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 I got the devil beneath my feet | ft. Sirius J. Brown

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devil beneath my feet

Sirius J. Brown & Gidéon Ò Murchù

You best be God or you'd better be dead, don't need a muthafucka lookin' down on me - a muthafucka lookin' down on me

Sirius James Brown, né le 2 décembre 1990 à Londres, de nationalité britannique. En vérité, c'était un sans nom, sans revenu et sans histoire. Il logeait dans une arrière-boutique et survivait de sa passion. Un insecte au pied de la montagne, mais aussi le genre de cafard parfois difficile à serrer. Comment Gidéon avait découvert ses photographies, c'était toute une histoire - et pourquoi celles-ci existaient l'était encore davantage. Il s'était trouvé un jour où Gidéon fut incroyablement malchanceux. Suffisamment pour dans la même journée visiter l'hôpital de Bray, essuyer une tentative d'assassinat de la part d'un être dont il ne savait rien, se vider de son sang dans un couloir sous l'objectif pervers d'un sombre connard, se faire prendre en charge par une fée pour finalement réduire l'existence de cette dernière à néant, et la sienne du même temps. Parlez d'une journée pleine - Gidéon avait marqué ce jeudi 2 novembre d'une pierre blanche, et l'ombre du malheur planait encore au dessus de son crâne comme une épée de Damoclès.
Sirius Brown. Il ne le connaissait pas ni ne l'avait jamais vu, et cela n'avait rien d'étonnant. Il avait vu son visage pour la première fois ce jour-là, à l'hôpital même, alors qu'il se débattait en lui-même, dans un bras de fer solitaire avec sa détresse. Et il avait vu cette face fascinée, cette face sans compassion qui l'observait, distante, à demi indistincte. Cela n'avait pris qu'une minute tout au plus, alors que Gidéon titubait - il avait entendu le déclic de l'appareil photo, et c'était absurde à tel point qu'il ne l'avait d'abord pas réalisé. Puis le contrecoup - la compréhension. Elle avait été trop lente à son goût. Il avait voulu s'arracher le cerveau à mains nues et l'étouffer entre ses paumes, et le déchirer, de rage de n'avoir rien pu faire contre un pareil affront. L'humiliation. Un sans nom possédait une photographie de lui dans un pareil moment de faiblesse, il avait gagné de ce seul fait un pouvoir à peine envisageable sur lui, et qui sait pour combien on la lui aurait achetée. L’existence seule de cette photographie impliquait qu’un voyeur l’avait laissé crever en jubilant de cette vision - et cela il ne pouvait le tolérer.
Forcément, il s'était évertué à le retrouver au plus vite. Un photographe dans une boutique de matériel de photographie - voilà un fait qui lui avait lourdement simplifié la vie. Il avait retrouvé son nom, son visage, en quelques jours à peine, peu après sa sortie. Il s'en était fait une urgence, et avait tout à la fois vérifié sur le web que rien n'avait été diffusé dans le temps où il n’avait plus de prise sur rien. Putain, ce qu'il aurait voulu le traîner en justice, mais il n'osait risquer de rendre l'affaire publique. Putain, pour ça, il l'aurait tué, et pas de la plus douce manière qu'il soit.

Il avait pris contact, sans trop se mouiller. Une lettre pour statuer officiellement les faits dirons-nous, mais c’est encore trop doux - disons plutôt un courrier aussi agréable que celui d’un percepteur des impôts. Pas de mention précise à l’événement, rien que des allusions, et des menaces couvertes mais faciles à deviner. Il s’agissait de faire pression, de lui faire mesurer l’envergure et le poids de l’ennemi qu’il s’était choisi. Il fallait être un vrai crétin pour ne pas redouter Gidéon, mais pour le photographier de la sorte, il doutait qu’il ne le soit pas. Déjà, le droit à l’image de sa gigantesque personne était un droit d’une importance cruciale qu’il tenait à se faire valoir, et il n’aurait pas eu le moindre mal à dépêcher une demi-douzaine d’avocats pour tomber sur le premier qui agirait d’une manière qui ne lui plairait pas. Mais cette fois c’était pire, et sans divulgation, aucune mesure officielle n’avait pu être prise.
Alors il avait envoyé des gens, pour retourner cette misérable boutique. Des gens de confiance qui ne posaient pas de questions. Ils avaient retourné tout ce qu’il était possible de toucher, bousillant allègrement du matériel, pour s’assurer que rien ne traverse. Saccager - mais c’était un moindre mal. D’autant qu’au final, ils n’avaient rien trouvé. Le doute sur l’existence de ces photos demeurait, celles-ci étaient peut-être déjà perdues, mais Gidéon ne pouvait laisser ce moyen de pression subsister. La lutte entre la fourmi et la fourmillière était loin d’être désamorcée, et tout en désirant écraser les preuves, l’homme d’acier se constituait à son tour de quoi opprimer ce nain qui lui cherchait du tort. Il avait appris quelques informations croustillantes, à force de recherches approfondies - sa vie de famille, sa nature de métamorphe. Une raison suffisante ou presque pour l’effacer comme un moins que rien.
Mais le petit Sirius lui avait fait la surprise de venir demander son adversaire titanesque à l’accueil. De l’audace, ça, il fallait le reconnaître. Il aurait pu le faire disparaître, d’un claquement de doigt. Il n’avait pas de nom, il n’était rien, il n’aurait manqué à personne - c’était un jeu d’enfant, et il le méritait plus qu’un peu. Mais il détenait peut-être une information qui valait le prix d’une vie, aussi exécrable soit-elle. C’est pour cela que, pour cette fois, Gidéon avait accepté de se prêter au jeu. Il avait accepté de le rencontrer en face, malgré la paranoïa ambiante qui avait suivi son attentat. Et ce, plutôt que de reléguer la tâche à Castiel, qu'il avait maintenu dans l'ignorance d'une telle photographie. Ce, malgré son emploi du temps plein à craquer - au moins, ils ne s'éterniseraient pas. Et il l’avait laissé venir, accompagné cela va de soi, jusqu’au lieu même où il passait ses journées.
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Haine. ••• Il est de ces personnes que personne ne veut avoir comme ennemi. Gidéon Ò Murchù entrait clairement dans cette catégorie de personne. Pourtant. Pourtant… Quand Sirius l’avait vu, blessé, dans cet hôpital, il a fait le contraire de tout ce qu’une personne normale et censée aurait fait. Elle aurait appelé quelqu’un à l’aide. Elle se serait rapprochait pour savoir comment il allait – une attitude des plus risibles. Mais toi, petit Sirius, tu as préféré sortir ton appareil photo pour immortaliser l’instant. Magnifique photo, c’est sûr. Mais vaut-elle vraiment ce prix ? En même temps, petit Sirius est joueur. Il prend le risque. De toute manière, au moment de la capture, ce n’est pas comme s’il avait pensé à la personne qu’il immortalisait. Sur le moment, même, il ne l’avait pas reconnu. Ce n’est que lorsqu’il l’a développé qu’il s’en est rendu compte. Qui, à Bray, ignorait qui était Gidéon Ò Murchù ? Et pourtant, il a gardé la photo.
Le petit coquin.
En même temps, c’était plus fort que lui, il faut le comprendre le pauvre chou. La situation était tellement excitante. Tellement grisante. Sirius n’avait pas ressentit quelque chose comme ça depuis… peu à vrai dire. Mais pas aussi puissante. Pas aussi forte. Ce frisson. Cette peau qui se hérisse. Ces poils qui se dressent. Gidéon l’avait presque autant fasciné que l’agonisante femme au suicide ratée. C’est dire. Peut-être était-ce juste la souffrance des autres et leur agonie qui plaisait à Sirius ?
Mais autant prendre la photo et la découvrir avait été un plaisir, autant la suite le fut beaucoup moins.
D’abord la lettre. Elle avait fait rire le photographe. Il savait que Gidéon ne pouvait rien faire contre lui. La photo n’avait pas été diffusée. Aucune atteinte au droit à l’image. Sirius avait complètement le droit d’avoir cet photographie en sa possession. Mais il n’était pas stupide non plus. Bien sûr que l’autre voudrait remettre la main dessus. Alors, soigneusement, il la sauvegarda sur différents supports. Disque dur, clé USB, impressions… Tous ces éléments – ainsi que le positif – Sirius les cacha ensuite soigneusement. Toujours avoir une porte de sortie. Raison pour laquelle il confia également un paquet à une personne bien vivante. Une sorte d’assurance. Il n’était pas stupide. Il savait très bien de quoi quelqu’un comme Gidéon pouvait être capable. Raison pour laquelle il voulait quelqu’un ayant en sa possession les documents pour les transmettre à la presse si quelque chose lui arrivait. Il n’y avait qu’un seul petit problème dans ce plan sans faille : pour ça, il faut faire confiance à quelqu’un. Chose que Sirius ne sait pas faire. La seule personne à qui il avait pensé était Basil. Mais sa curiosité aurait pu l’amener à ouvrir le paquet. Hors, le but de la manœuvre était quand même d’éviter d’impliquer d’autres personnes plus que nécessaire.
Résultat, il était seul. Seul contre le mur infranchissable que pouvait être  Gidéon Ò Murchù face à lui, petit photographe sans nom.
Après la lettre, les gorilles. Logique. Heureusement que petit Sirius avait déjà pris ses dispositions. Ils ne trouvèrent rien du tout. Normal. Par contre, on ne peut pas dire qu’ils firent dans la dentelle. Plus que le fait qu’ils s’en prennent à ses affaires, c’est surtout le fait qu’ils aient détruit le matériel de la boutique qui mis en rogne Sirius – une première. Résultat des courses, son propriétaire mit bien gentiment Sirius à la porte, le privant ainsi de métier et de toit. C’était tout à fait normal. Il ne voulait pas de problème avec Gidéon, chose que Sirius pouvait imaginer. Pas comprendre non. A ses yeux, Gidéon restait un homme comme les autres. Juste avec un peu plus d’influence. Mais ce n’est pas pour autant qu’il allait le traiter autrement.  
C’est pour cette raison qu’il se présenta, la bouche en coeur, devant son habitat. ‘Je souhaiterai parler à Gidéon Ò Murchù. Si jamais il est trop occupé, ou qu’il n’a pas le temps aujourd’hui, donnez-lui mon numéro, et dis-lui que Sirius Brown est passé, qu’il souhaiterait le voir et qu’il a quelque chose pour lui. Quelque chose que ses hommes n’ont pas pu trouver. Je suis sûr qu’il sera ravi d’entendre ça’. Cela ne tarda pas. Il fallu peu de temps pour que d’autres hommes le rejoigne et l’escorte jusqu’à la personne qui lui menait la vie dure.
Les pions étaient en place. La partie pouvait commencer.
La première chose que fit Sirius en voyant Gidéon fut de sourire. Enfin, il pouvait revoir cet homme. Quel plaisir. Il sortit de sa poche une enveloppe qu’il envoya à son interlocuteur. ‘Je ne comprends pas pourquoi vous faites tant d’histoire pour une photo. D’autant que le cliché est très réussi. Voilà une copie pour vous. Ne vous en faites pas, j’ai des sauvegardes ailleurs, sur différents supports. Alors vous pouvez la garder.’ Toute l’ironie dont Sirius pouvait faire preuve pouvait s’entendre dans sa voix. De toute manière, il n’avait plus rien à perdre à part la vie. A l’inverse, si Gidéon ne voulait pas voir ces photos diffusées un peu partout, il avait besoin de lui.  Autrement, pourquoi serait-il là aujourd’hui ?  
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Sirius J. Brown & Gidéon Ò Murchù

