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 Cause I'm not a human being + Rod&Cas

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because I'm not a human being
Rod & Cas'

« But I can't feel nothin', outside these Dre beats. I am from the city of evil, came from the bottom standing on top of what was supposed to be my coffin, whats up? »
Tu te réveilles avec un mal de crâne. Le soleil se réverbère sur ton visage, t'avais encore oublié de cacher les fenêtres. Avec un soupir, tu te relèves. Pendant quelques secondes, tu sais plus vraiment où t'es, et tu te tapes presque la tête contre le plafond de ta bagnole. Puis ça te revient. L'engueulade, un an plus tôt, tes affaires dans le coffre, et t'es parti, sans argent, ni pour l'essence, ni pour rien d'autre. Ça fait trois jours que tu portes les mêmes fringues, mais t'as l'habitude maintenant, c'est pas comme si c'était ta première semaine. T'ouvres difficilement la porte, alors que tu te diriges vers ton coffre. Ça fait des mois qu'elle roule plus, la pauvre. Plus d'essence et t'as même plus de carte grise, alors tu vas pas faire le fou, t'évites de la bouger, même quand on te propose de te payer le plein. Tu préfères de la bouffe, des clopes à la limite, parce qu'elle te sert plus à rien, ce cadavre de bagnole que t'aimerais plus jamais voir de ta vie. Tu fouilles quelques minutes à l'arrière, ton dos grinçant d'avoir été encore malmené pendant la nuit, puis tu la trouves, ta brosse à dents, avec un reste de dentifrice. Tu prends quelques affaires pour te changer, puis tu te diriges vers le parc . Le parking où t'as élu domicile se trouve pas loin, c'est bien pratique pour le matin, t'as pas à marcher trois heures pour arriver où tu veux. Parce que c'est là que tu passes le plus clair de tes journées.

Derrière toi, t'entends un aboiement enthousiaste. Tu te retournes, avant de sourire face au clébard qui s'avance. Tu supportais pas les chiens, avant, dans ta petite vie rangée, celle qui te donnait aucune vision sur ce qu'était vraiment le monde. Tu supportais pas ça. Puis t'as commencé à vivre dans la rue, avec le froid, la solitude, personne qui n'osait t'adresser la parole, comme si la pauvreté ça s'attrapait. Des fois t'as des regards de pitié alors tu leur lances tes gobelets sur la gueule, parce que tu préfères la haine et le dégoût à la pitié, tu la prends largement plus. Puis y a eu ce chien. Il t'a collé pendant des jours et des jours, tu savais pas quoi en foutre. T'essayais de le faire fuir, ce chien minable avec le poil presque mort et une patte en moins. Pourtant il semblait heureux, tout le temps. C'est un peu le pouvoir des animaux, ne pas voir le mal là où ils peuvent encore vivre le bien. Alors tu l'as gardé, quand t'as vécu ton premier hiver, que t'as expérimenté le froid et la dépression qui allait avec. Tu t'es dit que ce serait de la compagnie, même si tu voulais pas qu'il dorme dans ta voiture, alors il dormait dessous, sauf en cas de grand froid, t'es pas tant cruel.

Tu le laisses claudiquer jusqu'à toi, puis tu te rends près de la fontaine. Tu te laves comme tu peux, te brosse les dents d'une main, t'habilles de l'autre avant que quiconque ne passe par là. Mais t'en as plus rien à foutre maintenant, alors tu regardes plus autour de toi. Si quelqu'un te vois, il pourra être choqué que ça te changera pas de comment on te regarde quand t'es habillé. Une fois fini, tu vas t'asseoir par terre, près du chemin que tout le monde doit emprunter. T'as appris qu'y en a, du passage sur ce chemin, dans ce parc. C'est joli, c'est calme, y a pas les voitures et les piétons en masse qui se bousculent, idéal pour prendre un bol d'air avant d'aller bosser. Alors tu te poses avec ton petit carton et ta petite casquette, tes vêtements sales et le semblant de propreté. Tu sais que t'es pas clean comme ceux qui passent en costard devant toi, que t'as les cheveux gras et la barbe qui t'a poussée, tellement que t'es méconnaissable. Puis y en a un qui te regarde et qui a l'air de se foutre de ta gueule, alors tu l'insultes. « Connard ! » Tu lui jettes ton verre d'eau dessus, mais il prend même pas la peine de se retourner. Parce que t'es un moins que rien, t'existes pas. Les gens détournent le regard quand ils te voient, et parfois ils te disent bonjour, timidement, puis ils te sourient, comme si c'était la BA de leur journée. Mais toi t'en as rien à foutre, toi tu veux juste bouffer. Alors tu regardes ton semblant de chien qui a posé sa tête sur ton genou. Parfois il va chercher les gens à coups de lapement, mais là il semble fatigué. C'est l'hiver qui se pointe, et t'as peur qu'il tienne pas la cadence.
(c) DΛNDELION
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Castiel Ò Murchù & Rod S. Wilde

Cause I'm not a human being


La routine - il avait bien fallu t’y habituer. Le réveil à 6 heures, la douche tiède, le costume vert sapin (à moins que ce ne soit du marron ou du rouge foncé, tu avais du mal à les différencier), le petit déjeuner, les quelques politesses à la bonne qui se chargeait de débarrasser pour toi, la toilette rapide et te voilà déjà sur le départ. T’es parti comme ça, la tête haute, pris d’une envie de gambader mais tu te retenais, va savoir pourquoi. Peut-être parce que t’avais troué ton pantalon de costume comme ça, une fois. Tu prenais pas la voiture parce que t’aimais marcher, parce que Bray ça restait petit aussi, parce que l’air était frais - et aussi parce que t’avais jamais été foutu d’obtenir ton permis. T’as marché bien cinq minutes, avant de réaliser que t’avais oublié ton porte-document. Tu t’es arrêté en pleine rue, sous quelques regards étonnés (ça va qu’il était encore tôt, c’était un peu moins humiliant), tu t’es tapé le front en soupirant, et t’as fait volte-face avant de partir en courant. T’as failli te vautrer à un moment contre un trottoir, mais une chance que le goudron à Golden Coast soit pas trop abîmé. D’autant qu’après le tsunami, il avait été refait.
Essoufflé, tu t’es appuyé sur tes cuisses devant la porte d’entrée, qui s’est ouverte toute seule - la bonne qui te tendait ton cartable comme une maman à un gosse étourdi. Tu lui as souri, tu l’as remerciée, rajustant tes lunettes sur ton nez. T’étais prêt à repartir déjà, mais elle t’a arrêté une nouvelle fois: t’avais mal attaché tes boutons de chemise. Tu t’es empressé de rectifier ta tenue, t’as assuré tes boutons de manchette sous les manches de ton pardessus, t’as ajusté ton noeud papillon écarlate. Elle en a profité pour te passer une écharpe, parce que toi t’étais parti sans, t’avais comme accepté de te les peler toute la journée. C’est fou comme tout à coup ça allait mieux. T’as ponctué toutes ses attentions d’un remerciement et d’un sourire bête, et puis t’y es retourné. A la bourre, comme souvent.

