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 Grim grinning ghosts come out to socialize | Sir B.E. ft Aisling Fitzpatrick

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
Grim grinning ghosts
come out to socialize

Tu ouvres la porte de la librairie dans un tintement de clochette. Tout sourire, le visage clair, l’œil brillant. C’était l’un des lieux que tu aimais fréquenter le mieux, encore qu’il te plaisait encore davantage perdre ta journée chez le bouquiniste – hélas il t’aurait fallu monter à Dublin pour retrouver ce monde de vieux bouquins senteur parchemin. Tu t’élances, un « bonjour » joyeux et vagabond sur les lèvres, pour la libraire un peu plus loin. Tu as beau être venu dans un but précis, tu ne résistes pas à l’appel des rayons exhibant au regard du curieux leurs tranches vives et neuves de toutes tailles. Tu vas t’y perdre et déambule, attentif comme un lord en promenade, butinant les synopsis, boutons de fleurs de ces bibliothèques en bois.

Cette boutique est nouvelle pour toi, non pas que cela te déplaise – cela rend l’aventure nouvelle. Tu lis tant et tant que l'on te trouve plus souvent à fréquenter les bibliothèques. C’est fou, n’est-ce pas ? Comme deux lieux à l’apparence strictement semblable, pouvaient être à la fois si radicalement différents. Dans l’un, tu te précipitais sur le premier scénario alléchant, tu portais à bras même une pile te frôlant le menton, et puis tu t’installais là, assis ou debout qu’importe, pour en engloutir la plus faramineuse quantité en un laps de temps le plus court. Tu ne prenais pas le temps de chercher, tu trouvais, c’était tout. Mais ici, là, tu rôdais en quête de la perle rare, tu parcourais des centaines d’amorces pour garder tes mains tristement vides. Le livre serait tien et le resterait, il fallait qu’il soit à ton goût, et le savoir avant même de le lire.

Tu commençais par les classiques, pour te donner un genre, pour te rappeler ces belles lignes qui avaient fait ton enfance. Tu parcourais Defoe, puis Dickens. Du Murdoch, du Orwell. Stevenson bien sûr. Et tu terminais par Woolf. Et puis, n’y tenant plus, tu passais par-dessus Conan Doyle et tu filais vers la science-fiction, les polars et les thrillers. Tu ne pouvais t’empêcher d’en lire les couvertures, de chercher la petite phrase, le petit mot qui t’exciterait assez pour te pousser à la dépense. Entre les clichés plus utilisés qu’une saucière de cuistot et le loufoque surnaturel témoignant du manque d’imagination d’un esprit avide de reconnaissance, tu trouvais quelques fois un meurtre sanglant inexplicable qui piquait ta curiosité si vivement qu’il te fallait investir aussitôt et l’achever avant le soir même.

Tu ne saurais dire combien de temps tu as perdu entre ces pages fraiches, mais tant et tant qu’il vint un moment où tu ôtas ta redingote pour la porter dans tes bras, retroussant les manches de ta chemise comme un ouvrier affairé. Finalement, tu optes pour l’un d’eux, particulièrement horrible a priori, mais qui avait le mérite de t’avoir fait sourire. Ragdoll, par Daniel Cole. Six morts pour un cadavre, un contre-la-montre très prometteur qui titillait ton petit côté médecin par l’aspect chirurgical de cet héritage de Frankenstein. Ton après-midi se découvrait charmante, et tu réfléchissais déjà au thé qui accompagnerait ta lecture. Un blanc floral, et tu t’installerais à la fenêtre, pour profiter de la lumière du jour. Le ciel pluvieux te tiendrait compagnie, tu aimais ça, l’odeur des embruns, cette atmosphère lourde présageant d’une tempête à venir. Dans quelques jours peut-être.

Tu te résignes enfin et rejoins la libraire avec ta curieuse trouvaille. Ton regard inquisiteur imprime son visage dans la seconde, et tu lui adresses l’un de tes plus beaux sourires. Tu admets volontiers la trouver charmante – tu as toujours eu un faible pour les blondes. Posant le livre sur le comptoir, tu t’enquières enfin de la requête qui t’avait attiré jusqu’ici. « Pardonnez-moi – proposez-vous des ouvrages spécialisés ? Je cherche une référence traitant, entre autres, des cellules anormales circulantes. » Tu prends un air embarrassé qui te rosit les joues, pour te faire excuser cette requête peut-être trop précise pour une petite boutique de ville annexe.
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V. Basil Egerton & Aisling Fitzpatrick

Aujourd’hui la boutique regorge d’activité, et le mauvais temps n’y est pas pour rien, les gens venant se réfugier au cas où une averse venait à se déclarer. C’est l’un des intérêts d’avoir un magasin en Irlande, le temps pluvieux est notre meilleur allié à nous autres vendeurs ! Je suis donc affairée à aider les gens à trouver leur bonheur parmi les rayonnages, et c’est tout juste si j’enregistre un « Bonjour » enjoué qui me parvient à l’entrée d’un client. Par automatisme je lui réponds, un peu amusée aussi, ce n’est pas tous les jours que j’ai des clients aussi ouvertement ravi de venir dans ma librairie ! Toutefois mon attention est vite demandée ailleurs, et j’en oublie le roux qui m’a mise de bonne humeur, occupée avec les autres clients. Le temps passe sans que je le voie faire, et je sens un mal de tête poindre. Ce n’est que lorsque je tourne dans une allée vide que je comprends que ce n’est pas un mal de tête normal. Une odeur chimique m’agresse les narines alors qu’en face de moi se trouve une scène tout droit sortie d’une série policière. Une table d’opération, ou d’autopsie, je ne sais pas trop, trône je ne sais comment devant moi, dessus un corps que je distingue à peine couvert en partie d’un drap blanc, est l’objet d’attention d’un médecin dont le visage est couvert d’un masque. Soudain les doigts de la main du corps bougent et je retiens de justesse un cri ! Etrangement le regard du « médecin » se relève, croisant le mien, un regard qui semble m’aspirer dans une chute sans fond, et je sens les poils de mes bras se dresser, un frisson malvenu parcourant ma colonne vertébrale. J’ignore s’il peut me voir au non, mais si c’est le cas, je dois pas l’intéresser car il retourne à sa besogne, et j’ai la sensation d’assister à quelque sacrilège ce qui rend la scène encore plus terrifiante.

