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 Trouble Shootin' [PV. Alexis C. Samson & Maellyan Santoro]

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Alexis
Samson
& Maellyan
Santoro
Trouble Shootin'

Après avoir pris le temps d'installer son jazz club, Aldrich Mercer sort enfin de l'ombre et entreprend de retrouver la piste de sa némésis Joshua Draper.

Et quelle meilleure idée pour l'attirer que de commettre un crime purement gratuit ?

Le ciel de l'hiver irlandais était d'un gris aussi sinistre qu'absolu et le vent qui l'accompagnait était glacé. Même bien emmitouflé dans son manteau, Aldrich frémissait. Par nature, il préférait rester au chaud et se lover contre un radiateur poussé au maximum.

Il tira une dernière bouffée de sa cigarette et jeta négligemment le mégot sur le béton, avant de se malaxer ses mains gantées.

La vitrine du petit magasin de sport lui rendait son reflet. Intrigué, il se passa les doigts dans les cheveux, se demandant s'il n'en avait pas perdu depuis la dernière fois qu'il s'était regardé dans un miroir… ce qui s'était passé exactement 4 minutes et 36 secondes plus tôt, devant cette même devanture.

La porte du magasin s'ouvrit et Harvey, son assistant, en sortit, lui montrant un sachet en plastique.

— Tu l'as ?
— Je l'ai.
— Je peux voir ?


Harvey ouvrit le sac, en extirpa une batte de cricket, et la tendit à son patron. Aldrich la prit et serra les doigts sur le manche de l'objet. Il fit quelques gestes avec, moulinant prudemment dans les airs.

— Elle est pas mal, conclut-il en la soupesant. C'est pas du matériel de pro, mais ça suffira, je pense.
— Il n'y a qu'à l'essayer, de toute façon.
— Je t'aime bien, Harvey. Tu penses comme moi. L'univers nous a bien trouvés, tous les deux.


Aldrich virevolta soudain et donna un puissant coup de batte en plein dans la figure d'un passant qui se trouvait derrière lui. Une gerbe de sang et de bris de dents s'envola alors que l'inconnu tombait par terre, le visage enfoncé et le nez tordu. Sans lui laisser le temps de reprendre son souffle, Aldrich lui abattit la batte sur les côtés. Par instinct, l'homme se mit en boule pour se protéger, mais cela n'arrêta pas Aldrich, qui frappa et le frappa et le frappa et le frappa jusqu'à entendre distinctement le craquement sourd des côtes qui se cassent. Ce fut seulement ce bruit qui mit un terme à sa frénésie

D'un geste désinvolte, il essuya le sang qui avait jailli sur son menton, posa la batte sur son épaule, et sourit.

— Je vais t'appeler Lucille.
— C'est déjà pris.
— Je sais. T'as raison, c'est pas original. Je vais la baptiser… Karl.
— Karl ?
— Comme Karl Marx.


Il sourit à nouveau, dévoilant ses dents, et leva une dernière fois la batte, au-dessus de sa tête.

—C'est l'heure de devenir communiste, fils de pute.

La batte fendit l'air et fracassa le bras du blessé à terre, qui poussa un gémissement alors tandis que son humérus se disloquait.

— Aldrich, je vois le patron du magasin qui appelle la police.
— Juste maintenant ? Ils sont mous du gland, les Irlandais.
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Invité

Glamourous indi rock&roll
it's been a long time
Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, Alexis s’immergea dans son monde, occultant dès lors tout le reste, ne se concentrant que sur le sol qui s’étalait devant elle et qu’elle parcourait de longues et régulières foulées. Inspirer, expirer de manière régulière, son souffle formant un petit nuage à chaque fois que la chaleur produite par son corps entrait en contact avec le froid hivernal. Courir était bien la seule raison pour laquelle elle délaissait la chaleur de sa maison et surtout de sa cheminée pour se plonger dans l’air glacé de l’hiver. Elle ne pensait qu’à son corps qui se réchauffait déjà du fait de l’effort fournit et de la douche brûlante qu’elle prendrait en rentrant.


La Samson se sentait mieux. D’une manière générale, sa vie s’était calmée et, comme une victime d’un accident, elle reprenait doucement le cours de sa vie, profitant des instants qui s’offraient à elle, même s’ils étaient banals à en mourir et qu’elle en avait déjà vécu des similaires. Parce qu’au final, tout était complètement différent. Oui, ces derniers temps, sans s’appitoyer non plus sur son sort de ces dernières années parce qu’elle ne regrettait pas non plus tout ce qu’il s’était passé, elle avait l’impression d’être un peu une miraculée qui avait le droit de remettre les pieds sur le bon chemin. Ça n’empêchait pas les cauchemars, le sang qui giclait dans ses rêves, les remords… Mais ça l’aidait à aller mieux.


