[Cinaèd] I'll always remember you the same

"I'll always remember you the same"

Maybe you were the ocean, when I was just a stone

Ça devait faire des jours, voir des semaines, depuis que Chase, Cinaèd, je ne sais plus, avait emmené Ezeckiel au centre, depuis que j’avais été le chercher, depuis qu’il m’avait relâché. Et que finalement j’avais compris. Que l’homme que j’avais connu n’existait plus, que cette noirceur dans son regard n’était pas feinte, qu’elle reflètais la mienne alors qu’il avait toujours eu une part de lui qui avait contenu plus de lumière que moi, plus de joie que moi, plus d’espoir aussi. Parce que deux être qui se perde dans la noirceur ne peuvent survivre, ne peuvent se tirer l’un l’autre de ce gouffre sans fond, et il avait toujours réussi à me garder en vie, à me souffler assez d’espoir pour avancer encore et encore et encore. Jusqu’à ce que je finisse par tout lâché, pas tout abandonner, pas quitter, lâchement. On ne se le cacheras pas, on ne le diras pas à demi-mots, j’avais été lâche, terriblement lâche. J’avais eu peur, j’avais pris la fuite sans demander mon reste, me cachant là où je le pouvais, parce que je savais qu’éventuellement il me retrouverais, me le ferais payer. Mais je n’avais eu aucune idée qu’il l’utiliserait lui, qu’au final je deviendrais la proie de celui qui m’avait toujours protégé. Et sans lui, j’avais trouvé quelque chose que je n’aurais jamais pensé trouver, sans lui j’avais réussit à m’ouvrir, à laisser quelqu’un pénétrer dans les tréfonds de mon âme, de mon coeur. Il m’avait donner le courage de continuer, mais Ezeckiel m’avait ouvert à la vie. Et même si aujourd’hui, je réalisais que malgré tout, que malgré l’amour, il y avait cette noirceur en moi qu’il ne pourrait jamais comprendre, jamais accepter, jamais totalement. On avait cru pouvoir mettre le passé derrière, avancez sur des nouvelles bases, mais le passé, le présent, le futur, tout était ensemble, attaché les uns aux autres, sans aucune possibilité d’évasion. Et une homme libre et sauvage comme lui ne pouvait passer sans vie dans les bras d’une femme qui avait passé sa vie en cage. Et même si je ne pourrais jamais vraiment lui tourner le dos, que je ne pourrais jamais ne pas l’aimer, parce que mon être, mon âme voulait être à ses côtés. Mon corps voulait sentir cette faible pression de sa main dans le creux de mes reins, mon être criait son désir de voir son sourire une dernière fois, d’entendre son rire résonner à mes oreilles, mais mon esprit me hurlait de reculer, de m’enfuir, de me protéger contre cette douleur inévitable, celle qui commençait déjà à parcourir mes veines alors qu’il m’évitait, que son regard me hurlait sa haine, que cette nuit là, cette dernière nuit où nos corps n’avaient fait qu’un, dans un mélange de douleur, de haine, de reproches, de colère. Et même si je ne connaissais pas vraiment les lois de l’amour, même si je ne connaissais rien de ce que nous étions pour le reste du monde, je savais que c’était la fin, que cette nuit là avait sonné le glas de notre relation, de notre amour. Et alors que je fixais le vide, mon corps devant la porte de l’appartement de Cinaèd, Chase, peu importe, que les cris de Lana me revenait à nouveau en tête, que mon âme à lambeaux à nouveau se déversait à mes pieds, alors que mon être s’éteignait, que je voyais sa lumière disparaître avec lui, que tout ce qu’il avait réparé en moi se détruisait, petit à petit. Me laissant seule dans le chaos de mon âme, de ma vie. Mon bras qui se levait, cognant avec timidité contre la porte.


Il se souvenait de bride, seulement de brides de souvenir, des instants de mémoire qui n’avaient pas encore totalement disparu. Et alors que toute ma vie se reposait sur nos souvenirs, sur ses moments de bonheur quand il avait été là, les sourires qu’il avait sû créez alors même que la mort et la noirceur régnait en maître autour de nous. Et je m’était promis de le détester pour ce qu’il avait fait à Ezeckiel, promis de le haïr, mais j’en étais incapable. Incapable de le regarder et de voir tout ce qu’il avait fait pour moi, incapable de le regarder et de ne pas voir son regard au milieu des flammes. Et alors qu’il ouvrait la porte devant moi, et que je restait là, au milieu du corridor, à le regarder sans rien faire, sans savoir comment réagir, sans savoir comment l’appelez non plus. Je levais la main vers sa joue, sans la toucher, laissant un minuscule espace entre ma main et sa peau avant de la laisser retomber lentement, parce que je savais que toucher un autre être humain ne lui plaisait pas, autant que je détestais le contact des autres, surtout maintenant. Maintenant que tout ceux qui était entrer dans ma vie m’avait quitter, tout ceux à qui j’avais ouvert mon coeur m’avait froidement lâché. Ezeckiel et Joseph. Au final, il ne me restait que lui, il revenait toujours, n’est-ce pas? ”Chase…” Je devrais probablement l’appeler Cinaèd, n’est-ce pas? C’était celui qu’il était devenu après ma disparition après tout, mais mon âme ne se contentais pas de ce nouveau nom, il voulait entendre l’ancien, le répéter, encore et encore et encore, jusqu’à ce que mon âme en soit contenter, jusqu’à ce que sa voix soit à nouveau graver en moi. “Pourquoi est-ce que t'habite en ville?” C’était la seule et unique question qui me venait à l’esprit. Dans toute celle que j’aurais pu poser, demander, surtout après tout ce temps depuis le Centre, depuis cette journée fatidique, depuis la dernière fois que je l’avais réellement vu, depuis Chase. Et c’était stupide comme question, mais tout mon être criait pour sa liberté, aussi simple fût-elle que d'habiter au milieu de la forêt comme seuls voisins, les chants de la forêt, les animaux trop curieux et le sifflement du vent.