Un bruit me ramène à la réalité en sursaut, mais ce n’est qu’un client qui a fait tombé une pile de livres. Avec un aussi rassurant que je suis en mesure de fournir, je l'aide à ramasser les bouquins en lui assurant que ce n’est rien. Derrière moi il ne reste plus rien de la vision, mise à part mes maux de tête et la sueur froide qui couvre encore ma peau. Mais je n’ai pas le temps de m’apesentir sur cette vision terrifiante, mon travail m'attend et je retourne faire le tour des rayons, en espérant ne pas retomber sur d'autres visions du genre. Quelques minutes plus tard un homme m’interpelle, et je reconnais le client joyeux de tout à l’heure. Instinctivement je lui souris en réponse à sa bonne humeur, mon regard se posant sur son livre, un thriller un peu trop sanglant pour moi, mais tous les goûts sont dans la nature. Mais lorsque mes yeux croisent les siens, je dois faire appel à tout mon self-control, passablement émoussé par ma prémonition de tout à l'heure, pour garder une air affable de passade. Son regard est le même que celui du médecin de la vision, à ceci près qu'il semble plus chaleureux, son visage se colorant même de gêne quand il me fait sa demande. Totalement perdue, je ne sais qu’en penser. Est-il l’homme de ma vision ? Le fait qu’il demande après un livre de médecine semble le confirmer, mais je ne maîtrise pas encore mon don pour en être sûre. Et si ce type a un jumeau ? Et si c’est une mise en scène pour un spectacle d’Halloween ? Trop de questions et pas de réponses à l'horizon. Je fais donc un effort pour reprendre rapidement, et je lui réponds, aussi chaleureuse que possible : « Même si je n’ai pas la moindre idée de ce dont vous me parlez, je pense qu'on a de bonnes chances de trouver ce qu’il vous faut dans le rayon médecine. » . Avoir une librairie dans un quartier étudiant implique de devoir maintenir en rayon un nombre conséquent de manuels en relation avec toutes les matières envisageable. Notamment l'un des professeurs de médecine de l’Université a été un bon ami de mon grand-père et il continue de se fournir dans ce qui est ma librairie désormais. Je le guide donc vers les bonnes étagères, lui demandant au passage : « Je suppose que vous cherchez un manuel traitant d’hématologie ? N’hésitez pas à me dire si je me trompe, je suis loin d’être une spécialiste. » . Alors que nous nous arrêtons devant le bon rayon, je lui demande d'ailleurs mine de rien : « Êtes vous médecin ? Désolée je suis dotée d'une insatiable curiosité. » . Je lui fais un de mes plus beaux sourires, déterminé à savoir à quel genre d’homme j'ai affaire. Quitte à devoir flirter alors qu'il ne m'intéresse nullement.

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Basil Egerton
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Il faut croire que ton sourire n’est plus ce qu’il était. Tu as beau te tenir là avec l’air le plus charmant du monde et toute la joie de vivre possible dans ton regard, ton petit envoûtement est sans effet sur ta jolie demoiselle. Il était difficile de traduire le silence gêné qui avait suivi ta demande, peut-être était-ce le sujet, peut-être était-ce le bouquin policier, peut-être était-ce le fait que tu la dominais en hauteur d’une bonne vingtaine de centimètres. Ou peut-être que tu avais fini par entacher ta réputation sans le savoir et que celle-ci te précédait désormais. Tu n’étais pas certain de l’interprétation, mais quelque part, tu te demandais si cet oeil là n’était pas en train de traduire un sentiment de peur. C’était sans doute plus du malaise ou quelque chose tenant des deux. Et elle ne te quittait pas de ce regard un peu trop insistant, et par curiosité tu le lui rendais, t’attelant à déduire davantage de la demoiselle que la seule teinte de ses ondulations. Seulement voilà, tu n’y voyais rien qui ait pu bouleverser ton intérêt, et la raison de son ahurissement discret te restait résolument opaque. Du coup, tu restais là bredouille à faire semblant d’être gêné pendant qu’elle te fixait, et tu te demandais presque s’il ne te fallait pas lui répéter ta demande plus doucement.

