Zhen - sir, have a wish or two or three

Zhen Law

"Say what you wish"

Quelque chose clochait. Zhen s'en était rendu compte dès les premiers instants suivant son invocation. Lorsqu'il apparaissait dans le monde terrestre, le tableau était toujours le même. Deux personnes lui faisaient toujours face, chacun bien à l'abri dans leur cercle de protection. Il y avait toujours un petit jeune, l'apprenti, qui allait devenir son maître. Le génie adorait les jeunes magiciens. Ils n'étaient pas encore obnubilés par le pouvoir. Ils étaient pleins d'ambition, mais hésitants et nerveux. Zhen leur offrait toujours un sourire bienveillant alors que ceux-ci lançait des regards en direction du plus vieux magicien, cherchant son approbation. Œillade nerveuse contre regard inquisiteur. Ensuite, il faisait le tour de son propre cercle, plus par principe que par réel envie d'y trouver une faille exploitable dans celui-ci. D'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, cela se passait toujours ainsi.

Sauf que cette fois-ci, aucune trace d'un apprenti. Il n'avait qu'un vieux magicien en face de lui. Zhen ne put cacher sa surprise. Encore aujourd'hui, il s'en veut de ne pas avoir fait attention au détail à cause de sa stupeur. Il aurait dû remarquer les gouttes de sueur, la main crispée sur le torse et d'autres choses qu'il a oubliées depuis le temps. À la place, il s'était concentré sur les termes de sa nouvelle servitude. Comme souvent, il s'agissait d'un accord en plusieurs parties et n'en expliqua que la première. Ainsi, le magicien peut être précis et empêcher le génie de trop improviser sur les désirs de son invocateur.

Zhen s'était envolé pour remplir sa première partie du pacte, une simple recherche d'information. Très vite, sentir le vent dans les plumes de son apparence de moineau lui firent oublier l'étrangeté de son invocation. Il prit son temps. Encore une erreur qu'il regretta par la suite. Malgré les douleurs que lui procurait un trop long séjour dans un corps physique, le génie aimait ce monde et voir les derniers changements survenus depuis sa dernière invocation. Il se trouvait dans une ville appelée Cork, en Irlande.

À son retour, il trouva son magicien étendu sur le sol. Sans vie ? Non, sa respiration était faible mais toujours présente. Pourtant, impossible de le faire reprendre conscience. La suite, fut assez floue tant il fut touché par cette découverte. Un coup de fil fut passé, puis il se retrouva à l'hôpital avec beaucoup de personnes (flics, médecins) qui lui posaient des questions dont il ignorait les réponses. Tout ce qu'il savait, c'était que son magicien se retrouvait dans le coma. Pendant combien de temps ? Zhen avait beau aimé ce monde, il était inquiet d'ignorer la durée de son séjour. Encore une question sans réponse. Les conséquences de cette énigme lui posèrent des soucis. Combien de temps allait-il rester ici dans l'attente d'une guérison ? Zhen ne sortit de cette hébétude que lorsqu'il vit de la poussière de fée sur une de ces personnes. Le génie se leva d'un bond pour serrer cette personne dans ces bras en criant de joie. Une fée ! Il pensait avoir trouvé la solution à son problème. La fée n'avait qu'à soigner son maître, ainsi, il connaîtra la fin de sa mission et pourra l'accomplir pour rentrer ensuite chez lui.

Zhen ne comprit jamais entièrement la raison, mais Malia refusa de répondre favorablement à sa requête. Cependant, il aurait bien du mal à en vouloir à la fée puisqu'elle lui apporta une grande aide en lui fournissant tout les papiers nécessaires justifiant sa présence en ville sans qu'il ne paraisse sorti de nul-part. Ensuite, ce fut la famille de son invocateur qui prit le relais. Les héritiers du magicien agissaient avec lui comme si le génie était un objet de plus qu'il devait entretenir jusqu'au retour du véritable propriétaire.


