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 Hear me roar [PV Rod]

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ft. Maureen & Rod

   
Hear me roar

   
   

   

  Il était tard. La nuit était déjà bien entamée, les fêtards eux n’avaient pas fini leur nuit, mais mon service lui, s’était achevé. Une fois mes affaires ramassées  et mon manteau enfilé, je sortis du bar, slalomant entre les jeunes ivres. Je sentais le monstre grouiller en moi. Il voulait sortir. Cela faisait longtemps que je ne m’étais plus transformée. Pas que cela me dérangeait plus que ça, mais cette envie grandissait de plus en plus, comme si la malédiction réclamait sa dose de terreur quotidiennement. J’avais besoin de la faire sortir, la laisser courir, renifler, vivre, quoi. Pourquoi un tel désir? Je ne le saurais certainement jamais. Je n’avais pas vraiment envie de le savoir. Je voulais le faire le plus rapidement possible et oublier cette part de moi une fois ceci fais, jusqu’à la prochaine fois. C’est ainsi que je tentais de me convaincre de mon humanité. Je me voilais clairement la face. J’en étais consciente, mais ça me faisait du bien, l’autopersuasion.
Je devais retrouver mon véhicule avant que je ne craque. Je me sens stressée, comme si l’animal grattait dans mon crâne pour sortir. J’avais peu dormi depuis quelques temps, mon travail était stressant et j’avais une de ces envies de me défouler! Je savais que cela influençait ma malédiction, dictée la plupart du temps par mes émotions, mais je n’y pouvais rien. Il fallait bien que cette bête sortât un moment ou un autre.
Mais ce n’était pas le moment.
Je triturais un pan de mon manteau, nerveusement. J’avais pris le chemin des ruelles et celles-ci étaient dépeuplées de toutes âmes humaines. Quelques rats ici et là fouillaient les poubelles. Je pouvais les sentir, je pouvais les entendre dans le calme de la nuit urbaine, loin de la route et des fêtes. Je m’arrêtai à un croisement.
Je devais me rendre à l’évidence. J’étais perdue. Complètement même. Je n’avais pas l’habitude d’emprunter les ruelles, mais j’avais peur. Peur de croiser quelqu’un qui me fît perdre mon temps ou qui attirât ma colère. Je n’avais vraiment pas besoin de ça, tout de suite. Au final, j’aurais peut-être préférée être abordée par un ou deux ivrognes. Parce que la, je n’étais vraiment pas prête de rentrer. Je serrai les dents. Bordel! Il fallait bien que je me perde ce soir ! Je tordis le tissu de mon manteau en regardant autour de moi. J’étais vraiment dans la merde. Je n’allais pas tenir longtemps. J’allais devoir improviser. Je tournai au hasard dans la rue d’une démarche bien plus rapide qu’avant. Certaines ruelles étaient habitées par un couple aux intentions que je ne voulais pas savoir ou par des SDFs désireux d’un peu de calme. Heureusement, je finis par trouver une ruelle étroite plutôt calme. J’étais énervée, vraiment énervée. Me perdre ainsi, comme une enfant? J’étais ridicule! Je commençais à retirer l'entièreté de mes vêtements. Il faisait froid, la chair de poule avait recouvert tout mon corps. Je fourrai mes affaires dans mon sac et coinçai celui-ci entre des poubelles posées là. Un coup d’oeil à gauche, un à droite, personne, j’en étais certaine. De toute façon, tout était plongé dans le noir.