Elle s’était reprise finalement et s’empressa de t’orienter, de tout son professionnalisme nuancé d’humanité. Tu te décides à alléger ton esprit de cette curiosité brève et emboîtes son pas, acquiesçant avec un sourire entendu. « J’aurais dû y penser. » Le ton était celui de la plaisanterie, et tu la laissais te guider sans te presser entre les allées, accrochant ton regard aux étiquettes plastifiées classant les étalages, guettant celui qui vous concernait. Ton ouïe n’en restait pas moins attentive à toute indication de la demoiselle à ton intention, petit client peu dégourdi. « Vous ne vous trompez pas. L’on pourrait bien considérer cela comme un sous-chapitre de l’hématologie en effet. Le sujet ne vous est donc pas totalement obscur ? » Tu la regardes avec un bref intérêt, mais la vue de ces étagères happe soudain ta concentration, et tu te saisis mécaniquement d’un premier ouvrage pour entamer quelques recherches. L’oreille tendue toujours, et sans te priver de regards inquisiteurs pour ton agréable compagnie. C’était toujours agréable de traiter avec une libraire qui connaissait de ses rayonnages un peu plus de détail que la couleur d'une couverture.
Immédiatement, tu te rends en table des matières, glissant ton regard et peut-être une discrète caresse du doigt de bas en haut en quête du sujet qui t’intéresse. « Je ne cherche pas une simple définition, il me faut des informations complètes et précises. » Tu l’avais murmuré presque distraitement, les manuels scolaires pouvaient être affligeants quelques fois. C’est ce qui te faire clore un bouquin pour en saisir un second. Elle n’allait pas faire toutes les recherches pour toi. Sa question d’ailleurs ne t’interpelle pas, elle n’était pas vraiment étonnante, et tu ne voyais pas l’intérêt de mentir. D’autant qu’un autre terme s’était chargé d’exciter ton intérêt - insatiable curiosité, deux mots que tu pouvais aussi bien appliquer à ta propre personne. Un sentiment que tu te battrais presque pour encourager d’ailleurs. C’est pourquoi tu relèves ton regard vers elle un instant, le visage clair et aimable autant que faire se peut, tu le voulais comme une invitation. « C’est tout à votre honneur, vous devez voir défiler d’innombrables profils. Je ne suis pas médecin. Mais je reste un confrère si je puis dire - j’ai fait toutes mes études en biologie humaine. » Tu te fais pensif sur le sujet, imprimant du regard un autre de ces glossaires. « La frontière est mince entre les disciplines. Après tout, on parle bien de biologie médicale. Je dirais que c’est surtout l’objectif qui diffère. » Tu restes silencieux un bref instant, avant de refermer l’ouvrage dans un claquement, peu satisfait mais résolument patient.
Tu les délaisses un instant pour te retourner vers elle, puisqu’elle est toujours là. Un peu de conversation n’était jamais désagréable, surtout sur de pareils sujets, où il faut avouer que tu avais peu d’interlocuteurs initiés. C’est con, mais ça te fait plaisir d’avoir une opportunité d’en parler. Après tout, c’est tout ce que tu aimes, c’est toute ta vie. Au point d’en importer la pratique dans ta vie privée, d’en bosser en laboratoire pour des organisations plus ou moins officieuses, et de violer quelques règles morales et légales. C’est la passion qui te faisait faire des folies - avec ce sourire d’imbécile heureux qui sait parfaitement ce qu’il fait. « Se pourrait-il que le sujet vous intéresse ? » Bien sûr, tu espérais intérieurement qu’elle t’inviterait à continuer. Rien que de mettre le sujet sur la table, ça t’avait comme remué et t’en avais les yeux joyeux et brillants, les fossettes et les rides aux coins des cils marqués. On aurait dit une mère parlant de son enfant, sauf que toi, tu cherchais des bouquins sur des cellules malades et de l’hémoglobine, donc c’était globalement moins attrayant.
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V. Basil Egerton & Aisling Fitzpatrick

Ma migraine n’avait pas disparu par magie, loin de là, et je rêvais de disparaitre dans l’arrière-boutique pour prendre une pause – et un antidouleur. Mais je savais aussi que si je coupais court avec ma rencontre avec cet homme, je le regretterais. Je passerais les jours voire semaines à venir à me demander si je n’avais pas fait une erreur en le laissant s’en aller de la sorte, si je n’avais pas laissé sortir une sorte de monstre de ma librairie sans rien faire. Non pas que j’étais capable de faire quoi que ce soit de toute façon après tout, je ne me voyais pas aller voir la police et leur dire « Bonjour, j’ai une vision d’un homme qui semblait mener une espèce d’opération seul sur un corps peut-être en vie, et je pense que cet homme est l’un des clients de ma librairie. ». Ok, même pour moi, ça me paraissait stupide. Quand bien même quelqu’un croyait en ma vision – après tout, même si au XIXème siècle, les légendes et mythes avaient encore leurs adeptes en Irlande et beaucoup d’entre nous étions superstitieux, donc c’était envisageable qu’on me croit – on me répondrait sans doute que ce n’était rien d’anormal, juste un médecin faisant son travail. C’était peut-être la vérité après tout, peut-être que ce type n’était pas méchant. Mais j’avais une intuition, puis ce regard vide totalement flippant n’aidait pas à croire en quelque chose d’insignifiant. De toute façon, même si je n’avais aucune idée de comment mon don fonctionnait, j’avais dans l’idée que je n’avais pas des visions de choses sans importance. Du coup, il ne me restait plus qu’à cuisiner ce type du mieux que je pouvais, en faisant abstraction de mon mal de tête et de la peur qui s’était infiltrait en moi. Et pour la suite … et bien j’aviserais.