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Il entra. Il entra avec ses larges cernes, son teint blâfard, ses cheveux gras - et un sourire insupportable qui rampa sous forme de frisson de dégoût dans la colonne vertébrale de Gidéon. L’aspect même de son invité le répugnait. Le plus tôt ils en auraient terminé et le mieux il se porterait. En fait, à mesure qu’il le voyait en face de lui, il avait de moins en moins l’envie de le garder en vie. La Terre ne pourrait regretter une vermine pareille, et au moins il n’aurait plus à se préoccuper des photos que ce type aurait pu posséder. Bien sûr, il y avait toujours l’alternative que la photographie ait terminé entre les mains d’un autre, au cas où, mais de ce qu’il savait au moins, Sirius avait assez peu de fréquentations. Enfin, il en avait au moins une, assez notable, qui hélas était potentiellement l’une des pires - Basil Egerton, dont le seul nom suffisait à décupler sa rage. L'affreux Jojo se serait fait un plaisir à publier les photos à titre posthume. Rester neutre, rester neutre devant ce large sourire, devant le visage qui l’avait toisé alors qu’il était mourant, était remarquablement difficile. S’il restait froid et immobile, il avait les veines gonflées à ses tempes et le long de ses bras, la paupière qui frétillait à peine en dessous de son oeil, alors qu’il le dévisageait.
Il ne l’avait même pas laissé parler ou introduire la situation en aucune façon - Sirius s’était invité simplement et sans un bonjour, sans une politesse, il aborda directement la question du cliché. En soi, cela accommodait assez bien Gidéon d’expédier le sujet rapidement - mais la manière dont il en parlait le faisait trembler à l’intérieur de ses gonds. Trembler de rage et de haine, j’entends. Le colosse lança un regard à l’enveloppe ainsi qu’aux présents. Sa prudence voulait que l’entretien ne se fasse pas seul peu après son attentat, comme il avait la paranoia facile - mais son orgueil était encore plus fort que cela. Le cliché est très réussi, une simple phrase mais provocatrice à un point tel qu’il ne pouvait plus en supporter davantage. Et l’idée de voir l’état dans lequel il s’était montré… Il enrageait assez pour se lever de son fauteuil, avec un « Sortez » suffisamment sec aux hommes qui l’avaient accompagné. Ce qu’ils firent, en refermant la porte bien évidemment - Gidéon n’aimerait pas être dérangé.