Je n’avais pas le choix, je devais me transformer ici, je devais me relacher, faire redescendre la pression seulement quelques minutes, le temps de retrouver mon calme. Bon. J’allais être terrorisée plutôt qu’en colère, mais au moins, cette émotion là, j’avais l’habitude. Je fermais les yeux et laissai la douleur m’envahir, se diffuser dans mes muscles, dans mes os, au plus profond de mes tripes. Cela ne dura pas très longtemps, mais la douleur n’en restait pas pour le moins insupportable. Je ne tardai cependant pas à rouvrir les yeux. Je n’étais plus qu’une boule de poils, de griffes, de crocs. Ma respiration était grande et profonde, je pouvais sentir mes pattes sur les pavés, je pouvais voir comme des jours sans peine et entendre bien plus loin que n’importe qui, je pouvais entendre chaques grattements de rat, chaques gouttes de pluie près de moi, chaque mouvement au bout de la ruelle, hors de vue. Et cela m’était insupportable. Je ne voulais pas entendre ça, pas sentir cette puanteur que je ne descernais pas auparavant. Je secoue la tête en grognant. Une de mes pattes monstrueuses frottent mes oreilles, ma tête est basse. Le grondement fait écho dans toute la ruelle. Merde! Je dois me taire. Tais toi Maureen. Fais abstraction du reste. Calme toi. Tout ira bien. Tu n’es pas du tout un monstre qui pourrait sans doute dévorer un homme en deux coups de dent.
Bon d’accord, je me fais encore plus flipper.

Je me mets à m’éloigner de l’endroit; longeant les murs, guettant le moindre geste. Je dois bouger, avant qu’on ne me remarque. Et surtout, tais toi! Je respire rapidement, mon souffle est puissant et bruyant. J’ai l’impression de n’entendre que ça. Bordel, bordel. Encore et toujours, je suis terrifiée, terrifiée par moi-même.

   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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HEAR ME ROAR
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Maureen & Rod ;
Qu’est-ce que tu foutais là, Rod. En pleine rue, alors qu’il faisait nuit et froid, et alors que tu craignais l’un et l’autre. Coconut Grove, c’était animé assez tard, mais les soirées entre potes, ça n’a jamais vraiment été ton truc, déjà parce que tes potes se comptaient sur les doigts d’une main, à supposer que t’en avais. Pourtant t’aimais ça, boire, et t’avais jamais vraiment grandi - à 27 ans, c’est comme si t’en avais 18, et t’avais beau être chômeur depuis un bon moment, et avoir lâché le lycée avant d’avoir ton bac, tu te sentais encore un peu étudiant.
Qu’est-ce que tu foutais là. T’avais dû t’attarder quelque part, où que tu t’y sois endormi, ou qu’on t’avait emmerdé et à force d’insister tu t’étais laissé embarquer dans des coins mal famés par des gens que t’aurais vomi dix fois - mais t’étais ce genre de gars, t’arrivais pas à décliner les invitations, et c’était tellement facile de te traîner partout comme un chien. Résultat t’avais un peu bu, mais t’avais plu un sou en poche. On avait voulu te faire boire un peu plus, et quand il s’est trouvé que tu pouvais pas payer, tu t’es fait lyncher comme un malfrat et tu t’es fait sortir avec un coup de pied au cul. T’avais fini avec un début d’oeil au beurre noir, mais ça allait encore, on t’avait fait déguerpir et t’avais plus qu’une idée en tête - traverser Coconut Grove et rentrer chez toi, dans ton appartement miteux à Dragon Alley.

T’avançais en regardant tes pieds. C’est con, mais les rires des vieux ados et jeunes adultes un peu bourrés, ça te faisait froid dans le dos. T’avais peur qu’un de leur regard t’accroche, t’avais peur que ce soit de toi qu’ils rient, et ça te donnait de sales frissons, et ça te faisait presser le pas. Et comme chaque fois que tu pressais le pas, tu trébuchais connement, sur le premier pavé irrégulier que ton regard survolait sans voir. Et tu déambulais, et tu titubais, à travers les rues en espérant ne pas te planter. Mais quand on voyait pas à deux pas devant soi, qu’on arrivait pas à lire un nom de rue ou un panneau, dans un éclairage réverbère dégueulasse, c’était foutrement facile de se perdre. T’aurais bien demandé son aide à Google Maps, mais en prime ton téléphone s’était déchargé dans la soirée. T’étais purement et simplement dans la merde.
Tes pas t’avaient mené dans des rues moins peuplées, plus étroites. D’un côté, ça t’avait détendu de fuir le regard des autres - mais de l’autre, le moindre bruit te faisait sursauter. La moindre ombre passant au coin de ton oeil, tout ce qui ressemblait à une forme humaine, ça te faisait flipper. Tu étais incroyablement nerveux, et plus tu avançais, plus tu te savais perdu. Au final tu savais même plus où tu allais, la seule raison pour laquelle tu n’arrêtais pas de marcher, c’est que tu ne voulais pas faire demi tour, que ça se remarque et que t’aies l’air ridicule. Surtout, tu savais très bien ce qu’il pouvait se passer, si la mauvaise personne comprenait que tu t’étais perdu, une information comme ça c’était facile à exploiter - et juste pour ça tu faisais semblant de savoir où t’allais. Parce que ça te faisait peur, de croiser ça de nuit - de jour aussi d’ailleurs. Et t’avais aussi peur d’être suivi - parce que ta vie de victime, au fond, elle t’avait ancré la paranoïa dans le sang.

