Baby, I've been livin' in the dark, The only friend I got here's my broken heart - Emily

nom Dunham prénom Emily âge 28 ans lieu et date de naissance Le 5 juillet 1990 à Bray orientation sexuelle hétérosexuelle statut marital Célibataire métier/études Employée au service juridique de la mairiesituation financière Relativement confortable organisation Aucune (encore ?) ft Gina Rodriguez

Gentille par nature. Elle ne sait pas être méchante, elle ne sait pas détester, ça n’est pas dans son programme + Timide + Peu à l’aise face aux gens + Parle peu + Prudente, parfois trop + Intelligente, et surtout curieuse du monde qui l’entoure + Optimiste + Part du principe que les gens vont l’abandonner + Tête en l’air + Susceptible + Peureuse +

« But your love, it isn't free, It has to be earned. Back then I didn't have anything you needed, So I was worthless”

Je ne me rappelle pas de la dernière fois que mes parents m’ont dit qu’ils m’aimaient. Ni de la première fois. Ni d’aucune fois, en fait. J’ai fini par accepter qu’ils ne le disaient pas parce qu’ils ne le ressentaient pas. Que j’étais un accident de la vie qu’ils avaient accepté à contre cœur. Il faut dire qu’ils étaient heureux, mes parents. Ma mère rencontre mon père à vingt ans, lui en a deux de plus. Ils se marient rapidement, l’argent de la famille de mon père aidant. Ils voyagent ensuite. Leur plan, dans la vie, c’est d’être à deux, de vivre tout ce qu’il y a à vivre. Et puis, ironie du sort, contraception foireuse, manque de chance, ma mère tombe enceinte à trente ans passés. Ils garderont l’enfance, parce que ça ne se fait pas d’avorter d’après les principes très catholiques de mon père. Me voilà, Emily. Mes parents subviennent à mes besoins, sans problème, mais ça s’arrête là.
Ils me supportent, néanmoins. La plupart du temps. Le reste, ils m’envoient chez Andy, le frère de ma mère. Au fond, Andy est la seule personne qui m’ait aimée comme un parent. Il a comblé le vide intense au fond de moi, un peu. J’y allais régulièrement, et j’étais heureuse. Et mes parents aussi, puisqu’ils avaient la paix.

“Everybody's got a dark side, do you love me? can you love mine? »

J’avais presque huit ans quand j’ai eu ma première vision. Je ne savais pas ce que c’était à l’époque. J’ai pris ça pour un cauchemar. Un atroce cauchemar dans lequel ma mère m’appelait pour me dire que mon père était mort. Mes parents avaient beau ne pas m’aimer, je les aimais. J’ai hurlé, appelé, pleuré. Ce n’était qu’un cauchemar, m’a dit ma mère en me réprimandant, il était tard, je devais me rendormir. Ce ne fut que quelques semaines plus tard qu’ils se rendirent compte qu’il y avait un problème. L’hôpital le plus proche n’avait pas d’explication, alors ils m’emmenèrent plus loin, puis plus loin encore, puis dans des centres spécialisés. Pendant trois ans, je fus trainée de centre en hôpital, de médecin en spécialistes. Personne n’arriva à déterminer pourquoi je perdais la vue. Et puis, un jour, je ne vis plus rien. J’avais onze ans, j’étais maintenant aveugle. Et le poids que j’étais pour mes parents se fit d’autant plus lourd. Apeurée, honteuse, perdue, je me repliai de plus en plus sur moi-même. Pendant des mois, ce fut l’horreur, je ne voulais parler à personne, mangeai à peine. Les cauchemars ne s’arrêtaient pas, les rêves non plus, ces rêves qui n’en étaient pas, parce qu’ils devenaient vrais. Des rêves qui arrivèrent même quand j’étais éveillée, des sons, des odeurs qui annonçaient toujours quelque chose, un jour. Je ne savais pas qui j’étais, ce que j’étais, et je ne voulais pas de tout ça. Mes parents me géraient de moins en moins bien, perdaient patience, empiraient mon état général. Alors les valises furent remplies à nouveau, retour à Bray. J’atterris une nouvelle fois chez Andy.