"I'll always remember you the same"

Maybe you were the ocean, when I was just a stone

Tu te réveillais en sursaut, transpirant et haletant. Tu avais des images horribles de séances de tortures, tu sentais la douleur malgré le fait que tu ne le vivais pas, que cela n’était qu’un rêve. Tu pouvais dire que non le fait de ressentir de la douleur ne sortait pas des rêves loin de là. Tu l’expérimentais depuis des jours et des jours, enfin maintenant surement des semaines tu avais perdu le calcul des jours où tu te réveillais de cette manière. Depuis ton dernier passage au centre, depuis la fois où tu avais revu Skye tu avais ces visions de plus en plus régulières. Auparavant tu n’avais que des petites absences, des petits souvenirs qui remontaient à la surface mais là c’est des pans entiers de journée que tu revis et revois. C’était quelque chose de particulièrement horrible étant donné que ces journées étaient toujours similaires : tu étais en cage, enfermé, avec cette sensation de faim et de fatigue, tu voulais simplement dormir et ne plus être battu. Mais il n’avait rien à faire contre ces souvenirs qui te remontaient à la surface. Mais ces souvenirs ne revenaient pas qu’en pleine nuit, certains étaient rattachés à des choses que tu avais l’habitude de faire et petit à petit tu retrouvais la personne que tu avais été avant le centre, avant de devenir le meurtrier que tu étais à présent.
Avec les quelques brides que tu avais réussi à rassembler, tu étais Chase et non Cinaéd. Tu avais été visiblement enfermé au centre pendant un très long moment, tu n’arrivais pas à déterminer environ ta date d’arrivée dans cet horrible endroit. Tu n’avais jamais pensé que tu avais pu toi aussi être un cobaye. A présent tu détestais ce que tu avais infligé à ces pauvres proies que tu attrapais depuis quelques années. Tu avais été à leur place toi aussi, tu avais subi ces heures de douleur et tu as encore beaucoup de mal à savoir ce qui t’as permis de te déconnecter, de ne plus penser à ce qui s’était passé auparavant. Tu étais actuellement dans une période très difficile, tu étais en parti Cinaéd et en parti Chase, tu avais des souvenirs des deux, tu étais partagé entre deux personnalités totalement opposées.

Elle était là, dans ton appartement, ta proie, celle que tu aurais dû ramener au centre si tu avais correctement réalisé ta mission, si tu avais été sérieux. Mais surtout elle qui avait fait ressortir tous ces souvenirs. Tu en avais auparavant oui mais après avoir revu Skye c’était un tsunami de souvenirs qui te tombait dessus et tu te noyais littéralement dedans. Tu ne savais pas vraiment la raison de sa venue mais tu savais que vous aviez pas mal de choses à vous dire. Tu avais en particulier pas mal de questions mais tu ne savais pas comment agir avec elle. Une partie de toi voulait la prendre dans tes bras mais tu avais une sorte de blocage, ça ne te ressemblait pas du tout d’agir de cette manière. Et d’un autre côté tu ne voulais pas la toucher, tu n’en étais pas au point de la livrer au centre mais tu aurais voulu la dégager de chez moi. Tu respirais un peu pour essayer d’avoir les idées claires même si le manque de sommeil se faisait de plus en plus ressentir maintenant. Maintenant que Skye était chez toi c’était l’occasion d’en apprendre plus sur toi, sur ton passé. Elle aussi avait l’air relativement désorientée et gênée de la situation. Tu te souvenais vaguement d’elle dans certains de tes souvenirs mais à vrai dire ce n’était pas elle qui était revenue pour l’instant le plus souvent mais bien tes bourreaux, les scientifiques. Elle tendait sa main sur ta joue, tu n’étais pas habituée à avoir un contact aussi proche, enfin pas vraiment un contact mais tu n’avais jamais été tactile que ce soit Chase ou Cinaéd au final c’est toujours quelque chose que tu n’as pas apprécié. Elle t’appelait Chase, tu n’étais pas encore habitué à ce nom, tu ne réagissais pas enfin pas dans les temps, tu ne relevais pas consciemment. L’ambiance était très étrange entre vous. Tu allais commencer à parler mais ce fut elle qui pris la parole avant toi. « C’est le centre qui m’a donné ce logement, habituellement je n’y reste que quelques jours donc ça ne me posait pas de problème d’être en ville. Mais je pense que je vais me trouver un logement plus excentré, plus proche de la forêt. » Tu te sentais un peu oppressé à vivre en ville mais tu allais rapidement remédier à ça. « Tu peux t’asseoir. Je vais chercher des trucs. Pour boire. » Est-ce que ça se voyait à ce point-là que tu n’étais pas doué avec les relations humaines ? Certainement. Tu allais rapidement dans la cuisine pour ramener de quoi lui proposer. « Bon je suis désolé je n’ai que de l’eau à te proposer. » Tu posais une carafe ainsi que 2 verres sur la table et tu t’asseyais en face d’elle par terre. « Du coup, Skye, j’ai cru comprendre qu’on était proche… Enfin disons amis ? Je dois avouer que je ne me souviens pas de tout, enfin je ne me souviens que de certaines choses, tu pourrais m’aider à m’orienter ? Enfin m’aider à me souvenir ? »