T’avais le pas pressé, t’as sorti ton téléphone pro pour voir tout ce que t’avais manqué, tout ce qui t’attendrait aujourd’hui au travail. Pour être honnête, t’étais un chef de projet en carton - on te notifiait d’à peu près tout mais on se passait bien de demander ton opinion. Dès que tu faisais un truc, ton adjoint repassait derrière pour vérifier que t’avais pas écrit trop de conneries. T’avais pas vraiment la carrure d’un chef, t’étais nul tout simplement, et ça en faisait rager plus d’un de constater la paye que tu te tapais pour trois fois rien. Mais comme tu reconnaissais toi-même tes faiblesses, que t’étais attentionné et sympa, on te pardonnait. Toujours à l’écoute de ceux qui venaient vers toi. Même si tu savais rien faire de tes dix doigts et de ton cerveau, au moins, on pouvait avoir confiance en toi, parce que t’étais pas le genre à manipuler et à poignarder dans le dos. En plus de ça, comme t’avais le compte en banque garni, tu pouvais pas t’empêcher de faire plein de petits cadeaux. Entre les fleurs et les boîtes de chocolat, dès que tu t’attachais un peu, tu pouvais pas t’empêcher de les surgâter. T’espérais rien en retour, juste des yeux brillants, des sourires émus, parfois un baiser sur la joue - et voilà, t’étais content comme tout. Quand tu marchais dans la rue, quand tu croisais des regards, t’étais de ce genre de type à pas pouvoir t’empêcher de sourire. Tu disais « bonjour » à des inconnus, pour peu que vous vous soyez tenus l’un à côté de l’autre plus de 3 secondes. Quand on te fixait, tu prenais un air embarrassé, et tu baissais la tête, les joues rosies. Insupportable, cette tendance que t’avais à te faire aimer pour ton aberrante fragilité.

T’aurais pu faire ton petit bonhomme de chemin jusqu’à ton taff, comme tous les matins, mais t’étais quand même un gars assez distrait. T’avais beau être en retard, ça t’empêchait jamais de t’arrêter devant une vitrine, un fleuriste, une fenêtre ouverte, un parfum de boulangerie. Le monde, c’était une foule de choses attrayantes qui appelaient ton attention à chaque instant, et se concentrer plus de dix minutes était exclu. T’étais comme un enfant profitant de la vie : observateur des merveilles que le monde faisait sans toi, et que t’étais pas foutu de faire toi-même. Ce matin, c’était un parc. Le parc, à Bray y’en avait pas non plus dix milles faut avouer. Avec ses chemins en zigzag au milieu des pelouses - c’était jamais qu’un léger détour mais qui t’empêchait pas non plus d’atteindre ta destination, alors tu te laissais tenter parfois. Comme cette fois-ci où tu y entras, ralentissant le pas, incapable de t’empêcher de flâner. A regarder les branches dégarnies jurer sur le ciel matinal - froid et clair, les premiers jours de décembre. Pourtant, faut bien admettre que la qualité de ta vision chutait plus vite que tes changements de lunette, alors c’était déjà assez brouillon.
Et puis t’as baissé le regard en chemin, lequel s’est arrêté sur un clochard qui créchait là. Il avait un cabot amoché sur la cuisse, et on voyait rien d’autre que son regard peu aimable avec sa barbe chaotique et ses cheveux sales. T’en savais rien si tu l’avais déjà vu, t’as beau être un gars sympa c’est pas pour autant que t’as la meilleure mémoire - t’as le chic pour mieux te souvenir de tes conneries que des passants que tu croises le matin quand t’es en retard. Mais il te faisait peine à voir, et juste de remarquer les nuages que formaient ses respirations, tu devinais à quel point il devait se les geler. Ce qui fait qu’au final, tu t’es arrêté à deux pas de lui, avec un sourire un peu triste, et t’as fouillé tes poches en quête de monnaie. Sauf que tout ce que t’en as tiré, forcément, c’était ton portefeuille, et tu savais pertinemment qu’il y avait même pas un billet qui trainait - juste que sur le coup, t’avais oublié que t’avais pas embarqué de liquide. Merde. Tu te sentais mal de partir comme ça après lui avoir donné un faux-espoir. T’as jeté des coups d’oeil alentours, rougissant presque sous l’embarras, cherchant du regard un distributeur de billets. Mais rien à faire, crétin, t’étais dans un parc. Alors tu l’as regardé, t’as regardé son chien, t’as regardé ta montre - ah, non, tu l’avais oublié, tu venais de t’en rendre compte, du coup t’as regardé l’écran de ton portable - et puis t’as pris ta décision. T’as fait le dernier pas qui vous séparait et tu lui as dit, avec la plus franche politesse : « Monsieur, si vous voulez venir avec moi, je veux vous acheter des objets de première nécessité, pour vous et votre pauvre chien. Et un café chaud si vous permettez, vous devez mourir de froid. » Au fond, on va pas se le cacher, la misère humaine ça te faisait de l’effet. T’étais un peu mal à l’aise, tu savais pas comment il le prendrait, t’avais peut-être un peu peur aussi. Mais il avait l’air sobre et non violent, même si bien un peu antipathique. Mais c’était pas ça l’important - si t’étais parti sans rien dire, tu t’en serais voulu pour un sacré long moment. D’ailleurs, t’étais déjà en train de culpabiliser de pas lui avoir dit bonjour en premier, du coup après une petite lutte interne pour pas te ridiculiser, t’as fini par craquer et par ajouter, trop longtemps après, un « Bonjour » carrément gêné.

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Rod & Cas'

