Désastre. C’était le mot qui résumait mieux cette soirée d’Halloween, la pire qu’Alexis n’ait jamais passée, elle qui se faisait chaque année une joie du trente et un octobre. Dans son dos, les derniers invités quittaient le manoir après cette soirée plus que mouvementée. Le Baron avait tapé vraiment fort, il était certain que ça resterait dans les esprits pendant un long moment. La salle de bal où avait eues lieu les festivités était vide, la décoration si soignée à leur arrivée souffrait maintenant des longues heures de danses, de débâcle, d’alcool… La jeune femme tira une dernière fois sur la cigarette coincée entre ses doigts, la jeta par terre et l’écrasa du talon. Elle termina ce qu’il restait dans le verre posé à côté d’elle avant de le reposer. Le Baron devait posséder toute une tripotée de domestiques qui se chargeraient de rendre au manoir sa splendeur immaculée, elle pouvait bien se permettre de laisser un gobelet en plastique traîner par terre. Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, à croire que perdre la notion du temps devenait quelque chose d’habituel ces derniers temps. Les souvenirs de la soirée s’entremêlaient, se mélangeaient, se brouillaient, sans qu’elle puisse être sûre de la chronologie claire et précise. La seule chose dont elle était parfaitement sûre - en fait il y en avait deux : elle était complètement et définitivement beaucoup trop alcoolisée pour raisonner clairement. La Samson avait bu plus de verres qu’elle ne pouvait en compter et à un rythme assez effréné, tentant vainement de noyer ses problèmes actuels et ceux qu’elle était persuadée de voir arriver (et elle ne s’était pas trompée, malheureusement) dans l’alcool. Et la deuxième chose, c’est que la soirée avait été un pur désastre. Si elle n’avait pas déjà perdu Maverick, là, c’était définitivement le cas. La rancoeur qu’elle ressentait et qui lui dévorait l’intérieur devait être à peu près égale à celle qu’il ressentait lui, et elle ne voyait définitivement pas comment ils pourraient ni même voudraient passer au-dessus. Impossible. C’était pas nouveau de ce soir, pourtant, après tout elle l’avait trouvé nu dans un lit avec Niamh mais… mais il restait une infime parcelle d’espoir qu’elle pourrait lui pardonner et qu’il pourrait en faire de même, étincelle qui s’était éteinte après que Castiel soit allé lui parler. Alexis n’avait aucune envie de ramper pour se faire pardonner quand elle n’était pas la seule en tort et Maverick refuserait de lui adresser la parole ou de lui laisser la moindre ouverture. Non, c’était une belle impasse, mais l’idée que ce soit définitivement terminé n’effaçait pas ce qu’elle ressentait et le conflit entre les deux lui déchirait le coeur. Si on rajoutait à cela que Castiel devait sûrement la haïr à son tour pour ne lui avoir pas parlé du retour de Maverick… Et elle qui voulait divertir Scylla avait lamentablement échoué. Non, définitivement, cette soirée était un désastre.
Se relevant du sol où elle était assise - ou plutôt cachée puisqu’elle avait fuit la soirée quand elle n’avait plus pu supporter toute cette pression et qu’elle avait sentit que les larmes sortiraient qu’elle le veuille ou non - elle contourna l’immense bâtisse pour retrouver le chemin menant à la sortie. Le retour allait être long, elle avait prêté sa voiture à Scylla qui avait demandé à rentrer chez elle et Alexis refusait qu’elle le fasse à pied, exigeant au passage un message pour être sûre qu’elle allait bien. C’était la seule raison qui lui avait fait serrer son téléphone aussi fort que possible jusqu’à ce qu’elle reçoive un message, rassurée à l’idée que sa meilleure amie était chez elle, en sécurité. Ensuite elle avait juste décidé de sombrer et d’oublier tout ce qui l’entourait, cachée sur une terrasse avec de l’alcool, des clopes, pas mal de désespoir et un peu de musique qui filtrait par une fenêtre ouverte. Au milieu du chemin, la jeune femme enleva ses talons qui la gênaient plus qu’autre chose pour avancer. Sortir de la propriété du Baron lui paraissait déjà interminable, elle n’imaginait même pas le chemin pour rentrer jusque chez elle. La route remplaça la terre sous ses pieds quand enfin elle quitta la propriété baronnale. Bien, le plus dur restait à faire, surtout qu’elle était fatiguée, que l’alcool rendait ses jambes tremblantes, qu’elle avait envie de vomir ou de se rouler en boule dès qu’elle repensait ne serait-ce qu’un infime instant à cette soirée, qu’il faisait noir, froid, que ses yeux rougis par le froid et les larmes pesaient lourd… Bref, elle n’était pas dans le meilleur état qui soit mais elle n’avait pas non plus envie de dormir dehors - même si, étrangement, elle aurait été incapable de s’endormir avant plusieurs heures, quand bien même elle serait dans un lit confortable. Des phares éclairèrent soudain la route devant elle, et Alexis se décala pour laisser plus de place à la voiture qui arrivait derrière elle, sans cesser de marcher, jusqu’à ce qu’elle sente que le véhicule ralentissait derrière elle. Plissant les yeux agressés par la lumière des phares, elle se retourna et ralentit un peu à son tour, se demandant ce qu’on lui voulait encore.
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