Et t’as continué, encore, et encore au hasard des rues, tu voulais éviter les plus étroites mais tu t’y engouffrais parfois pour éviter de croiser ce qui ressemblait à des gens, à une potentielle mauvaise rencontre, à tout et n’importe quoi. T’as continué jusqu’à ce que tu ne parviennes même plus à distinguer tes propres pieds dans la pénombre - là t’as regretté, là t’as ralenti, t’as commencé à te dire que peut-être, revenir sur tes pas, c’était pas si mal si tu voulais pas passer la nuit dehors. Et t’as commencé à réaliser que t’étais pas tout seul. Tu voyais rien, tu savais juste vaguement que tu voyais personne, mais quand on devient aveugle faut compenser autrement, et ton ouïe, pour le coup, elle fonctionnait très bien. A l’affut, aux aguets, prête à relever le moindre danger. Mais justement, ça n'était pas des pas, des voix, ça encore, ça aurait pu aller. C’était un souffle. Un souffle qui prenait l'air et ricochait entre les ruelles, si bien que tu n’étais pas certain d’où il venait. Un souffle qui n’avait rien d’humain, qui tenait plus du boeuf - ou d’autre chose, mais il faut avouer, tu t’y connaissais trop peu en zoologie pour le déterminer. En tout cas, t’étais pas sûr que ce souffle venait de quelque chose qui aurait dû se trouver là.
Tu t’es planté sur tes jambes douloureuses, t’as collé ton dos à un mur pour pas qu’on te chope par surprise, pour voir ce qui pouvait venir. Mais voir… C’était pas dans tes qualités. Tu regardais de tous les côtés, mais tu voyais juste rien, sinon la loupiote lointaine d’un bar ou d’un magasin. T’avais envie de te barrer vite fait en courant, d’autant que ce souffle lourd approchait - le problème, c’est que t’étais pas foutu de savoir de quel côté, alors t’arrivais pas à choisir la direction à prendre. Peut-être que tu devrais foncer vers des humains. Même s’ils te faisaient flipper, même si ça pouvait aussi bien mal tourner - au moins, les humains, tu savais ce que c’était. Parce que là, t’en avais aucune foutue idée, et t’avais le coeur qui t’éclatait la gorge, et plus ça allait, moins tu voyais à travers tes yeux mouillés. On aurait dit un mauvais film - c’était surement rien, en plus, une machine ou quelque chose qui vrombissait, mais que tu pouvais pas t’empêcher de mal interpréter.

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 Il fallait bien que ça arrivât un jour. Quelle idée j’avais eu de me transformer dans une ville aussi. Cela ne m’arrivait que très rarement, lorsque j’étais à bout. Bon, j’étais à bout, d’accord, mais je n’aurais pas dû me perdre, pas du m’énerver, pas dû rentrer si tard, pas dû me laisser aller. Encore une fois, j’avais tout foiré.
Parce qu’il y avait quelqu’un, avec moi, dans cette ruelle. Je l’avais entendu derrière moi, dans le noir. J’avais tourné le museau, je le voyais. Je voyais tout, comme s’il faisait juste sombre. Je fermais les yeux, espérant avoir rêvé. Il n’y avait personne, il ne pouvait pas avoir quelqu’un. Et s’il m’avait vu ? Et si il appelait la police ? Qu’il fuyait appeler du monde pour me capturer ? Ma respiration se faisait de plus en plus rapide. J’étais stressée, mes griffes grinçaient presque en raclant le sol damé. Je devais m’assurer qu’il ne m’avait pas vu me transformer. Il aurait pu voir une forme changer. En tout cas, il ne bougeait pas. Il avait peur. Peur du monstre que j’étais, ou de la douloureuse transformation qui m’avait, malgré tous mes efforts, arraché quelques gémissements de douleur. Bien que la dite transformation était de plus en plus rapide au fil des ans, et surtout de moins en moins douloureuse, cela était encore bien trop insupportable.

