inversés cette fois. “Je suis là. A votre gauche, trois mètres plus loin. Venez, venez, asseyez-vous. J’ai commencé, je suis actuellement en train de faire la façade en pierre fleurie.” Tout en le lâchant pas sa toile et son pinceau, Oswald s’était légèrement décalé pour laisser de la place face à son oeuvre. Ça ne servait à rien, bien sûr, mais il pourra toucher une fois que la peinture sera sèche. Oz avait réapprovisionné son pinceau en couleur avant de reprendre. “Il y a beaucoup de détails et de végétations, mais il sera fini avant ce soir. Il faudra juste lui laisser le temps de sécher”. Un petit sourire, et il avait repris ses pétales minuscules et rouges, les rosiers grimpants sur la façade lui donnaient beaucoup de fil à retordre, mais c’était pour une bonne cause. Une fois reproduit, cela rendait magnifique.
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❝ love me tender, love me true ❞for my darling.J’avais appelé mon peintre afin de savoir où il était, et il n’avait pas tardé à me répondre, me donnant des instructions pour m’approcher. J’appréciais l’attention, beaucoup avaient tendance à penser que juste avec le son de leur voix, j’étais capable de les situer dans un monde qui était terriblement vaste. De plus, il avait la délicate attention de me décrire ce qu’il faisait, ce qui n’était pas le cas de tous. J’en venais à vraiment apprécier cet homme, qui était également de parole.

Ah ! J’avais bien eu raison de lui faire confiance.

J’avançai donc à ma gauche de trois mètres, jusqu’à sentir effectivement le banc avec mon bâton d’aveugle. Je le repliai donc pour ensuite m’installer, craignant de le percuter. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Le dieu des aveugles était avec moi ! D’autant qu’il continuait à me parler, me déclarant que cela serait certainement fini ce soir. Oh mon dieu, j’étais surexcité, et surtout, mort d’impatience. Je voulais le voir ! Mais j’avais déjà forcé un peu plus tôt. La migraine pointait le bout de son nez… Ce n’était pas sérieux.

« Merci beaucoup, Oswald, j’apprécie. »

Je pris donc un petit moment pour simplement fermer les yeux, réellement – les garder ouverts quand cela ne serait à rien, c’était bien plus épuisant qu’on pouvait le croire. Alors, je me contentai de retirer ces lunettes de soleil, puis j’écoutai simplement les alentours. Le bruit de la vie, les voitures, les enfants qui passaient, les parents qui donnaient des ordres. Je n’aimais pas les enfants, ce n’était vraiment pas mon truc. Gérer des caprices, nettoyer des couches, les entendre jouer toute la journée, ce n’était pas mon truc. Mais les écouter de loin, ça pouvait être amusant.

Cependant, c’était vraiment difficile de me concentrer sur ce bruit, sur quoi que ce soit, alors que je n’avais envie que d’une chose, une seule. Voir la peinture, telle qu’elle était maintenant. Bien trop excité ! Je n’étais guère mieux que ces enfants qui voulaient tout, tout de suite. Je le voulais maintenant ! Et je me sentais céder à ce désir. Je cédais totalement.

J’ouvris donc les vannes, tentant de ne pas voir autre chose que ce tableau dans un futur de quelques secondes. Moins épuisant, et surtout, plus immédiat. Comme si je voyais réellement. C’était compliqué mais à force d’essais je… J’y parvins.

Il était fidèle, ce peintre. Vraiment fidèle, et c’était surtout beaucoup plus représentatif qu’une photo qui commençait à vieillir. Car je ne m’étais pas marié hier, mais il y avait déjà quelques années maintenant. Je me souvenais de ce jour, du bonheur que j’avais ressenti. Même si j’avais été atrocement stressé par les préparatifs, je me souvenais de Leon qui m’avait demandé de me détendre et… Je l’avais juste fait. Je m’étais détendu. Laissant la wedding planner faire son boulot. J’avais pu savourer chaque moment écoulé dans cette cérémonie toute simple, que même ma sœur n’était pas parvenue à gâcher. Elle s’était même tenue à carreau durant tout ce temps.

Et je regardais donc tout cela prendre vie sous le pinceau de cet homme qui comprenait ce que cette photo dissimulait trop. J’en étais heureux, en réalité. Vraiment heureux. Tellement heureux que je déclarai une phrase un peu trop vite, juste un petit peu trop vite.

« Je verrais bien ces briques de la maison un peu plus rouge. Tu sais, ce rouge brique qui devient presque aveuglant avec le soleil. »

Cependant, juste après l’avoir dit, je me figeai. J’étais aveugle, je n’étais pas censé le voir, son tableau. Vraiment pas. C’était la migraine qui me faisait dire ça. Il fallait que je corrige le tir ! Vite, vite !

« Enfin, je veux dire, elles étaient comme ça. Il me semble. »

Je restai ainsi, droit comme un piquet. Argh ! C’était terrible de ne pas pouvoir parler de mes dons avec quelqu’un, de temps en temps. Je parvenais à les réprimer, la majeure partie du temps. Mais il n’en restait pas moins que parfois, il aurait été agréable de les partager avec quelqu’un qui ne crierait pas à l’horreur parce que j’étais un oracle. Et Oswald… Je n’en savais rien, s’il était une créature. Certainement pas un oracle, il était voyant… Mais je ne tenais pas vraiment à le savoir, à cet instant précis. J’avais juste l’espoir qu’il me prendrait pour un homme fatigué, qui ne savait pas vraiment s’exprimer.
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