On lui avait préalablement fait passer l’enveloppe, qu’il regarda d’un oeil mauvais. Il était tout aussi bien tenté de la jeter directement au feu qui crépitait à deux pas de lui - mais peut-être y avait-il autre chose dans cette enveloppe qui valait la peine de l’ouvrir. Il la laissa mourir lamentablement sur le bureau dans l’immédiat, qu’il contourna d’un pas lourd. Il ne se serait pas permis d’accueillir son invité peu après sa sortie de l’hôpital, c’est pourquoi il avait patienté jusqu’à être passablement remis. Si un bandage lui enserrait encore la poitrine, il n’en laissait rien voir, et se tenait désormais tout à fait droit, et prêt à en découdre avec plus faible que soi. Il fit quelques pas silencieux, saisissant avec fermeté le dossier d’un siège qu’il traîna après lui jusqu’au centre de la pièce, jusqu’à presque se tenir à un pied de lui. Il le dominait de treize bons centimètres, et son regard défiait le sien - un jeu, un pur jeu de regard pour mesurer l’audace de l’enflure qui lui faisait face. Et lorsqu’il eut redressé le siège, il lui fit froidement la demande, à moins que ce ne soit un ordre - « Asseyez-vous, Mr. Brown, j’ai à vous parler ». Il attendit alors que cela se fasse, et dans le cas où il aurait refusé, notre bon père de famille se serait bien chargé lui-même de l’y forcer par une main ferme lui écrasant l’épaule. Parce que c’était là toute la symbolique - il voulait l’écraser de toute sa taille, et pour ce faire il lui fallait être assis. Ce n’était pour lui que l’annonce d’un interrogatoire. Et peu importait d’ailleurs que ce soit Sirius qui soit venu à lui, peu importait s’il avait des choses à lui dire outre tout son manège de provocation - puisque c’était Gidéon qui déciderait où irait la conversation.
« L’existence de cette photographie me dérange, Mr. Brown, tout comme j’imagine que votre disparition subite vous dérangerait. » C’était là des menaces à peine voilées, mais il ne craignait pas qu’elles soient enregistrées - après tout, Sirius avait été fouillé intégralement, et il avait une relative confiance dans les capacités de son personnel. Pas d’arme, pas de micro, pas de caméra. Juste de l’audace, mais c’était déjà trop. « Je pourrais négocier avec vous, vous menacer, vous sommer d’en effacer toutes les sauvegardes, d’une manière ou d’une autre - mais je n’aurais jamais la certitude que vous l’ayez fait convenablement. Votre parole ne vaut rien, il n’y a que votre mort qui puisse partiellement m’en assurer. Me suivez-vous jusque là, ou faut-il que je répète les choses plus lentement pour votre cerveau stupide ? » Il y avait, clairement, une forme d’impatience qui transparaissait dans sa voix, mais dans sa voix seulement. Son corps lui, était ferme, contrôlé, impassible jusque dans ses traits - sinon peut-être ses yeux, qui lançaient des éclairs de givre. Il avait envie de le frapper, mais s’il s’emportait, il le tuerait peut-être - et il avait besoin d’une information avant de se le permettre.
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Un regard. Un regard suffisait pour sentir toute l’animosité que Gidéon ressentait envers Sirius. Pourtant, Sirius souriait. Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire. La situation le faisait rire. La situation l’amusait. L’excitait. Une première depuis bien longtemps. Il n’y avait que les photos pour le mettre dans cet état. Mais là, jouer avec le père fouettard avec quelque chose de grisant. Le voir ordonner à ses hommes de sortir c’était… parfait. Sirius se doutait qu’un homme de sa carrure préférait être entouré. Pourtant lui, lui, personne donc, avait réussi à le mettre dans une situation telle qu’il avait gagné un face-à-face avec lui. En cet instant, il se sentait comme un enfant au pied du sapin de Noël entrain d’ouvrir ses cadeaux. Joyeux Noël à lui. C’était tellement… grisant.
Prenant ses aises, il retira sa veste pour dévoiler son pull. Un de ses horribles pulls que les gens portaient pour Noël. Un pull blanc avec des petites boules dessus. Un pull avec un petit renne dessus. Pour rappeler le traîneau du Père Noël, peut-être ? Mais surtout, surtout, vous savez, c’était ce genre de pull fait pour s’allumer. Avec une petite guirlande qui ne s’allumait plus. Un pull qu’il avait trouvé dans la rue, abandonné par quelqu’un, à moitié recouvert de neige. Certes, il était moche, mais au moins, il était efficace en hiver. Et puis, au moins, il ne faisait plus de lumière. Au moins. C’était un peu moins kitch. Mais il était parfait pour rendre visite à Gidéon.
Asseyez-vous. Très bien. Sirius s’exécuta en souriant. Pour le moment, il n’avait pas de raison de lui ‘désobéir’. Ou plutôt, c’était tellement amusant de lui faire croire qu’il était obéissant. Mais quelle façon de s’asseoir ! Il était avachi, un bras sur le dossier de la chaise, un pied sur son genou. Une position pleine de grâce et de délicatesse. Parfait dans la situation actuelle.  ‘Ca y est, t’as fini ? ‘ On sentait tout le dédain dans la voix de Sirius. Limite, l’ennui. Pour un peu, il aurait pu bailler. Mais il n’en était pas encore à ce point-là. Non. Pas encore.
‘Oui, j’ai suivi. Mais qu’importe. JE me suis cassé le cul à venir jusqu’ici parce que J’avais des choses à dire. Pas l’inverse. Autrement, tu aurais fait l’effort de venir jusqu’à moi et de me parler de tout ça, pas vrai ? ‘ Sirius insistait sur sa personne. Après tout, c’était ce qui était au centre de la conversation, pas vrai ? Lui. Ce qu’il avait fait. Ahaha. Mais il avait fait l’effort de se déplacer. Gidéon devait au moins lui concéder cela. Autrement, cette conversation n’aurait jamais lieu. Alors avant de parler, il devait l’écouter, n’est-ce pas ?  ‘Mais puisque tu as commencé, très bien, continuons. Ma parole ne vaut rien ? Pourtant, que je sache, cette photo n’est pas placardée partout dans la rue. Je ne l’ai pas vendu à tous les journaux possibles. J’aurais pu me faire de l’argent sur cette photo. Je ne l’ai pas fait. Et tu dis que ma parole ne vaut rien ? Est-ce qu’elle ne vaut pas plus que celle d’un homme qui envoie ses sbires ravager un magasin ? Grâce à toi, je vais probablement perdre mon logement et mon boulot – mais ça, tu t’en fous, je me doute bien – mais du coup dis-moi, qu’est-ce qui me retient, maintenant, de ne pas faire ce que j’ai fait avant ? Des menaces de mort ? Tu penses vraiment que ça va me faire peur ? Je te rappelle quand même que j’ai pris cette photo. En toute connaissance de cause. Je connaissais les risques. Même si j’ai tous les droits d’avoir cette photo. On est bien d’accord ? ‘
Il était rare que Sirius parle autant. A tel point  qu’il se surprenait lui-même à vrai dire. Mais Gidéon l’avait cherché. Il n’avait aucun respect pour cet homme. Ce n’est pas pour rien qu’il avait choisi le tutoiement au vouvoiement. Il en était même au point où il sortit de sa poche une tablette de chocolat de laquelle il cassa une rangée pour la manger. Avant de tendre le reste de la tablette à son interlocuteur. ‘Tiens, cadeau. Il paraît que le chocolat adoucit les mœurs.’
De quoi parlaient-il déjà ? Sirius avait presque oublié…

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Sirius J. Brown & Gidéon Ò Murchù

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Pour assurer des fonctions si conséquentes et tenir la tête d’un empire financier, il n’y avait aucun doute à avoir sur la nécessité de faire preuve d’un self-control à toute épreuve. Cinquante-quatre années et davantage s’ajoutant au compteur - cinquante-quatre durant lesquelles Gidéon s’était efforcé de conserver son sang froid. Un franc succès, dirait le sarcasme. Lorsque le travail était concerné, il ne s’en sortait pas si mal. Mais lorsque l’enjeu devenait personnel ou familial, la colère devenait beaucoup plus complexe à refouler. Voir cet homme (mais pouvait-on seulement appeler cela un homme ?) jubiler de le savoir contrarié, cela lui inspirait des élans sanguins et des envies de meurtre sans précédent. Gidéon qui mesurait la valeur et la puissance par l’argent, soudain se trouvait contraint par ce qu’il y avait de plus misérable. Comment avait-il pu laisser une telle chose se passer ? Il avait, en plus de sa haine envers Sirius Brown, une colère montante contre lui-même.
Ça y est, t’as fini ? Si la provocation était une matière, elle lui dégoulinerait de la bouche, à ce ver exécrable. Tout, dans ses mots, dans son timbre de voix, dans sa manière de se tenir, dans les vêtements qu’il lui avait découvert, tout, absolument tout chez lui lui provoquait de l’urticaire. Il aurait aimé le tuer avant même qu’il ait fini. Non, non d’ailleurs, il voulait le briser, détruire sa vie, son existence, il voulait le lui faire payer, et pour cela, il fallait qu’il vive. Gidéon s’était tu et écoutait, non par respect, très loin de là, mais plutôt pour contenir au mieux sa rage, et tout à la fois parce qu’il lui fallait savoir quels sujets et arguments il avancerait. Mais comme il s’en doutait, cela n’allait nulle part. On ne pouvait discuter avec ces gueux, ces crétins, ces débiles profonds. Ils n’étaient pas capables de raisonnement, seulement d’irrespect. Ils ne comprenaient pas où était leur intérêt.

Gidéon s’était éloigné de quelques pas, fulminant, contenant sa rage. Il avait posé avec autant de délicatesse que de force sa paume à plat sur son bureau, et il dévisageait l’être qui n’avait cessé de parler. Et il le laissa finir avec ce qu’il lui restait de patience. Une fois que Sirius aurait fait le tour de ce qu’il avait à dire, au moins, il se tairait et n’aurait d’autre choix que d’écouter. Et s’il n’écoutait pas - oh, Gidéon trouverait le moyen de l’y forcer. Et il acheva sans encombre, et le triton s’apprêtait à riposter - mais c’était sans compter une ultime provocation de la part de son interlocuteur. C’est qu’il avait tiré une tablette de chocolat d’on ne sait où pour la lui croquer au nez et de narguer avec sa bouche pleine et ses bruits de mastication. Et que non content de la dévorer devant lui sans autorisation, il la lui tendait comme une offrande. Comme s’il en voulait. Comme si Gidéon s’abaissait à goûter les sucreries de ses ennemis - alors que le seul fait de se remplir l’estomac lui apparaissait depuis toujours comme une contrainte, et qu’il ne détestait rien autant que le sucré.
Le coup aurait pu partir. Il respirait fort comme un homme à bout de nerf. Mais ses poings calmeraient-ils seulement ce connard ? Il aurait mis sa main à couper que Sirius Brown n’en aurait été que plus fier. Alors d’une voix lourde, tremblant presque sous la rage, il répondit brièvement dans un premier temps : « J’aurais aimé en avoir terminé, mais ce n’était que l’introduction ». Un moment de silence, durant lequel il inspira longuement et vint se pincer l’arète du nez. La vengeance viendrait bien assez tôt, il fallait d’abord qu’il se calme - non, non la rage était impossible à contenir, il fallait qu’elle vienne tout de suite. Alors il se mit à murmurer un début de chanson. D’ailleurs, à parler de chanson, ce n’en était pas vraiment une - et sa voix, grave et d’un autre temps, s’était débarrassée de ses résidus rocailleux de fumeur compulsif pour sonner complètement différemment. Il n’y avait même pas de parole, pas de mot à comprendre, et de la sourdine il la fit venir plus fort, avant de l’achever d’un soupir entendu - et à mesure de l’élévation de ce chant dangereux, la peur s’était élevé de même dans les tripes du métamorphe, grandissante, incontrôlable, presque panique. Il n’y avait pas d’échappatoire possible : elle venait de l’intérieur et lui tétanisait les jambes. Gidéon détestait chanter, mais lorsqu’il s’agissait de sa voix de triton, il fallait bien avouer que la chose était très différente. Et pour être en mesure de contrôler la volonté d’un homme, il n’allait clairement pas chipoter, et le pauvre Sirius allait en avoir pour quelques heures.