Je me forçais à rester calme. Il était presque trop proche, j’étais tapie dans l’ombre et sa vue humaine ne me voyait surement pas. Pourtant, il aurait certainement suffit d’un peu de lumière venant d’une fenêtre plus haut ou d’un téléphone pour me rendre visible. J’avais le poil sombre, mais j’étais massive, j’en étais persuadée.
Pourtant, je devais en avoir le coeur net. Je devais éviter qu’il me dénoncât, qu’il fuyât ou quoique ce soit. Je ne pouvais pas le poursuivre, je ne voulais pas. C’était trop risqué. Mais comment savoir ? Comment en être certaine ? Je paniquais. Mes idées n’étaient plus vraiment claires. Je décidais plutôt de m’approcher. Très, très lentement. Mes poils rasaient les murs, je m’approchais sans faire plus de bruits que ma respiration anxieuse ne faisait déjà. Mes griffes frappaient le sol dans de petits cliquetis plutôt caractéristiques d’un animal à quatre pattes. J’observai l’intrus. Il avait l’air effrayé, fatiguée, comme s’il pleurait, même. Avait-il si peur de moi ? Pourtant, il était impossible qu’il ne me vît dans une telle pénombre, j’étais arrivée ici sans rien voir moi-même. Je n’y comprenais rien. Je me rendis compte bien trop tard que je m’étais approchée trop près. A quelques mètres à peine. Je pouvais le sentir. Je pouvais sentir sa peur. Cela me donnait presque faim. Putain, je n’avais rien mangé de la journée, je crevais de faim.
Hein ? Mais à quoi j’étais en train de penser moi ? Ce n’était pas un humain qui allait me donner faim ! Maureen, tu devais arrêter. Tu étais trop près, il allait finir par te voir correctement, il allait s’habituer à la pénombre et là, tu allais être sûre qu’il t’avait vu. Je me figeais, la tête basse, les yeux levés sur lui, mon coeur battait encore plus vite. Et Dieu savait qu’il battait vite de base sous cette forme. Je voulais fuir. Mais ou aller, sans me faire voir ? Je ne pouvais même pas me retransformer, pas devant lui, pas potentiellement devant d’autres personnes, dans une autre rue ! Non, c’était trop dangereux. Je préférais encore qu’il eût cru à une bête échappée d’un zoo et qu’il ne s’échappât le plus vite possible. Il était si proche. Je me décidais plutôt à me reculer. De gestes souples et silencieux, aussi silencieux qu’un prédateur en chasse. Il allait fuir, c’était certain. Mais comment savoir qu’il n’avait vu que la bête, et pas l’humaine ?
Une idée germait doucement dans mon esprit. Mais pour le moment, le plus prudent était de m’éloigner, et d’attendre, qu’il bougeât, qu’il fît quelque chose. N’importe quoi, mais il se devait de réagir. Peut-être penserait-il qu’il avait rêvé ? Il avait l’air si fatigué. J’espérais cela du plus profond de mon coeur de monstre.

Il devait me prendre pour un rêve. Il devait m’oublier, fuir, et ne plus jamais en parler à personne.