Le roux se montre chaleureux et souriant, et si je n’avais pas eu cette vision, je l’aurais sans doute apprécié, mais les images terrifiantes encore imprimées dans mon cerveau me gardait sur la réserve, alors que je lui souriais en retour. A sa remarque, sur le fait qu’il aurait dû y penser lui-même, je répondis avec douceur : « Quand bien même vous auriez pensé au rayon médecine, il faut encore savoir où il se trouve, et c’est justement mon boulot de vous y guider. » . Je concluais ma tirade d’un clin d’œil, avant d’enchainer sur autre, ne lui laissant pas le temps de répondre à ma remarque rassurante. A peine m’avait-il posé sa question sur mes connaissances sur le sujet de sa recherche que nous arrivions au bon endroit et qu’il se jeta sur l’un des livres pour vérifier son contenu. En temps normal cela m’aurait fait sourire, mais j’étais trop préoccupée, ma tête bourdonnante de questions et de douleur. Je me contentais donc de dire : « Comme je l’ai dit, je suis loin d’être une spécialiste, mais j’aime apprendre de nouvelles choses, et à force de côtoyer des étudiants dans ce quartier, on peut apprendre beaucoup. On va dire que j’en sais juste assez sur le domaine pour vous amener dans le bon rayon de ma librairie ! » . Ce qui était vrai, et aussi l’un des raisons pour laquelle j’adorais vivre dans ce quartier, vivant, mais aussi synonyme de savoir pour moi, sans compter toutes les évènements artistiques qui faisait résonner ma fibre créative. Mais en l’occurrence, l’idée d’arts était loin de mon esprit, uniquement préoccupé par le fait d’en découvrir sur cet homme, et sur la vision que j’avais eu de lui, alors que le besoin d’un antalgique se faisait de plus en plus ressentir.

Me souvenant qu’il avait dit vouloir des informations précises, je décidai de jeter un coup d’œil aux livres pour trouver les exemplaires les plus récents et complets. Ceux-ci se trouvant un peu en hauteur, j’attrapai un tabouret tout proche, les volumes à portée de mains étant ceux les plus achetés par la clientèle estudiantine et donc les plus généralistes. Grimpant dessus, je l’écoutai me répondre à ma question précédente, me faisant savoir qu’il n’était pas médecin mais qu’il avait étudié la biologie humaine. Je n’étais pas sûre de savoir ce que ça signifiait, surtout en prenant en compte ma vision. Etait-il lié à un centre de recherche peut-être ? Mais dans ce cas pourquoi semblait-il en train de disséquer un corps potentiellement vivant ? Malheureusement les élancements dans ma tête m’empêchaient de réfléchir clairement, et je ne savais pas comment aborder la question pour avoir mes réponses sans avoir l’air suspecte. D’autant que la suite de son discours me fit m’arrêter quelques secondes pour observer son visage pensif. L’objectif qui diffère ? Un frisson me parcourut, le tableau qui se dessinait, entre ses paroles étranges et les images qui s’étaient imposées à moi plus tôt, commençant à sérieusement m’inquiéter. Qui était ce type au juste ? Le claquement du livre me poussa à me reprendre et je lui souris, tâchant de ne rien montrer de la peur qu’il instillait peu à peu en moi. Une peur qui contrastait avec son visage avenant, et son sourire radieux et ses yeux brillants. Un peu perturbée, je ne savais pas sur quel pied dansait, aussi lorsqu’il me demanda si cela m’intéressait, je ne pus que lui répondre d’instinct : « Oui, bien sûr, je serai ravie d’en savoir plus. » . Je l’écoutai donc parler, sincèrement captivée, mais pas pour les raisons qu’il croyait : j’espérai juste résoudre le mystère qu’il représentait.

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En dépit de sa première réaction curieuse, sur laquelle tu avais aussitôt tourné la page, la libraire t’avait paru aussi agréable à cotoyer qu’elle était plaisante à regarder. Elle se permettait même, en plus de votre conversation, un peu de plaisanterie - allégeant un discours que tu t’obstinais à plomber d’une teinte rigoureuse et scientifique. Tu aimais  pourtant cela, les ambiances chaleureuses presque intimistes dans les librairies. C’était assez rare que l’on s’y sente bien, tout d’abord car c’était un univers fait d’ouvrages neufs et que tu les préférais anciens. Au fond, tu étais assez particulier du point de vue de tes goûts, quoi que l’on eusse pu s’en douter - tu avais beau venir d’un monde aseptisé et ordonné, tu avais une âme d’archiviste et de collectionneur de raretés. Tu avais répondu à ses premiers mots d’un « Faites » avec ce fort accent de lord anglais qui te précédait constamment. Tu l’écoutais avec la même attention que si elle eût été ton professeur, et quand bien même de vous deux tu étais le docteur, c’était son point de vue que tu laissais dominer. Cela t’amusait au fond, de te comporter comme un étranger en son royaume, d’arborer ce sourire diplomate et chaleureux, presque prêt à enchaîner les courbettes de politesse en remerciement de son hospitalité. Parce que la sociabilisation était un jeu.
Tout en jouant cette drôle de pièce, tu feuilletais ces ouvrages que tu étais venu consulter. Tu étais au moins aussi minutieux que tu étais difficile, mais tu ne te lassais pas facilement - et s’il avait fallu lire l’entièreté de ces livres pour décider de ton achat, tu l’aurais sans doute fait : tu te serais fait sortir à l’heure de fermeture à coups de balais. Concentré, mais non moins attentif à ce que l’on te disait. Il fallait être multitâche, quand on accumulait à ce point les fonctions sur son CV. « Et cela vous empanache, j’ai toujours mis un point d’honneur à encourager la curiosité sous toutes ses formes. Rien n’est plus laid et inutile à mon sens qu’un cerveau au repos, et il ferait beau voir d’être touriste de son propre magasin ! » Quoique ces mots pussent être durs, tu ne la jugeais en rien. Et d’ailleurs, juger les autres n’était pas tout à fait dans tes habitudes. On pouvait cumuler les tares sans que tu ne t’en préoccupes, et tu ne choisissais pas vraiment tes amis sur la base de leur casier judiciaire. D’ailleurs, c’était bien la dernière chose que tu regardais, puisque tu t’acoquinais parfois avec les vermines de la pire espèce - mais qu’y pouvais-tu, aussi, si ils avaient les vies les plus palpitantes ?