On le fit passer pour le médecin de la famille. Ainsi, on ne trouvait pas étrange qu'il rende visite à ce patient dont l'état ne s'améliorait pas. Au début, Zhen se contentait de veiller le comateux qui l'avait invoqué. Ensuite, il commença à s'intéresser aux connaissances liées au métier qu'on lui prêtait. Il étudia encore et encore. Le pauvre, il aurait été bien plus facile de débrancher un fil pour mettre fin à son séjour forcé. S'il avait été un djinn, peut-être qu'une telle pensée lui aurait traversé l'esprit. Pour le génie, il s'agissait d'une question d'honneur (jamais il n'avait déçu un de ses maîtres, c'est pour cela qu'il était devenu la première invocation de beaucoup de magiciens débutants) mais aussi de curiosité. Pourquoi l'avoir invoqué lui ? Quel aurait été la suite de sa mission ? Quelles circonstances entouraient l'état de santé de son magicien ? Autant de questions dont il ne pouvait laisser les réponses en suspens.

Au bout d'un certain temps, on pouvait dire qu'il avait tout essayé. Zhen était arrivé à un point où il commençait sérieusement à douter que le coma de son maître soit d'origine naturelle. Ce qui piqua d'avantage encore sa curiosité tout en n'apportant aucune solution. Alors, il décida que puisque la médecine lié au vivant ne lui était d'aucune aide, il allait se tourner vers celle lié à la mort.

Les années suivantes furent très chargées. Au point que parfois, le génie en oubliait la douleur provoquée par son séjour prolongé. Il devait combler ses lacunes avant de pouvoir se spécialiser dans la médecine légale. En parallèle, il essayait de se rendre utile dans la demeure qui l'avait recueilli, car, à mesure que le temps passait, la famille Lochlainn le traitait comme un objet devenant de plus en plus encombrant puisque, tant que le père de famille était à l’hôpital, on ne pouvait ni le révoquer ni lui demander un service un peu plus magique que ce qu'il faisait déjà. La demande d'un soutien financier pour parfaire ces connaissances sonnait comme l'excentricité de trop.

Malgré cette impression de plus en plus pesante, Zhen était bien incapable de voler de ces propres ailes (plutôt ironique comme comparaison). Il n'était jamais resté aussi longtemps sur Terre, jamais côtoyer des personnes ignorant sa nature magique. C'est un double apprentissage qui s'imposa au génie alors qu'il continuait ses études.

Des années plus tard, il fut diplômé. Lorsqu'il prit son poste au sein de la police locale, il chercha la fée qui l'avait aidé. Hélas, il apprit qu'elle venait tout juste d'être transférée dans une autre ville. Ils s'étaient ratés de peu. La déception fit que, sur le moment, il n'avait pas fait attention au nom de la ville en question.

La vie continua. Même maintenant, Zhen n'arrivait pas à totalement se fondre dans la masse de la populace non-initiée au Grand Secret. Au travail, il passe le plus souvent pour quelqu'un d'étrange (les moins polis le qualifient de bizarre) ou d'excentrique dans le meilleur des cas. Le génie passe régulièrement rendre visite à son maître dont l'état reste stable sans donner des signes de progrès. En parallèle, Zhen prit goût à son travail. L'imagination dont font preuve les humains pour prendre une vie ne manque jamais de le fasciner. La quasi-totalité de son salaire va à la famille Lochlainn afin de soulager le fardeau que sa présence forcée représente.

Très récemment, son magicien fut déplacé vers l’hôpital de Bray à la demande de la famille. Il y avait quelque chose dans cette ville qui attirait les personnes côtoyant la magie. Quelque chose qui redonnait l'espoir de voir le coma de son maître prendre fin. Zhen demanda son transfert dans cette ville qui semblait pleine de promesse. Il prit aussi la décision de ne plus imposer sa présence dans la nouvelle demeure Lochlainn et d'essayer de vivre par ces propres moyens tout en continuer ses recherches pour soigner celui qui l'avait invoqué. Bray allait être un nouveau départ pour le génie, en bien des points.