« But I can't feel nothin', outside these Dre beats. I am from the city of evil, came from the bottom standing on top of what was supposed to be my coffin, whats up? »
Les gens te passent devant mais te regardent à peine. Tu t'attends pas à mieux, c'est pas comme si t'avais passé des jours et des jours, s'étalant en mois, assis là, en pleine chaleur comme en plus grand froid. Il est encore tôt alors parfois, t'as des gens qui s'arrêtent avant d'aller au boulot. C'est souvent ça. Y a plus de chances de chopper quoique ce soit avant que la population soit dégoûtée par la journée qu'ils viennent de passer, et au retour, ils sont encore plus pressés qu'à l'aller, ils te regardent même pas, font comme si t'existais pas, parce qu'ils ont leurs propres problèmes et qu'y a cette journée qui n'en finit plus, alors ils veulent seulement rentrer chez eux, quitte à participer à l'hypocrisie générale. Si c'était pas ça, tu serais pas sorti de ta voiture aussi chaud, malgré ta veste qui est pourtant assez épaisse, tu te gèles, et ton clébard aussi, il est crevé et il bouge plus, les yeux qui s'ouvrent et se ferment au rythme des pas des passants. Tu connais pas son histoire mais elle doit pas être belle. Abandonné par la société, comme toi, t'es plein de bonnes intentions maintenant, t'aimerais lui offrir tout ce que t'as, parce que t'as plus que lui maintenant pour te tenir compagnie et pour te répondre quand tu parles. C'est pas comme si les gens allaient s'arrêter pour te demander comment tu vas.Ils ont bien trop peur de ce que tu pourrais leur répondre. Non tu vas pas bien et non tu te satisfais pas en te disant que tu vis dans la rue. Tu croques pas la vie à pleine dent à profiter de ce qu'elle t'apporte, parce que franchement c'est pas grand-chose. T'as perdu tes faux semblants en même temps que t'as perdu ta famille et tes amis. Du moins ceux qui l'étaient, et qui t'ont vu crécher chez eux pendant un moment sans réussir à trouver de boulot parce que t'es black listé de partout. En quelques semaines t'es devenu le mec à éviter, plus personne répondait à tes appels, mais de toute façon, tu galères comme un fou à trouver de quoi charger ton putain de téléphone qui te tombe en rade une fois par heure. C'est pas comme si t'avais un répertoire fourni. Les autres, ils aiment la richesse, ils aiment le pouvoir. Toi t'es un rebut qui peut plus rien faire de sa vie et qui va forcément finir par crever sur le trottoir comme un animal. Tu te demandes ce que ce sera, le jour de ta mort. Si ceux qui te trouveront se diront que tu dors, combien de temps avant que quelqu'un s'intéresse assez à ta carcasse pour remarquer que t'es plus dedans. Peut-être qu'ils seront peinés, certains, qui passent devant toi. Ça va bousiller leurs habitudes, passer le banc trois cent mètres après l'entrée, dépasser le clochard et puis le lampadaire, et on est enfin arrivé au boulot. Mais le jour où y a plus le clochard, leur repère il sera obsolète, et là ils auront peut-être une pensée, qu'ils oublieront la seconde d'après. Ou alors, peut-être que ton chien, il te survivra. Il paniquera, puis aboiera, alertera, puis finira par se laisser mourir aussi, parce que votre relation elle est donnant-donnant.

Tu sursautes presque, un mouvement de recul, alors qu'un mec s'est arrêté. Tu l'as pas vu venir, c'est pas comme si c'était le premier à passer par là, le costard bien mis mais pas trop, une petite sacoche sous le bras. Il avait le pantalon en piteux état, pour un riche, mais tu te voilais pas la face, il avait bien de quoi s'en payer un autre. Tu le détestais automatiquement, parce que tu détestes tout le monde maintenant, surtout ceux qui ont ce que t'as pas. T'es jaloux à en crever de ceux qui peuvent dormir dans un lit et qui se rendent pas compte que vous êtes des millions à crever dehors, mais pour être totalement honnête, t'as plus la force de t'inquiéter pour les autres non plus, c'est pas comme si t'allais manifester avec tous les clodos du coin, vous aviez autre chose à foutre, comme trouver de quoi bouffer pour pas tomber malade, surtout en ce moment, alors que la maladie, elle donnait des allures de mort en sursis.

Tu le regardes alors qu'il cherche dans ses poches. Tu vois ce cinéma trois fois par jour. Apaiser la conscience en montrant bien que de toute manière ils ont rien sur eux, que c'est pas de la mauvaise volonté hein, juste ils peuvent pas, et en plus ils ont pas le temps parce que tu comprends, eux ils ont un boulot, ils ont pas le loisir de traîner dans un parc comme le merdeux que t'es. Pourtant, il finit par te parler, une grande première pour toi, du moins depuis un moment. Tu mets quelques secondes à comprendre ce qu'il te dit. T'as plus l'habitude des voix humaines, du moins celles qui s'adressent directement à toi, et tu sais pas comment réagir. Tu hésites, tu prends même pas la peine de répondre à son Bonjour, la politesse, c'est parti de ton vocabulaire aussi imprégné qu'elle l'était. « Pourquoi ? » Tu te méfies, en fait. T'aurais presque envie de l'envoyer chier parce que t'as peur d'espérer. T'as plus l'habitude d'avoir quelque chose, t'as plus l'habitude qu'on t'aide autrement que par quelques centimes tirés d'un fond de poche.
(c) DΛNDELION
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Castiel Ò Murchù & Rod S. Wilde

Cause I'm not a human being


Tu t’attendais à ce qu’il comprenne ton intention. Tu t’attendais à ce que ça lui paraisse logique - t’étais là, à fouiller les poches de ton pantalon, t’avais le portefeuille en main, comme si t’étais prêt à lui donner. Tu t’exposais comme ça, penaud, nigaud, il aurait pu te l’arracher des mains, se barrer en courant avec l’énergie du désespoir, tu sais pas. Surtout que t’étais assez stupide et insouciant pour conserver le code de ta carte bleue écrit au même endroit. Mais t’étais naïf et tu te laissais facilement abuser, t’étais un homme simple - tu transpirais de cette candeur débile, de cette pureté d’âme. Il avait surement vécu l’Enfer, cet homme assis devant toi. Des choses horribles que tu soupçonnais même pas, mais quelque part tu t’en doutais, et c’est ce qui motivait ta générosité.
Tu espérais qu’il le prendrait bien. Après tout, tu te proposes de l’aider et c’était en général assez facile de t’exploiter. Mais dans ses yeux, y’a pas de merci, pas de sourire, pas ces petites étoiles de reconnaissance, c’est pas le regard qu’on sert à son messie. C’est un regard plein de haine, cet homme il t’aime pas. Est-ce que tu allais t’en vexer ? Pas le moins du monde, tu comprenais. Il y avait plein de gens à qui tu plaisais pas. Les gens heureux insupportent toujours ceux qui ne le sont pas. Tu l’acceptes, tu n’as rien à lui reprocher. Mais tu te sens bête. Tu te sens bête à essayer d’être poli et gentil, à bien formuler tes phrases comme tu peux, alors qu’il s’en fout clairement de toi. Tu lui gâches la vue, tu lui caches le soleil. Dégage Roderich, tu vois pas que tu gênes ?