« But piece by piece, he collected me up off the ground where you abandoned things”

A peine revenus à Bray, mes parents me laissèrent chez Andy pour l’après-midi, le temps de « souffler ». Mais Andy n’était plus seul. Il y avait un garçon. Un garçon qui ne prit pas ma présence de la meilleure manière. Zach piqua une crise avant même que j’aie pu me présenter. Mais Andy m’expliqua, que lui aussi étaient seul, qu’il était un peu comme moi, perdu. Que j’apprendrais à l’aimer, et qu’il apprendrait à m’aimer. Andy avait souvent raison, mais l’apprentissage fut rudement long et difficile. Zach me fit vivre l’enfer chaque fois que j’allais chez Andy. Il ne voulait pas de moi chez Andy. Et Andy, avec toute sa patience, me consolait, me réconfortait. Lui était formidable. Il m’emmena pour mon douzième anniversaire chercher un chien d’aveugle, que j’appelai Woody. Il m’apprit à me servir de mes autres sens. Il m’apprit que je n’étais pas maudite mais que mes visions, comme il les appelait, étaient un don, qu’il fallait que je m’en serve pour aider les gens. Il m’apprit à m’aimer. Kyle arriva, plus tard, dans toute la splendeur de son adolescence, j’avais 17 ans. Les deux frères se tapaient dessus au début et je crus que j’étais enfin tranquille. Mais non, ils devinrent complices, contre moi. Bougeaient les meubles sur mon passage. Me faisaient tourner bourrique. Mais j’avais enfin une famille, Andy était ma famille, plus que mes propres parents. Et Zach et Kyle aussi faisaient partie de ma vie, aussi compliquées nos relations étaient-elles. Ca ne m’empêcha de perdre ma virginité, un soir de soirée un peu trop alcoolisée, avec Kyle. Ca ne m’empêcha d’être là pour réconforter Zach quand son frère se barrait sans prévenir. Ca ne m’empêcha pas d’apprendre à les aimer autant que je les détestais, d’une certaine manière.

“Remember all the things we wanted, Now all our memories, they're haunted”

Quand j’eus 21 ans, je partis, loin. Je n’en pouvais plus de Bray, de mes parents, de cette ambiance. J’avais besoin de voir du pays, excusez le jeu de mots. J’avais réussi à obtenir un diplôme en droit, malgré les galères inhérentes à mon handicap et à ma nature d’Oracle. J’avais trouvé un emploi le plus loin possible, de l’autre côté de l’Atlantique. Je coupai les ponts avec tout le monde, sauf Andy. Nous échangions des nouvelles, les garçons étaient toujours ingérables mais s’en sortaient, et ils me manquaient presque à Detroit. Mais j’étais libre ici, un bon poste, quelques amis.
Et puis l’inévitable arriva. Un peu avant Noël, ma mère m’appela. Ma première vision se réalisa. Mon père était mort, accident de voiture. Et ma mère avait un début d’Alzheimer qui progressait rapidement. Pour la première fois, ma mère me réclama. Elle n’y arriverait pas toute seule. J’aurais pu l’envoyer valser. J’aurais dû, probablement. Mais la famille, même si on ne la choisit pas, reste la famille. Alors je fis mes valises et rentrai à Bray. Affrontant mes vieux démons, donnant ma vie à une mère qui ne voulait même pas de moi dans la sienne jusqu’à aujourd’hui. Ici, mes visions sont plus fortes, comme si Bray attirait ce qu’il y a en moi. Et puis, il y a les meurtres, la panique, la méfiance. J’ai plongé tête la première dans les ennuis, semble-t-il. Comme si le destin avait refusé que je reste loin de tout ça. Et s’il y a une chose que je sais, c’est que le destin trouve toujours un moyen.