   
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Maureen & Rod ;
T’étais juste tétanisé. T’avais beau avoir la petite voix de ta conscience qui te chevrotait des mots de réconfort pour te calmer, ça commençait doucement à être au dessus de tes forces. L’obscurité, l’incertitude - l’impression d’évoluer dans une peinture à l’huile ratée, où l’on aurait oublié d’enseigner les couleurs et la lumière au peintre. T’étais même pas foutu de mettre des mots sur le son, parce que chaque mot qui semblait faire référence à quelque chose de vivant te faisait froid dans le dos. Le souffle - le souffle, c’était pas de la ventilation. C’était un souffle chaud, un peu chargé, un peu humide, comme sorti de naseaux. Un souffle irrégulier, accéléré, et toujours plus bruyant. Tu savais pas si c’était la distance qui s’amenuisait ou si c’était toi qui te focalisait un peu trop dessus, au point de ne plus entendre rien d’autre. Il y avait d’autres bruits pourtant - comme un raclement. T’aurais pas su dire ce qui raclait, tout ce que tu savais, c’est que le mot raclement te terrifiait, à ce moment-là, et t’aurais juste aimé qu’il s’arrête. Comme des griffes sur le pavé, mais c’est pas forcément cette image qui te venait. Comme un corps osseux ou métallique qu’on traînait au sol. Peut-être juste un connard qui sortait sa poubelle - c’était probable, mais alors, pourquoi t’avais si peur ?
Ton coeur a dépassé le seuil du nombre de battements/minute supportable. C’était comme si ton visage s’était drainé de son sang, parce qu’il te venait une constatation claire : peu importe ce que c’était, c’était définitivement de plus en plus proche. Tu savais toujours pas d’où, ça semblait venir de partout, mais tu étais certain pour les bruits - et pour l’odeur aussi. Une odeur chaude, infecte, animale. Comme un gros chien, ou pire que ça. Tu mettais jamais les pieds dans les zoos, c’était trop cher pour toi, mais si ça avait été le cas t’aurais reconnu l’enclos des fauves. Ça te prenait le nez, c’était comme si un filtre te coinçait la respiration, tu avais l’impression de suffoquer. Ou c’était peut-être à cause de ton coeur, du malaise, de ton cerveau qui réclamait à s’oxygéner. Bordel, à ce rythme, t’allais juste t’évanouir comme un débile alors que t’étais potentiellement en danger.

Même s’ils étaient pourris, tes yeux auraient pu percer la pénombre. Tu l’aurais vue, la masse noire, même si t’aurais carrément loupé les détails. Cela dit, t’étais rendu tellement fou sous la masse d’informations minuscules que t’avais des petites étoiles qui te piquaient la rétine. Plus t’essayais de voir, moins tu voyais - tu te sentais faiblir : le malaise, il était là, il guettait, il rôdait. Lui aussi te fixait dans l’ombre, t’avais deux bêtes qui tournaient autour de toi. Pris au piège entre ta faible nature et l'innommable créature. Soudain, l’adrénaline - ou l’instinct de survie peut-être. T’as lancé un « Y’a quelqu’un ? » qui sonnait beaucoup trop fort à tes propres oreilles, tant tu t’étais concentré sur le silence. T’avais la voix qui tremblait, qui déraillait - t’avais même pas parlé fort et probablement personne l’entendrait, mais c’était comme un cri dans ton coeur.
Et puis soudain, tu l’as vue. C’était à se demander comment t’avais pu la manquer aussi longtemps, parce que c’était tellement près qu’en tendant le bras t’aurais pu te le faire bouffer. Une masse noire, épaisse, hirsute, comme un rocher bossu dressé sur quatre pattes. Ton sang n’a fait qu’un tour, t’as poussé un hurlement - si déchirant que tu t’en es brisé la voix, et que tu sonnerais désormais comme un supporter au lendemain d’un match de foot en extérieur par -15 degrés. T’aurais du prendre la fuite, partir en courant, le coeur battant à t’en exploser les côtes. Mais ton instinct de survie était pas de la toute première qualité, tout le monde le sait. La crise d’angoisse, ça faisait quelques bonnes minutes qu’elle te planait au dessus. Tu tremblais - comme une feuille, les yeux prêts à te sortir du crâne. T’as hurlé encore, de façon incontrôlé, tu t’es pris la tête, tu la sentais prête à exploser. Tu pleurais, je crois, t’en étais même pas sûr toi-même tellement t’arrivais plus à rien sentir d’autre que le sang qui gorgeait trop tes veines. T’as voulu te barrer, t’as voulu fuir, mais ton corps répondait plus. Tu savais pas ce que c’était, un monstre, un truc qu’on voyait jamais que dans les dessins animés. Tu le cherchais du regard, comme un arachnophobe ne lâcherait pas une araignée de peur qu’elle le surprenne plus tard, mais t’arrivais plus à rien voir. Ta vue s’était trop troublée, et tu t’es recroquevillé, la tête dans les bras, et t’as crié encore, dans l’espoir que ça allait cesser. T’étais certain que t’allais mourir, t'avais été pris d'une nausée tellement violente que tu t'es penché vivement et t'as vidé ton estomac de panique. C’était irrationnel - mais bon, qu’est-ce que t’y pouvais ?