« Ecoute bien ce que je vais te dire espèce de cave à sperme, c’est précisément la dernière fois de ta vie que tu te permets l’audace de me tutoyer. Alors tu vas me remplir ta grande gueule avec cette saloperie de chocolat, et tu vas me l’avaler sans mâcher. Ça t’obligera à tenir ta langue pendant que je parle. » Oh, bon sang, quel sentiment libérateur. Enfin, enfin il allait fermer sa gueule. Enfin, Gidéon pourrait parler. Le blaireau sous ses bottes avait tout intérêt à obéir, sans quoi un chant supplémentaire lui imposerait l’exécution de cet ordre. « Jusqu’à présent, je n’avais rien fait pour t’effrayer - je n’avais fait que t’informer. Mais je ne suis pas étonné, ta capacité à comprendre et analyser une situation est aussi médiocre que ton niveau de vie. A présent, c’est chose faite, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses. » Il l’avait dévisagé longuement, puis s’était approché de lui de nouveau. D’une poigne ferme et puissante, sans crier gare, il lui saisit alors la gorge, y écrasant ses doigts sans ménagement.
« Tu as peur ? C’est normal. Ce n'est que le début. Voilà ce qui va se passer : tu vas me retirer ce pull immonde que je puisse le jeter au feu, tu vas t'asseoir droit, puis tu vas déballer ta vie ici même, devant moi et distinctement. Pas de cachotterie, je le saurai, vermine. Et quand tu en auras fini d'avouer toutes les hontes de ton existence, tu me diras ce que tu as vu à l’hôpital ce jour-là. Tu sais qui m'a poignardé, n’est-il pas vrai ? Tu étais là, bien sûr que tu le sais, connard. » Il lui libéra la gorge non sans avoir resserré une ultime fois sa prise sur elle. « Ne sous-estime pas les Ò Murchù, c’est un conseil que je te donne de bon cœur. C’est un jeu dangereux auquel tu te prêtes, alors que sous mon emprise, tu pourrais jusqu’à oublier comment penser et respirer. Crois-moi, ce n’est pas une expérience agréable. » Un pas en arrière, un regard de dégoût, et un rictus vint finalement tordre ses lèvres. « Qu’attends-tu ? Ôte-moi cela, je t’écoute. »
(c) DΛNDELION
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Pauvre petit inconscient. Tu joues. Tu provoques. Tu énerves Gidéon Ò Murchù. Tu as beau savoir qui il est, tu n’arrives pas à t’en empêcher, pas vrai Sirius ? Mais peut-être n’as-tu tout simplement pas conscience réellement de qui est ce personnage. Mais tu as toujours été comme ça, à chercher la petite bête. Tu pousses les gens hors de leur zone de confort - enfin, tu essayes - pour voir qui ils sont vraiment. Ce qu’ils sont. Non pas que ça t’intéresse vraiment - c’est juste que ça fait de jolies photos. Même sans ton appareil entre tes doigts, c’est devenu un réflexe.
Tu le fixes, le Gidéon. Tu le dévisages. Avec ce sourire qui refuse de quitter ton visage et tes mots. Il essaye de te dominer par sa stature. Bien sûr qu’il y arrive. Mais toi, en réponse, tu t’avachis un peu plus dans le fauteuil qu’il t’a si gentiment proposé. Toujours dans l’excès. Dans la provocation. Dans le trop. Tu sens la colère qui transpire par tous les pores de sa peau. Tant mieux. Lui tendre le chocolat a été le paroxysme. Une jolie conclusion à ton discours. Un acte qui se ferme.
Un deuxième commence lorsque Gidéon reprend la parole. Ce n’était que l’introduction. Bien sûr. C’est exactement ce que tu espères Sirius, pas vrai ? Tu écoutes son silence. Tu le savoures. Tu en profites. En tout cas, le temps qu’il dure.  Jusqu’à ce que tu entendes une voix. Une voix d’outre-tombe venue d’un autre temps. D’un autre lieu. Elle semble partout et nul part. Tu n’as même pas compris qu’elle venait de Gidéon. Tu n’es plus en état de le comprendre. Ce chant s’incruste dans ta peau. Il se glisse dans ta tête. Peu à peu, il souffle à ton horreur les pires horreurs. Tu sens la peur t’envahir. Elle vient de l’intérieur. Une peur sourde. Une peur assommante. Une peur qui t’étouffe lentement. Exactement comme lorsque que tu es enfermé dans un lieu clos. Tu te sens oppressé. Tu te sens étouffé. Tu n’arrives plus à respirer. Tu te recroquevilles sur ce fauteuil qui en cet instant est ton seul point de repère. Tes mains s’agrippent aux accoudoirs, essayant de les déchirer. Tu sers jusqu’à t’en faire mal. Tu sers jusqu’à ce qu’une partie - une minuscule partie - de ton esprit se concentre sur autre chose que cette peur. Tu te mets à respirer vite. De l’air. Tu étouffes. Ton regard ignore où se poser. Tu veux fuir, mais tu en es bien incapable. Tu ne comprends pas ce qui se passe. Tu paniques - chose rare. Tu finis par regarder Gidéon. Tu sens qu’il est responsable de ça, mais en même temps… C’est illogique. Comme un homme pourrait te mettre dans cet état ?
Tu as tellement peur que tu ne remarques même pas les larmes couler sur tes joues.
Il reprend la parole. Malgré tout, tu n’arrives pas à être plus rassuré. Tu continues de paniquer. L’effet de ce chant plane encore sur ton esprit. Tu as même du mal à l’écouter, pas vrai Sirius ? L’étrange mélodie que tu as entendu a réveillé ta maladie. Tu commences à entendre avec un filtre. Comme s’il était loin - si loin de toi. Mais pour le moment, cela reste compréhensible. Tu t’exécutes. Tu avales ton chocolat comme si ta vie en dépendait - tu t’étouffes même avec au passage, manquant de vomir sur le sol - pas sûr que Gidéon aurait apprécié. Et tu l’écoutes. Pour une fois dans ta vie, tu écoutes quelqu’un, commençant enfin à te calmer - sans réussir à oublier les effets de ce chant sur toi. Tu es en état de choc. Ton audition te le rappelle sans cesse. Tu dois te concentrer pour entendre. Du coup, tu penses la tête, histoire de tendre l’oreille vers lui. Pour mieux comprendre. Probablement ne le prendra-t-il pas comme ça. Tu ne le regardes plus après tout. Résultat, tu es surpris lorsque sa large main empoigne ton frêle cou. Par réflexe, ta main vient trouver la sienne pour y planter tes ongles. Réflexe de rapace. Réflexe d’un animal piégé, désespéré, cherchant à se libérer.
Oui. Oui Sirius, tu as peur. Il le sait. Il en joue. Et tu ne peux pas t’empêcher d’avoir encore plus peur à l’idée que ce n’est que le début. Jusqu’à présent, tu avais peur des espaces clos et des bruits sourds. A présent, on pouvait ajouter Gidéon Ò Murchù à la liste.
Tu as de plus en plus de mal à comprendre ce qu’il dit. A rester concentrer. Le souffle te manque. Ta vision est brouillée par les larmes. Tes poumons manquent d’air. Tes oreilles te lâchent. Pour un peu, tu aurais presque pu croire que tu allais t’évanouir - si tu n’avais pas peur de l’idée même de t’évanouir. Tu notes du mieux possible les demandes de l’homme face à toi - peux-tu encore l’appeler homme ? En cet instant, il est monstre à tes yeux.
Lorsque ta gorge est finalement libre, tu respires une immense bouffée d’air. Comme si tu en avais réellement manqué - alors qu’il s’était arrangé pour que tu puisses respirer, bien sûr. Quel intérêt a-t-il à ce que tu meurs dans l’instant ?
Il te faut bien un instant pour reprendre tes esprits. Te ressaisir. Tu regardes Gidéon comme un animal pris au piège  regarde le chasseur qui l’a piégé. En tremblant, tu retires ton pull pour laisser place à un tee-shirt abîmé, déchiré. Ce n’est pas seulement par provocation que tu as pris ce pull. C’est parce que la plupart de tes fringues ne sont tout simplement pas en suffisamment bon état. Tu retires ton pull et le pose - le jette ? - aux pieds de l’autre, comme un signe de reddition. Il a gagné. Tu trembles. De peur ? De froid ? Qu’importe. Tu tâches de te redresser dans le fauteuil, un peu comme tu peux. Tu essayes de faire bonne figure. Tu essayes de te souvenir de tout ce qu’il t’a demandé. C’est dur. Tes oreilles tambourinent. Tu n’entends presque plus rien. Tu essayes de te calmer. Autrement, tu sais que tu vas bégayer. ‘Je… ‘ Tu te recroquevilles un peu plus sur toi-même. Par où commencer ? Ta voix est basse. Presque un murmure. Tu ne t’entends plus parler. Tu espères juste que ça ira. ‘Je m’appelle Sirius James Brown. Je suis né à Londres. Je… Ma vie n’a rien de passionnant. Ma mère n’a jamais voulu de moi. J’ignore qui est mon père. Je… suis... Je suis ce qu'on appelle un métamorphe.’ Bizarrement, tu as l’impression qu’il savait déjà tout de toi. Même ça. ‘Très jeune, je me suis passionné pour la photographie. J’ai demandé à des gens divers et variés de poser pour moi. J’ai couché avec un certain nombre d’entre eux. Homme comme femme. J’étais mineur quand d’autres étaient majeur.’ Ta voix est hésitante. Trébuchante. Tu ignores ce qu’il cherche, ce qu’il attend de toi. Ce qu’il veut que tu lui dises. Ce qu’il sait déjà. Ce que tu peux lui cacher. ‘J’ai laissé ma mère en plan et je me suis barré pour venir à Bray. Je bosse dans une petite boutique… ‘ Tu t’arrêtes un instant. Ca, il le sait déjà. Forcément. ‘Je… Je n’ai pas honte de grand chose. A part de ma position actuellement.’ Et l’avouer te fait souffrir. Tu te sens tellement mal de reconnaître cela. Ca te brûle la gorge. Tu en profites pour reprendre ton souffle. Pour essayer de te souvenir de ce qui c’est passé ce soir-là ‘Je… Je n’ai vu qu’une ombre. Enfin, je crois qu’il s’agissait d’un homme, ce soir-là, à l’hôpital. Il… Il était tatoué. Sur un de ses bras. Je… Je pourrais peut-être essayer de dessiner ce dont je me souviens, mais je ne suis pas sûr que mes traits soient sûr et identiques. Il… Il était… Plus grand. Plus musclé, je crois.’ Comme si c’était compliqué… Je. Je… Désolé. Je. ‘ Tu souffles à nouveau. Tu paniques à nouveau. ‘Je n’entends plus rien. Je n'entends plus rien... …’ Comme s’il en avait quelque chose à faire. Tu le sais bien. Tu cherches juste à te justifier. Parce que tu n’es pas sûr de pouvoir tenir une conversation encore longtemps.