C’est dans cet état de semi-conscience de ce qui l’entourait qu’Alexis continua son footing, laissant ses foulées la conduire là où elles le voulaient bien, délaissant le parc habituel où elle ne ferait que tourner en rond pour les rues de Bray qui étaient assez calmes en cette froide journée. Et c’est en voyant les passants sans vraiment les voir qu’elle assista à cette scène, qu’elle vit un homme tenant une batte l’abbattre violemment sur le visage d’un homme qui passait par là. Son cerveau enregistra l’information et elle percuta avec une seconde de retard ce qui était entrain de se passer. S’arrêtant net, Alexis recula d’un pas ou deux, son regard affolé fouillant, analysant la scène. Le type à la batte continuait de s’acharner sur le pauvre homme et, même à cette distance, les bruits d’os brisés lui parvenaient et lui soulevaient le coeur. La main sur la bouche, elle était purement horrifiée par ce qu’elle voyait et ne parvenait pas à détacher son regard de l’agresseur dont du sang maculait le visage et la veste.


Raté pour son quotidien paisible. Elle pensait avoir vécu assez de scènes d’horreur pour que ça tombe désormais sur quelqu’un d’autre, mais il fallait croire que non. Quoiqu’elle fasse, elle tombait toujours sur du sang et de la brutalité. D’autres passants s’étaient arrêtés, comme elle, indécis, regardant les autres, sortant leur téléphone pour composer le numéro de la police. Il aurait fallu agir, Alexis en avait conscience, mais le type à la batte semblait sacrément violent et personne n’avait l’air de vouloir se frotter à lui pour sauver quelqu’un qu’ils ne connaissaient même pas. La Samson les comprenait pleinement, surtout parce qu’elle non plus ne comptait pas jouer les justicières si ça voulait dire se prendre un cou de batte en pleine face. Ses yeux se posèrent un instant sur le visage gonflé et plein de sang de la victime, se raccrochant à l’idée que les policiers allaient arriver, mais elle ne parvenait pas à partir malgré  tout, refusant de tourner le dos.

fiche by coula
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Aldrich secoua la batte devant lui pour égoutter le sang qui l'imbibait avant de la poser sur son épaule. Il regarda à droite, à gauche, et haussa les sourcils.

— Une autre belle journée en Irlande ! Tu sais, Harv', je regretterais presque de ne pas avoir vécu dans le coin pendant les Troubles. Ça aurait été tellement, mais tellement fun… Enfin… On ne choisit pas sa vie, pas vrai ? Viens, mon p'tit Harvey, cassons-nous. C'est devenu d'un ennui mortel ici.

Il avisa le corps sanglotant et ensanglanté qui tressautait sur le trottoir, et lui donna un coup de pied.

— J'ai apprécié notre coopération, bonhomme. J'espère que nous pourrons remettre ça à l'occasion, ça serait fort sympathique. Sur ce, bonne journée.

Aldrich se retourna. Son regard s'accrocha aussitôt à celui d'une jeune femme. Brune, les yeux d'un bleu pâle teinté de gris, le visage parsemé de tâches de rousseur. Elle était aussi grande que fine, et portait une tenue de sport. Mais tout cela, Aldrich ne le voyait pas. Ou plutôt, si, il le voyait, mais il n'y prêtait pas attention. Non, les œillères que constituaient son envie et son désir concentraient sa vision sur sa très jolie paire de petits écouteurs qui pointaient hors de ses oreilles.

— Magnifique, sourit-il en se pourléchant. Absolument superbe.

Il fit un petit saut sur place en dépliant les jambes et s'approcha de l'inconnue.

— Ô belle de mes jours, belle de mes nuits, je crois avoir attendu si longtemps avant de vous rencontrer.

Une fois à son niveau, il commença à tourner autour d'elle, comme s'il cherchait à évaluer le sublime d'une statue de marbre perdue qu'il aurait découverte dans un coin du British Museum. Il l'examinait, il l'analysait, il l'étudiait. Il cherchait la perfection, les imperfections, la beauté, la laideur, le divin et l'humain.

— My my my, ma colombe, mais vous êtes assurément splendide. Tombée des cieux, je dirais.

Harvey demeurait en retrait. Il gardait sa main à l'intérieur de sa veste, prêt à dégainer son révolver au cas où l'un des rares passants qui étaient encore présents auraient souhaité s'interposer entre son patron et la jeune femme.

Aldrich acheva son tour du propriétaire pour se retrouver face à la sportive. Sans cesser de sourire, il posa le bout de la batte dans le creux du cou de sa non-interlocutrice.

— Vouloir connaître une femme, n'est-ce pas, c'est toujours une façon de la posséder ou de se venger d'elle. Et je dois admettre, ma charmante et jeune muse, que mon sang… rrrr… boue d'envie de vous connaître.

Il se pourlécha derechef.

— Commençons-nous à nous enchanter de nous connaître ? Vos goûts musicaux m'intéressent. Pas autant que vos goûts technologiques, j'en suis convaincu, mais sait-on jamais, vous me surprendrez peut-être très agréablement.

Il prit l'un des écouteurs et le porta à son oreille, glissant sa langue entre ses dents et haussant les sourcils.
Trouble Shootin'ft. Alexis C. Samson



Alors qu'Aldrich bat un passant dans la rue presque à mort, son attention se focalise sur une inconnue qui fixe la scène. Le métamorphe, lassé de son jouet, préfère manifestement jeter son dévolu sur une autre pelote de laine.
Ʃkaemp はは ™
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Trouble Shootin' [PV. Alexis C. Samson & Maellyan Santoro]
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