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 Bon. Tout ne se déroulait pas comme prévu. Je pensais que sa réaction serait la fuite, la peur tout au plus. Qu’il n’aurait plus bougé, hurlé, pris ses jambes à son cou. Mais non, monsieur se mit plutôt à pleurer, à vomir, mais à rester là. Evidemment. Il ne voulait pas partir ? Bon sang ! Mes affaires n’étaient pas loin et avec lui dans les parages, je ne pouvais décemment pas me changer à nouveau. Je devais trouver une autre solution. Etais-je si horrible que cela ? Cette idée me pinça le coeur. Je faisais vomir les gens. A quel point fallait-il être horrible pour faire vomir les gens ? Le peu que je voyais personnellement n’était qu’un tas de poil plus ou moins rayé. Ce devait être mon visage. Et sa réaction me donnait encore moins envie de le découvrir. Je savais que je n’y survivrais pas. Le peu de confiance en moi qui me restait aller s’envoler et disparaitre aussitôt. Et, mine de rien, j’en avais besoin, de cette confiance en moi. Sans elle, je n’avais pas le courage de me lever le matin, de me bouger le cul jusqu’au bar et de servir les clients sans les insulter de tous les noms. Oui, même si j’y pensais très fort, j’avais encore cette détermination à garder mon job.

Quoiqu’il en était, la solution de la fuite ne lui était pas encore assez envisageable. Je ne pouvais pas fuir et risquer de me faire voler mes affaires ou pire : de ne pas les retrouver. J’avais donc le choix. En fait, non, je ne l’avais pas, je devais lui faire peur, encore plus peur qu’il ne l’avait maintenant. Il devait avoir peur pour son intégrité physique et pas juste pour le contenu de son estomac. Ce que je m'apprêtais à faire n’était pas ma tasse de thé. A vrai dire, je détestais cela. Et s’il me dénonçait ? Et s’il hurlait aux quatre vents qu’un monstre sanguinaire rôde dans les rues ? Ma présence ne pouvait pas être révélée, impossible. Mais… Encore une fois, sur le moment même, je ne voyais pas d’autres solutions. Peut-être parce que j’étais paniquée. Peut-être parce que la bête en moi n’était absolument pas contre. Je ne voulais pas réfléchir plus longtemps ou j’allais me dégonfler.
Je m’approchai alors encore plus de lui et gonflai mes poils. J’avais cru comprendre que cela me faisait paraitre plus menaçante, si tant soit peu qu’il pouvait me voir dans cette pénombre trop épaisse pour un être humain. Du moins, j’espérais que ses yeux fussent habitué pour voir ce que j’entreprenais. Je m’approchais doucement de lui, à pas de loup. Je commençai à grogner. Le grognement était sourd mais puissant. Je dévoilai ensuite mes crocs, ils étaient longs, je le savais. Mes babines étaient retroussées, mes crocs, je l’espérais, devaient ressortir dans la pénombre.

Je continuai mon manège, me faisant la plus menaçante possible, prête à bondir, sans le lâcher des yeux. Je guettai la moindre de ses réactions. S’il ne fuyait pas à cet instant, c’était qu’il avait compris que j’étais humaine. Ou qu’il était complètement inconscient, ce qui n’était pas une option à mettre de côté. Cependant, il était plutôt normal de fuir dans de telles circonstances, surtout qu’il n’avait ni l’air armé, ni fait pour le combat. Comment je le savais ? Parce qu’il venait de vomir et pleurait devant moi, ce qui n’était définitivement pas la marque d’une personne capable de se battre.
Heureusement, ce n’était pas ce que je lui demandais, je voulais juste qu’il me laissât tranquille et ne revînt plus jamais.


