Le soulagement qu’il me suive bel et bien avait été présent quelques secondes seulement, ce qui était stupide puisqu’il était presque évident qu’il en avait envie et que je ne me faisais pas des idées, mais quand même. C’était une légère crainte que j’avais pratiquement à chaque fois mais qui me faisait frissonner et qui donnait à la « chasse » quelque chose d’encore plus excitant. Bref, tout jouant avec mon verre et le bruit que faisaient les glaçons en s’entrechoquant, je l’écoutais parler, le trouvant fort à l’aise, loin d’être ce genre de personne qui s’émeut facilement quand il s’agissait de parler à quelqu’un. Assez étrangement, je le voyais plutôt bien captivé des auditoires et les foules avec seulement comme sujet de discussion la météo. Qui qu’il soit, travaillant pour la BBC ou non, parce que oui, j’avais appris avec les années à me méfier du baratin que l’on pouvait sortir dans un bar juste pour tirer un coup, il devait forcément travailler dans une branche en lien avec la communication. Il avait la tchatche, il savait parler. Et visiblement sortir les compliments où il le fallait quand il le fallait, venant justement de laisser sa propre personne de côté pour revenir sur moi et sur mon boulot, qui à mes yeux étaient pourtant le moins passionnant niveau anecdotes. Il y avait bien deux ou trois perles de temps en temps à sortir à mes collègues à la cafétéria ou en salle de repos, mais rien qui puisse passionner un parfait inconnu dans un bar, ami d’un de mes étudiants ou non.
Je te soupçonne d’être un vil flatteur, Samson. Soit je t’ai vraiment tapé dans l’œil et tu veux effectivement tout savoir sur moi, soit tu viens glaner des informations pour ton ami en faisant l’innocent…
Souriant de toutes mes dents, je décroisais les jambes pour me pencher en avant vers lui et venir murmurer à son oreille :
Si c’est bien le cas, il va falloir te montrer très persuasif pour avoir ce que tu veux. Quoi que tu veuilles.
Je ris en revenant à ma position initiale et en le regardant par dessus mon verre après une nouvelle gorgée. Je ne me vantais pas de l'avoir percer à jour, j'arrivais difficilement à cerner ce jeune homme à ma grande surprise, j'essayais surtout de le provoquer pour voir comment il réagissait et s'il était bien comme le portrait que j'essayais difficilement de dresser de lui. Et c'était doublement passionnant parce qu'il y avait ce quelque chose qui me plaisait et qui m'intriguait sans que j'arrive à mettre le doigt dessus.