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Sirius J. Brown & Gidéon Ò Murchù

You best be God or you'd better be dead, don't need a muthafucka lookin' down on me - a muthafucka lookin' down on me

La réaction ne se fait pas attendre. Le chant destructeur s’immisce dans les veines de l’homme tantôt si fier et si provocateur. Il avait sans doute envisagé bien des choses et bien des extrémités en venant toquer à la porte de Gidéon Ò Murchù ; il avait dû envisager tout perdre, se faire menacer, brutaliser, tuer peut-être. Il n’avait pas pensé sans doute que la réalité de ce monument gigantesque pusse être si dramatique et cruelle. On pouvait être courageux, dépasser ses peurs, ses doutes, sa peine, sa colère, ou bien des choses, mais devant celui-là, il n’y avait plus même l’illusion du contrôle, et il saisissait le mal à la racine. Un chant, et la mauvaise graine ne bourgeonneait plus. Son corps, comme une larve trop blanche et trop visqueuse, recroquevillée, crispée, accrochée comme à son dernier souffle, à sa dernière trace d’intégrité, à sa dernière pensée, sa dernière étincelle de vie et de conscience propre. Comme si tout cette pièce était rempli de lave, et qu’il ne fallait pas risquer de poser le pied à terre, comme si le crocodile terré sous le bureau allait surgir et lui arracher une jambe - un crocodile appelé Gidéon Ò Murchù. La panique, l’angoisse, elles étaient d’une telle évidence soudain, il n’y avait plus que cela à entendre, comprendre et voir. Adieu assurance, adieu je-m’en-foutisme, adieu provocations : Sirius Brown avait perdu, il n’avait plus qu’à rendre les armes, accepter son sort, et essayer de ne pas trop pleurer ce faisant. Les larmes coulaient pourtant déjà. Quel être lâche, quel être infâme - c’était incroyable de constater combien quelques gouttes d’eau salée suffisaient à enlaidir encore davantage son visage - et ses joues creusées, et ses yeux rougis, et la grimace que la peur ancrait dans sa face à coup de surin.
Il avait obéi. Il avait obéi de peur de ce qu’il se serait produit s’il ne l’avait pas fait. Il n’avait pas envisagé son adversaire si terrible, et il devait comprendre à présent qu’il avait sans doute en réserve bien pire que tout ce qu’il était en mesure d’imaginer. S’il en sortait vivant, peut-être en sortirait-il ravi, traumatisé, inspiré, changé à jamais dans sa vision du monde ou quoi que ce soit d’autre - mais encore fallait-il supposer qu’il s’en sortirait, et rien n’était moins sûr. Trop idiot pour vivre, il s’était presque étranglé seul avec son morceau de chocolat, mais c’était un peu ce que Gidéon avait désiré. L’obéissance aveugle, l’obéissance contre toute raison, contre toute logique, même si cela conduisait à l’agonie ou la mort. Cette obéissance absolue - c’était grisant, prenant, plaisant ; oui, il devait bien l’admettre, il en tirait un véritable plaisir, un réconfort pour toute cette irritation qu’il avait dû tolérer plus tôt. Il y avait de la cruauté dans le visage du patriarche, devant l’écrasement d’un individu de la pire espèce - de ce genre d’individus qui n’avaient pas leur place où que ce soit dans le monde qu’il désirait construire. Alors autant qu’il souffre et qu’il crève, qu’il regrette d’avoir voulu se mesurer à la montagne, qu’il regrette la folie qui l’avait conduit à humilier plus fort que lui plutôt que de lui venir en aide. Comme le lion et le rat, mais le lion s’en était sorti seul en fin de compte et s’apprêtait désormais à dévorer sa proie égoïste. Pauvre petit rat, pauvre petite chouette, pauvre petite chose qui lui griffait les mains comme si cela suffirait à lui sauver la mise. Il pouvait bien marquer les mains de Gidéon et lui laisser de jolies traces, qui sait si un voile de sang ne les cacherait pas tantôt.