Tu étais ravi, et tu ne tarissais pas de le montrer. Elle t’invitait à poursuivre dans ton raisonnement, et cela te faisait à l’évidence déborder de bons sentiments. « Vous admettrez sans doute que la médecine a pour vocation de soigner et guérir, elle se met au service de l’homme en échange d’argent. C’est un commerce, et ce serait se voiler la face que de penser que les étudiants n’y pensent pas à leur futur salaire. Je dirais que la médecine place la science au service de l’humain, et la biologie humaine, l’humain au service de la science. Non pas pour l’argent, mais pour l’amour de la chose. Le fonctionnement du corps humain dans ses moindres détails est, pour moi, une véritable fascination. Pensez-y : le vivant est la machine la plus incroyable qui ait émergé du néant, si tant est que la thèse du néant soit valide. Et l’humain est une machine dotée d’une morale, d’une conscience et de sentiments. Bouleversant ! » Ton visage l’exprimait autant que tes mots, puis soudain, une pointe d’abattement. « Cependant, il y a cela que la recherche, en biologie ou ailleurs, se résume souvent à écrire la synthèse de ce qui a été écrit auparavant. La médecine bénéficie d’un exercice de la discipline beaucoup plus concret. Mais aussi d’une liberté moindre et de beaucoup d’exigences. A chacun sa spécialité, je dirais. »
Et puis, concluant cette tirade, tu l’as regardée méticuleusement. Tu souriais encore, attendant quelque part sa validation. Tu aurais pu parler seul des heures durant, d’ailleurs tu étais l’homme parfait pour tenir une conférence de six heures sur la question. Tu n’étais pas forcément un adepte de la métaphysique, mais tu avais au moins le mérite de te débrouiller plutôt bien pour en parler. Surtout, tu n’avais pas envie de l’épuiser sur un sujet dont elle se moquait peut-être, finalement. Et puisque de toute évidence, tu l’intéressais - du moins pour ton diplôme puisque tu la laissais tout à fait indifférente, autant lui laisser la possibilité d’orienter à son goût votre conversation. Tu as réalisé alors que tu avais à cette occasion totalement délaissé l’ouvrage que tu tenais dans les mains. Tu l’as regardé brièvement avec un intérêt tout relatif, et tu l’as refermé vivement avant de le retourner à son étagère.
Tu t’es souvenu alors de quelque chose - plongeant ta main dans ta poche, tu y as fouillé quelques instants avant d’en extirper un post-it où avaient été griffonnées au plume quelques références d’ouvrages. Avec un peu d’étonnement, tu as fouillé ta poche à nouveau comme si tu y avais découvert quelque chose d’étrange, et tu en as tiré un porte-clé publicitaire quelconque. « Oh, j’oubliais qu’on me l’avait donné. Tenez, vous le voulez ? Prenez-le donc, je n’en ferai rien. » tu avais dit d’une voix basse en le lui mettant dans les mains - puis, à sa suite, le petit billet. « Je me suis rappelé que j’avais noté quelques titres que je désirais feuilleter et qui pourraient convenir - j'ignore si je pourrai trouver l'un d'eux ici. »
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L’homme à mes côtés, qui pourtant devait avoir dix de plus que moi à tout casser, me donner l’impression d’avoir en face de moi l’un de ces professeurs de faculté, pédant de par leur expérience et l’étendue de leur connaissance, mais indulgent face à leurs élèves intéressés et assoiffé de savoirs. Alors puisqu’il soutenait ma poursuite de connaissances diverses et variées, je lui fis savoir que je voulais en savoir plus. Plus il parlerait, plus il trahirait de détails à son sujet, des détails susceptibles de faire la lumière sur cette mystérieuse vision que j’avais eu, dont il ne restait de trace que le mal de tête qui brouillait ma vision. Que je force en prime pour lire les titres et résumés d’ouvrage dans l’intention d’aider ce client singulier n’aidait, et je mordillais l’intérieur de la joue pour me distraire de ma douleur. Ma tête était un foutoir sans nom, et mes capacités de raisonnement n’était pas au mieux. J’avais dans l’idée que je ne résoudrai pas le mystère que mon interlocuteur représentait aujourd’hui, pas au vu de mon état. Ce que je pouvais faire c’était récolter le plus d’informations possibles pour mieux y réfléchir à tête reposer. C’était donc avec tout l’attention dont j’étais capable que je l’écoutai m’en dire plus sur la biologie humaine, selon ses dires – arrêtant même momentanément de continuer à feuilleter les livres. Il était visiblement un amoureux de la science, bien que dur vis-à-vis de la médecine. Mais je ne l’interrompis pas – mon avis ne comptais pas, d’autant que je n’étais pas vraiment en était d’argumenter mon point de vue. Seul comptait le fait de le faire parler. Je me tus donc, alors qu’il enchaina sur une comparaison entre le corps humain et avec une machine « naturelle » en quelque sorte, une comparaison que je ne pouvais réfuter.