Pourquoi ? A ce simple mot, tu te sens trois fois plus débile. C’est vrai, pourquoi ? Pourquoi tu veux l’aider, pourquoi tu voudrais être gentil ? T’as pitié ? T’essaies de te donner bonne conscience ? Tu sais pas. C’est comme ça, tu le vois mendier, t’as rien à lui donner, alors tu essayes de compenser le manque autrement. Tu sais que sinon, tu aurais pensé à lui toute la journée. Tu l’aurais imaginé mort de faim et de froid, avec le cadavre de son clebs à côté. Tu te serais senti mal. T’aurais eu de la peine, t’aurais pleuré, et t’aurais donné trois fois trop à toutes les associations qui te seraient tombées sous la main. Tu avais peur de regretter. En plus, ça avait l’air d’être quelqu’un de bien. Les gens mauvais ne se faisaient pas aimer des chiens.
T’as balbutié un peu, t’as rangé ton portefeuille, rougissant malgré toi sous le coup de l’embarras. T’as détourné les yeux un bref instant, frottant l’arrière de ton crâne, tu réfléchissais mine de rien, dans un recoin de ton crâne. Pourquoi ? Réponds-lui, ne le fais pas attendre. Pourquoi ? Tu lui fais perdre son temps, barre-toi, ça sera plus simple et tout le monde sera content. « Je pensais que vous en auriez besoin. » C’est ce que tu lui balances d’un air hésitant, avant de regretter aussitôt, et tu te rattrapes, avec une précipitation maladroite. « Je veux dire, bien sûr, vous en avez besoin. Enfin, vous ne dépendez pas de moi non plus, peut-être que vous vous débrouillez très bien en fait, mais je me suis dit… Enfin, non, ce n’est pas ce que je voulais dire... » et t’as continué à bredouiller. Le pauvre, t’étais certain de commencer à l’agacer. Qu’est-ce qu’il lui voulait, le bouffon en costume, qui parlait trop et qui savait pas parler ? Dégage Roderich, dégage.
T’as fini par te taire, par recommencer à respirer, parce que l’espace d’un instant t’avait oublié comment faire. Tu le dévisageais de nouveau avec une forme d’embarras, et comme tu pouvais, malgré la faible résolution de tes yeux. C’est sûr que tes rétines, c’était pas des écrans 4K. « J’ai eu envie de vous aider. Personne mérite de se retrouver là. Mais si vous préférez, je peux m'en aller. » T’as eu un sourire, même s’il était encore timide : t’avais encore peur qu’il le prenne mal. Tu savais pas si ça allait passer. Dans le pire des cas, il t’enverrait chier, tu te sentirais mal jusqu’au soir, mais au moins t’aurais eu la conscience tranquille - parce que tu aurais essayé.

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Rod & Cas'

« But I can't feel nothin', outside these Dre beats. I am from the city of evil, came from the bottom standing on top of what was supposed to be my coffin, whats up? »
T'observes le mec en face de toi. Tu sais pas vraiment s'il se fout de ta gueule ou pas, alors tu dis rien pendant un moment. T'as cette colère en toi que t'arrives pas à enlever, mais tu sais que ce serait con de te défouler sur le seul mec qui s'est arrêté pour t'aider depuis des jours. T'as pas encore l'esprit assez miné pour l'envoyer chier en toute connaissance de cause. Mais faut le dire, t'as pas vraiment l'habitude de la gentillesse pure et simple. La plupart des gens pensent que le karma va s'abattre sur eux s'ils se montrent pas un minimum intéressés par ce qui se passe autour, et les autres … Les autres ils passent leur chemin, parce qu'au fond t'es qu'une poussière dans leur journée, et parfois même ils iront dire aux collègues que la police devrait faire quelque chose, parce que c'est inconcevable que tu gâches à ce point le paysage en étant là, parce que le parc, il est quand même beau, et quand ils passent dedans, ils ont pas envie de culpabiliser. C'est comme si c'était ta faute, et beaucoup le pensent, parce que t'as qu'à te trouver un boulot après tout. Mais ils en connaissent beaucoup eux, des gens qui emploient les SDF, qui ont nulle part où dormir, où se doucher, et qui ont pas de montre pour se pointer à l'heure ? Le moment où t'as perdu ton fric, t'as perdu ton existence même, et ça tu le sais. Alors ce mec, il est comme à l'intérieur d'un monde parallèle avec qui tu te vois pas cohabiter. Tu fais plus partie de ces gens-là, et bordel en fait, tu fais plus partie des gens tout court. Les normes sociales tu les as oubliées, t'aurais dû juste dire merci et fermer ta gueule, le suivre tu sais pas où, mais t'oses encore pas espérer qu'il va pas se rétracter au dernier moment. Et finalement il a peut-être envie de le faire, mais ça c'est ta faute, t'as dû lui faire peur avec ton ton brusque et ton expression dure. Mais t'as oublié comment sourire et si t'essaies, y a de fortes chances qu'on te pense sorti droit d'Hannibal.

Et puis, tu penses aussi que dans la position où t'es, t'as pas à admettre avoir besoin de quoique ce soit. Ce qui est con, parce que ta fierté elle est toujours là, mais t'es plus à ça près, faire entendre ta voix et dire que ouais, t'es dans la merde et que non, tu refuseras pas une main libératrice, même si ça dure que quelques minutes. T'aimes pas dépendre des gens et pourtant tu vis avec le fric qu'ils te donnent. Le paradoxe que t'aurais aimé évité. L'exemple même de «  on peut pas savoir de quoi sera fait demain. » Avec la vie que t'as eu sans doute que t'aurais même pas pu l'imaginer en réalité. Tu finis par sortir de ton mutisme, contrairement à toi, lui a sans doute quelque part où aller maintenant et tu dois pas être sa préoccupation première, ce serait con de le laisser filer comme ça, sans rien. « Non j'ai besoin d'aide. Désolé, je suis un peu un con. » ça t'a demandé des efforts de sortir ça comme ça, mais en même temps t'as plus de filtre, t'as plus l'habitude non plus, tu sais pas comment réagir. Mais t'as jamais su, parce qu'avant, t'avais jamais été dans cette situation et maintenant, tu te rencontres que pratiquement personne de toute manière se soucie de savoir si tu te gèles ou si tu crèves de chaud, pour peu que tu leur adresses pas la parole. « Je suis juste pas habitué aux gens qui me voient. » Sauf quand ils se foutent de ta gueule, mais c'est encore une autre histoire. Ceux là tu leur souhaites de se retrouver à ta place un jour, qu'ils mangent un peu le trottoir. Tu te lèves, au bout d'un moment, pour être à sa hauteur. Plus ou moins, parce qu'il est quand même grand, et que toi t'as dû te voûter un peu avec le temps. Ton clébard il te regarde, prêt à te suivre, et tu lui souris, quitte à passer pour un taré.  
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Castiel Ò Murchù & Rod S. Wilde

Cause I'm not a human being


Devant ton offre, c’est le black out. Il s’enferme dans un tel silence perplexe que tu en viens à te repasser dans le crâne toutes les phrases que t’as pu lui débiter pour chercher les mots qui seraient pas les bons. Après tout, ça t’arrivait d’avoir ces petits moments “Perceval”, au boulot surtout, où tu sortais un mot à la place d’un autre seulement parce qu’au fond, tu l’avais jamais compris, ou que tu le chopais dans des conversations sans prendre le temps d’en vérifier le sens. Mais t’avais beau chercher sur quel morceau il avait pu buter pour lui sortir un « Quoi, c’est pas ça qu’on dit ? », y’a rien qui venait, et il a fini par parler. Ça t’a soulagé mine de rien, t’as même soupiré malgré toi en espérant qu’il le prenne bien, parce que t’avais franchement peur de l’avoir perdu, ou pire de l’avoir vexé. Faut dire que t’étais sacrément maladroit comme type, tu parlais pareil au clochard du coin qu’à ton patron, et ça en faisait deux à qui ça plaisait pas toujours. Désolé, j’suis un peu un con, qu’il t’a dit finalement, et t’as eu un sourire bête en répondant du tac-au-tac avec un « Bah comme ça, on est deux ». Là t’as rougi parce que c’était quand même foutrement débile à sortir à un type dans sa situation, mais va savoir, c’était limite un réflexe. Surtout que t’étais pas un con, Roderich, t’étais con tout court.
Tu te sentais ridicule donc t’as baissé un peu les yeux le temps de refermer ton portefeuille, faudrait pas que tu perdes des morceaux en cours de route, et t’as finalement fait l’effort de le remettre dans ta poche. Cela dit, dès qu’il a repris la parole, t’as relevé le regard derechef pour lui donner ton attention. Faut dire surtout que t’avais une concentration misérable, et que si tu te mettais à trier des cartes de fidélité pendant qu’il te faisait la causette, t’avais toutes les chances du monde de pas saisir ce qu’il disait. Ses mots d’ailleurs t’ont touché. Un autre type que toi aurait pu se dire que c’était une astuce pour apitoyer un peu plus, mais t’étais pas le genre de mec à penser les humains capables d’une pareille malice. Après tout, tu venais l’aider, il pouvait pas penser mal. On aurait pu rire de votre complémentarité d’ailleurs, entre le type qu'on voyait pas et le type qui voyait rien - mais lui pourtant, tu l’avais vu. « Vous n'êtes pourtant pas si petit. » T’as sorti ça après qu’il se soit levé, sur un genre de plaisanterie qui démontrait juste à quel point t’étais bête. Tu savais bien en plus que quand il disait qu’on le voyait pas, c’était pas de ça qu’il parlait. Mais c’est sorti tout seul, et crois-moi que dans une semaine, tu seras encore en train de le ressasser. « ...Quand je dis que je suis con. Vous venez ? »