Le ver avait ôté son pull, étirant un sourire à son adversaire tandis qu’il le lui rendait à ses pieds comme Vercingétorix devant César mais sans plus la moindre fierté, et il n’y avait plus rien de guerrier dans ce misérable. Ce ne fut pas tant le geste qui lui plut, plutôt que la vue de ce tee-shirt rapiécé qu’aucun clochard d’aucune sorte n’aurait voulu porter. Laid, pitoyable. Risible - et c’était pourtant un homme qui ne riait pas souvent. Mais devant ce simple vêtement, il faut le reconnaître, cette réaction se faisait tentante. Alors Gidéon avait ri, brièvement mais avec franchise, un rire vexant, un rire qui se moque, et qui lui soulignait les yeux par des rides qui habituellement ne se creusaient jamais que par la colère - ces petits traits au coin des yeux. Et il l’avait dévisagé encore, en jetant ce pull au feu, pour voir le froid et la déception dans ses yeux trempés, quand bien même ce devait être sa dernière priorité. Mais ce n’était pas encore le clou du spectacle, pas même d’ailleurs le plat de résistance, qui approchait pourtant à grand pas. Ce qu’il avait attendu davantage - cette tirade humiliante et maladroite, où la peur se traduisait en franchise, crainte du mensonge et des représailles. Et le roi triton n’en avait pas manqué une miette, debout, dressé, de sa stature imposante, de son regard mauvais qui écrasait sous lui une bestiole qui peinait à se tenir droit. Il avait parlé bas, mais Gidéon avait l’ouïe bonne. « Articule » avait-il tranché derechef à la première occasion, un mot tranchant comme un rasoir dans une phrase entamée. Du reste, il l’avait laissé continuer, attentif et presque trop curieux.

Que pouvait-il y avoir d’intéressant dans la vie de cette ordure ? Il ne s’était pas attendu à grand chose, mais tout le monde avait des secrets qu’il ne voulait pas divulguer, et il ne devait pas faire exception. Même un crime aussi banal qu’une bêtise de l’enfance jamais assumée, ce qui comptait était le sentiment de honte dans l’aveu devant le père, devant le monstre d’ordre et de loi sous ses yeux. La honte et la douleur, et la peine, et toutes ces choses d’un homme qui se rabassait tout seul, encore étouffé par la terreur dans ses tripes. Ma mère n’a jamais voulu de moi. « Rien d’étonnant. » Il avait décidé de se permettre des commentaires vexants et brefs au milieu de sa tirade, pour l’enfoncer davantage. Un métamorphe. « Un monstre », avait-il rectifié. Il n’en pensait rien, mais il savait que c’était le bagne de leur race, ce mot qu’ils devaient penser eux-mêmes à leur première transformation. Et puis la photographie, et puis d’autres hontes encore - des péchés charnels qui avait imprimé sur le visage de Gidéon un air de “ouh la la” plein de jugement. « Ce n’est pas joli-joli. » Et l’on sentait comme de l’amusement dans sa voix. En vérité, c’était absurde. N’était-il pas cet homme qui à 26 ans avait désiré si fort une jeune fille de dix ans sa cadette, qui aujourd'hui encore guettait des femmes qui auraient pu être ses filles ? Mais il préférait voir les erreurs des autres plutôt que les siennes, bien sûr. Sirius Brown n’avait pas honte de grand chose, apparemment. Mais rien qu’un peu, c’était amplement suffisant, pour la répugnance qu’avait Gidéon pour les gens de son espèce.
Et puis le jeu ludique avait cessé, le sérieux avait recomposé son visage, et la dureté avec elle. Enfin, ce qui l’intéressait, l’unique raison qu’il avait de garder ce rapace en vie. Ce qu’il avait vu. Enfin, des informations qu’il lui manquait, et le triton était devenu à ce point attentif que même sa respiration s’était tue. Le ver parlait trop bas, il ne voulait pas risquer d’entendre un mot de travers. Un homme. Grand. Fort. Tatoué. C’était assez imprécis, mais c’était toujours mieux que rien, à l’échelle de la population de Bray, il faut le reconnaître. Gidéon avait ramassé une photocopie caduque et l’avait retourné sur sa face vierge, saisissant un criterium de son pot à crayon, les posant à plat sur son bureau. Et d’un pas lourd il était revenu au côté de ce déchet aux relents de pauvreté et de négligence, et il avait saisi son bras d’une main, la chaise de l’autre. Et il les avait trainé avec force, avec une forme de violence en ne se souciant pas de le blesser, de le brusquer, indifférent à la peur qu’il ressentait encore. Et il les avait balancé presque, tout proche de son bureau, du côté qui n’était pas le sien, pendant que sa victime geignait de ne rien entendre. Cela, il n’en avait rien à faire, et il ne savait pas quel crédit y apporter. Il n’était pas sourd, pas vrai ? Et alors s’il l’était. Il avait écrasé son poignet dans sa main et l’avait posé sur la feuille, pour le lui faire comprendre, s’il était rendu trop idiot pour saisir le sens de ses mots. « Dessine-le, presse-toi mais fais-le bien. » Et il avait ponctué ceci d’une frappe humiliante à l’arrière de son crâne, sans doute un peu douloureuse même si ce n’était pas son but premier. « Si tu n’entends rien, c’est que tu as les oreilles trop sales. Quoi de plus normal après avoir entendu ce qui te sert de vie. Dépêche-toi, j’ai mieux à faire ! » avait-il ajouté, en lui saisissant les cheveux pour lui approcher le visage de la table. Alors quoi si cela l’empêchait de s’appliquer, qu’il se presse, qu’il cesse de faire attendre plus fort que lui. Qu’il dessine, tant qu’il avait encore des mains. Au moins, lorsque ce sera fait, il n’y aura plus de remords à les lui briser. Et puis, plus de mains… Plus de photographies.
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Tu t’en veux Sirius, pas vrai ? Pour une fois dans ta vie, tu t’en veux. Comme toujours, tu te surestimes. Tu joues à un jeu donc tu ignores les règles et les enjeux. Et tu finis par te jeter dans la gueule du grand méchant loup. Pauvre petit chaperon noir livré à lui-même. Jusqu’à aujourd’hui, si quelqu’un t’avait demandé ta plus grande peur, la chose qui t’effraie le plus au monde, tu aurais répondu que tu n’as peur de rien. Aujourd’hui, l’inconnu derrière le masque de la peur obtient finalement un nom : celui de Gidéon. Tu ne t’y étais pas préparé. Tu n’es pas prêt. Tu as peur. Tu n’as ressenti cela qu’une fois, une uniquement fois, lors de ta première transformation. Perdu comme tu étais. A nouveau, tu es perdu, mais d’une autre façon. Mais tu te retrouves plongé dans cette enfance. Dans cette histoire que tu n’aurais pas voulu être la tienne. Gidéon fait ressortir de toi tout ce que tu t’es évertué à oublier. A cacher. A effacer. Tu veux que ça s’arrête. Tu veux que ça s’arrête tellement fort.
C’est pour ça que tu obtempères sans lutte. La lutte, tu l’as déjà perdu au moment où tu es rentré dans cette maison. Tu n’en avais juste pas conscience. Maintenant oui. Et tu sais que tu commences seulement à voir l’étendue du personnage. Il rit. Et ce rire te glace le sang. Pas parce qu’il sort avec de mauvaises intentions, mais au contraire, parce qu’il est sincère. Gidéon s’amuse de la situation. Tu commences à t’en rendre compte. Ca lui plaît de te voir comme ça, pauvre petit larve que tu es Sirius. Ca lui plaît. Alors qui sait ce qu’il pourrait faire pour que le plaisir dure encore un peu, hein ? Tu as peur. Plus seulement parce que c’est physique. Tu as peur pour ta vie. Tu comprends que tu ne vas peut-être pas quitter cet endroit - après tout, quelle raison aurait-il à te laisser en vie après que tu aies fait ce qu’il attendait de toi ? Pour lui, tu n’es rien. Ni personne. Il va falloir se montrer convainquant si tu veux garder la tête sur tes épaules. Et qu’elle ne finisse pas non plus encastré dans le mur. Ou par la fenêtre. C’est comment d’un coup, tu commences à apercevoir tous les moyens de tuer quelqu’un dans une pièce aussi quelconque qu’un bureau.
Tu lui racontes ton histoire. Lui, il se permet - et il peut, il a tous les droits - de glisser quelques commentaires. Des commentaires qui font mal. Rien d’étonnant à ce que ta mère n’ait pas voulu de toi. Pourtant tu aurais aimé. Dieu que tu aurais aimé une mère aimante. Peut-être n’en serais-tu pas là si ça avait le cas. Si ta mère avait pu voir en toi ce qui lui restait de l’homme qu’elle avait aimé, plutôt que les restes de celui qui l’avait trahi. Y étais-tu pour quelque chose ? Non.  Est-ce que cela avait une importance ? Non. A ses yeux tu n’étais rien. Ou un monstre.
Un monstre. Gidéon a utilisé le bon mot. C’est peut-être ce que tu es au fond ? Pas parce que tu es métamorphe - non, ça, ça te rendait juste animal. Mais parce que tu rentres pas dans les cases. Dans les codes. Tu es un artiste. Tu es de ceux dont la vision du monde est claire - entière. Tu vois le monde tel qu’il est. Dans son entièreté. Ses bons et ses mauvais côtés. Surtout ses mauvais côtés. C’est ce qui te plaît le plus. Les observer. Les immortaliser. Aucun doute, si tu assistais à la scène dont tu es actuellement la victime, tu prendrais un malin plaisir à la figer sur papier glacé. C’est fou comment un moment peut être agréable - ou désagréable selon comment tu le vis. Et c’est exactement pour ça que tout a commencé. Tu as surpris Gidéon dans un moment de faible - tu n’y étais pour rien, certes, mais tu étais là. C’est assez. Maintenant, c’est lui qui t’observe blessé, touché dans ton estime.
Maintenant, tu n’oses plus le regarder. Tu l’as trop longtemps fait, et c’est pour ça que tu en es là aujourd’hui. Tu voudrais disparaître. Te recroqueviller sur toi-même. Disparaître. Pour toujours et à jamais. Pourtant, tu sais que Gidéon est là - il est toujours là. Tu as beau ne plus l’entendre, tu sens sa présence. Plus que sa présence, tu le sens attraper ton bras, et ça te fait crier. Un cri faible et pathétique - tout à ton image, non ? Plus qu’un cri, un couinement. Tu te laisses faire, pauvre pantin désarticulé dans ses bras - pas encore, mais bientôt peut-être ? Ton regard se redresse enfin. Tu cherches à comprendre. Tu es déboussolé. Tu sens sa main derrière ton crâne. Tu sens ton visage se rapprocher de la table. Tu trembles. Tu distingues vaguement un flot de parole, sans pouvoir le comprendre. Mais tu n’en as pas besoin.Tu sais ce qu’il attend de toi. En tremblant encore, tu attrapes le critérium disposé à cet effet et tu commences à te mettre au travail. La mine se brise sous tes tremblements. Tu essayes de te calmer. Tu as bien compris que Gidéon n’était pas un homme patient. Tu n’as le droit qu’à un seul essai.
Heureusement, tu dessines bien. Pas forcément de façon très réaliste, mais l’homme devrait être reconnaissable - tu l’espères. Oh oui, tu l’espères si fort. Tu fermes les yeux. Tu essayes de te remémorer la scène. Peu à peu, ton trait devient plus sûr. Une silhouette se forme. Un visage. Et surtout, surtout un tatouage. Il est un peu flou, mais tu le dessines en plus grand sur le côté - c’est sans doute le meilleur moyen pour Gidéon de retrouver cet homme. Il a beau être flou, ce tatouage te parle. Comme si tu l’avais déjà vu. Comme si tu le connaissais. Tu ne t’y étais pas attardé la première fois. Mais d’où… ? L’heure n’est pas au divagation, de toute façon. Tu termines ton dessin et tu le tends à Gidéon. La pression redescend un peu. Ton répit n’est que de courte durée.
Maintenant, c’est ta maladie qui reprend le dessus. Tu n’es plus seulement sourd. Tu entends ce crissement aigu insupportable. Tu cris. Tu ne peux pas faire autrement que crier. Tu poses tes mains sur tes oreilles. Que ça s’arrête. Il faut que ça s’arrête. Tu souffres. Tu as peur. Tu veux partir. Tout se mélange dans ta tête. Tu ne te maîtrises plus. En un instant, c’est une chouette qui se retrouve sur le fauteuil de Gidéon. Tu ne l’as pas voulu - il ne le prendra pas comme ça. Tu essayes de te retransformer. Tu redeviens humain. Tu cris toujours. Mais ce n’est que pour un instant. Celui d’après, à nouveau, tu es animal. Humain. Animal. Tu bascules, comme si tu étais passé en mode automatique. Tu n’es plus maître de ton corps.
Gidéon a réussi : il t’a poussé à bout.