   
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Maureen & Rod ;
T’étais pas au bout de tes peines, Rod. Et t’étais quand même un type sacrément malchanceux pour croiser un animal de zoo prêt à te bouffer au détour d’une rue. Le pire, dans tout ça, c’est que tu trouvais pas ça anormal, tu te demandais même pas pourquoi. Pourquoi un animal pareil se trouvait là ? Pourquoi t’étais qu’un raté que la vie passait son temps à essayer d’éliminer ? Pourquoi personne était en alerte ? Pourquoi personne d’autre ne l’avait remarqué ? Quoique t’en sais rien en fait, si jamais Bray était sans dessus dessous à cause d’un monstre mangeur de bébés, t’en saurais juste rien, parce que tu te tenais jamais informé. Sur une autre note, une petite voix dans ta tête te soufflait que c’était peut-être juste une autre hallucination, vu que t’étais fou ou voyant tu sais, et que ça t’arrivait de temps en temps. Mais toi, là, dans ton état de panique, t’avais juste accepté platement ce qui t’arrivait. Pas de pourquoi, pas de comment - seulement : comment en réchapper. Et franchement, à la course avec cette chose, t’étais pas certain de gagner. Parce que t’étais mou, épuisé, maladroit, aveugle, tu butais contre tous les pavés, tu te prenais les murs… Non, Rod, là t’étais certain que t’allais crever.
Et même si t’en réchappais, il se passerait quoi, tu penses ? Oh non, fallait pas croire que tu dirais quoi que ce soit. T’étais pas un type comme tout le monde, il faut dire - police, urgences, t’aimais rien de tout ça. De toute façon, rien que pour composer un numéro de téléphone et parler dans le combiné, t’étais pas loin de la crise d’angoisse, ça te faisait l’effort de toute une journée. Et puis, soyons honnêtes, que se serait-il passé, si Rod le clochard, Rod l’illuminé, le malade mental, le dépressif, Rod l’homosexuel, Rod la victime, balançait au poste de police qu’il avait vu un énorme monstre couvert de poils au détour d’une rue ? Tu le sais - t’aurais fini interné, t’aurais fini avec une camisole, avec des injections à vie, un bon million de cachets, des gens, des médecins pour te harceler de questions, te toucher, se foutre de toi. Même pas en rêve, t’aurais crevé avant de balancer quoi que ce soit.

Crever. C’était bien ce mot que tu ressassais en boucle dans ton esprit. Parce que t’avais tellement peur que tu aurais aimé mourir tout de suite, juste pour ne plus ressentir la peur. Il faut être honnête, qui aimerait vivre ta situation, tout de suite ? Qui pouvait prétendre vouloir se retrouver face à cet animal, quel qu’il soit ? T’aurais presque préféré qu’il te bouffe tout de suite, pour ne plus ressentir cette angoisse qui te soulevait violemment les tripes - mais si la mort te semblait une perspective charmante, l’agonie de longues heures entre des crocs te faisait beaucoup moins de charme. Plus que tout, tu craignais la douleur. Et cette douleur, tu te l’imaginais presque, quand pris de tremblement, relevant la tête avec peine, perçant la pénombre tant bien que mal de tes rétines à travers tes larmes, t’as aperçu la chose trois fois plus grosse avec des dents comme des sabres. T’as imaginé ces épées crevant ta chair dans un flot de sang, t’as imaginé avoir mal. T’as eu des sursauts, des sursauts de terreur, ta face horrifiée. Il fallait que tu te barres, mais t’avais tellement peur. T’étais tétanisé, mais il fallait, il fallait, putain ce que t’avais peur de crever. T’as chialé de plus belle, « à l’aide ! » t’as beuglé avec un quelque chose de déchirant, et en même temps, ta voix mourrait au fond de ta gorge : tu pouvais plus parler, et gueuler encore moins. « À l’aide, à l’aide », t’as tâché de répéter, et t’as fini par réussir à te redresser, à faire quelques pas en arrière - ton visage, on aurait dit un masque vaudou, un démon japonais, tellement il était tordu et terrorisé. Ce grognement, ce grognement monstrueux qui avait l’air de résonner autant dans ta poitrine que la sienne, comme si les crocs avaient déjà pénétré la chair. Et tu t’es retourné, t’as foncé comme un dératé - t’as buté contre le sol, tu t’es vautré, t’as fait un vol plané. Puis tu t’es relevé, t’as couru encore. T’es retombé, tu t’es pris une benne dans la hanche, tu savais pas où t’allais mais loin, le plus loin possible, percutant tout ce qui pouvait être percuté. Tu t’étais fait mal en plus, t’avais déchiré un genou de ton pantalon, faudrait t’attendre à deux ou trois bleus sur le corps. Mais au moins, au moins t’avais eu le bon sens de t’échapper.