Et puis t’as commencé à partir, en lui jetant des regards pour t’assurer qu’il suivait bien. Tu l’as vu sourire aussi, et ça sert à rien de mentir, ouais tu trouvais ça assez moche et perturbant. Pourtant ça avait beau te coller un petit malaise, t’avais pas envie qu’il cesse de sourire, et ça te faisait tellement plaisir qu’il le fasse que ton coeur tout mou s’est senti de battre plus fort. T’étais tellement sensible Roderich, et fallait pas grand chose pour te toucher. « Quel est votre prénom ? » tu lui as demandé - juste le prénom, parce que le nom de famille tu t’en foutais, c’était pas celui-ci que la mère choisissait à la naissance. T’étais pas sûr qu’il veuille parler, à sa place t’étais pas trop sûr de ce que tu voudrais. Et puis, tu voulais pas être intrusif non plus, ou lui faire vivre un interrogatoire - mais s’il souffrait d’être invisible, ça ferait au moins un truc pour lui changer.
T’as pris la direction de la sortie du parc, angoissé au fond de toi à l’idée qu’il le prenne mal. T'allais pas spécialement vite dans ta marche, déjà parce que t'adorais flâner, ensuite pour pas te vautrer comme nonante pourcent de ta vie, et enfin pour être certain de pas le faire peiner. Faut dire que t'en avais pâti, du pas de course des gens égocentrés, au cours de ta vie. Et puis dès que t'as posé le pied hors du parc, t'as fait une pause pour chercher du regard où se trouvait la supérette la plus proche. D'accord, tu passais par là tous les jours, mais faut bien admettre que t'avais la pire des mémoires. « Ça vous va de prendre d'abord le café ? Ou disons... plutôt le petit déjeuner. » Tu t'étais dit, après une sensationnelle réflexion (fais gaffe à pas être trop intelligent d'un coup ou tu finiras avec des migraines) qu'il aurait l'air malin avec du PQ dans les mains au milieu d'un café, si tu faisais les choses dans l'autre sens.

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« But I can't feel nothin', outside these Dre beats. I am from the city of evil, came from the bottom standing on top of what was supposed to be my coffin, whats up? »
Tu sais pas ce qui tourne pas rond chez toi. En fait tu sais plus, c'est surtout ça. T'as perdu tous les repères que t'as pu un jour avoir, alors tu comprends pas si t'as toujours été comme ça ou si c'est venu depuis que tu vis dans la rue. Sûrement ça. T'étais pas le plus sociable, même si t'as eu des périodes, mais t'as une éducation. Tu l'as perdue en cours de route, parce que de toute manière, elle t'a mené à rien d'autre que des emmerdes, mais t'as été élevé dans l'opulence. Peut-être que c'est ça, le fait que t'acceptes pas que quelqu'un t'aide. T'avais tout, personne avait à te tendre la main. Et t'as perdu ta fierté, mais pas tes habitudes. Celles de celui qui n'a besoin de personne alors que t'es tout l'opposé. Tu l'admets mais en plus d'avoir perdu tout ce que t'avais matériellement, t'as l'impression de te déchirer intérieurement aussi. C'est pas de la faute de ce mec, lui il a juste voulu t'aider. C'est ce que tu recherches, non, alors que tu fais la manche dans le froid, puis dans la chaleur, en plein été, en plein soleil parce que les zones d'ombre, personne n'y passe ? C'est pour ça que t'es là, pas pour cracher sur ceux qui te donnent rien. Mais pourtant à force de le faire, t'as oublié ton objectif, ou alors tu veux pas croire que tu peux l'atteindre sans casser quelques genoux avant. Mais t'es pas comme ça. T'en connais des gars de la rue, t'en as rencontré quelques uns, qui sont pas comme toi, qui tabasseraient le petit bourge pour lui piquer son portefeuille ou tout ce qu'il a de valeur, y compris son costard à trois cent balles. Faut croire que t'as gardé quelque chose de l'époque brillante des Ò Murchù, mais t'as perdu tout le reste, surtout tes sœurs. Ton frère, lui, l'héritier, t'en as rien à carrer, il a jamais voulu te sortir de là, t'étais sa plus grande peur de toute façon. Parce que t'étais le seul qui pouvait lui piquer le trône, alors maintenant que t'es plus rien, il te reconnaîtrait sans doute pas s'il passait à côté de toi. Quelque part t'aurais aimé qu'il meurt, mais de l'autre côté il reste ta famille. Peu importe le reste, peu importe la haine.

Tu veux pas qu'il s'apitoie sur ton sort, t'es pas en train de lui faire un spectacle, mais t'avais besoin de lui dire, quand même, à ce type, que c'est pas contre lui que t'en as. C'est contre le monde, c'est contre ta famille, c'est contre toi même. T'as pas l'habitude, ouais, t'es un invisible, comme ce pauvre type dans Misfits, on te voit plus, t'as disparu le jour où t'as perdu ta fortune. Castiel le déchu, ça te rappelle vaguement quelque chose mais tu saurais pas mettre le doigt sur quoi. T'aimerais bien retrouver ta sociabilité d'antan, mais tu sais que tu peux pas. T'arrives même pas à réagir aux blagues, tu peux sourire, même si peut-être que tu devrais pas, mais rire tu sais même plus ce que c'est, à tel point que t'as plus le souvenir de l'avoir fait un jour. Alors tu te contentes de le regarder. Tu sais que t'es pas petit, même si t'es pas aussi grand. Tu prends tout littéralement et t'es pas vraiment sûr de savoir quoi lui répondre, toi l'universitaire, alors tu dis rien. Tu te contentes juste de le suivre lorsqu'il t'interpelle. T'as hésité une dernière fois mais t'as faim, bordel ce que t'as la dalle.