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Sirius J. Brown & Gidéon Ò Murchù

You best be God or you'd better be dead, don't need a muthafucka lookin' down on me - a muthafucka lookin' down on me

Le ver n’osait même plus relever les yeux vers son bourreau. Arrivait-il seulement encore à penser droit, ou n’y avait-il plus qu’un amas informe et incohérent à l’intérieur de son crâne ? Quelque part, il ne devait plus avoir toute sa tête, mais il était trop tôt encore pour décider si cette démence était caractéristique de l’instant présent ou se perpétuerait par la suite. Il avait couiné, couiné comme un chien, et encore. Il faut le dire, Gidéon aurait eu plus d’affection et de compassion pour un chien qu’il n’en avait pour cet homme - et il ne les aimait pourtant pas particulièrement. Non, c’est vrai, Gidéon était à choisir plutôt un homme à chat. Le chat était indépendant, plus discret, il passait tant de temps à dormir qu’il prenait nécessairement moins de temps et d’espace. Le chien, à côté, était un animal abruti et abrutissant, qu’il fallait sortir soi-même à dix reprises chaque jour car incapable de trouver la sortie par ses propres moyens. Toujours en quête d’amour et d’attention, toujours dans les pattes, toujours à salir ce qui pouvait être sali, avec leur museau trempé, leur gueule dégoulinante, leur respiration trop bruyante pour être supportable. Qui sait, peut-être que s’il réchappait à son cancer, et lorsque son dernier enfant aura quitté le nid, Gidéon se permettra-t-il le caprice de la compagnie d’un animal un tant soit peu plus malin que ces énormes boules de bave. Et vous me demanderez alors l’intérêt de développer un sujet semblable dans la scène qui nous concerne - je vous répondrai donc que pour notre patriarche, même un débat sur les animaux domestiques avait infiniment plus d’intérêt que la vie ou la mort de ce déchet exécrable répondant au doucereux nom de Sirius. Sirius, une étoile de la constellation du Grand Chien, comme quoi finalement rien n’était laissé au hasard.

La maladresse, les tremblements, le bruit, la lenteur d’exécution, et tant d’autres choses qui rendaient son existence chaque seconde plus irritable. Sirius avait brisé la mine du criterium, à se demander s’il avait un jour su tenir un crayon ou s’il était par nature dans l’incapacité d’écrire. Bien sûr qu’il savait écrire, me direz-vous, et je vous répondrai encore, en toute bonne foi, que cela n’importe guère, et de bien vouloir laisser mon Ò Murchù le descendre mentalement de toutes les manières qu’il lui plaira. Mais il avait obtempéré, bien que la tâche, il faut le reconnaître, ait été incommensurable pour un individu de son espèce. Il avait fait son gribouillage, et quelle audace de vivre en se faisant appeler artiste. Un homme, ou quelque chose d’approchant, qui aurait pu satisfaire un benêt de la police à la recherche d’un disparu, et un tatouage, autrement plus intéressant - probablement un tribal de mauvais goût et sans substance. Bien entendu, pour avoir le cerveau suffisamment imbécile pour s’attaquer à Gidéon, il fallait s’arranger pour n’avoir rien, dans sa personne, de respectable. Mais ce tatouage était un peu le code barre pour le prix qu’il aurait à payer, quand il aura à répondre de ses actes. On ne lui souhaitait pas la prison, à ce gribouillage - le triton s’attacherait personnellement à lui faire regretter chaque souffle gaspillé entre le jour où sa mère l’avait craché d’un utérus jusqu’à celui où il périrait sous son regard. Mais la haine que Gidéon éprouvait pour son assassin novice manquait encore de substance, ou plutôt de support. Un dessin, maladroit ou pas d’ailleurs, on ne pouvait le battre, et il était trop nécessaire pour être déchiré. Alors il ne restait qu’à reporter cela sur ce qu’on avait d’autre sous la main. Comme s’il n’avait pas déjà suffisamment de haine propre pour ce traître sans humanité, comme s’il avait besoin de ça.