Soudain la joie manifeste qu’il montrait à parler des études physiologiques se ternit visiblement, et qu’il enchaina sur la reste de son discours. Mon cerveau au ralenti mit un peu de temps à tout assimiler alors qu’il se mit à me regarder avec une certaine attente, une fois sa voix tue. Rangeant le livre que je tenais entre les mains, je répondis lentement, tout en réfléchissant : « Je ne peux reconnaitre que vous en savez plus que moi sur le sujet, même si je saisis à peu près la différence entre la médecine et la biologie humaine. Toutefois, je ne suis pas vraiment de votre avis sur les étudiants – il faut avoir une certaine envie de soigner, sauver des vies pour faire des études de médecine, le salaire seul ne peut pas être une motivation. Sinon il y a d’autres métiers qui paient bien et qui sont plus faciles d’accès ! Mais ce n’est qu’un détail, et je ne peux pas contester le reste de vos paroles. Je vous remercie d’ailleurs d’avoir partagé votre avis sur la question avec moi ! ». Faute d’une meilleure idée, et puisque on avis était requis, je m’étais contenté de dire la vérité. Je ne voyais pas trop ce que j’avais à perdre pour le coup. De toute façon je n’arrivais pas à penser à meilleure réponse.

Alors que je m’apprêtais à reprendre mes recherches dans les étagères de bouquins, le roux se mit à fouiller ses poches, ce qui attira mon attention, et je le regardai avec curiosité sortir un papier qu’il se mit observer avec étonnement. Puis il explora à nouveau ses poches et en sortit un porte-clé qu’il me tendit, m’annonçant qu’il n’en avait pas l’utilité. Avant que je ne puisse répondre, il me tendit le post-it me disant qu’il venait de se rappeler avoir pris des références au préalable. En temps normal je l’aurais taquiner – comme c’était mon habitude – en lui répondant qu’il aurait dû commencé par-là, mais j’étais encore abasourdi par son cadeau inattendu. Secouant la tête pour me répondre, je glissai le porte-clé dans ma propre poche, et lui sourit en lisant la liste de livre. Avec rapidité – les volumes étaient rangés avec efficacité dans ma librairie – j’attrapai un à un les livres figurant dessus que je lui tendis, tout en répondant : « Voilà qui va nous simplifier les recherches ! Alors je pense que je les ai tous. ». Au passage, je notai que les inscriptions avaient été faites au stylo à plume, ce qui ne m’étonnais guère car cela complétait le tableau du professeur hautain mais gentil qu’il avait montré jusque-là. Après quelques minutes, j’avais réuni tous les volumes mentionné sur le mot qu’il m’avait donné. « C’est bien ça ? J’espère qu’il y a les informations que vous cherchez. Sinon je peux utiliser ses références et chercher sur ordinateur d’autres livres qui pourraient correspondre. ».

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Cette fois encore, elle t’avait laissé parler avec cette sorte de respect et de fascination silencieuse et attentive - quelques indices pourtant auraient dû t’indiquer qu’elle peinait un peu à te suivre, mais tu étais trop passionné par tes dires pour te soucier d’une quelconque migraine de son côté. Même toi, qui croyais pourtant te connaître, tu ne te doutais pas du plaisir que tu prenais à enseigner. L’humanité ne réalisait pas assez l’ignorance dans laquelle elle était plongée - et tu te prenais un peu pour Socrate, à te répéter que tu ne savais rien. Tu avais tout à apprendre encore, mais tu en savais déjà plus que beaucoup, et cela motivait chez toi les longs discours. Elle le reconnut d’ailleurs sans mal, et te gratifiait de la légitimité de parler du sujet, une forme de reconnaissance dont tu te moquais bien.
Elle t’apprit par ailleurs que son opinion divergeait du tien, au moins sur un point. Elle les connaissait sans doute mieux que toi, les étudiants qui se plaçaient en plein coeur du débat. Le rapport qu’elle entretenait avec eux, en tant que libraire, devait être plus attendri et amical que toi, en tant que pédagogue et chercheur, conférencier et contributeur de séminaire. Elle leur attribuait des idéaux et de belles ambitions, des valeurs - des valeurs ? Quelle idée saugrenue. Tu y répondis par un sourire, et un regard doux comme pour imiter la compassion. « C’est un point de vue intéressant. Oui, c’est vrai. Vous avez raison, je l’admets: ils ont sans nul doute la volonté de sauver des vies. Dans le cas contraire, ils auraient fait du droit et appris à les détruire. » Ah, ton amour pour la Loi était plus que palpable. La seule raison pour laquelle tu désirais la voir exister, c’était pour pouvoir la bafouer davantage. « Sauver des vies... » tu as répété à mi-voix, un peu pensif. C’est qu’il te venait une idée saugrenue. « En fin de compte, oui. Nous sommes un peu en concurrence... » C’était assez vrai, après tout, pour ces individus entre la vie et la mort - les rescapés étaient de ceux que tu n’enterrerais pas. Mais tu ne leur en voulais pas : ce n’était jamais que partie remise.
Pendant ce temps que tu pensais à mi-voix, ta belle interlocutrice s’efforçait de dénicher les ouvrages que tu lui avais tantôt réclamé. Tu avais détâché ton regard d’elle pendant ce temps, perdant ton regard dans la pénombre encastrée entre deux couvertures. Tu ne reportas ton attention sur elle que lorsqu’elle t’interpella d’une interrogation. Un haussement de sourcil, un regard à la pile de livres, et tu t’apprêtas derechef à les feuilleter. Tu eus aussitôt le regard rieur, hâtant le pas vers la petite colonne qui s’était formée sur le support le plus à proximité. « Merci beaucoup, vous m’ôtez une épine du pied. » Et tu t’y es plongé aussitôt, curieux et avide plutôt que pressé. Mais ce faisant, tu ne voulais pas que ta libraire s’évade. Tu n’avais de cesse de lui jeter des coups d’oeil, comme pour t’assurer qu’elle ne te laisse pas seul. C’était une compagnie indéniablement agréable, et même si tu la laissais de marbre, tu comptais malgré tout en profiter. Les jolies blondes et les nez en trompette avaient une place particulière dans ton coeur, et elle avait l’avantage de te présenter les deux. Sans compter que vous parliez de science, et que son opinion t'amusait.
« Tout de même! On pourrait croire, au nombre d’ouvrages qui parsèment cette Terre, qu’il existe pour chaque sujet le livre parfait. Ce n’est bien que lorsqu’il vous faut le trouver que vous tombez en galère. Et que je réalise pourquoi les chercheurs continuent de publier des synthèses et des essais. » Tu disais cela comme de la bête conversation, tu avais une toute autre préoccupation en tête - ou plutôt deux d’ailleurs. La première étant ce traité d’hématologie qu’il te manquait, et l’autre la futile envie de prolonger ton tête à tête. Si bien que lorsque tu as fini par jeter ton dévolu sur un bouquin, et que tu t’es redressé de ta pile pour le lui présenter, tu l’as gardé fermement dans tes mains et tu as enfoncé un regard des plus pénétrants dans celui de ta charmante compagnie. « Dites-moi... », tu as marqué une certaine pause. Tu te moquais éperdument de l’impression que tu lui avais laissé. Peut-être que tu l’irritais. Peut-être que tu la terrorisais. Je ne sais pas. Tu ne sais pas non plus. « J’ose peut-être un peu trop. » Une introduction pour te dédouaner de la suite, tandis que tu souriais encore, avec un quelque chose qui ressemblait à de l’embarras. « Vous faites quelque chose après la fermeture ? » A peu de choses près, tu avais toutes les raisons du monde de te prendre un rateau. Mais tu n’avais pas réellement de fierté, alors cela valait le coup d’essayer. Mais que lui proposais-tu Basil ? Comment allait-elle l'interpréter ? Peut-être un café, peut-être plutôt de l'alcool. Ou peut-être un rendez-vous autour d'un macchabée.
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V. Basil Egerton & Aisling Fitzpatrick