Il est sympa, le bourge. Il essaie de te faire la discussion. Les bavardages, t'as arrêté aussi. Quand on a que soi-même et un chien auquel il manque une patte à qui parler, on évite de se demander comment ça va. Parce que ça va jamais bien de toute façon. Mais tu peux faire l'effort, juste comme gratitude, parce que t'as rien à lui offrir mis à part ta présence et quelques centimes trouvés au fond du verre qui te sert de porte-monnaie. « Castiel.» C'est étrange de s'entendre dire son prénom à haute voix. Dans la rue, t'en as plus. Personne te le demande, personne te reconnaît. Le son t'en semblerait presque faux. « Et toi ? » Parce que si tu dois remercier ton bienfaiteur, faut bien que tu le cites par son nom. T'en parleras à ton clébard quand vous serez plus que tous les deux à côté de ta caisse. « ça me va. » Quelque chose te frappe, que ton égocentrisme t'avait empêché de voir. Mais t'as le droit, t'es un putain de SDF. Si y a bien encore quelque chose que tu peux faire, c'est penser que tes problèmes sont pires que ceux des autres. « Tu n'allais pas quelque part ?» 
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Castiel Ò Murchù & Rod S. Wilde

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Il se met dans tes traces et il te suit comme lui se fait suivre par son chien, et t’as rarement eu autant de disciples derrière toi. D’habitude, faut dire, tu restes une bonne poire qu’on balade à droite à gauche, tu suis les voix qui appellent ton nom, et tu te prends quelques meubles sur le chemin. T’as beau être catégorie A, c’est limite si ton secrétaire et ton sous-directeur ont pas plus de poids que toi, juste parce que tout le monde sait à quel point tu sais pas faire. Les gens marchent vite, toi t’aimes flâner, et de toute façon pour éviter de trop te cogner le nez t’as pas vraiment le choix, et t’es tellement distrait. Toujours le nez en l’air, toujours dans la lune, toujours à faire répéter trois, quatre fois, à regarder avec des grands yeux de mouche, à les cligner sans oser dire qu’une fois de plus, t’as pas saisi le sens de ce qu’on te disait. Oui oui, la réponse facile, mais quand tu comprenais que celui d’en face n’était pas dupe parce qu’il te connaissait, tu te mettais à rougir et à regarder tes pieds. Mais t’étais chanceux. T’étais incroyablement chanceux parce que t’étais entouré de quelques gens patients que ta bêtise attendrissait. Parce que tu t’attribuais pas les mérites au moins, et que tes bons supports rattrapaient le tir. Alors tu suivais, mais t’aimais suivre, parce que tu savais pas prendre les devants - sauf quand il fallait faire un truc niais ou stupide, pour ça, t’étais le premier, indubitablement.

Castiel, il s’appelle, ton disciple. C’est sympa comme prénom - pas vraiment le prénom que t’aurais attendu d’un démuni. Des Castiel, dans la rue, y’en a pas des masses, mine de rien. Au moins il se souvient de son nom - à moins qu’il l’ait inventé finalement, tu sais pas. Mais si il te dit qu’il s’appelle Castiel, tu vas quand même pas t’y opposer, c’est plutôt un bon choix. « Roderich », tu réponds, avec un sourire impérissable, « ou juste Rod, ça me va aussi. » T’aimais pas les barrières entre les gens, t’aimais pas le jugement, ce genre de bêtise. Alors quoi si le premier clochard t’appelait par ton surnom, ça serait pas le premier, ça ferait pas de toi son ami même si t’avais rien contre. Faut dire qu’à force d’avoir à redire ou à te sermonner, le Rod devenait de plus en plus tentant. Rod, t’as pas remis de papier dans la photocopieuse. Rod t’as réussi à casser la machine à café. Rod t’as mélangé trois dossiers, encore. Rod t’as oublié ta réunion. Rod j’ai trouvé tes lunettes, elles étaient aux toilettes. Rod, t’as oublié d’aller déjeuner, pas vrai ? Rod par-ci, Rod par-là, en trois jours de bureau même les stagiaires finissaient par t’appeler comme ça. Quelque part t’étais le pire. A se demander ce que tu foutais là, parce que même Castiel aurait fait mieux. Mais peut-être qu’il se serait pas arrêté, à ta place, lui, s’il avait croisé un gars dans son cas. Alors au final, peut-être qu’on devait pas trop t’en vouloir non plus.

Il te pose la question d’ailleurs. Dis donc, t’avais pas mieux à faire par hasard ? Mieux que d’aider quelqu’un ? Probablement pas. Tout avançait plus vite quand t’étais absent, mine de rien, au moins on avait pas à rattraper tes bêtises. « J’allais travailler, mais j’étais déjà en retard, de toute façon. » Tu lui dis ça avec un air candide presque benêt, presque trop sympathique pour qu’on puisse le supporter. « Ils vont s’en sortir sans moi, ils y sont un peu habitués. » A l’évidence, ta secrétaire avait décidé de te contredire puisque c’est le moment qu’avait choisi ton téléphone pour sonner. Tu t’es figé devant la vitrine du café, la mine contrite, et tu t’es dépêché de le sortir de ta poche avec une maladresse flagrante. « Pardon, pardon, je réponds vite » - et une voix “cristalline” s’est attaquée à ton tympan sitôt que tu eus décroché. Il fallut bien trente belles secondes pour que tu réussisses à la calmer pour en placer finalement une, à grands recours d’excuses sans argument. « Aaah, pardon, pardon je vais tarder un peu aujourd’hui, non je n’ai pas oublié de me lever, non je ne suis pas perdu… Ah, j’avais oublié, mais j’ai le temps encore ! » - et tu n’arrivais pas à décrocher ton sourire stupide. Comme quoi ils ne pouvaient pas se passer de toi, comme si t’étais un peu utile finalement, un joli bibelot dans le décor. Ils aimaient bien penser à toi. Faut dire que quand ils te surveillaient pas, t’enchainais les bêtises. Et tu avais fini par lui raccrocher un peu au nez, légèrement honteux encore, parce que tu ne voulais pas le faire attendre, Castiel. Et tu lui as demandé pardon encore, comme si son dérangement était plus important qu’un licenciement - mais tu n’étais pas inquiet.

Et puis tu es rentré dans la brasserie avec une politesse d’une banalité affligeante, tu es allé voir le serveur au lieu d’attendre qu’il vienne vers toi, parce que t’étais toujours un boulet. A cette heure y’avait plus grand monde, vous auriez la paix - « un café crème », ça c’était pour toi, parce que t’étais trop une chochotte pour du café noir de toute façon. « Et un petit déjeuner complet - ce que vous voulez », ce dernier bout de phrase, tu l’avais adressé à Castiel, faudrait quand même pas que tu choisisses pour lui. T’avais déjà commencé à retirer ton imper, et t’as fait tomber ton portefeuille par terre. T’étais même pas inquiété, t’as d’abord pris le temps de le poser sur le dossier d’une chaise avant de le ramasser - et t’as fait tomber tes lunettes en avant, quand tu t’es finalement penché. Elles étaient pas cassées heureusement, et tu les as ramassées aussi avant de finalement t’asseoir. T’as eu un sourire fatigué, mais c’était juste toi-même qui était fatigué de toi, des fois. Fallait te comprendre, 27 ans à supporter quelqu’un comme toi au quotidien, c’est pas tous les jours faciles.