Le regard de Gidéon n’avait pas le moindre éclat de pitié. Du dégoût, du dégoût pur et simple, du dégoût de rage et de haine, et du dégoût de dégoût, de l’amertume, cet arrière goût qui donne la nausée, comme des suites d’une overdose de caféine ou d’une conserve de sardines dont on aurait bu la sauce. Et cela même avant que l’imbécile se soit mis à crier - et le visage du paternel avait cuit rouge de colère, d’un désir de vengeance et de violence, et de domination. « MAIS TU VAS LA FERMER ?! » Il avait rugi, le lion, mais ce n’était plus un rat - une chouette, un hibou, que sais-je - il n’y vit qu’une sale bête, trop chétive, avec des ailes tordues pour se couvrir des oreilles inexistantes. Homme, bête, homme, bête - en fin de compte, ce n’était qu’une bête qui changeait de forme et de grosseur, mais il n’y avait plus d’homme depuis belle lurette. Un coup de pied renversa la chaise et sa chose aux images saccadées, cette chose beuguée qu’il aurait fallu effacer du monde avant qu’il ne propage le virus dans tout le système. Et sous l’effet de ses transformations, le tissu rapiécé s’était rapiécé davantage, déformé sous les changements de forme jusqu’à ce que les plumes soient succédées par une nudité aberrante d’une laideur sans nom. Un manque de respect, mais ils n’étaient plus à cela près, et c’était presque plutôt une humiliation supplémentaire, alors la colère ne venait pas de là.
Vivait-il ces transformations comme une provocation ? Gidéon n’était pas assez stupide pour ne pas comprendre qu’il s’agissait là d’une perte de contrôle pure et simple, et il voyait bien dans l’attitude de Sirius qu’il n’y avait rien d’intentionnel là derrière. Mais bien sûr, c’était sans importance - que ce soit ou non son intention, ce changement trop peu naturel, trop insupportable à l’oeil, entrecoupé de cris trop insupportables à l’oreille, était infiniment trop agaçant pour être tolérable. Alors Gidéon avait écrasé son talon - il avait visé la bouche, mais c’était rendu trop aléatoire sous l’enchaînement de visages. Qu’importe la forme, la vermine était faible sous l’une comme sous l’autre, alors il pouvait bien fouler les deux sans différence, et ce n’était pas comme s’il tenait à sa vie non plus. Tais-toi disaient ses pieds, mais il n’avait pas envie de hausser encore la voix, de s’égosiller, de s’évider les poumons d’air quand ceux-ci n’étaient pas encore parfaitement remis. Et le moindre coup féru s’exprimait comme la vengeance directe de son crime - quel crime ? Celui d’exister ? Peut-être un peu celui-là, mais c’était cet autre qui avait éveillé le sadisme de Gidéon. Il n’était pas un homme à se repaître de la souffrance d’autrui, il n’était pas mauvais de nature, et il avait surtout mieux à faire. Mais l’humiliation qu’il avait vécu : mourant, mourant sous son appareil, le sang lui éclatant sous les doigts, tandis que ce visage tordu n’avait fait que regarder la scène, avec trop de délice, trop d’euphorie dans le regard. C’est ce regard, ce visage, cet acte, d’une cruauté abominable, qui justifiait pour Gidéon de prendre autant de plaisir à l’écraser, le broyer, le concasser, le mâcher du pied ou l’en frapper simplement. Il aurait préféré les poings, mais Sirius le méritait-il seulement ? Pas alors qu’il pouvait risquer de réveiller sa blessure de la sorte. Juste les pieds, c’était suffisant.
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I got the devil beneath my feet


Tu vas crever Sirius. Tu le sens. Pour la première fois, tu as peur. Vraiment peur. Pas seulement de cet homme. Non. Tu as peur de mourir. De ne pas avoir de lendemain. T’y avais jamais vraiment réfléchi jusqu’à présent, parce que ça te paraissait normal de voir le jour se lever. Là, tu te dis que peut-être ce ne sera plus le cas. T’as pas réfléchi au fait que cette journée - comme n’importe quel autre - pourrait être la dernière. Qu’il n’y aurait plus d’après. Plus de discussion. Plus de levé de soleil. Plus de photo. Plus rien. Tout qui s’arrête en un instant. Tout ça parce que tu l’as ouvert un peu trop grand, ta sale gueule. Quand t’agis, tu sais qu’il y aura des conséquences. Mais tu t’en fous. Parce pas une fois, tu as imaginé que ça pourrait signer ton arrêt de mort. Pourtant, maintenant, tu es persuadé que tu vas crever comme une merde, là, dans cette pièce. Alors que cet homme ne t’a pas encore touché. Pas vraiment.
Pourtant tu ne peux pas t’empêcher d’espérer un instant - un court instant. Boom. Celui où Gidéon observe ton travail. Boom boom. Qui sait, s’il en est satisfait, il y a encore une chance… Mais tout en pensant ça, tu te demandes si tu serais assez rapide pour atteindre la porte. Boom. Tu as beau ne plus rien entendre, ton coeur tambourine dans ta poitrine comme il ne l’a jamais fait. Boom boom. Il t’empêche de te concentrer - comme si tu avais vraiment besoin de ça en ce moment. Boom. Non, la porte est trop loin. La fenêtre peut être ? Boom. Rah, tu vas te calmer putain de coeur ? Boom boom. Donc, tu disais. La fenêtre ? En te transformant, p’t’être que t’as une chance mais… boom. T’en sais rien. Boom. Tu ne sais plus rien. Boom boom. T’es plus capable de rien. Boom. Tu perds pied. Tu t’enfonces dans cette panique avec le bruit répétitif de ton battement de coeur que tu ressens dans tout ton corps. Boom. La seule chose à laquelle tu peux encore te raccrocher.
Boom.
Boom boom.

Mais ce n’est pas suffisant. Tu finis par sombrer.
Au plus profond de ta crise de panique, tu fais de ton mieux pour te calmer. Pour au moins te contrôler. Parce que tu sais que Gidéon va mal le prendre. Tu ne maîtrises plus rien. Tu ordonnes à ton corps d’arrêter mais il n’en fait qu’à sa tête. Tu as beaucoup ne plus rien entendre, tu jurerais entendre la voix de Gidéon t’intimer d’arrêter. Un coup homme, un coup oiseau. Tu lui donnes raison, du coup, à Gidéon. C’est peut-être ça qui t’embête le plus dans cette histoire. Tu es un monstre, incapable de se contrôler. Dieu que tu hais cette part de toi. Dieu que tu voudrais t’en débarrasser. T’en veux tellement à ta mère de t’avoir fait à son image : une créature qui n’aurait jamais dû exister. Malgré tout, tu essayes quand même. Il ne faut pas laisser à l’animal le dessus… Et pendant que tu essayes tant bien que mal de te contrôler, tu finis par sentir quelque chose. Au début, tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas qu’il s’agit d’un coup. Ton esprit ne comprend pas, là où ton corps réagit en suivant. Il essayant tant bien que mal de se rouler en boule. De se protéger. Inutile. Tes transformations incessantes ne s’arrêtent pas. Ton corps humain peut encaisser les coups, dans une certaine mesure. Ton corps de chouette par contre… Tu souffres. Tu souffres comme jamais tu n’as souffert. Tu as mal. Tellement mal. Tu voudrais que ça s’arrête. Tu sens ton corps te lâcher. Tes transformations, même elles, deviennent douloureuses. Crac. T’as sans doute un os pété. Probablement le bras - c’est tellement facile de viser une de tes ailes. Tu voudrais bien le ramener contre toi, mais dans le fond, t’en as même plus la force. Tu veux juste que ça s’arrête. T’as fini par arrêter de crier. T’as plus de voix. Et t’as trop mal. D’façon, à quoi ça servirait ? Crier sert à marquer une douleur. Il sait que tu souffres - il aime que tu souffres. C’est de sa faute si tu souffres. Alors pourquoi crier ?
Pourquoi ?
Pourquoi continuer à lutter ?
T’as mal. T’as tellement mal. Partout.
Partout.
Tu fermes les yeux.
T’as même plus la force de les maintenir ouverts.
T’as mal putain.
La douleur finit par l’emporter. Tu finis par t’évanouir. Il ne reste plus que sur le sol le petit corps d’une chouette inanimé au souffle erratique. Et faible. Surtout faible. Si faible… Tellement faible… Qu’on pourrait presque croire qu’elle ne respire plus.



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I got the devil beneath my feet | ft. Sirius J. Brown
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