Lorsque j’évoquais la volonté des futurs médecins de sauver des vies, mon interlocuteur sembla presque surpris, comme s’il avait oublié que c’était le but premier des docteurs. Je secouai la tête alors qu’il ne me regardait pas, incapable de comprendre cet étrange énergumène, ma migraine n’aidant pas, il fallait le dire. Le commentaire à mi-voix qui suivit me rendit encore plus perplexe, et me fit également un peu peur. Il était en concurrence avec les médecins ? Ma vision me revint de plein fouet et mon malaise s’accentua. Est-ce que ce type était une sorte de psychopathe, un génie fou de la médecine ? Ou y avait-il une explication logique qui m’échappait parce que je n’étais clairement pas en état de réfléchir correctement ? Dans tous les cas, la liste de livres qu’il me tendit arriva à point nommé, m’obligeant à me concentrer sur mon travail et à faire abstraction de mon angoisse. Comme nous étions déjà dans le bon rayon, il ne me fallut pas longtemps pour entasser tous les livres recherchés. Lorsque je les lui présentai les ouvrages, son attitude pensive laissa place à une certaine bonne humeur, alors qu’il se montrait de nouveau charmant, me remerciant de l’aider. J’étais décontenancée, c’était le moins qu’on puisse dire, par cet être qui semblait changer de visage plus vite que de chemise. Toutefois professionnelle, je lui répondis : « Mais de rien, c’est mon travail après tout ! ».

Je ne fus cependant pas sûre qu’il m’écouta alors qu’il s’était jeté sur les bouquins pour les feuilleter, tel un affamé sur des vivres. Il continua de me jeter des coups d’œil, comme pour vérifier que je ne m’étais pas enfui. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait à vrai dire, car je n’étais pas à l’aise avec lui, et surtout j’avais affreusement mal à la tête et une tasse de café accompagné d’un antalgique semblaient être la meilleure chose qui puisse m’arriver dans l’immédiat. Mais en bonne libraire, j’attendais de savoir s’il avait tout ce qu’il faut, si ma présence était encore nécessaire, et surtout je me tenais prête à l’encaisser. J’en étais arrivé à un stade où je me sentirais beaucoup mieux en le voyant partir, n’étant pas en état finalement de jouer les investigatrices et découvrir qui était vraiment ce type. Je fus rappelée à l’instant présent, après m’être perdue dans mes pensées, par la remarque formulée à haute voix par le roux. Je lui offris un sourire compatissant en le voyant ne pas trouver son bonheur avant d’ajouter : « Les sciences sont un domaine où les connaissances ne cessent d’évoluer. Je suppose que dans des millénaires on apprendre encore des choses surprenantes sur la nature. Je suis désolée que vous n’ayez pas trouvé précisément ce que vous recherchez. ». Malgré mes mots, il choisit toutefois un ouvrage qu’il retira de la pile, mais qu’il ne me donna pas toute de suite.