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« But I can't feel nothin', outside these Dre beats. I am from the city of evil, came from the bottom standing on top of what was supposed to be my coffin, whats up? »
Tu le suis comme son ombre, t'as pas l'air con. Le clébard aussi, il suit, il se colle parce qu'il veut pas trop se mettre au milieu, il doit sentir quelque part, le dégoût des gens qui voient ce chien cassé avec sa patte en moins. Toi tu l'aimes bien, mais tu dois bien l'admettre, c'est pas le plus beau des chiens, pas de ceux qu'on adopte quand on va chopper un animal dans un refuge pour se donner bonne conscience. On prend celui aux yeux doux, pas celui à qui il manque des poils et un membre. Et ses yeux à lui, ils sont fatigués. Ça se voit qu'il en a vu des horreurs, et pourtant, il perd pas espoir, tu devrais presque prendre exemple sur lui, toi qui pense que l'humanité est pourrie jusqu'à la moelle. Mais peut-être que t'es en train de changer d'avis, avec ton bienfaiteur, celui que t'as pas cru, et que t'as encore du mal à croire. C'est peut-être la raison pour laquelle tu le lâches pas, t'as peur qu'il ait pas osé te remballer, ça a pas l'air d'être du genre à s'opposer réellement, alors peut-être qu'il veut juste se barrer et qu'il espère que tu finiras par abandonner et retourner t'asseoir dans ton parc. Faut dire qu'on t'as pas vraiment donné de quoi croire. Ta famille qui te tourne le dos, toi qui perd ton nom parce que tu t'es pas marié avec la pire des connasses, et finalement la rue, parce que personne ne voulait de toi, parce que la seule chose qui te valait des regards, c'était ton nom. Et maintenant t'en es dépourvu.

Mais tu gardes Castiel. Malgré une mère aux lubies qu'on ne comprenait pas toujours, t'as toujours aimé ton prénom. Y a que toi qui l'avait, celui-là. Six enfants et rien à toi réellement puisque tout est là pour l'apparence et tu ne possédais rien. Mais t'étais unique. A Bray t'es le seul avec ce nom là, mais on peut pas dire qu'il t'ait porté chance. Roderich. Quelque part son nom à lui, à ton bienfaiteur, il t'étonne pas. Roderich, ça fait fortuné. Roderich, ça donne l'image de celui qui en impose, celui à qui l'on donne des responsabilités et un joli compte en banque. Ça t'étonne pas et en même temps ça sonne faux. Ton bienfaiteur, il aurait presque été mieux à ta place, aucune arrogance mais surtout aucune stature. Alors toi tu le vois pas parce que t'as perdu l'habitude de côtoyer ce monde là. Tu vois pas qu'il se tient pas aussi droit qu'il devrait, qu'il a cette simplicité en lui qui devrait pas être. Non, toi t'es biaisé par ton allure miteuse. A côté de toi, tout le monde peut paraître imposant. Alors tu dis rien, mais au fond tu sais que tu l'appelleras pas Rod. Ça fait familier, et toi t'es un moins que rien à côté, tu le sais et tu te fais pas d'illusions sur le sujet. Alors ce sera Roderich, toujours Roderich. Quand t'y penseras, quand t'en parleras, de ton bienfaiteur, tu le diras qu'il était riche, et qu'il aurait presque eu un nom de prince.

Travailler. Tu te dis que les gens savent pas à quel point ils sont chanceux d'avoir la possibilité de se trouver un boulot. On est pas dans Pretty Woman, toi t'habites dans la rue alors ça pose un petit problème pour être présentable tous les matins. Mais sans boulot, on gagne pas de fric, et sans fric on a pas de logement, on a pas de douche, on a pas de fringues, et donc on a pas de boulot. La boucle insupportable dans laquelle tu t'es enfermée par obligation. La sécurité de l'emploi, c'est un acquis pour beaucoup trop de gens mais toi, t'en serais presque à vouloir ramper pour retourner chez Oaks. Mais qui t'accepterait ? Si ton vieux est pas mort, il te tuerait si t'osais ne serait-ce que te pointer à l'accueil. Tu sais pas quoi répondre alors tu lui lances un regard. Le genre de regard qui veut dire «  je comprends » même si au final tu comprends pas. Son téléphone sonne, ça te fait sursauter un peu. « Pas de problème. » Tu parles pas beaucoup Castiel, pourtant on t'a pas coupé la langue … Tu devrais peut-être faire un effort, lui en fait un gros pour toi. Tu te demandes s'il peut perdre son boulot pour arriver en retard par choix, comme ça. Mais tu finis par te dire que sûrement pas, que s'il le fait, c'est qu'il doit avoir une place qui le lui permet. Tu veux pas écouter son appel, mais t'es à côté, alors tu peux pas t'empêcher. Tu fronces un peu les sourcils alors qu'il range son appareil. « ça t'arrive souvent de te perdre ? » Au moins quelque chose que t'en retire de la vie dans la rue, tu connais Bray comme ta poche alors ça te semble invraisemblable.

Dans la brasserie, t'as le regard dégoûté des gens qui te fixent. L'employée elle te regarde aussi comme ça, mais elle a son sourire, parce qu'elle est obligée. Elle hésite mais elle voit Roderich, celui qui perd son portefeuille et ses lunettes, celui qui a sans doute du mal à savoir comment composer avec son propre corps, mais celui qui semble avoir de l'argent, alors elle dit rien, elle pince juste les lèvres, et toi t'aurais presque envie de lui en coller une, mais tu te retiens, pour une fois, parce que tu peux pas faire cet affront là à ton bienfaiteur. Au lieu de ça tu l'as suivi vers un serveur, et tu t'es retrouvé hésitant à ton tour, sans savoir quoi dire. «  Un café et des œufs. Et un croissant. Merci. » Ce dernier mot t'as failli l'oublier en vérité, t'as mis quelques secondes à le sortir. Faut se réhabituer, c'est pas vraiment facile. Tu t'assois en face de Roderich en attendant alors que ton chien se couche à tes pieds. On t'a rien dit encore, mais faudrait pas que tu restes trop longtemps, tu le sais. « C'est quoi le boulot où tu peux arriver en retard ? » C'est de la politesse, tu fais comme si tu t'intéressais, mais finalement il pourrait garder des poules, bosser dans une boîte de comm ou comme dealer que ce serait pareil pour toi.  
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Castiel Ò Murchù & Rod S. Wilde

