Kiara Piltover - "Tu vois cette comète, je te la mets dans le ..."

Kiara Piltover

"Parce que t'es beau, comme une comète ... "

Oublions la situation initiale, passons direct au moment où tout part en couille.

J'avais dix ans. Voire onze. En vérité, ce n'est pas tellement mon âge qui était le plus important. Pas quand on pataugeait dans une flaque de sang. Maman. Ton regard d'habitude si épicé c'était éteint pour laisser la place à des iris grises et sans émotion. Comme si ton âme s'était déjà enfuie de ton corps de femme accomplie. Ton aura de puissance avait été percée, tout comme ton ventre était meutri d'un cratère le traversant de part en part. Monstrueux. Ignoble. Traumatisant. Mais sur le coup, je ne réagis pas. C'était trop irrationnel.
Trop magique.
De la magie, il y en avait à en revendre ici. La bibliothèque du vieil appartement londonien regorgeait de manuscrits, de cartes et d'artefacts fantasmagoriques. Véritable antre d'une sorcière ou plutôt bureau d'un fanatique d'histoire ? Les deux. C'était le couple Piltover. Un homme au savoir interminable et une femme aux capacités dépassant l’entendement. Evidemment, le mari avait juré de ne jamais dévoiler l'immense secret de son épouse, et eux deux partaient traverser le monde à la recherche de magies ancestrales. Les Djinns antiques. Des créatures aux ressemblances humaines mais dotés de pouvoirs incroyables. Et Nimphone Piltover était l'une des plus grandes invocatrices de Djinn de sa génération. Reconnue dans le milieu, elle avait autant d'ennemis que de fans. Capturant les Djinns, elle en faisait ses armes lors de combats titanesques. Elle en cherchait des toujours plus puissants, jusqu'au moment où l'avarice eut raison d'elle. Peu après la capture d'un Djinn apocalyptique, celui-ci trouva le moyen de déjouer les tours de sa tortionnaire. S'en suivit un immense affrontement qui signa la perte du couple d'humains. Le Djinn avait fait implosé la bibliothèque en faisant s'écraser des boules enflammées sur le toit. Tout avait explosé dans un torrent de flammes et de rocs. Un météore transperça Nimphone, et son mari fut violemment empalé contre la grille en fer forgé, trois étages plus bas. Il ne restait plus que moi, étalée dans la mare de sang s'écoulant de maman , à regarder le Djinn respirer péniblement. Il semblait avoir usé de toute sa capacité, et à en voir à travers le trou béant das le mur, ses dégâts avaient été colossaux. Je m'approchai de lui, un bout de verre à la main en guise de poignard. Je croisai le regard de l'être. Il ressemblait traits pour traits à un humain en train de succomber à d'atroces souffrances, mais ses yeux étaient entièrement d'or. Il suffoquait, gémissait, et peut-être même pleurait. Je ne savait plus, car mes yeux étaient bien plus embués de larmes. Je laissai tomber le bout de verre et posai mes mains sur la blessure à la poitrine du Djinn. Dans un élan que je ne compris pas, j'essayai d'arrêter le flot d'énergie vitale qui s'échappait de lui en appuyant fort sur sa cage thoracique, mais rien y faisait. Dans un dernier soupir, l'être se leva et se jeta sur moi. Il m'attrapa avec violence et écrasa mon visage son torse. Aussitôt, ma vue se brouilla à cause du sang et je perdis conscience.



Et après le personnage principal devient un héros trop badass …

Les années passèrent, et avec elles s'enterraient le terrible secret. Le foyer pour jeunes filles avait essayé de me faire adopter, mais la seule famille qui m'accepta se retrouva mystérieusement dépourvue de maison trois jours après. Un terrible incendie domestique, avait conclu la police. Mais ceux qui m'avait accueillis ne voulurent plus de moi. J'étais cataloguée comme pyromane. En même temps, ils avaient évoqué le fait que je pouvais les appeler « maman et papa » ; et à quatorze ans j'étais un peu susceptible. Non pas que j'aie mis le feu de mon plein gré, mais il s'était passé quelques événements étranges depuis le décès de mes parents. A chaque crise de nerfs, le ciel se déchaînait et des boules incandescentes tombaient du ciel. Comme par magie.
Magie de merde.
J'étais contaminée. Contaminée je ne sais comment par ce sauvage de Djinn pour qui j'ai eu de la pitié. A chaque météore enflammé, je repensais à celui qui avait traversé ma mère. Une partie du Djinn vivait en moi, et je le pouvais l'invoquer. M'invoquer. J'étais ma propre arme. Enfin, cela ne me servait pas tellement puisque je fus mise à la rue de ma famille d'accueil et du foyer. Tout le monde racontait que j'étais une pyromane complètement tarée. Je me mis donc à squatter les rues mal famées et rencontrer quelques jeunes qui, comme moi, semblaient ne pas s'intégrer dans la société. Je ne parlais jamais de ce que je savais faire, mais cela me servait d'outil de défense. Car lorsque des mecs en chien ou des psychopathes s'approchaient de trop près ; une boule de feu s'écrasait miraculeusement sur leurs cheveux gras.
Les mois passèrent, puis les années. Mes yeux étaient maquillés de plus en plus en noir et mon esprit était de plus en plus résistant. J'étais devenue une femme forte, une guerrière de banlieue. A dix-neuf ans cependant, je partis de mon squat pour rejoindre Bray.
Cette ville résonnait dans mon esprit depuis mes dix ans. Maman racontait que c’était le lieu de recueil des esprits des quatre éléments. Des gens comme elle voire encore plus magiques. Des exilés. Je pris donc un travail, puis un appartement dans ce lieu. Je me fis très discrète dans un premier temps, ne sortant de chez moi que pour travailler. Cependant, et bien contre mon envie, je me fis vite remarquer. Mon maquillage très noir et mon regard tout aussi sombre était réputé, et les quelques hommes qui s'approchaient de moi se mangèrent une porte close. Et puis une question semblait tarauder tout le monde : qui était-elle ? Car tout le monde se doutait que j'étais spéciale moi aussi. Eau ? Air ? Feu ? Terre ? Certains fouineurs m'épièrent à la pleine lune pour voir si je me métamorphosais ; tandis qu'une folle m'arrosa même d'eau pour vérifier que je ne me changeais pas en femme-thon. Mais rien, inexorablement rien.
Je restais discrète sur mes capacités, car c'était peut-être moi qui signerai l'apocalypse de ce secret. Je les détestais. Tous. Les thons, les piafs, les allumettes, les fougères. Tous faisaient partie de ceux qui avaient tués mes parents. J'avais tout perdu à cause de cette magie. Alors je me vengerai. Je ferai perdre à la magie tout ceux qui la contrôlent.