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ft. Maureen & Rod

   
Hear me roar

   
   

   

Je l'entendais, parmi tous les autres bruits, insupportables bruits. Il appelait à l'aide, il espérait qu'un héro lui sauvât la mise. Il espérait être emporté loin en sécurité, loin de la bête que j'étais à ses yeux. Sa réaction était normal. Il en avait toujours été ainsi. Quelle autre réaction avoir face à une menace? Nous n'étions pas aux Etats-Unis et peu de personne se promenait avec une arme à la main. Il y avait certainement encore moins de chance qu'un possesseur d'arme aie le sang froid pour attaquer un monstre horrible prêt à lui arracher la gorge. Même si évidemment, cela n'était pas du tout le cas. Je n'ai jamais eu faim de chair humaine. L'idée d'en attaquer un ne m'est d'ailleurs jamais venu à l'esprit. Pourtant, j'aurais pu, n'est-ce pas? Un humain qui se transformait en monstre... Quel but aurait-il pu avoir si ce n'était terroriser les autres hommes?
Visiblement, quelque chose n'allait pas dans cette malédiction, car je ne terrorisais que les personnes pour les faire fuir et cela ne me faisait évidemment pas plaisir. En fait même, cela me blessait. Je pouvais voir parfaitement la peur dans ses yeux, son visage déformé par la terreur. Je pouvais sentir ce sentiment sortir de tous les pores de sa peau.

Et enfin, après tous mes efforts, il se détourna de moi et prit les jambes à son cou quand il comprit enfin que personne à cette heure-ci ne viendrait le sauver. Peut-être l'avait-on entendu. Peut-être avaient-ils eu peur également ou simplement qu'ils ne voulaient pas intervenir car l'homme est égoiste. Risquer sa vie pour un inconnu ? Quel drôle d'idée. Le confort personnel est bien plus satisfaisant.

Je me mis à le suivre à grandes enjambées pour qu'il se sentît poursuivi. Pourtant, je n'y mettais pas beaucoup d'énergie. Bien sûr, j'aurais pu le rattraper aisément, le plaquer au sol en moins de quelques secondes. Mais à quoi bon? Il devait simplement fuir loin et il faisait enfin. J'allais finir par croire qu'il avait abandonné sa volonté de vivre et attendait la mort. Cela aurait été d'autant plus emmerdant. Je ne voulus y penser sur le moment. J'attendis que nous ayons fait quelques mètres avant de ralentir. Mes griffes contre le sol raisonnèrent encore quelques secondes avant de s'arrêter complètement. J'agitai une oreille, j'entendais toujours ses pas contre les pavés. Je baissai les yeux sur mes pattes massives. Je n'attendais qu'une chose, que le son qui raisonnait à mes oreilles s'estompât. Qu'il s'estompât encore et encore, jusqu'à ne plus devenir qu'un son incertain avant de simplement mourir. La, enfin, je serais libre. Je soupirai longtemps par les naseaux. J'étais fatiguée, usée, triste, j'avais faim et l'odeur de la pollution me nouait l'estomac en même temps et me donnait le tournis. Ou était-ce tous les éléments ensemble?

Je m'en fichais sur le moment. Je voulais juste m'habiller, retrouver mon chemin et rentrer dormir toute la journée. J'avais eu ma dose de monstre pour au moins une semaine. Ou deux trois jours, j'espérais. Mes désirs étaient instables et cela me pesait sur les épaules.
En tout cas, j'étais certaine d'une chose : jamais plus je ne me tenterais à me changer en ville. Cela aurait pu être pire, bien pire. Mais je devais positiver, n'est-ce pas? Il était parti le bruit s'estompait. Il ne manquait plus qu'il s'éteignît.  
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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Hear me roar [PV Rod]
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