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Qu’on t’excuse un peu, non mais. Qu’on t’excuse un peu d’avoir mieux à faire que de t’occuper de tenir compagnie à un clochard. Qu’on t’excuse d’avoir un métier, des responsabilités, des préoccupations un tant soit peu plus importantes qu’une pièce de deux centimes au détour d’un gobelet. Qu’on t’excuse de répondre au téléphone à des gens qui avaient besoin de toi, parce que toi au moins, t’étais utile et nécessaire. Qu’on t’excuse d’avoir de l’argent - t’étais respectable, tu l’avais pas volé, t’avais bossé dur pour l’avoir, pour pas qu’en plus on exige que tu le prêtes. Qu’on t’excuse - et pourtant non, pourtant t’étais bien l’imbécile qui s’excusait pour pas que les autres aient à le faire, tu pensais rien de toutes ces horreurs, toutes ces bêtises pourtant courantes à ton échelon. Non, t’avais pas mieux à faire que de t’arrêter pour donner une pièce à quelqu’un qui avait l’estomac dans les talons, et tu pouvais même pas t’imaginer faire primer un job, où t’étais même pas plus efficace que ça, sur la survie d’un homme. Alors t’étais désolé de l’avoir pris, cet appel, deux fois tu lui avais demandé pardon, et malgré ça t’étais certain de l’ennuyer, certain qu’il allait souffler et lever les yeux au ciel. Même si, en fait, c’était stupide, parce qu’il avait rien à faire de sa journée, c’est pas comme s’il pouvait sincèrement être pressé.
Il te pose une question, un chouilla personnelle. Ta vie, c’était un peu le sujet dont tout le monde se foutait, dans cette conversation empêtrée et distendue. Parler de toi, ça te semblait tellement absurde, alors que le type en détresse qu’il fallait aider et mettre sur le devant de la scène, c’était lui. Toi, t’étais la main tendue sans visage dans le cadre de l’objectif fixé sur lui - parce qu’en fait, qu’il le veuille ou pas, qu’il s’en rende compte ou pas, le seul fait que t’aies tendu la main vers lui en faisait plus un type invisible, mais un type qu’on remarquait soudain trop. Le type qui avait rien à faire à ta suite, mais qui y était quand même, parce que t’avais décidé qu’il avait le droit d’y être. C’était un épisode de sa vie, pas de la tienne, pour toi ça devait être rien qu’un jour comme les autres, et t’espérais pas d’attention ni de sympathie. Mais il te demande, quand même. Il te demande si tu te perds souvent. Il admet avoir écouté ton appel du même temps, mais ce genre de savoir-vivre devait être caduque pour quelqu’un de son statut. « J’ai un très mauvais sens de l’orientation », t’as répondu un peu honteusement, tu te sentais bête. « Et une vision atroce, les lunettes font de leur mieux. » Ces lunettes qui devaient te faire des yeux de mouche, tellement la correction était rendue forte. Toi aussi, tu connaissais le chemin par coeur, et Bray avec, depuis le temps que tu t’y baladais. T’étais resté en suspens, comme s’il manquait un aveu au total - et t’as fini par l’ajouter à la liste, avec un léger rire : « ...J’ai aussi tendance à me laisser déconcentrer. » Ce qui expliquait qu’un chemin de 10 minutes pouvait t’en prendre 40, et que t’étonnais pas tes collègues avec un peu de retard, ou plus qu’un peu d’ailleurs.

T’avais pris place à une table, en attendant que viennent ton café et ce que ton invité avait demandé, peu importe ce que c’était (t’avais pas tellement écouté j’admets). Frottant tes yeux un peu embués avant de remettre tes lunettes, t’avais finalement reporté ton attention sur lui - et sur le chien aussi, posé à ses pieds. Il était moche mais t’adorais les chiens, ça te fendait le coeur de les voir dans cet état. Peut-être que tu pourrais l’embarquer chez le véto, qui sait, mais t’avais pas toute ta journée à dépenser non plus, et t’étais pas sûr que Castiel voudrait te laisser l'embarquer si c’était le sien, si c’était un peu la seule chose qu’il lui restait. Et t’étais pris dans cette pensée quand ton compagnon t’a soulevé une autre chose, c’est qu’il te demandait maintenant quel pouvait être ce travail qui te laissait débarquer en retard. T’étais un peu gêné, déjà parce que parler travail avec quelqu’un qui aurait sans doute donné pas mal pour en avoir un c’était un peu embarrassant, et ensuite parce que concrètement, aucun travail aurait dû te permettre ça. « Ressources humaines, dans l’administration. » Tu t’es mis à rougir un brin, parce que la suite, souvent on avait du mal à la croire, avec ta gueule de stagiaire. « DRH, en fait. » Mais t’en avais que le statut, puisqu’en fait t’étais probablement le moins dégourdi à ce niveau. Mais au fond, c’était peut-être aussi parce que des gens comme toi finissaient à des postes pareils que l’administration était toujours partout un énorme bordel. Merci Rod de nous avoir aidé à percer le secret.
Mais t’entends pas ce qu’il te répond, et tu vois pas sa réaction non plus, parce que ta concentration est ailleurs. Tu pourrais consulter à l’occasion pour des troubles de l’attention sévère, d’ailleurs m’est avis que tu le fais déjà - mais pour cette fois au moins, t’avais une douce excuse. Le monde était à nouveau si net, c’était agréable de retrouver cette sensation, même si le retour à la réalité après avait quelque chose d’amer. Et tu voyais Castiel. Tu le voyais pour de vrai pour la première fois, en fait, sans cet espèce de brouillage comme un mauvais filtre instagram. Ses cheveux sales, la moindre crasse sur ses vêtements, l’état atroce de ses mains, de son visage, le relief de ses traits, les pores de son épiderme avec une netteté sans égale. Et son expression. Il était en état de choc, mais c’est pas toi qu’il regardait. C’était touchant ce visage, y’avait comme un quelque chose de plus, comme un regain d’individualité, c’était plus un clochard parmi d’autre mais de nouveau quelqu’un. Et en face, un autre visage, dans un état semblable peut-être. Une femme brune qui n’avait rien à voir. Mieux portante que toi encore sans doute - et les deux ne pouvaient être du même monde alors pourquoi cet échange de regard, pourquoi ces faces étranglées, pourquoi cette myriade de sentiments contradictoires que t’aurais pas su traduire ? Puis la noyade, le bain de flou, le retour à la surface, le café - mais comme un appel dans les ondes, comme une voix au travers d’un mur épais, comme résonnant depuis l’intérieur d’une grosse caisse, un mot - « Hayley ? ».
Hein, quoi ? Tu papillonnes, tu retires tes lunettes encore pour te frotter les yeux une nouvelle fois - et ton crâne te lance, bon sang, tu t’en serais passé volontiers. « Pardon, je crois que j’ai eu une absence. Vous avez dit quelque chose ? » Tu te les masses encore, replaçant mesdames sur ton nez, pour remarquer le café crème posé juste en dessous. Tu te détournes un brin, t’apprêtant à remercier le serveur mais y’a personne, il est déjà reparti. T’as l’air fin tiens, complètement à côté de la plaque, tu te sens idiot. Il est malin le DRH, tu sais que c’est un signe avant-coureur de démence, il vaut mieux faire gaffe. Mais tu te refais comme tu peux, avec un sourire pour ton type d’en face, sourire un peu préoccupé certes mais on fait comme on peut.

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