Avec un sourire un peu gêné, il hésita, cherchant visiblement à me demander quelque chose. J’attendis patiemment, souriant de manière avenante, alors qu’au fond de moi je n’attendais que de le voir partir. Finalement sa demande tomba, inattendue, et pourtant assez prévisible. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’un client me proposait un rencard. Loin de là, entres les étudiants qui fréquentaient assidûment ma librairie et les êtres timides qui semblaient se détendre en présence d’une amatrice de livre souriante, les propositions arrivaient régulièrement. Mais à cause des sentiments peu agréables qu’il faisait naître en moi, je n’avais pas attendu de sa part une telle demande. Me reprenant, je lui montrais un visage contrit alors que je répliquai : « Je suis désolée, mais ce soir je ne suis pas libre ». Ce n’était pas totalement faux, j’avais rendez-vous avec des antalgiques et mon lit. Mais je n’allais pas lui exprimer en détail ce que je comptais faire ce soir de toute manière. Puis j’ajoutai, histoire d’être claire et de ne pas le voir débarquer demain pour retenter sa chance – oui, je l’avais déjà vécu : « A vrai dire, vous m’avez l’air d’être quelqu’un de fascinant, mais je ne suis pas intéressée. ». J’avais failli dire quelqu’un de bien, mais je n’étais pas sûre de pouvoir le dire sincèrement à vrai dire. Après un moment de gêne, j’ajoutai en désignant l’ouvrage entre ses mains : « Je vais vous encaisser votre livre alors ? ». Je le guidais vers le comptoir, notant au passage que la pluie dehors s’était un peu calmée, et que la librairie avait de fait moins de visiteurs. Parfait, cela voulait dire que j’allais pouvoir me prendre une tasse de café. Ce que je fis quelques minutes plus tard, quand mon étrange client quitta la boutique.

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Basil Egerton
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Tout ceci n’avait duré que quelques longues minutes peut-être, cette entrevue qui te sortirait de la tête en quelques jours à peine. Ce n’était qu’une libraire et tu étais ici pour des ouvrages, encore que l’on pouvait s’attendre à ce que tu fasses passer cette enseigne en priorité pour le seul plaisir de retrouver cette compagnie agréable. Tu prenais d'ailleurs un malin plaisir à la faire durer, et si l’intérêt scientifique te précipitait parmi les pages, tu ne te pressais pas le moins du monde pour quitter la boutique et sa propriétaire. Ta journée avait pris quelques notes colorées, et il aurait fallu bien davantage qu’une averse pour la désaturer à nouveau. Même de ne pas trouver la référence idéale ne t’avait pas démonté le moins du monde, d’autant que cela permit à ton interlocutrice de t’arracher un sourire encore. Bien sûr, l’humanité n’en finirait jamais d’apprendre, et toi-même apprenais chaque jour et pourchassais sans répit la connaissance. A n’en pas douter, tu étais sur cette liste interminable de noms qui contribuait à peupler toutes ces étagères d’informations nouvelles, avec toujours davantage de rigueur et davantage de précision. Je suis désolée, commença-t-elle - « Ne le soyez pas », avais-tu répondu avec une légèreté presque révérencieuse. Il était évident que tu étais un client hautement satisfait, et tant pis si l’ouvrage parfait n’existait pas. Si ce n’était que cela, tu l’écrirais - juste pour ce petit nez en trompette et cette confusion bizarre qui hantait ses jolis traits, tu l’écrirais.

Tu avais tenté ta chance, avec de jolies formes certes mais en t’élançant à l’aveuglette tout de même. Tu n’étais pas insensible à ses charmes - comment aurais-tu pu l’être ? Et tu ne te sentais pas de le lui cacher. Tu n’étais pas le plus timide, et tu n’étais pas non plus vulgaire, mais il y avait toujours un certain plaisir à exprimer avec franchise ce qu’une femme t’évoquait. Et ce n’était rien de très licencieux d’ailleurs, rien d’équivoque et pas d’arrière-pensée. Juste flatter tes pupilles d’un faciès harmonieux, et la faire parler, peut-être rire un petit peu, écarter une mèche clandestine tout au plus. Mais tu t’y étais attendu, elle déclina la proposition, et sans hésitation aucune. Prétextant une occupation d’abord, puis précisant finalement qu’elle n’était tout simplement pas intéressée. Tu l’acceptas sans la moindre amertume, sans te départir de cette sorte de douce candeur de l’homme charmé, passant une main sur ta nuque avec un petit air d’excuse. « Il n’y a pas de mal », et il n’y avait pas plus de douleur dans ces mots, puisque tu n’étais même pas vexé. Tant pis. Si la vie la replaçait sur ton chemin, peut-être que les choses prendraient une autre tournure, mais si elle ne voulait pas de toi en amont du sentier, tu n’étais pas un goujat, tu n'irais pas la poursuivre et tu savais te faire oublier.
Elle te ramène à la réalité, que tu n’avais finalement jamais quittée, mais dont tu égrenais les secondes pour ne pas laisser ta demoiselle s’échapper trop vite. Est-elle pressée que tu t’en ailles ? Te voilà bien navré de l’avoir mis à ce point mal à l’aise, mais tu ne prends pas le risque de formuler cette excuse, pour ne pas risquer de l’enfoncer dans ce sentiment. Alors tu as acquiescé et tu l’as suivie en caisse pour régler tes deux acquisitions. Enfilant vivement ta redingote, tu la gratifias d’un « Au revoir mademoiselle » souligné d’un regard, avant de t’engouffrer à l’extérieur sous l’effleurement des dernières gouttelettes.
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